Comment rester compétitif dans l'économie mondiale : Progresser dans la chaîne de valeur (French Edition) 9264034269, 9789264034266

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Comment rester compétitif dans l'économie mondiale : Progresser dans la chaîne de valeur (French Edition)
 9264034269, 9789264034266

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Comment rester compétitif dans l’économie mondiale

Comment rester compétitif dans l’économie mondiale PROGRESSER DANS LA CHAÎNE DE VALEUR

Ce rapport présente un large éventail de données de l’OCDE sur la mondialisation des chaînes de valeur et l’augmentation de l’externalisation et des délocalisations. Il étudie l’incidence de la mondialisation de la production sur les pays de l’OCDE, tant au niveau macroéconomique que sectoriel. Les coûts et les avantages de la mondialisation sont ensuite analysés, notamment en matière d’emploi et de productivité. Enfin, cet ouvrage examine l’effet de la mondialisation sur la compétitivité des pays de l’OCDE, en soulignant l’importance d’une stratégie d’innovation efficace. Il traite de la question de la progression dans la chaîne de valeur non seulement au sein des pays de l’OCDE, mais également en Chine, dans un contexte où la R-D gagne de plus en plus les pays émergents.

Les utilisateurs ayant accès à tous les ouvrages en ligne de l’OCDE peuvent également y accéder via : www.sourceocde.org/9789264034266 SourceOCDE est une bibliothèque en ligne qui a reçu plusieurs récompenses. Elle contient les livres, périodiques et bases de données statistiques de l’OCDE. Pour plus d’informations sur ce service ou pour obtenir un accès temporaire gratuit, veuillez contacter votre bibliothécaire ou [email protected].

ISBN 978-92-64-03426-6 92 2007 05 2 P

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PROGRESSER DANS LA CHAÎNE DE VALEUR

Le texte complet de cet ouvrage est disponible en ligne aux adresses suivantes : www.sourceocde.org/economiesemergentes/9789264034266 www.sourceocde.org/emploi/9789264034266 www.sourceocde.org/finance/9789264034266 www.sourceocde.org/industrieechanges/9789264034266

Comment rester compétitif dans l’économie mondiale

Les chaînes de valeur mondiales transforment radicalement la façon dont les biens et services sont produits. Les composants fabriqués dans un pays, par exemple, sont de plus en plus souvent assemblés dans un autre pays et vendus dans un troisième. La mondialisation de la production modifie la structure industrielle au sein des pays de l’OCDE, et elle a affaibli leur compétitivité dans certains secteurs. Autre conséquence importante : la crainte des pertes d’emploi dues à l’externalisation et aux délocalisations. Celle-ci existe non seulement dans le secteur manufacturier mais également de plus en plus dans le secteur des services. L’intégration rapide de la Chine et de l’Inde, avec leurs importantes ressources en personnel qualifié, renforce ces préoccupations. Comment les pays de l’OCDE doivent-ils réagir ?

PROGRESSER DANS LA CHAÎNE DE VALEUR

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Comment rester compétitif dans l’économie mondiale PROGRESSER DANS LA CHAÎNE DE VALEUR

ORGANISATION DE COOPÉRATION ET DE DÉVELOPPEMENT ÉCONOMIQUES

ORGANISATION DE COOPÉRATION ET DE DÉVELOPPEMENT ÉCONOMIQUES L’OCDE est un forum unique en son genre où les gouvernements de 30 démocraties œuvrent ensemble pour relever les défis économiques, sociaux et environnementaux que pose la mondialisation. L’OCDE est aussi à l'avant-garde des efforts entrepris pour comprendre les évolutions du monde actuel et les préoccupations qu’elles font naître. Elle aide les gouvernements à faire face à des situations nouvelles en examinant des thèmes tels que le gouvernement d’entreprise, l’économie de l’information et les défis posés par le vieillissement de la population. L’Organisation offre aux gouvernements un cadre leur permettant de comparer leurs expériences en matière de politiques, de chercher des réponses à des problèmes communs, d’identifier les bonnes pratiques et de travailler à la coordination des politiques nationales et internationales. Les pays membres de l’OCDE sont : l’Allemagne, l’Australie, l’Autriche, la Belgique, le Canada, la Corée, le Danemark, l'Espagne, les États-Unis, la Finlande, la France, la Grèce, la Hongrie, l’Irlande, l’Islande, l’Italie, le Japon, le Luxembourg, le Mexique, la Norvège, la Nouvelle-Zélande, les Pays-Bas, la Pologne, le Portugal, la République slovaque, la République tchèque, le Royaume-Uni, la Suède, la Suisse et la Turquie. La Commission des Communautés européennes participe aux travaux de l’OCDE. Les Éditions OCDE assurent une large diffusion aux travaux de l'Organisation. Ces derniers comprennent les résultats de l’activité de collecte de statistiques, les travaux de recherche menés sur des questions économiques, sociales et environnementales, ainsi que les conventions, les principes directeurs et les modèles développés par les pays membres.

Cet ouvrage est publié sous la responsabilité du Secrétaire général de l’OCDE. Les opinions et les interprétations exprimées ne reflètent pas nécessairement les vues de l’OCDE ou des gouvernements de ses pays membres.

Publié en anglais sous le titre : Staying Competitive in the Global Economy MOVING UP THE VALUE CHAIN

© OCDE 2007 Toute reproduction, copie, transmission ou traduction de cette publication doit faire l’objet d’une autorisation écrite. Les demandes doivent être adressées aux Éditions OCDE [email protected] ou par fax 33 1 45 24 99 30. Les demandes d’autorisation de photocopie partielle doivent être adressées au Centre français d’exploitation du droit de copie (CFC), 20, rue des Grands-Augustins, 75006 Paris, France, fax 33 1 46 34 67 19, [email protected] ou (pour les États-Unis exclusivement) au Copyright Clearance Center (CCC), 222 Rosewood Drive Danvers, MA 01923, USA, fax 1 978 646 8600, [email protected].

AVANT-PROPOS –

Avant-propos La mondialisation soulève de nombreux problèmes essentiels et revêt une importance prioritaire pour les autorités de nombreux pays de l’OCDE. Au cours de la Réunion du Conseil au niveau des Ministres de 2004, ceux-ci avaient demandé à l’OCDE d’apporter un nouvel éclairage sur les questions liées à l’externalisation et à la délocalisation croissantes des activités productives, compte tenu du manque de données probantes sur lesquelles s’appuyer pour étudier ces questions et élaborer des politiques adaptées. Dans cette optique, le Conseil de l’OCDE a décidé fin 2004 de mettre à contribution le Fonds central pour les projets prioritaires (CPF) de l’Organisation pour financer une étude incluant un examen empirique systématique des tendances et évolutions concernant la mondialisation des chaînes de valeur1. Ce document réunit certaines des données concernant la mondialisation des chaînes de valeur, et met en évidence les questions essentielles dont doivent se saisir les pouvoirs publics pour remédier aux problèmes liés à la mondialisation. Il a servi de base à un rapport destiné à la Réunion du Conseil au niveau des Ministres de 2007 de l’OCDE. Un rapport distinct, regroupant les différentes études sur lesquelles se fonde la présente synthèse, sera parachevé d’ici la fin de l’année.

1.

Les travaux financés par le CPF de l’OCDE ne sont pas les seules activités relatives à la mondialisation actuellement menées par l’Organisation. Un nouveau projet sur la mondialisation et l’ajustement structurel a été lancé à la suite de la Réunion du Conseil au niveau des Ministres de mai 2005, qui avait été axée sur l’optimisation de la mondialisation, et des efforts considérables sont également déployés en la matière dans le cadre normal du Programme de travail et budget (PTB) de l’OCDE.

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TABLE DES MATIÈRES –

Table des matières Note de synthèse ................................................................................................................................ 7 Chapitre 1. Le défi de la mondialisation...................................................................................... 13 Introduction ................................................................................................................................... 14 La mondialisation des chaînes de valeur....................................................................................... 17 Structure du rapport....................................................................................................................... 21 Chapitre 2. L’émergence des chaînes de valeur mondiales........................................................ 25 Les échanges et l’investissement direct étranger sont aujourd’hui les moteurs de la mondialisation ...................................................................................................................... 26 Le développement des chaînes de valeur mondiales et le renforcement des relations internationales .......................................................................................................... 32 Le rôle clé des entreprises multinationales.................................................................................... 37 Les petites et moyennes entreprises (PME) et les chaînes de valeur mondiales ........................... 40 L’émergence de nouveaux pôles de croissance économique ........................................................ 42 La dimension industrielle de la mondialisation............................................................................. 49 Chapitre 3. Les coûts et les avantages de la mondialisation....................................................... 61 Un débat complexe........................................................................................................................ 62 Effets sur l’emploi......................................................................................................................... 65 Effets sur la productivité ............................................................................................................... 78 Chapitre 4. Vers une économie du savoir : un défi pour tous les pays...................................... 93 Le changement structurel vers une économie du savoir................................................................ 94 La désindustrialisation................................................................................................................... 96 Les pays de l’OCDE s’élèvent dans la chaîne de valeur ............................................................. 103 Les défis posés par les pays non membres de l’OCDE ............................................................... 109 L’internationalisation de la R-D.................................................................................................. 116 Chapitre 5. Implications pour l’action publique...................................................................... 125 L’ajustement à la mondialisation ................................................................................................ 126 Une vision équilibrée des coûts et des avantages de la mondialisation....................................... 126 Intégrer le changement structurel : diffuser les effets positifs de la mondialisation ................... 127 Éviter les politiques biaisant le processus de changement structurel .......................................... 128 Progresser le long de la chaîne de valeur : élaborer une stratégie pour l’innovation .................. 129 De nouvelles approches pour progresser le long de la chaîne de valeur ? .................................. 132 Annexe A. ................................................................................................................................... 135

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NOTE DE SYNTHÈSE –

Note de synthése

Les chaînes de valeur mondiales et la mondialisation

Le rythme et l’ampleur de la mondialisation actuelle sont sans précédent et liés à l’émergence rapide de chaînes de valeur mondiales, sur fond de fragmentation géographique de plus en plus marquée des processus de production. La mondialisation passe également de plus en plus par l’investissement direct étranger (IDE) et les échanges de services, dans un contexte d’internationalisation de nombreuses activités de services. Un autre trait caractéristique de l’intégration économique actuelle est qu’elle ne se limite plus aux pays de l’OCDE et fait intervenir de grands acteurs mondiaux émergents tels que le Brésil, la Chine, l’Inde et la Russie. La mondialisation des chaînes de valeur est motivée par divers facteurs et, en tout premier lieu, par l’amélioration de l’efficience. Un des moyens d’y parvenir consiste pour une entreprise à s’approvisionner en consommations intermédiaires auprès de producteurs plus efficients pouvant être situés, d’une part, soit dans le pays considéré, soit à l’étranger et, d’autre part, à l’intérieur ou à l’extérieur du périmètre de l’entreprise. La fragmentation du processus de production entre différents pays s’est traduite par des restructurations sensibles au niveau des entreprises, et notamment par l’externalisation et la délocalisation de certaines fonctions. L’internationalisation croissante des approvisionnements a également entraîné le redéploiement géographique de certaines activités à l’étranger, impliquant parfois la cessation totale ou partielle de la production de certains biens ou services dans le pays du siège, ainsi que la création de filiales à l’étranger. L’externalisation internationale

Les échanges de produits intermédiaires augmentent et la production intérieure est de plus en plus tributaire de consommations intermédiaires étrangères. En 2003, 54 % des importations mondiales de produits manufacturés étaient considérées comme entrant dans la catégorie des biens intermédiaires (qui englobe les produits primaires, les pièces détachées et composants et les produits semi-finis). Du fait du renforcement des liens entre pays à l’échelle mondiale, une part de plus en plus faible de la production de chaque pays est réalisée à l’intérieur de ses frontières. En général, les secteurs de haute et moyenne-haute technologie sont plus internationalisés en moyenne que les secteurs à plus faible intensité de technologie. Les avancées rapides observées dans le domaine des technologies de l’information et des communications (TIC) ont renforcé l’« échangeabilité » de nombreuses activités de service et donné naissance à de nouveaux types de services pouvant faire l’objet d’échanges internationaux, facilitant ainsi l’externalisation des services à l’étranger. Bien que le niveau d’approvisionnement international reste très inférieur à celui du secteur

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8 – NOTE DE SYNTHÈSE manufacturier, la part des consommations intermédiaires importées dans les secteurs des services est devenue plus importante. Le rôle clé des entreprises multinationales

Dans ces chaînes de valeur mondiales, les entreprises multinationales jouent un rôle de premier plan, dans la mesure où leur envergure mondiale leur permet de coordonner des activités de production et de distribution disséminées dans de nombreux pays, et de recentrer leurs activités en fonction de l’évolution de la demande et des coûts. Les échanges transfrontaliers entre les multinationales et leurs filiales, souvent qualifiés d’échanges intragroupe, représentent une forte proportion des échanges internationaux de biens. Le développement des chaînes de valeur mondiales offre également de nouvelles possibilités aux PME, en leur permettant de trouver des débouchés supplémentaires à l’étranger, même si l’accès aux marchés internationaux est souvent difficile pour cette catégorie d’entreprises. De nouveaux centres de croissance économique

Bien que les pays de l’OCDE dominent toujours, la production manufacturière a sensiblement augmenté dans certains pays non membres de l’Organisation et devrait continuer à progresser dans un avenir proche. La Chine, en particulier, est devenue un partenaire commercial essentiel pour la plupart des pays de l’OCDE, et ses parts de marché à l’exportation vers les économies de l’OCDE se sont sensiblement accrues. Les échanges commerciaux et les flux d’IDE des pays de l’OCDE restent largement concentrés sur le groupe des pays développés, ce qui tend à indiquer que la mondialisation des chaînes de valeur n’est pas essentiellement un phénomène Nord-Sud. La mondialisation est un processus bidirectionnel, dans la mesure où il existe des courants d’échange et des flux d’IDE entre économies membres et non membres de l’OCDE dans les deux directions. Les effets de la mondialisation sur l’emploi

Souvent, dans l’esprit du public, ces implantations, notamment lorsqu’il s’agit de délocalisations, sont synonymes d’« exportation d’emplois » et se traduisent directement par des déperditions pour le pays et sa main-d’œuvre. La mondialisation des chaînes de valeur a néanmoins d’autres conséquences pour la performance économique : à des niveaux variables selon l’activité, la région et la catégorie sociale, elle touche certes l’emploi, mais aussi la croissance de la productivité, les prix et les salaires. De manière générale, le processus de mondialisation a des effets contrastés : positifs (ses avantages) et négatifs (ses coûts) ; dispersés et concentrés ; à court et à long terme. Mais ce sont souvent ses coûts visibles et immédiats qui retiennent le plus l’attention, car ils sont bien plus faciles à mesurer que ses avantages indirects à long terme. Plusieurs études qui fournissent des estimations des emplois (potentiellement) perdus à cause de délocalisations ont conclu à des pertes élevées en valeur absolue, mais aussi à un impact relativement faible au regard des mouvements globaux du marché du travail. De surcroît, certaines pertes d’emplois peuvent être imputées à des améliorations de la productivité et à l’évolution technologique – qui ne sont pas nécessairement liées aux délocalisations. COMMENT RESTER COMPÉTITIF DANS L'ÉCONOMIE MONDIALE : PROGRESSER DANS LA CHAÎNE DE VALEUR – ISBN-92-64-9789264034266 © OCDE 2007

NOTE DE SYNTHÈSE –

L’effet à long terme de la mondialisation semble plus toucher la composition que le niveau de l’emploi. L’intégration commerciale provoque dans la division internationale du travail des changements qui se traduisent dans certains secteurs (par exemple le secteur manufacturier). Ce processus peut toucher davantage certaines régions, branches ou catégories de travailleurs, comme par exemple les secteurs qui n’ont pas su s’adapter à une concurrence internationale très forte. Dans les pays de l’OCDE, la mondialisation a un impact disproportionné sur certains types d’emplois, et notamment sur les emplois peu qualifiés parfois concentrés dans certaines régions. Les avantages de la mondialisation pour la productivité

L’ouverture aux échanges et à l’IDE accroît la productivité et, partant, le salaire et le revenu moyens. Bien souvent, les gains tirés des échanges proviennent de l’exploitation d’avantages concurrentiels et d’économies d’échelle. Simultanément, le commerce international entraîne en général une baisse des prix des biens et services importés (finals et intermédiaires), et accroît la diversité et la qualité des produits dans le pays d’origine. En outre, l’accès à un marché où la concurrence est mondiale peut contraindre les entreprises à s’engager davantage dans des activités innovantes et la mondialisation ouvre largement la voie à des flux technologiques étrangers porteurs d’innovations non négligeables. Les entreprises multinationales contribuent largement à la productivité, mais les effets de la mondialisation sur la productivité dépassent cette sphère. Le rôle clé qu’elles jouent dans le processus de mondialisation en cours peut susciter d’autres effets positifs pour les économies des pays d’origine qui affichent, bien souvent, des performances de bon aloi. Les entrées d’IDE peuvent ainsi stimuler la concurrence intérieure et s’y traduire, en fin de compte, par une meilleure productivité, des prix plus bas et une affectation plus efficiente des ressources. Les nombreuses interactions entre filiales étrangères et entreprises nationales peuvent aussi susciter des transferts de technologie et de savoir. Les entreprises multinationales ne sont pas les seules à tirer parti de l’internationalisation. Toute entreprise impliquée à l’international par le biais d’exportations, d’importations ou de filiales, par exemple, tend à avoir une productivité plus élevée. Les exportations et les investissements directs à l’étranger peuvent fournir à leurs auteurs des informations utiles susceptibles de les aider à renforcer cette productivité. Un changement structurel vers une économie du savoir

L’intégration de nouveaux acteurs au concert économique mondial remet en question les avantages concurrentiels établis et la compétitivité des pays, les contraignant ainsi à se mettre en quête d’activités nouvelles où ils pourront exceller et se colleter à la concurrence. L’évolution principale consiste à progresser au sein de la chaîne de valeur et à se spécialiser davantage dans des activités à forte intensité de savoir et valeur ajoutée. Pour la plupart des pays développés, la spécialisation dans des branches et des activités plus traditionnelles fondées sur les coûts n’est plus une solution viable. Ce processus touche d’abord le secteur manufacturier et s’est accompagné, dans la majorité des pays de l’OCDE, d’une désindustrialisation découlant d’une évolution rapide de la productivité manufacturière et d’un glissement de la demande vers les services.

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10 – NOTE DE SYNTHÈSE Les investissements cognitifs constituent un facteur essentiel de la poursuite de la croissance économique, de la création d’emplois et de l’amélioration du niveau de vie et ils ont progressé ces dernières années dans tous les pays de l’OCDE. Simultanément, la majorité de ces derniers s’oriente vers des activités manufacturières à plus forte intensité technologique et des services « marchands » à forte intensité de savoir. Un grand nombre de pays de l’OCDE conservent un fort avantage comparatif dans les industries de moyenne-faible et de faible technologie. Certains pays non membres de l’OCDE s’élèvent aussi dans la chaîne de valeur. La Chine a diversifié sa ventilation par catégories de produits, sortant des secteurs traditionnels pour s’aventurer dans des secteurs à plus forte intensité technologique. La forte croissance des exportations chinoises de biens électroniques plus élaborés techniquement, de meubles et de prestations de transport est étroitement liée à la hausse des importations de pièces et de composants par la Chine. Il importe à cet égard de savoir si la Chine se contente d’assembler des composants, ou si des éléments indiquent qu’elle a augmenté sa valeur ajoutée grâce à des biens des TIC à plus forte valeur ajoutée. Ce ne sont pas les exportations de haute technologie qui forment l’excédent commercial chinois, mais celles de produits à teneur technologique moindre (jouets, textiles, chaussures). Les multinationales centrant leur stratégie sur un approvisionnement technologique mondial, leurs investissements de R-D à l’étranger ont fortement progressé. Ils permettent notamment de créer des réseaux mondiaux de R-D répartie, afin d’exploiter les savoirs locaux et de susciter des gisements de nouvelles technologies. Si l’internationalisation de la R-D se limite encore majoritairement à la zone OCDE, la forte hausse des investissements étrangers de R-D en Asie, en particulier en Chine et en Inde, a attiré l’attention des analystes. Elle semble constituer une évolution favorable, dans la mesure où la multiplication des liens internationaux de R-D est susceptible de favoriser des changements technologiques accélérés et une diffusion plus large, dans le monde entier, des avancées technologiques. Conséquences pour l’action publique

Progresser dans la chaîne de valeur suppose de changer, d’innover et d’augmenter sa productivité sans cesse. Les économies développées ne peuvent croître qu’en inventant des technologies neuves, des produits et processus innovants, et de nouvelles méthodes de management. Pour stimuler et soutenir le processus d’innovation, i faut une stratégie de l’innovation pour laquelle plusieurs lignes d’action peuvent être envisagées : 1.

Des politiques de l’innovation contribuent à rehausser le niveau des connaissances et des technologies intégrées à la production et aux exportations. Les politiques visant à renforcer la créativité des entreprises ou à étoffer les actifs immatériels en tant que sources de création de valeur sont étroitement liées à ces politiques de l’innovation.

2.

Pour devenir plus innovante et plus productive, l’économie peut nécessiter davantage de travailleurs très qualifiés, ou un autre panachage de qualifications. Traiter cette question au moyen d’une politique éducative et de formation suppose de mettre davantage l’accent sur l’apprentissage tout au long de la vie.

3.

Les politiques peuvent aussi chercher à créer de nouveaux domaines d’activité en stimulant la création d’entreprises et l’entrepreneuriat, ou encore l’innovation et la technologie dans de nouveaux domaines.

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NOTE DE SYNTHÈSE –

4.

Les entreprises internationales et locales peuvent être intéressées par des activités et des compétences tout à fait particulières, qui n’existent que dans certaines régions ou certains lieux. Les politiques de développement de filières, les pôles d’excellence et les politiques régionales peuvent contribuer à exploiter les points forts nationaux.

5.

Par ailleurs, le fait de bien comprendre les composantes de l’attrait du pays, d’exploiter ses points forts et de traiter ses points faibles dans toute la mesure du possible peut aider à mieux tirer parti du processus de mondialisation.

6.

Il est important, dans le contexte des droits de propriété intellectuelle (DPI), d’obtenir un équilibre satisfaisant entre la diffusion technologique et les incitations à innover. On peut par ailleurs œuvrer davantage pour valoriser les DPI, au moyen par exemple de l’octroi de licences.

7.

Le débat que connaissent aujourd’hui différents pays de l’OCDE en matière d’action publique examine des actions que les pouvoirs publics pourraient prendre afin de renforcer la capacité de lutte des entreprises sur le marché mondial, tout en tenant compte de la nécessité de marchés concurrentiels et opérationnels. Parmi ces actions figurent les politiques de l’innovation et de l’entrepreneuriat qui sont devenues le cœur des politiques industrielles du XXIe siècle. Si les pays veulent exploiter les gains potentiels de l’ouverture aux échanges, il leur faut organiser le transfert des facteurs de production (travail compris) aujourd’hui utilisés par des activités économiques avec une efficience moindre vers des activités dans lesquelles ils jouissent d’un avantage comparatif. Mais il peut s’avérer difficile pour les individus de changer d’emploi, de secteur et de région ; parfois, ceux qui perdent leur emploi dans une entreprise appartenant à un secteur soumis à la concurrence des importations supportent de lourds coûts d’ajustement. D’où la nécessité de mener des politiques structurelles complémentaires, afin d’aider la main-d’œuvre à délaisser les secteurs à la traîne pour des secteurs plus en pointe, ainsi que des politiques visant à indemniser ceux qui, à court terme, sont les perdants potentiels de la mondialisation. Alors que la mondialisation présente des avantages pour l’économie en général, leur répartition est inégale. Il peut à cet égard s’avérer utile de présenter un tableau équilibré des avantages et des coûts de la mondialisation, mais le problème de fond reste que celleci peut entraîner des coûts très apparents pour une catégorie de la population clairement identifiable, alors même que certains de ses effets positifs peuvent ne se faire sentir qu’ultérieurement et de manière plus diffuse sur un plan sociétal. Une voie prometteuse consisterait à prendre plus directement en compte les coûts de la mondialisation en indemnisant ceux pour qui elle engendre une baisse de revenu à court terme. Certains s’inquiètent de voir certaines régions du monde peut-être plus menacées que d’autres de demeurer à la traîne du processus de mondialisation, et d’autres se soucient de l’impact environnemental potentiel sur les pays en développement d’une mondialisation qui ne faiblit pas. La poursuite de la libéralisation des échanges dans des secteurs où les pays pauvres détiennent un avantage comparatif (notamment l’agriculture), complétée par des politiques de renforcement des capacités et de développement, pourrait contribuer à diffuser les effets positifs de la mondialisation dans un nombre plus grand de pays, dont ceux qui courent les plus grands risques d’exclusion. Des mesures protectionnistes (isoler le pays des incidences de la mondialisation au moyen d’obstacles aux importations, pénaliser les entreprises qui délocalisent, ralentir l’exposition à la concurrence internationale, etc.) ont toutes les chances d’augmenter les coûts et de réduire l’efficacité des entreprises. Elles nuiront à leurs résultats commerciaux

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12 – NOTE DE SYNTHÈSE et les pays adoptant de telles mesures deviendront peut-être moins attrayants pour le milieu des affaires. Les mesures protectionnistes ont aussi des effets néfastes sur les autres pays, souvent plus pauvres, en les privant d’échanges commerciaux bénéfiques et d’améliorations potentielles de leur niveau de vie.

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1. LE DÉFI DE LA MONDIALISATION –

Chapitre 1 Le défi de la mondialisation

Ce chapitre examine les moteurs de l’intégration économique et montre que si le processus de la mondialisation a commencé il y a plusieurs décennies, il comporte aujourd’hui plusieurs traits distinctifs, en particulier, l’émergence des chaînes de valeur mondiales, le rôle clé des multinationales, l’externalisation/délocalisation des services et l’intégration rapide de grandes économies comme la Chine et l’Inde.

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14 – 1. LE DÉFI DE LA MONDIALISATION

Introduction Indépendamment du fait que la vague de mondialisation actuelle soit née dans les années 50, son rythme rapide a suscité un vif intérêt ces dernières années. La mondialisation, ou intégration économique internationale, n’est pourtant pas un phénomène entièrement nouveau. La forte poussée mondialisante des années 1870-1913 s’est elle aussi accompagnée d’une hausse significative des échanges internationaux et d’importants flux transnationaux de capitaux et de main-d’œuvre. Cette période d’intégration économique internationale a ensuite été victime du contrecoup, dû à la Première Guerre mondiale, de mesures protectionnistes prises par bien des pays. Après la Deuxième Guerre mondiale, cette intégration est repartie de plus belle sous l’effet de politiques économiques propices à l’ouverture commerciale. Les pouvoirs publics ont élaboré des mesures visant à éradiquer progressivement les obstacles au commerce international, et provoqué ainsi une baisse spectaculaire des droits prélevés sur les biens manufacturés (tableau 1.1). Au-delà de ces baisses des droits de douane, les obstacles non tarifaires ont eux aussi peu à peu baissé, facilitant les échanges internationaux de biens et services. Ce recul des obstacles douaniers a même été plus grand dans certains blocs régionaux tels que l’Union européenne (UE) et l’Accord de libre-échange nord-amércain (ALENA). De son côté, la libéralisation des mouvements de capitaux a aussi contribué à l’intégration internationale en éliminant progressivement les restrictions des investissements directs étrangers (IDE) imposés après la Deuxième Guerre mondiale. Enfin, ces dernières années, ce sont l’ouverture des pays de l’ex-bloc communiste et la libéralisation accrue des pays en développement qui ont apporté leur concours à la mondialisation. Tableau 1.1. Droits, en pourcentage de la valeur des biens manufacturés 1913

1950

1990

2004

Allemagne

20

26

5.9

3.6

Japon

30

25

5.3

3.9

Italie

18

25

5.9

3.6

États-Unis

44

14

4.8

4.0

Source : CNUCED (1994) et OMC (2004), dans Acocella (2005).

Le deuxième ressort de la mondialisation est le progrès technique qui, ces dernières décennies, a fortement réduit les coûts de transport et de communication. Leur chute a contribué à atténuer la distance économique, et donc à faciliter les interactions économiques entre pays (tableau 1.2). Ces dernières années, les avancées des TIC (technologies de l’information et des communications) ont tout particulièrement soutenu la mondialisation : elles ont non seulement abaissé les coûts de communication, mais aussi multiplié les biens et services échangeables sur le plan international et permis de disperser la production dans plusieurs pays.

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1. LE DÉFI DE LA MONDIALISATION –

Tableau 1.2. Évolution des coûts de transport et de communication, 1930-1990 1930

1950

1960

1970

1990

Coût du transport aérien par passager-km

100

44

56

24

16

Coût d’un appel téléphonique de trois minutes entre Londres et New York

100

22

19

13

1.4

100

8

Coût d’utilisation d’un satellite Source : FMI (1997), dans Acocella (2005).

Les politiques économiques et le progrès technologique ont été les moteurs de l’intégration économique internationale, mais la phase de mondialisation actuelle présente quelques caractéristiques singulières. Tout d’abord, son rythme et son ampleur sont sans précédent. La croissance mondiale des exportations et des importations s’est accélérée depuis les années 80, dépassant de loin celle du produit intérieur brut (PIB) mondial. Depuis la seconde moitié des années 90, la mondialisation a notamment été aiguillonnée par une forte hausse de l’IDE. En outre, elle ne se limite plus aux États-Unis, à l’Europe et au Japon) et s’étend à de nouveaux grands acteurs mondiaux tels que le Brésil, la Chine, l’Inde et la Russie. En second lieu, la phase actuelle de mondialisation se caractérise, sous l’effet de l’éclatement géographique croissant des processus productifs, par la mondialisation des chaînes de valeur. Les TIC ont permis de découper la chaîne de valeur et d’accomplir en tout lieu susceptible de réduire les coûts des tâches auparavant non délocalisables. La possibilité d’externaliser les productions de biens intermédiaires et finals à l’étranger génère des exportations et des importations qui accroissent les échanges. Dans ces chaînes de valeur mondiales, les entreprises multinationales jouent un rôle de premier plan, dans la mesure où leur envergure mondiale leur permet de coordonner des activités de production et de distribution disséminées dans de nombreux pays, et de recentrer leurs activités en fonction de l’évolution de la demande et des coûts. Troisièmement, si les produits manufacturés représentent encore la plus grande partie du commerce international, la mondialisation concerne de plus en plus l’IDE et les échanges de services. De nombreuses activités de services s’internationalisent de plus en plus, notamment parce que les TIC permettent plus qu’avant de produire des services sans tenir compte du lieu. Les progrès réalisés en matière de technologie, la normalisation, le développement des infrastructures et la diminution des coûts de transmission des données sont autant de facteurs qui ont facilité l’externalisation de services à l’étranger. Les avancées rapides observées dans le domaine des TIC ont également renforcé l’« échangeabilité » de nombreuses activités de service et donné naissance à de nouveaux types de services pouvant faire l’objet d’échanges internationaux. En particulier, les « activités de savoir » telles que la saisie de données et les services de traitement de l’information, de recherche et de conseil peuvent facilement passer par Internet et le courrier électronique, ainsi que par la téléconférence et la visioconférence. Les services tels que les centres d’appels sont de plus en plus délocalisés. Si le processus de mondialisation est globalement porteur d’effets positifs considérables, les mutations des affectations de la production et de la valeur ajoutée qu’il entraîne sont aussi invariablement synonymes de perdants et de gagnants. En ce sens, l’étape actuelle de l’intégration économique n’est pas différente des précédentes. La mondialisation, et notamment l’émergence de chaînes de valeur mondiales, a des répercussions importantes sur les économies nationales : modification des avantages COMMENT RESTER COMPÉTITIF DANS L'ÉCONOMIE MONDIALE : PROGRESSER DANS LA CHAÎNE DE VALEUR – ISBN-92-64-9789264034266 © OCDE 2007

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16 – 1. LE DÉFI DE LA MONDIALISATION comparatifs et des spécialisations à l’exportation, redéploiement de la main-d’œuvre, perte d’emplois dans certains domaines et création d’emplois dans d’autres, délocalisation d’activités stratégiques, etc. Comme par le passé, on a vu naître des inquiétudes sociales liées à la rapidité de l’intégration économique et, souvent, aux effets de ses mutations sur la répartition de la production. L’Eurobaromètre du printemps 2005 (Commission européenne, 2005a) indique par exemple que les Européens perçoivent davantage les coûts que les avantages potentiels de la mondialisation (tableau 1.3). La majorité des personnes interrogées interprète négativement la mondialisation des échanges, et la considère comme l’externalisation de certaines entreprises vers des pays dont la main-d’œuvre est meilleur marché. Les conséquences positives – élargissement des débouchés des entreprises nationales, accroissement des flux d’IDE – sont moins souvent citées. De la même manière, aux États-Unis, la mondialisation est souvent vue comme une externalisation à l’étranger ou une délocalisation d’emplois de services vers des pays à bas salaires tels que, notamment, l’Inde et la Chine. Ces préoccupations révèlent l’importance du sentiment d’insécurité économique, nourri par un ensemble de facteurs économiques et sociaux qui ne sont pas tous liés à la mondialisation. Tableau 1.3.La vision des échanges et de la mondialisation au sein de l’UE25 Les conséquences de la mondialisation des échanges sont multiples. Lorsque vous entendez le mot « mondialisation », à quoi pensez-vous avant tout ? Pourcentage de réponses 38

Aux délocalisations de certaines entreprises vers des pays où la main d’œuvre est moins chère À une concurrence accrue pour les entreprises (nationalité)

18

Aux opportunités en termes de nouveaux débouchés pour les entreprises (nationalité)

16

Ne sait pas

14

Aux investissements étrangers en (pays)

12

Autres (réponse spontanée)

3

Source : European Commission (2005), Eurobaromètre Printemps 2005.

La faiblesse de la croissance enregistrée ces dernières années dans plusieurs zones de l’OCDE en termes d’économie et d’emploi a exacerbé la crainte de pertes d’emplois dues à la mondialisation et à l’externalisation, alors même que le lien entre les unes et les autres n’est pas forcément direct. La plupart des données semblent de fait indiquer que les causes véritables des faibles performances du marché du travail sont d’abord les rigidités de celui-ci, et non la mondialisation. La plupart des pays développés sont aussi confrontés à une désindustrialisation qui se traduit par des pertes d’emplois dans le secteur manufacturier. La mondialisation et l’externalisation des activités vers des pays à bas salaires sont souvent considérées comme les premiers facteurs de déperdition d’emplois manufacturiers. Mais si la mondialisation a certes contribué dans une certaine mesure à cette tendance, ce sont bien les solides progrès de la productivité et une demande croissante de services qui semblent expliquer l’essentiel du processus de désindustrialisation (Wölfl, 2005). Ce ne sont toutefois pas seulement les emplois manufacturiers qui semblent en danger : la délocalisation de services menace de plus en plus les emplois des services qui,

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1. LE DÉFI DE LA MONDIALISATION –

jusque là, semblaient protégés de la concurrence internationale. L’Inde notamment s’est spécialisée dans les services rendus possibles par les TIC et touche de plus en plus les marchés de services de pays de l’OCDE. De surcroît, cette délocalisation de services fait qu’aux problèmes d’emploi rencontrés par les ouvriers peu qualifiés s’ajoutent des difficultés nouvelles pour les titulaires d’emplois très qualifiés des services (Van Welsum et Vickery, 2006). L’intégration rapide de nouveaux grands acteurs tels que la Chine et l’Inde au concert économique mondial est venue renforcer les craintes pour l’emploi que manifestaient déjà les pays développés.

La mondialisation des chaînes de valeur La mondialisation des chaînes de valeur est un élément central du rapide processus de mondialisation à l’œuvre aujourd’hui. Ce même phénomène a été également qualifié dans la littérature économique de division internationale de la production, de production mondiale et de découpage de la chaîne de valeur. La mondialisation des chaînes de valeur fait référence à l’intégration verticale croissante de la production, et est étroitement liée au développement des réseaux mondiaux de production. Dans ce contexte, la chaîne de valeur désigne l’enchaînement d’activités productives (à valeur ajoutée) qui mène au produit final et au consommateur final (Sturgeon, 2001), tandis que les réseaux de production sont les relations interentreprises. La mondialisation des chaînes de valeur se traduit donc par une fragmentation physique du processus de production, dont les différentes étapes sont réalisées en des lieux distincts suivant une logique d’optimisation, les entreprises ayant intérêt à se tourner davantage vers des sources d’approvisionnement internationales pour leurs consommations intermédiaires. Comme le montrent par exemple les enquêtes d’AT Kearney (2004) et d’Accenture (2004), la mondialisation des chaînes de valeur obéit à plusieurs motivations. La première est de réaliser des gains d’efficience, car le renforcement de la concurrence sur les marchés intérieurs et internationaux contraint les entreprises à devenir plus efficaces et à réduire leurs coûts. Un des moyens d’y parvenir consiste pour une entreprise à s’approvisionner en consommations intermédiaires auprès de producteurs à bas coûts ou plus efficients pouvant être situés d’une part soit dans le pays considéré, soit à l’étranger, et de l’autre à l’intérieur ou à l’extérieur du périmètre de l’entreprise. La deuxième grande motivation est la pénétration de nouveaux marchés. En raison des mutations démographiques et de la croissance rapide de plusieurs grandes économies non membres de l’OCDE, une part croissante de l’activité économique mondiale a lieu en dehors de la zone OCDE. Si les entreprises souhaitent exploiter ces centres de croissance, elles doivent y être présentes. Pénétrer ces marchés n’implique pas forcément une délocalisation de la production existante ; dans de nombreux cas, il s’agit simplement d’une expansion à l’étranger. Troisièmement, les entreprises peuvent délocaliser certaines activités à l’étranger pour accéder à des actifs dits stratégiques – qu’il s’agisse de travailleurs qualifiés, de compétences technologiques spécialisées ou de la présence de concurrents et de fournisseurs – et de tirer des enseignements d’une expérience étrangère. Cette exploitation de savoirs extranationaux est devenue particulièrement importante pour l’internationalisation des activités de R–D (Pilat et al., 2006). Indépendamment de ces avantages escomptés, les chaînes de valeur mondiales comportent aussi des coûts et des risques pour les entreprises. Le lancement d’activités à l’étranger et leur gestion efficiente en dépit de différences linguistiques, culturelles et COMMENT RESTER COMPÉTITIF DANS L'ÉCONOMIE MONDIALE : PROGRESSER DANS LA CHAÎNE DE VALEUR – ISBN-92-64-9789264034266 © OCDE 2007

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18 – 1. LE DÉFI DE LA MONDIALISATION interpersonnelles engendrent directement des coûts d’exploitation plus élevés. À cela viennent s’ajouter des risques potentiels tels que la qualité insuffisante des biens et services fournis, le non-respect des délais de livraison, l’instabilité politique locale, la moindre fiabilité des infrastructures civiles, le développement moins avancé du dispositif juridique et réglementaire, et les risques que court la propriété intellectuelle. La fragmentation du processus de production entre différents pays s’est traduite par des restructurations sensibles au niveau des entreprises, et notamment des externalisations et des délocalisations. Par souci de clarté conceptuelle, on peut définir l’externalisation comme l’acquisition dans des conditions de concurrence normale de biens et services intermédiaires auprès de fournisseurs externes spécialisés, tandis que la délocalisation fait référence à l’acquisition par les entreprises, dans des conditions de concurrence normale, de biens et services intermédiaires auprès de fournisseurs étrangers, ou le transfert à l’étranger de certaines tâches au sein de l’entreprise considérée (Kirkegaard, 2004). La délocalisation recouvre donc deux cas de figure : l’externalisation internationale (dans le cadre de laquelle des activités sont sous-traitées à des tierces parties indépendantes établies à l’étranger) et l’approvisionnement interne international (dans le cadre duquel les activités transférées sont confiées à des filiales étrangères). L’aspect extranational est le trait distinctif de la délocalisation : la question est de savoir si les biens et services proviennent ou non de l’économie nationale, et non pas de savoir s’ils sont fournis par l’entreprise elle-même ou par des prestataires externes (graphique 1.1). Graphique 1.1. Externalisation et délocalisation Localisation

Auprès d'autres entreprises (externalisation)

Nationale

Internationale

Externalisation dans le pays

Externalisation internationale

Mode d'approvisionnement

Délocalisation

Au sein de l'entreprise (approvisionnement interne)

Approvisionnement interne dans le pays

Approvisionnement interne international

Dans le pays considéré

Dans d'autres pays

Source : Van Welsum et Vickery (2004).

À la différence de certaines études qui abordent l’externalisation et la délocalisation sous l’angle exclusif des services (voir par exemple Bhagwati et al., 2004), nous en parlons ici du point de vue tant des produits que des services. Il y a en effet bien longtemps que l’industrie manufacturière a coutume de se procurer des composants à l’étranger, alors que l’achat à l’étranger de services de soutien à l’entreprise et, plus généralement, de services rendus possibles par les TIC est un phénomène relativement nouveau. Les décisions concernant la localisation des activités – à l’extérieur de l’entreprise (et potentiellement des frontières nationales) ou au contraire en interne (mais en les confiant le cas échéant à une filiale étrangère) – se prennent en fonction de plusieurs considérations (voir aussi Olsen, 2006). Par exemple, une entreprise peut trouver un intérêt à délocaliser une production massive nécessitant des qualifications peu élevées ou des technologies standard vers des prestataires externes disposant de capacités de production meilleur marché ou plus efficientes. Elle pourra ainsi recentrer ses activités sur des domaines dans lesquels elle dispose d’un avantage comparatif, ou se livrer à de nouvelles activités à forte valeur ajoutée. Les entreprises peuvent aussi externaliser des COMMENT RESTER COMPÉTITIF DANS L'ÉCONOMIE MONDIALE : PROGRESSER DANS LA CHAÎNE DE VALEUR – ISBN-92-64-9789264034266 © OCDE 2007

1. LE DÉFI DE LA MONDIALISATION –

activités nécessitant des compétences spécialisées ou une technologie indisponibles en interne. Les activités complexes ou à forte valeur ajoutée étant souvent considérées comme stratégiques pour le cœur de métier de l’entreprise, on pourra noter une plus forte réticence à les externaliser. Les recherches théoriques sur la décision de l’entreprise d’assurer une production en interne ou de la sous-traiter sur le marché abondent, et remontent à la théorie de l’entreprise de Coase. Récemment, toutefois, l’aspect international du phénomène a suscité des réflexions nouvelles (voir par exemple Antràs et Helpman, 2004 ; Antràs et al., 2005 ; et Grossman et Helpman, 2002). Les deux explications les plus courantes sont les suivantes2 : •

Coûts de transaction – mettre en balance les coûts et les avantages escomptés : selon cette théorie, l’externalisation n’est souhaitable que lorsque les coûts de transaction des investissements nécessaires, des contrats, des incertitudes entourant ces derniers et des efforts de recherche de partenaires adaptés restent inférieurs aux avantages escomptés sur le plan des coûts.



Théorie de l’agence – renforcer le contrôle des résultats : selon cette théorie, les conflits d’objectifs et d’intérêts de l’entreprise et de son personnel peuvent entraîner des pertes de productivité. Pour réduire les inefficiences liées à ce problème, l’entreprise peut confier certaines de ses activités à un prestataire externe, et contrôler ses résultats ou ses efforts au moyen d’un contrat fondé sur les résultats.

Selon ces deux théories, l’entreprise soupèse précautionneusement les coûts et avantages de l’externalisation d’une partie de sa production à une autre entreprise, qu’elle soit nationale ou étrangère, ou à une filiale étrangère. La bonne appréhension des coûts et des avantages revêt donc une importance cruciale pour mieux projeter l’évolution future de l’externalisation et de la mondialisation. La demande et les coûts sont les facteurs qui pèsent le plus dans la décision géographique d’implantation d’activités à l’étranger. Les critères de choix peuvent néanmoins varier considérablement selon le service de l’entreprise considéré : l’entreprise peut décider de délocaliser à l’étranger une partie de sa production tout en maintenant sur le territoire national des unités appartenant à son cœur de métier. Une étude de 2003 a par exemple montré que nombre des entreprises passées en revue avaient délocalisé certaines de leurs fonctions informatiques, mais que très peu avaient fait de même pour leurs ressources humaines, leur comptabilité, leur bureau d’études ou leur marketing (Conference Board, 2003). L’approvisionnement international a engendré d’importantes délocalisations d’activités à l’étranger. Les différents emplois du vocable de délocalisation accroissent la complexité et la confusion qui entourent le débat sur l’externalisation et le redéploiement à l’étranger et, plus généralement, sur la mondialisation. Au sens strict, la délocalisation implique la cessation totale ou partielle de la production de certains biens ou services dans le pays du siège de l’entreprise considérée, parallèlement à la création d’une filiale ou à l’expansion d’une filiale existant à l’étranger et produisant les mêmes biens ou services. Il s’agit en fait de transférer à l’étranger certaines étapes du processus de

2.

On trouvera dans Spencer (2005) un examen récent des développements théoriques relatifs à l’externalisation.

