Cours scientifique d’échecs
 9782228891530, 2228891533

Citation preview

Cours scientifique d'échecs

Pettte Bibliothèque Payot / Échecs 336

p

Richard Réti Cours scientifique d'échecs

Traduit de l'espagnol par Denis Teyssou

Collection dirigée par Christophe Bouton

Ce livre regroupe les quatre conférences données par Réti à Buenos Aires en novembre et décembre 1924 et publiées sous le titre «Curso Superior de Ajedrez» à Buenos Aires en 1925 en plus d'un sur Réti et d'une photo du maître. Le livre fut longtemps édité en espagnol seulement et réédité de

prologue, de deux chapitres nombreuses fois

tant

en Amérique latine qu'en Espagne.

© 1998, Éditions Payot & Rivages. 106, bd St-Germain, Paris, VI'

RICHARD

RÉTI: UN PORTRAIT

Richard Réti est avec Aaron Nimzovitch l'un des principaux fonda­ teurs de l'école hypermoderne qui a révolutionné le monde des échecs au cours des années vingt. Ses ouvrages, Les idées modernes aux échecs (publié en allemand en 1 922), ce (oun scientifique d échecs et Les maîtres de l'échiquier, édité un an après sa mort prématurée, en 1929, à l'âge de 40 ans, sont devenus des classiques de la littérature échiquéenne. Auteur, mais aussi compositeur d'études, Richard Réti fut l'un des meilleurs joueurs mondiaux dans l es années qui suivirent la Première Guerre Mondiale. Né en Hongrie, étudiant en mathématiques à Vienne, Tchécoslovaque de nationalité, il a remporté plusieurs tournois impor­ tants au cours de sa carrière professionnelle comme ceux d'Amsterdam et Gôteborg en 1 920, Teplitz-Schônau en 1922, Buenos Aires en 1924 et Vienne en 1 928. Lors du célèbre tournoi de New York en 1 924, il rem­ porta une partie mémorable contre le champion du monde cubain José Raul Capablanca (que nous reproduisons ici). De lui, l 'ancien champion du monde Alexandre Alekhine a dit qu'il était «le seul maître dont les coups le prenaient parfois complètement au dépourvu"· Capablanca et Saviel ly Turtacover voyaient en lui un aspirant au titre mondial à la fin des années vingt. Homme courtois et cultivé, il fut éga­ lement champion de Tchécoslovaquie en 1925 et obtint le meilleur ré­ sultat au premier échiquier lors de la toute première Olympiade, à Londres en 1 927. '

7

RÉTI CAPABLANCA New Yorlxg2 •es 28.lüc4 •cS 29.lüc6 l:lc7 30. lüeJ lüeS 31.l:lldS 1..0

assez

habile dans ce genre d'exer­

cice et qu'il lui donnerait la solu­ tion exacte au plus tard le jour suivant. Huit jours passèrent au cours desquels, Lasker, touché dans son amour propre, travailla assidûment pour résoudre cette énigme. Peu avan t de toucher terre, il réapparut triomphant avec la solution.

Il

1

Voici la solution :

Un e an ecdote résume bien l'habileté de Réti comme compo­ siteur d'études. Lors du voyage en bateau qui emmena de Ham­ bourg les joueurs européens de­ vant participer au fameux tournoi de New York en 1924, Réti mon­ tra l'étude qui suit au Dr Lasker

l .ll'ldl �gl 2.lüe3+ 'it>D 3.ll'ln �gl 4.ll'lb2 'it>gl 5. lüg4 �g2 6. lü es �g3 7. lür7 'it>fJ 8 . lügs+ wr4 9. ll'le 6+ �r3 10. ll'l d4+ �g2 1 1 . lürs �r3 12.�dl � 13.lüeJ Wf3 14.'it>cl �el 1S. lüc4 Wei 1 6. Wb2 �el 17.�c3 Les Blancs gagnent.

PRÉFACE

Le jeu d'échecs est tellement complexe que pour devenir un fort joueur, il ne suffit pas, comme dans les jeux de cartes, d'avoir une bonne mémoire, du bon sens et de connaître quelques subtilités ou combinai­ sons. Même pour le joueur de talent, toutes ces conditions, acquises avec l'expérience, ne sont pas suffisantes et il est nécessaire d'étudier le jeu de manière scientifique. Qu'entendons-nous par manière scientifique? Comment en arrive-t-on à une science? Pour répondre à cela, il nous faut passer par trois étapes : la première est empirique, c'est celle où nous amassons les connaissances acquises par voie e xpérimentale. La deuxième étape est destinée à mettre en ordre et à classer les connaissances accumulées. Bien entendu, ce travail présente de sérieuses difficultés car il ne s'agit pas seulement de traiter les résultats plus ou moins clairs et concrets de la première étape mais de trouver entre plu­ sieurs routes un cap dont le choix dépend d'un critère très personnel. Tuut bon classement doit regrouper des données très semblables les unes des autres. Tout classement basé sur une ressemblance superficielle et apparente est forcément mauvais. Le système de nomenclature de Linné, en botanique, est un exemple connu de mauvais classe ment puis­ qu'il divise les plantes selon la quantité de pétales et d'étamines, c'est­ à-dire selon leur apparence externe. Il réunit de cette manière des plantes qui étaient clairement différentes dans un même groupe et en sépare d'autres qui, scientifiquement, auraient dues être classées dans la même famille. La troisième étape consiste, en se ba.'illn t sur les classements, à induire et étudier les lois qui doivent régir les connaissances accumulées. Aux échecs, de nombreux traités sont intitulés Théories des ouvertures. Mais s'agit-il d'une vraie théorie au sens scientifique du terme? En au-

9

cunc façon. Ces théories correspondent seulement à la première étape, empirique, puisque elles recompilent uniquement les débuts de partie des maîtres et les analyses auxquels ils ont donné lieu, c'est-à-dire les ré­ sultats d'expériences sur l'échiquier pour y trouver les m eilleurs coups. Si nous soumettons ces traités sur les «théories des ouvertures» à la deuxième étape, on pourrait alors croire que le classement a déjà été réalisé, en voyant toute une liste d'ouvertures aux noms qui sonnent bien comme rouverture Ruy-Lopez ou le gambit dame, etc. En réalité, ce classement n'a pas de caractère scientifique. Il est plu­ tôt un regroupement similaire au système déjà cité de Linné, basé sur la ressemblance extérieure et non pas sur l'esprit des débuts de parties. Ici, c'est la ressemblance extérieure des deux ou trois premiers coups qui donne leur nom aux ouvertures, ce qui est tout simplement superficiel et démontré par le fait que, d'ouvertures différentes, on puisse arriver à la même position et qu'une même ouverture puisse nous conduire à des chemins bien différents. Par exemple : l'attaque Max Lange peut se présenter sur l'échiquier à partir de quatre ouvertures distinctes : l' Écossaise, la partie Italienne (Giuco Piano), la défense des deux cavaliers et le gambit du centre. D'autre part, des parties d'esprit totalement opposé, comme l'attaque Moller et la variante pianissimo de la partie Italienne (Giuco Piano), proviennent de la même ouverture. La troisième étape, celle d'une vraie théorie scientifique qui trace des règles générales, ne se trouve dans aucun traité d'échecs, sauf de très rares exceptions, comme les l ivres du Dr Tarrasch, encore que les connaissances y soient dispersées dans les commentaires de ses parties, sans constituer un ensemble de règles ou de principes reliés entre eux, qui puisse former une doctrine méthodique et raisonnée. Il manquait donc un livre qui constitue une vraie théorie du jeu d'échecs. Les maîtres, devenus de forts joueurs et ayant acquis d'amples connaissances du jeu, n'ont pas écrit ce livre, d'abord parce qu'il n'est pas facile de trouver un schéma, et ensuite parce que nombre d'entre eux craignent de divulguer les armes avec lesquelles ils auront ensuite à combattre. On pourrait douter de la possibilité d'établir des lois générales pour le jeu d'échecs car, contrairement aux mathématiques, dont les lois sont précises et applicables à tout moment, on peut observer aux échecs que la victoire s'obtient parfois en contredisant les principes les plus élé­ mentaires, par exemple : qu'une dame vaut plus qu'un cavalier (règle gé­ nérale); et il y a pourtant des positions où un cavalier vaut plus qu'une dame. Ceci démontre qu'aux échecs, les règles générales ne sont pas abso­ lues mais leur utilité est unanimement reconnue, car si un joueur dou­ tait de ces règles et se mettait à réfléchir, dans chaque position, si la darne est plus forte que le cavalier, il ne pourrait jamais bien jouer. Cet

10

exemple trivial peut être généralisé aux autres règles générales du jeu d'échecs. Même si l'application des principes fondamentaux n'est pas absolue dans la pratique, leur connaissance est indispensable à tout amateur qui veut atteindre les catégories supérieures, et les exceptions dans l'appli­ cation de ces règles, au lieu de les minimiser à nos yeux, devraient nous inciter à réviser et perfectionner la théorie. R ichard RÉTI

LE JEU DE POSITION

Tout joueur d'échecs, même le plus faible, a quelques principes selon lesquels il joue, consciemment ou inconsciemment. Les chances de placer une combinaison ne se présentent qu'en de très rares occasions, ou pour le dire d'une autre façon, très rarement, le coup à jouer se déduit de nos calculs : Sans les principes généraux qui nous orientent, nous serions souvent indécis pour choisir un coup entre plu­ sieurs à réaliser. I l nous arriverait la même histoire qu'à l'âne de Buri­ dan, mort de faim au milieu de deux tas d'herbes de taille identique, parce qu'il ne savait pas par lequel commencer. La manière de j ouer, basée sur des principes généraux, s'appelle «jeu de position» pour la différencier du «jeu de combinaison». Comme je l'ai dit, le jeu de position n'est pas, comme beaucoup semblent le croire, un privilège des maîtres, sinon que le j oueur même le plus faible, par règle générale, est obligatoirement un joueur de position. Naturelle­ ment, le jeu de position du débutant est très primaire car il ne jouera pas avec une base scientifique mais plutôt inconsciemment et selon son tempérament. Il jouera par exemple avec le seul but de prendre le plus grand nombre possible de pièces adverses et s'il s'agit d'un joueur plus avancé, il essaiera toujours de réaliser des coups d'attaque. S'il est timoré par nature, l'expérience l'amènera à jouer le plus pos­ sible de coups défensifs. Le maître russe Semyon Alapin recommandait au débutant d'échanger les pièces le plus possible. Thus ces principes n'ont toutefois aucun fondement scientifique. Esquissons maintenant la totalité des principes établis par les maîtres d'aujourd'hui ; en d'autres mots, nous essaierons de tracer les limites ac­ tuelles du jeu de position. D'un point de vue scientifique, il y a un classement facile à établir entre les positions fermées et les positions ouvertes. On appelle posi­ tions fermées celles où les pions ne peuvent plus avancer, où ils restrei-

13

gnent donc la mobilité et l'efficacité des pièces. Les positions ouvertes sont celles qui se produisent lorsque beaucoup de pions ont été échan­ gés, permettant donc le libre développement des pièces. Nous parlerons plus tard des règles générales qui doivent nous guider pour conduire le jeu, que ce soit dans les positions fermées ou dans les positions ouvertes. Il faut toutefois souligner ici qu'une position n'a jamais un caractère ex­ clusivement ouvert ou fermé mais qu'elle a les deux simultanément. Il existe une certaine analogie avec la mécanique et les lois des chocs. On y établit un classement entre corps élastiques et non élastiques, un classement rigoureusement fictif parce qu'il n'y a pas de corps totale­ ment élastiques ou non élastiques, mais en acceptant ce classement, on facilite l'étude. Nous, nous faisons la même chose avec le classement en positions fermées et ouvertes. Pour éviter de mauvaises interprétations, je me référerai seulement aux positions. Dans les livres d'ouvertures, on trouve aussi l'expression d'ouvertures fermées et ouvertes. Ce classement est dû à la croyance que d'une ou­ verture fermée, on devait arriver infailliblement à une position fermée et qu'une ouverture ouverte devait nous conduire à une position ouverte. Mais ce concept n'est pas du tout exact parce que de positions ouvertes, on peut atteindre facilement des positions fermées et vice versa. Par conséquent, si nous arrivons à formuler des règles générales pour les positions fermées et ouvertes, ces lois ne devront pas s'appliquer aux ouvertures ouvertes ou fermées, mais exclusivement aux positions.

LE TEMPS

Comme nous l'avons déjà dit, les pièces ont une meilleure mo­ bilité dans les positions ouvertes que dans les positions fermées. Pour cette raison, dans les pre­ mières, l'essen tiel est le dévelop­ pement des pièces de la façon la plus rapide possible ; d'où la né­ cessité de ne pas perdre de temps à envisager la destination, et de sortir les pièces le plus tôt pos­ sible de leurs positions initiales désavantageuses en accord avec l'idée fondamentale. Par exem­ ple, on ne doit pas perdre de temps dans une position ouverte en jouant un fianchetto. Par conséquent, on peul se for­ mer un concept posi tionne! ra­ p i d e en ce q u i c o n c e r n e l e développe m e n t , e n com p t a n t simplement l e s pièces mises e n j e u par chaque camp. Si l'un des j o u e u rs p a rv i e n t à gagn e r u n temps dans une position ouverte, celui-ci peut lui assurer un petit avantage.

Ce l a é t a n t : comment e s t - i l possible d e gagner o u d e perdre un temps ? Pour effectuer cette démonstration, nous allons é ta­ b l i r les rè g l e s gé n é r a l e s s u i ­ vantes:

·

Premièrement: Si l'on effectue un coup d'attaque qui n'implique pas de développe m e n t et q u e l'adversaire répond par un coup de développement, il a gagné un temps. Exemple : L:attaque du pion n (ou f2) ennemi est très connu, en menant un cavalier en g5 (ou g4) , un coup q u i fa i t perdre un temps car ce n'est pas un coup de déve­ loppement tandis que l ' adver­ saire peut se défendre et déve­ lopper une pièce en même temps.

1. e4 eS 2. it)rJ it)c6 3. d4 exd4 4. i.c4 i.cS S. it)gs Ce coup n'est pas correct car il i n t e rrompt le déve loppem e n t po u r jouer u n coup d'attaque.

15

Les Blancs gagnent un pion et obtiennent en outre une supério­ rité positionnelle, car si l 'on es­ saie de défendre le pion dame par 9 ... 1i'f6 on perd alors le pion c7. Revenons à la position du dia­ gramme 1. Si au lieu de 5.. . �e 5, on défend avec le coup de déve­ loppement 5 . . � h6. Com me i l s'agit d'une position ouverte, c'est avantageux. Pour le démontrer, il suffit d'essaye r la même ligne avec l'objectif de gagner le pion :

1

,

.

S . . . � h 6 6 . � x f7 � x f7 7 . i.. xf7 + � x f7 8. 1i' hS+ g 6 9.ifxcS

Les Noirs ont une meilleure défense que 5.. �e 5 car tout en défendant le pion attaqué et en menaçant en même temps le fou blanc, ce cou p constitue la même erreur que celle de l'adversaire en privilégiant un coup d'attaque à un de développement. Voyons-en les conséquences : .

3

s tües ...

Les Blancs ont maintenant les meilleures chances.

6. �xf7 �xf7 7. i.. x f7 + � 8. fts + g6 9. 1i'xc5 2

La différence entre cette posi­ tion et celle que nous avions ob­ t e n u e a n t é r i e u re m e n t est fla ­ grante. Les Noirs ont développé un cavalier et le pion d4 est dé­ fendu, ce qui leur permet d'obte­ nir l'avantage en jouant 9 d6 ou aussi 9.. d5. Un autre exemple, également très conn u , de l'attaque sur le pion f7 . provient de la défe nse des deu x cavaliers : ...

.

16

1. e4 eS 2. OO lDc6 3. � c4

D euxièmement : S i l'on répond à un coup à la fois d'attaque et de développement par un coup de défense sans développement, on perd un temps. Exemple :

.!llf6 4 .!l\gs •

D'après la norme établie, cette attaque ne peut être considérée comme bonne.

4... dS

1. e4 e6 2. d4 dS 3 .!LJc3 .!llf6 4. exdS exdS S. �gS •

Au coup d'attaque, on oppose en défense un coup de dévelop­ pement.

s

S. exdS .!lias On sait ici qu'il n'est pas pos­ sible de jouer 5 ... .!llxd5 à cause du sacrifice 6 .!l\xf7, mais on peut jouer le coup du texte ou bien 5 ... .!llb4 .

6. d3 b6 7 .!LIO e4 •

4

Avec la menace 6 .i.xf6 1i'xf6 7 . .!ll x d5 . 5 . . . c6 serait i n correct parce qu'il n'y a pas de dévelop­ pement. En revanche, les coups de développe ment 5 . . . � e 7 ou bien 5 ... .!llc6 sont de bonnes dé­ fenses. .

Troisièmement : On perd un temps à prendre une pièce que l 'adve rsaire recapture avec un coup de développement :

Et les Noirs ont déjà repoussé victorieusement l'attaque enne­ mie en obligeant les Blancs à re­ tirer leurs pièces avec les pertes de temps qui en découlent et un désavantage positionnel.

Exemple :

1. e4 eS 2. OO lDc6 3. d4

17

1. e4 eS 2. llJO

6

d6 3. d4 �g4

Ce coup constitue une e rreur dont Morphy profite immédiate­ ment.

4. dxeS �xD Cet échange est forcé pour évi­ ter la perte d'un pion mais il fait gagner un temps aux Blancs qui capturent la pièce en se dévelop­ pant.

S. 1i'xf3 dxeS Si l'on recompte les temps à ce moment-là. On voit alors claire­ ment que les Blancs en ont gagné un. Un dernier exemple :

Après 3 . exd4 4. lbxd4, il n'y a pas de perte de temps pour les Noirs puisque l'on a récupéré le pion avec une pièce qui était déjà déve loppé e . En comp t a n t les temps de chaque camp, on ob­ serve que les Blancs ont déve­ loppé un cavalier et un pion, et les Noirs un cavalier, mais ils ont le trait, ce qui leur permet d'équili­ brer le niveau de développement. La question serait différente si les Noirs continuaient le jeu avec 4 . llJxd4, ce qui const ituerait ple i nement la troisième norme que nous traitons : les Noirs cap­ turent une pièce et les Blancs ré­ cupèrent le matériel avec un coup de développement, 5 . 11' xd4. Si nous com ptons maintenant les temps, on observe que les Blancs ont mis en jeu leur dame et un pion tandis que les Noi rs n'ont rien développé ; pour ce tte rai­ son, ils ont perdu un temps puis­ qu'ils ont le trait. Nous trouvons un exemple si­ milaire dans la fameuse partie de Morphy qui commence ainsi : ..

1. d4 dS 2. 00 llJf6 3. c4 e6 4. M es s. e3 lLJc6 6. dxc5 7

..

Vo i c i l ' e r r e u r q u e j e v e u x mettre e n évidence. Les Noirs ré­ cupè rent le pion avec le coup de développement 6 .. hc5, en ga­ gnant un temps et en obtenant par conséquent l'avantage dans l'ouverture. .

18

Quatrièmement : On perd un t e m ps lorsque l ' on place u n e pièce sur u n e case o ù elle est sus­ ceptible d'être attaquée avec un coup de développement. Nous trouvons un exemple de celle norme dans la partie An­ derssen -Horwitz, dont le début se r a i t consi d é ré actue l le m e n t comme mauvais par un joueur de force moyenne, ce qui démontre les progrès réalisés aux échecs.

