Camille Arambourg. Un paléontologue, de l'Algérie à l'Afrique profonde 9782296963917, 2296963919

Depuis les plaines sahéliennes d'Oran à la Vallée de l'Omo en Ethiopie, en passant par les côtes du littoral a

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Camille Arambourg. Un paléontologue, de l'Algérie à l'Afrique profonde
 9782296963917, 2296963919

Table of contents :
TABLE DES MATIERES
Préface
Prologue
Première partie : L'historique
Deuxième partie : Les recherches en Afrique du Nord
Troisième partie : Les recherches en Afrique Orientale
Quatrième partie : D’autres pays de l’Afrique. Le Tchad, le Soudan, l’Angola et le Gabon
Cinquième partie : Les recherches au Proche et au Moyen-Orient, en Chine et en Europe
Sixième partie : Les grandes idées de Camille Arambourg dans le domaine des Sciences et de la Culture patrimoniale
Epilogue
Sources orales, écrites et enregistrées
Bibliographie générale
Table des figures
Liste des espèces citées dans le texte

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Camille Arambourg

Acteurs de la Science

Collection dirigée par Richard Moreau, professeur honoraire à l’Université de Paris XII et Claude Brezinski, professeur émérite à l’Université de Lille La collection Acteurs de la Science est consacrée à des études sur les acteurs de l’épopée scientifique moderne ; à des inédits et à des réimpressions de mémoires scientifiques anciens ; à des textes consacrés en leur temps à de grands savants par leurs pairs ; à des évaluations sur les découvertes les plus marquantes et la pratique de la Science.

Dernières parutions Jacques Marc, Comment l’homme quitta la Terre, 2012. Georges Mathieu, La Sorbonne en guerre (1940-1944), suivi de Journal de la Libération de Versailles, 2011. Norbert Gualde, L’épidémie et la démorésilience, 2011. Jean-Pierre Aymard, Karl Landsteiner. L’homme des groupes sanguins, 2011. Pierre Pageot, La santé des Limousins et des Périgourdins au XIXe siècle, 2011. Yves Delange, Conversation au bord de la Sorgue : Jean-Henri Fabre et Louis Pasteur, 2011. André Audoyneau, D’un pays à l’autre. Chroniques d’un médecin colonial, 2011. Roger Teyssou, L’Aigle et le Caducée. Médecins et chirurgiens de la Révolution et de l’Empire, 2011. Henri Delorna, Les Tribulations d'Henri en Pologne occupée (19411945). Témoignage, 2010. J. Boulaine, R. Moreau, P. Zert, Éléments d'histoire agricole et forestière, 2010. Jean Céa, Une vie de mathématicien. Mes émerveillements, 2010. Bernard Faidutti, Copernic, Kepler, Galilée face aux pouvoirs, 2010. David Hanni, Rencontres avec des guérisseurs. Magnétiseurs, radiesthésistes et rebouteux en Champagne-Ardenne, 2010. Richard Moreau, Pasteur et Besançon. Naissance d’un génie, 2009. Jean Dominique Bourzat, Une dynastie de jardiniers et de botanistes : les Richard. De Louis XV à Napoléon III, 2009. Thomas de Vittori, Les notions d’espace en géométrie, 2009. René Vallery-Radot, La Vie de Pasteur, 2009. Roger Teyssou, Une histoire de l’ulcère gastro-duodénal, 2009.

Djillali Hadjouis

Camille Arambourg Un paléontologue, de l’Algérie à l’Afrique profonde

PRÉFACE D’YVES COPPENS

L’HARMATTAN

Ouvrages du même auteur Les populations médiévales du Val de Marne. Dysharmonies crânio-faciales, maladies bucco-dentaires et anomalies du développement dentaire au cours du Moyen Age, Eds Artcom, 1999. L'identité humaine en question. Nouvelles problématiques et nouvelles technologies en paléontologie humaine et en paléoanthropologie biologique (en collabotation avec Philippe Andrieux et Anne Dambricourt-Malassé), Eds Artcom, 2000. La Paléo-Odontologie, analyses et méthodes d'étude (en collabotation avec Bertrand Mafart), Eds Artcom, 2001. Les hommes de Mechta-Afalou d’Algérie. Architecture crânio-faciale, occlusion, biodynamique, paléopathologie. L’exemple des hommes paléolithiques d’Afalou-Bou-Rhummel. Eds. du Centre National de Recherches Préhistoriques, Anthropologiques et Historiques, Alger, 2011.