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20 – 1. LE DÉFI DE LA MONDIALISATION production, les biens et services résultant de ces activités étant ensuite exportés du pays d’accueil vers le pays du siège. Mais le concept de redéploiement géographique n’est pas toujours interprété dans un sens aussi strict, et il recouvre souvent différentes formes d’internationalisation, telles que l’ouverture par l’entreprise de nouvelles filiales à l’étranger pour être présente sur ce marché. Si on ne peut parler, dans ce cas de figure, de remplacement effectif d’activités dans le pays du siège par une production à l’étranger, on peut tout de même noter une certaine substitution dans la mesure où l’investissement effectué à l’étranger crée des emplois dans le pays d’accueil au détriment d’une progression de l’emploi dans le pays d’origine. On peut donc définir, sur le plan théorique, ces différents concepts ; mais leur mesure empirique ne va pas sans difficultés. Cette absence de socle empirique clair a souvent suscité des débats multiples et parfois contradictoires sur l’ampleur et les effets de ces phénomènes, avec par exemple une vision de la mondialisation réduite à des délocalisations et fermetures d’activités. Le plus souvent, le débat public ne s’intéresse qu’à ces délocalisations d’activités économiques à l’étranger, et néglige le tableau plus large et les effets positifs de la mondialisation. Il est nécessaire, pour élaborer et appliquer les politiques adéquates, de décrire plus clairement son ampleur et ses effets véritables. Compte tenu du caractère sensible de ces phénomènes, les entreprises se montrent fréquemment réticentes à détailler leurs activités d’externalisation et d’implantation à l’étranger, et notamment leurs décisions de délocalisation. Habituellement, les données officielles n’en donnent qu’une idée partielle (US Government Accountability Office, 2004). Les données relatives aux échanges et à l’IDE, par exemple, servent souvent à mesurer l’importance des chaînes de valeur mondiales et des opérations connexes d’externalisation et d’implantation à l’étranger, mais elles sont trop larges pour mesurer l’ampleur de ces phénomènes. Ainsi, les données relatives aux importations indiquent que les entreprises ont acquis des biens et services à l’étranger, mais ne permettent pas de savoir si elles les achetaient, auparavant, auprès de fournisseurs nationaux. La mondialisation des chaînes de valeur entraînant l’importation et l’exportation de consommations intermédiaires, les données relatives aux échanges de produits et de services intermédiaires peuvent en revanche donner des indications plus précises. Ce type d’information présente néanmoins des lacunes : par exemple, la plupart des pays ne font pas la distinction entre l’externalisation internationale engageant des partenaires dans des conditions de pleine concurrence et l’approvisionnement international auprès de filiales. En outre, les données sur les échanges de services sont beaucoup moins détaillées que celles sur les échanges de biens, et ne disent pas si les services sont destinés à la consommation finale ou à un usage intermédiaire. La disponibilité de tableaux d’entréessorties combinés avec des données sur les échanges peut toutefois contribuer à résoudre ce dernier problème. De la même manière, les données relatives à l’IDE englobent tous les investissements étrangers des entreprises qui ne sont pas nécessairement liés aux phénomènes d’implantation à l’étranger et de délocalisation (au moins au sens strict). Les données sur les activités des entreprises multinationales donnent une idée de l’importance des filiales étrangères, mais celles-ci ne résultent pas exclusivement d’opérations de délocalisation. Les données sur l’IDE ne donnent par ailleurs aucune information sur l’externalisation internationale, c’est-à-dire sur l’externalisation au moyen de contrats passés avec des firmes étrangères indépendantes. Compte tenu de l’indisponibilité de mesures globales exactes, des enquêtes menées au niveau des entreprises ont été de plus en plus mises à contribution pour analyser la COMMENT RESTER COMPÉTITIF DANS L'ÉCONOMIE MONDIALE : PROGRESSER DANS LA CHAÎNE DE VALEUR – ISBN-92-64-9789264034266 © OCDE 2007

1. LE DÉFI DE LA MONDIALISATION –

mondialisation des chaînes de valeur. Si ces enquêtes peuvent fournir des renseignements qualitatifs et quantitatifs sur l’externalisation et les délocalisations, elles ne sont pas toujours représentatives, et peuvent alors ne présenter qu’un intérêt relatif pour comprendre le phénomène.

Structure du rapport Le présent rapport résume les travaux menés par plusieurs organes de l’OCDE sur les chaînes de valeur mondiales et sur différents aspects du processus de mondialisation (voir encadré 1.1). Nous abordons dans le chapitre suivant, en nous fondant sur des données de l’OCDE, les grandes caractéristiques de la mondialisation et la mondialisation des chaînes de valeur. À partir des données officielles disponibles, nous nous intéressons d’abord au concept général de mondialisation puis, lorsque cela est possible, aux phénomènes plus précis de l’externalisation, de l’implantation à l’étranger et de la délocalisation. Nous abordons les contributions des échanges, de l’IDE et des migrations de la main-d’œuvre à la mondialisation, ainsi que le rôle crucial des entreprises multinationales dans la mondialisation des chaînes de valeur. Nous présentons des éléments concrets, tirés de tableaux d’entrées-sorties, sur la fragmentation croissante de la production, les échanges de consommations intermédiaires importées et le renforcement des relations internationales. Le chapitre 2 aborde également la dimension géographique et industrielle de la mondialisation, car tous les pays ne sont pas concernés de la même façon. Plus précisément, il analyse les données relatives aux échanges et à l’IDE afin de déterminer l’orientation géographique de la mondialisation et d’évaluer l’émergence de nouveaux acteurs de l’économie mondiale tels que la Chine et l’Inde. Les répercussions de la mondialisation sur telle ou telle branche manufacturière et le récent mouvement de délocalisation d’activités de services sont également traités. Le chapitre 3 détaille les coûts et avantages de la mondialisation dans les pays de l’OCDE en s’intéressant notamment à ses effets sur l’emploi et la productivité. Au-delà des effets négatifs à court terme très apparents que l’on peut imputer, par exemple, aux délocalisations, l’analyse prend explicitement en compte les effets (bien souvent positifs) à plus long terme. Elle aborde les répercussions générales sur les économies nationales, mais n’oublie pas de se pencher sur les acteurs les plus touchés, car la mondialisation crée inévitablement des gagnants et des perdants. Sont aussi présentés quelques éléments concrets quant aux effets différentiels potentiels de la mondialisation sur les travailleurs hautement et peu qualifiés. Le chapitre 4 met en parallèle la mondialisation et la compétitivité des pays en abordant la nécessité pour les pays de l’OCDE de progresser dans la chaîne de valeur pour rester compétitifs dans l’économie mondiale. La contribution de la mondialisation est traitée de manière plus détaillée. Les questions spécifiquement relatives aux débouchés et défis des PME sont traitées. Le chapitre donne des informations sur l’évolution des pays de l’OCDE vers l’économie de la connaissance face aux nouveaux défis que posent des pays tels que la Chine et l’Inde. Par une analyse de la manière dont la mondialisation des chaînes de valeur en Asie a facilité une telle évolution, il prête une attention particulière à la transition apparente de la Chine vers des activités à haute teneur technologique. Il s’achève sur l’examen de l’internationalisation de la R–D, dans un contexte de mondialisation rapide des activités de R–D et de déplacement de celles-ci vers les pays en développement, qui suscite des craintes d’étiolement progressif des pays où les multinationales ont leur siège. COMMENT RESTER COMPÉTITIF DANS L'ÉCONOMIE MONDIALE : PROGRESSER DANS LA CHAÎNE DE VALEUR – ISBN-92-64-9789264034266 © OCDE 2007

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22 – 1. LE DÉFI DE LA MONDIALISATION Le chapitre 5 aborde les politiques susceptibles d’aider les pays à mieux tirer parti du processus de mondialisation, et formule un certain nombre de conclusions.

Encadré 1.1. Travaux analytiques effectués dans le contexte du projet consacré aux chaînes de valeur mondiales Les travaux de l’OCDE consacrés aux chaînes de valeur mondiales couvrent des thèmes variés :



Étude sur les relations mondiales. Ce travail utilise des données de l’OCDE sur les échanges et des tableaux actualisés d’entrées-sorties concernant les pays de l’OCDE et d’importantes économies non membres (Chine, Inde, Russie, Brésil, Indonésie, etc.) pour faire ressortir les secteurs les plus enclins à subir les effets des externalisations et de la mondialisation de la production. Différents documents de travail ont déjà été publiés ; d’autres chantiers sont en cours (Wixted et al., 2006).



Études menées au niveau de l’entreprise sur les impacts des délocalisations sur la productivité, menées par les pays intéressés. Ce travail fait suite à un atelier sur la mondialisation organisé par l’OCDE en 2005, et se fonde sur les données détaillées disponibles au niveau de l’entreprise dans les pays membres. Il s’intéresse en particulier aux impacts de la mondialisation sur la productivité, ainsi qu’aux déterminants des décisions d’IDE des entreprises de la zone OCDE et aux effets de ces investissements sur la production nationale. Parmi ses résultats figurent des documents établis par Criscuolo et al., 2006.



Étude sur les délocalisations et la dynamique de l’emploi. Ce travail examine les incidences des délocalisations sur l’emploi. Il se fonde sur des données obtenues au niveau de l’entreprise et sera publié séparément en 2007.



Étude sur les mutations manufacturières. Cette étude examine les mutations du secteur manufacturier, dont la tendance au renforcement des interactions avec le secteur des services. Un document de travail a été publié (Pilat et al., 2006).



Étude concernant l’impact des filiales étrangères sur la productivité. Cette étude examine le rôle des filiales étrangères dans la croissance globale de la productivité. Elle a été publiée sous la référence Criscuolo (2005).



Travail sur le renforcement du rôle des PME dans les chaînes de valeur mondiales, mené par le Groupe de travail sur les PME et l’entrepreneuriat. Ce travail sera publié séparément en 2007.



Travail sur la mondialisation des services rendue possible par les TIC et les délocalisations, effectué par le Groupe de travail sur l’économie de l’information (Van Welsum et Vickery, 2006).



Travail sur la mondialisation de la R–D et l’innovation, mené par le Groupe de travail sur la politique de l’innovation et de la technologie. Ce travail sera publié séparément en 2007.

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1. LE DÉFI DE LA MONDIALISATION –

Références Accenture (2004), « Driving High-Performance Outsourcing: Best Practices from the Masters‘ Executive Survey Results », Rapport technique. Acocella, N., (2005), Economic Policy in the Age of Globalisation, Cambridge. Antràs, P. et E. Helpman (2004), « Global Sourcing”, Journal of Political Economy, vol. 112, nº 3. Antràs, P., L. Garicano et E. Rossi-Hansberg (2005), « Offshoring in a Knowledge Economy », document de travail NBER nº 11094. AT Kearney (2004), “What to Move Offshore?”, Research Report 2004, Chicago, IL. Bhagwati, J., A. Panagariya et T.N. Srinivisian (2004), « The Muddles over Outsourcing », Journal of Economic Perspectives, vol. 18, nº 4. CNUCED (1994), World Investment Report 1994, New York. Commission européenne (2005a), Eurobaromètre printemps 2005, Bruxelles. Conference Board (2003), « Outsourcing Trends », document de recherche R-1332-03RR, New York. Criscuolo, C. (2005), « La contribution des filiales étrangères à la croissance de la productivité : observations concernant les pays de l’OCDE », document de travail de la DSTI n°2005-8, OECD, Paris. Criscuolo, C., A. Hanley, E. Hagsten et P. Karpaty (2006), « A Cross-Country Analysis of Services Offshoring Firms: Evidence from Ireland, Sweden and the U.K », document OCDE non publié. Fonds monétaire international (1997), Perspectives de l’économie mondiale. Mai 1997 : mondialisation, enjeux et défis, FMI, Washington D.C. Grossman, G. et E. Helpman (2002), « Managerial Incentives and the International Organization of Production », document de travail NBER nº 9403. Olsen, K.B. (2006), « L’impact des délocalisations sur la productivité : vue d’ensemble », document de travail STI 2006-1, OCDE, Paris. Organisation mondiale du commerce (2004), Rapport annuel, Genève. Pilat, D., A. Cimper, K. Olsen et C. Webb (2006), « The Changing Nature of Manufacturing in OECD Countries », document de travail STI 2006-9, OCDE, Paris. Spencer, B.J. (2005), « International Outsourcing and Incomplete Contracts », document de travail NBER WP 11418, Cambridge, Massachusetts. Sturgeon, T. (2001), « How Do We Define Value Chains and Production Networks », IDS Bulletin, vol. 32, nº 3. COMMENT RESTER COMPÉTITIF DANS L'ÉCONOMIE MONDIALE : PROGRESSER DANS LA CHAÎNE DE VALEUR – ISBN-92-64-9789264034266 © OCDE 2007

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24 – 1. LE DÉFI DE LA MONDIALISATION United States Government Accountability Office (2004), International Trade: Current Government Data Provide Limited Insight into Offshoring of Services, GAO-04-932. Van Welsum, D. et G. Vickery (2004), « Potential Offshoring of ICT-intensive using Occupations », DSTI/ICCP/IE(2004)19/FINAL, OECD, Paris. Van Welsum, D. et G. Vickery (2006), « Potential Impacts of International Sourcing on Different Occupations », DSTI/ICCP/IE(2006)1, OECD, Paris, disponible à www.oecd.org/document/31/0,2340,en_2649_33757_36928671_1_1_1_1,00.html. Wixted, B.L., N. Yamano et C. Webb (2006), “Input-Output Analysis in an Increasingly Globalised World: Applications of OECD’s Harmonised International Tables”, STI Working Paper 2006-7, OCDE, Paris.

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2. L’ÉMERGENCE DES CHAÎNES DE VALEUR MONDIALES –

Chapitre 2 L’émergence des chaînes de valeur mondiales

Dans ce chapitre, on trouvera une large gamme de données empiriques qui montrent l’intégration croissante entre les pays de l’OCDE et une discussion de l’importance économique des pays émergents. De nouvelles résultats fondés sur les tableaux entréessorties démontrent les liens qui relient les pays au niveau mondial. L’analyse des différences entre les secteurs industriels mène à une discussion de l’augmentation de l’externalisation/délocalisation des services. Le chapitre attire aussi l’attention sur le rôle clé joué par les multinationales dans la phase actuelle de la mondialisation.

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26 – 2. L’ÉMERGENCE DES CHAÎNES DE VALEUR MONDIALES

Les échanges et l’investissement direct étranger sont aujourd’hui les moteurs de la mondialisation La forte croissance des échanges et de l’investissement direct étranger (IDE), les deux premiers vecteurs de l’intégration économique internationale, est le principal moteur du processus actuel de mondialisation économique. Si les pays entretiennent depuis longtemps des relations économiques, l’ampleur et la complexité des transactions ont considérablement augmenté ces dix dernières années, et les échanges et l’IDE ont progressé à un rythme supérieur à celui du produit intérieur brut (PIB). L’émergence de chaînes de valeur mondiales a gonflé les flux d’IDE et les échanges intragroupe de manière complémentaire. Cette interdépendance entre les échanges et l’IDE se trouve renforcée par la spécialisation verticale. La fragmentation internationale de la production s’est intensifiée et le volume des importations et des exportations de produits intermédiaires s’est développé. Les données relatives aux pays de l’OCDE révèlent que l’investissement direct étranger est la catégorie des transactions internationales qui a le plus augmenté au cours de la dernière décennie, avec notamment une forte envolée lors de la deuxième moitié des années 90 (graphique 2.1). Bien que les flux d’IDE aient ralenti depuis 2000, des données récentes montrent qu’ils sont de nouveaux en hausse depuis 2004. Depuis la deuxième moitié des années 80, l’IDE joue un rôle essentiel dans le renforcement de l’intégration internationale et de la restructuration industrielle à l’échelon mondial. Cela dit, la majorité de l’IDE porte davantage sur des acquisitions (c’est-à-dire un changement de propriété par le biais de fusions ou d’acquisitions) que sur la création d’entreprises (investissements entièrement nouveaux) ou sur le renforcement des capacités d’entreprises existantes. Parallèlement, la réduction des barrières douanières tarifaires et non tarifaires a contribué à l’expansion soutenue du commerce international, non seulement des biens mais également des services. Depuis les années 90, les échanges de biens et de services connaissent une évolution globalement parallèle et enregistrent un taux de croissance annuelle d’environ 5 % en moyenne. Au sein des zones de libre échange comme l’Union européenne, l’Accord de libre-échange nord-américain (ALENA) et l’Association des nations de l’Asie du Sud-est (ANASE), les échanges de biens manufacturés ont augmenté encore plus rapidement. Si les échanges de biens et de services présentent des caractéristiques et une évolution similaires, le commerce international de biens reste plus de quatre fois supérieur à celui des services. Le ratio des échanges internationaux de biens et services rapporté au PIB donne une première indication approximative de l’intégration d’un pays à l’économie mondiale. Les petits pays sont généralement davantage intégrés, du fait qu’ils se spécialisent typiquement dans un nombre limité de secteurs, et qu’ils ont besoin d’importer et d’exporter davantage de biens et de services pour satisfaire leur demande intérieure (graphique 2.2). La taille du pays n’est toutefois pas le seul déterminant de son niveau d’intégration commerciale : l’émergence de chaînes de valeur mondiales et la présence d’entreprises multinationales influent de plus en plus sur les volumes des échanges (voir plus bas). COMMENT RESTER COMPÉTITIF DANS L'ÉCONOMIE MONDIALE : PROGRESSER DANS LA CHAÎNE DE VALEUR – ISBN-92-64-9789264034266 © OCDE 2007

2. L’ÉMERGENCE DES CHAÎNES DE VALEUR MONDIALES –

Graphique 2.1. Évolution des échanges internationaux1 et de l’investissement direct étranger2, OCDE3 1990 = 100

Investissement direct (axe de droite)

Échanges de biens

Échanges de services

PIB

220

700

200

600 500

180

400 160 300 140

200

120

100

100

0 90 19

91 19

92 19

93 19

94 19

95 19

96 19

97 19

98 19

99 19

00 20

01 20

02 20

03 20

1. Moyenne des importations et des exportations 2. Moyenne des actifs et des passifs. 3. Ne comprend pas la République tchèque de 1990 à 1992, la Grèce en 1998 et la République slovaque de 1990 à 1992 et en 2001. Source : OCDE (2005a), Indicateurs de la mondialisation économique de l’OCDE.

Le ratio moyen des exportations et importations rapporté au PIB, à prix constants de 2000, a progressé entre 1995 et 2003 dans tous les pays membres de l’OCDE. En 2003, il était de 35.8 % en moyenne dans la zone de l’OCDE, contre 26.4 % en 1995. Toujours en 2003, il frôlait les 80 % en République slovaque et était très élevé en Hongrie et en République tchèque, ainsi qu’en Irlande, aux Pays-Bas et au Luxembourg. Il était en revanche inférieur à 10 % aux États-Unis et au Japon, du fait en partie de la taille plus importante de ces pays. Les échanges de services dans la zone de l’OCDE n’ont représenté en moyenne qu’environ 4.4 % du PIB en 2003. C’est au Luxembourg et en Irlande que leur valeur était la plus élevée. Au Luxembourg, les services financiers ont joué un rôle prépondérant dans les exportations, alors qu’en Irlande, ce sont les paiements technologiques qui ont représenté une composante majeure des importations totales (graphique 2.3). Les positions d’IDE en pourcentage du PIB fournissent un deuxième indicateur structurel de l’interdépendance relative des économies. De manière générale, la part relative des stocks d’IDE sortant des pays du G7 et de la plupart des pays de l’OCDE est supérieure à celle des entrées d’investissement, ce qui laisse supposer que les pays de l’OCDE sont des exportateurs nets d’IDE, que ce soit sous forme de fusions et d’acquisitions que d’investissements entièrement nouveaux.

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28 – 2. L’ÉMERGENCE DES CHAÎNES DE VALEUR MONDIALES Graphique 2.2. Moyenne des exportations et des importations de biens en pourcentage du PIB 1995

2003

1995 République slovaque Hongrie République tchèque Irlande Pays-Bas Luxembourg Autriche Corée OCDE (1) Suisse Canada Finlande Suède Norvège Danemark Allemagne Mexique Pologne Nouvelle-Zélande Portugal Espagne Islande France Royaume-Uni Italie Australie Grèce États-Unis Japon

80 %

70

60

50

40

Graphique 2.3. Moyenne des exportations et des importations de services en pourcentage du PIB

30

20

10

2003 86 79 57

Luxembourg Irlande Islande Danemark Hongrie Pays-Bas Norvège Autriche République slovaque Suède République tchèque Suisse Nouvelle-Zélande Grèce Royaume-Uni Espagne Portugal (2) Corée Allemagne Italie Canada Finlande Pologne France OCDE (1,2) Australie (2) États-Unis Mexique (2) Japon (2)

0

0

10

20

30 %

1. Données indisponibles pour la Belgique et la Turquie ; la moyenne pour l’OCDE ne tient donc pas compte de ces deux pays. 2. Les données relatives à l’Australie, au Japon, au Mexique, à la Nouvelle-Zélande et au Portugal font référence à 2002. Source : OCDE, Base de données des comptes nationaux annuels de l’OCDE.

En montants absolus, ce sont les États-Unis qui se classent en tête des pays de l’OCDE pour les entrées et les sorties d’IDE, même si, en termes relatifs, le poids de l’IDE aux États-Unis est moins élevé que dans d’autres pays de l’OCDE (graphique 2.4). Parmi les pays du G7, le Royaume-Uni était celui qui affichait en 2002 le ratio le plus élevé d’IDE sortant et entrant rapporté au PIB (graphique 2.5). Au Japon, les sorties d’IDE ne représentaient que 7 % du PIB national, alors que l’investissement direct en provenance de l’étranger était inférieur à 2 %, soit le pourcentage le plus faible de tous les pays de l’OCDE. Certains pays de l’OCDE affichent des niveaux relativement élevés de stocks d’IDE entrant et sortant. Dans les pays du Benelux, une partie de cet IDE est due dans une large mesure aux activités des entités spécifiques et sociétés holding établies par des entreprises multinationales pour financer et gérer leurs investissements transfrontaliers. Dans les pays nordiques, c’est-à-dire la Finlande, la Norvège, le Danemark et la Suède, les stocks d’investissement direct en proportion du PIB sont assez élevés par rapport à ceux d’autres pays de l’OCDE. Ces pays bénéficient également de l’investissement direct, même si la part relative de l’investissement déployé dans les entreprises nationales par des investisseurs étrangers est plus faible.

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2. L’ÉMERGENCE DES CHAÎNES DE VALEUR MONDIALES –

Graphique 2.4. Stocks d’IDE sortant des pays de l’OCDE, en pourcentage du PIB, 2002 1995

2002 Suisse Belgique Pays-Bas Royaume-Uni Suède Finlande Irlande Danemark Canada France Norvège Espagne Allemagne Portugal Australie Autriche États-Unis Italie Islande Nouvelle-Zélande Japon Grèce Corée Turquie Hongrie Mexique République slovaque République tchèque Pologne

140 %

120

100

80

Graphique 2.5. Stocks d’IDE entrant des pays de l’OCDE, en pourcentage du PIB, 2002

60

40

20

0

1995

2002

60

80

Irlande Belgique Pays-Bas Hongrie République tchèque Suède Nouvelle-Zélande Suisse Danemark Royaume-Uni Espagne Portugal République slovaque Australie Canada Pologne France Allemagne Mexique Finlande Norvège Autriche États-Unis Corée Grèce Turquie Italie Islande Japon 0

20

40

100

120

140 %

Note : Données non disponibles pour 1995 pour la Belgique, la Grèce, l’Irlande et la Corée. Source : OCDE, Base de données sur l’investissement direct international et Base de données des comptes nationaux annuels.

Les migrations de main-d’œuvre contribuent moins au processus de mondialisation en cours À côté des échanges (la circulation des biens et des services d’un pays à l’autre) et de l’IDE (le transfert de capital par-delà les frontières), la main-d’œuvre et ses déplacements internationaux constituent un autre vecteur de mondialisation économique. Les flux de main-d’œuvre ont quelque peu perdu de leur importance au cours des dix dernières années, même si leur volume a augmenté. Des données récentes de l’OCDE indiquent que les arrivées de ressortissants étrangers se sont particulièrement multipliées en Australie, au Canada, en Italie et au Royaume-Uni, et que les pays de l’OCDE ont accueilli en 2004 environ 3.75 millions d’étrangers (graphique 2.6). Les États-Unis affichent des niveaux absolus élevés de migrations légales, même si, ramené au nombre d’habitants, le volume d’immigration légale de longue durée est modeste par rapport à d’autres pays. La Suisse, la Nouvelle Zélande, l’Australie et le Canada sont les pays de l’OCDE dont le niveau relatif d’immigration légale de longue durée est le plus élevé, alors que la Finlande et le Japon se classent au bas de l’échelle dans ce domaine.

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30 – 2. L’ÉMERGENCE DES CHAÎNES DE VALEUR MONDIALES Graphique 2.6. Arrivées de ressortissants étrangers en 2004 et arrivées de ressortissants étrangers en pourcentage de la population totale % 3.00 Statistiques harmonisées

Définitions nationales

2.50 2.00 1.50 1.00 0.50

No uv S ell ui e- ss Zé e la Au nde st r a Ca lie na Au da tri No che rvè g Ro S e ya uèd um e e Pa -Un ys i Ét -Ba ats s Da -Un ne is ma Fr rk an ce Al Ital lem ie ag Po ne rtu Fin gal lan d Ja e po n Lu xe mb o Es urg pa gn Ir e Ré pu B land bli el e qu giq e t ue ch èq u Co e ré Ré Tu e rq pu bli H uie qu on e s gr lov ie aq Po ue log ne

0.00

Note : Certains pays ne déclarent pas les données sur la base de statistiques harmonisées mais sur la base de définitions nationales qui peuvent différer entre pays. Source : OCDE (2006a), Tendances des migrations internationales.

Les travailleurs immigrés représentent une catégorie importante et croissante de la main-d’œuvre totale des pays d’accueil de l’OCDE. Le nombre de personnes nées à l’étranger a gagné plus de 10 % au cours des cinq dernières années dans pratiquement tous les pays de l’Organisation. Compte tenu des tendances démographiques actuelles et du fait que les immigrés (en particulier ceux qui sont arrivés récemment) ont généralement une pyramide des âges plus jeune que celle des ressortissants, la part des travailleurs immigrés dans la main-d’œuvre devrait continuer d’augmenter. En 2004, les travailleurs nés à l’étranger représentaient moins de 1.5 % de la main-d’œuvre en Corée, au Japon et dans les pays d’Europe centrale de l’OCDE, mais avoisinaient les 25 % en Suisse et en Australie. Au Canada, aux États-Unis et en Nouvelle-Zélande, au moins 15 % de la population active est née à l’étranger, soit un peu plus que les 12 % observés dans plusieurs pays européens de l’OCDE comme l’Autriche, la Suède, l’Allemagne et la Belgique. La mobilité des individus hautement qualifiés et la fuite des cerveaux dont pâtissent certains pays font depuis peu partie des préoccupations des pouvoirs publics. Dans la plupart des pays, le pourcentage des immigrés ayant suivi un enseignement supérieur est supérieur à celui des ressortissants. Cependant, tous les pays ne bénéficient pas de cette mobilité internationale des compétences. Si certains enregistrent un solde positif de diplômés de l’enseignement supérieur, d’autres (membres ou non membres de l’OCDE) en perdent plus qu’ils n’en accueillent. Le tableau 2.1 permet de constater que les déplacements des individus ayant fait des études supérieures sont plus nombreux à partir des pays non membres, que des pays membres de l’OCDE. En 2000, la plupart des pays ont perdu plus de diplômés qu’ils n’en ont accueillis, ou n’ont enregistré qu’un faible excédent au sein de la zone de l’OCDE ; à l’opposé, l’Australie, le Canada et les ÉtatsUnis, le Luxembourg et la Suisse ont fortement tiré parti des migrations des individus COMMENT RESTER COMPÉTITIF DANS L'ÉCONOMIE MONDIALE : PROGRESSER DANS LA CHAÎNE DE VALEUR – ISBN-92-64-9789264034266 © OCDE 2007

2. L’ÉMERGENCE DES CHAÎNES DE VALEUR MONDIALES –

hautement qualifiés entre les pays de l’Organisation. La prise en compte des immigrés originaires du reste du monde réduit considérablement le déficit de ces balances, ou les rend fortement excédentaires dans de nombreux pays. Les flux mondiaux des immigrés qualifiés sont incontestablement dirigés vers les pays plus développés et délaissent le monde en développement. Tableau 2.1. Individus nés à l’étranger titulaires d’un diplôme de l’enseignement supérieur dans les pays de l’OCDE, aux environs de 2000, en pourcentage de la totalité des résidents Total « net » des individus Émigrés en Immigrés Immigrés Migrations nettes nés à l’étranger titulaires direction originaires originaires du au sein de la d’un diplôme de d’autres pays de d’autres pays zone de l’OCDE reste du monde l’enseignement supérieur de l’OCDE l’OCDE A B A-B C A-B+C En pourcentage de la totalité des résidents titulaires d’un diplôme de l’enseignement supérieur Allemagne 2.7 8.9 -6.2 2.3 -3.9 Australie 16.8 2.4 14.4 12.1 26.5 Autriche 9.1 13.8 -4.7 5.2 0.5 Belgique 5.9 6.4 -0.5 4.2 3.7 Canada 10.3 5.4 4.9 15.5 20.4 Corée 0.2 1.4 -1.2 0.2 -1.0 Danemark 4.4 7.3 -2.9 3.2 0.3 Espagne 2.7 2.3 0.5 3.8 4.2 États-unis 4.2 0.7 3.5 9.2 12.7 Finlande 0.9 6.8 -5.9 1.3 -4.6 France 4.2 4.4 -0.2 8.2 8.0 Grèce 4.8 9.4 -4.6 7.3 2.7 Hongrie 1.4 9.7 -8.3 4.5 -3.8 Irlande 14.0 26.1 -12.1 4.0 -8.1 Italie 2.8 7.3 -4.5 3.3 -1.2 Japon 0.2 1.1 -0.9 0.5 -0.4 Luxembourg 43.1 15.4 27.7 5.8 33.5 Mexique 0.8 6.9 -6.1 0.5 -5.6 Norvège 5.2 4.9 0.3 3.0 3.2 Nouvelle-Zélande 14.6 24.4 -9.8 10.0 0.2 Pays-Bas 3.3 8.9 -5.6 4.4 -1.2 Pologne 0.4 10.2 -9.8 2.3 -7.6 Portugal 4.1 11.2 -7.0 11.2 4.1 République slovaque 3.3 16.0 -12.8 0.9 -11.9 République tchèque 4.1 8.7 -4.5 2.2 -2.3 Royaume-Uni 6.5 14.9 -8.4 9.4 1.0 Suède 6.9 5.4 1.5 7.3 8.8 Suisse 20.0 10.8 9.1 7.3 16.4 Turquie 3.4 4.9 -1.5 2.7 1.2 Moyenne (simple) 6.9 8.8 -1.9 5.2 3.3 Zone OCDE 4.0 4.0 6.0 6.0

Notes : Les données émanent pour la plupart des recensements de la population réalisés en 2000 dans les pays de l’OCDE. La qualification d’« enseignement supérieur » suit la Classification Internationale type de l’éducation (CITE). Cet enseignement peut ne pas avoir été suivi dans le pays d’origine. « Net » apparaît entre guillemets dans l’intitulé de la cinquième colonne car l’émigration en direction de pays non membres de l’OCDE n’est pas prise en compte, du fait qu’elle aurait nécessité un recueil de données issues du recensement dans ces pays. Pour plus de détails, veuillez consulter « Comptabilisation des immigrés et des expatriés dans les pays de l’OCDE : une nouvelle perspective », dans Tendances des migrations internationales, (p°122 à 155) ((www.oecd.org.els/migration). Source : OCDE (2006a), Tendances des migrations internationales.

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32 – 2. L’ÉMERGENCE DES CHAÎNES DE VALEUR MONDIALES Le développement des chaînes de valeur mondiales et le renforcement des relations internationales En dépit de l’idée répandue selon laquelle les chaînes de valeur mondiales et l’externalisation/la délocalisation ont considérablement gagné en importance, il est difficile d’évaluer précisément l’ampleur de ces phénomènes en raison d’un manque fréquent des données nécessaires. Les statistiques sur les échanges et l’IDE sont souvent utilisées pour palier ces déficiences, mais elles ne peuvent que rendre compte de manière imparfaite de la mondialisation des chaînes de valeur. Globalement, si les chaînes de valeur mondiales laissent supposer l’existence d’échanges et de flux d’IDE, ces deux derniers éléments ne sont pas toujours liés au développement de chaînes de valeur mondiales et de réseaux de production internationaux. À titre d’illustration, toutes les activités d’IDE ne peuvent être assimilées aux décisions prises par les entreprises de fragmenter leur chaîne de production, et les délocalisations ne sont pas toutes imputables aux entreprises multinationales. De même, les exportations et les importations (en particulier de produits finis) ne sont pas toutes liées aux chaînes de valeur mondiales et aux délocalisations. L’importance croissante de la mondialisation des chaînes de valeur transparaît toutefois, bien que de manière moins directe, dans plusieurs évolutions concrètes des échanges et de l’IDE. Premièrement, on observe dans la plupart des pays de l’OCDE un recul de la « production intégrée » au profit d’un recours accru aux intermédiaires, parallèlement à la diminution de la part de la valeur ajoutée manufacturière dans la production (graphique 2.7). En Australie, aux États-Unis, en Irlande, au Japon, en Norvège, au Portugal et en Suisse, la valeur ajoutée par unité produite a toutefois augmenté, bien que faiblement. La chute du ratio valeur ajoutée-production est la conséquence directe d’un recours accru à des intrants intermédiaires au cours du processus de production, et peut être due à l’externalisation, qu’elle soit nationale (externalisation du secteur manufacturier auprès du secteur des services, par exemple, voir plus bas) ou internationale. Graphique 2.7. Intégration de la production, 1990 et 2003 Valeur ajoutée en pourcentage de la production 1990

2003

%

45 40 35 30 25 20 15 10 5

Ré p

ub

liq Co ue rée tc h èq u Ho e ng Ré rie pu B bl i e qu lgiq e s ue l ov aq u Po e log ne Is l an E s de pa g P a ne ys -B a No s rvè g Po e r tu ga Fr l an ce No uv S el l uèd eZé e lan d Fin e lan de Ita Au l i e str ali Ca e na d Me a x Lu i que xe mb Al urg lem ag ne Gr èc Au e tri Da che ne ma rk Ro Sui ya sse um e Ét -Uni a ts -U ni s Ja po n Irla nd e

0

Note : Australie : 1990 et 1999 ; Canada, Suisse, Espagne, Irlande, Islande, Suède : 1990 et 2002 ; République tchèque : 1993 et 2003 ; Allemagne : 1991 et 2003 ; Grèce : 1995 et 2003 ; Hongrie : 1992 et 2003 ; Corée : 1994 et 2003 ; NouvelleZélande : 1993 et 2001 ; Pologne : 1992 et 2002 ; République slovaque : 1997 et 2001. Source : Base de données STAN de l’OCDE.

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2. L’ÉMERGENCE DES CHAÎNES DE VALEUR MONDIALES –

Deuxièmement, les exportations et les importations nationales de produits manufacturés évoluent de plus en plus en parallèle et augmentent beaucoup plus rapidement que la production, ce qui indique que les échanges internationaux connaissent une hausse très rapide (graphique 2.8). Avec le développement de l’intégration verticale et du partage international de la production, les produits (ou pièces détachées) sont fabriqués dans un pays, puis exportés vers (importées par) d’autres pays où ils sont utilisés comme intrants lors des phases de production ultérieures. Le Mexique, la Hongrie, la Pologne et quelques autres pays qui ont renforcé leur intégration dans l’économie mondiale ont enregistré récemment une très forte hausse de leurs exportations et importations. Les ratios élevés exportations-production affichés par la Belgique et les Pays-Bas sont dans une certaine mesure faussés par les réexportations ; des recherches récentes révèlent que 40 % de la totalité des exportations des Pays-Bas peuvent être considérés comme des réexportations de biens importés qui n’ont pas subi de transformation significative sur le territoire national (CBS, 2006). Graphique 2.8. Part des exportations dans la production manufacturière, 1990 et 2003 %

1990

2003

120 100 80 60 40 20

Ét at

s-U nis Ja Au pon s tr ali e Gr è E s ce pa gn e Co ré e Ita Po lie log n Fr e an c R Po e No oya rtug uv um al ell ee- Un Zé i lan No de rvè Me ge Al xiqu lem e ag Fin ne Ré lan pu bli Ca de qu na e t da ch èq u Su e èd Su e iss Isl e an Ho de ng Au rie Ré pu D trich bli an e qu em es a lov rk aq u Irla e Pa nde ys -B Be as lg i qu e

0

Note : Australie : 1990 et 1999 ; Canada, Suisse, Espagne, Irlande, Islande, Suède : 1990 et 2002 ; République tchèque : 1993 et 2003 ; Allemagne : 1991 et 2003 ; Grèce : 1995 et 2003 ; Hongrie : 1992 et 2003 ; Corée : 1994 et 2003 ; NouvelleZélande : 1993 et 2001 ; Pologne : 1992 et 2002 ; République slovaque : 1997 et 2001. Source : Base de données STAN de l’OCDE.

Troisièmement, les échanges de produits manufacturés ont lieu en grande partie au sein d’un même secteur, voire d’une même entreprise ; cela résulte de l’intégration de la production manufacturière d’un bout à l’autre de la chaîne de valeur. Ces exportations et importations simultanées à l’intérieur d’une même industrie sont généralement appelées échanges intrabranche. Ils interviennent habituellement entre des pays riches, géographiquement voisins et ayant atteint les mêmes niveaux de développement ; les échanges intrabranche sont souvent considérés comme le corollaire d’une intégration économique harmonieuse. Le commerce intrabranche horizontal porte sur des produits finis similaires, mais souvent très différenciés.

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34 – 2. L’ÉMERGENCE DES CHAÎNES DE VALEUR MONDIALES Depuis peu cependant, les échanges intrabranche deviennent verticaux, ce qui signifie qu’ils concernent de plus en plus des biens de qualité différente, y compris des biens intermédiaires à divers stades de production. La spécialisation verticale de la production entre les pays est principalement dictée par l’avantage comparatif ; par exemple, la recherche d’une main-d’œuvre bon marché non qualifiée pour des activités d’assemblage ou la possibilité de bénéficier d’une offre abondante d’individus spécialisés dans la recherche et le développement. En Hongrie, au Portugal et en République tchèque, la part des échanges intrabranche dans les échanges totaux de produits manufacturés est élevée (plus de 70 %) et a augmenté ces dernières années (graphique 2.9). Dans des pays comme l’Autriche, le Canada, la France et la Suisse, les échanges intrabranche demeurent assez importants même s’ils n’ont pas connu une forte progression. L’augmentation des échanges intrabranche dans un pays va souvent de pair avec des arrivées massives d’IDE (voir plus bas), dues à l’externalisation par les entreprises multinationales de différentes étapes de leur processus de production dans divers pays. Graphique 2.9. Les échanges manufacturiers intrabranche en pourcentage des échanges manufacturiers totaux, moyenne entre 1996 et 2003 % 100 90 80 70 60 50 40 30 20 10

No u v Is e ll la e- nd Zé e la Au nde str ali Gr e èc Ja e p Tu on rq u Irla ie n No de rv Fin ège lan Po de log n Su e i Po sse r tu ga Co l ré e Ita lie S Ét uèd ats e -U Ca nis Ré pu D na bli an da qu em es a lov rk a Me que Al xiqu le m e Ré ag pu bli Ho ne qu n e t gri ch e è Es que pa P gn Ro ays e y a -B um as eAu Uni tric h Fr e a B e n ce lgi qu e

0

Note : Les échanges intrabranche sont généralement mesurés au moyen de l’indice Grubel-Lloyd. Cet indice prend la valeur minimum de zéro lorsqu’aucun des produits de la même catégorie n’est à la fois importé et exporté, et la valeur maximum de 100 lorsque tous les échanges sont intrabranche. Pour la branche k d’un pays i avec le reste du monde, cet indice est le suivant :

( (

⎡ ∑ X ik − M ik IIT k = ⎢⎢1 − i X ik + M ik ⎢⎣ ∑ i

)⎤ ⎥ ) ⎥⎥ • 100 ⎦

k

où Xi = les exportations du pays i de l’industrie k, et Mik = les importations de la branche i dans le pays k. Source : Base de données STAN de l’OCDE.

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2. L’ÉMERGENCE DES CHAÎNES DE VALEUR MONDIALES –

Quatrièmement, la mondialisation des chaînes de valeur entraîne une plus grande complexité des flux d’échanges mondiaux, qui est la conséquence directe de l’intégration croissante des systèmes de production des pays et de l’importance accrue des échanges intragroupe et intrabranche. Le graphique 2.10, qui représente la chaîne de valeur et le système de production de l’industrie aérospatiale en 1995, a été établi à l’aide de données des échanges et de données d’entrées-sorties. Ces réseaux de production sont particulièrement complexes et cette complexité s’accroît dans les secteurs de haute technologie, du fait que les biens produits par ces secteurs nécessitent une vaste palette d’intrants. Graphique 2.10. Réseau de production simplifié de l’industrie aérospatiale, 1995 Flux en millions USD Norvège

Finlande

Hongrie Pologne

République tchèque

Danemark

Canada

Pays-Bas Allemagne France

États-Unis

Brésil

R.-U.

Corée Chine

Japon

Espagne

Italie Grèce

Australie

Source : Wixted (2005).

Enfin, l’approvisionnement international progresse rapidement, ainsi qu’en témoigne la part croissante des intrants intermédiaires importés dans la production. Les chaînes de valeur mondiales ont provoqué une hausse constante du volume des échanges d’intrants intermédiaires entre les pays. D’après la classification des indicateurs économiques généraux des Nations Unies, 54 % des importations mondiales de produits manufacturés en 2003 peuvent être considérés comme des importations de biens intermédiaires (soit les produits primaires, les pièces détachées et les produits semi-finis). La Chine et les pays d’Asie du Sud-est en particulier ont enregistré une très forte croissance de ces importations intermédiaires, aux dépens des États-Unis, de l’Europe et du Japon. Les tableaux d’entrées/sorties sont une autre source d’information sur la valeur des biens et des services intermédiaires importés. Ces tableaux présentent l’avantage de classer les biens en fonction de leur utilisation (comme intrant dans la production d’un autre secteur ou comme demande finale), à l’inverse des systèmes de classification qui divisent les biens en catégories intermédiaires et autres, d’après leurs caractéristiques descriptives. Un autre avantage majeur de ces tableaux réside dans le fait qu’ils comportent également des informations sur les intrants (nationaux et internationaux) dans

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36 – 2. L’ÉMERGENCE DES CHAÎNES DE VALEUR MONDIALES les secteurs des services, ce qui permet de suivre l’évolution et l’expansion rapide de l’externalisation des activités de service. Le graphique 2.11 représente les ratios moyens des intrants importés rapportés aux intrants nationaux au niveau macroéconomique au milieu des années 90 et en 2000, d’après des données émanant de tableaux d’entrées-sorties. Ce ratio a augmenté dans la quasi-totalité des pays entre 1995 et 2000, témoignant de l’importance croissante des intrants intermédiaires dans les échanges internationaux et de l’externalisation internationale (dans le cadre de contrats entre sociétés indépendantes ou au sein d’entreprises multinationales). Compte tenu de leur orientation internationale plus prononcée en raison de leur taille limitée, les petits pays importent davantage de produits intermédiaires. En Irlande, l’externalisation nationale et internationale est d’ampleur comparable, semblable à celle d’autres pays de petite taille qui bénéficient d’un afflux massif d’IDE. Ce constat tend à démontrer que l’approvisionnement au sein des réseaux multinationaux a pris une importance particulière ces dernières années (voir également plus bas). Graphique 2.11. Ratio produits intermédiaires importés-produits intermédiaires nationaux, 1995 et 2000 1995

%

2000

110 100 90 80 70 60 50 40 30 20 10 0 i l k a s e e e e e e e e n nis lie ce de e e Un gne uie Italie agne rèce vège agn mar tuga oré and uisse nad uèd rich -Ba èqu aqu iqu ngri and a n po n C inl Ja ts-U ustr Fra Zéla me- olo Turq G or sp ne S Aut ays tch lov elg Ho S Ca Ir l m or e a P u P N l F B A a t E s l P ue e a e É D A u q ell Roy b li liq uv pu ub No é R Rép

Note : Australie : 1995 et 1999 ; Canada : 1997 et 2000 ; Grèce : 1995 et 1999 ; Hongrie : 1998 et 2000 ; Norvège : 1995 et 2001 ; Portugal : 1995 et 1999. Source : OCDE, Base de données des tableaux d’entrées-sorties.

Des travaux de Feenstra et Hanson (1996, 1999) ont montré que les tableaux d’entrées-sorties sont également utilisés pour déterminer l’ampleur de la délocalisation (c’est-à-dire de l’externalisation à l’étranger), en calculant la part des importations d’intrants intermédiaires non énergétiques dans les intrants intermédiaires non énergiques totaux. Le graphique 2.12 montre clairement que les délocalisations ont augmenté dans pratiquement la totalité des pays de l’OCDE avec, dans certains pays, des hausses considérables d’externalisation à l’étranger de la production intermédiaire. Les petits pays, notamment l’Irlande, la Belgique et la Hongrie, affichent généralement des indicateurs de délocalisation plus élevés. Le Japon et les États-Unis délocalisent relativement peu par rapport aux autres pays.

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2. L’ÉMERGENCE DES CHAÎNES DE VALEUR MONDIALES –

Graphique 2.12. Délocalisation/externalisation à l’étranger1, ensemble de l’ économie1995 et 20002 %

1995

2000

50 45 40 35 30 25 20 15 10 5

Ja Ét pon ats -U ni Fr s an ce No uv Aus ell tra e- lie Zé lan de Ro ya Italie um e Al -Un lem i ag ne Co ré Fin e lan d Po e log n Tu e rq uie Es pa Da gne ne ma rk Gr èc e Su èd No e rvè g Po e rtu Pa gal ys -B a Ca s na da Su is Au se tric Ré pu h bl Be e Ré ique lgiqu pu slo e bl i qu vaq e t ue ch èq u Ho e ng rie Irla nd e

0

1. Calculé comme la part des intrants intermédiaires non énergétiques importées dans le total des intrants intermédiaires non énergétiques 2. Australie : 1995 et 1999 ; Canada : 1997 et 2000 ; Grèce : 1995 et 1999 ; Hongrie : 1998 et 2000 ; Norvège : 1995 et 2001 ; Portugal : 1995 et 1999. Source : OCDE, Base de données des tableaux d’entrées-sorties.