Au paravant, o n jouait indis­ tinctement 5 . .taS ou 5 . . . .t c5 mais il est reconnu maintenant que le coup juste est le premier pou r n e pas pe rdre u n t e m ps comme dans la variante suivante :

e4 eS 2. f4 exf4 3 .ie4

8

J.

..

5 ... .tcS 6.d4 Envisageons maintenant un cas plus gén éral.

1. e4 e5 2. OO lDc6 3 .i.e4 •



.tes Ce dern ier coup, quoique de développe m e n t , i m pl i q ue u n e perte d e temps car o n peut atta­ quer le fou avec une pièce qui se trouve encore sur sa case initia ie.

4. d4 Le fou noir est donc obligé de réaliser un deuxième mouvement avec la perte de temps qui en dé­ coule. Pou r cette raison, il faut être prudent avant de réaliser le coup a pparemment nature l de jouer le fou en c5. La même chose pe ut arriver dans des cas qui ne sont pas aussi évidents : J.

Dorénavant, il faut considérer deux possibilités pour les Noirs : jouer la défense des deux cava ­ l i e rs avec 3 . . � f6 ou bien re­ joi n d re le G i uco Piano ( l 'ita­ lienne) avec 3 ... .i.c5. Le joueur expérimenté sait que le G iuco Piano donne aux Blancs des chances d'attaque tandis q u e l a défense des deux cavaliers neu ­ tralise ces possibilités. En effet, dans le Giuco Piano, les Blancs disposent de l 'attaque Max Lange ou de l'attaque M ôller, basées sur le coup d4 qui attaque le fou noir en c5, gagnant ainsi un temps im­ portant dans le développement. .

e4 e5 2. �f3 � 3. lüc3

.tes Et maintenant les Blancs ga­ gnent un temps avec 4 .!i)xeS avec la suite : .

4. �eS �xeS S. d4 Un nouve l exe m pl e , dans le gambit Evans: 1. e4 es 2. �f3 .!LJc:6 3 . .te4

.tes 4. b4 .ixb4 5. c3

19

Donc, un joueur habile préfé­ rera la défense des deux cavaliers et jouera seulement son fou en c5 lorsque les Blancs auront joué d3. C'est un fait remarquable que l'on enregistre depuis l'origine du jeu d'échecs. Les systèmes de dé­ veloppement se perfectionnent d'abord pour les Noirs plutôt que pour les Blancs et la raison en est qu'il est plus d i fficile de jouer avec les Noirs car l'on perd rapi­ dement si on développe mal son jeu. En revanche, avec les Blancs, grâce à l'avantage du tra i t , on peut se permettre quelques coups faibles sans autre conséque nce que la perte de l'initiative. Ceci expl ique la nécessité qu'ont les maîtres à rechercher de préfé ­ rence u n e forme de développe ­ ment satisfaisante pour les Noirs, qui s'est appliquée plus tard aux Blancs, comme nous le verrons plus e n avant dans quelques exemples d e la théorie des ouver­ tures. Le coup .i. c4 a peu à peu cédé le pas de l 'avis des j o u e u rs d'échecs. Ainsi, au début, après 1. e4 e5 2 .i. c4 le coup préféré était 2 . . . .i. c5 et plus tard on a adopté comme plus exact 2 . .!üf6. On trouve quelques exemples similaires dans d'autres ouver­ tures, comme l' Écossaise :

critère a fin i par s'appliquer aussi aux Blancs. Tel en est le résultat dans les tournois modernes où les maîtres ne jouent pas habituelle­ ment les ouvertures ou variantes où le fou se situe en c5 , comme c'est cas dans le Gi uco Piano, l'ouverture du fou et d'autres.

1. e4 eS 2. ll:lB .!LJc6 3. d4 exd4 4.�d4

Exemple de la première norme de perte de temps. Les Blancs at­ taquent sans compléter leur dé­ veloppement et les Noirs se dé­ fendent en se développant.

Encore un exemple :

1. e4 es 2. d4 exd4 Nous voici dans la troisième norm e , où l 'on perd un temps parce que l'adversaire, les Noirs, capturent en se développant.

3 . •xd4 tLJc:6 Pu i s , q u a t r i è m e norme : ce coup oblige la dame ennemie à jouer un nouveau coup, qui com ­ p e n s e l a p e r t e d e te m p s d u deuxième mouvement. PARTIE

EXEMPLE

Blancs : Ucbtenbein;

Noirs : Morpby York, 1857

New

Gambit écossais

.

Dans cette partie, on enregistre plusieurs cas de pertes de temps.

..

1. e4 es 2. ll:lB lLlc6 3. d4 exd4 4 .i. c4 ll:lf6 S. es •

Ici, la défense ancienne 4 . . . .i. c5 a été remplacée par 4. . . ll:lf6. Et peu à peu , la théorie a condamné le coup .i.c5 pour les Noirs. En conséquence, le même

.i. d7

20

S... dS 6. .i.bS lLle4 7. ll:lxd4

règle et vérifier ensuite si l 'on doit l'appliquer dans une position donnée. Par exemple, une tour vaut plus qu'un fou, mais il y a des positions où la tour n'a pas de possibilité de rentrer en jeu, parce que les co1 o n n e s s o n t fe r m é e s , e t a u contraire, l e fou peut agir avec succès s u r l e s d i ago n a l e s o u ­ vertes ; dans c e cas, l e fo u a plus de valeur que la tour. Un autre exemple plus aigu: deux fous valent plus qu'un fou et u n caval i e r o u deux caval i e rs. Pour profiter de l'avantage des fous, il faut considérer un certain système stratégique que j'expose­ rai ultérieurement. Et mainte­ nant : pour savoir s'il faut jouer en pensant à conserver la paire de fous, il faut se rendre compte si ce système stratégique peut s'appli­ quer à la position soumise à cette étude. Revenons à la partie Lichten­ hein-Morph y. La raison pour la­ quelle on ne doit pas mettre la dame en jeu prématurément est qu'elle peut être attaquée par des pièces mineures qui l'obligeront à changer de position avec perte de temps. C'est un exemple de notre quatrième règle. Mais dans cette position, la dame, en dépit d u fa it qu'elle entre en action prématurément, ne peut pas être attaquée et pour cette raison, cette règle ne peut pas s'appliquer ici.

Les deux adversaires ont joué ici leurs deux pions centraux mais les Noirs ont développé une pièce de plus que leur rival, et ils me­ nacent 8 .. lüxe5. .

8. lüxc6 Une nouvelle perte de temps parce que les Noirs recapturent la pièce en attaquant le fou blanc.

8 bxc6 9 ..idJ .tes .••

.

Les Blancs ont développé une pièce alors que les Noirs ont trois pièces en jeu. On voit donc clai­ rement les deux temps perdus par les Blancs.

10. ..ixe4 9h 4 9

On sait que la dame ne doit pas être mise en jeu de façon préma­ turée ; mais il ne faut pas consi­ dérer que les règles sont absolues aux échecs. Comment doit-on donc appli­ quer les règles dans la pratique d'une partie? I l faut d'abord analyser la rai­ son pour laquelle on a établi une

li. 'ii'e2 Le petit roque était meilleur ; au coup suivant, les Blancs corn-

21

mettent la grave erreur d'essayer de combiner tout en étant en in­ fériorité de développement. Si Phil idor a été le premier à valoriser les pions, Morphy a été le premier à valoriser les temps, et ainsi, il n'a j am ais perdu un temps dans les positions ouvertes, en employant à chaque coup le concept de développement. De cette façon, à l'heure de placer­ combiner, il avait plus de force au combat que son adversaire et par c o n sé q u e n t d e m e i l l e u re s chances pou r une combinaison optimale. Ceux qui connaissent les mer­ ve i l l e uses combin aisons d' An­ derssen peuvent comprendre que Morphy n'était pas le premier joueur de son époque pour son talent combinatoire, mais pour le développement de son jeu qui lui offr a i t plus d 'opport u n i t é de combiner que ses adversaires.

1 1... dxe4 12. .i.e3 .i.g4

10

a

b

c

d

e

f

g

h

Les Blancs tentent de profiter de ce coup en cherchant une com­ binaison qui ne peut avoir de suc­ cès en raison du faible dévelop­ pement de leur jeu.

13. 1Wc4 Si 1 3 . 1i' d2 l:td8 et la victo i re noire est immédiate.

13 .i.xeJ 1 4 . gJ 1i' d 8 15. rxeJ 1i'd l + 1 6. �'2 1Wf'J+ 1 7. � g l .i.hJ 1 8. 1Wxc6 + �'8 19. 1Wxa8+ �e7 • • •

Les Blancs abandonnent.

LE DÉVELOPPEMENT

Nous avons déjà vu que dans les positions ouvertes, le plus impor­ tant est de développer les pièces rapidement et nous avons vu la meilleure façon de les mettre en jeu pour ne pas perdre de temps. Si l'on souhaite que le développe­ ment se fasse avec le meilleur ré­ sultat possible, il nous faut main­ tenant connaître l ' ordre de préférence pour sortir une pièa: et . la case où elle sera mieux placee. Je tiens à prévenir le lecteur que parmi les exemples exposés, il y a beaucoup de positions de ca­ ractère fermé, même si il n'existe pas dans la pratique, comme nous l'avons déjà dit, ni positions abso­ lument ouvertes, ni positions ab­ solument fermées. Pour développer le jeu dans des positions fermées, on peut employer les règles du jeu ouvert, car il serait difficile de trouver des

règles générales pour toute sorte de positions. I

-

PosmoNs FERMtES

Dans ces positions, la situation des pions est un élément fixe e � donc le schéma varie peu, ce qui rend plus facile la recherche de lois générales. Pour commencer nous verrons quelques essais réalisés afin d'é tabl ir des règles gé nérales dans les positions ouvertes. Quelques-unes d'entre elles se trouvent dans l'œuvrc de l'ex­ champion du monde, Dr Lasker, intitulée Le bon sens aux échecs 1• [;une des règles du Dr Lasker est que les cavaliers doivent être dé­ . veloppés avant les fous, particu­ lièrement le cavalier roi. 1 . Dans l a même collection.

23

I.:exemple suivant est aussi très connu :

Deux raisons peuvent appuyer ce principe : 1 . Le fou domine une impor­ t ante d i agonale depuis sa c ase d'origine lorsque les pions cen­ traux ont été joués. Pour cette rai­ son, il est actif sans entrer en jeu. En revanche, les points contrôlés p ar le c av al i e r depuis sa c ase d'origine sont déjà dominés par d'autres pièces. Le cavalier roi, par e xemple, contrôle h3 et f3, qui sont déj à sous le contrôle du joueur ay ant les B l ancs. C'est pour cel a qu'il faut développer le caval ier afi n q u ' i l ré a l i se une tâche active. D ' autant plus que le cavalier domine en f3 les cases qu'un ad­ versaire peut utiliser pour une at­ t aque précoce . C'est tellement vrai que toutes les miniatures et pièges possibles s'évitent avec la simple réponse ll'if3 (ou f6) . Il suffi t de vo i r quelques pièges dans les ouvertures pour consta­ ter qu'ils ont été rendus possibles par l'absence d'un cavalier en f3 (f6). Le mat du Berger, qui s'effec­ tue avec la dame en f3 ou h5 est impossible à réaliser si les Noirs ont mis leur cavalier en f6. Voyons la combinaison connue sous le nom de «Mat de Légal»:

1. d4 dS 2. c4 e6 3. ll'icJ lLif6 4 . ..i gS ll'ibd7 S. cxdS exdS 6. lt'ix dS lt'i xdS 7 ..i xd8 ..ib4+ •

Et les Noirs gagnent; mais seu­ lement parce que le cavalier roi blanc se trouve encore sur sa case d'origine. Une autre combinaison h abi­ tuelle: 1. e4 eS 2. lt'ifJ tllc6 3. ..ic4 ll'id4 4. ll'i xeS 11fg5

Et les Noirs gagnent. Leur vic­ toire est rendue possible parce que le cavalier roi blanc a aban­ donné son poste en f3, permet­ tant l'entrée en jeu de la dame en­ nemie. 2. Le cavalier roi a un seul dé­ veloppement naturel : f3. U n'en est pas de même avec le cavalier dame parce qu'il est parfois plus reco m m a n d ab l e de placer un pion en c3 afin de défendre le centre, tand is que l'on ne peut pas avancer le pion f sans affaiblir l'aile roi. Si l'on sait donc sur quelle case doit al ler le cavalier roi en ou­ vran t le jeu, il n'en est pas de même pour le fou qui dispose d ' u n c h o i x p l u s i m p o r t a n t de c ases . Il semble donc logique d ' a t t e n d re quelques coups de l'adversaire avant de décider la place du fou. C'est la deuxième raison pour l aquelle on doit d'abord dévelop­ per le caval ier avant le fou.

1 . e4 es 2. lt'ifJ d6 J ..i c4 ..i g4 4. ll'icJ b6 •

lei, les Blancs gagnent avec le sacrifice de dame 5. ll'i xe5 et l'on voit clairement que le mat serait impossible si les No irs avaient joué leur cavalier en f6.

24

Bien entendu, tout ceci fait partie de la théorie ancienne et nous verrons maintenant jus­ qu'où ces raisonnements sont

qui n'a qu'une seule bonne de destination. Exemple:

case

1. e4 e5

exacts. La première raison se fondait sur le fait que le fou, sans s'être déplacé, domine déjà des cases importantes contrairement au ca­ valier. Nous observons aussi que le développement du cavalier en f3 empêche les attaques prématu­ rées de l'adversaire. Les raisonnements exposés ci­ dessus ne sont pas pleinement convaincants. Quoiqu'il soit pru­ dent de développer le cavalier pour éviter des surprises, nous sa­ vons qu'en général, les attaques. prématurées ne sont pas cor­ rectes et qu'elles n'ont de succès que contre des joueurs de catégo­ ries inférieures. Et on peut donc l'accepter comme un conseil pour les joueurs modestes afin d'éviter un désastre. Le fait que le cavalier n'ait qu'une seule case de développe­ ment logique n'est pas non plus convaincant puisqu'un joueur avancé trouve parfois, après quelques coups, qu'il dispose d'une position plus commode avec le cavalier en e2 (ou e7) ou h3 (ou h6). En effet, l'avance f4 (ou f5) est parfois nécessaire après le roque, et elle serait em­ pêchée par un cavalier en f3 (ou f6). Pour tout cela, il faut donner plus d'amplitude à la règle énon­ cée auparavant, en la rédigeant ainsi: quand il existe un doute sur le développement en premier du cavalier ou du fou, jouez la pièce

Maintenant, il est clair que le fou a plusieurs cases de destina­ tion et il est donc préférable de développer le cavalier.

2.M� On voit maintenant quelle est la meilleure case de développe­ ment du fou blanc. En d3 ou c4, il ne contrôlerait qu'une case cen­ trale, e4 ou d5, respectivement ; mais en b5, il a la possibilité de s'échanger contre le cavalier en­ nemi, ce qui influe directement sur les cases d4 et e5, défendues par le cavalier noir. On voit donc que b5 est la meilleure case pour le fou, et pour cette raison, on doit le jouer avant le cavalier dame.

D

-

PosmoNs OUVERTES

La grande difficulté d'établir des règles générales sur le déve­ loppement des pièces dans des positions ouvertes est mise en évi­ dence dans l'exemple suivant. (Il existe une règle ancienne, claire à première vue, qui dit : lorsque l'on peut choisir entre plusieurs coups, on doit effectuer celui qui, en plus de développer une pièce, renferme une certaine menace car on peut ainsi réduire le nombre de réponses adverses. Quoique cette règle paraisse cor­ recte, il y a des cas où on ne peut

25

pas l'appliquer parce qu'on oblige alors l'adve rsa i re à réaliser le meilleur coup.)

facilitant le développement des t o u r s n o i r e s g r â c e au g r a n d roque. En conséquence, la variante s u i v a n t e e s t m e i l l e u re q u e 8 . l:l.e 1 + (voir diagramme li):

1. e4 e5 2. ll:if3 ll:ic6 3 .i.c4 .i.c5 4. 0-0 ll:if6 S. d4 exd4 6. eS dS 7. exf6 dxc4 .

8. fxg7 l:l.g8 9 .i. gS •

li

Et maintenant, contre 9 W'd5 , les B l a n cs pe uve n t co n t i n u e r comme si l a tour était en el, par exemple : ...

9 W'dS 10. ll:icJ W'f5 .•.

et les Blancs gagnent facile­ ment. La d i fférence en faveur des Bl ancs, e n é liminant les coups 8. l:l.e t + .i.e6, est très importante, et on le voit clairement dans cette suite, toujours à partir de la posi­ tion du diagramme 1 1 :

Voici une position très connue de l ' attaque M ax Lange . Sous l'influence, consciente ou incons­ ciente, de la règle antérieure, on l'a presque toujours jouée de fa­ çon inexacte.

8. fxg7 l:l.g8 9 .i.gS .i. e7 1 O. .i.xe7 W'xe7 .

12

8. l:l.el + Voici un coup qui semble natu­ rel parce qu'il situe la tour sur la colonne qu'elle doit logiquement contrô l e r et en faisant échec, c'est-à-dire en restreignant la ré­ ponse ennemie. Et, pourtant, ce coup n'est pas le meilleur à cause de la réponse noire.

8

••.

.i.e6

Ce n'est pas seulement un coup de développement, il s'agit aussi du meilleur coup possible parce qu'il libère la dernière rangée, en

1 0 . .�xe7 é t a i t m e i l l e u r, quoique de toute façon insuffi ­ sant. .

26

l 'époque act ive de Capablanca n'est pas fortuit, sinon une consé­ que nce logique de la nouvelle base, aussi précise que nécessaire, que le champion du monde du même nom a donné à la théorie du développement. Lasker, dans son livre Le bon sens aux échecs qui contient l'an­ cienne théorie du développement sous sa forme la plus perfection­ née, expose la règle générale se­ lon laquelle on doit seulement jouer lors des six premiers coups les deux pions centraux, les deux caval iers et les deux fous. La rai­ son e n est simple parce que chaque coup doit contribue r a u développement. Et comme l a dame n e doit pas être mise en jeu prématurément et les tours ne peuvent pas jouer avant la sortie des pièces mineures, la règle de Lasker s'en trouve déduite immé­ diatement. Mais, toutefois, cette règle, qui résumait les vieux principes du développement, est fausse. Je ne connais pas une seule partie de Lasker, avec les Blancs, où il ait appliqué ses principes ; qui plus est, je crois que s'il les avait ap­ pliqués dans ses parties, il n'au­ rait jamais été champion du monde. Cette d ive rge nce entre l'an­ cienne théorie et la pratique dé­ montre le besoin que la théorie avait de changer pour s'amélio­ rer. Pour ma part, je vais essayer d'ébaucher une théorie moderne pour gouve rner le déve loppe­ ment des pièces.

D a n s l a p o s1t1o n d u d i a ­ gram m e , e n jouan t 1 1 . lll x d4, l'avantage blanc devient évident. En reva n c h e , si l e s B l a n c s avaient joué auparavant 8. l:.el + oblige a n t les N o i rs à jouer l a meilleure réponse 8 ... .i.e6, nous arriverions à la position suivante en adoptant la même suite que précédemment : 13

Cette position est favorable aux Noirs, ce qui démontre que le coup 8. .i.e6 a plus d'importance que l'échec 8. l:.e l + . La suite serait : ..