© L'HARMATTAN, 2012 5-7, rue de l'École-Polytechnique ; 75005 Paris http://www.librairieharmattan.com [email protected] [email protected] ISBN : 978-2-296-96391-7 EAN : 9782296963917

Préface Yves Coppens Membre de l’Institut Professeur honoraire au Collège de France J'ai eu pour Camille Arambourg admiration et affection ; je suis d'autant plus sensible à l'initiative de Djillali Hadjouis d'avoir choisi cette personnalité pour sujet d'ouvrage, et bien sûr, particulièrement sensible à son idée de m'en demander la préface. Camille Arambourg était fraîchement en retraite quand j'ai eu l'honneur de lui être présenté. Professeur au Muséum national d'Histoire naturelle, il avait dirigé vingt ans, de 1936 à 1956, le célèbre Laboratoire de Paléontologie de cette grande institution. Fier d'un petit titre de Stagiaire de recherche au Centre National de la Recherche scientifique (appelé aujourd'hui Chargé de Recherche), j'arrivais quant à moi de la Sorbonne, dans le sillage de Jean Pierre Lehman, nommé à la direction de ce laboratoire. Formé en Paléontologie des vertébrés et Paléontologie humaine, je travaillais alors sur les Proboscidiens (les éléphants et leurs ancêtres), avec l'espoir de pouvoir aborder dès que possible le domaine réservé des Hominidés. Camille Arambourg, qui avait étudié beaucoup de groupes de mammifères dont précisément celui des Proboscidiens, rentrait juste d'un de ses chantiers de fouilles en Afrique du Nord, celui de Ternifine (désormais Tighenif), dans l'Oranais, avec en main, un pariétal et 3 mandibules d'un Hominidé nouveau qu'il avait nommé Atlanthrope. De quoi faire rêver-et le mot n'est pas assez fort-le passionné de paléontologie et de terrain que j'étais. Mais les circonstances allaient vite me donner l'occasion de partir et de faire mes preuves à mes propres yeux mais aussi à ceux de ce grand Monsieur qui ressemblait tant à l'exemple que, consciemment ou pas, je cherchais. Quelques ossements fossiles, dont des fragments de molaires d'éléphants, avaient été en effet, envoyés du Tchad par des géologues à un chercheur du laboratoire, René Lavocat, pour détermination. Or, celui-ci, trop pris, m'en proposa l'entreprise. Il s'agissait, ô merveille, de mammifères pliocènes, les premiers connus entre l'Afrique du Nord et l'Afrique de l'Est. Toujours est-il que je me retrouvai, tellement heureux, dans les sables de ce morceau de Sahara dès janvier 1960 et que j'en rapportai de généreuses collections de

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mammifères, et dès la deuxième expédition, en 1961, un fragment crâniofacial d'Hominidé, mon premier, que je nommai Tchadanthrope. Camille Arambourg avait été "intrigué" par mon départ en Afrique Noire, naturellement intéressé par ce que j'en avais rapporté, mais surtout agréablement impressionné, m'a-t-il avoué plus tard, par le fait que, non content d'y être allé, j'y étais retourné. Nous nous rapprochâmes donc ainsi beaucoup l'un de l'autre, et dès 1966 partîmes ensemble, en Algérie d'abord, en Ethiopie ensuite. Et j'ai trouvé en Camille Arambourg un homme courtois et chaleureux, un scientifique rigoureux et passionné, un amoureux du terrain, quelque peu baroudeur. Même si je ne l'ai donc connu que 12 ou13 ans, Camille Arambourg est ainsi incontestablement devenu l'un de mes Maîtres. Djillali Hadjouis a parfaitement retrouvé, au fil de ses lectures - et il a tout lu - l'élégance de l'homme, l'enthousiasme du chercheur, le courage du voyageur et il a su en restituer toutes les facettes. Il a su aussi dégager de son immense production la partie importante consacrée à l'Afrique du Nord. Camille Arambourg nourrissait en effet pour cette grande et belle région du monde et ses habitants une passion véritable ; il avait vécu en Algérie, y avait fait ses premières armes de paléontologue, ses premières études et ses premiers enseignements. Mais au-delà de l'intérêt intellectuel, le Maghreb en général et l'Algérie en particulier étaient pour lui une seconde patrie, si ce n'était sa première. Ce livre est exhaustif, son analyse est précise, détaillée, savante. Jamais biographie aussi complète et raisonnée, permettant de mesurer toutes les dimensions de l'oeuvre, sa puissance et son souffle, n'avait été consacrée à ce grand naturaliste. Merci, Djillali Hadjouis, d'avoir ainsi par votre brillant travail rendu le plus bel hommage qui soit à la mémoire de ce savant français au nom basque - il en était fier - et au coeur partagé entre les deux rives de la Méditerranée ; vous avez su en même temps rendre hommage à la recherche dans ses disciplines favorites, la géologie, la paléontologie, l'anthropologie et la préhistoire. Et vous avez su vous y comporter autant en scientifique qu'en historien des Sciences. Vous avez fait un grand livre.