Le rôle clé des entreprises multinationales L’essor des délocalisations est dû à l’approvisionnement d’intrants à l’étranger dans le cadre de relations entre entreprises indépendantes (externalisation internationale) mais de plus en plus à l’approvisionnement au sein d’entreprises multinationales (soustraitance interne internationale). Les entreprises multinationales sont des acteurs essentiels de la mondialisation des chaînes de valeur car elles peuvent modifier l’emplacement des biens et des services finis et intermédiaires au sein de leurs réseaux internationaux et déplacer la production par-delà des frontières entre leurs filiales par le biais de la délocalisation. L’importance des entreprises multinationales dans l’économie mondiale d’aujourd’hui est liée à un ensemble d’actifs cognitifs, tels que l’encadrement et la propriété intellectuelle, qui permettent à ces entreprises de tirer parti des possibilités qui s’offrent à elles sur les marchés étrangers en y créant des filiales. Les ouvrages spécialisés établissent généralement une distinction entre les entreprises multinationales « verticales » et « horizontales ». Les entreprises multinationales verticales fragmentent leur processus de production entre différents pays, leurs décisions d’implantation étant guidées par les conditions de coût les plus avantageuses concernant le facteur de production qu’elles utilisent de manière intensive. En général, les activités ne sont réparties qu’entre un nombre restreint de pays, voire un seul, en fonction des atouts qu’il présente et du coût des facteurs de production. Les entreprises multinationales horizontales sont des entreprises à plusieurs établissements, dont la production du pays d’origine et du pays d’accueil est similaire, ce qui leur permet d’économiser sur les frais d’exportation. Ces entreprises se retrouvent généralement dans des situations où les pays d’accueil sont de taille comparable (afin d’éviter un entretien coûteux de capacités sur des

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38 – 2. L’ÉMERGENCE DES CHAÎNES DE VALEUR MONDIALES marchés limités) et présentent les mêmes atouts, et entraînent des coûts positifs pour les échanges internationaux (Brainard, 1997). De toute évidence, ce sont avant tout les entreprises multinationales verticales qui sont étroitement liées au phénomène de délocalisation et de mondialisation des chaînes de valeur, même si, dans la réalité, la distinction entre les multinationales verticales et horizontales est rarement nette car la plupart des entreprises suivent des stratégies d’intégration « complexes » et pratiquent les deux catégories d’investissement sortant (Yeaple, 2003). La majorité des données empiriques relatives aux activités des entreprises multinationales prennent donc généralement en compte ces deux types d’entreprises. Autre signe de la forte hausse de l’IDE, les filiales étrangères sont devenues de plus en plus importantes dans les pays d’accueil où elles représentent une proportion croissante du chiffre d’affaires, de la valeur ajoutée, de l’emploi et de la R-D. Le rôle des filiales étrangères est particulièrement important en Irlande, en Hongrie et en République tchèque. Leurs activités semblent toujours concentrées dans les secteurs manufacturiers, ce qui présente un contraste avec l’importance croissante du secteur des services dans les flux d’IDE (graphiques 2.13 et 2.14). Graphique 2.13. Part des filiales étrangères dans la valeur ajoutée manufacturière, 2001 Irlande

Graphique 2.14. Part des filiales étrangères dans la valeur ajoutée des services, 2001 Irlande (2)

Hongrie (1)

Hongrie

Suède

République tchèque

République tchèque (1) France

Suède

Australie (2)

Royaume-Uni

Norvège (1)

Finlande

Pays-Bas Royaume-Uni (3)

Portugal

Espagne

Pays-Bas

Turquie

Italie

Italie Finlande (1)

France

États-Unis (1) Portugal

Espagne

Danemark (3)

Danemark

% 0

10

20

30

40

50

60

70

80

90

1. 2002. 2. 2000. 3. 1999. Source : OCDE (2005a), Indicateurs de la mondialisation économique de l’OCDE.

0

10

20

30

40

50

60

70

80

90

%

1. 2001 pour la Finlande, la France, l’Italie, les Pays-Bas et le Portugal ; 2000 pour la Suède ; 1999 pour le Danemark ; 1997 pour le Royaume-Uni. 2. Entreprises d’au moins 20 employés. Source : OCDE (2005a), Indicateurs de la mondialisation économique de l’OCDE.

Ces filiales sous contrôle étranger jouent non seulement un rôle de fournisseur sur les marchés locaux dans le pays d’accueil, mais elles sont devenues en outre des maillons essentiels dans les chaînes de valeur mondiales, dans la mesure où elles approvisionnent d’autres marchés (voisins) et fournissent des produits intermédiaires à d’autres sociétés affiliées à la multinationale dont elles font partie. Les données relatives aux entreprises multinationales américaines montrent que 65 % de la production totale des filiales étrangères des entreprises américaines sont écoulés sur le marché local, alors que 11 % retournent aux États-Unis et 24 % partent en direction de pays tiers. Par conséquent, les intensités d’exportation et d’importation des filiales étrangères sont dans de nombreux cas plus élevées que celles des entreprises nationales, en particulier dans le secteur manufacturier. En Irlande par exemple, plus de 90 % de la production manufacturière des COMMENT RESTER COMPÉTITIF DANS L'ÉCONOMIE MONDIALE : PROGRESSER DANS LA CHAÎNE DE VALEUR – ISBN-92-64-9789264034266 © OCDE 2007

2. L’ÉMERGENCE DES CHAÎNES DE VALEUR MONDIALES –

filiales étrangères sont exportés, et en Autriche et en Finlande, plus de la moitié (graphique 2.15). Graphique 2.15. Propension à exporter et à importer1 des filiales étrangères du secteur manufacturier, 2001 Propensité à importer

Propensité à exporter

Irlande République tchèque (2) Autriche Portugal (2) Finlande Pays-Bas (3) Suède Pologne (2) Japon (3) France États-Unis (2,3) 0

10

20

30

40

50

60

70

80

90

100 %

1. Exportations et importations en pourcentage du chiffre d’affaires (ou de la production pour l’Irlande). 2. 2002. 3. Échanges de biens seulement. Source : OCDE (2005a), Indicateurs de la mondialisation économique de l’OCDE.

L’importance des échanges intragroupe augmente, du fait qu’une partie de la production des filiales étrangères est utilisée comme intrants intermédiaires par leurs maisons mères ou d’autres filiales du réseau auquel elles appartiennent. La part des exportations intragroupe se situe entre 15 et 60 % du total des exportations des filiales sous contrôle étranger du secteur manufacturier dans les pays de l’OCDE pour lesquels on dispose de données (graphique 2.16). Ces exportations et importations intragroupe concernent des produits presque finis destinés à des filiales dont l’activité principale est la commercialisation et la distribution et n’a guère trait à la transformation. Un autre segment croissant des échanges intragroupe concerne les exportations et les importations des filiales étrangères qui fabriquent des produits (ou des pièces détachées) destinés à d’autres marchés. Cette dernière forme d’échanges est directement liée à la mondialisation des chaînes de valeur et est en hausse dans des pays d’accueil comme la Chine, la Corée, le Mexique, le Taipei chinois et certains pays d’Europe de l’Est. Ces échanges intragroupe jouent également sur l’interprétation des déficits commerciaux (OCDE, 2005a). Bien que la précision des chiffres fasse débat, Farrel et al. (2005) ont calculé qu’environ un tiers du déséquilibre budgétaire des États-Unis provient des filiales américaines à l’étranger. Morgan Stanley estime pour sa part que 60 % du déficit commercial des États-Unis avec la Chine sont imputables aux importations des COMMENT RESTER COMPÉTITIF DANS L'ÉCONOMIE MONDIALE : PROGRESSER DANS LA CHAÎNE DE VALEUR – ISBN-92-64-9789264034266 © OCDE 2007

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40 – 2. L’ÉMERGENCE DES CHAÎNES DE VALEUR MONDIALES filiales d’entreprises américaines. Bardhan et Jaffee (2005) indiquent que les importations des filiales américaines à l’étranger représentaient plus des deux tiers de la totalité des importations des États-Unis d’intrants intermédiaires de haute technologie en 2002. Graphique 2.16. Part des exportations intragroupe dans les exportations totales des filiales étrangères, 1990-2001 % 90 Suède 80

70 Canada

60

États-Unis

50

Pays-Bas

40 Japon 30

20

10

0 1990

1991

1992

1993

1994

1995

1996

1997

1998

1999

2000

2001

1. Exportations et importations en pourcentage du chiffre d’affaires (ou de la production pour l’Irlande). 2. 2002. 3. Échanges de biens seulement. Source : OCDE (2005a), Indicateurs de la mondialisation économique de l’OCDE.

Les petites et moyennes entreprises (PME) et les chaînes de valeur mondiales Le développement des chaînes de valeur mondiales ouvre également de nouvelles perspectives aux PME en leur permettant d’accroître leurs débouchés par-delà les frontières, même si l’ouverture aux marchés internationaux est généralement une étape périlleuse de leur développement. Une enquête réalisée récemment par l’OCDE et l’APEC sur les obstacles à l’accès des PME aux marchés internationaux (graphique 2.17), a révélé que les PME évaluent mal leurs capacités et leurs ressources internes. En outre, elles n’ont pas assez confiance en elles pour s’attaquer aux marchés internationaux, en particulier lorsqu’il s’agit de trouver des débouchés à l’étranger, de garder le contrôle sur les intermédiaires étrangers ou d’accéder aux canaux de distribution à l’étranger. L’utilisation des TIC et des services qui leur sont liés, ainsi que l’amélioration des infrastructures de transport, ont facilité l’accès des petites entreprises à des marchés situés bien au-delà de leurs frontières nationales. Des travaux de l’OCDE consacrés à l’ampleur de la diffusion et de l’adoption des TIC dans les PME ont souligné les avantages que ces entreprises pouvaient en retirer, que ce soit en termes de développement de leur réseau de partenaires ou d’accès facilité et moins onéreux à de nouveaux clients (OCDE, 2000 et 2005b).

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2. L’ÉMERGENCE DES CHAÎNES DE VALEUR MONDIALES –

Graphique 2.17. Les obstacles à l’internationalisation tels que perçus par les PME dans les économies de l’OCDE et de l’APEC, 2006 Mise en place d’une représentation fiable à l’étranger Détermination des débouchés commerciaux à l’étranger Informations insuffisantes pour localiser/analyser les marchés Impossibilité de contacter les clients étrangers potentiels Contrôle sur les intermédiaires étrangers Force de la concurrence sur les marchés étrangers Manque d’assistance ou d’incitations du pays d’origine Politique tarifaire satisfaisante pour les clients Accès aux circuits de distribution à l’étranger Difficultés d’application des contrats et de résolution des litiges Mauvaise fiabilité des données relatives aux marchés internationaux Octroi de facilités de crédit aux clients étrangers Fonds de roulement insuffisant pour financer les exportations Manque de temps des dirigeants pour s’occuper de l’internationalisation Personnel pas assez nombreux ou insuffisamment formé pour l’internationalisation Difficultés d’alignement sur les prix de la concurrence Réglementation du pays d’accueil défavorable Complexité des circuits de distribution à l’étranger Lenteur du recouvrement des créances à l’étranger Ajustement des activités promotionnelles au marché cible d’exportation 2.7

2.8

2.9

3

3.1

3.2

3.3

3.4

3.5

Note : Enquête réalisée auprès des PME entre janvier et juillet 2006. Réponses reçues de 978 PME des économies de l’OCDE et de l’APEC, avec une forte concentration dans seulement sept pays membres de l’OCDE : le Canada, la Grèce, la Suisse, le Japon, l’Espagne et la Nouvelle-Zélande. Les obstacles sont classés selon l’échelle de Likert, de 5 (très important) à 1 (pas important). Source : GTPME de l’OCDE, « Supprimer les obstacles à l’accès des PME aux marchés internationaux », à paraître.

La fragmentation de la production et le développement des TIC offrent eux aussi de nouvelles possibilités aux PME. De nouveaux produits et services sont sans cesse créés et les PME peuvent tirer parti de leur flexibilité et de leur réactivité pour prendre en charge leur fourniture (encadré 2.1). Dans certains secteurs manufacturiers, tels que ceux des véhicules automobiles et des instruments scientifiques et instruments de précision, les petites entreprises spécialisées dans les technologies polyvalentes ont réinventé leur rôle et assis leur position sur le marché en devenant des fournisseurs spécialisés des chaînes de valeur mondiales (OCDE, 2006h). La mondialisation a permis aux PME d’envisager désormais d’externaliser, et en particulier de délocaliser. Cette évolution est difficile à mesurer, mais des enquêtes récentes menées auprès de PME ont révélé que ces dernières ont de plus en plus recours à l’externalisation (Observatoire des PME européennes 2003 et Livre blanc du Japon sur les PME 2004). Des travaux sur le terrain indiquent que les PME sont de plus en plus nombreuses à externaliser leurs activités sur le modèle des grandes entreprises, et qu’elles tirent ainsi parti de la rationalisation de leur production et de l’optimisation de leurs ressources. Lorsqu’elles décident de saisir ces opportunités croissantes, les PME se retrouvent toutefois confrontées à des enjeux considérables en matière de ressources financières et d’encadrement, et de capacité d’actualiser et de protéger la technologie interne. Les PME déplorent l’échelle réduite de leurs activités, qui ne leur permet pas de faire face aux dépenses de R-D nécessaires, de former le personnel, et de respecter les exigences strictes relatives aux normes et à la qualité des produits (OCDE, 2006h). Un fonds de roulement insuffisant est un autre obstacle invoqué, particulièrement pénalisant lorsqu’il s’agit de faire face à la lenteur du recouvrement des créances internationales. Par ailleurs, si une COMMENT RESTER COMPÉTITIF DANS L'ÉCONOMIE MONDIALE : PROGRESSER DANS LA CHAÎNE DE VALEUR – ISBN-92-64-9789264034266 © OCDE 2007

3.6

41

42 – 2. L’ÉMERGENCE DES CHAÎNES DE VALEUR MONDIALES petite entreprise peut tout à fait progresser dans la chaîne de valeur, elle doit pour cela généralement diversifier et approfondir sa gamme d’activités. Les petits fournisseurs peuvent être également amenés à contribuer au développement de produits, à organiser et à surveiller un réseau de sous-traitants, à mettre en place des systèmes internes de contrôle de la qualité, à veiller au respect d’un nombre toujours plus important de normes, et à garantir la livraison et la qualité à des coûts concurrentiels. Des enquêtes révèlent que c’est avant tout le manque de sensibilisation à ces questions complexes qui a des répercussions négatives sur les activités des PME dans les chaînes de valeur mondiales. Encadré 2.1. La participation aux chaînes de valeur mondiales renforce la stabilité des PME En dépit de la difficulté de dégager des tendances communes dans l’univers diversifié des PME, des études de cas approfondies réalisées en 2006 dans onze pays membres de l’OCDE et cinq économies non membres renseignent davantage sur les performances des PME dans les chaînes de valeur mondiales. Ces études de cas ont porté sur cinq secteurs (l’industrie automobile, les instruments de précision et les instruments scientifiques, les logiciels, le tourisme et la production et la diffusion cinématographiques) choisis de manière à illustrer les nouvelles caractéristiques des secteurs manufacturier et des services, dans lesquels la chaîne de valeur est composée de multiples PME indépendantes ou filiales agissant en tant que sous-traitant ou fournisseur. Un premier résultat va à l’encontre des différentes conclusions applicables à l’ensemble des secteurs : la participation aux chaînes de valeur mondiales est garante de stabilité. Les petites entreprises qui ont les capacités de se maintenir dans les chaînes de valeur en dépit d’une concurrence internationale ardue ou qui parviennent à s’intégrer dans une de ces chaînes gagnent en stabilité et développent même leurs activités. Ces effets vont souvent de pair avec la modernisation du capital technologique et humain, du fait que les PME qui participent aux chaînes de valeur mondiales bénéficient d’une plus grande ouverture et d’un accès facilité à l’information, aux pratiques et aux technologies. Dans les faits, la coopération entre les différents maillons de la chaîne semble être un facteur essentiel. Les études de cas consacrées à l’industrie automobile et aux logiciels montrent clairement que l’intégration dans une grappe d’entreprises et que la coordination des activités avec des partenaires en amont et en aval augmentent toutes deux les chances de réussite des petites entreprises dans la chaîne de valeur. Ces avantages ont des retombées positives considérables en termes de statut, de flux d’information et de possibilités d’apprentissage. Les PME performantes dans les chaînes de valeur mondiales acquièrent une autonomie plus importante vis-à-vis des autres PME, et augmentent leurs perspectives de développement en tirant parti de leur accès à un réseau étendu de partenaires et à une technologie supérieure, et de l’amélioration des compétences de leur personnel. Note : Les études de cas ont été réalisées dans les pays de l’OCDE suivants : Allemagne, Autriche, Australie, Corée, Espagne, États-Unis, Japon, Mexique, Pologne, Suisse et Turquie. Celles portant sur des économies non membres étaient consacrées à l’Afrique du Sud, à la Colombie, à l’Égypte, à l’Inde, à la Jordanie, au Nigeria et au Taipei chinois.

L’émergence de nouveaux pôles de croissance économique Une part croissante de la production mondiale émane de quelques économies émergentes comme la Chine Le développement des chaînes de valeur mondiales est souvent associé, depuis quelques années, à l’intégration croissante de pays émergents dans l’économie mondiale. Le phénomène des délocalisations, qui est fréquemment considéré sous un angle très étroit, serait profitable, de manière disproportionnée, à ces pays à bas coûts en raison des écarts de coûts de production. La mondialisation est par conséquent ramenée au simple

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2. L’ÉMERGENCE DES CHAÎNES DE VALEUR MONDIALES –

développement des relations économiques entre les pays industrialisés et les pays en développement à bas coûts. Cette montée en puissance des pays émergents transparaît particulièrement dans la croissance rapide de la production manufacturière de certaines économies non membres de l’OCDE (graphique 2.18). L’Asie de l’Est, et plus précisément la Chine, enregistrent une forte croissance, et l’Asie du Sud et le Moyen-Orient ont vu leur part dans l’industrie mondiale augmenter. Dans le même temps, la part de l’Amérique latine a reculé et celle de l’Afrique est demeurée faible. Graphique 2.18. Part des principales régions en développement dans la valeur ajoutée de l’industrie mondiale %

1980

1985

1990

1995

2000

8 7 6 5 4 3 2 1 0 Asie de l'Est sauf la Chine

Chine

Asie du Sud

Amérique latine sauf le Mexique

Mexique

Moyen-Orient et Afrique subAfrique du Sud Afrique du Nord saharienne sauf Afrique du Sud

Source : ONUDI (2004) dans Pilat et al. (2006), « Les mutations du secteur manufacturier dans les pays de l’OCDE ».

Cette émergence de nouveaux pôles de croissance économique devrait se confirmer dans un avenir proche. Des projections de croissance annoncent une participation dynamique des pays émergents au PIB mondial au cours des prochaines décennies. À titre d’illustration, Goldman Sachs indique que dans moins de 40 ans, l’ensemble des BRIC (Brésil, Chine, Inde et Russie) pourraient dépasser le G6 en PIB (l États-Unis, Japon, Allemagne, Royaume-Uni, France et Italie), alors que ces pays en représentaient moins de 15 % en 2000 (graphique 2.19). Entre 1996 et 2004, les BRIC ont enregistré ensemble une croissance annuelle de 14.1 % de leurs exportations manufacturières, contre 5.8 % pour l’ensemble de l’OCDE. Il convient toutefois de relativiser ces chiffres en raison du très faible niveau de départ des exportations des BRIC en 1996 (graphique 2.20). Toujours dans les BRIC, les exportations ont augmenté plus rapidement que les importations, ce qui s’est traduit par un renforcement de leur excédent commercial, alors que l’OCDE enregistre un déficit commercial croissant dans les produits manufacturiers.

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43

44 – 2. L’ÉMERGENCE DES CHAÎNES DE VALEUR MONDIALES Graphique 2.19. Projection du PIB des BRIC et du G6 En milliards USD 2003

BRICs

G6

160 000 140 000 120 000 100 000 80 000 60 000 40 000 20 000 0 2000

2010

2020

2030

2040

2050

Source : Goldman Sachs (2003).

Graphique 2.20. Croissance annuelle des exportations et des importations manufacturières des BRIC et des pays de l’OCDE, 1996-2004

Exportations

Importations

% 20

18 16 14 12 10 8 6 4 2 0 Brésil

Chine

Inde

Russie

BRIC

OCDE

Source : OCDE, Base de données du commerce bilatéral.

Parmi les BRIC, c’est la Chine qui a enregistré les taux de croissance les plus élevés des exportations manufacturières, alors que les performances commerciales des autres pays étaient moins impressionnantes. L’Inde est particulièrement dynamique dans les services, plus particulièrement dans les exportations de services des TIC (voir plus bas). Cette croissance élevée a entraîné une expansion rapide de la part de la Chine dans les COMMENT RESTER COMPÉTITIF DANS L'ÉCONOMIE MONDIALE : PROGRESSER DANS LA CHAÎNE DE VALEUR – ISBN-92-64-9789264034266 © OCDE 2007

2. L’ÉMERGENCE DES CHAÎNES DE VALEUR MONDIALES –

échanges internationaux de biens : elle a doublé entre 2001 et 2004, passant de 4.2 % à 8.8 %. En 2005, la Chine a remplacé le Japon en tant que troisième puissance commerciale mondiale derrière les États-Unis et l’Allemagne. S’agissant des exportations, l’OCDE (2005a) prévoit que la Chine supplantera l’Allemagne en 2008 et pourrait détrôner les États-Unis d’ici 2010, devenant ainsi le premier pays exportateur du monde. Les parts de marché globales à l’exportation des autres BRIC demeurent beaucoup plus limitées (aux environs de 1 % pour l’Inde et le Brésil et de 0.7 % pour la Russie), soit un niveau inférieur à celui de la plupart des pays de l’OCDE. La forte croissance des échanges de biens de la Chine lui a permis d’enregistrer des excédents commerciaux avec les États-Unis et l’UE, même si ses déficits avec le Japon et les pays de l’ANASE subsistent, déficits qui sont le reflet de ses activités d’assemblage dans le cadre du partage régional de la production dans la région asiatique (voir plus bas). La Chine est devenue un partenaire commercial de première importance pour la majorité des pays de l’OCDE et ses parts de marché à l’exportation vers les économies de l’OCDE ont augmenté de manière spectaculaire, en particulier au Japon, aux États-Unis, en Corée, en Australie, dans l’UE15 et en Nouvelle-Zélande (tableau 2.2). Tableau 2.2. Part de marché de la Chine dans diverses économies importantes (en pourcentage des importations totales de l’économie considérée) Partenaire

1990

2000

2001

2002

2003

2004

Japon

5.2

14.5

16.6

18.3

19.7

20.8

États-Unis

3.1

8.6

9.3

11.1

12.5

13.8

Corée

2.1

8.1

9.5

11.6

12.4

13.4

Australie

2.7

7.9

9.0

10.3

11.3

13.0

UE15

2.5

6.2

6.8

7.7

9.1

10.7

Nouvelle-Zélande

1.2

6.3

7.0

8.0

9.0

10.2

Canada

1.0

3.2

3.7

4.6

5.5

6.8

Russie1

1.6

2.1

3.9

5.7

5.7

6.3

Mexique

0.8

1.7

2.4

3.7

5.5

na

Turquie

1.1

2.4

2.3

2.7

3.9

4.8

1. 1990 fait référence à 1996. Source : Base de données des Nations Unies sur les échanges de produits de base (COMTRADE) ; données de l’UE dérivées des Statistiques de l’OCDE sur le commerce international dans l’OCDE (2006c), Échanges et croissance de la Chine : Incidences sur certains pays de l’OCDE.

L’émergence de la Chine transparaît également dans les données récentes sur l’IDE puisque les entrées d’IDE dans ce pays ont été estimées à 72 milliards USD en 2005, plaçant la Chine au premier rang mondial des bénéficiaires d’IDE parmi les pays en développement. Même lorsque l’on prend en compte le fait qu’une partie de ces montants est globalement considérée comme étant liée à des flux d’investissement intérieur à la Chine en provenance de Hong-Kong (Chine), la Chine demeure parmi les premiers bénéficiaires de l’investissement direct. En termes d’entrées d’IDE par habitant, la Chine se classe derrière tous les pays de l’OCDE sauf un, et occupe même un rang relativement bas parmi les pays en développement. L’augmentation quantitative de l’IDE n’a en outre pas été accompagnée par une amélioration qualitative de la même ampleur. Une grande partie de l’IDE que reçoit la Chine est constituée pour l’heure de fonds à relativement COMMENT RESTER COMPÉTITIF DANS L'ÉCONOMIE MONDIALE : PROGRESSER DANS LA CHAÎNE DE VALEUR – ISBN-92-64-9789264034266 © OCDE 2007

45

46 – 2. L’ÉMERGENCE DES CHAÎNES DE VALEUR MONDIALES court terme, et est affectée à des activités manufacturières à forte intensité de maind’œuvre, alors que l’investissement étranger dans les secteurs de haute technologie et des services progresse plus lentement. La Chine encourage l’IDE dans les produits manufacturés de haute technologie afin d’inciter les entreprises nationales à progresser dans la chaîne de valeur ajoutée. L’importance des pays émergents en tant que destinations de l’IDE et des activités économiques devrait continuer à s’accroître, ainsi que le prévoient des études telles que le classement réalisé par AT Kearney de l’attractivité des destinations de délocalisation. L’Inde et la Chine sont les deux économies les plus fréquemment citées dans les programmes d’investissements futurs des entreprises multinationales, mais d’autres économies comme la Malaisie, Singapour, les Philippines et le Brésil figurent également en bonne place (tableau 2.3). Ce classement contient aussi des informations sur les facteurs spécifiques influant sur l’implantation (ou la relocalisation) d’activités, et révèle que la faiblesse des coûts n’est que l’un des critères parmi d’autres comme la taille des marchés et l’offre de main-d’œuvre. Tableau 2.3. Les flux d’investissement direct étranger dans certaines économies non membres, 2001-05 Milliards USD Entrées d’IDE

Sorties d’IDE

2001

2002

2003

2004

2005

2001

2002

2003

2004

2005

Afrique du Sud

6.8

0.8

0.7

0.8

6.4

-3.2

-0.4

0.6

1.4

0.1

Argentine

2.2

2.2

1.7

4.3

4.7

0.2

-0.6

0.8

0.4

1.2

Brésil

22.5

16.6

10.1

18.1

15.1

-2.3

2.5

0.2

9.8

2.5

Chili

4.2

2.5

4.3

7.2

7.2

1.6

0.3

1.6

1.5

2.4

Chine

46.9

52.7

53.5

60.6

72.4

6.9

2.5

-0.2

1.8

…1

Estonie

0.5

0.3

0.9

1

2.9

0.2

0.1

0.2

0.3

0.6

23.8

9.7

13.6

34

35.9

11.3

17.5

5.5

45.7

32.6

5.5

5.6

4.6

-5.3

6.6

1.4

1.7

1.3

2.3

1.4

Hong-Kong, Chine Inde Israël

3.6

1.8

3.9

1.7

6.1

0.7

1

2.1

3.4

2.3

Lettonie

0.1

0.3

0.3

0.7

0.6

0

0

0

0.1

0.1

Lituanie

0.4

0.7

0.2

0.8

1

0

0

0

0.3

0.3

Roumanie

1.2

1.1

2.2

6.5

6.4

0

0

0

0.1

0

Russie

2.7

3.5

8

15.4

14.6

2.5

3.5

9.7

13.8

13.1

Singapour

15

5.7

9.3

24

33.4

17.1

3.7

3.7

14.3

9.2

Slovénie

0.5

1.6

0.3

0.8

0.5

0.1

0.2

0.5

0.6

0.6

1. Selon le ministère chinois du Commerce, les sorties d’IDE pour 2005 se sont élevées à 6.9 milliards USD. Toutefois, les chiffres publiés par le ministère ne sont généralement pas cohérents avec les données reportées ailleurs dans le tableau. Source : OCDE (2006d), Tendances et évolution récente de l’investissement direct étranger.

Les chaînes de valeur mondiales ne fonctionnent pas uniquement dans la direction Nord-Sud, mais bien à double sens En dépit de la forte croissance enregistrée par les pays émergents (du moins par certains), les pays de l’OCDE ont conservé en 2002 leurs premières places à l’échelle COMMENT RESTER COMPÉTITIF DANS L'ÉCONOMIE MONDIALE : PROGRESSER DANS LA CHAÎNE DE VALEUR – ISBN-92-64-9789264034266 © OCDE 2007

2. L’ÉMERGENCE DES CHAÎNES DE VALEUR MONDIALES –

mondiale dans le secteur de la fabrication et représentaient presque 80 % de la valeur ajoutée manufacturière mondiale. Le graphique 2.21 montre que sur les dix premiers pays en matière de fabrication, à l’échelle mondiale, neuf sont membres de l’OCDE et que de plus, les États-Unis et le Japon dépassent largement tous les autres. En 2002, la valeur ajoutée manufacturière de la Chine était à peu près équivalente à celle de l’Allemagne. Compte tenu des évolutions observées récemment, les industries chinoises de fabrication se classent désormais au troisième rang mondial. En 2002, d’autres pays non membres de l’OCDE, comme le Brésil, l’Inde et la Fédération de Russie, n’ont quant à eux représenté qu’une faible part du secteur manufacturier mondial. Graphique 2.21. Les 20 premiers pays manufacturiers en termes de valeur ajoutée, 2002 Pays membre de l’OCDE

Économie non membre de l’OCDE

Millions USD 1 500 1 250 1 000 750 500 250

Ét ats -U nis Ja po n Ch i n Al lem e ag ne F Ro ran c ya um e eUn i Ita lie Co ré e Ca na d Me a xiq u Es e pa gn e Ta Bré s ipe i c il hin Fé o is dé ra tio n d Inde eR us sie Su is Pa se ys -B as Su èd Ind e on és i Be e lg i qu e

0

1. Les données sur la valeur ajoutée sont converties selon les taux de change. La prudence est de rigueur dans l’interprétation des estimations. Source : Base de données STAN de l’OCDE, ONUDI et services statistiques des différents pays dans Pilat et al. (2006), « Les mutations du secteur manufacturier dans les pays de l’OCDE ».

Les données des échanges et de l’IDE pour les pays de l’OCDE montrent en outre que le processus de mondialisation et l’émergence des chaînes de valeur mondiales ne sont pas des phénomènes démesurément axés sur les pays en développement. Les échanges et l’IDE reste largement concentrés dans les pays développés, ce qui tendrait à démontrer que la mondialisation des chaînes de valeur n’est pas essentiellement un problème NordSud. La majorité des échanges et de l’IDE de l’OCDE restent orientés sur les pays de l’Organisation : en 2004, près de 78 % de la totalité des exportations de produits manufacturés de l’OCDE étaient destinés à d’autres pays de l’OCDE, alors qu’à l’inverse, 75 % des importations de produits manufacturés des pays de l’OCDE provenaient de la zone de l’OCDE. Les chiffres correspondants pour 1990 étaient respectivement de 80 % et 83 %, ce qui montre certes que les importations en provenance des pays non membres sont en augmentation et ont enregistré une hausse supérieure à celle des importations totales des pays de l’OCDE.

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47

48 – 2. L’ÉMERGENCE DES CHAÎNES DE VALEUR MONDIALES De même, la majorité des montants d’IDE émanant des pays de l’OCDE est à destination d’autres pays de l’OCDE (graphique 2.22). La plupart des pays de l’OCDE affectent moins de 40 % de leurs investissements à des pays non membres de l’Organisation, et seuls quelques petits pays bénéficient d’un pourcentage plus élevé. Parmi les pays de l’OCDE, les États-Unis et le Royaume-Uni sont les principales destinations de l’IDE, suivis par certaines des économies d’Europe continentale les plus importantes. Graphique 2.22. Investissement sortant de l’OCDE en direction des pays non membres en pourcentage des montants totaux d’IDE sortant, 2002 % 100

80

60

40

20

Gr èc e Irla nd e Co Ré ré e pu bli Hon qu g r e t ie ch èq u Po e log ne No uv Port ell ug eZé al lan d Tu e rq uie Su i s s Ét ats e -U nis Au tric h Ca e na da Ja po No n rvè Au ge s Ré tr pu Da alie bli n qu em e s ark l Ro ova ya que um ePa Uni ys -B as Ita lie Isl an de Su è Al d lem e ag ne Fr an Fin ce lan de

0

1. Ventilation non disponible pour la Belgique, l’Espagne et le Mexique. 2. 2001 pour la Corée et la Norvège. Source : OCDE (2005a), Indicateurs de la mondialisation économique de l’OCDE.

Si les échanges et l’IDE de la zone de l’OCDE sont fortement orientés sur les pays de l’Organisation, les données relatives aux échanges et à l’IDE globaux révèlent que la mondialisation est clairement un phénomène à double sens. Les échanges et l’IDE entre les pays de l’OCDE ont toujours été fortement liés, et les flux entre les pays ont par conséquent augmenté dans les deux sens. Récemment toutefois, la délocalisation et l’externalisation de la production ont entraîné une croissance des flux bidirectionnels entre les pays développés et en développement. Les exportations et les importations de produits manufacturés des BRIC ont augmenté rapidement et dans des proportions semblables. Si ces pays exportent davantage, ils ont en effet également plus recours à l’importation en raison de l’essor de leurs marchés nationaux et de la hausse de la demande en produits intermédiaires, une situation dont les autres pays tirent parti. La part des importations intermédiaires dans les importations totales est généralement plus élevée en Chine qu’aux États-Unis et dans l’UE, ce qui est également le cas dans les échanges de services : Amiti et Wei (2005) ont démontré que l’Inde et la Chine sont des bases importantes de délocalisation, tant interne qu’externe, des services aux entreprises. De même, si les États-Unis et le Royaume-Uni externalisent beaucoup, ils sont aussi des lieux d’implantation de filiales étrangères (voir plus bas).

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2. L’ÉMERGENCE DES CHAÎNES DE VALEUR MONDIALES –

Les données d’IDE montrent que les pays en développement commencent eux-mêmes à investir à l’étranger, même si le niveau de ces investissements extérieurs reste modeste (tableau 2.3). Le rôle de plus en plus actif de la Chine en tant qu’investisseur à l’étranger ne transparaît peut-être pas entièrement dans les statistiques de l’IDE comparables au niveau international. Des preuves concrètes révèlent que les entreprises chinoises, en particulier celles du secteur privé, s’affranchissent en masse des procédures contraignantes d’approbation et de déclaration, et ont recours à des fonds placés à l’étranger dans des filiales et des structures ad hoc établies dans des pays où la fiscalité est modérée, ainsi qu’à des bénéfices non distribués à l’étranger (OCDE, 2006d). Le ministère chinois du Commerce a annoncé que l’IDE à l’étranger a frôlé les 7 milliards USD en 2005. Ce chiffre est très vraisemblablement une sous-estimation. Cependant, au cours des six dernières années, les autorités chinoises ont déployé des efforts concertés pour accroître les sorties d’investissement. L’augmentation des sorties d’IDE est devenue en mars 2000 un objectif déclaré des pouvoirs publics chinois.

La dimension industrielle de la mondialisation Développement de la mondialisation dans certains secteurs manufacturiers De manière générale, la mondialisation économique a entraîné une plus grande ouverture du secteur manufacturier, ainsi qu’en témoigne l’augmentation du taux d’exportation et du taux de pénétration des importations dans tous les secteurs manufacturiers au cours de la dernière décennie. Le taux d’exportation représente la part de la production manufacturière exportée, alors que le taux de pénétration des importations correspond à la part de la demande nationale couverte par les importations. Le taux d’exportation au sein de la zone de l’OCDE est passé de 20.7 % en 1992 à 28.2 % alors que la pénétration des importations s’est hissée de 19.4 % à 28.6 %. L’intégration économique mondiale n’a pas les mêmes répercussions pour toutes les activités manufacturières. Les secteurs de haute et de moyenne-haute technologie sont généralement plus internationalisés que les secteurs à plus faible intensité technologique. Les produits de haute technologie en particulier sont devenus plus complexes et les entreprises, qui ne disposent plus de l’ensemble des compétences nécessaires en interne, doivent s’approvisionner à l’extérieur. Le taux d’exportation et le taux de pénétration des importations sont les plus élevés – et ont généralement enregistré la hausse la plus rapide – dans les secteurs des ordinateurs, des instruments scientifiques, de l’aéronautique et l’aérospatiale, des équipements de radio, télévision et communication, des produits pharmaceutiques, mais également dans un secteur plus traditionnel, le secteur textile (graphique 2.23). Le classement en matière d’ouverture entre les secteurs reste globalement inchangé au fil des ans alors que certains secteurs se mondialisent plus que d’autres, en raison de caractéristiques structurelles telles que les coûts élevés des transports et le niveau de fragmentation que peut atteindre la production. L’existence simultanée de taux élevés d’exportation et de pénétration des importations témoigne généralement d’une forte internationalisation des secteurs, confirmée par l’approvisionnement en biens intermédiaires, les échanges intrabranche et les échanges intragroupe. La mondialisation des chaînes de valeur et le partage international de la production expliquent la corrélation entre les volumes d’exportations et d’importations, en particulier dans les secteurs de plus haute technologie. Le secteur plus traditionnel du textile présente des caractéristiques relativement différentes dans les pays de l’OCDE. Si l’augmentation du taux de pénétration des importations et dans une moindre mesure du taux d’exportations témoigne elle aussi de COMMENT RESTER COMPÉTITIF DANS L'ÉCONOMIE MONDIALE : PROGRESSER DANS LA CHAÎNE DE VALEUR – ISBN-92-64-9789264034266 © OCDE 2007

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50 – 2. L’ÉMERGENCE DES CHAÎNES DE VALEUR MONDIALES l’internationalisation croissante du secteur, les forts écarts de niveau entre ces deux taux révèlent en plus les caractéristiques nationales de spécialisation et de compétitivité. L’intégration des pays à bas coûts dans l’économie mondiale s’est soldée par un recul de la compétitivité du secteur textile de la plupart des pays de l’OCDE, ainsi qu’en témoigne le fait que le taux de pénétration des importations a augmenté beaucoup plus que les taux d’exportations pour les pays de l’Organisation. Graphique 2.23. Taux de pénétration des importations et taux d’exportation1 de certains pays de l’OCDE2, 2003 Taux de pénétration des importations

Taux d'exportations

% 90 80 70 60 50 40 30 20 10

Co n Boi s stru ctio nn ava le Co k Pro P ro é fac dui dui tion ts n ts a on lime mé nta t a l liqu ir e s es , bo isso ns, Pro tab ac dui ts m éta lliqu Pap es ie r et i mp r im erie

Co n stru c

Ord Ins ina trum teu ent rs s sc tion ie n aér tifiq ona ues utiq ue et s pat Rad Tex iale io, tile, Tél hab évis illem ion ent et c om mu nica Équ ipe tion me nt é P ro lect dui r iq u ts p har e ma c eut Véh iqu icul es es aut om Ma obi chin les es et m a Ma téri téri el el d e tr ans P ro por dui t ts c him iq u es Tot a l in dus trie Oth Né t Arti cles er m aux de anu en bas cao fac e turi utc hou ng, ce rec tm ycli atiè ng res pla stiq ues

0

1. Le taux d’exportations mesure la part de la production qui est exportée (c.-à-d. X/Y) et la pénétration des importations montre le degré auquel les importations satisfont la demande intérieure [c.-à-d. M/(Y-X+M)]. 2. Il s’agit de l’Allemagne, de l’Autriche, du Canada, de la Corée, du Danemark, de l’Espagne, des États-Unis, de la Finlande, de la France, de l’Italie, du Japon, de la Norvège, des Pays-Bas, du Portugal, du Royaume-Uni et de la Suède. Source : OCDE (2005a), Indicateurs de la mondialisation économique de l’OCDE.

L’augmentation du taux de pénétration des importations dans la zone de l’OCDE est due à la hausse des importations des pays de l’Organisation, et dans certains secteurs, aux bonnes performances de certains pays non membres en matière d’exportations. La part de marché des économies non membres dans les importations manufacturières totales est passée de 19.1 % en 1995 à 24.4 % en 2004. La part des importations des non membres a augmenté dans pratiquement tous les secteurs, bien que des écarts existent d’un secteur à l’autre, écarts qui ne sont pas forcément dus à la nature technologique du secteur. Les importations en provenance des pays non membres de l’OCDE ont augmenté le plus fortement dans le secteur des ordinateurs, des équipements de radio, télévision et communication, du matériel électrique, des produits non métalliques et des textiles (graphique 2.24). Dans ces secteurs, la part des importations en provenance des pays non membres dans les importations totales des pays de l’OCDE a augmenté de 10 % ou plus entre 1995 et 2004.

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2. L’ÉMERGENCE DES CHAÎNES DE VALEUR MONDIALES –

Graphique 2.24. Croissance de la part de marché à l’importation dans les pays de l’OCDE entre 1995 et 2003 Non OCDE

Chine

Ordinateurs Radio, télévision et communication Industries manufacturières et récupération Équipement électrique Produits non métalliques Textile, habillement Metal products Fer et acier Machines et matériel Total industrie Matériel de transport Articles en caoutchouc et matières plastiques Métaux non ferreux Bois Produits chimiques Papier et imprimerie Instruments scientifiques Cokéfaction Construction navale Construction aéronautique et spatiale Véhicules automobiles Produits pharmaceutiques Produits alimentaires, boissons, tabac 0

5

10

15

20

25 %

Source : OCDE, Base de données du commerce bilatéral.

La hausse croissante des importations émanant de pays non membres de l’OCDE est dans une large mesure imputable à la Chine. En effet, cette hausse correspond étroitement à l’augmentation de la part des importations chinoises dans les pays de l’OCDE. Dans le secteur des ordinateurs, la part de la Chine est encore plus élevée que celle de l’ensemble des économies non membres, ce qui permet de constater que les autres pays non membres ont cédé des parts de marché. Les importations des pays de l’OCDE en provenance de la Chine ont particulièrement augmenté dans le secteur des ordinateurs, des équipements de radio, télévision et communication, du matériel électrique, des produits métalliques et des textiles. La part de la Chine dans les importations totales de l’OCDE a plus que doublé dans la période 1995-2004 pour passer de 4.1 % à 9.7 %. La Chine représente près de 40 % des importations manufacturières des pays de l’OCDE émanant de non membres ; dans certains secteurs, cette part est supérieure à la moitié des importations en provenance des non membres. En un temps très court, la Chine a acquis une position solide sur les marchés mondiaux, non seulement dans les industries plus traditionnelles (comme les

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51

52 – 2. L’ÉMERGENCE DES CHAÎNES DE VALEUR MONDIALES textiles) mais également dans des secteurs de plus haute technologie (comme ceux des ordinateurs et des équipements de radio, télévision et communication).

Délocalisation – externalisation à l’étranger L’approvisionnement à l’étranger de produits intermédiaires est plus fréquent dans les secteurs de plus haute technologie que dans ceux de plus faible technologie (les secteurs de plus haute technologie comprennent les secteurs de haute et de moyenne-haute technologie, et les secteurs de plus faible technologie sont les secteurs de moyenne-faible et de faible technologie). Dans la plupart des pays de l’OCDE, l’indicateur de délocalisation est plus élevé dans la catégorie des secteurs de plus haute technologie que dans celle des secteurs de plus faible technologie (graphique 2.25). L’ampleur de la délocalisation a augmenté dans la quasi-totalité des pays de l’OCDE, dans les secteurs manufacturiers de plus haute technologie comme de plus faible technologie, mais l’approvisionnement à l’étranger de produits intermédiaires semble se développer davantage dans les secteurs de plus haute technologie dans la plupart des pays de l’Organisation. Le graphique 2.26 présente le degré d’intensité de la délocalisation dans les secteurs fortement mondialisés des ordinateurs, des équipements de radio, télévision et communication et des textiles. La délocalisation des activités est relativement plus importante dans les secteurs des ordinateurs, des équipements de radio, télévision et communication (haute technologie) que dans le secteur du textile (faible technologie). Les plus petits pays s’approvisionnent davantage à l’international, en particulier ceux dans lesquels sont implantées de nombreuses entreprises multinationales. Si la mondialisation concerne traditionnellement les secteurs manufacturiers, on observe depuis quelques années une augmentation de l’internationalisation et de la délocalisation des services. Ces derniers représentent aujourd’hui environ deux tiers de l’IDE dans la plupart des pays développés, et jusqu’à 20-25 % des échanges internationaux globaux. L’importance des échanges internationaux de services reste relativement modeste, du fait que de nombreux services ne peuvent toujours pas faire l’objet d’échanges. L’un des principaux vecteurs d’échange de services est la présence commerciale par le biais des filiales, ainsi qu’en témoigne le rôle de plus en plus important, depuis la fin des années 90, des filiales étrangères dans le secteur des services. La délocalisation des services a commencé aux États-Unis à la fin des années 80 lorsque les entreprises des TIC se sont mises à externaliser de plus en plus les fonctions des TIC auprès de fournisseurs de services externes (à l’étranger) afin de retirer un avantage au niveau des coûts. Les progrès rapides des technologies de l’information et de la communication (TIC) ont permis à la production de services d’être de plus en plus indépendante de son lieu d’implantation grâce à la numérisation croissante de l’information et à l’uniformisation des activités des entreprises (CNUCED, 2004). Cette tendance demeure également aujourd’hui surtout visible dans les secteurs liés aux TIC et aux services aux entreprises. Le progrès technologique des TIC et la libéralisation continue des échanges et des investissements dans les services ont permis à de nombreux services de pouvoir faire l’objet d’échanges et ont créé de nouveaux types de services échangeables comme le soutien informatique, les fonctions de R-D, les services administratifs, les centres d’appels et la programmation des logiciels.