12. lllxd4 l:.dl Dans cette possibilité de déve­ lopper la tour réside toute la dif­ férence.

13. c3 l:.q 7 14. 1Va4 �18 15. lllxc6 l:.xg2+ 16. �xg2 'IVgS + Et les Noirs gagnent. III



CONCEPT MODERNE

Le fait que le coup 8. :e 1 + soit tombé en désuétude p e n d a n t

27

Po u r expl i q u e r c e t t e d i ffé­ rence, utilisons un exemple trè s simple o ù n'importe quel joueur d ' échecs s ans aucune con n ais­ sance théorique puisse trouver le chemin à suivre. Plus tard, nous expose rons des exemples plus compliqués dans lesquels se révé­ lera l 'utilité pratique de la nou­ velle théorie.

I.:erreu r capitale des anciennes règles provient du concept erroné qu'elles ont du développement, parce que ce nom doit toujours impliquer un but déterminé. Aux échecs, on a toujours parlé de développement, en essayant d ' établ i r des règles gé né rales, mais on a oublié que les buts peu­ vent être distincts. Ce qui met en évidence que les lois du dévelop­ p e m e n t pou r l 'occ u p at i on d u centre ne peuvent pas être les mêmes que celles qui s'appli­ quent au commencement d'une attaque ou à la préparation d'une défense. De tout cela, déduisons que l'idée principale de la théorie scientifique n'est pas le dévelop­ pement des pièces, m ais de savoir à tout moment et depuis le début de la partie, l'objectif que nous poursuivons en accord avec notre position. IV



14

Ici, chaque camp peut dévelop­ per deux pièces, le roi et la tour. Il est évident qu'après

COUP DE DtvEWPPEMENT ET

COUP D'INITIATIVE

Je vais expliquer maintenant l a d i ffé rence fon d amentale entre l'ancien mot «développement,. et le nom moderne «initiative», introduit dans la théorie par Ca­ pablanca. Il faut d i stinguer avant toute chose deux notions : coup de dé­ veloppement et coup d'initiative. Le premier est en accord avec l ' an c i e n n e t h é o rie dont nous avons déj à parlé. Le second est aussi généralement un coup de développement, m ai s toujours inspiré par les e xigences de la po­ sition.

1. �g2 l:.a7 2. � les Blancs ont gagné un temps. M ais, si au lieu de cela, on jouait :

1. �g2 l:.b8 2. �13 ftb4 les Noirs, en dépit du tem ps ga­ gné par les Blancs, auraient alors obtenu l'initiative et ils auraient donc une meilleure position. Pour mieux comprendre cel a, analysons la position : sans les pions de l'aile dame, la partie se terminerait par une nulle, sans auc u n e c h an c e de g ai n . P a r c o n sé q u e n t , l e s obj e c t i fs d u

28

choix n'apparaitra que très rare­ ment. Soumettons m a i n t e n a n t l e s o u v e r t u r e s à l ' i nfl u e n c e d e l'école moderne. Après 1 . e4 e5, le point d'attaque pour les Blancs est précisément le pion roi noir parce qu'il est fixe. Si les Blancs veulent maintenir l'initiative, ils doivent l 'attaquer et ouvrir les lignes avec f4 ou d4. S'ils se déci­ dent pour la deuxième manière, il leur faudra dominer les cases e5 et d4, ce que l'on obtient avec 2. � f3 . q u i est donc un coup d'initiative. Contre la défense 2 ... �6, la poursuite de l'initiative s'obtient par 3 . .i.b5 et donc en appliquant la nouvelle théorie, on voit que la Partie espagnole est la plus effi­ cace contre 1... e5. On obtient donc le même résultat qu'en ap­ pliquant l'ancienne théorie. Ceci démontre la fréquente coïnci­ dence entre les deux écoles. Si après 1. e4 e5, on joue 2. .i.c4, ce coup serait de dével op­ pement, mais pas d'initiative, et pour cette raison, 2. .. �6 pren­ d r a i t l ' i n i t i at ive, q u o i q u e l e s Blancs aient le temps du trait. Ceci expl i que pourquoi, ces dernières années, on ne joue plus l'ouverture des quatre cavaliers, f a v o r i t e des v i e u x m a î t r e s Schlechter, Ta rrasch, M aroczy, J anovsk i et d'autres, car, dans cette ouverture, on s'abstient de jouer le plan initial d'attaque sur le pion roi noir, ce q u i est en désaccord avec les i d é e s mo­ dernes sur le coup d'initiative.

combat sont les deux pions « a ,. isolés. Pour trouver l e coup de développement, il est néces­ saire, comme je l'ai déjà dit au­ paravant, d'avoir présent à l'es­ prit l'objectif du combat afin de développer les pièces en accord avec la position. De cela, on dé­ duit que le coup d'initiative est 1. l:tbl puisqu'il a comme finalité l'attaque du seul objectif de la po­ sition. En revanche, 1. �g2 est seulement un coup de développe­ ment, mais pas d'initiative. Par conséquent, nous pouvons d i re que «l'init iative » est à l a t h é o r i e m o d e r ne c e q u e l e «temps» est à l'ancienne théorie. Et, en accord avec ces concep�s. on perd un temps lorsqu'on dé­ veloppe une pièce de moins, dans l'ancienne terminologie, et dans l a moderne, on perd un temps d'initiative quand l'on e ffectue un coup qui ne coopère pas à l 'objectif proposé, même si ce coup est un coup de développe­ ment. D a n s l 'e x e m p l e c i t é , no u s avons v u que la perte d e l'initia­ t ive se traduit e n désavan t age permanent et irréparable. Toutefois, la nouve lle théorie ne détruit pas totalement la pré­ cédente parce que le gain d'un temps est généralement le moyen de prendre l'initiative. Le joueur qui suit l e s principes de l ' a n ­ cienne théorie et celui q u i milite dans l 'école moderne, tout en pensant de façon différente, ef­ fectueront dans la plupart des cas le même coup dans une position déterminée et une différence de

29

Le premier exemple est tiré du l ivre de Capablanca, Principes

En revanche, ces dernières an­ nées, des maîtres comme Rubin­ ste i n , Spi e l m a n n , Ta rt acove r , Alekhine, Dreyer et l 'auteur de ces l ignes, avons parfois joué le vieux gambit du roi , ouve rture abandonnée qui, correcte ou non, est la deuxième possibilité que nous avons citée auparavant pour maintenir l'initiative, en accord avec le plan d'attaquer le pion e5. Par conséquent, il s'agit d 'une tentative en accord avec nos idées modernes. Après tout ceci, nous voyons plus nettement pourquoi le coup 8. l:lel + de l'attaque Max Lange n'est pas le meilleur. Revenons au d iagramme nu­ méro 13. Nous pouvons apprécier que les faiblesses des Noirs sont : le roi au centre, au milieu de la bataille, sans possibilité immé­ diate de roquer et la case f6. Par conséquent, 8. l:lel + n'est pas un coup d'initiative parce qu'il n'at­ taque pas ces faiblesses ; en re­ vanche, 8. fxg7 suivi de 9 ..ig5 ac­ croît les faiblesses citées et c'est donc la suite exacte. Suivent maintenant quelques exemples où l ' application des deux théories conduit à des di­ vergences de coups. Nous pour­ rons également observe r com­ ment les coups de tours sur des co l o n n e s o u v e r t e s , q u ' e ffe c ­ tuaient souvent comme des coups naturels, sans trop réflé­ ch ir, les vieux maîtres, ne sont géné r a l e m e n t p a s d e s c o u p s d'initiative, comme d a n s le cas d é jà c i t é de l 'a t t a q u e M a x Lange.

fondamentaux du jeu d'échecs1• 15

PARTIE CAPABLANCA·KilEYMBoKG, New York, 1910

Dans cette position, les Noirs jouèrent l... l:lae8 en accord avec les vieux principes du développe­ ment, parce qu'ils amènent une tour non développée sur une co­ lonne centrale ouverte. Mais ce n'est toutefois pa� le coup correct, puisque les N o i rs commettent l'erreur de développer une pièce sans tenir compte de leur objectif principal. Le coup est de dévelop­ pement, mais pas d'initiative. En plaçant une tour sur une co­ lonne ouverte, on ne prétend pas la laisser dans le vide ou i nactive, mais il s'agit plutôt de la mettre en jeu pour attaquer ou pour oc­ cuper la septième rangée et faire pression sur les pions ennemis. Dans ce cas précis, la tour q ue l'on vient de jouer, ne peut at­ teindre aucun de ces objectifs.

.

1.

30

Dans la même collection.

o n t le t r a i t . ( Le s B l a ncs sont Falmdrich et Kaufmann.) Le pion dame isolé est une fai­ blesse des Noirs qui peut toute­ fois deve n i r un p oi n t d ' appui pour une pièce, notamment un cavalier. Mais la paire de fous et la domination du centre compen­ sent cette faiblesse. Je crois que dans ce tte posi ­ tion, un joueur q u i n'aurait pas étudié la nouvelle stratégie aurait continué rapidement par 1... :eS qui développe la tour en la cen­ tralisant sur une colonne ouverte et en attaquant simultanément la dame ennemie, qui doit se reti rer. Mais ce coup n'est pas d'initia­ tive, parce qu'il offre aux Blancs la possib i l i t é de continuer par 2 . • d3 qui, non seulement fait pression sur le pion dame isolé, mais supprime en même temps le clouage sur le cavalier roi. Les Noirs doivent profiter de la m e i l l e u re s i t u a t i on d e l e u rs pièces mineures et de leur domi­ nation au centre de façon immé­ d i a t e , p a rce q u ' e n f i n a l e , l e s Blancs auraient une meil leure structu re de pions. Le coup qui exploite ces c irconstances est le suivant :

Dans cette position, l'aile dame doit être le théâtre des opérations parce que c'est là que le joueur le plus habile peut obtenir un chan­ gement favorable. Si les Noirs parviennent à fixer le pion b adverse, ils le converti­ ront en point faible. Tundis que si les Blancs parviennent à jouer ce pion en b3, après l'échange forcé qui se produit, les Noirs auraient alors un point faible en a7. Par conséquent, le coup d'initiative pour les Noirs est 1 ... a5. 1... :ae8 ne serait logique que si la l u t t e se l i v r a i t p o u r l e contrôle du centre . Un joueur moyen, en partie rapide, aurait effectué ce coup parce qu'il paraît plus n a t u r e l et p l u s h a b i t u é!. Voilà ce qui résulte de l'influe.nce qu'a exercée sur nous l'ancienne école. Pour cela, je me permets ce conseil pratique : ne pas faire de coups naturels sans réfléchir. Voici un autre exemple de mon l i v r e Les idées modern es a ux échecs. 16

1 .i.d4 2 . •d3 .i.x c3 3. •xc3 lüe4 .•.

Et les Blancs ont la possibilité de doubler et d'isoler un pion en­ nemi, soit sur la colonne c, soit sur la colonne f. Cette combinaison, comme on peut le voir, n'est ni profonde, ni difficile, mais en 19 14, lorsque s'est jouée cette partie, cette nou-

Dans cette position, les Noirs (menés par Capablanca et Réti)

31

après avoir placé le roi en f2 et doublé les tours sur la colonne d'attaque. Ceci démon tre q u e le coup 1. l:tae l, qui répond à l'ancien sys­ tème de développement, non seu­ lement ne gagne pas un temps, si­ non qu'en réalité, il en perd un. J ' ai u n e vraie satisfaction à montrer cet exemple parce que le maître Spielmann m'a dit après cette partie qu'il avait été sur le point de jouer 1. l:tae l sans avoir bien analyser la position, mais que, heureusement, il s'est rap­ pelé à temps ce qu'il avai t lu dans mon l ivre et cela lui a permis de trouver la suite exacte.

velle idée attira l ' attention de bons joueurs car, presque sans ex­ ception, la majorité d'entre eux auraient joué 1 . . . J:te8, gagnant un temps et prenant le contrôle de la colonne ouverte. Voici un autre exemple de la p a r t i e Sp i e l m a n n - G r ü n fe l d , jouée lors du tournoi de Vienne en 1922.

17

PARTIE EXEMPLE

Blancs : Richard Rétl; Noirs : Max Euwe Amsterdam, 1920 Dans cette position, avec les Blancs au trait, une majorité de joueurs auraient joué sans t rop analyser 1 . l:tael qui n'est pas un coup d'initiative parce qu'il force la dame ennemie à mieux se pla­ cer par 1... 'ifd7, en accord avec le plan de déve loppement du jeu noir. La colonne d'attaque pour les Blancs est celle de la tour roi (h) et pour cela Spielmann continua par :

1.

b3

D éfense hollandaise Voici une partie où l'on verra un coup de développement qui n'est pas un coup d'initiative.

1 . d4 rs 2. e4 fxe4 3. �c3 ttJf6 4. i.gS g6 Ce dernier coup ne paraît pas bon. On récupère le pion avec 5 . i. xf6 et 6 . �xe4 m a i s si l e s Blancs ne veulent pas donner à leur adversa ire l ' avantage des deux fo us, ils sont "o b l igés d e jouer un gambit avec 5. f3 . Par conséquent, la ligne de jeu indi­ quée est de préparer le grand roque, qui éloignera le roi des co­ lonnes e et f, lesquelles seront ou-

bS

Ceci a ensuite donné lieu à un échange de pions qui la issa ou­ verte la colonne h. Les Blancs ont alors obtenu une forte offensive

32

et la m a n œ uvre iL g7-c5 - - b 6 constitue une seule unité. En revanche, les Blancs, après les coups faibles des Noirs ( 4' et 5') ont joué trop confiants et ils doivent maintenant faire face à de sérieuses difficultés. Comme ils ne peuvent pas roquer à cause de ... c4 + , la défense du pion b2 n'est pas facile. Toutefois, après une longue ré­ flexion, les Blancs ont trouvé une combinaison brillante qui gagne la partie de façon spectaculaire, peut-être même mieux que s'ils av a i e n t j o u é c o r r e c t e m e n t 7 . ..d2. Quoique la combinaison n'est pas le thème de cet exposé, pour­ s u iv o n s la p a r t i e p o u r fa i r e quelques observations.

vertes après le gambit. Une mo­ bilisation rapide de l'aile dame est donc nécessaire. I.:idée du coup du texte est de préparer u n e attaque centrale avec iLg7 et c5, mais la tactique que l'on doit poursuivre dans un jeu de gambit, lorsqu'on a un pion de plus au prix d'un jeu peu dé­ veloppé, est défensive et non pas offensive. S. f3 exf3

En accord avec le commentaire antérieur, 5 . . . d5 était préférable. 6. llJxf3 iLg7 Les fa iblesses de la position noire sont : la colonne f, à cause du manque de défense en n, et les cases noires de l'aile roi, qui rendent la situation du roi noir dangereuse.

9. ..dl •xbl 10. llbl lüxdS t:initiative noire s'est transfor­ mée en gain matériel, mais leurs fa i b lesses posi t i o n n e l l e s d éj à m e n t io n n é e s v o n t l e u r fa i r e perdre l a partie.

7. iL d3

Ce coup aurait été joué par une m aj o r i t é de j o u e u rs m a i s , e n vertu d u commentaire antérieur, il conduit les Blancs à renoncer à leur initiative contre les faiblesses ennemies et à favoriser la contre­ a ttaq ue noire s u r le pion d4, contre-attaque incorrecte au dé­ part mais qui devient correcte parce que le fou blanc est venu s'interposer entre la dame et le pion. La suite correcte aurait été 7 . ..d2 suivi de 8. 0-0-0.

18

7 ... cS 8. dS �

Malgré leur position difficile, les derniers coups des Noirs leur ont permis de prendre l'initiative

11. li'ixdS 1 33

La

cl é de la combinaison :

1 1 ... 'ifxbl + 12. �a 'ifxhl 13 be7 d6 14 bd6 .



.



Menaçant mat en peu de coups.

1 4 �c6 1 5 .i. bS .i. d 7 16 .i.xc6 bxc6 17. 'ife2 + •••





Et les Blancs font échec et mat en peu de coups. Comme on a pu le voir, j'ai ga­ gné avec moult sacrifices et j'ai eu l'honneur de voir cette partie pu­ bli ée partout ; mais je n'en res­ sens aucun orgue il. J'ai commis une fa u t e d a n s les p r e m i e r s coups, dans une position que je crois gagnante. Et la conséquence fu t que pou r gagner, en co rri­ geant la faute, j'ai dQ abandonner le jeu de position et rechercher des complications tactiques. Si je n"avais pas commis une telle er­ reur stratégique, l'attaque noire n'aurait pas été aussi dangereuse et, donc, je n'aurais pas été en de­ meure de faire des sacrifices pour continuer l'offensive. La combi­ naison a donc été la conséquence de l'erreur. Je ne cite pas cette partie pour e l l e- m ê m e , sinon parce qu'il arrive la même chose dans toutes les com b i n a isons brillantes. Dans les parties où il y a une unité d'action, la combinaison se présente de façon naturelle, sans que cela constitue une obligation. Permettez-moi d'util iser une image poét ique, pas pour ce que la poésie renferme, mais pou r une meilleure clarté de l'idée que je veux exprimer.

Je compare rai l ' évol u t i o n d'une partie d'échecs à l a nais­ sance et à la vie d'une plante. Ce qui enthousiasme le plus le pro­ fane d'une plante, c'est sa fleur, de m ême que dans une partie d ' échecs, le néophyte aime les combinaisons brillantes. Mais ce­ lui qui aime la nature aurait plus de p l a i s i r en voyant naître e t croître une plante. Pour l u i , la fleur sera seulement le résultat naturel de cette évolution. De la m êm e fa ç o n , un e x p e r t a u x échecs préférera l e cours d e l a partie - développement, struc­ t u r e , h a r m o n i e - p l u t ôt q u e contempler une combinaison qui en découle comme une consé­ quence naturelle. Les fleurs qui nous paraissent les plus bel les à première vue ne sont pas normales, sinon un pro­ duit de culture anificielle, comme des roses cultivées en serre. Par contre, ces fleurs paraissent trop voyantes aux enthousiastes de la nature. I ls trouveront en elles un viol de l'espèce, plus douloureux qu'attractif. La même chose arri­ vera à cel u i q u i comprend les échecs, avec les co m b i n a i sons trop brillantes q u i constituent l'admiration des profanes ; ces combinaisons const ituent rare­ ment le résultat d'une partie nor­ male, et elles se produisent habi­ tuellement quand l a part ie n'a pas suivi son cours à la suite d'une erreur quelconque. Le vrai joueur d'échecs trou­ vera ce gen re de combina isons trop artificiel pour être objet de son admiration.