Prologue

Comment est née cette idée d’écrire sur l’œuvre du Professeur Professeur Camille Arambourg ? Plusieurs personnages de renom dont on aimerait bien suivre l’exemple, incitent à rédiger une biographie les concernant. Il y a André Leroi-Gourhan et sa révolution de la Préhistoire moderne, Théodore Monod, l’encyclopédiste au sens vrai du terme, le grand naturaliste Pomel, le zoologiste Joleaud, ou bien dans d’autres domaines, les savants médecins, philosophes et mathématiciens du monde médiéval arabo-musulman. Quant à Camille Arambourg, avoir lu pratiquement tous ses écrits scientifiques depuis presque trente années, dont certains relus des dizaines de fois, me donne l’impression d’avoir connu ce grand homme, au propre comme au figuré. Trois raisons majeures m’ont incité à rédiger une biographie sur l’œuvre scientifique d’Arambourg. La première est liée au fait que ma thèse, puis toutes les recherches paléontologiques sur les mammifères néogènes d’Afrique du Nord étaient basées en majorité sur des fossiles que Camille Arambourg lui-même avait déjà étudiés (taxinomie, phylogénie et paléogéographie) et dont il avait dressé les grandes lignes du domaine géologique et paléoécologique. Les fossiles que j’avais étudiés lors de ma première thèse provenaient d’un gisement atérien du Paléolithique moyen situé sur les hauteurs d’Alger dont l’exhumation était à l’origine d’une fouille de sauvetage d’avril à mai 1961, dirigée par le professeur Lionel Balout, alors Doyen de l’Université d’Alger. L’importante collection de Vertébrés de ce gisement de la cité Melki aux Allobroges, composée en grande partie de grands mammifères tels que Bovidés, Cervidés, Equidés, Carnivores et Phacochères avait été confiée jadis à son ami Camille Arambourg, au Muséum d’Histoire naturelle de Paris où il était titulaire de la chaire de paléontologie depuis 1936. Ce dernier, pris sur plusieurs engagements dans le monde n’a jamais pu réaliser cette étude et il la confia à un de ses assistants de l’époque, le professeur Yves Coppens. Là aussi, aucun travail scientifique, le plus bref possible ne vit le jour. Mes recherches jusqu’à aujourd’hui, d’après ce gisement algérois de référence ont réactualisé ou révisé certains taxons de l’ensemble des grands mammifères quaternaires d’Afrique du Nord. La deuxième raison est qu’en 1982, alors que je préparais ma thèse de doctorat au Muséum d’Histoire Naturelle, à l’Institut de Paléontologie 9