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2. L’ÉMERGENCE DES CHAÎNES DE VALEUR MONDIALES –

Graphique 2.25. Délocalisation/externalisation à l’étranger1 des secteurs manufacturiers, 1995 et 20002 Intensité technologique plus élevée %

1995

2000

90 80 70 60 50 40 30 20 10

Jap Éta on ts-U nis Fra nce Alle ma gne Ital ie Co rée Tur qu Au ie stra Ro lie yau me -Un i Po log n No e rve g Fin e lan de Su ède Grè ce Su isse Esp agn e Da nem ark Pay s-B a Por s tug al Au tric h Ré e pub C liqu anad a es lov aqu e Ré pub Belg iqu liqu e e tc hèq ue Irea nde No Ho uve n lle- grie Zél and e

0

Moindre intensité technologique

%

1995

2000

90 80 70 60 50 40 30 20 10

Jap Éta on ts-U n Aus is tral ie Fra nce Grè ce Roy Corée aum e-U Fin ni lan de Tur qui Esp e agn e Ital i Pol e o Alle gne ma gn Nor e vèg e Suè de Ca nad Por a tug al Ré pub S u liqu e s isse lov aqu e Da nem ark Aut ric Pay he s-B as Ré H pub liqu ongrie e tc hèq u Bel e giq ue Nou I vell rlande e-Z éla nde

0

1. Calculé comme la part des intrants intermédiaires non énergétiques importés dans le total des intrants intermédiaires non énergétiques importés. 2. Australie : 1995 et 1999 ; Canada : 1997 et 2000 ; Grèce : 1995 et 1999 ; Hongrie : 1998 et 2000 ; Norvège : 1995 et 2001 ; Portugal : 1995 et 1999. Source : Base de données des tableaux d’entrées-sorties de l’OCDE COMMENT RESTER COMPÉTITIF DANS L'ÉCONOMIE MONDIALE : PROGRESSER DANS LA CHAÎNE DE VALEUR – ISBN-92-64-9789264034266 © OCDE 2007

53

54 – 2. L’ÉMERGENCE DES CHAÎNES DE VALEUR MONDIALES Graphique 2.26. Délocalisation/externalisation à l’étranger1 de certains secteurs manufacturiers, 20002 Équipement de radio, télévision et communication % 100 90 80 70 60 50 40 30 20 10 0 e e e a e k e e e e e e e n e s e e l e e e e e i s ali ch qu ad qu ar nd nc gn èc gri nd ali po ré Ba èg gn ga qu gn èd iss ui Un ni str utri lgi an hè em la ra a Gr Hon Irla It Ja Co ys- orv olo ortu lova spa Su Su Turq me- ts-U u ta Au A Be C e tc Dan Fin F Allem Pa N P P e s E ya É u qu Ro liq bli b u p pu Ré Ré

Machines de bureau, comptables et informatiques

Au str Au alie tr Be iche Ré lgi pu bli C que qu an e t ad c a Da hèqu ne e m Fin ark lan F de Al ran lem ce ag n Gr e Ho èce ng Irla rie nd e Ita l Ja ie po C n Pa oré ys e No Bas rv Ré Po ège pu bli P logn qu or e e s tug lov al a Es que pa gn Su e è Su de i Ro Tu sse ya rqu um ie Ét e-U ats ni -U nis

% 100 90 80 70 60 50 40 30 20 10 0

Textiles, articles d’habillement, cuir et chaussures % 100 90 80 70 60 50 40 30 20 10

Au str Au alie tr Be iche Ré lgi pu bli C que qu an e t ad c a Da hèqu ne e m Fin ark lan F de Al ran lem ce ag n Gr e Ho èce ng Irla rie nd e Ita l Ja ie po C n Pa oré ys e No Bas rvè Ré Po ge pu bli P logn qu or e e s tug lov al a Es que pa gn Su e è Su de iss Ro Tu e ya rqu um ie Ét e-U ats ni -U nis

0

1. Calculé comme la part des intrants intermédiaires non énergétiques importés dans le total des intrants intermédiaires non énergétiques importés. 2. Australie : 1995 et 1999 ; Canada : 1997 et 2000 ; Grèce : 1995 et 1999 ; Hongrie : 1998 et 2000 ; Norvège : 1995 et 2001 ; Portugal : 1995 et 1999. Source : OCDE, Base de données des tableaux d’entrées-sorties de l’OCDE.

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2. L’ÉMERGENCE DES CHAÎNES DE VALEUR MONDIALES –

Mondialisation croissante des secteurs des services La mondialisation des activités de service et la délocalisation des services rendue possible par les TIC ont entraîné des bouleversements majeurs dans les échanges et les investissements transfrontaliers dans les activités de service. La part de l’investissement direct étranger dans le secteur des services, déjà prédominante au début des années 90, a considérablement augmenté ces dernières années. La part des sorties d’investissement direct émanant des pays de l’OCDE dans les secteurs des services représentait 50 % des sorties totales d’IDE en 1992 et est passée à plus de 67 % en 2002. Les secteurs des services représentaient plus de 75 % des sorties totales d’investissement pour la Grèce, la République tchèque, la Pologne, la France, l’Allemagne et l’Autriche. Les stocks d’entrées d’investissement direct des pays de l’OCDE présentent une évolution similaire. La part relative du secteur des services dans les stocks d’entrées d’investissement est passée de 52 % en 1992 à 64 %. En Allemagne, en Suisse, au Danemark, en France, en Autriche et en République slovaque, la part des services dans les entrées d’investissement représentait de 70 à 88 % des investissements totaux (graphiques 2.27 et 2.28).

Graphique 2.27. Part du secteur des services dans les stocks totaux de sorties d’IDE des pays de l’OCDE1, 2002 Grèce République tchèque Pologne France Allemagne Autriche Danemark États-Unis Turquie Hongrie

Graphique 2.28. Part du secteur des services dans les stocks totaux des entrées d’IDE des pays de l’OCDE1, 2002 Allemagne Suisse Danemark France Autriche République slovaque Royaume-Uni République tchèque Pologne États-Unis Grèce

Portugal Pays-Bas

Suisse Portugal

Royaume-Uni Canada Italie Pays-Bas République slovaque

100

80

60

40

20

Finlande Italie Australie Turquie Norvège (2)

Australie

Islande

Corée (2)

Mexique

Norvège (2)

Hongrie

Islande

Canada

Finlande

Corée (2)

0

0

20

40

60

80

100 %

%

1. Répartition non disponible pour la Belgique, l’Irlande, le Japon, le Luxembourg, le Mexique, la Nouvelle-Zélande, l’Espagne et la Suède. 2. 2001. Source : OCDE (2005a), Indicateurs de la mondialisation économique de l’OCDE.

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56 – 2. L’ÉMERGENCE DES CHAÎNES DE VALEUR MONDIALES Contrairement aux données sur les échanges de produits manufacturés, les informations sur les transactions internationales de services sont bien plus limitées en raison du nombre restreint de catégories et de l’augmentation seulement récente du nombre des pays les communiquant. Les échanges de services ont particulièrement augmenté depuis la deuxième moitié des années 90, et la hausse plus importante des exportations a entraîné un excédent commercial dans les services pour la zone de l’OCDE. Le principal moteur de cette croissance est la catégories des « autres » services, dont la hausse annuelle atteignait presque 10 %, alors que la croissance des transports et des services de voyage s’élevait en moyenne à 3-4 % au cours de la période 1995-2003 (graphique 2.29). A la suite de ces écarts de croissance, les échanges de services sont aujourd’hui composés dans la zone de l’OCDE pour plus de la moitié des « autres » services, les catégories les plus importantes étant les services financiers, les services d’information et d’informatique, et les autres services aux entreprises (y compris les services professionnels/techniques, les services de conseil, la R-D, etc.). Les progrès technologiques des TIC ont particulièrement facilité les échanges dans les deux dernières catégories, celles des services d’information et d’informatique et des autres services aux entreprises. Les exportations et les importations de services aux entreprises et de services d’informatique et d’information représentent une part importante et en augmentation rapide des échanges de services (tableau 2.4) dans la plupart des pays de l’OCDE. Graphique 2.29. Croissance des échanges de services, pays de l’OCDE, 1995-2004 Milliards USD Importations

1994 = 100 Total services

Exportations

Transport

Voyages

Autres services

240

1 600

220

1 400 1 200

200

1 000

180

800

160

600

140

400

120

200

100

0

1994

1995

1996

1997

1998

1999

2000

2001

2002

2003

1995

1996

1997

1998

1999

2000

2001

2002

2003

2004

2004

Source : Statistiques OCDE sur les échanges internationaux de services.

Dans les pays non membres également, les échanges de services aux entreprises et de services d’information et de communication ont connu une hausse sensible, en particulier en Inde, où la part des exportations de ces deux catégories dans les échanges totaux de services est passée de 31.3 % en 1995 à 59.7 % en 2004. À l’instar de la Chine dans le domaine des produits manufacturés, l’Inde a augmenté très rapidement sa part de marché dans les logiciels et les services fondés sur les TI (dont les centres d’appels, la conception de logiciels et l’externalisation des processus des entreprises). Ces secteurs en croissance rapide se sont développés jusqu’à représenter aujourd’hui un tiers de la production des services en Inde, en raison, entre autres, de la disponibilité de professionnels hautement qualifiés, chez lesquels la maîtrise de l’anglais est répandue. Cette main-d’œuvre qualifiée est en outre bon marché, les salaires en Inde étant équivalents à peu près à un dixième de ceux pratiqués aux États-Unis.

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2. L’ÉMERGENCE DES CHAÎNES DE VALEUR MONDIALES –

Si le développement de la mondialisation des services a bénéficié avant tout à l’Inde, plusieurs pays de l’OCDE enregistrent également un excédent commercial dans les services aux entreprises (tableau 2.4). Les premiers pays excédentaires dans les échanges de services et de services d’information et de communication sont les États-Unis et le Royaume-Uni, alors que l’Allemagne et le Japon sont déficitaires. Les États-Unis et le Royaume-Uni sont, en termes absolus, les premiers bénéficiaires de l’externalisation des services (c’est-à-dire de la sous-traitance interne), suivis par la France et les Pays-Bas. En 2002, l’Inde et la Chine se sont classées respectivement aux 6e et 14e rangs, mais obtiennent de meilleures performances en termes relatifs, soit en pourcentage du PIB, car elles pratiquent davantage la sous-traitance interne que le Royaume-Uni et les États-Unis. L’Inde et la Chine sont également des sites importants d’externalisation des activités de services aux entreprises ; à titre d’illustration, l’Inde importe, en pourcentage du PIB, un volume plus important de services aux entreprises que les États-Unis et le Royaume-Uni (Amiti et Wei, 2005). Tableau 2.4. Part des autres services aux entreprises et des services d’information et de communication dans les échanges de services totaux En pourcentage Exportations

Importations

1995

2003

26.7

32.2

20.9

27.3

Australie

7.3

14.3

12.3

14.2

Autriche

37.0

37.5

36.9

47.1

Canada

26.3

31.8

20.0

22.5

Chine

19.6

39.6

27.5

20.6

Danemark

30.8

39.1

24.0

33.9

États-Unis

14.5

22.9

13.0

17.8

Finlande

40.1

34.0

40.4

33.8

France

28.6

25.7

27.1

29.8

Inde

31.3

59.7

26.4

34.0

Irlande

27.7

55.6

40.2

43.3

Italie

21.6

30.0

30.3

34.6

Royaume-Uni

23.4

34.8

14.8

18.8

Suède

16.4

42.9

14.8

41.1

Allemagne

1995

2003

Note : Pour certains pays comme l’Inde, il n’est pas possible de ventiler les données entre autres services aux entreprises et services informatiques et d’information. Par conséquent, pour l’Inde, cette catégorie inclut l’ensemble des services hormis les voyages, les transports et les services gouvernementaux (elle comprend donc le bâtiment, l’assurance et les services financiers, ainsi que les autres services aux entreprises et les services informatiques et d’information). Toutefois les entreprises indiennes exportent maintenant beaucoup de services fondés sur les TIC et de services de processus d’entreprise, et les autres catégories de services incluses dans cette rubrique sont probablement peu significatives en comparaison. De plus, des données sur le chiffre d’affaires réalisé à l’étranger qui figurent dans les rapports annuels des entreprises exportatrices indiennes, il ressort les mêmes tendances que de celles du FMI. Source : Van Welsum et Vickery (2005).

Le développement de l’externalisation des services transparaît également dans les indicateurs de délocalisation de la catégorie des services marchands de 1995 et 2000. Comme dans le secteur manufacturier, l’approvisionnement à l’étranger en intrants COMMENT RESTER COMPÉTITIF DANS L'ÉCONOMIE MONDIALE : PROGRESSER DANS LA CHAÎNE DE VALEUR – ISBN-92-64-9789264034266 © OCDE 2007

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58 – 2. L’ÉMERGENCE DES CHAÎNES DE VALEUR MONDIALES intermédiaires a augmenté dans pratiquement tous les pays dans les services marchands (graphique 2.30). En dépit de cette augmentation, l’ampleur de la délocalisation demeure beaucoup plus faible dans les services marchands que dans la catégorie globale des secteurs manufacturiers (graphique 2.31). Graphique 2.30. Délocalisation/externalisation à l’étranger1 des services marchands, 1995 et 20002 1995

%

2000

45 40 35 30 25 20 15 10 5 0 i l nis on ce lie n ne ne lie ne uie de ce da ga se ark rée de ue he de ue rie as ue ge de -U Jap Fran stra me-U olog pag Ita mag urq élan Grè ana ortu Suis em Co nlan hèq utric Suè vaq ong ys-B lgiq orvè Irlan s t u s n C P e T e-Z a Fi e tc A A au P E slo H Pa Be N Da Ét All y ue qu ell i l q v Ro i b u bl pu No pu Ré Ré

1. Calculé comme la part des intrants intermédiaires non énergétiques importés dans le total des intrants intermédiaires non énergétiques importés. 2. Australie : 1995 et 1999 ; Canada : 1997 et 2000 ; Grèce : 1995 et 1999 ; Hongrie : 1998 et 2000 ; Norvège : 1995 et 2001 ; Portugal : 1995 et 1999. Source : OCDE, Base de données des tableaux d’entrées-sorties

Graphique 2.31. Délocalisation/externalisation à l’étranger1 des secteurs manufacturiers et des services marchands, en pourcentage, 20002 Services marchands

Secteur manufacturier

% 70

60 50 40 30 20 10

No É Japo uv tats n ell -U e-Z ni éla s n Fr de an A u ce str ali Gr e èc Tu e rqu ie Ita lie A Cor Ro llem ée ya agn um e ePo Uni log Fin ne la No nde rvè Es ge pa gn Su e è Po de rtu g Su al Da iss ne e m Ré Ca ark pu n bli Pa ada q u ys e s -Ba lov s a Au que Ré t r ic pu bli Be he qu lgi e t qu ch e èq u Irla e nd Ho e ng rie

0

1. Calculé comme la part des intrants intermédiaires non énergétiques importés dans le total des intrants intermédiaires non énergétiques importés. 2. Australie : 1995 et 1999 ; Canada : 1997 et 2000 ; Grèce : 1995 et 1999 ; Hongrie : 1998 et 2000 ; Norvège : 1995 et 2001 ; Portugal : 1995 et 1999. Source : OCDE, Base de données des tableaux d’entrées-sorties.

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2. L’ÉMERGENCE DES CHAÎNES DE VALEUR MONDIALES –

Références Amiti, M. et S. Wei (2005), « Fear of Service Outsourcing: Is it Justified? », Economic Policy, avril, CEPR, Londres. Bardhan, A.D. et D. Jaffee (2005), « On Intra-firm Trade and Manufacturing Outsourcing and Offshoring » dans The Role of Foreign Direct Investment and Multinational Corporations in Economic Development (dir. Edward Monty Graham), Palgrave, Londres. Brainard, S.L. (1997), « An Empirical Assessment of the Proximity-Concentration Trade between Multinational Sales and Trade », American Economic Review, vol. 87. CBS (Centraal Bureau voor de Statistiek Nederland) (2006), « Forty Percent of Dutch Exports Are Re-exports », document non publié. CNUCED (2004), Rapport sur l’investissement dans le monde 2004. La montée en puissance du secteur des services, New York. Farrell, D., S. Ghai et T. Shavers (2005), « A silver lining in the US trade deficit », McKinsey Quarterly, mars, pp. 1-8. Farrel, D. et A. Grant (2005), « Addressing China’s Looming Talent Shortage », McKinsey Global Institute, San Francisco. Feenstra, R.C. et G.H. Hanson (1996), « Globalisation, Outsourcing and Wage Inequality », American Economic Review, vol. 86, nº 2. Feenstra, R.C. et G.H. Hanson (1999), « The Impact of Outsourcing and HighTechnology Capital on Wages: Estimates for the United States, 1979-1990 », Quarterly Journal of Economics, vol. 114, nº 3. Goldman Sachs (2003), « Dreaming with BRICs: The Path to 2050 », Global Economic Paper nº 99. OCDE (2000), Perspectives de l’emploi 2000, OCDE, Paris. OCDE (2005a), Mesurer la mondialisation. Indicateurs de l’OCDE sur la mondialisation économique, OCDE, Paris. OCDE (2005b), Perspectives de l’OCDE sur les PME et l’entrepreneuriat. OCDE, Paris. OCDE (2006a), Perspectives des migrations internationales, OCDE, Paris. OCDE (2006b), « Échanges et croissance de la Chine : incidences sur certains pays de l’OCDE », disponible à: www.oecd.org/LongAbstract/0,2546,en_2649_201185_37780930_1_1_1_1,00.html, Paris.

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60 – 2. L’ÉMERGENCE DES CHAÎNES DE VALEUR MONDIALES OCDE (2006c), “Trends and Recent Developments in Foreign Direct Investment”, disponible à www.oecd.org/dataoecd/37/39/32230032.pdf. Pilat, D., A. Cimper, K. Olsen et C. Webb (2006), « The Changing Nature of Manufacturing in OECD Countries », document de travail STI 2006-9, OCDE, Paris. Van Welsum, D. et G. Vickery (2005), « La part des emplois susceptibles d’être affectés par la délocalisation : enquête empirique », DSTI/ICCP/IE(2005)8/FINAL, OCDE, Paris, Wixted, B.L. (2005), « Systems of Innovation Beyond Borders », thèse de doctorat, University of Western Sydney, février. Yeaple, S. R. (2003), « The Complex Integration Strategies of Multinationals and CrossCountry Dependencies in the Structure of Foreign Direct Investment », Journal of International Economics, vol. 60.

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3. LES COÛTS ET LES AVANTAGES DE LA MONDIALISATION–

Chapitre 3 Les coûts et les avantages de la mondialisation

Ce chapitre examine les coûts et les avantages de la mondialisation économique pour les pays de l’OCDE. En raison de la diversité des effets et la complexité du sujet, l’analyse se concentre sur les conséquences de la mondialisation pour l’emploi et la productivité. Sur la base des données empiriques, les pertes d’emploi à court terme sont comparées aux effets sur la productivité et l’emploi à plus long terme. Le chapitre accorde une attention particulière à l’impact des multinationales, en raison de leur rôle clé dans la mondialisation actuelle.

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62 – 3. LES COÛTS ET LES AVANTAGES DE LA MONDIALISATION

Un débat complexe La mondialisation des chaînes de valeur a plusieurs conséquences pour la performance économique : à des niveaux variables selon l’activité, la région et la catégorie sociale, elle touche certes l’emploi, mais aussi la croissance de la productivité, les prix, les salaires, les termes de l’échange, etc. En particulier, les préoccupations relatives aux incidences de la mondialisation sur l’emploi sont légion dans de nombreux pays de l’OCDE, et sont presque exclusivement centrées sur les possibles conséquences de l’externalisation et de l’implantation d’activités à l’étranger. Souvent, dans l’esprit du public, ces implantations, notamment lorsqu’il s’agit de délocalisations, sont synonymes d’exportation d’emplois et se traduisent directement par de pures déperditions pour le pays et sa main-d’œuvre (Deardorff, 2005). Dans la mesure où les délocalisations ne se limitent plus aux emplois manufacturiers mais s’étendent de plus en plus aux emplois de services, les catégories qui en subissent les conséquences englobent désormais, outre les ouvriers peu qualifiés, des employés de bureau et de services plus qualifiés (Van Welsum et Vickery, 2006). La frontière entre ce qui échangeable et ce qui ne l’est pas devient de plus en plus floue, et l’économie mondiale porte sur un nombre croissant de biens et de services. Les progrès importants des technologies de l’information et des communications (TIC) ont permis la délocalisation de certains types de services productifs, mais d’autres services nécessitent un contact physique et, pour cette raison, seront toujours difficilement échangeables (Bhagwati et al., 2004). Récemment, la nature de l’externalisation des services elle-même a changé. D’après la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED) (2004), la plupart des activités externalisées concernaient à l’origine des services basés sur l’informatique nécessitant un faible niveau de qualification, tels que la saisie de données. Or, les entreprises qui, les premières, ont établi des opérations de back-office en Inde au milieu des années 90 commencent aujourd’hui à externaliser des activités à plus forte valeur ajoutée. Il semble néanmoins que ces activités à niveau de compétences élevé – tâches de conception par exemple – génèrent moins d’emplois que les activités nécessitant des qualifications moindres comme la saisie de données. D’après les données disponibles, le nombre d’emplois moyen par 1 million USD d’exportations dans le secteur du développement de logiciels est d’une trentaine de personnes, contre 68 personnes dans le secteur des services basés sur l’informatique. Les craintes de pertes d’emplois dans les pays développés sont nourries par les écarts salariaux importants qui existent entre ces pays et d’autres comme l’Inde, la Chine et le Brésil, pays en développement très peuplés et de plus en plus présents sur les marchés mondiaux. L’argument logique est le suivant : du fait de ces écarts salariaux substantiels, les entreprises sont encouragées à déplacer leur production dans les pays à faible de niveau de salaire, fragmentant et optimisant leur chaîne de valeur à l’échelle mondiale. La concurrence exercée par les importations en provenance de ces pays à bas salaires réduira la compétitivité des entreprises et industries des pays développés, entraînant pertes d’emplois, pressions à la baisse sur les salaires et dégradation des conditions de travail.

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3. LES COÛTS ET LES AVANTAGES DE LA MONDIALISATION–

Tous ces effets pourraient amener des bouleversements dans les économies développées et induire des coûts d’ajustement considérables. Les coûts de main-d’œuvre sont un déterminant important des choix d’implantation des activités productives dans différents pays. Ils sont un des facteurs les plus liés à la localisation car ils reflètent les conditions du marché du travail à l’échelle locale. L’US Bureau of Labor Statistiques publie régulièrement des comparaisons des coûts de maind’œuvre dans le secteur manufacturier pour 25 pays de l’OCDE et six économies non membres de l’Organisation (Brésil ; Hong-Kong, Chine ; Israël ; Singapour ; Sri Lanka ; Taipei chinois). La Chine et l’Inde ne sont pas comprises dans ces estimations et ont été ajoutées en fonction des estimations établies par l’Oxford Economic Forecasting3. Le graphique 3.1 illustre la grande diversité des coûts de main-d’œuvre horaires, qui varient d’un peu plus de 0.6 USD en Chine et de 1 USD en Inde4 à plus de 30 USD en Norvège et au Danemark. Dans certains grands pays de l’OCDE, comme les États-Unis, le Japon, le Canada, la France et le Royaume-Uni, les coûts de main-d’œuvre horaires se situent autour de 20 USD. On observe également d’importants écarts de salaires à l’intérieur de la zone OCDE, par exemple entre les pays d’Europe centrale et orientale et les pays d’Europe occidentale, et entre le Mexique et les États-Unis. Par ailleurs, il faut garder à l’esprit que ces chiffres sont des moyennes ; les salaires des travailleurs hautement qualifiés en Chine, par exemple, sont peut-être beaucoup plus proches – en termes relatifs – de ceux de l’OCDE. Graphique 3.1. Coûts de main-d’œuvre horaires dans le secteur manufacturier, 2003 Pays membre de l’OCDE

Économie non membre de l’OCDE

USD 35 30 25 20 15 10 5

Chi ne

(1) Ind Me e xiqu Rép e ubl B i Hon que tc résil h gK ong èque Taip , Chi ei c ne hin o Por is tug a No uve C l lle- orée Zéla n Esp de agn e Ital ie Irla nd Can e a Aus da tral ie J Ro yau apon me -Un Fra i Éta nce t Lux s-Uni em s bo UE urg 15 (2 Suè ) Aut de ri Pay che s -B Fin as lan Bel de giq ue Sui Alle sse ma g Nor ne v Dan ège em ark

0

1. Les chiffres concernant la rémunération de la main-d’œuvre en Chine peuvent être sous-estimés étant donné que les travailleurs chinois peuvent bénéficier de différents types de rémunération non monétaire, notamment d’un hébergement subventionné. 2. Estimations pondérées en fonction des échanges internationaux, selon les statistiques du Bureau of Labor Statistics. Source : Estimations de BLS (2004) ; pour la Chine et l’Inde : Oxford Economic Forecasting, in Pilat et al. (2006), « Les mutations du secteur manufacturier dans les pays de l’OCDE ».

3.

Les estimations sont établies par conversion au taux de change d’une devise commune, et sont donc considérablement influencées par ce taux de change.

4.

Un rapport récent du Bureau of Labor Statistics, portant sur les salaires dans le secteur manufacturier en Chine, confirme que le salaire horaire dans ce pays est estimé à environ 0.57 USD (Banister, 2005).

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64 – 3. LES COÛTS ET LES AVANTAGES DE LA MONDIALISATION Les angoisses généralisées quant à cette « course vers le bas » supposée ne sont peutêtre pas fondées, car elles reposent sur une vision partielle des réalités de la mondialisation. Par exemple, la simple comparaison des niveaux de salaires ne tient pas compte des écarts de productivité du travail entre pays. Il y a donc lieu d’effectuer les corrections nécessaires pour évaluer la compétitivité réelle des industries manufacturières de l’OCDE et la vulnérabilité de leurs emplois. Des coûts de main-d’œuvre élevés ne peuvent être assumés que si la productivité du travail est forte ; inversement, les pays à faible coût de main-d’œuvre se caractérisent généralement par une faible productivité du travail. En outre, les coûts de main-d’œuvre ne représentent qu’une fraction (parfois même assez restreinte) du coût total d’un produit. Par conséquent, ils ne sont pas le seul facteur qui motive la décision d’une entreprise de délocaliser une partie de sa production. Plus important encore, en se focalisant exclusivement sur les conséquences pour l’emploi. et en particulier les coûts salariaux, on ampute le débat sur l’impact économique de la mondialisation, au risque de négliger d’autres effets. De manière générale, le processus de mondialisation a divers effets : positifs (ses avantages) et négatifs (ses coûts) ; dispersés et concentrés ; à court et à long terme. Cependant, les effets négatifs, visibles et à court terme (par exemple, les pertes d’emplois) sont ceux qui attirent le plus l’attention des médias et auxquels le public est le plus sensible, car ils sont beaucoup plus faciles à mesurer que les avantages indirects à long terme. Les coûts à court terme (de transition) sont souvent temporaires ou ponctuels, tandis que les effets à long terme correspondent fréquemment à des gains permanents. De plus, les gains issus de la mondialisation ne concernent qu’indirectement les personnes dont l’emploi a été affecté. La mondialisation et les implantations à l’étranger (y compris les délocalisations) peuvent conduire, dans un premier temps, à des pertes d’emplois à court terme dès lors que certaines activités sont déplacées à l’étranger ou perdent de leur importance. Cela ne signifie pas pour autant que ces emplois auraient été préservés en l’absence de délocalisations. On peut supposer, en effet, qu’une partie ou la totalité des emplois concernés auraient été perdus de toute façon au travers d’autres mesures visant à améliorer l’efficience (augmentation de la productivité, automatisation, etc.). Par conséquent, les pays à bas salaires ne « volent » pas nécessairement les emplois des pays à salaires élevés, étant donné que certains emplois ne sont économiquement viables que dans un environnement de bas salaires et n’existeraient tout simplement pas dans un pays à salaires élevés. Par ailleurs, si la mondialisation entraîne le départ de certaines activités, elle en fait venir d’autres, par exemple en stimulant les exportations des pays de l’OCDE ou lorsque les filiales étrangères des entreprises multinationales étendent leurs activités dans des pays de l’OCDE. La mondialisation est un processus bidirectionnel, qui implique de mettre en balance les pertes d’emplois dues aux délocalisations et les gains d’emplois résultant de l’externalisation des activités des autres pays dans le pays d’origine. De plus, les délocalisations permettent aux entreprises de privilégier leur cœur de métier et de développer l’emploi dans d’autres secteurs. Comme on le verra plus loin, la mondialisation a également des effets positifs sur la productivité, qui peuvent amener des baisses de coûts et de prix à la fois dans le secteur directement concerné et dans ceux qui utilisent ses produits en aval. Cela accroît non seulement les revenus réels et la richesse des consommateurs mais contribue aussi à la création d’emplois dans d’autres pans de l’économie. D’après Bhagwati et al. (2004), même si les délocalisations entraînent des pertes d’emplois et des baisses de salaire dans COMMENT RESTER COMPÉTITIF DANS L'ÉCONOMIE MONDIALE : PROGRESSER DANS LA CHAÎNE DE VALEUR – ISBN-92-64-9789264034266 © OCDE 2007

3. LES COÛTS ET LES AVANTAGES DE LA MONDIALISATION–

certaines branches, elles contribuent probablement à créer de nouveaux emplois dans le pays d’origine. En effet, lorsqu’une entreprise a la possibilité d’utiliser à l’étranger une main-d’œuvre peu qualifiée meilleur marché, une activité faisant appel à une main d’œuvre plus qualifiée dans le pays d’origine peut devenir économiquement viable. Les délocalisations permettent à certaines entreprises de rester rentables et de préserver les emplois nationaux. Grâce aux économies qu’elles réalisent en délocalisant, elles peuvent baisser leurs prix, proposer des produits et des services améliorés ou investir dans de nouvelles technologies. La théorie économique prédit que les délocalisations contribueront à améliorer les niveaux de vie moyens non seulement en faisant baisser les prix au travers de la productivité, mais aussi en permettant aux consommateurs d’accéder à un éventail plus large de biens et de services, dont ils seraient privés en d’autres circonstances. La théorie et l’analyse économiques n’ont eu de cesse de souligner les avantages du renforcement de l’intégration économique, tout en reconnaissant explicitement que la répartition de ces effets positifs n’est pas uniforme et que la mondialisation fait nécessairement des gagnants et des perdants. De nombreuses études ont confirmé ces prédictions théoriques en présentant, pour plusieurs pays, des données empiriques probantes (voir ci-dessous). Les effets globaux de la mondialisation et leur diffusion dans les différentes branches d’activité, régions et catégories sociales dépendent de nombreux facteurs qui ne sont pas faciles à récapituler. Les éléments probants dont on dispose, concernant ces effets, sont éparpillés entre un grand nombre d’études, qui reposent sur des sources de données et des approches méthodologiques très diverses. Le McKinsey Global Institute a essayé de calculer les avantages économiques associés à une délocalisation des services des ÉtatsUnis vers l’Inde pour ces deux pays (voir encadré 3.1). Les paragraphes qui suivent n’ont pas pour objectif de recenser tous les effets de la mondialisation, mais se concentrent sur deux aspects qui revêtent un intérêt particulier, à savoir l’impact sur l’emploi (et, plus généralement, sur le marché du travail) et l’impact sur la productivité.

Effets sur l’emploi Pertes d’emplois à court terme : importantes en valeur absolue, modestes en termes relatifs Les études qui ont reçu le plus d’attention sont celles qui chiffrent concrètement les emplois (potentiellement) perdus à cause de délocalisations et de partages de la production au plan international. Parce qu’elles se focalisent sur les effets négatifs, concentrés et à court terme de la mondialisation, ces études parviennent généralement à la conclusion que les délocalisations d’activités (et donc d’emplois) conduisent à des pertes d’emplois élevées en valeur absolue. Les résultats ne sont pas toujours comparables d’une étude à l’autre, car le champ couvert est variable (industrie manufacturière, services ou ensemble de l’économie, pays différents), tout comme le sens donné au terme « pertes d’emplois » (emplois « susceptibles » d’être supprimés, qui seront « probablement » supprimés, ou « effectivement » supprimés). La publication Offshoring: An Elusive Phenomenon de la National Academy of Public Administration des États-Unis (2006) donne un compte-rendu détaillé des différents résultats obtenus et méthodologies utilisées.

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66 – 3. LES COÛTS ET LES AVANTAGES DE LA MONDIALISATION Encadré 3.1. Calcul des avantages économiques de la délocalisation L’approche McKinsey MGI (2003) a calculé les économies de coûts associées aux délocalisations des services à la clientèle des entreprises américaines vers l’Inde, ainsi que les avantages économiques globaux résultant de ces investissements pour les États-Unis. Selon ses estimations, chaque dollar investi par les entreprises dans les délocalisations génère une économie de base de 0.58 USD et, pour les États-Unis leur ensemble, un gain directement associé de 0.09 USD, dû à la hausse des exportations vers l’Inde et aux bénéfices rapatriés par les fournisseurs américains basés en Inde. Si l’on prend en compte les gains additionnels issus du réemploi des travailleurs ayant perdu leur travail à cause des délocalisations, estimés à 0.45 à 0.47 USD, l’avantage économique global pour les États-Unis atteint entre 1.12 et 1.14 USD par dollar investi par les entreprises (et si l’on actualise le calcul avec les chiffres de 2005, l’avantage estimé ressort à une fourchette de 1.14 à 1.17 USD). Les avantages pour l’économie indienne sont estimés à 0.33 USD par dollar, d’où un avantage économique global compris entre 1.45 et 1.47 USD. Selon des travaux plus récents du MGI (2004, 2005), les avantages économiques associés aux délocalisations n’ont pas la même ampleur aux États-Unis et en Europe. En Allemagne (MGI, 2004), par exemple, les gains économiques estimés s’élèveraient à seulement 0.80 USD par dollar investi dans les délocalisations. L’écart s’explique en grande partie par le fait que les entreprises allemandes délocalisent principalement dans des pays d’Europe orientale et non en Inde, où les salaires sont beaucoup plus bas. Les avantages économiques estimés associés au réemploi sont également plus faibles en Allemagne, en raison de la moindre flexibilité du marché du travail. Les résultats obtenus pour la France sont à peu près similaires à ceux de l’Allemagne, mais le gain pour l’économie française est légèrement supérieur, à 0.86 USD par dollar investi dans les délocalisations (MGI, 2005).

L’une des approches possibles, adoptée par plusieurs études, consiste à estimer l’impact potentiel des délocalisations sur l’emploi. Le tableau 3.1 récapitule les estimations des analystes quant au nombre d’emplois susceptibles d’être délocalisés. Dans le cadre de leurs travaux sur la délocalisation des services basés sur l’informatique, Van Welsum et Vickery (2005) ont estimé la part des personnes occupées dont les tâches principales pourraient éventuellement être effectuées à l’étranger, en utilisant des données sur l’emploi par profession et par secteur. Les professions ont été sélectionnées à partir d’un examen détaillé des profils des postes et des tâches, quatre critères ayant été retenus pour déterminer si une tâche pouvait être délocalisée ou non : i) utilisation intensive de l’informatique, ii) production susceptible d’être commercialisée ou transmise par des moyens informatiques, iii) contenu élevé de connaissances codifiables, et iv) possibilité d’effectuer la tâche considérée sans contact physique. Selon cette analyse, environ 20 % des emplois totaux dans les pays de l’OCDE concernent des fonctions susceptibles d’être affectés par les délocalisations. Un grand nombre de ces emplois se trouvent dans les secteurs des services aux entreprises (comptabilité et conseil par exemple), des services financiers et de la recherche-développement. Dans une analyse ultérieure, Van Welsum et Vickery (2006) ont établi une distinction entre les professions hautement spécialisées et celles consistant en du travail de bureau, et ont constaté que les tâches les plus simples étaient les plus susceptibles d’être délocalisées ; plus l’ensemble de tâches exécuté est complexe, plus il est difficile de délocaliser l’emploi correspondant. Ce résultat corrobore les données présentées par Grossman et Rossi-Hansberg (2006), Hillberry et Hummels (2005) et Levy et Murnane (2004).

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3. LES COÛTS ET LES AVANTAGES DE LA MONDIALISATION–

Tableau 3.1. Emplois « affectés » par les délocalisations, différentes estimations Emplois susceptibles d’être délocalisés Van Welsum et Vickery (2005)

En 2002, 18.1% de l’emploi total en 2002 aux États-Unis, 13% en Corée En 2003, 19.2% dans l’UE15, 18.6% au Canada, 19.4% en Australie

OCDE

Jensen et Kletzer (2005)

13.7% de l’emploi total en 2002

États-Unis

Garner (2004)

14 millions d’emplois dans les services soit 10% de l’emploi total en 2000

États-Unis

Bardhan et Kroll (2003)

15 millions d’emplois dans les services soit 11.7% de l’emploi total en 2003

États-Unis

Blinder (2006)

28 to 42 millions d’emplois dans les services, 20 à 25% de l’emploi total en 2004

États-Unis

McKinsey Global Institute (2005)

160 millions d’emplois dans le monde soit 11% de la main d’œuvre mondiale en 2003

Monde

McKinsey Global Institute (2005)

4.1 millions d’emplois dans le monde entre 2005 et 2008

Monde

Forrester Research (2004a)

3.3 millions d’emplois dans les services entre 2005 et 2015

États-Unis

Forrester Research (2004b)

1.16 millions d’emplois dans les services entre 2005 et 2015

Europe

Goldman Sachs (2003)

6 millions d’emplois entre 2003 et 2013

États-Unis

Schultze (2004)

72 000 emplois en 2002-03

États-Unis

European Restructuring Monitor (2005)

78 267 emplois en 2002-04

Europe

Garner (2004)

218 000 emplois en 2000-02

États-Unis

McKinsey Global Institute (2005)

565 000 emplois en 2000-02

Monde

Emplois qui seront probablement délocalisés

Emplois effectivement délocalisés

Source : Estimations basées sur National Academy of Public Administration (2006).

Utilisant une méthodologie similaire fondée sur les caractéristiques professionnelles, Bardhan et Kroll (2003) et Garner (2004) parviennent à la conclusion que 10 % environ des emplois totaux sont « potentiellement » concernés par la délocalisation des services aux États-Unis. Jensen et Kletzer (2005), qui se sont appuyés non pas sur les caractéristiques professionnelles mais sur la localisation de la production, ont estimé la part des emplois relevant des services échangeables à 13.7 % de l’emploi total aux ÉtatsUnis. Les auteurs entendent par emplois « échangeables » les emplois situés dans des secteurs géographiquement concentrés. Au vu des résultats, un premier constat s’impose : les emplois manufacturiers sont globalement plus « échangeables », puisqu’ils sont 86.3 % dans ce cas contre 32.6 % des emplois de services. En outre, on observe des différences importantes entre les secteurs individuels : dans les professions informatiques et mathématiques, 100 % des emplois sont échangeables, contre 4 % dans le secteur de la préparation alimentaire. McKinsey Global Institute (2005) estime le nombre d’emplois susceptibles d’être délocalisés dans le monde à 160 millions, soit 11 % de la main-d’œuvre mondiale en 2003. Par ailleurs, l’institut observe des différences significatives entre secteurs : les délocalisations menacent seulement 3 % des emplois dans le commerce de détail et 8 % dans le secteur des soins de santé, mais presque 50 % dans les secteurs des logiciels de série et des services informatiques. Ces différents chiffres donnent une estimation haute du nombre d’emplois susceptibles d’être délocalisés, même si, fondamentalement, ils englobent à la fois les emplois susceptibles d’être délocalisés à l’étranger et ceux qui risquent d’être externalisés dans le pays même. L’inconvénient manifeste de cette COMMENT RESTER COMPÉTITIF DANS L'ÉCONOMIE MONDIALE : PROGRESSER DANS LA CHAÎNE DE VALEUR – ISBN-92-64-9789264034266 © OCDE 2007

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68 – 3. LES COÛTS ET LES AVANTAGES DE LA MONDIALISATION approche est qu’elle examine les impacts potentiels des délocalisations et non, par exemple, les impacts effectifs mesurés. L’écart entre le nombre d’emplois susceptibles d’être délocalisés et le nombre d’emplois qui le seront probablement correspond au degré d’adoption de la délocalisation, qui est influencé par plusieurs facteurs : pressions sur les coûts, concurrence pour les ressources, taille de l’entreprise et environnement juridique, réglementaire, social et politique dans le pays récepteur (McKinsey Global Institute, 2005). Prenant en compte tous ces facteurs, le McKinsey Global Institute a calculé que d’ici la fin de 2008, 4.1 millions d’emplois seraient « probablement délocalisés » dans le monde (à comparer aux 160 millions d’emplois « susceptibles d’être délocalisés »). À partir d’informations recueillies dans le cadre d’entretiens avec des experts de l’industrie, Goldman Sachs (2003) a estimé que 6 millions d’emplois manufacturiers et de services pourraient être délocalisés dans le monde durant la prochaine décennie. Autre étude sur la délocalisation fréquemment citée, Forrester Research (2004a) a estimé, sur la base d’entretiens et d’enquêtes menés auprès des entreprises, que selon toute probabilité, 3.3 millions d’emplois de services aux États-Unis seront délocalisés d’ici 2015. Pour l’Europe, Forrester Research (2004b) a estimé qu’à la date d’août 2004, 81 000 emplois relevant de l’informatique et d’autres services avaient été délocalisés hors d’Europe, et qu’ils seraient 1.16 million d’ici 2015. Certains commentateurs sont d’avis que ces volumes estimés imposants et le rythme croissant des délocalisations (de services) ont des répercussions majeures sur les économies des pays développés (Friedman, 2005 ; Blinder, 2006). Toutefois, si les estimations du nombre d’emplois qui seront probablement délocalisés sont élevées en valeur absolue, l’impact direct sur l’emploi est relativement restreint en comparaison des rotations d’emplois sur le marché du travail qui résultent du développement technologique, de l’évolution de la demande des consommateurs, etc. (Baily et Farrel, 2004 ; Brown et Spletzer, 2005). L’estimation, fréquemment citée, faisant état d’une délocalisation probable de 3.3 millions d’emplois de cols blancs aux États-Unis d’ici 2015 (Forrester Research) impliquerait une perte trimestrielle de 55 000 emplois, ce qui est relativement faible en comparaison des 7 millions d’emplois qui ont été perdus en moyenne par trimestre aux États-Unis au cours des 10 dernières années à cause de la rotation normale des emplois (Kirkegaard, 2004). Par ailleurs, d’autres auteurs tels que Bhagwati et al. (2004) ont montré que les suppressions d’emplois de services dues aux externalisations étaient relativement réduites – de l’ordre de 1 % des emplois créés et supprimés par an aux États-Unis. Le constat semble être le même en Europe, puisque l’estimation de 1.16 million d’emplois « probablement » délocalisés dans les secteurs de l’informatique et d’autres services implique que 2 % environ seulement des emplois de services en Europe sont potentiellement vulnérables (Kirkegaard, 2005). Le rôle apparemment modeste des délocalisations dans les pertes d’emplois totales se reflète également dans la faible contribution des délocalisations aux suppressions d’emplois totales effectuées à ce jour. Étant donné que la plupart des pays ne publient pas de statistiques officielles sur l’ampleur des délocalisations, il est nécessaire d’utiliser des données indirectes pour évaluer le rôle des délocalisations dans les pertes d’emplois effectives (par opposition aux pertes d’emplois potentielles ou probables). Schultze (2004) a examiné les statistiques des licenciements collectifs (Mass Layoff Statistics, MLS) du ministère du Travail des États-Unis, qui consignent les licenciements collectifs de plus de 50 personnes aux États-Unis et les causes de ces licenciements. En 2002-03, ces actions ont concerné 900 000 personnes en moyenne, mais seulement 4 % environ d’entre elles sont attribuées à la concurrence des importations ou aux délocalisations à COMMENT RESTER COMPÉTITIF DANS L'ÉCONOMIE MONDIALE : PROGRESSER DANS LA CHAÎNE DE VALEUR – ISBN-92-64-9789264034266 © OCDE 2007

3. LES COÛTS ET LES AVANTAGES DE LA MONDIALISATION–

l’étranger. Entre 1996 et 2003, les délocalisations à l’étranger auraient été responsables de 0.9 % de l’ensemble des licenciements recensés par les MLS (US GAO, 2004). Depuis 2004, une nouvelle méthodologie est utilisée pour analyser les causes des licenciements collectifs. Les résultats provisoires indiquent qu’entre 2004 et la mi-2005, 1.6 % seulement des suppressions d’emplois ont été provoquées par des délocalisations à l’étranger (Brown et Spletzer, 2005 ; Mankiw et Swagel, 2006). Ces résultats recoupent largement ceux de l’European Restructuring Monitor (ERM), qui suit la presse quotidienne et financière de l’UE15 depuis 2002 pour répertorier les cas de restructuration industrielle en Europe qui affectent au moins un pays de l’UE15 à travers la suppression annoncée ou effective d’au moins 100 emplois ou de 10% de la main-d’œuvre sur des sites employant 250 personnes ou plus. Dans les données de l’ERM, les externalisations et les délocalisations à l’étranger représentent (seulement) 7 % environ des pertes d’emplois totales. Il est possible que les résultats obtenus tant pour les États-Unis que pour l’UE15 sous-estiment dans une certaine mesure les pertes d’emplois exactes en raison des seuils d’inclusion utilisés dans les deux bases de données. Les licenciements de faible ampleur, par exemple, sont exclus. En outre, les estimations ne peuvent pas saisir les effets sur l’emploi qui se traduisent, non pas par des pertes d’emplois, mais par une diminution du nombre d’embauches dans les entreprises qui délocalisent. Autre point important, la plupart des estimations sur les pertes d’emplois potentielles, probables ou effectives n’établissent aucune distinction en fonction du pays récepteur. Certaines études récentes ont estimé économétriquement l’impact sur l’emploi, en combinant des données détaillées au niveau des entreprises et des données sur la composition des échanges bilatéraux. Les données au niveau des entreprises, en particulier les études sur le secteur manufacturier en France (Aubert et Sillard, 2005), montrent clairement que la délocalisation peut consister à redéployer l’activité d’un pays de l’OCDE vers un autre pays de l’OCDE, par exemple parce que les entreprises rationalisent ou concentrent leur production. Par conséquent, les emplois ne sont pas tous délocalisés dans des pays à bas salaires : ils peuvent l’être dans d’autres pays de l’OCDE, ce qui entraîne des effets de délocalisation interne positifs sur l’emploi dans la zone OCDE. Cette observation est d’autant plus importante que les échanges commerciaux et l’IDE des pays de l’OCDE sont orientés, en majorité, vers d’autres pays de l’OCDE.