COMBINAISONS CONTRE LE PETIT ROQUE

Lorsque nous avons parlé du

Si nous imaginons une position

développement, nous avons dit

absolument ouverte, qui se pré­

que dans les positions ouvertes,

sente rarement dans la pratique,

l'essentiel est de mettre en jeu

il serait alors suffisant de déve­

toutes les pièces, e n laissant au

lopper simplement les piè ces,

deuxième plan le besoin de réflé­

sans trop s'attarder sur les cases

chir sur leur futur emplacement.

où elles doivent se placer. Ceci

Et en ce qui concerne l'initia­

s'explique parce que nous avons

tive, nous avons vu comment les

seulement deux objectifs d'at­

simples coups de développement

taque qui peuvent déterminer la

ne sont souvent pas les bons.

direction du développement dans

C'est la c onsé qu ence du fa it

une position semblable, et ces ob­

qu'aux échecs, il n"existe pas de

jectifs sont constitués par des élé­

positions totalement ouvertes ou

ments qui ne sont pas fixes sur

fermées.

une seule case mais qui

Dans les exemples étudiés à

se

trou­

vent dans un champ plus ample.

propos du coup d'initiative, nous

L:un d'eux, c'est le centre de

avons pu observer que même s'il

l'échiquier, parce qu'en dominant le centre, les pièces sont proches

s'agit de positions d'aspect très ouv ert, les coups strictement

de tous les points où leur pré­

d'initiative

s e n c e p e ut êt r e nécessa ir e .

se

justifient en l"dison

des éléments de position fermée

Cautre, c'est la position du roi ad­

qu'ils contiennent, comme sont, par exemple, les pions fixes ou

verse ; mais comme l'attaque ne peut se réaliser que sur un élé­

faibles.

ment plus ou moins fixe, il faut

35

sur la possibil ité d'un sacrifice correct, la voie préparatoire de l'attaque contre le petit roque sera l'avance des pions de l'aile où on prépare l'offensive pour y éli­ miner les pions adverses ; ce n'est pas notre objectif ici de parler de ces longues préparations d 'at­ taque, mais plutôt d'évoquer la possibilité de trouver des combi­ naisons gagnantes directes. Pou r établir une théorie de cette attaque, il est nécessaire de c lasser l e s combinaisons pos­ sibles. Comme outil de classe­ ment naturel, nous pouvons prendre la faiblesse déjà existante parmi les pions du roque ou celles q u i vont se prod uire au cours d'une combinaison. Commençons par le pion h.

seulement penser à développer les pièces pour l'attaque quand le roi s'est fixé, soit en roquant, soit en ne pouvant plus le faire. Dans la plupart des parties, on joue le petit roque ; lorsque c'est le cas, les attaques contre le roi s o n t n a t u re l l e m e n t d i r i g é e s contre l e petit roque. Donner dans ces pages u n e t héorie complète d e s attaques contre le roi relèverait d'un do­ maine trop étendu et c'est pour­ quoi nous nous l i m i terons à quelques combinaisons typiques contre le petit roque. Nous dési­ rons démontrer à l 'aide de quelques exemples que l'attaque contre le roi ne dépend pas seule­ ment de la combinaison mais qu'il est possible d'établir une théorie générale de la conduite à suivre. I.:attaque directe contre le roi est ce qui préoccupe le plus les amateurs et je suppose donc que les combinaisons que je montre­ rai seront déj à connues des lec­ teurs. Mais je les exposerai, non p o u r la co m b i n a ison en e l l e ­ m ê m e , m a i s p o u r q u e l ' on se re nde compte de la possibilité d ' é t ab l i r des règles gé nérales pour ces combinaisons. Lorsque le roque et les pions [h7 (ou h2), g7 (ou g2), f7 (ou f2)) sont dans leur position initiale, le roi est défendu contre une inva­ sion immédiate des pièces ad­ verses. Par conséquent, l'atta­ quant, au cours de son offensive, doit essayer de faire avancer ces pions ou de les supprimer, grâce à un sacrifice, par exemple. Comme on ne peut pas toujours compter

1



ATTAQUES CONTRE

LE

PION

H

Si le pion h avance d'une case, la seule faiblesse du roque est la case g3 (g6) qui est encore défen­ due par le pion f2 (f7). Ce coup n'est donc pas une faiblesse sé­ rieuse du roque et elle ne permet pas, s'il n'y en a pas d'autre, de jouer immédiatement une combi­ naison décisive. Pour cette raison, le coup h3 (h6) se joue dans beau­ coup de parties, mais il est bon d'attirer l'attention du lecteur sur la possibilité qu'un tel coup pré­ sente parfois à l'adversaire, de rompre la position, par g4 (g5 ) suivi de g5 (g4) ou aussi par le sa­ crifice direct d'une pièce, spécia­ lement lorsque le camp attaquant n'a pas roqué sur la même aile.

36

dame ou la tour donnent échec et mat en h8 (ou h l ) . 'if h 7 + (ou h2 + ) n'est pas aussi dangereux parce que le roi adverse peut s'en aller en f8 (fl ) après un mouve­ ment de la tour roi. Comment le roi pourra-t-il se défendre effica­ cement contre cette attaque de deux pièces lourdes ? Rarement par g6 (g3), parce que l'entrée de ces deux pièces en h7 et h8 (h2 et h 1 ) serait très d angereuse. La seule défense pour le roi serait donc f6 (ou f3) préparant la fuite par la case f7 (ou f2). De ceci, dé­ duisons que la correction du sacri­ fice dépend d'un fait que l'on doit considérer avant de jouer la com­ binaison : prévoir la possibilité de dominer au moment décisif la case de fuite du roi adverse, c'est-à­ dire, dans ce cas, la case f7 (ou f2). Généralement, aux échecs, les combinaisons ne sont pas le ré­ sultat d'un calcul exact de toutes les variantes, comme le croient la majorité des amateurs. Chaque fois que se présente à nous une position similaire dans laquelle nous sommes sûrs de dominer la case de fuite du roi, nous pouvons alors nous lancer dans la combi­ naison, confiants de remporter un succès, malgré la grande difficulté de prévoir toutes les complica­ tions qui peuvent surgir. En voici une forme simple et fréquente :

Comme nous nous sommes pro­ posés de parler seulement des combinaisons directes et pas des préparatifs de ces attaques, res­ tons-en là avec cette question. Bien différente est la situation si le pion h vient à manquer. Quelle est la seule façon pos­ sible de forcer l'entrée des pièces en h7 ou h8 (h2 ou h 1 ) quand il manque seulement le pion h dans la position du petit roque ? Le fou qui agit sur la case h7 (h2) ne peut pas collaborer parce que le défenseur peut empêcher son action en jouant g6 (g3). Et donc, il n'y a pas d'autre cas que c e l u i de deux pièces l o u rdes, comme les deux tours, ou la dame et une tour, voire la dame proté­ gée par une autre pièce comme un cavalier, et si ce dernier fait défaut, exceptionnellement, un pion en g6 (g3). Ces combinaisons commencent général e m e n t par l e sacrifice d'une pièce sur le pion h, de pré­ férence un sacrifice de fou car, comme nous venons de le dire, cette pièce n'est pas d'un grand besoin pou r mener à bien l'at­ taque ultérieurement. Nous trai­ terons maintenant des attaques avec des pièces lourdes sur la co­ lonne h, lorsqu'il manque un pion. Si n o u s a v o n s d e u x p i è c e s lourdes pour pénétrer sur l a co­ lonne h, où il manque un pion, la seule menace grave est que la

37

19

20

1... 0-0-0 1. h4

Sacrifie le fou pour doubler les tours sur la colonne h et attaquer le roque ennemi.

Ici le sacrifice est correct, car après

2. c4

1 .. . hxg5 2. hxg5 l'6

Comme nous le verrons ulté­ rieurement, ce coup prolonge la défense. t..: i dée est de dévier la dame de la grande diagonale, pour jouer en cas de nécessité g3, ou de la dévier du contrôle de la case f5 pour des raisons que nous exposerons plus tard.

Les Blancs ont la possibilité de prendre le contrôle de la seule case de fuite du roi noir par : 3. g6

Après quoi, le mat devient in­ évitable. t..:exemple est tellement simple que n'importe quel joueur, sans avo i r de conna issances sur la théorie de la case de fuite, peut réaliser cette combinaison car on la trouve facilement ; mais là où nous verrons réellement l'utilité de cette théorie, ce sera lors des cas compliqués, car l'imagination ne peut atteindre les variantes in­ finies qui se présentent, comme il arrive dans cet autre exemple de la partie Dubois-Steinitz, jouée à Londres en 1 862.

2... 1i'c6 3. bxc5 .:xh4 4. f3

Prépare une case de fuite pour se défendre du mat lorsque l'ad­ versaire aura doublé les tours, en profitant de la circonstance pour laquelle les Noirs ne peuvent pas jouer imméd iatement g3 pour do­ miner cette case de fuite, à cause de .i. f5 + suivi de .i. h3, fermant la colonne de l ' attaque ennemie. C'est pou r cette raison que les Blancs ont dévié la dame noire du contrôle qu'elle exe rça it sur la case f5 .

38

4

•••

%tdh8

I l n ' y a pas d ' autre défense pour éviter le mat, car l'entrée des deux tours décide de l'issue de la partie.

Observez que les Noirs mena­ cent maintenant 5 . . . g3 à cause de l'escarmouche suivante : 6. ..l f5 + 'ifc6 !, un coup splendide, parce que si 7 . ..l xe6 + fxe6 et le mat est i n év i t a b l e , et si 7 . ..l h3 %t xh3 gagne immédiatement.

8 %th 1 + 9. �g2 l:l.8h2 + 10. �o :xn + u . ..txn :a + ••.

Et les Noirs gagnent. Quand l'a ttaque sur la colonne h ouverte s'effectue avec la dame et la tour, il est plus efficace de mettre la tour devant la dame car celle-ci, depuis h5, défend la tour qui donne échec en h8 et contrôle s i m u l t a n é m e n t l a case f7. E t donc, connaissant cc système, on peu t se décider pour cette at­ taque s'il n'e xiste pas d ' au t re moye n de cont rôler la case de fuite. Voici un exemple simple pour le joueur e xpert et surprenant pour celui qui méco n naît ces règles, que nous trouvons dans une partie Zukertort-Anderssen.

S. fxg4

On ne peu t pas répliquer 5 ... lt.Jxg4 à cause de ..l f5 + suivi de ..l xg4. Le plan des Noirs, s'ils veu­ lent réussir leur sacrifice, est de contrôler à tout pri x la case de fuite du roi blanc en f2. Les coups q u e S t e i n i t z r é a l i s e pou r a t ­ t e i n d re c e t obje c t i f s u rpr�n­ draient quiconque ignore les lois qui régissent ces attaques, mais pas à celui qui les connaît, car il sait d'avance qu'il existe une tac­ tique é t ablie à cette fin. S

•••

'ife8 6. °ifel

6. %te l n'est pas possible main­ tenant à cause de 6 . . . %t h 1 + 7. �f2 .:.Xe t 8. 'if xe l lt.Jxg4 + 6

•••

'ifeJ +

Après l'échange des dames, le pion roi noir domine la case clé. C'est évident que le joueur ne connaissant pas ces règles ne pro­ pose rai t jam a i s l ' é c h ange des d ames e n ay an t une pièce de moins, à cause de la diminution des éléments offensifs. M ais Stei­ nitz a déjà atteint son objectif de domine r la case f2, seule façon de terminer avec succès ce sacrifice.

1. ..lxh7+ �xh7 2. 'ihls +

7. 'ifxeJ dxeJ 8. g3

�g8 3. l:l.b3 f6

39

9. 1i'bs :tes 10. 1i'xt7 + �h8 I l. 1i'bs+ �g8 12. 1i'b7 + �18 13. 1i'h8+ �e7 14. 1i'xg7 mat

Maintenant, il faut trouver un moyen d'appliquer la règle citée et de dom iner la case de fuite avec la dame, tandis que la tour donnera le mat en h8.

Après cet exemple, nous pou­ vons établ ir les règles générales qui permettent de savoir si ce sa­ crifice serait ou non correct dans des positions similaires. Exam i nons la position finale, où se produit le mat :

4. 1i'g6 .i.a6 Les Noirs ne disposent d'aucun bon coup.

S. l:tb7 1i'd7 6. 1i'hS Les Noirs abandonnent. Autre exemple, avec dame et cavalier. C 'est une attaque fré­ quente, après le sacrifice du fou, pour éliminer Je pion h. C'est un cas connu et simple.

1. e4 e6 2. d4 dS 3. � lüfti 4. eS �d7 S. �d3 .i.b4 6. tüf3 0-0 a

a

b

b

c

c

d

d

e

e

22

f

f

g

Si la tour roi noire ne privait pas le roi de la case e8, les Noirs se­ raient également perdus ; la case d8 ne sauve pas non plus la situa­ tion parce que les Blancs conti­ nueraient leur attaque avec tüfl + . La présence du pion e 6 n'est pas non plus nécessaire au bien-fondé du sacrifice, puisque c'est une ca'ie contrôlée par le cavalier blanc. Mais, en revanche, il est indispen­ sable pour que la combinaison soit correcte, d'exercer un contrôle sur la case d6 qui peut servir de fuite au roi attaqué. Donc, la case d6 dans ce genre d'attaque est équi­ valente à la case f7 (ou 1'2) dans l'attaque antérieure. Ce détail est plus difficile à apprécier parce que

h

Dans cette position, les Blancs gagnent facilement de la manière suivante :

7 .i.xh7+ �b7 8. tügS + •

�g8 8 . . . � g6 ou h6 serait un peu meille ur mais de toute façon, l'at­ taque blanche serait irrésistible.

40

1 3 .i.xh7+

la case d6 est plus éloignée du champ de manœuvres que la case f7 (ou f2). Une autre condition qui est in­ dispensable au bien-fondé du sa­ crifice est le bon développement du camp qui attaque, parce que, dans le cas contraire, le roi en­ nemi pourrait essayer les sorties en g6 ou h6 après l'échec reçu par



La même combinaison traitée antérieurement.

13

ohb7 14. lügS + �b6

Après 1 4 . �g8, les Blancs ga­ gneraient de la même façon que nous avons vu dans la petite partie exemple de cette attaque. Quand le roi sort de sa forteresse, le bien­ fondé du sacrifice dépend toujours du bon état de développement du camp qui attaque. li ne faut donc pas précipiter le sacrifice sans le développement au préalable de ces éléments qui doivent être conduits sur le champ d'action pour obtenir le succès de l'attaque. ..

liJg5 + .

MINIATURES EXEMPlAIRES

Blancs : Pillsbury ; Noirs : Judd Saint-Louis, 1899 Gambit de la dame

1. d4 dS 2. c4 e6 3. � b6 4. liJf3 .i.b7 S .i.f4 .i.d6 6 .i.xd6 'tlrxd6 7. cxdS .i.xdS •

•••



15. 1Wd2 �g6 16. liJe2 liJdS

7 . . exd5 était meilleur pour ne pas donner le contrôle du centre aux Blancs. .

Pillsbury met maintenant e n pratique un processus po u r que l a tour roi rentre en j e u sa n s perte de temps, par l ' i n te r m éd i a i re d'un sacrifice de cavalier.

8. e4 .i.b7 9. l:tcl a6 10 .i.d3 0ie7 11. 0-0 0-0 12. es 1Wd8 •

1 7. 'tlrd3 + �xgS 18. f4 + �b6 19. 'tWbJ + �g6 20. fS+ exfS 21. :xrs l:tb8 22. 'tlrg4+ �h7 23. l:txf7 Les Noirs abandonnent. Une attaque avec les mêmes caracté ristiques que la précé­ dente s'est produite dans une par­ tie Réti-Duras, dans la position suivante :

41

S... �xfl 6. 11'h6 f6 7. 11fhS Si les Noirs avaient pris le fou par 7 ... fxe5, l'utilité du contrôle de la case d6 aurait été démon­ trée car les Blancs donneraient mat ainsi : 8. i.g6 + �g8 9. 11fh7+ �f8 1 0. 11fh8 + �e7 1 1 . 11fxg7 + suivi du mat.

8. 11fxg4 �xh7 9. 11fh5 + �g8 10. l:txfl lb.17 Le fou était imprenable à cause de 1 1 . �g5 et les Blancs gagnent.

Dans cette position les Noirs ont essayé d'empêcher le roque blanc en jouant :

1 1. � lül'S Encore une fois, on voit le be­ soin de contrôler la case d6 pour le succès de l'attaque avec la va­ riante : 1 1 ... �e5 12. 11fh7 + � 13. 11fh 8 + �e7 14. •xg7 + suivi du mat.

l ... �g4 Pour une personne qui ignore cette théorie, il est difficile de se rendre compte que le pion c, si­ tué loin du champ de bataille est nécessaire pour le bien-fondé du sacrifice. La dom ination de l a case d 6 m e donna l'idée d'essayer une attaque similaire à celle mon­ trée précédemment et j'ai pro­ cédé comme suit :

12. 11fr7 + �h8 13. l:tf4 Les Noirs abandonnent.

Blancs : Schlecbter ; Noirs : Amateur Vienne, 1894

2. 0-0 .bcJ 3. bxcJ �e3 4.

.bb 7 + Ceci ne fut pas u n e surprise pour Duras qui pensait gagner la qualité en ne prenant pas le fou, mais il n'a pas considéré la forte attaque blanche, conséquence de l"absence du pion h.

Défense française Parfois, comme dans cette belle partie, on peut combiner les deux formes d'attaque, c'est-à-dire l'at­ taque avec deux pièces majeures et l'attaque avec dame et cavalier.

4... �h8 5. 11fd2

1. e4 e6 2. d4 dS 3. OO � 4. i.gS i.e7 S. i.xfti i.xf6 6. t0D 0-0 7. eS i.e7 8. i.d3 i.d7 9. b4

Le coup imprévu. Les Noirs avaient seulement envisagé l a possibilité 5.11fd3

42

12... Wg8 13 . l:.h8+

Les Blancs menacent avec ce cou p le sacrifice en h 7 . Si les Noi rs, pour éviter l'attaque de dame et cavalier, capturent cette dernière pièce, alors les Blancs en prenant avec le pion, obtiennent une attaque de dame et tour.

9

••.

1 3 . g6 n'était pas bon à cause de 13 . . . � gS suivi de � h6, fer­ mant la colonne d'attaque. 13 . . . hh8 1 4. "it'h5 + 'itg8 15. g6 Les Noirs abandonnent. Ils ne peuvent éviter le mat.

l'6

Ce coup ne constitue pas une défense satisfaisante parce qu'il n'empêche pas l'attaque mena­ çante.

Blancs : Steinitz ; Noirs : Golmayo La Havane, 1888 Défense française La même attaque vue précé­ demment mais jouée d'une ma­ nière plus profonde dans cette partie. 1. e4 e6 2. d4 dS 3. ttlc3 lL\1'6 4. eS lL\fd7 S. f4 cS 6. dxcS �xcS 7. lLID lüc6 8. �d3 0-0

Voici une position où le sacri­ fice du fou ne serait pas correct à cause du bon développement du jeu noir. Par exemple : 9. �xh7 + �xh7 I O. lüg5 + �g6 l l. "it'd3 + f5 1 2. exf6 + �xf6 et les Blancs n'ont pas autre chose que de prendre la q u a l i té avec 1 3 . lü h7 + , après quoi les Noirs auraient l'avantage avec deux pièces m i n e u res e n échange d e la tour.

1 0 . i. x h 7 + � x h 7 1 1 . lügS + fxgS 12. hxgS +

1 2. "it'h5 + Wg8 13. hxg5 n'était pas suffisant parce que les Noirs se se raient défendus par : 1 3 . . . hgS contre l a menace 1 4 . g6. Ce fut sans aucun doute ce que les Noirs ont pensé en jouant leur neuvième coup. Maintenant, les Blancs gagnent le temps nécessaire pour l'avance du pion g et obtiennent le cas peu fréquent d'une attaque de dame soutenue par un pion, à laquelle nous avons fait référence aupara­ vant.