Humaine, mais aussi au laboratoire d’Anatomie comparée et le laboratoire de Paléontologie, je fis la connaissance du professeur Léonard Ginsburg du laboratoire de Paléontologie du Muséum. Celui-ci, qui venait de publier le dernier ouvrage posthume de Camille Arambourg sur les Vertébrés villafranchiens d’Afrique du Nord, classait toute sa documentation scientifique. Me voyant travailler sur les fossiles d’Algérie et du Maroc, qu’Arambourg, puis Ginsburg eux-même avaient classé dans ces nombreux tiroirs, Il me proposa un jeu complet de presque toute sa documentation depuis ses premiers travaux en Agronomie à Oran jusqu’à sa dernière publication paléontologique, y compris ses titres et travaux, discours et autres décorations académiques et militaires. Certaines épreuves sont corrigées de sa main. Rajouté à ma documentation personnelle, ouvrages et autres articles, le dossier Arambourg que j’avais rassemblé, était désormais composé d’un peu moins de 200 publications et que j’étais pas loin des 230240 que rédigea Arambourg. La troisième raison coïncide avec d’un côté la présentation de ma deuxième thèse (thèse d’Habilitation à diriger les recherches), axée sur les faunes de Vertébrés et sur les hommes d’Afalou dans la région de Bedjaia à l’Est d’Alger, gisement qu’il a fouillé et publié avec le professeur HenriVictor Vallois et le docteur Verneau et de l’autre, la préparation d’une exposition sur les faunes et les hominidés d’Algérie à l’occasion de l’année de l’Algérie en France en 2003. L’enseignement que je dispensais à l’Institut de Paléontologie Humaine sur les faunes quaternaires du Maghreb, introduisait justement les grands savants paléontologues ou naturalistes de l’Algérie avec ce sous-titre Pomel, Joleaud, Arambourg et les autres. Ces trois mastodontes du savoir paléontologique et zoologique de l’Algérie du XIXe et du début du XXe siècle s’égalaient dans la passion naturaliste et le dévouement à la recherche, notamment celle du terrain. Cependant, Arambourg les dépassait par sa qualité de recherche et sa production abondante non seulement au niveau mondial mais aussi dans plusieurs domaines (paléobotanique, Invertébrés continentaux et marins, Vertébrés, paléontologie humaine, géologie et stratigraphie continentale et marine, Paléogène, Néogène …). En raison d’une œuvre foisonnante et non limitée à une période ou à une zone géographique, il n’est pas possible de retracer chronologiquement les recherches puisque sur certains chantiers de fouille des études géologiques et stratigraphiques sont constamment poursuivies, pour certaines depuis toujours. Le fait de revenir constamment sur le même sujet au fil de la progression chronologique des recherches, alourdit le texte et donne par ailleurs un contexte de rapport d’activités plus qu’une étude centrée sur plusieurs domaines dont les propres avancées scientifiques du savant 10

nourrissent la réflexion. Toutefois, le contexte chronologique du personnage n’est pas laissé de côté pour autant. Dans les premières grandes parties, il sera question au fur et à mesure, des différentes missions et explorations dans différentes régions du monde. Dans chaque région géographique, sont décrites toutes les missions, les analyses de faunes et leur interprétation depuis le début des explorations, site par site. Dans les autres parties qui suivent, j’aborderai les différentes étapes de progression et de réflexion du personnage sur les grandes idées de l’évolution, les extinctions et la répartition biogéographique des espèces de l’ancien monde, sa pensée scientifique, les critiques envèrs ses contemporains ou ses prédécesseurs. Dans certains domaines, je ferai part des observations ou remarques à soulever concernant un taxon, une phylogénie ou une situation particulière en faisant appel à des références récentes.

Première partie : L'historique

Les contextes artistique et scientifique de l’Algérie à la conquête française de 1830 Lorsque naît Camille Arambourg en 1885 à Paris, les conditions de formation et plus tard de recherche pour un passionné d’explorations de tous genres étaient déjà réunies dans un pays comme l’Algérie depuis 1830. La conquête de l’Algérie par les troupes napoléoniennes avait ouvert la voie à un inépuisable chantier pour des voyageurs romantiques, naviguant vers un orient africain tout proche de la France. Vers la fin du XIX e siècle et depuis les années trente, la beauté des paysages des côtes algériennes, la blanche kasbah d’Alger, la Kabylie montagneuse et sauvage, le jeu des lumières entre dunes de sables et ciel dans les oasis du Sud, les architectures multiples des habitations à la chaux et surtout la dignité des hommes et des femmes, avaient attiré artistes-peintres, écrivains, romanciers, et naturalistes bien entendu. Dans le domaine des arts, les impressionnistes comme Eugène Delacroix et Auguste Renoir font le voyage dès les premières années de la conquête. Le premier avait déjà esquissé ses premières « femmes d’Alger » et « Vue de la côte à Mers el Kébir » dès 1833. Le second, avait peint sa Mosquée à Alger en 1882. Les quartiers de la kasbah d’Alger et ses ruelles étroites, la bourgeoisie algéroise et les batailles navales sont exprimées par le célèbre miniaturiste Mohamed Racim dès le début du XXe siècle, connu par ailleurs pour ses miniatures des mille et une nuit de Mardras. Constantine est admirablement présentée par Théodore Chassériau, qui en 1846 est invité par le pacha de cette ville, Ali Ben Hamet, afin d’en réaliser un portrait équestre. Eugène Fromentin, ses nombreuses toiles sur la chasse au faucon et au héron, et ses descriptions en 1857 dans « un été dans le Sahara » compare les arabes de ce pays à des patriarches et font souvent penser à la bible, ou la ville de Blida en Mitidja, sa Normandie numide. Le prolifique Horace Vernet, montrant des scènes de vie des indigènes des Hauts plateaux ou des habitants du Sahara. La ville de Bou-Saâda est connue par les peintures naturalistes d’Etienne Abderrahmane Dinet depuis 1894. Ainsi, l’engouement des arts pour ce pays devait nécessairement déboucher sur des établissements tels que la création d’une école de dessin à Alger en 1843, puis la célèbre école nationale des Beaux-Arts d’Alger en 13