Effets à long terme sur l’emploi global : de simples effets de composition, et non de niveau Le groupe d’études mentionné ci-dessus ne s’est intéressé qu’aux effets à court terme de la mondialisation et des délocalisations sur l’emploi, c’est-à-dire aux effets négatifs directs subis par le marché du travail des pays d’origine en raison de la hausse des importations et des délocalisations. Ces études présupposent implicitement que la quantité de travail disponible dans le monde est fixe et que les délocalisations réduisent l’emploi dans le pays concerné. Bien que la mondialisation puisse s’accompagner, à court terme, d’effets négatifs (quoique relativement restreints) sur l’emploi, les données empiriques montrent qu’à long terme, l’emploi global n’est pas pénalisé. Ce constat rejoint la théorie économique, qui prédit que la mondialisation ne devrait pas affecter le niveau d’emploi général, celui-ci étant déterminé à long terme par les variables macroéconomiques et les institutions du marché du travail des pays, et non par les échanges et l’IDE. Des travaux empiriques récents (OCDE, 2005b) montrent que l’évolution globale de l’emploi à long terme n’est pas plus défavorable dans les pays de l’OCDE qui sont les COMMENT RESTER COMPÉTITIF DANS L'ÉCONOMIE MONDIALE : PROGRESSER DANS LA CHAÎNE DE VALEUR – ISBN-92-64-9789264034266 © OCDE 2007

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70 – 3. LES COÛTS ET LES AVANTAGES DE LA MONDIALISATION plus ouverts aux échanges ou dont le degré d’ouverture aux échanges s’est accru le plus rapidement. Bien que les rapports emploi-population varient sensiblement d’un pays de l’OCDE à l’autre, ces différences ne semblent pas être systématiquement liées aux différences d’ouverture commerciale (graphique 3.2). De même, aucune association systématique n’apparaît entre les différences de degré d’ouverture commerciale et de taux de chômage. D’autres études n’ont relevé aucune association systématique entre l’ouverture et l’emploi global (pour une vue d’ensemble sur cette question, voir Hoekman et Winters, 2005). Graphique 3.2. Performances globales au regard de l’emploi et ouverture commerciale 1 A. Ouverture commerciale1 et rapport emploi-population, 2002 (%) 85 ISL 80 Rapport emploi-population

75 70

JPN

65 60 55

CHE NOR DNK SWE GBR NZL USA CAN AUS PRT FIN AUT DEU KOR FRA MEX ESP GRC ITA

NLD CZE

IRL

LUX

BEL SVK

HUN

POL

50

TUR

45 40 0

50

100

150

200

250

300

Ouverture commerciale

B. Évolution de l’ouverture commerciale1 entre 1990 et 2002 et du rapport emploi-population (%)2,3

Augmentation du rapport emploi-population

15 IRL NLD 10 ESP NZL NOR ITA ISL FRA GRC DEU AUS CHECAN DNK GBR 0 JPN PRT USA AUT 5

BEL

LUX

KOR MEX HUN SVK

CZE

-5 SWE

FIN TUR POL

-10 0

10

20

30

40

50

60

70

80

90

100

Augmentation de l'ouverture commerciale

Notes : Les coefficients de corrélation de ce graphique ne sont pas statistiquement significatifs. 1. Ouverture commerciale définie comme la somme des exportations et des importations en pourcentage du PIB. 2. Les données relatives à l’augmentation de l’ouverture pour la République slovaque et la République tchèque couvrent la période 1993-2002. Pour la Hongrie, la période couverte est 1991-2002. 3. La période utilisée pour calculer l’augmentation du rapport emploi-population part des années suivantes : Autriche 1994, Hongrie 1992, Islande 1991, Mexique 1991, Pologne 1992, République slovaque 1994, République tchèque 1993, et Suisse 1991. Source : OCDE (2005b), Perspectives de l’emploi de l’OCDE 2005.

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3. LES COÛTS ET LES AVANTAGES DE LA MONDIALISATION–

Les effets à long terme de la mondialisation semblent se manifester davantage dans la composition que dans le niveau de l’emploi global. Mettant en relation la croissance de l’emploi dans les industries manufacturières entre 1970 et 2000 et des données sur les flux d’échanges, les mêmes travaux (OCDE, 2005b) montrent que dans 11 des 15 pays examinés, l’emploi a baissé plus rapidement dans les branches où la concurrence internationale s’est le plus intensifiée (graphique 3.3). Le recul moyen de l’emploi dans les 15 pays concernés s’est établi à 27 % dans les branches où la concurrence internationale est forte, contre 16 % pour l’ensemble des industries manufacturières. Cette association donne à penser que l’intensification de la concurrence internationale des importations a pu jouer un rôle dans les pertes d’emplois déplorées par certaines industries manufacturières de la zone OCDE. Cela dit, l’impact résultant sur le marché du travail dans son ensemble a été directement atténué du fait qu’en 2000, dans les 15 pays considérés, les secteurs à forte concurrence internationale (essentiellement des industries manufacturières) représentaient moins de 4 % de l’emploi total. Graphique 3.3. Concurrence internationale1 et croissance de l’emploi Taux de croissance annuel, 1980-2000 Ensemble des industries manufacturières

Secteur manufacturier fortement concurrentiel

%

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1. Les branches où la concurrence internationale est forte sont les industries manufacturières où le taux de pénétration des importations net a le plus augmenté dans la période 1980-2000 (pour plus de précisions, voir OCDE, 2005b, Annexe 1.A1.1).. Source: Base de données STAN de l’OCDE et US Department of Labor, Bureau of Labor Statistics, Foreign Labor Statistics, novembre 2004 (ftp://ftp.bls.gov/pub/special.requests/ForeignLabor/ichccsuppt02.txt), sauf pour les données concernant les salaires en Inde, qui sont des estimations basées sur les données 2001 et 2003 de l’Oxford Economic Forecasting (www.oef.com), in OCDE (2005b), Perspectives de l’emploi de l’OCDE 2005.

L’intégration commerciale modifie la division internationale du travail, entraînant dans la plupart des pays de l’OCDE des pertes d’emplois dans certaines industries (par exemple le secteur manufacturier) consécutives à la disparition ou au dégraissage d’entreprises et de secteurs moins efficients. Dans ce processus, certains secteurs, groupes de travailleurs ou individus peuvent être pénalisés – comme par exemple les secteurs fortement exposés à la concurrence internationale qui n’ont pas su s’y adapter. En COMMENT RESTER COMPÉTITIF DANS L'ÉCONOMIE MONDIALE : PROGRESSER DANS LA CHAÎNE DE VALEUR – ISBN-92-64-9789264034266 © OCDE 2007

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72 – 3. LES COÛTS ET LES AVANTAGES DE LA MONDIALISATION contrepartie, les possibilités d’emplois dans d’autres secteurs (par exemple les services) se sont en général suffisamment améliorées pour éviter une dégradation de l’emploi global. Au vu des données, les échanges internationaux déstabilisent les travailleurs et les entreprises opérant dans des secteurs en concurrence avec les importations mais, dans le même temps, contribuent à faire baisser les prix et offrent aux entreprises de nouvelles possibilités pour asseoir leur présence sur les marchés étrangers.

À court terme, la mondialisation fait des gagnants et des perdants sur le marché du travail La mondialisation peut produire des effets disproportionnés sur certaines catégories de travailleurs, frappant durement des groupes souvent restreints et concentrés. La logique veut, en particulier, que les salaires réels de certains groupes de travailleurs diminuent après un abaissement des barrières commerciales, notamment parmi les travailleurs dont les qualifications sont spécifiques à des branches soumises à la concurrence des importations (modèle Ricardo-Viner) ou parmi les travailleurs peu qualifiés, dans les pays où les travailleurs très qualifiés sont relativement nombreux (propriété Stolper-Samuelson du modèle Hecksher-Ohlin). Par conséquent, l’intégration économique internationale qui s’opère par le biais des échanges a des effets redistributifs qui vont à l’encontre des principes d’équité ou engendrent une opposition à la libéralisation des échanges. Toutefois, étant donné que le libre échange conduit à l’optimum de Pareto dans des hypothèses normales, les travailleurs qui bénéficient de la libéralisation des échanges devraient pouvoir indemniser ceux qui sont lésés, tout en conservant un avantage net. Dans les faits, cependant, il est rare que des mécanismes d’indemnisation complets soient mis en œuvre. Les recherches empiriques s’accordent largement à montrer que si elle est bénéfique dans l’ensemble, l’intégration commerciale fait en général, à court terme, des gagnants et des perdants sur le marché du travail. Nombre d’études ont montré par quels mécanismes l’intensification de la concurrence des importations affecte, en particulier, la situation des travailleurs peu qualifiés sur le marché du travail des pays avancés. La mondialisation et la spécialisation accrue stimulent l’importation de produits à faible intensité de qualification à partir de pays où les salaires sont bas, avec pour conséquence une diminution de la demande de travailleurs peu qualifiés, qui entraîne à son tour une baisse des salaires ou du nombre d’emplois (voire les deux). La majorité de ces études parviennent à la conclusion que la situation des travailleurs peu qualifiés sur le marché du travail s’est détériorée dans l’ensemble (avec un accroissement des inégalités de revenu entre travailleurs très qualifiés et peu qualifiés). Il semble cependant que les échanges aient relativement peu contribué à ce phénomène (voir les synthèses de Freeman. 1995 ; Slaughter et Swagel, 1997 ; et Commission européenne, 2005b), les données montrant spécifiquement que le changement technologique, qui privilégie certaines qualifications, a joué un rôle plus important. En dépit de ces preuves empiriques, il est à l’évidence très difficile de faire la part des effets de ces différents facteurs. L’intégration des pays (y compris les pays à bas salaires) dans le système commercial mondial modifie la composition sectorielle de l’emploi, ce qui entraîne des coûts d’ajustement pour les travailleurs qui doivent changer de secteur d’activité ou de profession. Dans l’ensemble, les changements structurels liés aux échanges sont plus susceptibles d’affecter les travailleurs peu qualifiés que les travailleurs très qualifiés. Cela tient en partie à ce que, dans les secteurs les plus affectés par les échanges commerciaux (par exemple les industries à forte intensité de main-d’œuvre), les travailleurs sont souvent d’un certain âge, moins qualifiés et salariés de longue date dans la même COMMENT RESTER COMPÉTITIF DANS L'ÉCONOMIE MONDIALE : PROGRESSER DANS LA CHAÎNE DE VALEUR – ISBN-92-64-9789264034266 © OCDE 2007

3. LES COÛTS ET LES AVANTAGES DE LA MONDIALISATION–

entreprise (OCDE, 2005b). Fréquemment, sachant en outre qu’ils sont parfois très spécialisés, ces travailleurs ont plus de mal à se réinsérer dans le marché du travail que d’autres personnes confrontées à la perte de leur emploi. Un autre pan de la recherche a montré que les effets du commerce sur l’emploi dépendaient largement des institutions du marché du travail des pays, de l’efficience des marchés de capitaux et de la mobilité des facteurs entre secteurs (Hoekman et Winters 2005). La théorie classique des échanges repose sur l’hypothèse du plein emploi de la main-d’œuvre et du capital. Dès lors que les prix relatifs des facteurs et la demande relative pour les facteurs s’adaptent complètement dans l’économie importatrice et que les marchés du travail ne sont pas segmentés mais souples, l’emploi devrait revenir à son niveau d’équilibre à long terme, le prix relatif des facteurs utilisés intensivement dans les secteurs en concurrence avec les importations étant plus bas que dans la situation antérieure. Cependant, si ces conditions ne sont pas réunies, l’ajustement se traduira probablement par une réduction à long terme de la demande de facteurs, les prix relatifs des facteurs ne s’adaptant que dans une faible mesure. L’intensification de la concurrence internationale crée des problèmes d’ajustement sur le marché du travail, qui se reflètent dans une augmentation des suppressions d’emplois et dans le fait que certains des travailleurs qui en sont victimes connaissent de longues périodes de chômage et/ou subissent d’importantes pertes de salaire lorsqu’ils retrouvent un emploi. Ce facteur a été mis en avant pour expliquer les différences de résultats observées sur les marchés du travail d’Europe et des États-Unis, ainsi que l’opposition suscitée par certaines réformes visant à libéraliser la concurrence sur les marchés de produits. D’après les données disponibles pour les pays de l’OCDE, il semble que les travailleurs ayant perdu leur emploi aient plus de chances d’en retrouver un aux États-Unis que dans l’UE, mais que la perte de gains dont s’accompagne le retour à l’emploi soit plus faible dans l’UE qu’aux États-Unis (OCDE, 2005b). Aux États-Unis, les pertes de salaires élevées qui accompagnent le retour à l’emploi constituent une source particulièrement importante de pertes de revenu dues à la perte d’emploi. En Europe au contraire, ce sont le chômage de longue durée et la cessation d’activité qui sont les principales sources de pertes de revenu consécutives aux pertes d’emploi. Le marché du travail des États-Unis semble s’adapter plus rapidement à l’évolution de la situation économique. En effet, les emplois supprimés sont régulièrement remplacés par des emplois nouveaux, de sorte que les travailleurs qui perdent leur emploi à cause de changements économiques tels que la mondialisation peuvent s’attendre à retrouver facilement du travail.

Les effets des délocalisations diffèrent-ils des effets des échanges sur le marché du travail ? La délocalisation croissante des intrants intermédiaires (et non plus uniquement des biens finals), en particulier des services, a engendré de nouvelles formes de concurrence internationale, dont certains craignent qu’elles ne soient plus dommageables pour le marché du travail que les formes de concurrence préexistantes. Feenstra et Hanson (2003) estiment que les échanges d’intrants intermédiaires pourraient avoir des implications plus étendues pour les marchés du travail, du fait que ces échanges risquent d’affecter la demande de main-d’œuvre non seulement dans les secteurs en concurrence directe avec les importations, mais aussi ceux qui utilisent des intrants intermédiaires importés pour produire des biens et services finals. L’externalisation des services pourrait également avoir des répercussions plus vastes que l’externalisation des activités manufacturières, étant donné que de nombreuses COMMENT RESTER COMPÉTITIF DANS L'ÉCONOMIE MONDIALE : PROGRESSER DANS LA CHAÎNE DE VALEUR – ISBN-92-64-9789264034266 © OCDE 2007

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74 – 3. LES COÛTS ET LES AVANTAGES DE LA MONDIALISATION activités de services servent d’intrants intermédiaires dans la production d’autres biens et services. D’un autre côté, d’après Markusen (2005) et Bhagwati et al. (2004), les délocalisations de services devraient avoir des effets qualitatifs du même ordre car les délocalisations sont foncièrement un phénomène commercial. La seule différence tient à ce que les biens importés sont acheminés par des modes de transport traditionnels, alors que les services délocalisés sont généralement fournis par téléphone ou Internet (US Economic Report to the President, 2004 in Mankiw and Swagel, 2006). Dans ces conditions, il n’y a pas de raison d’analyser différemment les services échangeables et les biens (finals et intermédiaires) échangés. Pour leur part, Grossman et Rossi-Hansberg (2006) et Baldwin (2006) considèrent que les délocalisations actuelles sont de nature différente, les échanges portant de plus en plus sur des tâches individuelles et non plus sur des produits complets. Par le passé, la baisse rapide des coûts de transport a permis de découpler la production et la consommation, entraînant une hausse des échanges de marchandises (le « premier découplage »). Jusqu’à une époque récente, les activités de production étaient généralement concentrées en un seul endroit, en fonction des avantages comparatifs des pays. Cependant, la forte baisse des coûts de communication et de coordination a facilité la déconcentration spatiale des entreprises (le « deuxième découplage »). Dans ces chaînes de valeur mondiales et réseaux de production internationaux, ce ne sont plus seulement les biens et les services (intermédiaires ou finals) qui font l’objet d’échanges, mais aussi, de plus en plus, les tâches individuelles. Non seulement cette nouvelle forme de mondialisation influence les choix d’implantation des entreprises (en atténuant le lien entre spécialisation et concentration géographique), mais elle produit des effets importants sur les marchés du travail. Des emplois dont on pensait généralement, il y a peu, qu’ils étaient à l’abri de la mondialisation font l’objet de délocalisations croissantes ; de même, les travailleurs qualifiés se trouvent en concurrence directe avec la maind’œuvre de pays tels que l’Inde, car la délocalisation n’est plus limitée aux activités manufacturières mais s’étend aux opérations de services. Les principaux paramètres liés aux délocalisations ne semblent plus être le niveau d’études et les compétences des personnes, mais plutôt le caractère échangeable et routinier des tâches exécutées. La plupart des travaux de recherche effectués jusqu’à présent se sont concentrés sur la délocalisation des biens. Les recherches concernant les effets sur le marché du travail des délocalisations d’emplois de services en sont encore à leurs débuts. Dans le cas des pays de l’OCDE, les données montrent que l’externalisation internationale des biens est liée positivement à la demande relative de main-d’œuvre qualifiée et/ou aux salaires de cette catégorie de main-d’œuvre. D’après les estimations, dans la plupart des cas, l’externalisation internationale est à l’origine d’un quart à la moitié de l’amélioration observée des compétences. De manière générale, les données disponibles donnent à penser que la délocalisation de biens intermédiaires a eu des effets comparables, sur le plan qualitatif, à ceux des échanges de biens et services finals, mais qu’elle pourrait avoir un impact particulièrement prononcé sur la demande de qualifications (Feenstra et Hanson, (1999 ; Hijzen et al., 2004 ; Görg et Hanley, 2004). En déplaçant des opérations de production à faible intensité de qualification des pays où les qualifications sont relativement abondantes vers les pays à forte main-d’œuvre non qualifiée, la délocalisation stimule la demande relative de main-d’œuvre qualifiée dans les premiers pays et, ce faisant, renforce l’avantage associé aux compétences. Dans leur analyse des délocalisations de services, Amiti et Wei (2005) montrent que l’externalisation internationale des services affecte aussi bien les importations et que les exportations, ce qui dénote d’importants effets de délocalisation à l’étranger mais aussi en COMMENT RESTER COMPÉTITIF DANS L'ÉCONOMIE MONDIALE : PROGRESSER DANS LA CHAÎNE DE VALEUR – ISBN-92-64-9789264034266 © OCDE 2007

3. LES COÛTS ET LES AVANTAGES DE LA MONDIALISATION–

interne. S’appuyant sur des données relatives aux services informatiques et d’information et à d’autres services aux entreprises, ces auteurs constatent que les États-Unis, l’Allemagne, le Japon, les Pays-Bas, l’Italie, la France et le Royaume-Uni sont les principaux pays qui externalisent. Mais les États-Unis, le Royaume-Uni, l’Allemagne, la France et les Pays-Bas sont aussi – avec l’Inde et la Chine – les principaux pays destinataires des externalisations internationales de services. Si l’on prend les deux effets en compte, l’effet global net des délocalisations de services sur le marché du travail apparaît relativement réduit. Dans leurs analyses spécifiques du Royaume-Uni et des États-Unis, les chercheurs n’ont relevé aucune relation entre la croissance de l’emploi et la délocalisation des services au Royaume-Uni ; pour les États-Unis, ils ont observé un effet négatif faible uniquement lorsqu’ils utilisaient une classification sectorielle très détaillée. Des données montrent qu’au sein d’un même secteur, ce sont souvent les emplois faiblement rémunérés qui sont délocalisés, les emplois qualifiés étant maintenus dans le pays d’origine. Ayant examiné les effets des délocalisations de services informatiques aux États-Unis, Mann (2003) conclut que les emplois supprimés aux États-Unis se situent généralement au bas de l’échelle des salaires et des compétences. Dans une étude menée en 2005, l’auteur a constaté qu’entre 1999 et 2003, les États-Unis avaient perdu 125 000 emplois dans le secteur de la programmation, mais qu’ils avaient créé 425 000 emplois supplémentaires pour des ingénieurs et analystes en logiciel, plus qualifiés que les programmeurs. Jensen et Kletzer (2005) se sont servis de la Displaced Worker Survey (DWS – Enquête sur les travailleurs victimes de suppressions d’emplois) menée aux États-Unis pour comparer les caractéristiques des travailleurs victimes de suppressions d’emplois dans les activités de services et dans les industries manufacturières. En général, la main-d’œuvre qui était précédemment employée dans les services échangeables présente un niveau d’études, de compétences et de gains supérieur à celui des ouvriers des industries manufacturières. Dans ce contexte, les suppressions d’emplois dues aux échanges présentent des caractéristiques similaires dans le secteur de services et dans celui des biens, puisque dans les deux cas, ce sont les travailleurs relativement peu qualifiés qui sont touchés – même si le niveau de compétences moyen de la main-d’œuvre est plus élevé dans les services échangeables que dans l’ensemble du secteur manufacturier. Ces résultats sont compatibles avec l’hypothèse selon laquelle la mondialisation et les délocalisations amèneraient l’économie américaine à se spécialiser dans les activités à plus forte valeur ajoutée.

Effets des entreprises multinationales sur l’emploi Les effets positifs de la mondialisation sur l’emploi peuvent résulter de la création de nouveaux emplois dans les filiales étrangères des multinationales. Ce phénomène, dit de délocalisation en interne, a été examiné dans une étude consacrée aux États-Unis (Slaughter, 2004). Au cours des dernières années, les filiales d’entreprises étrangères opérant aux États-Unis ont intensifié leur engagement dans l’économie américaine en développant leurs activités et en établissant de nouvelles entreprises. D’après cette étude, les filiales étrangères opérant aux États-Unis employaient plus de 5.4 millions de travailleurs sur le territoire américain en 2002, ce qui représente environ 5 % de l’emploi total dans le secteur privé et environ 6 % de la rémunération totale versée dans ce secteur. De plus, l’étude montre que l’importance des filiales étrangères ne se limite pas à leurs effets sur l’emploi mais s’étend à d’autres domaines. Par exemple, il ressort de l’étude que les filiales étrangères étaient à l’origine de 10 % des dépenses en capital effectuées

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76 – 3. LES COÛTS ET LES AVANTAGES DE LA MONDIALISATION aux États-Unis, de 14 % des investissements en R-D totaux dans le pays et de 20 % des exportations américaines. Graphique 3.4. Évolution de l’emploi des filiales étrangères dans certains pays membres de l’OCDE, 1995-2002 a) Secteur manufacturier, milliers de personnes Milliers

7 400

7 500 7 400

7 000

États-Unis 6 500

5 968

6 000 34.2%

5 500 5 000

38.2%

Royaume-Uni

4 500 11.8% 4 000

France

3 500

12.0%

13.5%

Allemagne

3 000 2 500

12.0%

2 000

8.3%

1 500

7.1% 1.5%

Italie Japon

5.1% 6.9% 2.0%

Autres pays de l'OCDE (1)

26.5%

1 000 20.9%

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1995

2001

b) Services, en pourcentage de l’emploi total 1995

2

2002

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1. Englobe la République tchèque, la Hongrie, la Finlande, l’Irlande, le Luxembourg, les Pays-Bas, la Norvège, la Pologne, le Portugal, la Suède et la Turquie. 2. 1995-2001 pour l’Autriche, la Finlande et la France; 1996-2002 pour la Belgique et le Portugal; 1997-2002 pour les États-Unis; 1998-2002 pour la Hongrie et la Pologne; 1997-2001 pour les Pays-Bas; 1997-2000 pour la Suède. 3. S’agissant des États-Unis, les données relatives aux filiales étrangères sont ventilées par secteur de vente pour être comparables avec les totaux nationaux. Source : OCDE (2005a), Indicateurs de la mondialisation économique, OCDE, Paris.

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3. LES COÛTS ET LES AVANTAGES DE LA MONDIALISATION–

L’OCDE dispose de données pour plusieurs autres pays membres (graphique 3.4). On voit qu’à partir de 1995, l’emploi des filiales étrangères a augmenté dans la plupart des pays, aussi bien dans le secteur manufacturier que dans les services. Parmi les pays couverts par les données, l’Allemagne et la Belgique sont les seules exceptions – la première en ce qui concerne le secteur manufacturier et la seconde les services. Compte tenu de l’importance des filiales étrangères dans l’emploi total de certains pays de l’OCDE (elles représentent près de 50 % de l’emploi manufacturier en Irlande), il paraît important de les prendre en compte dans les estimations de l’impact de la mondialisation sur l’emploi. Les données ne permettent pas de dissocier les investissements nouveaux des fusions et acquisitions dans l’analyse des sources de croissance de l’emploi des filiales étrangères. Beaucoup considèrent que la croissance de l’emploi imputable aux fusions et acquisitions est fictive, et que seuls les investissements nouveaux créent véritablement de nouveaux emplois. Même si cela est vrai, il est utile de comparer la situation de l’emploi consécutive à une opération de fusion-acquisition à ce qu’elle aurait été si l’entreprise cible n’avait pas été rachetée. Les emplois n’auraient pas forcément été maintenus, car nombre d’entreprises ayant fait l’objet d’un rachat sont confrontées à des problèmes qui peuvent difficilement être surmontés sans l’aide de nouveaux acquéreurs. De plus, les fusions et acquisitions exercent souvent d’autres types d’effets positifs en termes d’investissements en capital physique et en R-D (Slaughter, 2004). En marge de ces effets directs, les filiales étrangères peuvent générer des retombées plus indirectes sur le marché du travail des pays d’accueil. Plusieurs auteurs ont analysé l’impact des filiales étrangères sur les salaires relatifs de la main-d’œuvre qualifiée et sur la création d’emplois dans les entreprises nationales. La plupart concluent que l’IDE n’est probablement pas la principale cause de la hausse de la demande relative de maind’œuvre qualifiée, les échanges paraissant jouer dans ce domaine un rôle plus important. L’impact de l’IDE sur l’emploi des entreprises nationales est mitigé : d’un côté, il est possible que les entreprises étrangères fassent bénéficier les entreprises nationales de retombées technologiques et stimulent, par ce biais, les activités locales de ces dernières ; d’un autre coté, l’entrée d’entreprises étrangères sur le marché pourrait faire concurrence aux entreprises nationales et exercer un effet d’éviction sur les investissements et l’emploi locaux. Ce deuxième effet domine dans quelques études, notamment celles qui se concentrent sur des pays en développement. Au-delà des effets de l’IDE sur les pays d’accueil, l’impact des filiales étrangères sur l’emploi dans les pays d’origine a reçu beaucoup d’attention ces dernières années. Aux États-Unis, par exemple, l’emploi dans les sociétés-mères implantées aux États-Unis a diminué, tandis que l’emploi dans les filiales situées à l’étranger a augmenté, en particulier dans les pays à bas salaires. Les multinationales étant souvent considérées comme des entreprises sans attaches, le renforcement de l’intégration pourrait nuire à l’emploi dans les pays d’origine si les multinationales relocalisent leurs activités dans d’autres pays. Cependant, mis à part quelques données isolées portant sur des entreprises individuelles, les informations disponibles ne permettent pas d’établir de distinction entre les opérations d’expansion à l’étranger qui exercent un effet de substitution sur l’emploi dans le pays d’origine et celles qui sont concourantes à la création d’emplois dans le pays d’origine. Par exemple, la création de nouveaux emplois à l’étranger peut permettre à la société-mère d’accroître ses effectifs dans le pays d’origine. Autre cas de figure, en l’absence de délocalisation, une société-mère pourrait se voir contrainte de réduire ses effectifs. Qui plus est, les filiales étrangères peuvent être à l’origine d’effets plus indirects sur l’emploi national. Par exemple, lorsqu’une entreprise délocalise une partie de ses activités au profit d’une filiale à l’étranger, elle peut être amenée à exporter vers cette COMMENT RESTER COMPÉTITIF DANS L'ÉCONOMIE MONDIALE : PROGRESSER DANS LA CHAÎNE DE VALEUR – ISBN-92-64-9789264034266 © OCDE 2007

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78 – 3. LES COÛTS ET LES AVANTAGES DE LA MONDIALISATION filiale des intrants fabriqués dans le pays d’origine, ce qui à l’évidence contribuera à créer des emplois. Par conséquent, le renforcement de la présence étrangère des entreprises peut aller de paire avec un gain d’emplois dans le pays d’origine. Les donnés d’analyse sont pour le moins mitigées. Dans le cas des États-Unis, Desai et al. (2005) et Hanson et al. (2005) concluent que le renforcement de la présence des multinationales américaines à l’étranger est corrélé très positivement à la croissance de l’emploi dans les sociétés-mères aux États-Unis. À l’inverse, Brainard et Riker (1997, 2001) constatent un effet de substitution entre la main-d’œuvre employée dans les sociétés-mères des multinationales américaines du secteur manufacturier et la maind’œuvre employée dans leurs filiales à l’étranger, même si cet effet est généralement restreint. Harrison et McMillan (2006) observent des effets variables qui dépendent du pays d’accueil des filiales américaines : d’après leurs résultats, l’emploi des filiales américaines implantées dans des pays à bas revenus se substitue à l’emploi des sociétésmères situées aux États-Unis, tandis que l’emploi des filiales opérant dans des pays à revenu élevé complète l’emploi dans le pays d’origine. Les auteurs font néanmoins remarquer que le développement technologique et les importations (en provenance des pays à bas salaires) exercent un effet particulièrement important sur l’emploi des sociétésmères aux États-Unis. Les résultats obtenus pour les multinationales suédoises semblent contredire ceux des études consacrées aux entreprises américaines : d’après Braconier et Ekholm (2000), il y a davantage de probabilités pour qu’un effet de substitution d’emploi s’opère entre la société-mère et la filiale lorsque la filiale est implantée dans un pays à revenu élevé que lorsqu’elle exerce dans un pays à bas revenu, ce qui donne à penser que l’emploi en Suède n’est pas pénalisé par l’IDE dans les pays à bas coûts. Ce résultat est corroboré dans une certaine mesure par d’autres études consacrées aux multinationales européennes (Konings et Murphy, (2003 ; Becker et al., 2005), qui observent un effet de substitution d’emploi entre sociétés-mères et filiales beaucoup plus élevé pour les filiales exerçant dans l’UE15 que pour celles opérant en Europe centrale ou orientale. Globalement, ces études laissent supposer qu’il existe bel et bien des effets de substitution d’emploi mais que ces effets sont restreints pour certains pays. D’après les données, une réduction de 10 % des coûts de main-d’œuvre dans les filiales de la CEE est associée à une réduction de 0.3 % de l’emploi des sociétés-mères en Belgique et à une réduction de 0.2 % en France (Commission européenne, 2005).

Effets sur la productivité Effets de l’ouverture sur la productivité globale Les recherches théoriques consacrées à l’économie des échanges internationaux vantent de longue date les avantages nets associés à l’ouverture commerciale. Bien souvent, les gains statiques standard tirés des échanges proviennent de l’exploitation d’avantages concurrentiels et d’économies d’échelle. Au lieu de produire un bien ou un service donné, un pays peut indirectement profiter davantage de l’exportation de biens et services pour lesquels il détient un avantage concurrentiel. Le commerce international ouvre les marchés étrangers pour les biens et services que le pays d’origine est à même de produire de la manière la plus efficiente parce qu’il dispose d’un avantage technologique (modèles ricardiens) ou de facteurs abondants (modèles de Hecksher-Ohlin). En outre, l’élargissement des marchés dû aux échanges peut permettre aux entreprises de tirer parti d’économies d’échelle qui sont inexistantes lorsque la commercialisation se limite au

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marché national, et contribuer ainsi à la baisse des coûts (modèles de la concurrence imparfaite). Simultanément, le commerce international entraîne en général une baisse des prix des biens et services importés (finals et intermédiaires), et accroît la diversité et la qualité des produits dans le pays d’origine. Les marchés élargis par les échanges internationaux autorisent aussi une division plus poussée du travail par-delà les frontières et peuvent accueillir une palette plus large d’entreprises spécialisées. L’accès à des intrants de meilleure qualité, meilleur marché et plus diversifiés améliore la productivité des entreprises qui les incorporent à leurs produits. Les gains associés aux échanges dépendent alors de la rapidité et de l’ampleur de la réaffectation des ressources aux secteurs et aux activités dans lesquels les pays détiennent un avantage concurrentiel. La réaffectation des ressources aux secteurs comparativement plus efficients permet aux économies de développer des activités innovantes porteuses d’une forte valeur ajoutée (et donc plus productives), propices à une croissance économique durable. Lorsque les entreprises procèdent à ces réaffectations en délocalisant les activités à moindre valeur ajoutée pour se concentrer sur les activités à plus forte valeur ajoutée, le pays voit sa productivité globale augmenter. Si elle contribue à créer de nouveaux emplois, la réaffectation des ressources peut aussi entraîner la suppression d’emplois existants. L’intensification de la concurrence due aux échanges conduit les entreprises les plus productives à se développer et les moins productives à se retirer du marché, avec, à la clé, une hausse du niveau de productivité moyen. Outre ces gains statiques standard liés aux échanges, la mondialisation produit également des gains dynamiques, c’est-à-dire qui concernent non seulement le niveau de productivité mais aussi sa croissance à long terme. Généralement, ces gains dynamiques se manifestent plus lentement dans le temps et sont difficiles à mesurer ; néanmoins, les simulations effectuées par la Commission européenne montrent qu’ils pourraient être beaucoup plus importants que les gains statiques associés aux échanges (Commission européenne, 2006). Une étude récente de l’OCDE (Nordas et al., 2006) examine les différents vecteurs par lesquels ces gains dynamiques peuvent stimuler la productivité et la croissance économique des pays, notamment par le renforcement de la spécialisation, l’amélioration de la rentabilité des investissements (en capital et en R-D), ou encore la diffusion des technologies et des connaissances et les effets de retombée associés. Premièrement, les entreprises améliorent leur productivité en se spécialisant dans une gamme étroite d’activités formant leur cœur de métier et en se procurant un grand nombre d’intrants auprès d’autres entreprises situées dans le pays ou à l’étranger. L’externalisation et la délocalisation des activités coûteuses ou moins efficientes au profit d’autres producteurs plus efficients et avantageux en termes de coût améliorent l’efficience et la productivité des entreprises, des industries et des économies. Certaines études empiriques ont montré qu’il existait une relation étroite entre la productivité et la diversité des intrants intermédiaires dans les industries manufacturières ayant une production différenciée. Deuxièmement, les échanges peuvent améliorer la rentabilité des investissements grâce à une affectation des ressources plus efficiente et à une augmentation de l’intensité capitalistique, rendues possibles par les économies d’échelle, la concurrence et l’abaissement du coût des biens d’équipement. La mondialisation affecte également les investissements en R-D dans la mesure où l’élargissement des marchés peut contribuer à rendre les activités de R-D des entreprises plus rentables. De plus, dès lors qu’elles opèrent sur un marché mondial concurrentiel, les entreprises sont contraintes d’améliorer COMMENT RESTER COMPÉTITIF DANS L'ÉCONOMIE MONDIALE : PROGRESSER DANS LA CHAÎNE DE VALEUR – ISBN-92-64-9789264034266 © OCDE 2007

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80 – 3. LES COÛTS ET LES AVANTAGES DE LA MONDIALISATION leur niveau de productivité et leur efficience et d’innover. Ces pressions peuvent résulter du fait que l’entreprise est tournée vers l’exportation, qu’elle opère sur un marché très ouvert aux importations, ou qu’elle est exposée à la concurrence des filiales étrangères des entreprises multinationales. Par exemple, selon une étude menée par l’OCDE à partir de données portant sur des entreprises individuelles, les entreprises exposées à la concurrence internationale au travers des échanges ou de l’IDE sont plus susceptibles d’adopter les TIC que celles opérant dans des environnements plus protégés. La mondialisation favorise également la diffusion des technologies étrangères à travers les échanges de biens d’équipements et de biens et services intermédiaires, qui renferment parfois des innovations majeures. L’IDE est un deuxième vecteur important de la propagation transfrontalière des technologies et des connaissances. D’après certaines sources, les technologies étrangères sont à l’origine de la majeure partie de la croissance de la productivité nationale dans la plupart des pays, et cela est d’autant plus vrai dans les petits pays, où l’essentiel des activités d’innovation et du changement technologique reposent sur la R-D effectuée à l’étranger (Nordas et al., 2006 ; Guellec et Van Pottelsberghe, 2001). Les délocalisations stimulent la productivité en facilitant la baisse des coûts des technologies et d’autres intrants qui améliorent l’efficience des processus des entreprises. Par exemple, certains économistes affirment que la délocalisation des services informatiques contribue à faire baisser leur coût et, par ce biais, rend les produits et services basés sur l’informatique plus abordables et accélère la diffusion des technologies propices à l’amélioration de la productivité dans de nombreux secteurs (US Government Accountability Office, 2005 ; Mann, 2005). Comme c’est le cas avec les effets sur le marché du travail, la délocalisation des services pourrait avoir un impact plus large sur la productivité que la délocalisation des activités manufacturières, car les services sont utilisés comme intrants intermédiaires dans la production de différents biens et services. L’ampleur de ces effets positifs est aussi directement liée à l’importance croissante du secteur des services dans le PIB de nombreux pays avancés. Mann (2005) a calculé les gains de productivité associés à la délocalisation des services informatiques aux États-Unis. D’après ses résultats, ces délocalisations ont conduit à une augmentation annuelle de la productivité de 0.3 % sur la période 1995-2002, qui s’est traduite par un gain de PIB cumulé de 230 milliards USD. La délocalisation des services informatiques a fait baisser le prix des services et logiciels personnalisés, et comme la demande dans ce secteur est très élastique par rapport aux prix, cette baisse a favorisé la généralisation de l’informatique dans la plupart des secteurs et la croissance de la productivité globale. Bien qu’il soit difficile de mesurer précisément les gains issus des échanges, les données empiriques confirment les hypothèses théoriques et montrent sans ambiguïté que l’ouverture améliore les revenus et les salaires sans remettre en question le niveau d’emploi global. Au niveau macroéconomique, L’Étude sur la croissance de l’OCDE estimé qu’une augmentation de l’ouverture commerciale de 10 points de pourcentage se traduit finalement par une hausse du PIB par habitant de 4 %. Un certain nombre d’études révèlent que les économies relativement ouvertes connaissent généralement une expansion plus rapide que les autres, et bénéficient d’un niveau de revenu plus élevé, quelle que soit la période considérée (Dollar, 1992 ; Sachs et Warner, 1995 ; Harrison, 1996 ; Edwards, 1998 ; Frankel et Romer, 1999). Dans les années 90, les pays les plus ouverts aux échanges et aux investissements internationaux ont enregistré des taux de croissance annuels moyens deux fois plus élevés que ceux des pays moins ouverts. Dans une étude portant sur des données de panel relatives à 21 pays de l’OCDE, Bassanini et Scarpetta (2001) constatent qu’une augmentation de l’ouverture commerciale de COMMENT RESTER COMPÉTITIF DANS L'ÉCONOMIE MONDIALE : PROGRESSER DANS LA CHAÎNE DE VALEUR – ISBN-92-64-9789264034266 © OCDE 2007

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10 points de pourcentage a abouti à un accroissement de 4 % de la production par personne d’âge actif. D’après une étude portant sur les échanges commerciaux entre 63 pays, une augmentation du ratio des échanges rapporté au PIB d’un point de pourcentage se traduirait par un accroissement du revenu par habitant de 0.5 à 2 % (Frankel et Romer, 1999).

Contribution directe des multinationales à la productivité globale Les entreprises multinationales jouent un rôle clé dans le processus de mondialisation en cours et peuvent amener d’autres effets positifs pour les économies des pays d’accueil en raison de leur niveau de performances généralement supérieur. Comme les filiales étrangères de multinationales ont en moyenne une main-d’œuvre plus productive que l’entreprise nationale moyenne (voir également ci-dessous), la productivité globale du pays d’accueil profite de leur présence. Si les filiales étrangères sont plus productives, ce n’est pas parce qu’elles sont plus particulièrement présentes dans les secteurs les plus productifs de l’économie, mais, directement, parce qu’elles possèdent en exclusivité des actifs fondés sur la connaissance. Les multinationales sont souvent d’un meilleur niveau technologique et peuvent donc générer des retombées technologiques considérables. Les filiales étrangères doivent leurs performances supérieures au fait qu’elles utilisent des méthodes de production plus avancées, fondées sur les toutes dernières technologies, à leur réseau international de fournisseurs, clients et sous-traitants, et à des actifs immatériels sources de création de valeur (tels que leur savoir-faire en gestion et en marketing). Graphique 3.5. Contribution moyenne des filiales étrangères à la croissance annuelle de la productivité, 1995-2001 En pourcentage 1

Secteur des services2

Secteur manufacturier Contribution of foreign affiliates

Labour productivity growth Czech Republic

Contribution des filiales étrangères

Croissance de la productivité du travail

République tchèque

Sweden United Kingdom France Norway

Suède Hongrie Finlande

Finland Hungary United States Netherlands

Pays-Bas États-Unis France

Japan Spain Portugal % 7

6

5

4

3

2

1

0

-1

Japon Portugal -1

0

1

2

1. Ou années disponibles les plus proches : République tchèque 1997-2002 ; Royaume-Uni 1995-1999 ; Finlande 19952002 ; Hongrie 1996-2002 ; Espagne 1999-2001 ; Portugal 1996-2002. 2. Ou années disponibles les plus proches : République tchèque 1995-2002 ; Suède 1997-2000 ; Hongrie 1998-2002 ; PaysBas 1997-2001 ; Japon 1997-2000 ; Portugal 1996-2002. Source : OCDE, bases de données AFA, FATS et STAN, juin 2005, in Criscuolo (2005). COMMENT RESTER COMPÉTITIF DANS L'ÉCONOMIE MONDIALE : PROGRESSER DANS LA CHAÎNE DE VALEUR – ISBN-92-64-9789264034266 © OCDE 2007

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%

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82 – 3. LES COÛTS ET LES AVANTAGES DE LA MONDIALISATION Il s’avère par ailleurs que les filiales étrangères contribuent largement à la croissance de la productivité du travail dans le pays d’accueil – beaucoup plus que ne le font les entreprises locales (graphique 3.5). D’après une analyse comparative de la croissance de la productivité dans les pays de l’OCDE, c’est en République tchèque et en Suède que la contribution des filiales étrangères est la plus élevée, et au Japon et au Portugal qu’elle est la plus faible (Criscuolo, 2005). Dans le secteur manufacturier en particulier, la contribution moyenne des filiales étrangères à la croissance annuelle de la productivité est significative, allant de 6.7 % en République tchèque à -0.4 % au Portugal. Dans le secteur des services, la contribution des filiales étrangères est beaucoup plus limitée, allant de 1.2 % en République tchèque à -0.2 % au Portugal. Il est à noter, cependant, qu’en République tchèque, au Royaume-Uni et en Norvège, la contribution des filiales étrangères est supérieure à la croissance de la productivité du travail dans l’ensemble du secteur manufacturier, d’où l’on peut conclure que la contribution des entreprises locales à la croissance de la productivité globale est négative. La contribution disproportionnée des filiales étrangères à la croissance de la productivité globale est largement à mettre au compte d’un processus de réaffectation qui renforce la présence des filiales très productives (voir encadré 3.2). Dans la plupart des secteurs, ces filiales augmentent leurs parts de marché au détriment des entreprises (locales et étrangères) moins efficientes qu’elles. Au-delà de cet effet « croisé », on observe également un effet « interne » significatif qui concerne la croissance de la productivité au sein de l’entreprise. Les filiales étrangères semblent mieux parvenir que les entreprises nationales à rehausser le niveau de productivité de leur main-d’œuvre, en augmentant leurs investissements en capital et en R-D, mais aussi, dans certains cas, en réduisant leurs activités dans le pays d’accueil.