9. h4 Maintenant, le sacrifice en h7 est une me nace car après 1 0 . . �g6 o n peut continuer l'attaque par 1 1 . h5 + �h6 1 2. f5, etc. .

9.

..

l'6

Ce coup évite le danger a n ­ noncé , mais permet aux Blancs d'attaquer avec dame et tour sur

43

On voit désormais l'idée du sa­ crifice du cavalier noir. Si 15. g4 :Xe5 + empêchant l 'avance du pion g blanc et libérant la case d6, point stratégique de la combinai­ son. Malgré tout, la partie continua ainsi :

la colonne h, avec l'aide d'un pion en g6. 1 O. lüg5 ! fxg5

Après l'offre du caval ier, se produit le sacrifice qui élimine le pion h.

27

15. g4 ! Joué avec l'idée que l a tour ne pourra pas se maintenir sur la cin­ quième rangée et que l'on pourra a v a n c e r l e p i o n g . Po u r l e contrôle de d6, les Blancs ont un autre moyen à leur disposition.

15 ... :Xe5 + 16. �dl .teJ a

b

c

d

e

f

g

Ceci pennet l'avance du pion g après les échanges. De toute fa­ ço n , i l n 'y a pas a u t r e chose con t re l a m e nace 17 .i. f4 qui obl ige la tour à quitter la cin­ quième rangée tout en contrôlant d6 à nouveau.

h

.

1 1 . .i. x h 7 + � x h 7 1 2 .

hxg5 + �g8 13. 'ilfb5 Cette position mérite d'être étudiée : la menace blanche est 1 4. g6 avec un mat imparable. Les Noirs peuvent retirer la tour pour fuir avec le roi, mais ce n'est pas suffisant parce que la case d6 est contrôlée par le camp q u i at­ taque. Exemple : 13 . l:.e8 1 4. g6 �f8 15. 1t'h 8 + �e7 1 6. 11rxg7 mat. On ne peut pas non plus éviter l'avance du pion g avec 13 :C5 à cause de 14. g4. Aussi, comme les Noirs disposent de deux pièces d'avance, ils décident d'en rendre une comme moyen de défense le plus efficace. .

17. il.xeJ :Xe3

28

.

...

13 .. . lüdxe5 14. fxe5 l:.fS

18. eib5 ! ! 44

C'est le coup clé de toute l'at­ taque blanche, car il contrôle à nouveau la case de fuite d6 tout en menaçan t 19. 'ifh7+ � 20. :n + �e 7 2 1 . 9xg7 + . etc. Je r é p é t e r a i s q u e po u r u n j o u e u r peu con n a i s s e u r d e l a théorie de ces attaques, ce coup, tant éloigné du théâtre des opé­ rations, paraîtra presque un mi­ racle ; en revanche, en connais­ s a n t c e t t e t h é o r i e , ce c o u p s'exp l i q u e com m e u n e co nsé­ quence naturelle.

versaire de placer ses pièces en f3 (ou f6) ou h3 (ou h6), si un fou en g2 (ou g7) ne l'en empêche pas. Il est évident qu'un bon joueur n'ef­ fectu e r a j a m a i s l ' avance g3 à moins d'y être forcé. Une autre faiblesse importante se présente lorsque le pion g doit capturer une pièce ennemie en f3 (ou f6), les pions restant doublés sur la colonne f. Parfois, un tel coup devient bon parce qu'il ren­ force le centre et c'est pour cela qu'on peut le réaliser lorsqu'il ne donne pas lieu à une attaque dan­ gereuse. I.:attaque contre cette position devient décisive si la dame qui at­ taque parvient à occuper et à se mainte n i r en h3 (ou h6) parce qu'elle y domine les cases impor­ tantes h7 (ou h2), g7 (ou g2) et f6 (ou f3 ) et n'a besoin que de l'aide d'une pièce mineure pour arriver au mat. Et donc, dans des positions si­ milaires, on gagne si l'on peut sa­ crifier une pièce pour faire irrup­ t ion i m m é d iatement avec une autre.

18 :a 19. g6 •••

Les Noirs abandonnent. Ils ne peuvent plus éviter un mat immé­ diat.

Il

·

ATTAQUES CONTRE

LE

PION G

J u s q u ' i c i , nous avons t r a i té avec un intérêt certain les at­ taques contre le roi l o rsq u ' i l manque l e pion h e t nous avons vu que l'on peut établir avec as­ sez d'exactitude des règles géné­ rales pou r les condu ire. Il n'y a donc pas de difficulté pour établir une théorie analogue en ce qui concerne les attaques d i rectes contre le roi en général, selon le cas des éventuelles faiblesses des autres pions du roque. Nous nous limiterons ici à montrer la possi­ b i l i t é de c e t t e t h é o r i e a v e c quelques cas typiques et impor­ tants. Les attaques qui se produisent à cause de la faiblesse créée avec l'avancée g3 (ou g6) sont connues parce qu'elles permettent à l'ad-

PARTIES EXEMPLAIRES

Blancs : Meitner ; Noirs : Scblecbter Partie espagnole

1 . e4 es 2. OO �c6 3 ..tbS a6 4. .b4 lüf6 S. � ..tcS 6. 0-0 bS 7 ..tb3 d6 8. d3 ..tg4 •



Les Noirs menacen t mainte· nant 9 . �d4. .

45

.

12

9. lLJe2

.

13. Ji.eJ h4 14. lllh l Il n'y a rien d e mieux.

14 .:.h6 ..•

9 li'd7 10. c3

Les Blancs sont obligés de cap­ turer cette tour pour empêcher le désastre. mais ce faisant, ils ou­ vrent la colonne g et laissent un t rou en f4 pou r le cavalier en­ nemi.

•..

Si 10. lllg3 llld 4 et l'affaiblisse­ ment du roque blanc se produit de la même manière. ..•

bfJ

.

hS

Menaçant 1 3 . . . lll g4 et si 1 4. fxg4 a l o r s 1 4 . . . h xg4 1 5 .:. e 1 '*xh2 + 16. �fl 11fxf2+ mat.

Ceci semble une bonne défense car si 9 ... .b.f3 10. gxf3 1i'd7 1 1 . �g2 et le centre est renforcé tout e n e m p ê c h a n t l ' a t t a q u e de l a d a m e n o i r e e n h 3 . Po u r cela, Schlechter prépare l'entrée de sa dame en h3 avant d'échanger.

10

•••

1 1. gxf3

Et maintenant, les Noirs peu­ vent placer leur dame en h3 pour réaliser l ' attaque typique que nous avons déjà mentionnée.

15. Ji.xh6 gxh6

Les Blancs abandonnent. Ils n'ont plus de ressources.

11 ... 1rhJ

Blancs : Charousek ; Noirs : Lehner Giuco Piano (ou Partie italienne)

29

t:attaque est plus forte dans cette partie parce qu'il manque en plus le pion h, mais c'est un exemple très approprié qui montre l a façon de sacrifier une pièce pou r ouvrir l e j e u à une deuxième, ce qui constitue le leit­ motiv de toute attaque. 1 . e4 es 2. œ llle6 J. Ji.c4 Ji.cS 4. 0-0 li'e7 s. lllcJ lllf6 6. llld S 1i'd8

12. lllgJ

Le cavalier est imprenable sous peine de perdre le pion e. C'est une conséquence de la sortie pré­ maturée de la dame.

Les Noirs ne peuvent pas ren­ forcer directement l'attaque par une pièce. Ils pourraient unique­ ment le faire par le sacrifice d'une autre (pièce).

7. dJ 0-0 8. Ji.gS ie7 9. lllxe7+ 11fxe7 10. lllh4 d6 l i . f4 h6

46

12. fxe5 ll:lxe5 13 ..txf6 gxf6 14. 1i'h5 ll:lxc4 .

La menace est maintenant 18.

� h l suivi de 19. :g t + . 17

•••

1i'e5

Seule défense possible.

18. f4 1i'xb2 19. :n Renouvelle la menace 20. �h l , etc.

19

.••

..th3

Ceci n'empêche pas la réalisa­ tion de la menace.

20. �hl ! 1i'd4 En cas de 20 . .. ..txfl, les Blancs gagnent par 2 1 . ll:lf5

15. 1i'xh6 Pour obtenir le contrôle de la case clé, les Blancs doivent aban­ donner la pièce.

15

•..

tt:ie5

Interdisant en apparence 1 6. :n, mais ce coup est possible car il ouvre une colonne d'attaque.

16. :a tt:ixe + 17. gxe

21. ltgl + 1i'xgl + li semble que le coup 1 8 . f4 n'ait pas empêché les Noirs de donner la dame contre la tour mais l'avance du pion f est indis­ pensable pour la victoire comme nous le verrons de suite.

22. �l :.Se8 23. f5 d5 24. œ ..tg4 25. tt:ig5 rxg5 26. f6 Les Noirs abandonnent. Il n'y a pas de solution contre le mat de la dame soutenue par le pion.

FAIBLESSES SUR LA COWNNE F

manque d'expérience, p a r les amateurs, pour mettre en jeu la tour roi après le roque, peut de­ venir dangereux. Et donc, avant de le réaliser, on doit réfléchir, si l'adversaire dispose des deux fous et par conséquent de la possibilité d 'obte n i r le contrôle des deux diagonales citées.

Voyons maintenant la faiblesse produite dans un roque par un c o u p d u p i o n f. S i ce p i o n n'avance que d'une case, la dia­ gonale a2-g8 (a7-g l ) s'affaiblit, mais si l'adversaire ne dispose pas du fou correspondant à cette dia­ gonale, les conséquences ne sont pas graves. L.:avance du p i o n f de deux cases est plus dangereux parce qu'il ouvre aux fous ennemis deux diagonales : a2-g8 (ou a7-g l ) et a l -h8 (a8-hl ) . Ces deux faiblesses s'accentuent davantage si pour défendre le pion f, il est néces­ saire d'effectuer le coup g3 (ou g6) , comme il arrive fréquem­ ment. C e c i ne v e u t p a s d i r e q u e l'avance du pion f soit toujours mauvaise mais que ce coup, joué souv e n t sans c r a i n t e e t par

a

49

b

c

d

e

g

h

diagonales a t -h8 (a8-h l ) et a2-g8 (a7-g l ) soient constamment do­ minées par les fous et que l'on empêche les fous adverses de s'in­ terposer, ou tout au moins, si l'on ne peut pas éviter l'interposition, il faut pouvoir disposer de res­ sources pour les éliminer par des sacrifices.

O b s e r v o n s c e t t e p os i t i o n ; nous voyons que toutes les cases du roque où pourrait se placer le roi sont dominées par les fous en­ nemis. En réalité, le roi se trou­ verait en pos i t i o n de m a l . Et donc, si la partie doit continuer, nous supposerons qu'il existe des pièces interposées sur les diago­ nales afin de restreindre l'action des fous, et naturellement, que ces pièces n'ont pas de liberté de mouve ment, qu'elles sont limi­ tées dans l e u r rayon d'action, comme si elles étaient clouées. Pour cette raison, même si le roi est bien protégé par les pièces in­ terposées, celles-ci sont en réalité inutilisables. I l existe une différence notable en défense, entre la force appa­ rente et son pouvoir réel, et cette d i ffé rence e n t re apparence e t réalité produit souven t d e s dé­ nouements surprenants. Comme nous l'avons vu , si les pièces interposées étaient élimi­ nées, le roi se retrouverait dans une position de mat. C'est facile à compre ndre : l'attaquant ne doit pas avoir de scrupules, dans ces circonstances, à sacrifier des pièces lourdes pour mettre en va­ leur ses fous. De telles positions ont donné lieu à de splendides combinaisons dans l'histoire des échecs. Seuls les fous du défenseur peuvent dé­ fendre efficacement, mais, même dans ce cas, ils peuvent être éli­ minés par des sacrifices. Par conséquent, pour que cc genre d'attaques soit couronné de succès, il est indispensable que les

OUVERTURE DU PION DAME

Blancs : Capablanca ; Noirs : Amateur La Havane, 1913

1. d4 dS 2. e3 e6 3. i.d3 c6 4. lt:Jf3 i.d6 S. tt:lbd2 fS 6. c4 9r6 La défense Stonewall a comme fondement la domination de la case e4 afin de pouvoir effectuer l'avance e5 et mettre ainsi en jeu le fou dame, dont le développe­ ment est le principal problème des Noirs dans les ouvertures du pion d a m e . Capablanca n ' e m ­ pêche pas cette avance, et déve­ loppe son jeu de manière adé­ q u a t e p o u r q u e la p o s i t i o n résultante, après l'avance proje­ tée du pion roi noir, lui soit favo­ rable. Comme nous verrons plus tard, en étudiant les positions fer­ mées, le développement effectué par Capablanca est typique des positions dans lesquelles on pré­ voit une rupture prochaine. En e ffe t , une fo i s que l e s N o i rs jouent c5 et les Blancs échangent ce pion, nous nous retrouvons dans une position type que nous venons de traiter, et où le roque

50

est affaibli par l 'avance du pion f. Capablanca prétend expl o i t e r cette faiblesse en accord avec l a règle que nous avons établie, e n plaçant ses fous sur les d e ux dia­ gonales stratégiques.

33

7. b3 .!l'ih6 8. i.b2 0-0 9. 'ii'c2 liJd7

14. .!l'ie4 ! ! Un sacrifice splendide, que l'on ne peut pas refuser, pour prendre possession des deux diagonales clés, de la manière traitée anté­ rieurement.

14... dxc4 I S. i.xc4+ .!l'ihr7 16. lb:d6 ! É l i minat ion du premier obs­ tacle sérieux contre l'attaque.

10. h3 ! Le coup le plus fin de cette par­ tie. li simule une attaque avec 1 1 . g4, i n c i t a n t l ' adve rsaire à avancer son pion g, pour complé­ ter le schéma de faiblesses déjà mentionné.

16

Fait croire aux Noirs que le mo­ ment est venu de se libérer grâce à l'avance e5. Nous verrons main­ tenant l'habileté de Capablanca à disposer ses pièces et monter une attaque typique gagnante contre les faiblesses du roque noir. .••

'ii'xd6 17 .!l'ixeS i.e6 •

34

10... g6 1 1 . 0-0-0

Il

•••

18. :dt 'ii'e 7

eS 12. dxeS .!l'ixeS 13.

cxdS cxdS 51

Dans cette position, le fou noir constitue l'atout défensif le plus fort. Capablanca décide de l'issue de la partie en éliminant ce der­ nier obstacle par le sacrifice de son autre tour.

de commencer l'attaque typique décrite dans ce chapitre.

11 ... hS 12. gS lLJg4 ! I.:échange des caval iers ouvre non seulement la colonne h mais il renforce le rôle stratégique de la grande diagonale pour l'at­ taque.

19. J:ld7 ! .bd7 S i 1 9 . . . 9e8 20. 9c3 et l e s Blancs gagnent.

IJ. lLixg4 hxg4 14. 9xg4 cxd4 15. exd4 ti:Dtd4 16. �h l lLJc6

20. ti:Dtd7 J:lfc8 Seule défense contre les deux menaces blanches : 2 1 . 9c3 avec un effet décisif, en réponse à 20 . . . 9xd 7 . Et 2 1 . lLif6 + suivi d ' u n échec à la découverte.

21. 'iFc3 lbc4 22. bxc4 Les Noirs abandonnent. Si 22.. . lLid6 23. 'ii' h 8 + �f7 24. lLie5 + .'-e6 25. 'ii'xa8 et si 22.. . lLJd8 23. 'iFh8 + �f7 24. 'iFg7 + �e6 25 . ltJf8 + gagnant dans les deux cas.

ÛlNERTURE DU PION DAME

Blancs : Ilia ; Noirs : Grau

17. ltJCJ g6 1 8. lLieS ltlxeS 19. fxeS l::th 7 20. 'iFd4

Buenos Aires, 1924

Une perte de temps mais il n'y a pas de défense suffisante contre l'attaque noire.

On retrouve dans cette partie la même ouverture, avec les cou­ leurs opposées et les mêmes ca­ ractéristiques.

20... �cS 21. 'ii'f4 9c6 22. �e2 0-0-0 23. �f3 .l:.dh8 24. �g2 J:lhJ !

1. d4 lLif6 2. e3 dS J. .'-dJ e6 4. f4 cS S. c3 lLic6 6. lLJd2 �e7 7. "i'f3 a6 8. lLihJ bS 9. 0-0 .'-b7 1 o. lLi12 'iFb6 11. g4

Comme dans la partie anté­ rieure, on essaie d'éliminer le fou défensif par u n sacrifice. 24 ... d4 ! sacrifiant la dame serait égale­ ment gagnant d'après les caracté­ ristiques de l'attaque.

Ce coup n'est pas recommen­ dable avant le petit roque des Noirs car il leur donne l'occasion

52

les Noirs récupèrent le pion en développant une pièce. Il est tou­ tefois conséquent avec l'idée du sixième coup blanc.

25. l:l.D d4 26. l:l.fl � 27. b4 l:l.8b4 28. bxcS Un coup forcé car les Blancs ne peuvent pas déplacer leur dame. 28_,

7.- .bcS 8. b4 .ld6 9 .lb2

.lhf4 29 .lhf4 •xcS





Les Blancs abandonnent.

Les Noirs ne cherchent pas la symétrie avec 9 . dxc4, après quoi les Blancs seraient en difficulté. S'ils jouent le fou roi en d3, on obtiendrait alors une position sy­ métrique après dxc4, avec u n temps d'avance p o u r l e s Noirs, non pas parce que .ld3 signifie une perte de temps mais pa rce que les Blancs ont perdu ce temps lors de leur septième coup. Et donc, le meilleur pour les Blancs serait de reconnaître leur erreur et de jouer leur fou roi pour ro­ quer. .

Blancs : Rotlevi ; Noirs : Rubinstein Lodz, 1908 Défense Tarrasch Cette partie est devenue extrê­ mement célèbre à cause de ses ex­ t raordinaires combi naisons. La possibilité d'imaginer ces sacri- . fices surprenants n'est pas à la portée des amateurs, et pour cela on est allé jusqu'à dire que cette partie n'a pas été jouée, sinon c o m p o s é e . A p r è s av o i r p r i s connaissance d e l a théorie que je suis en train d'exposer, on pourra voir qu'après tout, il n'est pas aussi invraisemblable, comme il y paraît à première vue, de conce­ voir de telles combinaisons. Au contraire, tout bon joueur pourra trouver la base stratégique du plan de Rubi nstein, mais sans doute pas de l'exécuter car la fa­ çon de le mener à bien fut réelle­ ment merveilleuse de par sa pré­ cision.

.

10. •112 Avec l'idée de faire pression sur le pion d en plaçant une tour en dl et en obligeant les Noirs à prendre en c4, ce qui permettrait de récupérer le temps perdu et justifierait le plan réalisé.

1le7

10...

Rotlevi n'a sans doute pas cal­ culé ce sacrifice de pion . 1 1 . l:l.d l ne serait pas bon m a i n t e n a n t parce que les Noirs disposent de la défense 1 1 . l:l.d8. Et si 1 1 . cxd5 exd5 1 2. l0xd5 l0xd5 1 3 . • xd5 suivrait 1 3 ... .te6 14. 1id2 l:l.fd8 15. •c2 l:l.ac8 avec une attaque ir­ résistible. En définitive, il faut dé­ velopper le fou roi, en reconnais­ sant son e rreur.

1. d4 dS 2. lOD lOffi 3. c4 e6 4. ltJc3 cS S. e3 l0c6 6. a3 a6 7. dxcS

..