Effets indirects des entreprises multinationales sur la productivité globale La présence d’entreprises multinationales influe aussi de manière plus indirecte sur la productivité des pays d’accueil. À l’instar de l’effet produit par le renforcement de la concurrence des importations, les entrées d’IDE peuvent stimuler la concurrence intérieure et se traduire, en fin de compte, par une meilleure productivité, des prix plus bas et une affectation plus efficiente des ressources dans les pays d’accueil. Plusieurs études montrent que la présence de filiales étrangères incite les entreprises nationales à améliorer leurs performances, ce qui a pour effet de stimuler leur productivité. La littérature économique identifie les transferts de technologie comme étant peutêtre le premier vecteur d’externalités positives pour la productivité globale imputables aux entreprises étrangères implantées localement. Les nombreuses interactions entre filiales étrangères et entreprises nationales peuvent susciter des transferts de technologie et de savoir dans le pays d’accueil. Le tableau 3.2 répertorie les différents types d’interaction possibles entre les entreprises nationales et étrangères. La littérature distingue habituellement trois catégories de liens : les liens amont (avec les fournisseurs nationaux), les liens aval (avec les entreprises clientes et les entreprises situées en aval de la chaîne de production) et les liens horizontaux (avec les entreprises concurrentes). Cependant, la mesure dans laquelle les multinationales facilitent ces effets de retombée – si tant est qu’elles les facilitent – dépend du contexte et du secteur d’activité. Plusieurs études ont analysé de manière empirique l’ampleur des retombées des filiales étrangères sur les entreprises nationales (voir Görg et Strobl (2001) pour une vue d’ensemble). Cependant, la plupart d’entre elles obtiennent des résultats parfois contradictoires, qui s’expliquent par le fait que l’arrivée d’entreprises étrangères sur le COMMENT RESTER COMPÉTITIF DANS L'ÉCONOMIE MONDIALE : PROGRESSER DANS LA CHAÎNE DE VALEUR – ISBN-92-64-9789264034266 © OCDE 2007

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marché produit deux types d’impact sur les entreprises nationales. D’un côté, les entreprises nationales peuvent s’attendre à voir leur productivité augmenter grâce aux retombées technologiques. De l’autre, l’intensification de la concurrence exercée par les entreprises étrangères entraîne une baisse de la production des entreprises nationales et une augmentation de leurs coûts moyens (effet de vol de marché). Par conséquent, l’effet net de l’IDE sur la productivité peut être positif ou négatif, le résultat dépendant en partie de la structure du marché. En outre, dans un article récent, Liu (2006) émet l’hypothèse selon laquelle il peut être nécessaire, pour les entreprises nationales, d’investir leurs ressources limitées dans l’apprentissage et le renforcement des capacités avant que les effets de retombée se concrétisent. Ces investissements pourraient réduire la productivité à court terme des entreprises nationales, mais stimuler la croissance de leur productivité à long terme. Les données sur l’IDE et la diffusion des technologies sont mitigées, mais dans l’ensemble, elles font apparaître des retombées potentielles positives pour les entreprises nationales. Encadré 3.2. Calcul de la contribution des filiales étrangères à la croissance de la productivité Pour mesurer la contribution des filiales étrangères à la croissance de la productivité, l’OCDE a constitué une base de données à partir d’informations provenant des bases AFA, FATS et STAN, qui recensent des informations sur la croissance de la productivité du travail, mesurée par le rapport entre la valeur ajoutée déflatée et l’emploi, dans les entreprises affiliées et non affiliées du secteur manufacturier de douze pays membres de l’OCDE et, pour le secteur des services, de neuf pays membres. La croissance de la productivité du travail annualisée totale est définie comme la somme pondérée de la croissance de la productivité des entreprises nationales et de celle des filiales étrangères, les pondérations utilisées étant les parts des filiales nationales et étrangères dans l’emploi total, comme indiqué dans la formule ci-dessous : EMPit EMPit − k LPi t − LPi t −k EMPt EMPt − k 1 ΔLPt 1 ∗ = ∑ * k LPt − k i = DOM , FOR LPt − k k

dans laquelle LP est la productivité du travail, calculée comme étant le rapport entre la valeur ajoutée réelle et l’apport de main-d’œuvre (EMP), ∆ indique la variation ; k indique le nombre d’années entre les observations, de sorte que la partie gauche correspond à la croissance de la productivité du travail annualisée agrégée. Pour chaque secteur, par conséquent, la contribution des filiales étrangères à la croissance de la productivité du travail peut être calculée comme suit : ⎞ 1 ΔLPFOR ,t ⎛ ⎛ EMPFOR , t EMPFOR , t − k ⎞ 1 LP . 1 k ∗ ⎜⎜ ⎜⎜ * LPFOR ,t − * LPFOR ,t − k ⎟⎟ LPt − k ⎟⎟ = * * wFOR + ΔwFOR , t * * FOR EMP EMP k LP k LPt − k t t −k −k ⎠ ⎠ 1444t2 ⎝⎝ 444 3 14442444 3 within

between

La contribution des filiales étrangères à la productivité du travail peut s’expliquer par des transferts de ressources de main-d’œuvre entre entreprises nationales et filiales étrangères plus productives, ce que l’on appelle l’effet « croisé » (deuxième terme du membre droit), ou par la croissance de la productivité du travail dans le groupe des filiales étrangères, ce que l’on appelle l’effet « interne » (premier terme). Ainsi, par exemple, la contribution des filiales étrangères à la croissance de la productivité peut augmenter s’il se produit une accélération de la croissance de leur productivité ou si leur part moyenne dans l’emploi augmente (pour le premier terme) ; et aussi si leur part dans l’emploi augmente ou si leur niveau de productivité du travail est plus élevé par rapport à la moyenne nationale (pour le second terme). COMMENT RESTER COMPÉTITIF DANS L'ÉCONOMIE MONDIALE : PROGRESSER DANS LA CHAÎNE DE VALEUR – ISBN-92-64-9789264034266 © OCDE 2007

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84 – 3. LES COÛTS ET LES AVANTAGES DE LA MONDIALISATION Tableau 3.2. Proposition de classification des interactions entre entreprises nationales et étrangères susceptibles de générer des retombées technologiques dans le pays d’accueil Type d’interaction

Liens aval (avec les fournisseurs)

Liens amont (avec les clients)

Liens horizontaux (avec les concurrents)

Transfert direct de connaissances

Contrats de transfert de technologies avec les fournisseurs Programmes de formation pour les fournisseurs Aide au respect des normes fixées par la multinationale

Formation à l’utilisation des intrants produits par la multinationale Contrats de licence et de transfert de technologie pour l’utilisation de la technologie de la multinationale Effets d’externalité des intrants produits par la multinationale

Imitation, rétroconception, effets de démonstration

Incitations pour les entreprises locales à améliorer leur productivité

Concurrence entre les fournisseurs en lice pour vendre leurs produits et services à la multinationale Sous la pression de la multinationale, incitation pour les fournisseurs à améliorer la qualité, à baisser leurs prix ou à réduire leurs délais de production

Concurrence entre les entreprises nationales qui veulent devenir clientes de la multinationale Adoption par le client de technologies plus avancées, afin de pouvoir utiliser les intrants produits par la multinationale

Intensification de la concurrence avec les entreprises étrangères

Rotation de la main-d’œuvre entre la multinationale et ses fournisseurs Création d’entreprises de sous-traitance par d’anciens employés de la multinationale

Amélioration de la productivité liée à l’utilisation des intrants et services plus performants produits par la multinationale (technologies incorporées) Rotation de la main-d’œuvre et création par d’anciens employés de la multinationale d’entreprises clientes

Rotation de la maind’œuvre et création d’entreprises concurrentes par d’anciens employés de la multinationale

Gains de productivité associés à l’utilisation des intrants produits à moindre coût par la multinationale (répercussion des économies d’échelle réalisées par la multinationale sur les producteurs locaux)

Réalisation d’économies d’échelle du fait de l’ouverture de nouveaux marchés d’exportation, sur lesquels les entreprises nationales pour vendre leurs produits en imitant l’exemple de la multinationale

Transfert indirect de connaissances

Effets d’échelle

Possibilité pour les fournisseurs de réaliser des économies d’échelle du fait de l’augmentation de la demande d’intrants consécutive à l’entrée de multinationales sur le marché

Source : Nordas et al. (2006), « Dynamic Gains from Trade ».

C’est dans la catégorie des liens verticaux, en particulier les liens amont avec les fournisseurs locaux, que les retombées positives sont attestées le plus solidement et avec le plus de cohérence par les données. Les entreprises multinationales fournissent à leurs sous-traitants une assistance technique, des formations et d’autres informations pour les aider à améliorer la qualité de leurs produits. Par exemple, elles peuvent aider les fournisseurs locaux à acheter des matières premières et des biens intermédiaires et à moderniser et améliorer leurs installations de production. Les données empiriques relatives aux retombées horizontales sont plus complexes, car l’entrée des multinationales sur le marché affecte la structure industrielle du pays d’accueil dans un sens qui n’est pas toujours positif. Dans ce contexte, les études consacrées à la dimension horizontale des retombées obtiennent des résultats mitigés, qui pourraient s’expliquer par les efforts des filiales étrangères pour empêcher le transfert de leur savoir-faire à leurs concurrents immédiats. Des données récentes indiquent d’ailleurs que les retombées horizontales sont plus importantes entre les entreprises qui opèrent dans des secteurs non liés. Pour que le transfert technologique génère des externalités dans le pays d’accueil, il faut que les technologies en question soient utiles non pas uniquement à l’entreprise qui COMMENT RESTER COMPÉTITIF DANS L'ÉCONOMIE MONDIALE : PROGRESSER DANS LA CHAÎNE DE VALEUR – ISBN-92-64-9789264034266 © OCDE 2007

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les reçoit en premier lieu, mais à l’économie dans son ensemble. Le niveau technologique de l’économie du pays d’accueil est capital, car les entreprises nationales doivent avoir une capacité d’absorption suffisante. D’après les données disponibles, pour que l’IDE produise un impact positif plus important sur la productivité que les investissements nationaux, il faut que « l’écart technologique » entre les entreprises nationales et les investisseurs étrangers soit relativement limité. Lorsque l’écart est notable ou que le niveau de développement technologique absolu du pays d’accueil est faible, il y a peu de chances pour que les entreprises nationales puissent absorber les technologies étrangères transférées par l’intermédiaire des multinationales. La R-D nationale, qui recouvre la recherche publique, universitaire et des entreprises, est essentielle pour pouvoir exploiter les connaissances étrangères ; les pays qui investissent dans leur propre R-D sont ceux qui profitent le plus de la R-D étrangère (Guellec et Van Pottelsberghe, 2001). L’amélioration du capital humain est un autre canal par lequel les multinationales peuvent accroître la productivité dans le pays d’accueil. La formation et l’apprentissage sur le tas peuvent renforcer notablement le capital humain de la main-d’œuvre des filiales étrangères. D’après certaines données empiriques et isolées, les multinationales jouent un rôle plus important dans la formation et le renforcement du capital humain que les entreprises nationales – même s’il existe des différences sensibles entre pays et entre secteurs. Les filiales des multinationales peuvent également contribuer à améliorer le capital humain dans d’autres entreprises (nationales) avec lesquelles elles sont en contact, par exemple leurs fournisseurs. Ces effets continuent de se propager lorsque les employés qui en ont bénéficié partent travailler dans une autre entreprise ou deviennent eux-mêmes entrepreneurs. Depuis quelques années, on accorde une attention croissante non seulement aux effets de l’IDE sur la productivité à l’étranger, mais aussi aux effets de l’IDE à l’étranger sur la productivité des pays d’origine. De plus en plus de pays investissent massivement à l’étranger et, dans le même temps, les investissements effectués à l’étranger comportent une part croissante d’investissements en R-D (voir ci-dessous). Beaucoup craignent, dans les pays d’origine, que les multinationales ne sacrifient leurs avantages compétitifs en investissant et en transférant leur technologie dans d’autres pays. La littérature empirique consacrée à cette question importante commence à s’étoffer mais ses résultats sont mitigés. Van Pottelsberghe et Lichtenberg (2001) est l’une des rares études qui conclut que les retombées de R-D associées à l’IDE effectué à l’étranger ont une influence positive sur la productivité nationale. La plupart des études, cependant, constatent que les activités des multinationales à l’étranger, en particulier dans le domaine de la R-D, améliorent la compétitivité de la société-mère mais qu’elles n’amènent pas nécessairement d’autres retombées au pays d’origine. D’après CNUCED (2005), le potentiel de gains de productivité dans le pays d’origine est important lorsque les filiales étrangères effectuent de la R-D « innovante » qui met à profit les centres de connaissances de pointe des pays d’implantation. Le manque de données empiriques sur ces effets de retombée pourrait s’expliquer par le fait qu’une part élevée des investissements totaux en R-D effectués à l’étranger reste consacrée à la R-D adaptative.

Effets de la mondialisation sur la productivité des entreprises On a coutume de considérer qu’il existe un lien positif entre la mondialisation des activités et l’implication mondiale des entreprises d’une part, et leur productivité d’autre part. Plusieurs études montrent que les entreprises tournées vers l’international – que ce COMMENT RESTER COMPÉTITIF DANS L'ÉCONOMIE MONDIALE : PROGRESSER DANS LA CHAÎNE DE VALEUR – ISBN-92-64-9789264034266 © OCDE 2007

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86 – 3. LES COÛTS ET LES AVANTAGES DE LA MONDIALISATION soit au travers de leurs exportations, de leurs importations ou de leurs filiales à l’étranger – affichent des performances positives (pour une vue d’ensemble, voir Bernard et al., 2005). La plupart des études empiriques commentent le classement par niveau de productivité des différents types d’entreprise, qui place en tête les multinationales, puis les entreprises tournées vers l’exportation et enfin les entreprises locales. Les entreprises qui exportent sont en général plus productives, de plus grande taille, et leur intensité capitalistique est plus élevée. Les multinationales sont réputées pour verser de surcroît des salaires plus élevés et pour être plus innovantes. Il est de plus en plus communément admis que les exportations et les investissements directs à l’étranger peuvent fournir à leurs auteurs des informations utiles susceptibles de les aider à renforcer cette productivité, même si cette régularité empirique peut également s’expliquer par des effets de sélection (seules les entreprises les plus productives se décident à exporter ou à investir à l’étranger). Dans le premier cas, les gains de compétitivité relèvent d’un processus appelé « apprentissage par l’exportation » : les entreprises apprennent à améliorer leurs produits et procédés au contact des concurrents étrangers plus avancés qu’elles côtoient sur les marchés d’exportation mondiaux. Autre cas de figure, les entreprises peuvent rencontrer à l’étranger des consommateurs plus exigeants, des techniques commerciales ou de gestion plus élaborées, ou un environnement réglementaire plus favorable. Les entreprises exportatrices ont également des incitations plus fortes à se maintenir à la pointe de la technologie et à vendre des produits dernier cri. « L’apprentissage par l’investissement », quant à lui, ne résulte pas uniquement des contacts établis avec les concurrents et les consommateurs étrangers, plus affûtés, mais aussi de l’acquisition de compétences nouvelles au travers des investissements directs effectués à l’étranger. Cette volonté d’appropriation de nouveaux actifs apparaît comme une motivation de plus en plus importante dans les opérations d’IDE récentes, y compris l’IDE en R-D des multinationales à l’étranger (voir cidessous). Les délocalisations sont une forme particulière d’implication mondiale qui, selon toute logique, devrait également avoir des effets positifs sur la productivité des entreprises. De plus, la délocalisation des biens et services intermédiaires peut générer des retombées technologiques au-delà des frontières. Dans l’ensemble, les données empiriques récentes corroborent l’hypothèse théorique selon laquelle les délocalisations seraient favorables à la productivité, en particulier les délocalisations de services. Cela pourrait tenir au fait que les externalisations de biens matériels ont généralement beaucoup plus d’ampleur que les externalisations de services, de sorte que les gains issues des premières sont peut-être déjà proches de leur niveau optimal. Les délocalisations de services, en revanche, partent d’un niveau beaucoup plus bas. D’après les estimations microéconomiques disponibles pour l’Irlande (Görg et Hanley, 2003) et, dans une certaine mesure, le Royaume-Uni (Girma et Görg, 2004), il ne semble pas que les délocalisations de biens matériels dans le secteur des produits électroniques aient un impact sur la productivité. En revanche, Görzig et Stephan (2002), Görg et Hanley (2004) et Criscuolo et Leaver (2005) parviennent tous à la conclusion que les externalisations de services ont un impact positif sur la productivité au niveau des entreprises. Pour Amiti et Wei (2006) également, les délocalisations de services contribuent à améliorer la productivité aux États-Unis, puisqu’elles sont à l’origine de 11 % environ de la croissance de la productivité du travail ; les effets positifs des délocalisations de biens matériels sont moins probants.

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3. LES COÛTS ET LES AVANTAGES DE LA MONDIALISATION–

En outre, l’effet positif apparaît déterminé par l’implication mondiale des entreprises, mais les résultats sont assez mitigés et semblent se contredire dans une certaine mesure. Dans le cas du Royaume-Uni, Criscuolo et Leaver (2005) constatent que l’impact des délocalisations sur la productivité est plus important pour les entreprises qui ne sont impliquées dans les transactions mondiales que par le biais des délocalisations que pour celles qui y participaient déjà précédemment au travers de leurs exportations ou des activités des multinationales. Girma et Görg (2004) observent cependant que l’actionnariat étranger renforce les effets des externalisations (des biens matériels et des services confondus) sur la productivité. De même, Görg et Hanley (2004) notent que les délocalisations de biens matériels produisent des effets positifs de même ampleur sur la productivité, que l’entreprise soit détenue par des actionnaires étrangers ou nationaux (le critère déterminant étant que l’entreprise exporte) ; en revanche, pour les entreprises qui produisent exclusivement pour le marché intérieur, les auteurs ne relèvent aucun impact sur la productivité. À en croire ces résultats, il semblerait donc que le fait, pour une entreprise, d’être active sur la scène mondiale au moment où elle délocalise soit un facteur important d’amélioration de la productivité lorsque les délocalisations concernent des biens matériels, mais pas lorsqu’elles portent sur des services. En fait, c’est même l’inverse qui devient vrai, d’où l’on pourrait conclure que la délocalisation des services a un rendement décroissant beaucoup plus marqué que la délocalisation des biens matériels. Egger et Egger (2005), qui ont étudié les effets des externalisations internationales d’intrants matériels sur différentes catégories de travailleurs, ont constaté que ces opérations avaient un effet négatif sur la productivité des travailleurs peu qualifiés à court terme, mais un effet positif à long terme. D’après leurs résultats, les externalisations internationales ont contribué à hauteur de 3.3 % à la valeur ajoutée réelle produite par travailleur peu qualifié dans l’UE entre 1993 et 1997. Les auteurs attribuent les effets négatifs à court terme aux imperfections des marchés du travail et de produits de l’UE. Dans une étude comparative consacrée à la délocalisation des services dans trois pays de l’OCDE (Irlande, Suède et Royaume-Uni), Criscuolo et al. (2006) relèvent un effet positif mais réduit sur la productivité des entreprises. Lorsqu’ils établissent une distinction entre les industries manufacturières et les secteurs de services, ils constatent que l’impact positif de la délocalisation des services est plus important dans les industries manufacturières. Les résultats obtenus pour le Royaume-Uni montrent que seules les délocalisations de services vers les pays développés influencent favorablement la productivité des entreprises ; les délocalisations vers les pays en développement ne semblent pas avoir d’impact positif sur la productivité (en comparaison des services basés dans le pays d’origine). Par ailleurs, dans les trois pays, les entreprises qui procèdent à des délocalisations de services sont plus productives et plus grandes que la moyenne, les plus susceptibles d’effectuer ce type d’opération étant les multinationales.

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4. VERS UNE ÉCONOMIE DU SAVOIR : UN DÉFI POUR TOUS LES PAYS–

Chapitre 4 Vers une économie du savoir : un défi pour tous les pays

Ce chapitre examine l’impact de la mondialisation sur la compétitivité des pays de l’OCDE, en analysant l’évolution des avantages comparatifs des différents pays membres. Il étudie aussi l’impact de la mondialisation sur la désindustrialisation des pays développés. Des données empiriques permettent aussi d’évaluer la vitesse à laquelle les pays de l’OCDE sont en train de progresser dans la chaîne de valeur et de se tourner vers des activités à plus forte intensité de savoir. Toutefois, ce changement structurel ne concerne pas seulement les pays de l’OCDE : la Chine aussi est en train de progresser dans la chaîne de valeur. L’étendue de cette transformation de l’économie chinoise et l’importance de la Chine dans l’internationalisation accrue de la R-D sont également étudiées.

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94 – 4. VERS UNE ÉCONOMIE DU SAVOIR : UN DÉFI POUR TOUS LES PAYS

Le changement structurel vers une économie du savoir Le processus de mondialisation a des répercussions importantes sur la structure et la dynamique industrielles des pays, dans le sens où il entraîne une modification de la répartition de la production entre un nombre croissant d’économies. L’intégration de nouveaux acteurs dans l’économie mondiale remet en cause les avantages comparatifs acquis et la compétitivité des pays et les oblige à trouver de nouvelles activités dans lesquelles ils pourront faire face à une concurrence toujours plus rude. De manière générale, il semble que les pays et les régions renforcent leur spécialisation, alors que les entreprises et les industries sont de plus en plus dispersées géographiquement. Là encore, ces évolutions ne sont pas nouvelles et ont été produites par un processus de mondialisation entamé il y a des années. Toutefois, la fragmentation des chaînes de valeur mondiales et le partage de la production au niveau international, ainsi que la montée en puissance rapide de la Chine et de l’Inde, accélèrent le rythme de cette mutation et l’enracinent plus profondément. La composition de l’avantage comparatif n’est pas figée mais évolue avec le temps en fonction de différents facteurs qui permettent aux pays de se spécialiser dans certaines activités. Plus les pays en développement sont nombreux à participer à l’économie mondiale et plus le niveau de développement économique des pays est élevé, plus les outils nécessaires pour produire et affronter la concurrence devront être perfectionnés. On part en effet du principe que les pays s’élèvent dans la chaîne de valeur et se spécialisent dans des activités à plus forte intensité de savoir et valeur ajoutée. Pour la plupart des pays développés, il n’est plus envisageable de se spécialiser dans des industries et des activités plus traditionnelles fondées sur les coûts. L’existence de ressources naturelles dans certains pays de l’OCDE, comme l’Australie et le Canada, peut il est vrai rendre moins pressante la nécessité d’évoluer vers une économie reposant davantage sur le savoir, même si le secteur primaire de ces pays a dans les faits recours à la technologie. Plusieurs modèles théoriques ont été élaborés concernant les différentes phases du développement économique et l’évolution correspondante de la compétitivité industrielle (Porter, 1990). Dans sa contribution au Rapport sur la compétitivité mondiale du World Economic Forum (2004), Sala-I-Martin met en évidence trois grandes phases de développement, et décrit l’évolution des facteurs de compétitivité des pays, compétitivité qui est définie par les institutions, les politiques et divers critères qui influent sur la productivité d’un pays. Sachant que la productivité détermine le niveau durable de prospérité que peut acquérir une économie, les économies compétitives produisent généralement des revenus plus élevés. Au cours de la première phase de ce modèle, la phase des facteurs, la croissance économique découle principalement de l’utilisation plus intensive des facteurs de production. Les pays tirent parti de facteurs de production peu coûteux (terrain, maind’œuvre) et leurs entreprises, qui produisent essentiellement des produits de base et des biens standardisés, fondent leur avantage concurrentiel en premier lieu sur les prix. À ce stade, la compétitivité d’une économie repose sur des conditions de base telles que les institutions, les infrastructures, l’offre de capital humain, la stabilité macroéconomique et un climat général de sécurité. COMMENT RESTER COMPÉTITIF DANS L'ÉCONOMIE MONDIALE : PROGRESSER DANS LA CHAÎNE DE VALEUR – ISBN-92-64-9789264034266 © OCDE 2007

4. VERS UNE ÉCONOMIE DU SAVOIR : UN DÉFI POUR TOUS LES PAYS–

Dans la deuxième phase, l’efficience de la production devient la principale source de compétitivité et de croissance économique. La qualité (et non seulement le prix) de la production d’une économie, et en particulier l’augmentation de l’efficience de ses processus de production sont à la base de la productivité des entreprises. Cette hausse découle de l’amélioration de l’efficience et de la compétitivité des marchés de produits, des marchés du travail et des marchés des capitaux. L’efficience globale bénéficie en outre d’un capital humain de meilleure qualité et plus abondant, et d’un accès amélioré aux technologies les plus efficaces. Les échanges internationaux sont particulièrement importants à cet égard. Dans la troisième phase, qui dépend largement de l’innovation, les économies performantes ne peuvent plus rivaliser sur les prix en raison du coût élevé de leurs facteurs de production, et les possibilités d’efficience sont également épuisées du fait des limites technologiques. Les pays et les entreprises doivent trouver des moyens de rivaliser « autrement » en produisant des produits différents, mais également par la qualité et l’innovation. La sophistication et l’innovation des entreprises deviennent les facteurs importants de la compétitivité d’un pays. Les institutions et les incitations à l’appui de l’innovation et de la création de savoir en sont les instruments clés. Ces nouveaux schémas de concurrence sont garants de la pérennité des avantages globaux découlant des échanges, et de la répartition des avantages de la mondialisation entre tous les pays (si ce n’est entre tous les travailleurs, comme nous l’avons vu précédemment). Cependant, l’émergence de grandes économies comme l’Inde et la Chine fait craindre que des pays plus développés ne puissent plus rivaliser, dans la plupart des activités industrielles, dont les industries à forte intensité de connaissance, en raison des faibles coûts et de l’abondance de main-d’œuvre qualifiée dont bénéficient ces nouveaux acteurs. L’essor de ces économies, non seulement dans le secteur manufacturier mais, plus récemment, dans la délocalisation des services, n’a fait que renforcer ces craintes. Ces deux puissances semblent s’être élevées très rapidement dans la chaîne de valeur : dans la production et plus particulièrement dans l’industrie manufacturière des technologies de l’information et des communications (TIC) pour la Chine, et dans les services fondés sur les technologies de l’information (TI) en ce qui concerne l’Inde. Ces inquiétudes semblent désormais partagées par certains économistes qui affirment que l’intégration de ces grandes économies risque d’avoir des répercussions négatives sur les pays développés (Gomory et Baumol, 2000 ; Samuelson, 2004). L’immense réservoir de main-d’œuvre qualifiée combinée aux transferts de technologie en provenance des pays développés (souvent par le biais des entreprises multinationales) permettra à ces pays à bas coûts de rivaliser dans les mêmes secteurs dans lesquels les pays développés disposent d’un avantage comparatif. Leur concurrence risque d’entraîner une baisse des salaires des travailleurs qualifiés (via une détérioration des termes de l’échange) et la mondialisation pourrait se traduire par des pertes générales dans les pays développés. Samuelson (2004) a montré dans un modèle théorique que le progrès technique dans les pays en développement est virtuellement à même de faire reculer la prospérité dans les pays développés, du fait que les changements de niveau de productivité et de compétences sont susceptibles, à terme, d’éroder les profits des pays à salaires élevés. D’autres économistes se sont empressés de rejeter ces affirmations en les réduisant à des hypothèses théoriques, affirmant que dans la réalité, ces conséquences ne seront pas aussi négatives (Dixit et Grossman, 2005 ; Bhagwati et al., 2004). Dixit et Grosmann (2005) font état d’une amélioration des termes de l’échange aux États-Unis depuis 1990, ce qui va à l’encontre des prévisions de Samuelson. Des analyses plus détaillées des COMMENT RESTER COMPÉTITIF DANS L'ÉCONOMIE MONDIALE : PROGRESSER DANS LA CHAÎNE DE VALEUR – ISBN-92-64-9789264034266 © OCDE 2007

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96 – 4. VERS UNE ÉCONOMIE DU SAVOIR : UN DÉFI POUR TOUS LES PAYS activités des deux pays semblent indiquer que l’Inde et la Chine restent relativement spécialisées dans des activités de moindre valeur et demeurent fortement tributaires des importations de technologie (voir plus bas). Par ailleurs, les pays, qu’ils soient développés ou moins développés, bâtiront leurs avantages comparatifs en matière de produits, de processus et d’activités, en fonction de leurs atouts et de leurs bagages technologiques (Bhagwati et al., 2004). Même si les écarts s’atténuent dans ce domaine, les pays pourront de plus en plus tirer parti des échanges intrabranche. Les pays développés s’interrogent tout particulièrement sur l’avenir des industries manufacturières dans un contexte d’intégration économique et d’émergence de pays à bas coûts. On accuse souvent la mondialisation d’être responsable de la désindustrialisation prolongée des pays de l’OCDE, car l’on considère que la délocalisation et les relocalisations de plus en plus nombreuses contribuent largement à la baisse de la part du secteur manufacturier dans l’emploi total. Cependant, si ce processus est dans une certaine mesure lié à la mondialisation, le phénomène de désindustrialisation est avant tout la suite « logique » du développement (économique) des pays. Il est dû aux mutations rapides de la productivité dans le secteur manufacturier et à la plus forte demande en services. À l’instar de la mondialisation, la désindustrialisation se traduit par des changements structurels majeurs dans l’économie et fait naître de nouveaux enjeux importants. La prochaine section analyse de manière plus approfondie le processus de désindustrialisation et ses liens avec la mondialisation. Elle attire l’attention sur les nouveaux défis que devront relever les pays développés pour s’adapter à ce processus structurel qui modifie du tout au tout la structure industrielle des pays, et finir par en tirer parti. Elle étudie les comportements adoptés par les pays de l’OCDE dans ce nouvel environnement et tente plus particulièrement de déceler l’émergence d’une économie du savoir dans la zone OCDE, et ses caractéristiques éventuelles. Les pays de l’OCDE ne sont toutefois pas les seuls à progresser dans la chaîne de valeur, de nouveaux venus comme la Chine et l’Inde sont de plus en plus présents dans les activités à forte intensité de technologie et de savoir. La section 4.4 analyse cette évolution plus en détail et affirme que la mondialisation des chaînes de valeur est l’élément moteur de ce processus en Chine. La dernière section examine la mondialisation de la recherche-développement (R-D), en raison des risques que semble présenter ce phénomène récent pour la compétitivité des pays développés, même dans les activités de plus haute technologie.

La désindustrialisation La plupart des pays de l’OCDE connaissent la désindustrialisation D’après des données internationales sur l’emploi dans les secteurs manufacturiers, la plupart des pays de l’OCDE accusent une diminution persistante de la part du secteur manufacturier dans l’emploi total depuis les années 70. Ce processus de désindustrialisation était particulièrement prononcé en Allemagne, au Royaume-Uni et au Luxembourg entre 1985 et 2002. C’est au Canada, en Espagne, en Irlande et en Italie que la part, en termes absolus, du secteur manufacturier dans l’emploi a le moins fléchi au cours des deux dernières décennies (graphique 4.1). Cette diminution s’explique par deux facteurs : le déclin, en termes absolus, du nombre des travailleurs dans les industries de fabrication dans presque tous les pays de l’OCDE excepté au Canada, en Espagne, en Irlande, au Mexique et en Nouvelle-Zélande, et la croissance rapide de l’emploi dans le secteur des services (Wölfl, 2005).

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4. VERS UNE ÉCONOMIE DU SAVOIR : UN DÉFI POUR TOUS LES PAYS–

Graphique 4.1. Part du secteur manufacturier dans l’emploi total, 1970, 1985 et 20031 %

1970

1985

2003 (1)

40 35 30 25 20 15 10 5

Ét a L u ts - U xe nis mb o Me urg x iq Au ue str a No lie rvè P ge Ro aysya Ba um s eU Ca ni na d Is l a an de Gr èc Be e lgi qu Fr e a Da nce ne ma Au rk tric No h uv Ir e ell lan e- de Zé lan de Su è Es de pq g Po ne log ne Ja po Fin n lan de Co ré Po e rtu ga Al Su l le m is ag se ne (2 ) Ré Ita pu bli H lie Ré que ong pu sl rie bli ov qu aq e t ue ch èq ue

0

1. Ou dernière année disponible. 2. Les données pour l’Allemagne antérieures à 1991 font référence à la République fédérale d’Allemagne. Source : Base de données des indicateurs STAN dans Pilat et al. (2006), « Les mutations du secteur manufacturier dans les pays de l’OCDE ».

La désindustrialisation ne se traduit pas uniquement par le recul de la part de l’emploi manufacturier, mais également par une érosion lente de la part du secteur manufacturier dans la création de valeur ajoutée aux prix courants, en raison des effets sur les prix (Wölfl, 2005 ; OCDE, 2005a). Comme une grande partie du secteur manufacturier enregistre une croissance élevée de sa productivité, les prix des produits manufacturés ont tendance à n’augmenter que faiblement avec le temps, voire à chuter. Cette situation tranche avec les observations faites dans plusieurs activités de services, où la croissance de la productivité est plus lente et où les prix enregistrent généralement une augmentation progressive plus marquée. En raison de ce processus progressif de désindustrialisation, les services représentent désormais la plus grande partie de la création de valeur dans les économies de l’OCDE. Certaines d’entre elles sont un peu plus axées sur les services (comme les États-Unis), alors que d’autres sont dotées d’un secteur manufacturier (tel est le cas de l’Irlande et de la Corée) ou agricole (comme la Turquie) encore important. En 2002, les services (y compris ceux du secteur public) représentaient environ 72 % de la valeur ajoutée de l’OCDE, alors que les produits manufacturés ne comptaient que pour environ 17 %. Globalement, la désindustrialisation s’inscrit dans un processus plus vaste et de plus longue haleine de changement structurel. Aux premiers stades du développement économique, l’agriculture représente généralement la majeure partie du PIB et de l’emploi, comme cela est encore le cas dans de nombreux pays en développement. Dans les stades ultérieurs de développement, sa part dans le total de la valeur ajoutée et de l’emploi diminue et le secteur manufacturier progresse à mesure que l’économie s’industrialise. Dans les derniers stades, l’importance des services augmente, aux dépens de celle du secteur manufacturier. La désindustrialisation ne signifie pas toutefois que la COMMENT RESTER COMPÉTITIF DANS L'ÉCONOMIE MONDIALE : PROGRESSER DANS LA CHAÎNE DE VALEUR – ISBN-92-64-9789264034266 © OCDE 2007

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98 – 4. VERS UNE ÉCONOMIE DU SAVOIR : UN DÉFI POUR TOUS LES PAYS production et la valeur ajoutée du secteur manufacturier ont chuté en termes absolus, ce que démontre clairement la progression constante de la production et de la valeur ajoutée de ce secteur en prix constants. Les données disponibles indiquent que la production et la valeur ajoutée des produits manufacturés sont en forte progression, en particulier dans certaines économies importantes de l’OCDE comme le Canada et les États-Unis (graphique 4.2). Dans les pays d’Europe, comme l’Allemagne, l’Italie et le RoyaumeUni, la valeur ajoutée des produits manufacturés n’a connu qu’une faible croissance ces dernières années, tout comme au Japon depuis le début des années 90. Parmi les pays de l’OCDE hors G7, la Corée, la Finlande, la Hongrie, le Mexique, la Pologne et la Suède ont enregistré une croissance particulièrement rapide de la valeur ajoutée de leurs produits manufacturés au cours des dernières années. Graphique 4.2. Indice de la valeur ajoutée du secteur manufacturier, pays du G7, 1970-2002 Indice de volume (fondé sur des prix constants), 1980=1001 200

États-Unis Japon

175 150

Canada

125

Royaume-Uni

100

Allemagne France

75

Italie 02 20

00 20

98 19

96 19

94 19

92 19

90 19

88 19

86 19

84 19

82 19

80 19

78 19

76 19

74 19

72 19

19

70

50

1. Dans la base de données STAN de l’OCDE les données de valeur ajoutée sont disponibles pour un plus grand nombre de pays que les données de production. Les pays pour lesquels ces deux mesures sont disponibles affichent des tendances sensiblement identiques. Source : Base de données STAN dans Pilat et al. (2006), « Les mutations du secteur manufacturier dans les pays de l’OCDE ».

La mondialisation entraîne-t-elle la désindustrialisation ? Ces dernières années, la mondialisation, et plus particulièrement la délocalisation, ont souvent été associées au phénomène observé de désindustrialisation, du fait que la diminution de l’emploi manufacturier coïncide avec le durcissement de la concurrence internationale et l’accélération de la délocalisation. Si l’emploi manufacturier a chuté dans les pays de l’OCDE, qu’en est-il dans les pays non membres de l’Organisation ? Des emplois ont-ils été délocalisés ? Bien que les données disponibles ne soient pas facilement comparables, les quelques données dont on dispose sur l’évolution de l’emploi manufacturier dans les pays non membres donnent à penser que le déclin de l’emploi dans les industries de fabrication des pays de l’OCDE n’a pas entraîné, en contrepartie, de hausse de l’emploi dans les pays non membres de l’Organisation. Les estimations d’emploi réalisées par l’Organisation internationale du travail (OIT) et l’Organisation des Nations Unies pour le développement industriel (ONUDI) pour des économies importantes non membres de l’OCDE comme le Brésil, la Chine et la Russie indiquent COMMENT RESTER COMPÉTITIF DANS L'ÉCONOMIE MONDIALE : PROGRESSER DANS LA CHAÎNE DE VALEUR – ISBN-92-64-9789264034266 © OCDE 2007

4. VERS UNE ÉCONOMIE DU SAVOIR : UN DÉFI POUR TOUS LES PAYS–

que l’emploi manufacturier a également diminué dans ces pays et parfois de manière considérable. Par exemple, selon une étude récente (Conference Board, 2004), entre 1995 et 2002, le secteur manufacturier chinois a accusé une perte nette de plus de 4 millions d’emplois. En outre, selon un récent rapport du Bureau of Labor Statistics, l’emploi dans le secteur manufacturier en Chine est passé de 98 millions de travailleurs en 1995 à 83 millions en 2002 (Banister, 2005). Parallèlement, l’emploi manufacturier est resté relativement stable dans d’autres pays de grande taille comme l’Inde et l’Indonésie. Le principal facteur responsable du repli de l’emploi manufacturier dans des pays comme la Chine et la Russie est la croissance rapide de la productivité, du fait que la restructuration économique s’est accompagnée de fermetures d’usines inefficaces appartenant à l’État (Conference Board, 2004). La baisse de l’emploi manufacturier dans les pays de l’OCDE n’est pas uniquement imputable à un déplacement de la production des pays de l’Organisation vers des pays non membres, même si cela a certainement joué un rôle dans certains pays et certains secteurs. La mondialisation a renforcé la concurrence et par là même stimulé les innovations technologiques et la croissance de la productivité, tout en rendant non rentables certaines activités (à forte intensité de main-d’œuvre) dans les pays développés. Rowthorn et al. (1998, 2004) estiment qu’entre 1970 et 1994, moins de 20 % de la désindustrialisation aux États-Unis et dans l’UE peut être attribuée à l’ouverture croissante des marchés ; ils considèrent toutefois que la contribution de la mondialisation s’intensifie quelque peu au cours de la période commençant en 1994. Conformément à ces estimations, Bolhoul et Fontagné (2006) reconnaissent que les échanges avec les pays à bas salaires expliquent en moyenne un cinquième du déclin observé de la part de l’emploi manufacturier dans 16 pays de l’OCDE. Les auteurs ont également calculé ce qu’aurait représenté l’emploi manufacturier en 2002, si les pays avaient conservé leur proportion d’échanges avec les pays à bas salaire au niveau de 1970. Selon leurs estimations, les échanges avec les pays en développement ont entraîné la suppressions d’environ 3.3 millions, 1.4 million et 350 000 emplois manufacturiers respectivement aux États-Unis, au Japon et en France. Ces chiffres absolus paraissent élevés, mais il convient de les interpréter au regard de l’évolution globale du marché du travail. Bien que l’emploi manufacturier total ait diminué, les différentes branches n’ont pas été affectées de manière égale. Le graphique 4.3 illustre la part de l’emploi manufacturier dans les principales branches d’activité pour les pays du G7, lesquels représentent environ 70 % de l’emploi manufacturier des pays de l’OCDE. Ce graphique montre que le recul de l’emploi manufacturier observé au cours des trois dernières décennies concerne principalement deux activités, à savoir les textiles et les produits métalliques. Dans ces branches, la concurrence internationale des pays à bas coûts a joué un rôle important dans la réduction de l’emploi manufacturier dans les pays de l’OCDE et cela s’intensifiera sans doute davantage du fait du changement de régime commercial qui touche depuis peu le secteur du textile (Pilat et al., 2006). Dans les pays du G7, l’emploi reste relativement stable dans plusieurs secteurs, en particulier l’alimentation, la fabrication de papier, les produits chimiques, l’automobile et les activités de fabrication non classées ailleurs (n.c.a.). Pour d’autres activités, comme le bois et les machines, l’emploi n’a reculé que légèrement. Les pays de l’OCDE conservent un avantage comparatif dans certaines de ces activités et ont connu une forte demande de produits provenant de certaines branches, par exemple de produits pharmaceutiques et de véhicules à moteurs. Dans d’autres industries, comme l’alimentation, la production manufacturière est souvent implantée près du marché et la concurrence internationale n’est généralement pas un facteur important de pertes d’emplois. De fait, certains COMMENT RESTER COMPÉTITIF DANS L'ÉCONOMIE MONDIALE : PROGRESSER DANS LA CHAÎNE DE VALEUR – ISBN-92-64-9789264034266 © OCDE 2007

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100 – 4. VERS UNE ÉCONOMIE DU SAVOIR : UN DÉFI POUR TOUS LES PAYS analystes sont d’avis que la délocalisation de la production de ces industries serait peu utile car l’avantage de disposer d’une chaîne d’approvisionnement locale, courte et souple peut compenser les coûts salariaux plus élevés (Ritter et Sternfels, 2004). Graphique 4.3. Emploi manufacturier par activité principale, pays du G7, 1970-2001 En millions de travailleurs 1970

1980

1990

2001

12 10

6 4 2

n.c

.a

or t

tio n ric a

us .d ef Ind

sm até rie l Au

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ab

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Pa pi e r Pr

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xti les Te

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on

0

Al

Millions

8

Source : Base de données STAN dans Pilat et al. (2006), « Les mutations du secteur manufacturier dans les pays de l’OCDE ».

La désindustrialisation demeure un phénomène essentiellement « national » Bien que les facteurs internationaux aient une part (relativement faible) de responsabilité dans le déclin de l’emploi manufacturier, la désindustrialisation demeure essentiellement un enjeu national. La cause principale du recul de l’emploi manufacturier est l’écart de croissance de la productivité entre le secteur manufacturier et le secteur des services (Baumol, 1967). Le progrès technologique et les économies d’échelle permettent une hausse de la productivité plus importante dans le secteur manufacturier que dans le secteur des services. L’augmentation des niveaux de salaires qui sont généralement étroitement liés entre le secteur manufacturier et les services, entraîne une augmentation considérable de la productivité, des suppressions d’emploi et des hausses de prix limités (voire des baisses dans certaines branches) dans le secteur manufacturier. À l’inverse, une concurrence (internationale) plus restreinte et des perspectives limitées d’augmentation de la productivité se prêtent beaucoup plus facilement à des hausses de prix et à une croissance de l’emploi dans les industries des services. Le graphique 4.4 offre une perspective générale de l’écart de croissance de la productivité entre le secteur manufacturier et les services dans des économies de l’OCDE (graphique de gauche). Une croissance égale de la productivité entre le secteur manufacturier et les services se traduirait par le regroupement de l’ensemble des points représentant les pays sur la ligne des 45 degrés du graphique ou à sa proximité. La plupart des pays apparaissent cependant à droite de cette ligne, ce qui signifie que la croissance

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4. VERS UNE ÉCONOMIE DU SAVOIR : UN DÉFI POUR TOUS LES PAYS–

101

de la productivité est plus élevée dans le secteur manufacturier que dans les services, et ce dans (pratiquement) tous les pays de l’OCDE. Les chiffres illustrent en outre qu’au niveau global, l’écart de croissance de la productivité entre le secteur manufacturier et les services coïncide avec une réaffectation de la main-d’œuvre vers le secteur des services (graphique de droite). La plupart des points sont situés dans le quart supérieur gauche du graphique, ce qui signifie que dans la majorité des pays, la croissance de l’emploi est positive dans les services, mais négative dans le secteur manufacturier. Graphique 4.4. Croissance de la valeur ajoutée par personne employée et croissance de l’emploi dans le secteur manufacturier et les services1 Taux de croissance annuelle moyen en pourcentage, 1990-20012 Valeur ajoutée par personne

Emploi

5

6

1990-2001

1990-2001

République slovaque

3 Australie 2 Norvège

Grèce

Royaume-Uni Hongrie Pologne Danemark Etats)Unis Suède Corée Finland Canada Allemagne Japon 1 Nouv.-Zélande Portugal Belgique Italy Autriche Luxembourg France 0 Pays-Bass Espagne 0 2 4 6 8 10

Luxembourg Total du secteur des services (%)

Total du secteur des services (%)

4

5 Corée

4

République slovaque Nouv.-Zélande France Portugal Espagne Autriche USA Canada Allemagne Pologne Norvège Royaume-UniJapon Italie Grèce Hongrie Belgique Danemark Finlande Suède Australie

3 2 1 0 -1 -6

-1 Total du secteur manufacturier (%)

Pays-Bas

-4

-2

0

2

4

Total du secteur manufacturier (%)

1. Le secteur des services couvre les divisions 50 à 99 de la CITI. 2. Ou dernière année disponible ; Allemagne : 1992-2001. Source : Base de données des indicateurs STAN dans Wölfl (2005), « The Service Economy in OECD Countries ».

À côté des différences de productivité entre le secteur manufacturier et les services, la désindustrialisation trouve également (en partie) son origine dans des facteurs liés à la demande de services. Premièrement, la demande de services est considérée comme pouvant varier en fonction du revenu, ce qui signifie qu’une augmentation des revenus entraîne une hausse plus que proportionnelle de la demande. Cela est particulièrement le cas des services tels que les activités de loisirs, les services de santé et de soins de haute qualité, l’enseignement supérieur ou d’autres services, tels que les voyages, qui peuvent tous contribuer à l’amélioration de la qualité de vie. Deuxièmement, les changements démographiques risquent eux aussi d’influer sur la structure de la demande : la baisse de la natalité et l’allongement de la vie dans les pays industrialisés se traduisent en effet par un vieillissement accéléré de la population. Cette évolution entraîne à son tour une chute de la demande de certains biens et services (la scolarisation en école maternelle, par exemple) et une hausse de la demande d’autres (comme les services de santé et les services à la personne). Troisièmement, la demande de services, notamment d’éducation et de santé, est étroitement liée à l’étendue des systèmes de protection sociale dans les COMMENT RESTER COMPÉTITIF DANS L'ÉCONOMIE MONDIALE : PROGRESSER DANS LA CHAÎNE DE VALEUR – ISBN-92-64-9789264034266 © OCDE 2007

6

102 – 4. VERS UNE ÉCONOMIE DU SAVOIR : UN DÉFI POUR TOUS LES PAYS pays de l’OCDE. Des travaux empiriques ont précédemment fait état de répercussions positives considérables de l’étendue du système de protection sociale sur la part des services dans l’emploi total (OCDE, 2000).