Comme nous l'avons vu dans le chapitre correspondant, ce coup est une perte de temps parce que

53

pions qui. si elle donnait un bon résultat, tendrait à justifier que la tour roi est mieux placée en fi (f8) qu'en dl (d8).

1 1 . �d3 l:d8 Gagnant un autre temps parce que les Bl � ncs doivent retirer leur dame.

17 �c7 18. e4 l:ac8 19. e5 •.•

12. ife2 dxc4 13. �xc4 b5 14. �d3 �b7 15. 0-0

De cette façon, les deux diago­ nales dangereuses pour le roque blanc se sont ouvertes et les fous Noirs sont prêts à co mmence r l'attaque. Rubinstein trouve une manière très brillante de mener à bien ce plan.

36

19.. �b6 + 20. �hl lL!g4 1 21.�e4 .

La seule défense contre les me­ naces 22 ... lL!f2+ et 22 ... ifh4. En revanche, 22. ifxg4 n'est pas bon à cause de :Xd3 menaçant 23 . . . l:cxc3 et 2 3 . . . l:d2.

21 ... ifh4 Com me l'on voit, la position est presque sy m é t r i q u e , avec deux temps d ' avance pour les Noirs : ils ont réalisé le coup de développement l:fd8 et ils ont en plus le trait.

15

.••

Oblige les Blancs à affaiblir da­ vantage leur roque avec l'avance du pion g. Si 22. h3 :Xc3 23. �xc3 �xe4 24. ifxg4 (24. ifxe4 ifg3 25. hxg4 ifh4 mat) 24 ...ifxg4 25. hxg4 l:d3 gagnant à cause de la double menace 26 . . . l:xc3 et 26 . . . l:h3 mat.

lLies

Rubinstein commence son at· taque. basée sur son avantage de développement.

22. � Nous sommes arrivés à la posi­ tion typique traitée dans l'intro­ duction théorique de ce chapitre, où nous d isions q u e le roi se trouve en situation de mat s'il n'y avait pas de pièces clouées dans les diagonales que l'on domine. Maintenant, l'attaquant ne doit pas hésiter à sacrifier des pièces pour éliminer des obstacles, dont les plus importants sont les fous

1 6. lL!xe5 �xe5 17. f4 Cette avance et les coups de pions qui suivent sont mauvais, quoique explicables d'un point de vue psychologique. Les Blancs ne sont pas satisfaits des temps per­ dus dans l ' ouve rture e t ils es­ saient de le compenser par une démonstration latérale de leurs

54

ennemis (dans ce cas précis, celui de e4), comme nous l'avons ex­ primé dans notre règle générale .

22.- ?:lxc3 !! 23. gxb4 Si 23 . ..bc3 ..be4+ 24. 1Wxe4 1Wxh2 mat

23

••.

J:d2 ! !

Avec l a double m e n ace 2 4 . . . J:xe2 et 2 4. . . he4 + .

24. 1Wxd2 .be4 + 25. J:bJ !! Les Blancs abandonnent.

1Wg2

Les Blancs ne peuvent plus évi­ ter le mat. Tout ce qui a été dit démontre q u ' i l est possible d ' é t abl i r u n e théorie d e s attaques contre le roi, en tenant compte des diffé re ntes faiblesses que présente chaque position, afin de les classer, avec l'un ique exception de la faiblesse caractéristique provenant de l'ab­ sence du pion h. Je ne prétends pas développer l a théorie com­ p l è t e pa rce que toutes ces at­ taques sont par trop connues des amateurs et eux-mêmes peuvent la compléter, car la tâche est fa­ cile lorsqu'on d ispose de l'idée es­ sentielle. Je n'ai pas traité le cas où l'on a avancé les pions h et f, affa i ­ bl issant l a case g6 où l ' e n n e m i pe u t placer u n e pièce. Outre les attaques sur les co­ J o n n e s , il e x i s t e a u s s i d e s a t ­ taques, quoique plus rares, s u r les rangées où il est nécessaire pour cela de pénétrer sur la septième ou huitième rangée. Cune des attaques les plus fré­ quentes a lieu quand les pièces lou rdes sont entrées sur l a h u i ­ tième rangée pour attaquer Je roi qui, en général , se trouve en h7 (h2). Avant de terminer et seulement pour cette c i rconstance, j e vais é n o n c e r une r è g l e qui est d e grande valeur pratique m ê m e s i elle est facilement compréhensible. N o u s s a v o n s d éj à q u ' i l e s t meilleur d e placer la dame der­ rière la tour pour dominer la case de fu ite f7 (ou f2 ) . Voyons une analogie dans la position suivante :

Dans la partie Dr. Tartacover­ Réti du tournoi de Vienne en 1914, nous sommes arrivés à ce tte pos ition où les N o i rs ont une pièce de plus en échange d'un pion passé très fo rt e n sixième rangée. La situation est difficile et les Noirs, qui ont le trait, ne peuvent gagner qu'en attaquant.

1 ... J:l.dS ! 2. c7 Une manœuvre défe nsive ne conduisait à rien.

2 ... J:l. x d 6 3 . c811' J:l. d l 4. 11'f3

Nous avons la dame dans une posi t i o n correcte, d e r r i è re l a tour, e t par conséquent, i l faut es­ sayer de contrôler la case de fuite (g6 en l'occu rrence), avec 1. 11'e8, menaçant le mat avec la tour en h8. Si, au contraire, la dame était devant la tour, après l . 11'h8 + �g6, la dame serait hors jeu et seule l a tour serait disponible pour continuer l'attaque. Voici un exemple :

Si la dame s'en va n'importe où ailleurs, les Noirs gagnent par 4 . 11'hl + suivi d e 5 . . . lühS+, avec ce coup, les Blancs contrôl e n t l a c ase h5. ..

4

•••

11'hl + S. � ll'el +

5. . . lühS + n'était pas possi ble à c a u s e de 6 . 11'xh5 + �xh5 7 . 11'e8+ suivi du mat. Et donc, pour gagner, il faut réaliser une ma­ nœuvre pour mettre la dame der­ rière la tour.

6. �h2 Bien sûr, si 6. 11'f2 11'e5 + force le mat.

6 11'eS+ 7. 1i'gJ 11Fal ! •••

56

41

beaucoup plus fort parce que le mat est imparable. Si au septième coup, les Blancs avaient joué 7. g3 au lieu de •g3, les Noirs auraient gagné par 7 . .ld5 ! 8. •xdl 9b2 + , etc. ..

8. .d6

a

b

c

d

Avec 7 .. .l:h 1 + , les Noirs ga­ gneraient une des dames enne­ mies mais le coup du texte est .

Le coup 8. •e3 offre la résis­ tance maximale avec la suite : 8 .. . .l: h 1 + 9. �g3 /t) h 5 + 1 0 . �g4 .d l + 1 1 . • t3 /t)f6 + 1 2. �g3 •e t + , etc.

8. . .l:bl + 9. � •c3+ .

Les Blancs abandonnent.

CHAÎNE DE PIONS

Mais si les Noirs parviennent à la rompre et à se l ibérer de sa pres­ sion accabl a n t e , alors des fa i­ blesses fatales apparaissent dans la position blanche à cause des pions avancés et dans la majorité des cas, les conséquences sont ir­ réparab les. Déd u i sons donc la règle suivante : Les Noirs doivent essayer de rompre la chaîne de pions enne­ m ie ; mais cette rupture n'est re­ commandable que lorsqu'on peut détruire les principaux maillons, c'est-à-dire, éliminer les pions blancs qui font réellement pres­ sion sur la position noire. En revanche, si les Noirs par­ viennent seulement à ouvrir une ligne sans détruire totalement la chaîne, la pression persistera et la l igne ouverte favorisera tôt ou tard l e jeu blanc, parce q u ' e n ayant plus d e l iberté d'action, ils

On appe l l e chaîne de pions l ' e n semble d e s pions avancés dont l'objectif est de prendre un avantage d'espace sur l 'adve r­ saire et de le maintenir dans une position restreinte. Toutefois, notre objectif n'est pas d ' é t u d i e r la pos i t i on res­ treinte en général mais unique­ ment dans le cas où celle-ci n'a pas un caractère définitif et où il existe la possibilité de rompre la chaîne de pions oppressive. Po u r m i e u x l ' e x p r i m e r, l e s Blancs formeront dans tous les cas la chaîne de pions et il appar­ tient aux Noirs de se défe ndre contre cette chaîne. Une chaîne de pions est une arme à double tranchant. Si l'on parvient à la consol ider, on ob­ tient alors un avantage appré­ ciable avec davantage d'espace et un plus grand champ d'action.

59

r e m e n t que les pions avancés manquent de soutien pour dé­ fendre les points faibles.

pourront rapidement en prendre le contrôle. En général, les Noirs peuvent rompre une chaîne de pions à leur avantage lorsque celle-ci a été formée prématurément, car l'avance des pions suppose des pertes de temps dans le camp blanc, les Noirs ayant alors un jeu plus développé. Sur cette idée se base n t les schémas modernes avec les pièces noires, qui permettent et même provoquent la formation préma­ turée de chaines de pions, pour ensuite les attaquer avec succès. Comme e xe m p l e , n o u s a l lo n s analyser la défense introduite par Alekhine dans la pratique magis­ trale moderne.

8... e6 Afin de fixe r le p i o n d a m e b l a n c p o u r q u ' i l ne puisse pas avancer sans être attaqué, en ac­ cord avec le plan de rompre la chaîne de pions.

9 ..le2 •

La d ifficulté dans laquelle se trouvent les Blancs pour dévelop­ p e r l e u r cav a l i e r r o i e s t u n e preuve suffisante d e l a formation prématurée de la chaîne de pions. Contre 9. lüf3 et malgré la perte de temps, la réponse aurait été 9 . ..lg4 1 0 ..l e 2 ..l xf3 et l e s Bl ancs, pour ne pas perdre l e pion c, doivent pou rsuivre 1 1 . gxf3 '1Vh4 + 1 2. ..lf2 11'f4 avec une p os i t i o n s u pé r i e u re p o u r l e s Noirs. Dans toutes ces variantes, la faiblesse des pions blancs de­ vient évidente. . .

e4 lüf6 2. eS lDdS 3. c4 lDb6 4. d4 1.

Une chaîne de pions compri­ mant le jeu noir s'est déjà formée, mais les Noirs peuvent essayer de l'attaquer.

4 d6 S. f4

9 lDb4 10. :c1 cS

••.

•..

La chaîne de pions sera rompue par ce dernier coup. Il n'en restera que quelques maillons isolés, qui constituent une faiblesse perma­ nente pour le jeu blanc. Il existe d'autres façons de pro­ fiter de l'avance prématurée des pions pour la form ation d'une chaîne, mais on comprend que la stratégie des Noirs doit toujours t e n d r e à l a r u p t u r e de c e t t e chaîne par des coups d'initiative. Mais pas par des coups de déve­ loppement, parce que les Noirs demeureraient opprimés, tandis

Pour soutenir la formation de la chaîne de pions.

S ... dxeS 6. fxeS lDc6 Après ce d e r n i e r coup, l e s Blancs doivent opter pour l a dé­ fensive. 7. lDf3 serait naturel mais face à l a réplique 7 . ..lg4 qui pou rsu i t é ne rg i q u e m e n t l ' a t ­ taque, les Blancs doivent jouer u n coup moins naturel. .

1.

.

.

..leJ ..lrs 8. lDcl

Le coup 8. lüf3 n'était pas sa­ tisfaisant non plus. On voit clai-

60

que les Blancs auraient le temps nécessaire pour consolider leur chaîne de pions. Nous verrons quelques parties dont le thème est précisément la chaîne de pions et les tentatives, heureuses ou malheureuses, de la rompre. Pour plus de clarté, on a choisi des parties dans lesquelles se produ it une même forme de chaînes. Cette forme se caracté­ rise par deux sommets, les pions e4 et g4, ce qui empêche les Noirs de la rompre par l'avance fS . Les Noirs n'ont donc aucune chance de contre-jeu tout en restant eux­ mêmes exposés à l'attaque, que les Blancs peuvent préparer en toute tranquillité grâce à leur plus grand champ d'action sur l'ail e roi et à cause de la position res­ treinte des Noirs. Dans une par­ tie Capablanca-Marshall, on ar­ riva à la position suivante :

ture, ne pourront plus la rompre et demeureront en désavantage.

1 . . i.g6 2. ll:JfS .

Voici la position naturelle pour un cavalier lorsqu 'il existe une chaîne de pions semblable. En cas de capture, la colonne g s'ouvri­ rait dangereusement con t re le roque noir.

2

•••

hS

Ce coup et les suivants consti­ tuent une mauvaise tentative de rompre la chaîne de pions. Les Noirs ne se libèrent pas des pions blancs gênants de la chaine ( e4 et g4) et se créent eux-mêmes un préjudice en ouvrant la colonne h, ce qui facilite l'action offensive de l'ennemi.

3. h3 bxg4 4. bxg4 i.gS S. ll:JxgS ll:JxgS 6. �g2 Pour occuper la colonne h, en accord avec le principe que nous avons établi.

42

6... dS Un bon coup ; les Noirs au­ raient dû m ieux préparer cette avance au lieu de 2 . hS. .

.

7. 11re2 l:.e8 8. l:.bl Maintenant, on voit clairement l'avantage de la position blanche, et l'attaque sur la colonne h, ou­ verte de m a n i è re e rronée par l'ennemi. Cet exemple illustre le principe que nous avons établi et que nous répétons : On ne doit pas tenter d'affaiblir une chaîne de pions lorsqu'il n'y a pas la possibilité d'en détruire

1. g4 É tablissant la chaîne de pions déjà citée, les Noirs, qui ont com­ mis quelques fautes dans l 'ouver-

61

1. lill1

les mail lons principaux, c'est-à­ d i re d'éliminer les pions blancs d o n t la p r e s s i o n e s s e n t i e l l e s'exerce ré e l l e m e n t s u r l e j e u noir. ( D a n s cc c a s concre t , l e s p io n s e4 et g4. ) Voy o n s u n n o u v e l e x e m p l e avec u n e m é t hode h a b i l e de rompre la chaîne d e pions.

Avec l'idée de se placer ensuite en f5.

1... cxdS Ouvre la colonne c, cc qui n 'est pas désavantageux pour l' instant, comme nous l e verrons, l e s Noirs pourront détru i re les points es­ sentiels de la chaîne.

43

2. cxdS ldcS L e s B l a n cs n e p e u v e n t p a s jouer 3 . ld e 3 car i l s perdraien t l e pion c4.

3. g,4 La lutte commencée, d'un côté pour rompre la chaîne de pions, et de l 'au tre pour la soutenir, ne dépend que d u n tem ps , car si les Blancs pouvaient jouer mainte­ nant 3 . ldg3, ils pourraient en­ suite le place r en f5 e t empêcher définitivement la tentative noire . On peut en dé dui re que les Noirs ne peuvent pa� préparer leu r at­ taque, mais plutôt l a réaliser le plus rapidement possible. '

a

b

c

d

g

e

h

Cette position survint dans une partie G r ü n fc l d R é t i Comme dans l a défe n se A l e k h i n e , les Noirs ont permis la for m a t i o n d ' u n e chaîne de pions afin d'amé­ l iorer leur développement et de ro m pre avantageusement le jeu blanc au m o me n t o pport u n . -

.

3. . bS .

com p l è t e m e n t l i b é ré e et l e s

La capt ure de ce pion, avec le cavalier ou avec la dame, se fe rait e n échange de l u n des pions fon­ damentaux de la ch aî n e à l'avan­ t a g e d e s N o i r s . La m e n a c e consiste à jouer 4. . . b4, gagnant le pion c4.

Blancs présenteront en revanche q u e lqu es fa iblesses. Les Bl ancs doiven t donc essayer d'empêcher que l'ennemi réalise l e coup libé­

Suit son plan et défend simul­ tanément le pion attaqué.

Les Noirs semblent opprimés,

comme étranglés par la chaîne de pions blancs. Qui plus est, le �h7

'

se trouve hors jeu ; mais lorsque les Noirs pou rront avancer leur pion f, leur position se sera alors

,

4. lfjgJ

rateur f5.

4 62

•••

b4 S. lOdl tllxdS

Ce coup traduit une mauvaise compréhe nsion de la posi tion. I..:idée est de forcer l'échange des fous par le biais de l'avance du pion a, afin d'ouvrir la colonne f. Les Blancs croient qu'en ouvrant cette colonne et en dominant une fois de plus la case f5, leur posi­ tion s ' a m é l iorera, et pourtant c'est une erreur, car plus tard, le besoin du pion f se fera ressentir pour défendre en f3 les sommets de la chaine de pions e4 et g4.

Faisant rompre le jeu au mo­ ment précis, d'une combinaison. S i les Noirs avaient retardé l a rupture u n temps de p l u s , l e s Blancs auraient fe rm é définitive­ ment la position avec 6. lllf5 . 6. exd5 llld3 + 7. �d2 lllf4 8. 'i'IJ 'ifc2 + 9. �el ll\d3 +

Récupère la pièce avec avan­ tage matériel. PARTIE

1 1.1.USTRATIVE

14

••.

ll\d8

Une manœuvre profonde dont l'idée est de mener le cavalier en c5 pour pou rsuivre l'attaque sur le p i o n e4 d e s B l a n c s a v e c l'avance d5. D e cette façon, les Blancs seront obligés d'échanger leur pion c4 pour le pion dame, et ils pe rd ront alors l'un de leurs sommets, et ultérieurement, la position blanche sera détruite par l'avance f5.

Giuco Piano (ou Partie ilalienne) Blancs : Salwe ; Noirs : Rubinstein

Nous avons choisi cette partie pour illustrer ce point particulier de stratégie car Rubinste in est passé maître dans l'art de trouver des processus longs et profonds contre la chaîne de pions.

15. as he3 16. fxe3 c6 17. .i.b3 llle6 18. c3 lllc5 19 .i.c2 d5

1. e4 e5 2. ll\O lllc6 3. -'.c4 .i.c5 4. OO lllf6 s. d3 d6 6. .i.e3 .i.b6 7. 0-0 .i.g4 8. llld5 ll\xd5 9. .i.xd5 0-0 1 0. h3 .i.hS 1 1 . g4



20. exd5 cxd5 2 1 . lllh2 e4 22. d4 ll\d3 23 . .i.b3 :f.ad8 24. 'i'd2 fS

Les Blancs croient que c'est le moment opportun de mettre en place leur chaîne de pions. l i ... .i.g6 12. �g2 �h8

Préparation de la rupture sans que l'ennemi ne s'en aperçoive. 13. 'ife2 'iie 7

Afin de faciliter au cavalier la mana:uvre qui suit : 14. a4

63

Les Bl ancs ont désormais beaucoup de fa iblesses. C 'est l'une des positions typiques que l 'on obtient lorsqu'on réussit à rompre u n e c h a î n e de p i o n s . Alors que celle-ci donnait pour­ tant aux Blancs une grande domi­ nation de l'espace.

37

.••

f'xel 1V+

Les Blancs abandonnent. Dans la partie Turrasch-Rubin­ ste i n du tournoi de Ostrau en 1 923, la position suivante se pré­ senta :

25. c4 f4 26. cxd5 D+ 27. �hl 1fh4 28. ..i.c4 'iixb3 29 ..i.xd3 exd3 30. .:.12 ..i.e4 31. l:tcl •

Les possib i l i t é s de c o n t r e ­ chances à l'aile dame sont annu­ lées par une combinaison des Noirs qui décide de l 'issue de la partie.

31. .:.f6 ••

La menace est 32 ... .:.h6 suivi de 33 ... 'iix h2 + et 34 ... f2+ mat.

32 ...,.. •

S'oppose à la menace mention­ née car si 32 ... l:th6, 33. 'iie 7.

32

••.

d2 33. l:tdl

Si 33. 'iixd2 .:.h6 34. �gl (pour éviter le sacrifice 34 . . . 'iix h2 + ) 34 ... 'iig3 + 35. �fl .:.Xh2 36 . .:.Xh2 ..i.d3 + 37. 'iixd3 'iixh2, etc.

33 .. 'iigJ 34. 'iie7 .

Si 34. 'iix d2 (ou .:. t xd2) 34 . . . .:. b 6 suivi d e 3 5 ... .:.Xh2 + .

34 .:.es 35. .:.rxd2 'iie t + 36 .:.Xel 12+ 37. 'iixe4 •••



À ce moment précis, les Blancs o n t u n e d a m e et un cav a l i e r d'avance mais les Noirs gagnent la partie avec le coup qui suit :

1. h3 Jusqu'à présent, cette partie est i d e n t i q u e à d'autres p l u s a n ­ ciennes (par exemple, Tarrasch­ Kost ic, Gôteborg, 1 920). À ce moment précis, on disait que les Noirs devaient continuer par 1.. . ..i.xf3 parce qu'après 1 . .. ..i.h5, les Blancs établiraient par 2. g4 une chaîne de pions qui paraîtrait très forte. Rubinste in démontre que ceci n'est pas vrai, en retirant son fou au lieu de capturer le cavalier.

1 ... ..i.b5 2. g4 .i.g(i 3. d5 Afin d'éviter une manœuvre si­ milaire à celle que nous avons vue dans la partie Salwe-Rubinstein et p o u r t a n t , l e s N o i r s v o n t rompre l a chaîne d'une façon semblable, quoiqu'un peu plus longue.

3 ...

c6

Observez qu'ici aussi, tout dé­ pend d'un temps car si les Blancs pouvaient jouer 4. c4, les Noirs ne pourraient plus libérer leur posi­ tion.

où les Blancs devront placer leur pion f pour défendre leur chaîne. Ce faisant, les Noirs libèrent aussi la case f6 pour la dame et prépa­ rent l'avance f5, point culminant du plan.

4. .i.c4 .l:r.c8

9. .i.a3 � 10. llJc4 c5

Force l'échange des pions, faci­ litant en cela la possibilité d'avan­ cer le pion dame noir.

En forçant l'avance de ce pion, l e s Blancs n ' o n t pas empêché l'objectif noir de rompre la chaîne avec d5, même s'ils ont rendu ce plan plus difficile à mettre e n œuvre.

5. dxc6 bxc6 6. .i.d3 lüe6 La même manœuvre de cava­ l i e r que dans la partie précé ­ dente.

11 .i.cl •

7 . .i.cl Croyant qu'en éloignant ce fou, on é v i t e r a i t l ' avance du p i o n dame noir.

Pour empêcher que le cavalier ne vienne en f4. ·

1 1 ... bxg4 12. bxg4 lüb7 13. �g2 lübg5 14. f3 .l:r.cd8

7... llJc5 s. llJd2

I.:avance ... d5 est fin prête. On peut seulement l'empêcher avec 15. lüe3 cédant à l'ennemi la case f4.

Il n'y a pas d'autre défense du pion roi.

8... h5 U n c o u p t r è s p r o fo n d q u i semble s'é lever contre les prin­ cipes établis, puisqu'il essaie de rompre la chaîne de pions en un des points de moindre importance e t d 'ouvr i r une colonne q u i , comme nous l'avons dit, ne pourra profiter qu'aux Blancs grâce à leur plus grand champ d'action. Toute­ fois, l'idée de ce coup n 'est pas d'ouvrir la colonne h, mais il fait partie d'un plan pour rompre les sommets principaux de la chaîne. I.:idée est de placer le cavalier de f6 à g5 , via h7 sans que les Blancs ne puissent le chasser par h4. De la case g5 , le cavalier attaque le pion blanc e4 et contrôle la case f3

15. lübl 1 5 . lüe3 é t a i t m e i l l e u r . Les Blancs ont cru qu'avec le coup du texte, ils empêcheraient 1 5 ... d5 car, dans ce cas, ils gagneraient un pion. De cette façon, ils pen­ saient pouvoir disposer du temps nécessaire pour jouer l'avance c4 qui empêcherait définitivement la libération des Noirs. Mais cette idée est fausse, comme nous al­ lons le voir.

15 ... d5 16. exd5 .l:r.xd5 17. c4 Les Blancs ont cru gagner le pion roi avec ce coup.

65

17 .. :ld4 .

Ils constatent maintenant leur erreur. Si 18. l:.xe5 iff6 19. :le i lLJC4 + 20. i. xf4 l:.xf4 attaquant le tL:ib2 et le pion f3 avec une posi­ tion gagnante.

18. i.eJ :ld6 19. ife2 e4 La façon dont Rubinstein dé­ truit la position blanche avec les mêmes coups que dans la partie précédente est exemplaire.

20. fxe4 tLlxe4 21. iffJ tLl4gS 22. ifgJ ifb7 + 23. � :lb6 24. tL:ia4 i.xdJ+ 25. cxdJ fS ! Le plan arrive

à

sa

fin avec suc­

cès.

26. i.xgS fxg4 + 27. 'it>g l tL:ixgS 28. tL:ixb6 tL:ifJ + 29. 'it>f2 tL:ixel + Les Blancs abandonnent.

LE GAMBIT DAME

À l'origine, on appelait unique­ ment gambit dame l 'ouverture qui commence par 1 . d4 d5 2. c4. Dans les textes les plus anciens, le début de partie 1 . d4 d5 2. �f3 � f6 3. c4 s'appelait ouverture du pion dame même s'il s'agit pour­ tant d'un gambit dame par trans­ position de coups. Ces dernières années, on a pris l'habitude de désigner par gambit dame l'ou­ verture du pion dame où l'on réa­ lise l'avance c4, au deuxième ou au troisième coup. Pour cette rai­ son, suivant l a termi nologie usuelle, j 'ai choisi l e titre d e gam­ bit dame, pour les schémas dont traite ce chapitre. Le gambit roi, comme l'on sait, tend à laisser au centre une posi­ tion latente, mais avec quelques faiblesses vulnérables, ce qui n'est pas le cas du gambit dame, dont le but stratégique est similaire au

centre mais avec le pion dame bien soutenu en d4. C'est à cette circonstance que l'on doit l'en­ goue ment ext raord inaire dont jouit act u e l l e m e n t ce g a m b i t parmi les maitres. Voyons son développement : 1.

d4 d5 2. c4

Il est bien connu que les Noirs ne peuvent pas défendre le pion du gambit en cas de prise en c4 et donc en réalité, ce n'est rien de plus qu'un échange préjudiciable, q u i représe n t e u n e p e r t e d e temps, car les Blancs, e n récupé· rant éventuellement le pion par hc4, mettent en jeu leur fou de façon économique. Ceci dit, les Blancs menacent d'acquérir dans la position pré­ sente une supériorité centrale par 3. cxd5 1fxd5 4. �3. Par consé­ quent, les Noirs sont obligés de

67

défe n d re leur pion dame, soit avec 2 . . . e6, e n ferm a n t l e fou dame, soit avec 2 . . c6 qui n'est pas un coup de développement et prive de surcroît le cavalier dame de sa case naturelle en c6. On voit ici l'analogie existante entre les ouvertures du pion roi et celles du pion dame. Dans les premières, après 1 . e4 e5, le pion fixe en e5 des Noirs est le point d'attaque des Bla ncs ( Ruy Lo­ pez). Et dans celles qui nous oc­ cupent maintenant après 1 . d4 d5, le pion dame noir nous offre un objectif favorable pour l'attaque. Voyons d'abord la défense avec le pion roi.

répliquant dxc5, pourraient tou­ jours isoler le pion dame noir. Il en ressort que dans cette position d'attente, les Noirs doivent inci­ ter les Blancs à clarifier la situa­ tion au cen tre en menaçant la capture dxc4 dans des conditions optim ales pour les forcer à antici­ per et à réal iser auparavant la capture cxd5 ou l'avance c5. Mais les coups préparatoires p o u r fo r c e r l e c a m p b l a n c à prendre une décision au centre donnent aux Blancs, une fois éli­ minée la tension, un léger avan­ tage positionnel en fixant cette si­ tuation indécise. Je ne veux pas omettre une pe­ tite règle pour l'attaquant dans le gambit dame. Quoiqu'elle puisse peut-être paraître superflue, je considère son observation et sa correcte application plus pré­ cieuses que l'étude des variantes co m p l è t e s du g r a n d « H a n d ­ buch » d e Bilguer. Cette règle est la suivante : si les Noirs ne com­ mettent pas une bévue évidente ou une grave erreur stratégique, il n'y a pas de raison pour que les Blancs obtiennent une grande su­ périorité. Il ne s'agit donc pas d'essayer d'obtenir un avantage important avec les Blancs mais de se contenter d'un léger avantage dont l'occasion ne manque pas de se présenter lorsqu'on joue cor­ rectement le gambit dame avec les Blancs. Si les Blancs mépri­ sent cette petite supériorité et es­ sayent de violenter le jeu, ils se re· trouveront, au moment où ils s'y attendront le moins, en nette in­ fériorité si les Noirs jouent habi-

.

2

•••

e6

La position latente au centre, fa v o r a b l e a u x B l a n c s , e s t construite, tandis que le camp ad­ verse ne peut pas l'altérer sans désavan tage . Dans le cas d'un éventuel dxc4, les Blancs obtien­ nent l'avantage de la structure de pions que j 'appelle « base Tar­ rasch » , qui est, dans les ouver­ tures du pion dame, un pion blanc en d4 contre un noir en e6, et dans les ouvertures du pion roi, un pion blanc en e4 con tre un noir en d6 ; ces positions, même avec des noms différents, répon­ dent à des courants stratégiques identiques. Les Noirs doivent donc faire un coup de développement qui leur permettent plus tard d'effectuer le coup libérateur c5 ou e5. Si les Noirs, avant d'échanger les pions centraux, effectuaient la contre-attaque c5, les Blancs, en

68

lement. Revenons à la partie, les Blancs doivent continuer logique­ ment, en augmentant la pression exercée sur le pion dame noir.

3. lüc3 lüf6 4 .l gS .l e7 •

5. e3 La défense du pion c4 est dé­ sormais nécessaire. 5... 0-0 Avant de mener à bien le plan noir, qui est, comme nous l'avons dit, de fo rcer une décision au centre, il est préférable de ren­ forcer la défense de la position, avec la possibilité d'alterner les cinquième et sixième coups.

6. lüfJ Ce coup et le suivant exercent une pression sur les cases eS et c5 pour contrer les coups noirs libé­ rateurs cS ou eS.

6 . lübd7 ..

contrer 9 . .l d3 par dxc4 10 . .lxc4 bS suivi de 1 1 ... .lb7, donnant au fou enfermé une magnifique dia­ gonale. Mais à ce moment précis, les Blancs peuvent obtenir un lé­ ger avan tage, en profitant des temps perdus par les Noirs.

9. cxdS Il est évident que le développe­ ment blanc est meilleur. De plus, l'aile dame noire est affaiblie. Nous avo ns réal isé tous les coups noirs qui correspondent à la position selon notre concept, c'est-à-dire, en premier lieu la dé­ fense précise du centre et ensuite la tentative de forcer une clarifi­ cation au centre à cause de la me­ nace de libération . Au lieu de cela, les Noirs peuvent se fixer d'autres object ifs, mais je crois que n'i mporte quelle façon de jouer dont l'objectif ne serait pas d'influer au centre, est erronée dans cette ouverture.

Exe rça nt le contrôle sur les deux cases vitales. L\ DtFENSE ATIUNS

7 .:.c1 •

On joue aussi 7. •c2 ; 7 .ld3 est pire à cause de 7 . dxc4 8. .lxc4 c5 effectuant le coup libé­ rateur. .

..

7. . c6 .

Il faut jouer des coups de pré­ paration, même affaibl issants, pour forcer les Blancs à prendre une décision au centre.

8. •cl a6 Un coup préparatoire avec perte d e temps. I.: idée est de

Je pense que ce schéma est faux. Voyons-le :

l. d4 e6 2. c4 dS 3. lücl lüM 4 . .lgS .l e7 S. e3 lüe4 Les Noirs n'essaient pas de réa­ liser le coup libérateur . . es ou ... eS mais plutôt d'obtenir une li­ berté apparente par le biais d'un échange de pièces. I.:erreur essentiel de ce coup est que les Noirs abandonnent vo­ lontairement la lutte autour de d5 (l'objectif de l'attaque blanche), .

même si ces ressources ne sont pas infaillibles, il est difficile de les réfuter sur l'échiquier. Le plus prudent pour les Blancs est donc, en accord avec notre principe, de s'assurer un lé­ ger avantage par

raison pour laquelle les Blancs obtiennent l a supériorité au centre.

6. i..xe7 11fxe7 7. cxd5 lllxc3 8. bxc3 exdS 9. 1li'b3 Et après c4, les Blancs obtien­ nent un clair avantage au centre.

7. cxdS Si les Noirs prennent ce pion avec le cavalier, cela rend impos­ sible la menace lll e 4, et s'il re· prennent avec un pion, ils font obstacle à l'action de la dame sur le i.. g5 . Dans chaque cas, l'at­ taque noire sur le cavalier dame est facile à stopper, et pour au­ tant, 6 .. 11i'a5 n'est qu'une perte de temps favorable aux Blancs.

LA DÉFENSE CAMBRIDGE SPRINGS

Pillsbury l'a employée et cette variante a été essayée de nom­ breuses fois par les Noirs ces der­ nières années. Elle consiste à pro­ fite r de l'absence du fou blanc dame pour attaquer l'aile dame.

.

1. d4 dS 2. c4 e6 3. lllc3 lllffi 4. i..gS lllbd 7 S. e3 c6 6. lllf3 1ifaS

UNE

Un coup de combinaison. En plus de l'action sur le cavalier dame, la dame pose indirecte­ ment une question au fou dame ( i.. g5 ). Toutefois, il semble que les combinaisons ne mènent pas à grand-chose et que les Blancs ob­ tiennent un avantage positionne! avec le coup le p l u s h a b i t u e l 7 . llld 2. C'est la conséquence lo­ gique de la tentative noire d e transposer la l u t t e du centre à l'aile dame. Mais, les Blancs n'ont pas be­ soin d'entrer dans des complica­ tions tactiques, car sur ce terrain, il peut bien y avoir des surprises, et en pl usieurs occasions, on a trouvé des ressources pour les Noirs dans des variantes de cette défense q u i é t a i e n t p o u r t a n t c o n s i d é r é e s a n t é r i e u re m e n t comme favorables aux Blancs. Et,

VARIANTE

DE CAPABIANCA

La variante q u i s u i t n ' a é t é jouée qu'une seule fois p ar Capa­ blanca :

1. d4 dS 2. e4 e6 3. M lllffi 4. i..gS lllbd 7 S. e3 i.. b4 Capablanca n'a joué qu'une seule et unique fois cette variante dont l'idée consiste à poursuivre l'attaque sur l'aile dame par 6 ... c5 . Comme le coup du texte ne contribue pas à l'objectif de la lutte au centre, les Blancs obtien­ nent rapidement un léger mais net avantage positionne!, en évi­ tant de dangereuses compl ica­ tions par

6. cxdS exd5 7. lllf3 Si les Noirs insistent avec leur avance c5, ils n'arriveront qu'à isoler leur pion dame. Et s'ils re-

70

1. d 4 d 5 2 . c4 c6 J . tt:lcJ tt:lf6 4. tt:lf3 dxc4 5. e3 b5 6. a4 b4

n o n c e n t à cette con t i n u a t ion agressive, alors le �b4 sera mal placé et devra perdre un temps pour se retirer.

LA DÉFENSE

Le coup d' Alekhine. Continuer la défense du pion c4 est une er­ reur qu'il ne nous appartient pas de démontrer ici, car on peut le voir dans n'importe quel traité d'ouvertures.

SLAVE

Considérons m a i n t e n a n t l a deuxième défense initiale contre le gambit dame, soit 2 ... c6. Ses deux uniques objectifs sont : dé­ ve loppe r le fou dame avant de jouer e6, ou préparer la capture du pion c4 pour le défendre éven­ tuellement par b5 . Nous examinerons seulement ces deux intentions.

7. tt:la2 La situation précaire de cc ca­ valier est la véritable idée de cette variante. Il est vrai que la struc­ ture des pions noirs de l'aile dame est mauvaise, mais, en échange, les Blancs auront des difficultés pour déscmbrouillcr leur jeu. Si l'on joue 7. tt:lb 1 pour remettre le cavalier en jeu via d2, les Noirs défendent alors leur pion de plus avec avantage : 7 . � a6 8. tt:lbd2 1i'd5 . Les Blancs peuvent aussi jouer 8. tt:lfd2 pour récupérer le pion mais alors le coup 7. tllb l n'a plus d'objectif e t les Noirs ob­ tiennent une bonne partie, comme lors de la renco n t re G r ü n feld-Ta rrasch du tournoi Marisch-Ostrau. 8 . .. 1i'd5 9. 11fc2 b3 I O. 1i'c3 tt:le4, etc.

1. d4 d5 2. e4 e6 3. M tt:lf6

..

Totalement erroné se rait 3 . . . � f5 à cause de 4. cxd5 cxd5 5 . 'ii'b3 gagnant un pion.

4. OO �rs 5. cxd5 Et maintenant, 5 ... tt:lxd5 cède le c e n t r e a u x B l a n cs t a n d i s qu'après 5 . . . cxd5 suit 6 . 'ii'b3 avec une pression désagréable.

7... e6 8. �xc4 tllbd 7

II

Selon la pratique, il semble que dans cette position, les difficultés des Blancs pour réorganiser le mauvais placement de leurs pièces compensent le pauvre squelette des pions noirs sur l'aile dame. On p o u r r a i t donc d i re q u e cette défense e s t satisfaisante pour les Noirs, mais il existe un point vulnérable dans la position noire, qui est la case c5. À plu-

I.:acceptation du gambit pour le défendre avec b5 était en vogue voici quelques années, suivant l 'exemple du Dr. Alekhine. Le Dr. Laske r , tout partic u l i è re­ m e n t , s'est affi ché com m e u n grand partisan d e c e système, qui peut donner de sérieuses difficul­ tés aux Blancs s'ils ne jouent pas avec précision.

71

dans la position du texte, chaque joueur a la possibilité désagréable d'enfermer son fou dame s'il se voit forcer à réaliser le coup e3 (e6) avant de le mettre en jeu. Pour cette raison, cette position est plus complexe et l'avantage du trait aura une grande importance. C'est pour cela que cette variante simplificatrice a été la favorite de Marshal l et de Capablanca ces derniers temps.

sieurs reprises. on a vu et démon­ tré l ' av a n t age d'exploiter ces points faibles en y plaçant un ca­ valier. Et donc, mon opinion est qu'au lieu de 8. hc4, les Blancs peuvent obte n i r l'avantage e n jouant 8 .lüe5. .