Augmentation de l’interaction entre les services et le secteur manufacturier L’étude du phénomène de désindustrialisation devient plus complexe lorsque la distinction entre le secteur manufacturier et le secteur des services s’atténue et que l’interaction entre les deux augmente. Le secteur de la fabrication commence à présenter quelques caractéristiques du secteur des services, telles qu’une hausse de la part des emplois dans les services et une augmentation des revenus qui en sont dérivés. Les services, quant à eux, sont de plus en plus comparables au secteur manufacturier du fait qu’ils peuvent de plus en plus faire l’objet d’échanges internationaux, et de leur incidence croissante sur d’autres secteurs de l’économie. L’interaction entre le secteur manufacturier et les services est de plus en plus complexe et adopte diverses formes, notamment l’externalisation des activités de services des entreprises manufacturières vers des entreprises de services, de même que l’utilisation d’intrants intermédiaires provenant de fournisseurs de services indépendants n’ayant pas été intégrés auparavant dans l’entreprise ou l’industrie produisant le bien final. Les tableaux d’entrées-sorties indiquent que les services contribuent pour une large part à la production manufacturière, à la fois par le biais d’apports directs à la production totale et à la demande finale, et d’apports indirects sous forme de fourniture d’intrants intermédiaires. La part de la valeur ajoutée du secteur tertiaire comprise dans les produits manufacturés a augmenté lentement avec le temps et pouvait, au milieu des années 90, atteindre dans certains pays de 25 à 30 % de la production totale. Même si les services contribuent en tant qu’intrants intermédiaires aux performances des autres industries, leur rôle demeure plus restreint que celui du secteur manufacturier. Les services sont plus autonomes à l’égard des autres secteurs que ne l’est le secteur manufacturier, du fait que la plupart des intrants nécessaires pour créer la demande de services proviennent du secteur des services lui-même. Les secteurs manufacturiers sont plus étroitement liés aux autres secteurs, en tant que fournisseurs aussi bien qu’utilisateurs d’intrants intermédiaires (Pilat et Wölfl, 2005). Il existe plusieurs professions liées aux services dans le secteur manufacturier ; on estime d’ailleurs que seuls 60 % environ des travailleurs de ce secteur sont dorénavant associés à la « production ». En 2002, en moyenne, environ 40 % de l’ensemble des personnes employées dans le secteur manufacturier exerçaient des professions qui peuvent être globalement considérées comme liées aux services – par exemple, spécialistes de la gestion, des affaires ou de la finance, ou juristes. La part des activités liées aux services est particulièrement importante aux Pays-Bas et au Royaume-Uni, tandis qu’elle demeure relativement faible au Portugal et en Grèce (graphique 4.5). En dépit de la délocalisation croissante par les entreprises manufacturières de certaines activités de service, une part toujours plus importante des travailleurs du secteur manufacturier est engagée dans cette catégorie d’activités. Cette situation peut témoigner de l’intensification du phénomène d’intégration verticale des fonctions, mais également du regroupement des produits et des services dans une offre globale, par exemple le couplage des ventes de véhicules automobiles et des services financiers, ainsi que, de manière plus générale, de l’évolution de la nature des produits manufacturiers. À en juger par ces mutations, le secteur manufacturier des économies développées, tout comme les activités plus traditionnelles, seraient de plus en plus composés d’activités COMMENT RESTER COMPÉTITIF DANS L'ÉCONOMIE MONDIALE : PROGRESSER DANS LA CHAÎNE DE VALEUR – ISBN-92-64-9789264034266 © OCDE 2007

4. VERS UNE ÉCONOMIE DU SAVOIR : UN DÉFI POUR TOUS LES PAYS–

103

à plus forte valeur ajoutée. Les pays développés ont besoin d’innovation combinée à une productivité élevée pour rester concurrentiels dans les secteurs manufacturiers qui connaissent une mondialisation accélérée. Les services sont devenus plus importants dans les économies de l’OCDE, pas uniquement en raison des nouvelles demandes des consommateurs, mais également compte tenu de l’externalisation de ces activités par les entreprises du secteur manufacturier. Graphique 4.5. Part des travailleurs du secteur manufacturier affectés à la production et aux services En pourcentage de l’emploi manufacturier total, 2002

% 100

Artisans et commerçants

Spécialistes

Autres professions

90 80 70 60 50 40 30 20 10

Po rtu ga l

Gr èc e

Es pa gn e

Ita lie

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Fr an ce

nd e Irla

Su èd e

um eUn i Be lgi qu e Da ne ma rk Fin lan de

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-B as

0

Source : Enquête sur les forces de travail de l’UE, 2002 dans Pilat et al. (2006), « Les mutations du secteur manufacturier dans les pays de l’OCDE ».

Les pays de l’OCDE s’élèvent dans la chaîne de valeur Le savoir est de plus en plus important dans les différents secteurs des pays de l’Organisation Face au durcissement de la concurrence mondiale, les économies développées doivent progresser dans la chaîne de valeur afin de rester concurrentielles et les investissements dans le savoir sont essentiels pour pérenniser la croissance économique, la création d’emplois et l’amélioration des niveaux de vie dans les pays de l’OCDE. En 2001, l’investissement dans le savoir, c’est-à-dire la somme des dépenses affectées à la R-D, à l’enseignement supérieur et aux logiciels, s’est élevé à 5.2 % du produit intérieur brut (PIB) dans la zone de l’OCDE, et cette part est en augmentation. Si l’on inclut l’ensemble des dépenses allouées à tous les niveaux d’enseignement, cette proportion dépasse alors 9 % du PIB. Le ratio de l’investissement dans le savoir rapporté au PIB varie de 2.2 % à 7.2 % dans les pays de l’OCDE. C’est dans les pays d’Europe méridionale qu’il est le plus bas et dans les pays nordiques, en Corée et aux États-Unis qu’il est le plus élevé (graphiques 4.6 et 4.7). Dans tous les pays observés, à l’exception de l’Irlande, ce ratio COMMENT RESTER COMPÉTITIF DANS L'ÉCONOMIE MONDIALE : PROGRESSER DANS LA CHAÎNE DE VALEUR – ISBN-92-64-9789264034266 © OCDE 2007

104 – 4. VERS UNE ÉCONOMIE DU SAVOIR : UN DÉFI POUR TOUS LES PAYS était plus élevé en 2002 qu’en 1994. Pour la majorité des pays, l’augmentation des dépenses de logiciels était la principale source de la hausse des investissements dans le savoir. La Finlande (où ce sont les dépenses de R-D qui sont principalement à l’origine de l’augmentation) et l’Espagne (dont le moteur était l’enseignement supérieur) sont les deux exceptions notables. Graphique 4.6. Les investissements dans le savoir

Graphique 4.7. Les investissements dans le matériel et l’équipement

En pourcentage du PIB, 2002

En pourcentage du PIB, 2002

R-D %

Logiciels

Enseignement superieur

Machines et equipement

Suède

1.7 1.2

États-Unis

1.3

Finlande

1.0

-0.1

Finlande

0.0

Corée

-0.4 0.1

1.8

Danemark

Danemark

0.9

OCDE (2)

OCDE (2)

0.0

4.2

Japon

Japon

-0.1

0.1

Canada

Canada

0.1

0.3

Australie

Australie

0.0

0.5

Allemagne

Allemagne

0.0

Belgique

0.1

0.0

Belgique

n.a.

UE (2)

3.3

Pays-Bas

0.3

France

0.2

Royaume-Uni

1.2

Autriche

Autriche

n.a.

Espagne

Espagne

0.0

Variation du ratio investissement dans le savoir-PIB, 1884-20011

Nouvelle-Zélande

UE (2)

0.0

Pays-Bas

-0.1

France

0.1

Royaume-Uni

n.a.

Variation du ratio machines et équipement-PIB, 1994-20011

Nouvelle-Zélande

0.0 0.1 -0.1

Irlande

Irlande

0.0

11.9

Italie (3)

Italie (3)

0.2

4.2

Grèce (3)

Grèce (3)

0.3

0.5

Portugal

Portugal

-0.2

8

Corée

0.1 %

Suède États-Unis

6

4

2

0

0.0 0

5

10

15

1. 1994-2001 pour la Grèce et l’Italie. 1995-2002 pour la Corée. Les chiffres de l’UE ne comprennent pas la Belgique, la Grèce et l’Italie. Les chiffres de l’OCDE ne comprennent pas la Belgique, la Grèce, l’Italie et la Nouvelle-Zélande. 2. Hors Grèce et Italie. 3. Données de 2001. Source : OCDE (2005b), Tableau de bord de la science, de la technologie et de l’industrie de l’OCDE.

Afin de tirer parti des avantages de la mondialisation, les pays de l’OCDE se spécialisent dans des activités à plus forte valeur ajoutée, ainsi qu’en témoigne la part croissante des secteurs à plus forte intensité technologique dans la valeur ajoutée. Tous les secteurs produisent et/ou exploitent dans une certaine mesure de nouvelles technologies ou connaissances, mais l’intensité technologique et/ou de savoir est plus forte dans certains (voir l’encadré 4.1). En 2002, le secteur manufacturier de haute et de moyenne-haute technologie représentait 7.5 % environ de la valeur ajoutée de l’ensemble des pays de l’OCDE, un chiffre en légère hausse ces dernières décennies (graphique 4.6). Le secteur manufacturier de haute et de moyenne-haute technologie est un moteur COMMENT RESTER COMPÉTITIF DANS L'ÉCONOMIE MONDIALE : PROGRESSER DANS LA CHAÎNE DE VALEUR – ISBN-92-64-9789264034266 © OCDE 2007

4. VERS UNE ÉCONOMIE DU SAVOIR : UN DÉFI POUR TOUS LES PAYS–

important de la croissance économique (dont le cœur se déplace des biens des TIC vers les produits liés à la santé) en particulier en Irlande. Il représente désormais quelque 21 % de la valeur ajoutée totale, soit sensiblement plus que la moyenne de l’OCDE.

Encadré 4.1. Mesurer les industries à forte intensité de technologie et de savoir Une classification technologique des industries manufacturières d’après les intensités de R-D de la CITI Rév. 3 a été établie dans les années 90 pour douze pays de l’OCDE. La division des industries manufacturières en haute, moyenne-haute, moyenne-faible et faible technologies a été établie après avoir classé les industries sur la base de leur moyenne sur la période 1991-99 par rapport aux intensités de R-D agrégées de l’OCDE. Les industries classées dans les catégories plus élevées ont une intensité moyenne plus élevée pour les deux indicateurs que les industries dans les catégories moins élevées (voir annexe A). Il s’avère plus difficile de définir les secteurs de services a forte intensité de savoir et cet effort continue à mesure que des données plus détaillées sur le secteur des services sont disponibles dans les pays de l’OCDE. D’après des analyses antérieures des utilisateurs de technologies incorporées (fondées sur les tableaux d’entrées-sorties), les intensités de R-D (quoique limitées) des secteurs des services, ainsi qu’une évaluation préliminaire de la composition des qualifications de la main-d’œuvre par activité, les activités de services « marchands » suivantes de la CITI Rév. 3 sont considérées comme étant à forte intensité de savoir. La catégorie « Activités immobilières » (soit plus de 10 % de la valeur ajoutée totale de la zone OCDE) est exclue, car elle se compose en grande partie de « valeur locative imputée des immeubles occupés par leurs propriétaires ».



Division 64 : Postes et télécommunications (les deux activités ne peuvent pas être séparées pour la plupart des pays).



Divisions 65-67 : Intermédiation financière et assurances.



Divisions 71-74 : Activités de services aux entreprises (affaires immobilières non comprises).

De son côté, la part des services « marchands » fondés sur le savoir continue de progresser et représente désormais plus de 20 % de la valeur ajoutée de la zone de l’OCDE. Différents facteurs ont contribué à la croissance de ces services : la délocalisation des services aux entreprises auprès d’entreprises spécialisées, alors que les entreprises (manufacturières et de services) se recentrent sur leurs cœur de métier ; la demande en connaissances spécialisées, également dans des activités de la chaîne de valeur qui ont davantage une fonction de support ; l’innovation croissante de ces services stimulés par les investissements dans la R-D et le capital physique ; et la déréglementation et la libéralisation de certains de ces marchés, qui ont entraîné un renforcement de la concurrence (internationale). Tout au long des années 90, la plupart des pays membres de l’OCDE ont enregistré une croissance régulière des services fondés sur le savoir. Parmi les grands pays de l’OCDE, les États-Unis ont affiché une croissance particulièrement forte, alors qu’au Japon le développement des services fondés sur le savoir a progressé plus lentement. En Suisse et au Luxembourg, la part élevée des services à forte intensité de savoir (plus de 25 % de la valeur ajoutée totale) s’explique par la vigueur du secteur financier. Dans la plupart des autres pays, ce sont les services aux entreprises qui représentent la plus forte part des services à forte intensité de savoir. L’importance accordée aux classifications des secteurs de haute et de moyenne-haute technologie occulte les mutations qui se font jour dans les secteurs à intensité COMMENT RESTER COMPÉTITIF DANS L'ÉCONOMIE MONDIALE : PROGRESSER DANS LA CHAÎNE DE VALEUR – ISBN-92-64-9789264034266 © OCDE 2007

105

106 – 4. VERS UNE ÉCONOMIE DU SAVOIR : UN DÉFI POUR TOUS LES PAYS technologique plus faible. La réorientation vers des activités et des investissements davantage axés sur la technologie et le savoir concerne également des secteurs de plus faible technologie, comme le montrent certaines mesures indirectes. Dans ces secteurs, la valeur ajoutée a augmenté plus fortement que l’emploi (et a même été parfois accompagnée, dans certaines branches, d’une croissance négative de l’emploi), donnant à penser que la productivité a enregistré une hausse brutale (graphique 4.8). Cette situation s’explique (en partie) par la relocalisation et la délocalisation vers des pays à bas coûts des étapes de la chaîne de valeur qui ont la plus forte intensité de main-d’œuvre. Les activités qui continuent d’être réalisées dans les pays plus développés sont généralement des activités de plus forte valeur ajoutée, dans lesquelles le savoir et la technologie, y compris la conception, sont importants. C’est ce que confirme l’augmentation de l’intensité de R-D dans les secteurs de faible technologie, augmentation sans commune mesure avec celle qu’ont enregistrée les autres secteurs. Graphique 4.8. Proportion de la valeur ajoutée brute totale, 2002, en pourcentage Secteurs manufacturiers de haute et moyenne-haute technologie

Services marchands à forte intensité de savoir Poste et télécommunications Intermédiation financière et assurances

Irlande Corée Allemagne Suisse Rép. tchèque Finlande Hongrie Suède Japon Rép. slovaque (2001) UE Belgique Autriche OCDE France Mexique Italie Canada (2001) Danemark États-Unis Royaume-Uni Pologne (2000) Espagne Pays-Bas Portugal Australie Nouvelle-Zélande Norvège Islande Grèce Luxembourg %

20

Services aux entreprises

Secteurs manufacturiers de haute technologie

dont :

15

10

5

0

Luxembourg Suisse États-Unis Royaume-Uni Australie Pays-Bas France Belgique OCDE Allemagne UE Italie Nouvelle-Zélande Corée Canada (2001) Irlande Autriche Suède Japon Hongrie Islande Portugal Danemark Espagne Finlande Norvège Mexique Grèce 0

5

10

15

20

25

30

35 %

Source : OCDE (2005b), Tableau de bord de la science, de la technologie et de l’industrie de l’OCDE.

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4. VERS UNE ÉCONOMIE DU SAVOIR : UN DÉFI POUR TOUS LES PAYS–

107

L’ascension de la chaîne de valeur modifie l’avantage comparatif des pays L’évolution vers une économie davantage axée sur le savoir transparaît clairement dans les données relatives aux échanges, qui font état d’une augmentation plus importante des échanges dans les secteurs de haute et de moyenne-haute technologie que dans l’ensemble du secteur manufacturier. Entre 1994 et 2003, le Japon est le seul pays dans lequel le total des exportations de produits manufacturés a progressé plus rapidement que les exportations de produits de haute technologie. Les secteurs qui ont le plus augmenté dans les échanges de produits manufacturés de l’OCDE sont, pour cette même période, des secteurs de haute technologie tels que l’industrie pharmaceutique, les instruments scientifiques, l’aéronautique et l’aérospatiale, et le matériel électronique. Les secteurs de haute technologie sont les secteurs manufacturiers les plus dynamiques et représentent environ un quart des échanges totaux de l’OCDE. Avec les secteurs de moyenne-haute technologie (en particulier les véhicules automobiles, les produits chimiques, le matériel et l’équipement), ils représentent à eux deux la majorité des échanges de produits manufacturés de l’OCDE (graphique 4.9). Graphique 4.9. Croissance et structure des échanges manufacturiers de l’OCDE par intensité technologique Indice 1994 = 100

Pourcentage des échanges manufacturiers totaux

200

% 45

Haute technologie

190 180

40

Moyenne-haute technologie

170

Moyenne-haute technologie

35

160 Total échanges manufacturiers

150

30 Haute technologie

140 25

130 Faible technologie

120

20 Faible technologie

Moyenne-faible technologie

110

15

100 90

Moyenne-faible technologie

10

1994

1995

1996

1997

1998

1999

2000

2001

2002

2003

1994

1995

1996

1997

1998

1999

2000

2001

2002

Source : OCDE (2005b), Tableau de bord de la science, de la technologie et de l’industrie de l’OCDE.

Des écarts considérables existent entre les pays ; en effet, la part des secteurs de haute et moyenne-haute technologie varie entre moins de 10 % en Islande et plus de 80 % au Japon et en Irlande. Les secteurs de haute technologie représentaient plus de 50 % des exportations manufacturières totales de l’Irlande et plus de 30 % de celles de la Suisse, de la Corée, des États-Unis, du Royaume-Uni, de la Hongrie et des Pays-Bas. Au Japon et en Allemagne, les secteurs de moyenne-haute technologie, tels que ceux du matériel et de l’équipement, des véhicules automobiles et des produits chimiques, constituaient la part la plus importante des exportations totales.

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2003

108 – 4. VERS UNE ÉCONOMIE DU SAVOIR : UN DÉFI POUR TOUS LES PAYS L’évaluation des points forts et des faiblesses des pays ne doit pas se limiter aux exportations mais prendre également en compte les importations, du fait que les exportations peuvent être largement tributaires des importations dans la même branche, compte tenu de l’importance croissante des chaînes de valeur mondiales. Des indicateurs de l’avantage comparatif révélé tenant compte de la contribution des différents secteurs à la balance commerciale des pays montrent que peu de pays de l’OCDE sont spécialisés dans les secteurs manufacturiers de haute technologie. En 2003, l’excédent commercial de ces industries représentait plus de 6.5 % du commerce total de produits manufacturés pour la Suisse, 5.5 % pour l’Irlande et environ 4.5 % pour les États-Unis. L’excédent commercial dans les secteurs de moyenne-haute technologie représentait plus de 15 % du total des échanges de biens manufacturés au Japon et plus de 7 % en Allemagne. Un grand nombre de pays de l’OCDE conservent un fort avantage comparatif dans les industries de moyenne-faible et de faible technologie. Dans ces industries, l’excédent structurel représentait environ 20 % du total des produits manufacturés en NouvelleZélande et en Islande, et plus de 10 % en Turquie (graphique 4.10). Graphique 4.10. Contribution à la balance commerciale du secteur manufacturier, 2003 En pourcentage des échanges manufacturiers totaux %

Haute technologie

Moyenne-haute technologie

Moyenne-faible technologie

Faible technologie

30 20

Avantage comparatif

10 0 - 10 - 20

Désavantage comparatif

Su iss Irla e É nd Ro tats- e ya Un um is eU Ho ni ng Me rie xiq ue Co Da r é ne e ma r Su k èd Fr e a Fin nce lan de Ja Be pon lgi q Au ue tric Pa he ys Ré -B pu as bli q u Gr e t èce ch è Es que pa g No ne rvè Po ge Al rtug lem al ag Ca ne na da Ré Ita pu li bli qu Tur e e s qu lov ie aq Po ue log n Isl e an No uv Au de ell str e- ali Zé e lan de

- 30

Note : La « contribution à la balance commerciale » est la différence entre :

(X i − M i ) − (X − M )

(X i + M i ) (X + M )

( X i − M i ) = solde observé du secteur, (X i + M i ) et ( X − M ) = solde théorique du secteur. (X + M )



S’il n’y avait pas d’avantage ou de désavantage comparatif pour un secteur i, le solde total des échanges d’un pays (excédentaire ou déficitaire) devrait être réparti entre les secteurs en fonction de leur part dans le total des échanges. Une valeur positive pour un secteur indique un excédent structurel et une valeur négative un déficit structurel. Source : OCDE (2005b), Tableau de bord de la science, de la technologie et de l’industrie de l’OCDE. COMMENT RESTER COMPÉTITIF DANS L'ÉCONOMIE MONDIALE : PROGRESSER DANS LA CHAÎNE DE VALEUR – ISBN-92-64-9789264034266 © OCDE 2007

4. VERS UNE ÉCONOMIE DU SAVOIR : UN DÉFI POUR TOUS LES PAYS–

109

Dans la plupart des pays de l’OCDE, cette structure de spécialisation n’a évolué que progressivement depuis les dix dernières années, avec toutefois quelques exceptions. En effet, d’importants changements se sont produits dans les secteurs de haute technologie en Finlande, en Hongrie et au Japon, les deux premiers pays ayant renforcé leur position dans ce type d’activité, alors que le Japon y a perdu une partie de son avance. Le désavantage comparatif de la République tchèque, de la Finlande, de la Hongrie, de la Pologne, de la Turquie et de la Nouvelle-Zélande a considérablement diminué. De la même manière, la Grèce, la République tchèque, la Hongrie, la République slovaque, l’Irlande, la Corée, le Portugal et la Turquie ont vu leur désavantage comparatif dans les industries de moyenne-haute technologie s’estomper sur ce segment du marché mondial.

Les défis posés par les pays non membres de l’OCDE Les pays non membres progressent-ils réellement dans la chaîne de valeur ? Les données sur les échanges indiquent que les BRIC (le Brésil, la Russie, l’Inde et la Chine) sont eux aussi devenus plus actifs dans les secteurs de plus haute technologie. Les échanges de leurs secteurs nationaux de haute et de moyenne-haute technologie, bien que partant d’un niveau inférieur, ont augmenté plus rapidement que les échanges du secteur manufacturier dans son ensemble. En 2004, les importations et les exportations de ces secteurs de plus haute technologie ont représenté en moyenne près de 60 % de la totalité des échanges des BRIC (graphique 4.11). Ces performances sont pratiquement entièrement attribuables à la Chine, étant donné que les exportations du Brésil, de l’Inde et de la Russie sont plus limitées dans ces branches. Les exportations de la Chine émanent pour plus de 50 % des secteurs de haute et de moyenne-haute technologie (informatique et électronique), et de secteurs de plus faible technologie (notamment les textiles). Les autres pays sont essentiellement spécialisés dans les secteurs de moyenne-faible technologie (coke/pétrole et métaux de base pour la Russie) et les activités de faible technologie (les textiles pour l’Inde et l’alimentation pour le Brésil). Graphique 4.11. Croissance et structure des échanges manufacturiers des BRIC selon l’intensité technologique Indice 1996 = 100

Proportion des échanges totaux de produits manufacturés (%)

700

% 40

600

35

500

30

400

25 20

300

15 200

10

100

5

0 1996

1997

1998

1999

2000

2001

2002

2003

2004

Haute technologie

Moyenne-haute technologie

Moyenne-faible technologie

Faible technologie

0 1996

1997

1998

1999

2000

2001

2002

2003

2004

Haute technologie

Moyenne-haute technologie

Moyenne-faible technologie

Faible technologie

Total manufacturing

Source : OCDE, Base de données du commerce bilatéral.

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110 – 4. VERS UNE ÉCONOMIE DU SAVOIR : UN DÉFI POUR TOUS LES PAYS La Chine produit et exporte principalement des produits manufacturés à bas coûts et de faible technologie, mais rivalise de plus en plus avec les pays de l’OCDE dans le domaine des produits élaborés et à fort contenu technologique. Une grande part des exportations chinoises concerne des produits manufacturés nécessitant une main-d’œuvre abondante mais peu qualifiée, comme les jouets, les textiles ou encore les chaussures. La Chine diversifie toutefois de plus en plus ses exportations depuis 15 ans et même si celles-ci utilisent toujours beaucoup de main-d’œuvre, la part des biens électroniques, des meubles et des transports est passée de 17.3 % des exportations totales en 1990 à 41.7 % en 2004. Les exportations de biens de haute technologie en direction des pays de l’OCDE ont augmenté plus fortement que toute autre catégorie de biens au cours de la dernière décennie, à un rythme annuel de 47 % entre 1992 et 2003. Rodrik (2006) a calculé que l’offre de la Chine à l’exportation était comparable à celle d’un pays dont le revenu par habitant est de trois fois supérieur à celui de la Chine, ce qui prouve que la Chine parvient d’une quelconque façon à produire et à exporter des produits élaborés et de productivité élevée, performance que l’on n’attendrait pas d’un pays à bas salaires disposant d’une main-d’œuvre abondante. La plupart de ces exportations de haute technologie émanent des secteurs des TIC. La Chine est devenue l’un des premiers sites mondiaux de la production et de l’assemblage des biens des TIC. Sa part dans la totalité des échanges mondiaux des biens des TIC était inférieure à 35 milliards USD en 1996. En 2004, elle a atteint près de 329 milliards USD, soit une croissance annuelle de près de 38 % depuis 1996. En 2004, la Chine est devenue le premier exportateur de biens des TIC, dépassant le Japon et l’UE en 2003 et détrônant les États-Unis en 2004. Depuis 2002, la Chine est un exportateur net de biens de haute technologie en direction des pays de l’OCDE. La moitié des exportations chinoises de haute technologie est composée de radios, de téléviseurs et de matériel de communication, alors que plus du tiers consiste en ordinateurs et matériel de bureau (OCDE, 2006a). Les échanges intrabranche occupent désormais une place prépondérante dans les échanges de produits manufacturés de la Chine, du fait que les exportations des secteurs de plus haute technologie, d’un volume considérable et croissant, s’accompagnent d’importations tout aussi massives. L’existence d’échanges intrabranche dynamiques ne permet pas de mettre au jour correctement les forces et les faiblesses des pays, et la contribution des différents secteurs à la balance commerciale révèle plus précisément l’avantage comparatif de chacun. Le graphique 4.12 montre que l’avantage comparatif des BRIC, comme celui de la Chine, demeure concentré dans les secteurs de faible technologie. En dépit du volume élevé des exportations et du premier excédent commercial dans le domaine des produits de haute technologie, la contribution structurelle à l’excédent commercial reste attribuable à des secteurs de faible technologie.

Les performances commerciales de la Chine : augmentation des importations de produits intermédiaires de haute technologie par les entreprises étrangères L’évolution de la structure des échanges de la Chine vers des secteurs de plus forte intensité technologique trouve principalement son origine dans le partage de la production entre différents pays asiatiques, qui s’accomplit par le biais de réseaux internationaux de production et d’échanges. Un rapport de Guillaume et al. (2005) montre clairement qu’il existe un lien solide entre les échanges de la Chine de biens de haute technologie et sa position dans la fragmentation internationale des chaînes de valeur des entreprises. La libéralisation des échanges a facilité la participation de la Chine aux réseaux de production internationaux, et renforcé son intégration avec ses partenaires commerciaux, COMMENT RESTER COMPÉTITIF DANS L'ÉCONOMIE MONDIALE : PROGRESSER DANS LA CHAÎNE DE VALEUR – ISBN-92-64-9789264034266 © OCDE 2007

4. VERS UNE ÉCONOMIE DU SAVOIR : UN DÉFI POUR TOUS LES PAYS–

en particulier en Asie. Les entreprises implantées en Asie de l’Est ont considérablement redéployé leurs activités entre les pays, et la Chine a acquis un rôle de premier plan dans ces réseaux internationaux de production de la région asiatique. Concernant les industries de haute technologie, l’avantage comparatif de la Chine réside clairement dans les phases en aval du processus de production (c’est-à-dire les biens finals) et non dans les activités en amont (produits intermédiaires, pièces détachées et composants). Graphique 4.12. Contribution à la balance commerciale du secteur manufacturier, 2004 En pourcentage des échanges manufacturiers totaux

Haute technologie

Moyenne-haute technologie

Moyenne-faible technologie

Faible technologie

% 25 20 15 10 5 0 -5 -10 -15 -20 -25 Brésil

Chine

Inde

Russie

Source : OCDE, Base de données du commerce bilatéral.

En conséquence, la Chine bénéficie d’un afflux important d’investissement direct étranger (IDE) et enregistre une croissance exceptionnelle de ses exportations de produits manufacturés, qui contribue à son tour à la croissance économique. Des entreprises de Corée, de Hong-Kong (Chine), du Japon, du Taipei chinois et d’autres économies asiatiques ont redéployé leurs activités à forte intensité de main-d’œuvre en Chine, alors que des entreprises des États-Unis et d’Europe intervenant dans les nouvelles économies industrielles ont transféré leurs activités en Chine. Mais contrairement aux entreprises asiatiques dont la première motivation a trait avant tout aux conditions des coûts, les décisions des entreprises européennes et américaines semblent davantage dictées par des stratégies d’expansion de leurs marchés. Ces dix dernières années, la technologie importée incorporée dans l’IDE a entraîné une modification structurelle des échanges de la Chine ; la composition par produits qui faisait auparavant la part belle aux industries traditionnelles est désormais plus influencée par les industries à forte intensité de haute technologie. À titre d’illustration, l’augmentation des exportations des produits TIC est majoritairement attribuable à la délocalisation en Chine des activités à forte intensité de main-d’œuvre et souvent de faible valeur ajoutée des entreprises étrangères, notamment l’assemblage et la production de téléviseurs, d’ordinateurs, de téléphones et de lecteurs de DVD (OCDE, 2006a). Les économies asiatiques développées utilisent de plus en plus la Chine comme une plateforme d’assemblage des pièces détachées et des composants exportés à partir de leur COMMENT RESTER COMPÉTITIF DANS L'ÉCONOMIE MONDIALE : PROGRESSER DANS LA CHAÎNE DE VALEUR – ISBN-92-64-9789264034266 © OCDE 2007

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112 – 4. VERS UNE ÉCONOMIE DU SAVOIR : UN DÉFI POUR TOUS LES PAYS territoire. Plus de la moitié des importations de haute technologie sont des pièces détachées et des composants dont la plus grande partie est incorporée dans les exportations de biens finals et de produits intermédiaires ; et plus de 60 % de ces mêmes importations proviennent d’économies asiatiques, principalement du Japon, de HongKong (Chine), de Corée, du Taipei chinois et de Singapour. Une fois assemblés, les produits finals et intermédiaires sont exportés à partir de la Chine vers ces économies, alors que les entreprises asiatiques réimportent une part croissante de la production qu’elles ont délocalisée en Chine populaire, mais également vers d’autres pays/régions développés comme l’Europe et les États-Unis. Cette structure triangulaire a entraîné une forte hausse des exportations de la Chine vers l’UE et les États-Unis, où elles ont supplanté celles du Japon et des nouvelles économies industrialisées (NEI) asiatiques. Ce processus a plus particulièrement permis à ces économies asiatiques plus développées de progresser dans la chaîne de valeur et de se spécialiser dans des activités à plus forte valeur ajoutée. La balance commerciale de la Chine dans les biens des TIC illustre parfaitement cette organisation : la Chine enregistre des excédents commerciaux avec les États-Unis et l’UE, alors qu’elle est déficitaire avec la plupart des pays asiatiques (graphique 4.13). Graphique 4.13. La balance commerciale de la Chine dans les biens des TIC, 2004 Milliards USD 55 45 35 25 15 5 -5 -15

ois Taipei ch in

Corée

Malaisie

Japon

e Thaïland

ur Singapo

Inde

Australie

UE15

États-Un is

Hong-Ko ng, Chin e

-25

Source : OCDE (2006a), Perspectives des technologies de l’information de l’OCDE.

Une grande partie des échanges de la Chine est consacrée à des produits transformés, et ces activités de transformation représentent la majorité de l’excédent commercial du

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4. VERS UNE ÉCONOMIE DU SAVOIR : UN DÉFI POUR TOUS LES PAYS–

pays5. Les données globales relatives aux exportations chinoises entre janvier et décembre 2005 montrent que 55 % de la totalité des exportations sont liés à des activités de transformation et d’assemblage (China’s Monthly Customs Statistics). Si l’on exclut les échanges ayant trait aux activités de transformation, la Chine enregistre alors un déficit commercial avec l’UE et atteint pratiquement l’équilibre avec les États-Unis. Cette même étude affirme que les échanges de la Chine avec l’UE et les États-Unis souffrent d’une asymétrie intrinsèque en raison de l’intégration de la Chine dans les réseaux de production asiatiques. Les déficits commerciaux des États-Unis et de l’UE sont liés aux activités des entreprises étrangères – très souvent leurs propres groupes multinationaux – auxquelles les faibles coûts de production font gagner des bénéfices et des gains de productivité considérables. La question importante qui se pose est la suivante : la Chine se contente-t-elle d’assembler des pièces détachées ou certains indices donnent-ils à penser qu’elle augmente sa production de biens des TIC à plus forte valeur ajoutée ? À titre d’illustration, la croissance de ses importations de haute technologie est loin derrière celle de ses exportations de haute technologie, ce qui laisserait supposer que les exportations de produits de haute technologie incluent la valeur ajoutée nationale et ne sont pas uniquement des réexportations qui n’ont connu que de faibles améliorations ou qu’un simple assemblage. Une étude de l’OCDE a révélé que les entreprises chinoises du secteur des TIC ne se contentent pas d’assembler et de réexporter en direction des pays de l’OCDE, mais qu’elles rivalisent de plus en plus dans des aspects du processus de production qui font appel à une main-d’œuvre qualifiée et qui exigent des intrants de plus haute technologie (OCDE, 2006a). Il semblerait que les filiales étrangères du secteur des TIC sont en pleine transformation et, de simples centres de fabrication et d’assemblage, évoluent vers des unités de production et conception originale (U.S.-China Economic and Security Review Commission, 2005) et tiennent des rôles plus importants dans les réseaux d’innovation mondiaux. Elles contribuent également toujours davantage à la rapide croissance du marché chinois. D’autres auteurs, comme Branstetter et Lardy (2006), se demandent si la Chine s’élève réellement dans la chaîne de valeur, et attirent l’attention sur le fait que la plupart de ses exportations des biens des TIC vers les États-Unis sont composées de gros volumes et de produits de base vendus essentiellement par des grossistes en produits électroniques (comme les lecteurs de DVD, les ordinateurs bloc-notes et les téléphones portables). Les filiales chinoises d’entreprises multinationales des TIC ou des sociétés tierces de services de fabrication électronique, qui assurent la production pour de grandes entreprises multinationales des TIC, importent des produits intermédiaires et produisent principalement des produits finis qui sont ensuite exportés (échanges liés aux activités de transformation et d’assemblage). Dans ce cadre, les composants à forte valeur ajoutée,

5 . Voir Guillaume et al. (2005) à ce sujet. Les échanges relatifs au « perfectionnement actif », c’est-à-dire à la transformation en Chine de produits réexportés, sont généralement qualifiés d’« échanges de produits transformés ». Selon les définitions des Douanes chinoises, deux types d’échanges de produits transformés en Chine sont prévus dans le cadre du système de maintien sous douane et bénéficient d’une·exonération des droits de douane. Le premier est le « perfectionnement actif sous contrat », qui désigne les transactions d’exportation et d’importation dans lesquelles les intrants importés demeurent la propriété du fournisseur étranger. Le second correspond aux « autres activités de perfectionnement actif », dans lesquelles la propriété des biens importés pour être utilisés comme intrants est transférée aux producteurs chinois, qui sont pour la plupart des entreprises étrangères. COMMENT RESTER COMPÉTITIF DANS L'ÉCONOMIE MONDIALE : PROGRESSER DANS LA CHAÎNE DE VALEUR – ISBN-92-64-9789264034266 © OCDE 2007

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114 – 4. VERS UNE ÉCONOMIE DU SAVOIR : UN DÉFI POUR TOUS LES PAYS tels que les unités centrales et les puces de mémoire, sont généralement importés. En outre, la valeur ajoutée nationale ne représenterait que 15 % de la valeur des exportations de produits électroniques et des technologies de l’information. La Chine fournirait ainsi principalement des services d’assemblage à bas salaire, conformément à son avantage comparatif dans les activités à forte intensité de main-d’œuvre.

La Chine est-elle en train d’évoluer vers une économie du savoir ? Il faut ici se demander combien de temps durera cette spécialisation dans les activités à forte concentration de main-d’œuvre et si la Chine parviendra à mettre en place ses propres capacités technologiques. Jusqu’à présent, l’acquisition de technologie par la Chine passait principalement par des importations de produits intermédiaires et de biens, et moins par des importations de technologies incorporées. D’une manière générale, les connaissances technologiques étrangères pénètrent en Chine grâce à des mesures favorisant l’investissement étranger dans les secteurs à forte intensité de haute technologie. Depuis peu cependant, les filiales étrangères en Chine sont de plus en plus souvent à l’origine d’activités de production, mais également d’investissements dans la R-D (voir plus bas). Toutefois, compte tenu du nombre, estimé à plus de 100 millions, des travailleurs agricoles peu qualifiés qui devront rallier le secteur manufacturier au cours des prochaines décennies, il est probable que la Chine conservera pendant plusieurs années son avantage comparatif dans des activités/produits à forte concentration de maind’œuvre. Dans l’ensemble, la structure industrielle de la Chine semble (toujours) caractérisée par un secteur manufacturier modeste, une dépendance élevée vis-à-vis des entreprises étrangères, une part d’importations élevée dans les exportations et des liens en amont limités avec les fournisseurs locaux de composants. Les entreprises étrangères représentent une grande proportion des exportations et des importations chinoises : leurs importations en 2005 se sont élevées à 388 milliards USD, soit 58.8 % des importations totales et leurs exportations ont grimpé à 444 milliards USD, soit 58.2 % des exportations de la Chine cette même année6. Le pourcentage des exportations est sensiblement plus élevé que dans les autres NEI asiatiques à une phase de développement similaire. Au milieu des années 70, 20 % des exportations de produits manufacturés du Taipei chinois émanaient d’entreprises étrangères ; en Corée, cette proportion atteignait 25 % entre 1974 et 1978. La prééminence des entreprises étrangères est encore plus prononcée lorsque l’on examine les exportations de biens d’équipement avancés, dans lesquelles elle se situe entre 70 à 90 %. La technologie étrangère contenue dans les importations de haute technologie ne semble guère avoir entraîné d’externalités de connaissances et d’avantages pour l’économie chinoise à l’échelon local. En général, les entreprises étrangères s’efforcent de protéger leur technologie de leurs concurrents chinois (Lardy, 2005), même si des politiques en place (coentreprises, protection du marché national, faible respect des droits de propriété intellectuelle) permettent l’accomplissement d’un certain transfert de technologies. Des différences importantes subsistent entre les filiales étrangères et les entreprises nationales en Chine. Whalley et Xin (2006) indiquent que les entreprises étrangères en Chine n’emploient que 24 millions de travailleurs, sur une main-d’œuvre

6.

Voir OCDE (2006a), Annexe tableau 9.

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4. VERS UNE ÉCONOMIE DU SAVOIR : UN DÉFI POUR TOUS LES PAYS–

totale de 752 millions, que leur productivité du travail est environ neuf fois supérieure à celle des travailleurs des entreprises nationales, et qu’elles représentent plus de 30 % de la production industrielle du pays. Afin de réduire cette dépendance élevée vis-à-vis de la technologie et des capitaux étrangers, la Chine a mis en œuvre une nouvelle politique qui met l’accent sur le renforcement des capacités d’innovation nationales. Les entreprises chinoises s’emploient notamment à obtenir du transfert de technologie et de compétences de l’étranger, et installent à cette fin des centres de recherche et développement (R-D) dans les pays développés. Par ailleurs, les entreprises chinoises de haute technologie axent leurs efforts sur l’élaboration de nouvelles normes en vue de leur application sur le marché chinois et dans le monde entier (Walsh, 2006). Dans le 11e Plan quinquennal chinois pour 20062010, les autorités exhortent les grandes entreprises à créer des instituts de R-D et se déclarent favorables à un partage des activités de R-D entre l’État et les entreprises. Le gouvernement chinois encourage depuis peu les entreprises chinoises à investir à l’étranger (notamment par le biais de fusions et d’acquisitions et par la réalisation d’activités de R-D à l’étranger) afin d’acquérir de la technologie, des marques et des canaux de distribution. Il est toutefois officiellement admis que l’IDE et la technologie étrangère peuvent eux aussi aider la Chine à rattraper son retard du fait que les entreprises étrangères en Chine augmentent en général leurs investissements de R-D au niveau local (voir ci-dessous). Les indicateurs de développement technologique montrent clairement que l’écart avec les pays industrialisés reste énorme, en dépit des progrès considérables qu’a accomplis la Chine ces dernières années (Schaapers, 2004). Le montant des ressources affectées à la R-D a augmenté, et l’assise de la recherche s’est agrandie. Compte tenu de la difficulté d’établir le taux de conversion à appliquer, il n’est pas aisé de comparer le niveau absolu des dépenses de R-D avec celui d’autres économies, bien que la Chine se classe déjà dans les cinq premiers rangs mondiaux. En termes relatifs, cependant, la Chine est encore loin derrière les économies développées, malgré la hausse rapide de l’intensité de sa R-D, qui a atteint 1.3 % du PIB en 2005 (MSTI, 2006/2). Les progrès de la Chine du côté des résultats de l’innovation sont cependant bien plus médiocres. En dépit de la forte croissance qu’elle enregistre depuis 1995, sa part des brevets déposés à l’US Patent & Trademark Office et à l’Office européen des brevets reste limitée et ne représente qu’environ 0.2 % et 0.3 % des octrois/demandes de brevets à l’USPTO/OEB, alors que les États-Unis, le Japon et l’Europe représentent ensemble quelque 90 %. Le niveau de la coopération internationale dans la science et la technologie est toutefois plus élevé en Chine que dans les économies triadiques. Afin de neutraliser les effets de l’avantage « national » dans les dépôts de brevets (le fait que, proportionnellement à leurs activités d’innovation, les demandeurs de brevets déposent généralement plus de brevets dans leur pays que les demandeurs étrangers), l’OCDE a mis au point un ensemble d’indicateurs reposant sur les familles de brevets (définis comme étant un ensemble de brevets déposés dans divers pays afin de protéger une invention unique). En général, les inventeurs déposent d’abord un brevet dans leur pays d’origine et n’effectuent éventuellement cette démarche pour l’étranger que dans un deuxième temps. Les familles de brevets concernent les dépôts de brevets dans différents offices de brevets. Le résultat pour ces familles de brevets est analogue à celui de l’EPO et de l’USPTO : en 2002, la Chine représentait 0.3 % du total mondial, alors que les États-Unis, l’UE et le Japon contribuaient ensemble pour plus de 90 % à ce total.

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116 – 4. VERS UNE ÉCONOMIE DU SAVOIR : UN DÉFI POUR TOUS LES PAYS Les ressources humaines sont un facteur essentiel dans la mise en place d’une économie de plus en plus fondée sur le savoir, facteur sur lequel la Chine peut s’appuyer pour développer et moderniser son économie. Si seule une proportion ténue de la population chinoise est titulaire d’un diplôme de l’enseignement supérieur, ce pourcentage équivaut toutefois à un nombre considérable, compte tenu de l’énorme population dont il est extrait. Le nombre absolu des inscriptions et des diplômés de l’enseignement supérieur, bien que toujours faible en termes relatifs, correspond à celui des États-Unis et de l’UE, et permet au marché du travail d’être alimenté en continu en individus qualifiés. À l’échelon le plus élevé, c’est-à-dire dans les programmes de recherche de haut niveau comme les doctorats, la Chine accuse toujours un retard par rapport aux autres économies pour ce qui est du nombre des inscrits et des diplômés. Les étudiants chinois sont nombreux à venir étudier dans les pays de l’OCDE, aux États-Unis pour la moitié d’entre eux. Dans ce pays, un quart des doctorats en science et en technologie délivrés à des citoyens non américains sont attribués à des citoyens chinois. Si, à un moment de leur vie, ces étudiants et ces titulaires de doctorat retournent en Chine, ils ont las capacité de donner un formidable élan à la recherche chinoise. Même si l’on ne tient pas compte du retour des émigrés, le nombre des chercheurs en Chine a bondi depuis 1999. La Chine compte désormais plus de chercheurs que le Japon et s’apprête maintenant à dépasser l’UE7.

L’internationalisation de la R-D La R-D s’internationalise de plus en plus Après la délocalisation de la production et plus récemment des services, les fonctions nécessitant une main-d’œuvre qualifiée comme la R-D semblent elles aussi pouvoir être concernées par l’externalisation et la délocalisation. Dans les pays qui sont une source nette d’investissement étranger dans la R-D, cette situation soulève des inquiétudes quant à la menace que l’internationalisation de la R-D fait planer sur l’avenir de l’assise nationale de connaissances. Sachant que la R-D est un élément fondamental de l’innovation des produits et des procédés, la compétitivité des pays risque d’être directement compromise. Il convient toutefois de nuancer ces propos par les avantages qu’entraîne l’internationalisation croissante de la R-D, y compris l’accélération du changement technologique et une diffusion plus vaste des technologies à l’échelle mondiale. Jusqu’à une date récente, la R-D faisait partie des activités les moins internationalisées des chaînes de valeur des multinationales, alors que des fonctions comme la production ou la commercialisation, entre autres, ont été assez rapidement déplacées vers l’étranger. La R-D était considérée comme l’une des activités économiques les moins « fragmentables », parce qu’elle fait intervenir les connaissances stratégiques des entreprises, et qu’elle présente souvent un caractère tacite non transférable. La R-D transfrontalière, s’accompagnant généralement d’IDE, portait pour l’essentiel, jusqu’à une date récente, sur l’adaptation de technologies destinées à être vendues dans les pays d’accueil.

7.

L’Examen du système d’innovation de la Chine, à paraître en 2007, traitera de ces questions plus en détail.