Ill

Malgré la variante précédente, les Blancs peuvent obtenir u n avantage léger mais sûr, en ac­ cord avec le principe que nous avons énoncé au début de ce cha­ pitre. Les risques que les Blancs courent dans cette variante pro­ viennent de leur désir d'entrer sans nécessité dans les complica­ tions, à la reche rche d'une fin rapide. É cha nger les pions au moment précis où les Noirs me­ nacent quelque chose de sérieux est plus sûr et plus simple. Par exemple :

6 .i.f4 •

Si les Noirs voulaient jouer la symétrie avec la réplique 6... .i. f5, les B l ancs exploitera i e n t l e u r ava ntage du t r a i t e n j o u a n t 7 . • b 3 . Pou r c e l a , i l s devra i e n t continuer par

6

••.

e6

Après quoi, le fou dame noir étant enfermé, les Blancs ont ob­ tenu un avantage, léger mais évi­ dent.

1. d4 dS 2. c4 c6 3. lücJ .lüffi 4. cxdS ! cxdS 5 .lLJrJ .lLJc6 •

LEs GAMBm DU ROI

Nous arrivons à une position sy­ métrique. On pourrait croire que l'avantage du trait n'est pas plus important que dans la variante d'échange de la défense française. Comme dans cette variante, il y a uniquement une colonne ouverte et aucun des deux joueurs ne peut ouvrir le jeu par e4 sans désavan­ t a ge . To u t e fo i s , i l e x i s t e u n e grande différence si l'on compare cette position avec la variante déjà mentionnée de la défense fran­ çaise car, après 1. e4 e6 2. d4 d5 3. exd5 exd5, les deux fous de chaque camp sont l ibres. En revanche,

ET

DE

IA DAME

Il est intéressant de comparer le gambit roi avec cel u i de la dame afin d'établ ir l a relation stratégique qui pourrait exister entre eux et déterminer, même brièvement, l'efficacité des deux lignes de jeu. I.: id é e du g a m b i t d a m e e s t identique à celle d u gambit roi ; dans les deux cas, il s'agit de la même intention, quoique dans le premier, les coups se réalisent dans des circonstances plus favo­ rables.

72

Il y a deux méthodes défensives principales contre le gambit roi : La première consiste à accep­ ter le pion et ensuite réaliser le coup libérateur, ce qui revient au même avec ce que nous avons vu sur le gambit dame. La deuxième a l ieu lorsqu'on joue 2 ... d5, suite connue sous le nom de contre-gambit Falkbeer. Cette variante conduit à un jeu com plètement ouve rt, dans le­ quel l'avantage du trait n'a que peu d'importance, car les Blancs ont joué f4, qui n'est pas un coup de développement et qui affaiblit en plus la position du roi. Chose qui ne se produit pas en utilisant cette mét hode dans le gambit dame, où la position du roi blanc ne s'est pas affaiblie.

Les Blancs pourraient roquer sans d i fficulté en jouant 5. g3 suivi de 6 . .i.g2. Si les Noirs veu­ lent obtenir une attaque compen­ satrice pour le pion sacrifié, il de­ v r o n t fa i r e le g r a n d r o q u e , donnant l ieu, de la p a r t d e s Blancs à u n contre-jeu a u moins aussi intense que celui les Noirs. Laissons de côté cette variante. qui a été complètement abandon­ née ces dernières années, peut­ être avec raison.

PARTIES EXEMPLAIRES

Gambit dame Blancs : Réti ; Noin : Wolf Teplitz-SchOnau, 1922 1. d4 dS 2. c4 e6 J. M ll'if6 4 .i.gS .i.e7 S. e3 0-0 6. :tel ll'ibd7 7. ll'irJ c6 8. 1i'c2 a6 9. cS •

LE CONTRE·GAMBIT ALBIN

Ce dernier coup serait bon si l'on pouvait maintenir le jeu noir dans une position restreinte. Les Noirs démontrent que cela n'est pas possible.

On a souvent essayé cette va­ riante, analogue dans son idée stratégique au contre-ga m b i t Falkbeer.

1. d4 dS 2. c4 eS 3. dxeS d4

9 eS ! 10. dxeS •••

Cette suite est beaucoup plus faible que le contre-gambit Falk­ beer, notamment parce que le pion dame faisant pression sur la position blanche n'exerce pas son action sur l ' aile ro i, sinon sur l'aile dame, et les Blancs n 'ont donc pas d'obstacles. ni pour dé­ velopper leur aile roi, ni pour ro­ quer, comme c'est le cas dans le contre-gambit Falkbeer.

Comme les Blancs ne peuvent pas soutenir ce pion, ils admet­ tent leur erreur de plan avec le coup du texte. 1 0. .i.e2 e4 1 1 . ll'ieS est meilleur avec une lutte tenace dans laquelle les Blancs attaque­ raient l'aile dame et les Noirs l'aile roi . Ce qui serait plus effi­ cace à conditions égales, mais dans la position qui nous occupe, le développement blanc de l'aile dame est supérieur à celui des

4. ll'if3 ll'ic6 S. ll'ibd2 73

15 ... eixtl ! ! 16. j.b7+

Noirs sur l'autre flanc, et en plus le pion a6 noir constitue un ob­ jectif d'attaque pour les Blancs.

10

•••

Les analyses que j ' insère dé­ montrent les risques inhérents à la prise du cava l ie r : 1 6 . W xf2 eig4 + A) 1 7 . W e l 'if xe3 + 1 8 . ei e2 ( 1 8 . .i. e 2 'if f2 + s u i v i d e 1 9 . . . 'ifxd4 + ) 18... .i. f5 19. .i.xf5 ( 1 9. .:. d t 11t' f 2 + 2 0 . W d 2 .:. x e 2 + gagne) 19 . . . 'iff2 + 20. W d2 ( 20. Wd l eie3 + ) 20 ... .:.Xe2 + 2 1 . Wc3 11'xc5 + et les Noirs gagnent ; B ) 1 7 . w g3 'if e5 + 1 8 . W h 4 1lt'g5 + 19. W h3 eixe3 + et m a t au coup suivant.

eig4 1 1 . .be7

La tentative 1 1 . .i.f4 pour sou­ tenir le pion roi est inférieure à cause de la réplique 1 1 ... f6 !

11

•••

11t'xe7 12. ©84

Les Blancs tombent dans l'er­ reur d'attaquer le flanc sans assu­ rer auparavant le centre. Mainte­ nir centralisé le cavalier et jouer 1 2. b4 aurait été meilleur.

12 .. . .:.es 13 .i.d3 b6 14.

16 Wb8 17. 0-0



•••

Le m e i l leur, vu les c i rcons­ tances.

Ici ou au plus tard au coup sui­ vant, les Blancs auraient dû ro­ quer. En oubliant cette précau­ tion de sécurité, ils permettent aux Noirs de décider l'issue de la partie par un joli sacrifice.

14

•••

17 ... lDrg4 ! 18. tüxa8 eixeJ 19. 11t'e2 Avec ce dernier coup, les Noirs ont le jeu facile. Il valait m ieux soutenir le eid4 avec 19. 'lfc3.

eidxeS 15. eib6

19... eixn 20 .i.bl

Dans cette position, se produit la brillante combinaison qui force la victoire.



Avec la dame en c3, les Blancs auraient pu jouer maintenant 20 . .i.f5 profitant du fait que le cava­ lier noir n'a pas d'issue. Mainte­ nant, en revanche, le cavalier dis­ pose d'une sortie avantageuse à cause du cavalier blanc non pro­ tégé en d4.

20... eixb2 La supériorité matérielle des Noirs est suffisante pour justifier l'abandon des Blancs. Thutefois, au vu de l'énergie avec laquelle Wolf conduit la fin de la partie, la lutte est encore plaisante.

74

La lutte pour le fameux temps. Les Blancs ne veulent pas déve­ lopper leur fou roi et ont recours à d'autres coups en attendant que les Noirs échangent et leur fas­ sent cadeau d'un tempo. La tentative blanche est toute­ fois inutile car les Noirs ont roqué et disposent de bons coups d'at­ tente. Pour cela, il vaut mieux que les B l a ncs abandon n e n t cette lutte et jouent simplement 9. id3 car les Noirs, avec leur intention de se libérer de la pression cen­ t ra le, ont eu à fa i re quelques coups q u i sont e n réa l i t é des pertes de temps. L: idée de 9. a3, inventée par Grünfeld, est d'amener le fou roi en b 1 via c4 et a2, et commencer ainsi l 'attaque contre le roi en­ nemi. Mais ce plan est contraire à notre principe : ne pas débuter des attaques sur les flancs tandis que la situation au centre reste in­ décise. Cette partie est une réfutation de l'idée de Grünfeld puisque les Noirs arrivent à avoir un meilleur j e u grâce à l e u r av a n t age au centre et au manque de danger de l'attaque blanche.

21. liJb6 Il est clair qu'après 2 1 . �xh2 s u i t 2 1 . . . 'ilf h 4 + s u i v i de 2 2 . . . 'ilfxd4.

21... liJelJ + 22. gxf3 'ilfgs + 23. � l:.xe2 + 24. liJxe2 'ilfeS + 25. liJgJ 'ilfxb2 + 26. l:.c2 'ilfxbl 27. l:.e2 ie6 28. f4 g6 29. liJa8 hS 30. t:iJc7 h4 31. liJhl 'ilfd3 32. :.n ifS Les Blancs abandonnent.

GAMBIT DAME Blancs : Grünfeld ; Noirs : Alekhlne Carlsbad, 1923 1. d4 liJf6 2. liJfJ e6 3. c4 dS Dans le gambit dame, comme dans les autres ouvertures fer­ mées, les surprises tactiques pré­ coces ne se produisent qu'en de rares occasions et on peut donc altérer l ' o rdre des coups sans conséquence.

4. liJcJ 1'.e7 s. 1'.gs liJbd7 6. e3 0.0 7. l:.cl c6 8. 'ilfc2 a6 Se préparant à échanger les pions auss i t ô t que l e s B l ancs joueront leur fou roi afin de ga­ g n e r un t e m p s et de pouvoir continuer par b5 et c5, libérant le fou dame de sa prison au terme d'un accouchement l aborieux ! L:abandon du centre est un mal passager car les Blancs ne peu­ vent plus empêcher par la suite le coup libérateur ... c5.

9 h6 10. ih4 :.es l l. 1'.d3 •..

À la fin, les Blancs cèdent dans la lutte pour le temps. Il ... dxc4 12. 1'.xc4 bS 13. 1'.a2 c5 14. l:.d 1 1 4 . 0-0 était un peu meilleur. Toutefois, on s'apercevra rapide­ ment de l'avantage des Noirs.

9. a3 75

14 cxd4 15. lüxd4 1Vb6 16. .ibl .ib7 •.•

Voici le coup que les Blancs pensaient pouvoir empêcher avec 1 4 . l:l. d l . Leur calcul était 1 7 . �xb5 axb5 1 8. l:l.xd7, etc. Toute­ fois, Grünfeld voit maintenant que si 1 7. tt'l 4xb5 suivrait alors 17 . . 1Fc6 ! Cette même observa­ tion est valable au coup suivant.

Ce coup donne aux Noirs l'oc­ casion de jouer une combinaison brillante. De toute façon, la posi­ tion noire est très supêrieure.

.

17. 0-0 l:l.ac8 18. 1Fd2 tt'leS 19 .ixf6 .ixf6 20. 1Fc2 g6 21. 1Fe2 tt'lc4 22 .ie4 •



Pou r e m p ê c h e r l a m e n ac e noire 22 ... lüxa3.

22 24. l:l.cl

.ig7 23. .ixb7 1rxb7

.•.

•••

Il faut empêcher à nouveau la menace 22 .. tt'lxaJ. .

24

30 l:l.xd4 ! 3 t. fxe4

•••

eS !

Re n forçant l a position avec l'idée de se procurer un avant­ poste fort pour le cavalier en d3.

25. tt'lb3 e4 26. tt'ld4 l:led8 21. l:l.fdt tt'le5 28. tt'la2 tt'ld3 29. l:l.xc8 1rxc8 30. fJ

Si 3 1 . exd4 .ixd4 + 32. �1 ll'lf4 suivi de 33 1Fc4 + , etc. ...

31... lür4 ! 32. exf4 1Fc4 !! L a c l é d e cette étonnante com­ binaison. Les Blancs perdent au moins une pièce.

33. 1rxc4 l:l.xd l + 34. 1Fn .id4+ Les Blancs abandonnent.

LE PION DAME ISOLÉ

La poss i bilité existe également dans la défense Française après :

Pour lui donner un traitement plus étendu, j'ai omis dans le cha­ pitre précédent la défense Tar, rasch afin d'en parler ici, séparé­ ment. Elle commence après les coups initiaux :

1. e4 e6 2. d4 d5 3. M es 4. exdS exdS Le désavantage du pion isolé consiste à ce que la case qu'il a devant lui, devienne un point fort pour l'ennemi, car la pièce qui s'y placera ne pourra pas être atta­ quée par aucun pion. Mais, ici, le pion isolé n'est pas n'importe lequel, il s'agit précisé­ ment du pion dame, et sa qualité de pion central apporte davan­ tage de complexité au problème. C'est un pion faible car isolé mais aussi un pion fort car cen­ tral. Dans tous les cas, nous obser­ vons que l'un des avantages du pion dame isolé est d'avoir " la base Tarrasch » , qui donne plus d'espace et qui peut être en plus un point d'appui efficace pour un caval i e r placé e n e4 ou c4 quoique cela s'accompagne d'une

1. d4 dS 2. c4 e6 3. M cS À ce moment précis, les Blancs peuvent isoler le pion dame ad­ verse en jouant ainsi : 4. adS S. exdS On peut également obtenir ce résul tat dans d'autres schémas, que nous citerons brièvement, car la stratégie à suivre est similaire dans tous les cas. Dans la défense Sicilienne, on obt ient l'isolement du pion e n suivant la variante o ù l e s Noirs jouent prématurément d5 :

1. e4 cS 2. llJfJ e6 3. d4 d5 4. exd5 exd5 77

préoccupation supplé mentaire car ce cavalier devra être défendu par des pièces lourdes. Ceci étant dit, si l'on compare les avantages et les inconvénients, ces derniers pèse n t dava nt age dans la balance. Quoique le docteur Tarrasch, fanatique défenseur de ses idées, soutienne que le pion dame isolé est un avantage pour celui qui le possède, j'essaierai de démontrer son inconsistance avec l'exemple suivant, de grande valeur, car il s'agit d'une partie disputée entre des grands maîtres de l'école clas­ sique.

sans provoquer la moindre fa i­ blesse n 'existe pas sur un échi­ quier. Quand le pion roi se trouve sur sa case d'origine, on peut jouer g3 (ou g6), car ce coup ne provoque pas de faiblesse que l'on puisse considérer comme telle, la case f3 étant d û m e n t protégée . S e u l e l'avance du pion roi et du pion g3 laisse un trou en f3. Dans la variante Rubinste in, o ù l e s B l a n c s n ' o n t pas l a moindre intention d e mobil iser leur pion roi, le fianchetto sur ce flanc se situe parfaitement dans le cadre des normes stratégiques les plus exigeantes.

DtFENSE TARRASC H

7... cxd4

Blancs : Rubinstein ; Noirs : Marshall

Po u r j o u e r l e fo u r o i s a n s perdre de temps. Pendant u n cer­ tain temps, on a joué : 7... .te7 8. 0-0 i. e6 9. dxc5 .t xc5 10 .!ll a 4 ( pour prendre possession de la case forte d4) 1 0... i. e7 1 1 . .te3 (avec l'idée de continuer par 12. i.c5 pour affaiblir les cases noires centrales de l'ennemi).

1. d4 dS 2. itJf3 cS 3. c4 e6 4. cxdS exdS S. M lLJc6 6. g3 .!Lif6 7 .tg2

.



Voici la position normale de la fameuse variante Rubinstein du gambit dame contre le pion dame isolé de la défense Tarrasch, qui a tant été analysée ces dernières années. Rubinstein, lui-même, à qui l'on doit cette ligne de jeu, censu re l ' é c o l e h y p e r m o d c r n c p a rc e q u ' e l l e u t i l i se souve nt le fian­ chctto, qui affaiblit quelque peu la position. Mais cc concept n'est correct que pour les ouvertures du pion roi, car la case f3 reste faible. Mais, dans les ouvertures du pion dame, on considère moins la fai­ blesse de la case h3, éloignée du centre. et parce qu'un coup de pion contrôlant de nouvelles cases

8. .!Lixd4 .tes 9. .!llb3 .t b4 1 O. 0-0 i.xc3 1 1 . bxc3 0-0 U .tgS i.e6 13 . .!LicS 11'e7 14. .!Lixe6 fxe6 •

Cet échange répond pleine­ ment à l'idée de la variante Ru­ binstein même s'il renforce en ap­ parence le centre des Noirs.

IS. c4 Les Blancs éliminent non seu­ lement leur pion isolé, mais il af­ fa ibl isse n t et isole n t aussi les pions adverses. On voit mainte­ nant l'importance du fou déve-

78

loppé en fianchetto, principale­ ment pour son action au centre .

Les Noirs abandonnent.

15 ... dxc4 16. i.xc6 bxc6 1 7. 1Wd4 1Wd8 18 . .lxf6 :xf6 19. 1Wxc4

DtFENSE SICILIENNE

Blancs : Réti ; Noirs : Kostic Teplilz-SchOnau, 1922

48

1. e4 c5 2. ltJf3 e6 3. d4 d5 Une variante originale de Mar­ shall qui crée un pion dame isolé similaire à celui de la défense Tar­ rasch.

4. exd5 exd5 5. i.e2 Contre le pion dame isolé, on doit développer le fou roi soit en fianchetto, soit en e2 lorsque le pion e a été avancé, comme dans le cas présent. Mais pas en d3, parce que le fou fait obstruction à l'action de la dame. Le fianchetto roi se rait mau­ vais à présent, pour les raisons déjà exposées et parce que le pion dame isolé se convertirait en ce point fort que vante le Dr Tur­ rasch. Voyons un exemple de la partie Thomas-Réti : 1 . e4 c5 2. �3 �6 3. g3 ltJf6 4. i.g2 e6 5. ltJge2 d5 6. exd5 exd5 7. d4 cxd4 8. �d4 i. e7 9. 0-0 0-0 10. :e l .lg4 1 1 . 1W'd3 1Wd7 1 2. a 3 :res 1 3. �e2 �5 14. 1Wb3 i.c5 15. i.e3 �4 16. ltJf4 �4 et le pion dame isolé est u n fo rm idable p o i n t d'appui po u r les Noirs.

Les Blancs ont récupéré leur pion et ils ont laissé à leur adver­ saire deux pions faibles qu'ils vont exploiter impeccablement.

19 1Wd5 20. llacl :all 21. ••.

e4 1Wh5 22. f4

22. 1Wxc6 serait mauvais à cause de 22 ... :h6 23. h4 g5, etc.

22... 1Wa5 23. e5 :b6 La position de cette tour, com­ plètement hors jeu, est très mal­ heureuse. Le reste de la partie se comprend facilement et ne néces­ site pas de commentaire.

24. :c2 'lfb6+ 25. � :dB 26. :m :es 27. :rd2 �hl 21. :d6 1Whl 29. :Xc6 :11 30. :CS 1Wb7+ 3 1 . �gl 1Wb6 + 32. 1Wc5 1W'xc5 + 33. Jl2xc5 g5 34. :X.S+