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4. VERS UNE ÉCONOMIE DU SAVOIR : UN DÉFI POUR TOUS LES PAYS–

De 1995 à 2003, les dépenses de R-D des filiales étrangères établies dans des pays de l’OCDE ont augmenté de 36.5 milliards USD en parité de pouvoir d’achat (graphique 4.14). C’est dans la zone de l’OCDE que sont toujours observés les flux de R-D les plus importants, essentiellement entre les trois grandes régions : États-Unis, Union européenne (ici UE15) et Japon. Les multinationales des États-Unis ont réalisé plus de 61 % de leurs investissements étrangers de R-D dans l’Union européenne (12.9 milliards USD) et 7 % au Japon (1.5 milliard USD) en 2002, tandis que l’Union européenne a investi 17.5 milliards USD aux États-Unis et 2.2 milliards USD au Japon. Le Japon n’a investi que 1.4 milliard USD aux États-Unis et 0.7 milliard USD dans l’UE. Graphique 4.14. Évolution de la part des dépenses de R-D consenties par des entreprises étrangères dans certains pays de l’OCDE entre 1995 et 2003 En dollars PPA Milliards USD 75 70.6 milliards USD 70 65 60 55

États-Unis

50 45 40

Allemagne

33.9 milliards USD 14.3%

35 30 25

Royaume-Uni 51.7%

13.9%

Japon

20

5.2%

10.0%

15 10 5

12.8%

7.7%

2.2% 8.7% 5.8%

4.9%

France Canada Autres pays OCDE

12.3%

8.9%

0 1995

2003

1. Soit la République tchèque, la Finlande, la Hongrie, l’Irlande, la Pologne, les Pays-Bas et la Suède. Source : OCDE, Base de données AFA et estimations de l’OCDE (2006b), Perspectives de la science, de la technologie et de l’industrie de l’OCDE.

Ces flux transfrontaliers sont également concentrés sur le plan géographique à l’intérieur de la zone de l’OCDE à proprement parler. Bien que leur part ait un peu diminué au cours de la période allant de 1995 à 2003, les États-Unis continuent d’attirer la plus grande partie des dépenses de R-D des filiales étrangères dans la zone de l’OCDE (41.9 %). Les autres pays dans lesquels se regroupent d’importants investissements de R-D des multinationales étrangères sont l’Allemagne, le Royaume-Uni, et dans une moindre mesure le Japon, la France et le Canada (graphique 4.14). Les trois pays de l’UE les plus importants en matière de R-D (Allemagne, Royaume-Uni et France) attirent ensemble 37.4 % des investissements étrangers de R-D dans la zone de l’OCDE.

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118 – 4. VERS UNE ÉCONOMIE DU SAVOIR : UN DÉFI POUR TOUS LES PAYS Ces données rétrospectives ne permettent pas nécessairement de définir les tendances actuelles, mais l’internationalisation de la R-D est confirmée par des études récentes. Une enquête sur les plus grands investisseurs en matière de R-D, réalisée par la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED) de novembre 2004 à mars 2005, indique que l’internationalisation de la R-D semble s’accélérer (CNUCED, 2005) : 69 % des entreprises ayant répondu ont indiqué que la part de la R-D exécutée à l’étranger allait s’accroître (2 % prévoyait un recul et 29 % estimait que leur niveau d’internationalisation se maintiendrait). L’accélération paraît particulièrement forte dans les entreprises japonaises et coréennes, jusqu’à présent moins agressives sur ce plan : neuf entreprises japonaises sur 10 et 80 % des entreprises coréennes prévoient d’accroître leurs activités de R-D à l’étranger, contre 61 % des entreprises d’Europe. Dans les entreprises interrogées par la CNUCED, 28 % en moyenne du budget de R-D a été dépensé à l’étranger en 2003, y compris par les filiales étrangères et pour des travaux de R-D confiés à d’autres pays. Les multinationales japonaises et coréennes enregistrent les plus faibles pourcentages de R-D à l’étranger (respectivement 15 % et 2 %).

Les stratégies d’innovation des entreprises multinationales évoluent Récemment encore, la dispersion de la R-D était limitée et les entreprises privilégiaient le territoire national pour conduire leurs activités de R-D. Les économies d’échelle et les effets d’agglomération découlant du regroupement des activités de R-D, ainsi que la nécessité de coordonner et de contrôler des investissements coûteux et risqués, constituaient d’autres raisons de conserver la R-D et les premières étapes de la production dans le pays d’origine. Pour exploiter ces actifs intangibles au-delà du marché intérieur, les entreprises préféraient créer ou acquérir des filiales dans les pays d’accueil au moyen d’IDE, plutôt que de vendre leur technologie sur le marché international par le biais de licences. Comme les entreprises implantent leurs activités de production au plus près de leurs clients et de leurs fournisseurs, elles ont besoin de laboratoires de R-D pour adapter aux conditions locales les technologies et les produits mis au point dans le pays d’origine. Cette recherche d’adaptation est en général étroitement liée à la production et déterminée en fonction de la taille du marché du pays d’accueil. Les motifs de décentralisation de la R-D avaient d’abord trait à la demande et étaient liés à la proximité du marché et au souhait de se rapprocher des « utilisateurs phares » et d’adapter les produits et les procédés aux conditions locales. Toutefois, l’environnement des entreprises s’est fondamentalement modifié dans le monde entier. La concurrence mondiale s’est accentuée, contraignant les entreprises à adopter un rythme plus rapide pour innover et concevoir des produits et des services commercialement viables. Les connaissances nécessaires sont de plus en plus pluridisciplinaires et de portée mondiale, ce qui accroît les coûts et les risques liés à l’innovation. En même temps, certains obstacles à la dispersion de la R-D s’atténuent du fait de l’évolution rapide des technologies de l’information et de la communication. Les multinationales doivent alors revoir leur gestion de l’innovation, ce qui peut influer fortement sur le rôle des filiales dans la reconnaissance et l’exploitation des potentialités d’innovation. Les stratégies d’innovation doivent s’appuyer sur des ressources de plus en plus internationales : détecter les nouvelles tendances commerciales et technologiques dans le monde et y répondre en développant des idées nouvelles à mettre en œuvre à l’échelle mondiale. Il convient pour cela de constituer des réseaux de R-D répartis dans le monde entier, afin d’exploiter les connaissances locales et de procurer d’autres sources de technologies nouvelles. Compte tenu de la fragmentation de la chaîne de valeur et de l’internationalisation de la production qui l’accompagne, les COMMENT RESTER COMPÉTITIF DANS L'ÉCONOMIE MONDIALE : PROGRESSER DANS LA CHAÎNE DE VALEUR – ISBN-92-64-9789264034266 © OCDE 2007

4. VERS UNE ÉCONOMIE DU SAVOIR : UN DÉFI POUR TOUS LES PAYS–

multinationales ont de plus en plus tendance à répartir leurs installations de R-D dans de nombreux sites dans le monde, loin de leur siège. Révélateurs de cette évolution des stratégies d’innovation, d’autres facteurs gouvernent désormais les décisions des entreprises multinationales concernant l’implantation de leurs activités de R-D. L’évolution vers un engagement plus actif des filiales dans la R-D ne se limitant pas à des adaptations progressives, mais faisant aussi intervenir des innovations de grande ampleur, met en évidence des facteurs d’implantation fondés sur l’offre et sur la présence de compétences scientifiques et technologiques. Les décisions d’implantation dépendent en second lieu des infrastructures technologiques du pays d’accueil, et de la présence d’autres entreprises et institutions susceptibles d’offrir des retombées dont peuvent bénéficier les investisseurs. Les travaux de R-D entrepris dans ces filiales sont plus innovants et/ou plus axés sur le suivi des technologies, et dépendent largement de la qualité des différentes composantes des systèmes d’innovation nationaux ou régionaux. Les caractéristiques particulières que doit posséder le pays d’accueil pour attirer des activités novatrices de R-D sont fonction du secteur et de l’activité de l’entreprise.

Les activités de R-D s’implantent également dans les pays en développement Si l’essentiel de l’internationalisation de la R-D reste dans l’enceinte de l’OCDE, les pays en développement attirent de plus en plus de centres de recherche, bien que les investissements de R-D y soient relativement modestes à l’échelle mondiale. Ces dernières années, la forte hausse des investissements étrangers de R-D dans les pays en développement d’Asie, en particulier en Chine et en Inde, a attiré l’attention des analystes. D’après les statistiques officielles chinoises, 750 centres de R-D étrangers environ s’étaient établis en Chine fin 2004, pour la plupart après 2001. Plus de 100 multinationales avaient construit des installations de R-D en Inde en 2004. Ces choix géographiques nouveaux sont confirmés par des enquêtes récentes sur l’implantation des centres de R-D réalisées par différentes organisations internationales. L’enquête de la CNUCED citée plus haut place la Chine (3e) et l’Inde (6e) parmi les premières destinations choisies par les principaux investisseurs en matière de R-D dans le monde (graphique 4.15). D’autres pays en développement, comme Singapour, le Brésil et certains pays d’Europe orientale sont également présents dans ce classement. De même, des informations récentes sur les projets d’investissements en installations nouvelles et d’extensions d’IDE faisant intervenir de la R-D pendant la période 2002-04 font apparaître que, sur les 1 773 projets répertoriés, 1 095 sont mis en œuvre dans des pays en développement, des pays d’Europe orientale ou dans la Communauté des États indépendants (CEI) (LOCO-monitor, de OCO-consulting, cité dans CNUCED, 2005). À l’origine de plus de 90 % de ces projets se trouvent des multinationales de pays développés; les États-Unis occupent à cet égard la première place, suivis de l’UE15 et du Japon. Ce déplacement vers les pays émergents devrait se poursuivre jusqu’à un certain point, comme le montrent les indications de la même enquête de la CNUCED concernant les investissements de R-D à venir (graphique 4.16). La Chine est le lieu d’implantation des activités de R-D le plus souvent mentionné, suivie des États-Unis. L’Inde arrive à la troisième place, et la Fédération de Russie fait aussi partie des dix premiers pays cités. Parmi les autres économies émergentes figurent Singapour, le Taipei chinois et la Thaïlande.

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120 – 4. VERS UNE ÉCONOMIE DU SAVOIR : UN DÉFI POUR TOUS LES PAYS Graphique 4.15. Implantations actuelles d’activités de R-D à l’étranger En pourcentage de réponses Pays membre de l’OCDE

Économie non membre de l’OCDE

% 70 60 50 40 30 20 10

Ét Ro ats-U ya ni Ch um s ine e-U se ni Ta ipe Fr i an ce Ja po n Ind Ca e All nad em a a Si gne ng ap ou r Ita lie Br Es ésil pa g Be ne lgi qu e Su èd e Su is Au se st r a Fin lie Fé l a dé n rat No de ion rv de ège Ru Pa ssie ys -B a Irla s nd e Ta Polo ipe gn ic e hin o Au is tric he Isr aë C l Th orée aïl an de

0

Source : CNUCED (2005).

Graphique 4.16. Pays les plus attractifs pour l’implantation d’activités de R-D à l’étranger En pourcentage de réponses Pays membre de l’OCDE

Économie non membre de l’OCDE

% 70 60 50 40 30 20 10

É t Ch ats ine -U nis Fé In d dé ro ra ya Jap e tio um o nd e n e R -Un us i s Al Fran ie lem c e P a ag ys ne Ca Bas S n i Ta ng ad ipe ap a i c ou h r Be inoi lgi s qu e I t Ma alie lai si T h Cor e aïl ée Ré A u and pu str e bli qu B alie e t ré ch sil èq Irla ue nd I e Me sraë xiq l M a ue No ro r c Po vège Af Ro logn riq um e ue a du nie Es Su pa d g S u ne è Tu de n Tu isie Vi rqu et- ie Na m

0

Source : CNUCED (2005). COMMENT RESTER COMPÉTITIF DANS L'ÉCONOMIE MONDIALE : PROGRESSER DANS LA CHAÎNE DE VALEUR – ISBN-92-64-9789264034266 © OCDE 2007

4. VERS UNE ÉCONOMIE DU SAVOIR : UN DÉFI POUR TOUS LES PAYS–

La CNUCED (2005) met en évidence un nouvel ensemble de facteurs de l’internationalisation de la R-D liés aux coûts combiné à une offre importante de chercheurs. L’intensité de la concurrence mondiale et l’accroissement des investissements de R-D incitent les multinationales à innover avec rapidité et efficacité pour accélérer la mise sur le marché de nouveaux produits, services et procédés. De même que l’internationalisation de la production manufacturière présente d’importants avantages sur le plan des coûts, l’internationalisation de la R-D répond dans une certaine mesure à une volonté de réduction des coûts qui se traduit par la délocalisation des activités et l’implantation de la R-D dans des pays caractérisés par de faibles coûts. Il semble cependant que la qualité des équipes de scientifiques et d’ingénieurs disponibles compte davantage que le simple souci de réduction des dépenses. Cette hypothèse est confirmée par Schwaag (2006) qui constate que la présence d’un capital humain de qualité croissante pour un prix concurrentiel à proximité des marchés et des unités de production est la raison principale de l’implantation d’activités de R-D en Chine. Certains pays émergents semblent offrir à la fois des salaires faibles et un bon système d’enseignement qui produit un grand nombre de chercheurs à la formation solide. Comme nous l’avons mentionné, en Chine, même si la proportion de diplômés de l’enseignement supérieur est très faible, elle correspond à un nombre très élevé de personnes. En revanche, le niveau des inscriptions et des diplômes obtenus en Chine dans le cadre de programmes de recherche avancés comme le doctorat reste faible par rapport à d’autres pays (Schaaper, 2004). Farrel et Grant (2005) se sont interrogés récemment sur la capacité des nouveaux diplômés de Chine et d’Inde de travailler dans des multinationales aux activités internationales. D’après des entretiens conduits avec des responsables des ressources humaines, ils concluent que 13 % seulement des diplômés des pays à faibles salaires, en moyenne, disposent des qualifications nécessaires pour travailler auprès de multinationales.

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122 – 4. VERS UNE ÉCONOMIE DU SAVOIR : UN DÉFI POUR TOUS LES PAYS

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5. IMPLICATIONS POUR L’ACTION PUBLIQUE–

Chapitre 5 Implications pour l’action publique

Ce chapitre identifie les défis politiques les plus importants pour les pays de l’OCDE dans le contexte de l’économie mondiale actuelle. Il attire l’attention sur l’importance d’une stratégie de l’innovation puissante pour pouvoir progresser dans la chaîne de valeur, ainsi que sur les mesures qui permettent d’atténuer les coûts d’ajustement qui accompagnent inévitablement la mondialisation.

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126 – 5. IMPLICATIONS POUR L’ACTION PUBLIQUE

L’ajustement à la mondialisation La mondialisation des chaînes de valeur est synonyme pour les pays de l’OCDE de sérieuses difficultés d’action publique, car elle crée à la fois des débouchés et des défis nouveaux. La mondialisation, et d’autres facteurs tels que les mutations technologiques et démographiques, affectent l’environnement économique et incitent fortement ces pays à s’y ajuster. Le présent chapitre analyse l’impact des chaînes de valeur mondiales sur leur structure industrielle et leur compétitivité en examinant spécifiquement la mondialisation sous l’angle industriel, scientifique et technologique. Nous nous pencherons notamment sur la question de savoir comment les pays de l’OCDE peuvent s’ajuster économiquement à cette mutation structurelle afin de tirer le meilleur parti de la mondialisation. Il est cependant clair que la mondialisation crée un processus structurel plus large qui touche les pays de l’OCDE dans différents domaines : échanges, flux de capitaux, migrations, cohésion sociale et équité, environnement, etc. D’autres défis posés par la mondialisation sont traités par les organes de l’OCDE chargés de l’économie, de l’environnement, des échanges, des marchés financiers, du travail, etc. Les conséquences de leurs travaux pour l’action publique ne sont pas abordés en détail dans ces lignes, mais ont leur importance pour le défi plus général que représente l’ajustement. À titre d’exemple, deux rapports publiés récemment par l’OCDE (OCDE, 2005a, 2005b) énumèrent un éventail d’actions susceptibles d’appuyer cette mutation, qui portent notamment sur l’amélioration du fonctionnement des marchés du travail et des produits.

Une vision équilibrée des coûts et des avantages de la mondialisation Comme nous l’avons vu au chapitre 1, l’idée que se fait le public de la mondialisation n’est pas toujours positive, en raison peut-être des pertes d’emplois à court terme qui surviennent dans telle ou telle région ou branche et touchent souvent tout particulièrement la main-d’œuvre peu qualifiée. Les pouvoirs publics sont confrontés à un défi difficile, mais crucial : comment éviter les réactions politiques hostiles à la mondialisation. Le problème est le suivant : alors que la mondialisation présente des avantages pour l’économie en général, leur répartition est inégale, et les coûts en termes de pertes d’emplois et de recul des salaires sont plus visibles que les bénéfices retirés sur un plan plus général par les consommateurs. La plupart des analyses économiques montrent qu’en dépit des pertes d’emplois à court terme, la mondialisation comporte de considérables effets positifs à long terme et renforce l’intégration économique internationale. Parmi ces effets positifs, citons une hausse du niveau de vie pour une part plus grande de la population mondiale, une plus grande diversité des produits, des prix moins élevés et une plus forte productivité. L’intégration économique a changé le monde et suscité une prospérité croissante dans un nombre accru de pays. Des données empiriques nationales démontrent une corrélation positive entre l’ouverture aux échanges et le niveau de revenu ; on estime ainsi qu’une augmentation de l’ouverture aux échanges de 10 points de pourcentage accroît le produit intérieur brut (PIB) par habitant de 4 % dans la zone de l’OCDE.

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5. IMPLICATIONS POUR L’ACTION PUBLIQUE–

La spécialisation est un moteur important de ce processus. L’ouverture permet davantage de spécialisation qui, grâce aux économies d’échelle et de gamme et à l’amplification des connaissances spécialisées et des expériences qu’elle autorise (voir les réflexions d’Adam Smith sur la division du travail), entraîne des gains de productivité. Ce processus de spécialisation s’est même internationalisé du fait du recul progressif des coûts de communication et de transport, et de l’échangeabilité croissante des services. La mondialisation provoque une intégration internationale croissante et une réaffectation mondiale des ressources plus efficiente. L’ouverture aux échanges permet aux pays de délaisser les activités dans lesquelles ils sont les moins productifs pour se spécialiser dans celles où ils ont un avantage à la fois qualitatif et productif. Il peut à cet égard s’avérer utile de présenter un tableau équilibré des avantages et des coûts de la mondialisation, mais le problème de fond reste que celle-ci peut entraîner des coûts très apparents pour une catégorie de la population clairement identifiable, alors même que certains de ses effets positifs peuvent ne se faire sentir qu’ultérieurement et de manière plus diffuse sur un plan sociétal. Une voie prometteuse consisterait à prendre plus directement en compte les coûts de la mondialisation en indemnisant sous une forme ou une autre ceux dont le bien-être peut pâtir du processus.

Intégrer le changement structurel : diffuser les effets positifs de la mondialisation La mondialisation et le changement technologique sont deux facteurs de changement structurel qui imposent aux pays de se préoccuper des coûts de l’ajustement tout en tirant parti de l’innovation, de la croissance de la productivité et de la création d’emplois nouveaux. S’ils veulent exploiter les gains potentiels de l’ouverture aux échanges, il leur faut organiser le transfert des facteurs de production (travail compris), aujourd’hui utilisés par des activités économiques avec une efficience moindre, vers des activités dans lesquelles ils jouissent d’un avantage comparatif. L’ampleur et la rapidité du changement structurel détermineront de manière directe à quel point ils profitent de la mondialisation. Mais il peut s’avérer difficile pour les individus de changer d’emploi, de secteur et de région ; parfois, les travailleurs qui perdent leur emploi dans une entreprise appartenant à un secteur soumis à la concurrence des importations supportent de lourds coûts d’ajustement. D’où la nécessité de mener des politiques structurelles complémentaires, afin d’aider la main-d’œuvre à délaisser les secteurs à la traîne pour des secteurs plus en pointe, ainsi que des politiques visant à indemniser ceux qui, à court terme, sont les perdants potentiels de la mondialisation. La mondialisation nécessitant davantage de mobilité, les réglementations de l’emploi devraient subir des réformes lorsqu’elles entravent le changement, les salaires devraient s’adapter aux nouvelles structures économiques et la mobilité géographique devrait être stimulée afin d’éviter la concentration des difficultés d’ajustement dans certains domaines. Soucieux d’indemniser de manière adaptée ceux qui perdent leur emploi, certains pays sont parvenus à octroyer de généreuses prestations sociales tout en promouvant un rapide retour à l’emploi grâce à de strictes obligations de recherche. S’assurer que tous les travailleurs sont dotés des compétences idoines est par ailleurs essentiel pour réduire les coûts d’ajustement. La diffusion des effets positifs de la mondialisation est nécessaire non seulement au sein de la zone OCDE mais aussi, à l’échelle de la planète, entre les pays (développés et en développement). Certains s’inquiètent de voir certaines régions du monde – l’Afrique en particulier – peut-être particulièrement menacées de demeurer à la traîne du processus de mondialisation, et d’autres se soucient de l’impact environnemental potentiel sur les COMMENT RESTER COMPÉTITIF DANS L'ÉCONOMIE MONDIALE : PROGRESSER DANS LA CHAÎNE DE VALEUR – ISBN-92-64-9789264034266 © OCDE 2007

127

128 – 5. IMPLICATIONS POUR L’ACTION PUBLIQUE pays en développement d’une mondialisation qui ne faiblit pas. La poursuite de la libéralisation des échanges dans des secteurs où les pays pauvres détiennent un avantage comparatif (notamment l’agriculture), complétée par des politiques de renforcement des capacités et de développement, pourrait contribuer à diffuser les effets positifs de la mondialisation dans un nombre plus grand de pays, dont ceux qui courent les plus grands risques d’exclusion. Pour que la mondialisation en vienne à être considérée comme une chance, et non comme une menace, il faut aussi se pencher sur d’autres préoccupations planétaires, et notamment les enjeux environnementaux mondiaux tels que le changement climatique.

Éviter les politiques biaisant le processus de changement structurel Les pertes d’emplois à court terme apparues dans certains pays, et leur relation potentielle avec la mondialisation, ont incité certaines économies de l’OCDE à réclamer une protection contre la concurrence. Ces différents desiderata ont suscité des propositions d’action très diverses. Certaines visent essentiellement à isoler le pays des incidences de la mondialisation (et de ses effets positifs) au moyen d’obstacles aux importations, d’autres cherchent à pénaliser les entreprises qui délocalisent, et d’autres encore semblent chercher d’abord à ralentir l’exposition à la concurrence internationale. Deux exemples permettent d’illustrer ces types de politiques. Premièrement, des pays de l’OCDE ont formulé plusieurs propositions de mesures visant à faire la différence entre les entreprises qui déplacent une partie de leurs activités (quelle que soit la façon dont on la mesure) à l’étranger et celles qui restent plus solidement ancrées dans une production non délocalisée à l’étranger. On a ainsi par exemple proposé de supprimer tout soutien public aux entreprises qui externalisent, ou d’orienter l’action publique de façon pénalisante pour ces dernières. De telles politiques font abstraction du fait que, souvent, les entreprises externalisent pour survivre, se développer et devenir plus efficientes. Ainsi, lorsqu’il est possible qu’en fin de compte tous les emplois (peu qualifiés comme très qualifiés) quittent le sol national, une entreprise qui délocalise des emplois à forte intensité de main-d’œuvre vers des pays à bas coût peut en fait sauver des emplois du crû. De nombreuses études ont évoqué le prix des mesures protectionnistes, qui ont toutes les chances d’augmenter les coûts et de réduire l’efficacité des entreprises. Elles nuisent au consommateur et, peut-être, rendent les pays adoptant de telles mesures moins attrayantes pour le milieu des affaires. Elles ont aussi des effets néfastes sur d’autres pays, souvent plus pauvres et pourtant enfin en mesure de prendre part au concert économique mondial, en les privant d’échanges commerciaux bénéfiques et d’améliorations potentielles de leur niveau de vie. Une récente étude de la Commission européenne (2006) a montré que la mise en œuvre par les pays de l’Union européenne (UE) de politiques protectionnistes pourrait faire subir au PIB par habitant, en 2050, un manque à gagner de 5 %. À l’inverse, réaliser sans réticence aucune l’intégration des pays émergents à l’économie mondiale pourrait produire une hausse de 8 % du PIB par habitant. Des pays de l’OCDE ont proposé d’abaisser les coûts salariaux et non salariaux de la main-d’œuvre. L’idée est que la production peut pâtir lourdement de coûts de maind’œuvre non salariaux et d’autres coûts élevés. Dans certains cas, la réforme du marché du travail et les politiques fiscales et sociales peuvent effectivement permettre de réduire ces coûts : par exemple, la politique du marché du travail peut réussir à diminuer le chômage et, ainsi, abaisser les charges sociales liées à son indemnisation et aux autres prestations sociales. Une telle évolution des coûts est le résultat de réformes accomplies COMMENT RESTER COMPÉTITIF DANS L'ÉCONOMIE MONDIALE : PROGRESSER DANS LA CHAÎNE DE VALEUR – ISBN-92-64-9789264034266 © OCDE 2007

5. IMPLICATIONS POUR L’ACTION PUBLIQUE–

dans d’autres domaines et de débats équilibrés et bien documentés sur les actions à mener dans ces domaines. Mais les politiques qui, pour relever le défi de la mondialisation, cherchent seulement à réduire ces coûts oublient que l’enjeu principal est plutôt d’améliorer la productivité et de maintenir les coûts en phase avec elle. Les politiques de diminution des coûts salariaux et non salariaux de la main-d’œuvre ont aussi peu de chances de constituer une solution de long terme, car ces réductions ont une ampleur limitée et, de surcroît, peuvent contribuer à une sorte de course au moins-disant.

Progresser le long de la chaîne de valeur : élaborer une stratégie pour l’innovation Un autre défi important concerne la façon de poursuivre la progression dans la chaîne de valeur afin d’être en mesure de lutter et de prospérer économiquement dans un contexte concurrentiel mondial. Il semble évident que certains domaines d’activité, comme par exemple la production à faible contenu technologique, perdront de l’importance au fil de l’acquisition de positions concurrentielles solides dans ces activités par des économies à bas revenu telles que la Chine et l’Inde. Certaines de ces activités se caractérisent en outre par une croissance rapide de la productivité et une progression lente de la demande, qui réduiront leurs perspectives de croissance de l’emploi. Désormais, il est de plus en plus possible de trouver sur la scène internationale certains éléments de la chaîne de valeur des secteurs de haute technologie et des services. Le bon fonctionnement des marchés est un aspect essentiel de l’évolution en cours : il contribuera à déplacer vers des entreprises performantes les ressources d’entreprises et de branches devenues incapables de lutter sur le marché mondial. Progresser dans la chaîne de valeur suppose de changer, d’innover et d’augmenter sa productivité sans cesse. Les produits et services aujourd’hui considérés comme les plus novateurs et expérimentaux seront un jour des produits que maintes entreprises pourront fabriquer n’importe où. Les économies développées ne peuvent croître qu’en inventant des technologies neuves, des produits et processus innovants, de nouvelles méthodes de management. À mesure qu’un pays se développe, c’est l’innovation qui devient progressivement sa première source de croissance économique, car le potentiel de progression des autres sources (accumulation de capital, imitation technologique, etc.) s’épuise. Dans un récent document analysant la performance de l’Union européenne, Aghion (2006) démontre la nécessité pour les pays développés d’innover : plus ils s’approchent de l’avant-garde technologique mondiale, plus le coût de ne pas innover augmente. Une première façon de stimuler l’innovation consiste à investir dans la recherchedéveloppement (R–D) et l’innovation. De tels investissements prennent une tournure essentielle lorsque les pays (et les secteurs d’activité) se rapprochent de l’avant-garde technologique mondiale. Par exemple, on constate que l’intensité de la R–D augmente dans tous les secteurs au gré du développement économique et technique (Aghion, 2006). Dans les pays où les coûts et la production sont élevés, la survie et la croissance des secteurs et des entreprises dépendent directement de leur capacité d’innovation et de pénétration de nouveaux domaines d’activité. S’ils ne renouvellent pas constamment leurs produits, leurs services et leurs processus, les pays développés, dans un monde se mondialisant, perdront en compétitivité. La réussite de la croissance fondée sur l’innovation ne dépend toutefois pas seulement des investissements consentis dans la R–D et l’innovation il faut aussi des conditions microéconomiques et macroéconomiques favorables. Aghion (2006) laisse entendre que l’impact des politiques structurelles (concurrence, éducation, etc.) varie avec le degré de COMMENT RESTER COMPÉTITIF DANS L'ÉCONOMIE MONDIALE : PROGRESSER DANS LA CHAÎNE DE VALEUR – ISBN-92-64-9789264034266 © OCDE 2007

129

130 – 5. IMPLICATIONS POUR L’ACTION PUBLIQUE développement du pays. La relation classique, en forme de U inversé, qui existe entre concurrence et innovation (une insuffisance de concurrence n’incite que peu les entreprises à innover, et un excès de concurrence les en dissuade car elles ne peuvent tirer parti des effets bénéfiques de l’innovation) est plus prononcée dans les secteurs et pays proches de l’avant-garde technologique mondiale (graphique 5.1). Le lien entre concurrence sur les marchés de produits (y compris en termes de possibilités d’entrée) et innovation est plus fort dans les pays développés car les entreprises proches de l’avantgarde technologique mondiale savent qu’elles peuvent ou doivent s’affranchir de la concurrence en innovant. Dans les secteurs et pays plus éloignés de cette avant-garde, l’innovation et le rattrapage technologique peuvent pâtir d’une concurrence très intense. Graphique 5.1. Effets bénéfiques de la concurrence sur l’innovation

Intensité de l’innovation (taux de brevetage)

Secteurs proches de l’avant-garde technologique

Secteurs plus éloignés de l’avant-garde technologique

Intensité de la concurrence Source : Aghion (2006).

Plusieurs lignes d’action peuvent être envisagées pour stimuler et soutenir le processus d’innovation : 1.

Les politiques de la science, de la technologie et de l’innovation peuvent contribuer à rehausser le niveau des connaissances et des technologies intégrées à la production et aux exportations, et rendre ainsi la concurrence des pays à bas revenu (bas coûts et faible productivité) moins probable sur les marchés concernés. Les politiques visant à renforcer la créativité des entreprises ou à étoffer les actifs immatériels en tant que sources de création de valeur sont étroitement liées à ces politiques de l’innovation. Une série de rapports de l’OCDE fournit des réflexions sur les meilleures pratiques applicables. Dans les pays tant membres que non membres de l’OCDE, ces politiques sont considérées comme revêtant une importance croissante, mais il reste à la fois un potentiel de diffusion plus large des meilleures pratiques et une grande marge de sophistication des politiques.

2.

Politiques visant à améliorer les ressources humaines du pays. Pour devenir plus innovante et plus productive, l’économie peut nécessiter davantage de travailleurs très COMMENT RESTER COMPÉTITIF DANS L'ÉCONOMIE MONDIALE : PROGRESSER DANS LA CHAÎNE DE VALEUR – ISBN-92-64-9789264034266 © OCDE 2007

5. IMPLICATIONS POUR L’ACTION PUBLIQUE–

qualifiés, ou un autre panachage de qualifications. De plus en plus, les tâches productives standard peuvent être assurées par des pays non membres de l’OCDE aux coûts de main-d’œuvre souvent très inférieurs. La mise à niveau de la main-d’œuvre peut épauler un glissement de l’activité économique vers des domaines à plus forte valeur ajoutée susceptibles de ne pas quitter le territoire des pays de l’OCDE. Simultanément, pour des raisons de proximité, certaines activités peu qualifiées telles que le commerce de détail ne le quitteront pas. Mieux comprendre et prendre en compte ces demandes nouvelles peut donc nécessiter d’autres analyses. L’internationalisation incessante de nombreux pans de l’économie entraîne aussi, potentiellement, la possibilité que les délocalisations touchent un éventail croissant de secteurs, d’individus et de catégories de qualifications. Conjuguée à une innovation rapide et au changement technologique, l’internationalisation peut de fait précariser de plus en plus les emplois. Traiter cette question au moyen d’une politique éducative et de formation suppose de mettre davantage l’accent sur l’apprentissage tout au long de la vie. 3.

Politiques en faveur de l’entrepreneuriat et de nouveaux domaines de l’activité économique. Les politiques peuvent aussi chercher à créer de nouveaux domaines d’activité en stimulant la création d’entreprises et l’entrepreneuriat, ou encore en favorisant l’innovation et la technologie dans de nouveaux domaines – par exemple à travers les marchés publics. La diminution des obstacles à la création d’entreprises et à leur croissance renforce l’aptitude de l’économie à saisir les possibilités nouvelles offertes par la mondialisation et contribue à réaffecter les ressources victimes de suppressions d’emplois aux secteurs et entreprises qui les utiliseront au mieux. Dans les activités susceptibles de bouleverser les marchés et les processus de production, les entreprises de création récente ont une grande importance pour l’innovation. Faire de la place aux entreprises nouvelles tout en tirant parti des points forts nationaux peut aider à créer un climat des affaires suffisamment dynamique pour aborder de nouveaux secteurs. De récents travaux d’Acs et al. (2005) ont une fois de plus confirmé l’importance pour l’innovation d’un entrepreneuriat qui permet de commercialiser les résultats des recherches.

4.

Politiques de filière et efforts locaux ou régionaux. Les points forts locaux et régionaux représentent un actif important pour la politique économique. Les entreprises internationales et locales peuvent être intéressées par des activités et des compétences tout à fait particulières, qui n’existent que dans certaines régions ou contrées. Ces atouts locaux peuvent être dus à la présence d’établissements scientifiques ou d’enseignement, un patrimoine historique, des ressources naturelles, une localisation géographique, etc. Les politiques de développement de filières, les pôles d’excellence et les politiques régionales peuvent contribuer à exploiter ces points forts.

5.

Politiques de renforcement de l’attrait du pays. Le fait de rendre un pays séduisant pour des activités économiques peut contribuer à attirer les investissements directs étrangers et à stimuler de nouveaux domaines d’activité. Différentes études empiriques ont examiné les facteurs d’attractivité. Selon le type d’activité, il peut s’agir de la qualité des infrastructures et des réseaux de communication, de la qualité du socle cognitif (sans oublier les systèmes éducatif, scientifique et d’innovation), des qualifications de la main-d’œuvre, de l’environnement réglementaire et fiscal, de la taille et de la qualité du marché national, ainsi que de facteurs sociaux qui, souvent, jouent un rôle important pour faire venir des travailleurs très qualifiés et des dirigeants de l’étranger. Par ailleurs, le fait de bien comprendre les composantes de l’attrait du pays, d’exploiter ses points forts et de traiter ses points faibles dans toute la mesure du possible peut aider à mieux tirer parti du processus de mondialisation.

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131

132 – 5. IMPLICATIONS POUR L’ACTION PUBLIQUE 6.

Les politiques relatives aux droits de propriété intellectuelle (DPI) peuvent venir compléter très utilement les autres politiques susmentionnées. Compte tenu des mutations du contexte de l’innovation, il importe de vérifier que la réglementation et les pratiques en vigueur pour protéger la propriété intellectuelle continuent de stimuler l’innovation et de donner accès au savoir, et de s’assurer que, dans certains cas, le contrôle parfois trop tatillon des détenteurs de DPI n’entrave pas la concurrence, ne déséquilibre pas l’usage de la technologie et ne fait pas obstacle à sa diffusion. Une solution peut consister à assortir la réglementation applicable aux DPI de pratiques, d’outils et de réseaux améliorant l’accès au savoir et autorisant des formes plus ouvertes d’innovation. Il reste important, dans ce contexte, d’obtenir un équilibre satisfaisant entre diffusion technologique et incitations à innover. On peut par ailleurs œuvrer davantage pour valoriser les DPI, au moyen par exemple de l’octroi de licences.

7.

Politiques relatives aux échanges et à l’investissement. Le processus concurrentiel qui sous-tend le processus de mise à niveau des économies peut être biaisé par la présence d’obstacles aux échanges et à l’investissement. Les politiques menées dans ces domaines peuvent aider à l’établissement de règles du jeu productif et commercial équitables pour tous les pays.

De nouvelles approches pour progresser le long de la chaîne de valeur ? Ces dernières années ont vu renaître le débat sur la nécessité et l’intérêt d’un regain d’action publique découlant des succès remportés par quelques pays en matière de renforcement de leur avantage comparatif. S’inspirant de réflexions écrites récentes sur l’« innovation institutionnelle », certains économistes (comme Rodrik, 2004) ont prôné de nouvelles approches en matière de politique industrielle. Les politiques améliorant le fonctionnement des marchés du travail, de produits et de capitaux sont nécessaires ; mais elles ne sont peut-être plus suffisantes pour assurer une progression efficace dans la chaîne de valeur, car les activités nouvelles, risquées et exigeant des investissements importants, souffrent plus que les autres des carences des marchés et des externalités. À l’opposé des « vieilles » politiques industrielles qui, souvent, faisaient la part belle à l’interventionnisme étatique, les « nouvelles » politiques industrielles insistent sur la coopération stratégique et adaptable entre les pouvoirs publics et le secteur privé. Si l’entrepreneuriat privé et les forces du marché demeurent de l’avis général les principaux moteurs de la croissance, on estime que les autorités ont un rôle stratégique et de coordination qui va au-delà de la fonction exécutoire et des autres fonctions élémentaires d’un gouvernement moderne. Le partenariat entre le secteur public et la sphère privée vise à révéler et comprendre les débouchés et les contraintes des entreprises et à détecter les domaines d’action potentiels de l’État. Si ces arguments sont théoriquement séduisants, la réussite de cette approche dépend dans une large mesure de la façon dont on les met en œuvre. L’expérience de plusieurs pays ayant mené des politiques industrielles de facture classique n’est pas probante. Le débat que connaissent aujourd’hui différents pays de l’OCDE en matière d’action publique a pour objectif de sortir du cadre de ces politiques, en soulignant la nécessité de marchés concurrentiels et en bon état de marche, et de proposer des actions que les pouvoirs publics pourraient prendre afin de renforcer la capacité de lutte des entreprises sur le marché mondial. De telles actions peuvent faire partie par exemple d’une politique de l’innovation et de l’entrepreneuriat devenue la politique industrielle du XXIe siècle.

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5. IMPLICATIONS POUR L’ACTION PUBLIQUE–

Références Acs Z.J., D.B. Audretsch, P. Braunerhjelm et B. Carlsson (2005), “The Knowledge Spillover Theory of Entrepreneurship”, document d’orientation CEPR n° 5326, Londres. Aghion, Ph., (2006), A Primer on Innovation and Growth, Bruegel Policy Brief, Bruxelles. Commission européenne (2006), European Economy, Globalisation: Trends, Issues and Macro Implications for the EU, Bruxelles. OCDE (2005a), Perspectives de l’emploi de l’OCDE 2005, OCDE, Paris. OCDE (2005b), Enhancing the Performance of the Services Sector, OCDE, Paris. Rodrik, D. (2004), « Industrial Policy for the Twenty-First Century », document préparé pour l’ONUDI.

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133

ANNEXE A–

135

Annexe A. Intensité agrégée de R-D1 pour 12 pays de l’OCDE, 1991-99

CITI Rév.3

1991

1992

1993

1994

1995

1996

1997

1998

1999

Intensité médiane, 1991-99

Construction aéronautique et spatiale

353

13.9

13.9

13.5

13.9

16.2

14.8

12.8

10.7

10.3

13.3

Produits pharmaceutiques

2423

9.4

10.1

10.8

10.9

10.6

10.3

11.0

11.1

10.5

10.5

Machines de bureau, machines comptables et matériel de traitement de l'information

30

10.9

10.4

9.3

8.8

7.5

9.1

10.4

8.9

7.2

9.2

Équipements et appareils de radio, télévision et communication

32

7.9

8.3

7.9

7.8

7.7

8.2

8.0

8.6

7.4

8.0

Instruments médicaux, de précision et d'optique

33

6.6

6.8

7.1

7.7

7.7

7.4

8.0

8.0

9.7

7.7

Machines et appareils électriques, n.c.a.

31

4.2

4.0

4.0

3.8

4.0

3.9

3.9

4.0

3.6

3.9

Construction de véhicules automobiles, de remorques et de semi-remorques

34

3.7

3.4

3.5

3.4

3.5

3.7

3.5

3.3

3.5

3.5

Produits chimiques, sauf produits pharmaceutiques

24 excl. 2423

3.4

3.3

3.4

3.1

2.8

3.1

2.7

3.1

2.9

3.1

Matériel ferroviaire roulant et autres équipements de transport, n.c.a.

352 + 359

2.9

2.4

2.4

2.7

2.6

3.2

3.5

3.0

3.1

2.9

Machines et matériel, n.c.a.

29

1.9

2.0

2.0

2.1

2.0

2.1

2.1

2.1

2.2

2.1

Construction et réparation de navires

351

0.9

1.0

1.0

0.9

0.9

1.0

0.8

1.0

1.0

1.0

Articles en caoutchouc et en matières plastiques

25

1.0

1.0

0.9

1.0

0.8

0.9

0.9

0.9

1.0

0.9

Cokéfaction, produits pétroliers raffinés et combustibles nucléaires

23

1.2

1.2

1.1

1.0

0.9

0.8

0.7

0.9

0.4

0.9

Autres produits minéraux non métalliques

26

1.0

0.9

0.9

0.9

0.8

0.9

0.9

0.9

0.8

0.9

Produits métallurgiques de base, ouvrages en métaux

27-28

0.7

0.7

0.7

0.6

0.6

0.7

0.7

0.6

0.6

0.6

Autres industries manufacturières et récupération

36-37

0.5

0.5

0.5

0.4

0.4

0.4

0.4

0.6

0.5

0.5

Bois, pâtes, papier, articles en papier, imprimerie et édition

20-22

0.3

0.3

0.3

0.3

0.3

0.4

0.3

0.4

0.4

0.3

Produits alimentaires, boissons et tabac

15-16

0.3

0.3

0.3

0.3

0.3

0.3

0.4

0.4

0.3

0.3

Textiles, articles d'habillement, cuir et chaussures

17-19

0.2

0.3

0.3

0.3

0.3

0.3

0.3

0.3

0.3

0.3

Total industries manufacturières

15-37

2.5

2.5

2.5

2.4

2.4

2.6

2.6

2.6

2.6

2.5

Industries de haute technologie

9.4

9.5

9.3

9.3

9.2

9.3

9.5

9.3

8.7

9.3

Industries de moyenne-haute technologie

3.1

3.0

3.1

3.0

2.9

3.1

2.9

3.0

3.0

3.0

Industries de moyenne-faible technologie

0.9

0.9

0.9

0.8

0.8

0.8

0.8

0.8

0.7

0.8

Industries de faible technologie

0.3

0.3

0.3

0.3

0.3

0.4

0.4

0.4

0.4

0.3

1. L'intensité de R-D est définie comme le rapport des dépenses directes de R-D à la production. Les données ont été calculées après conversion des dépenses de R-D et de la production des pays un utilisant les PPA du PIB Sources : OCDE, bases de données ANBERD et STAN, mai 2003, dans OCDE (2005), Science, technologie et industrie : tableau de bord de l’OCDE, tableau 1.2 de l’annexe.

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LES ÉDITIONS DE L’OCDE, 2, rue André-Pascal, 75775 PARIS CEDEX 16 IMPRIMÉ EN FRANCE (92 2007 05 2 P) ISBN 978-92-64-03426-6 – no 55646 2007

Comment rester compétitif dans l’économie mondiale

Comment rester compétitif dans l’économie mondiale PROGRESSER DANS LA CHAÎNE DE VALEUR

Ce rapport présente un large éventail de données de l’OCDE sur la mondialisation des chaînes de valeur et l’augmentation de l’externalisation et des délocalisations. Il étudie l’incidence de la mondialisation de la production sur les pays de l’OCDE, tant au niveau macroéconomique que sectoriel. Les coûts et les avantages de la mondialisation sont ensuite analysés, notamment en matière d’emploi et de productivité. Enfin, cet ouvrage examine l’effet de la mondialisation sur la compétitivité des pays de l’OCDE, en soulignant l’importance d’une stratégie d’innovation efficace. Il traite de la question de la progression dans la chaîne de valeur non seulement au sein des pays de l’OCDE, mais également en Chine, dans un contexte où la R-D gagne de plus en plus les pays émergents.

Les utilisateurs ayant accès à tous les ouvrages en ligne de l’OCDE peuvent également y accéder via : www.sourceocde.org/9789264034266 SourceOCDE est une bibliothèque en ligne qui a reçu plusieurs récompenses. Elle contient les livres, périodiques et bases de données statistiques de l’OCDE. Pour plus d’informations sur ce service ou pour obtenir un accès temporaire gratuit, veuillez contacter votre bibliothécaire ou [email protected].

ISBN 978-92-64-03426-6 92 2007 05 2 P

www.oecd.org/editions

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PROGRESSER DANS LA CHAÎNE DE VALEUR

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Comment rester compétitif dans l’économie mondiale

Les chaînes de valeur mondiales transforment radicalement la façon dont les biens et services sont produits. Les composants fabriqués dans un pays, par exemple, sont de plus en plus souvent assemblés dans un autre pays et vendus dans un troisième. La mondialisation de la production modifie la structure industrielle au sein des pays de l’OCDE, et elle a affaibli leur compétitivité dans certains secteurs. Autre conséquence importante : la crainte des pertes d’emploi dues à l’externalisation et aux délocalisations. Celle-ci existe non seulement dans le secteur manufacturier mais également de plus en plus dans le secteur des services. L’intégration rapide de la Chine et de l’Inde, avec leurs importantes ressources en personnel qualifié, renforce ces préoccupations. Comment les pays de l’OCDE doivent-ils réagir ?

PROGRESSER DANS LA CHAÎNE DE VALEUR

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