1881, développée plus tard en Musée National. La villa Abd-el-Tif, sorte de villa Médicis, résidence pour artistes venant séjourner à Alger et qui jouxte le musée du quartier de la Hamma, sera créée en 1907. Les écrivains ne sont pas en reste dans l’aventure algérienne. Dans cette moitié du XIXe siècle, Alphonse Daudet, connu dans tout Paris, s’embarque pour l’Algérie en 1861 et visite l’Algérois, la Mitidja, l’Ouarsenis notamment Miliana et enfin Orléansville (El-Asnam, puis Chlef). De ses pérégrinations exotiques, il ramena à Paris son Tartarin de Tarascon, œuvre comique, caricaturant la vie domestique citadine et paysane. Guy de Maupassant, déjà connu par son succès de Boule de suif, est envoyé par son journal le Gaulois en 1881 pour enquêter sur la révolte de Bou-Amama. Ses écrits montreront l’autre face de l’Algérie, celle des insurrections poussées par la famine et la misère des indigènes. Quant à André Gide, l’immoraliste est rédigé à partir de son séjour à Biskra en 1896. Dans le domaine de l’Archéologie, le même engouement forçait à l’ouverture de musées d’Archéologie comme celui de Constantine en 1853 et celui d’Annaba en 1859. Qui dit archéologie, pense forcément explorations et fouilles archéologiques. Le développement des recherches préhistoriques sous la conduite de militaires ou surtout de géologues, paléontologues a mis en évidence dès les années 1830 un grand nombre de fossiles dans des grottes à ossements ou des sites de plein-air un peu partout dans le pays. Le littoral algérois, l’Oranais et le Constantinois furent, en raison de leur proximité des centres urbains, les premiers sites explorés. Pendant vingt années, de 1861 à 1881, le Sahel d’Alger, étendue littorale, entre le Massif de la Bouzaréah et le Massif du Chenoua à l’ouest d’Alger sera minutieusement exploré dans les domaines de la Géologie, de la Géomorphologie, de la Botanique, de la Préhistoire et de l’Anthropologie par le docteur Alexandre Bourjot, figure originale tant par son savoir encyclopédique que par sa fréquentation des grands savants parisiens. Georges Souville, préhistorien et élève du professeur Lionel Balout, qui avait présenté un Diplôme d’Etudes supérieures à la faculté des lettres d’Alger en 1951 sur ces fameuses grottes à ossements de l’ouest d’Alger, décrit ce personnage, passionné beaucoup plus par ses recherches que par les mondanités du grand Paris. Bien que sa famille fut anoblie sous l’empire et le destinait au notariat, le Dr Bourjot, naturaliste voyageur dans l’âme, tout en achevant ses études de médecine, entre autres sous Dupuytren et Larrey, préféra l’aventure de la Géologie et de la Botanique. Son mariage avec la fille du célèbre Geoffroy Saint-Hilaire lui ouvrit les portes pour une fréquentation beaucoup plus large du monde des naturalistes qu’il avait déjà 14

côtoyé quand il entama ses études scientifiques, comme de Blainville, Dumeril ou Cuvier lorsqu’il l’accompagna dans une expédition en Sicile. Arrivé à Alger, le milieu scientifique qu’il trouva lui convint tout à fait mais il ne savait pas encore que le groupe qu’il forma avec les chercheurs dans ce pays neuf allait l’emmener dans une grande recherche sur le Massif d’Alger. Ces derniers fondèrent la Société de Climatologie algérienne et s’intéressèrent à l’étude de la Géographie, de la Topographie, de la Météorologie de la Statistique des Sciences morales, physiques et naturelles. Près d’Oran, les premières observations sur des vertébrés fossiles notamment de poissons sont l’œuvre de Rozet en 1831 dans les argiles schisteuses du Fort Saint-André puis de Duvernoy en 1837 dans les calcaires grossiers à brèches. C’est ce même auteur qui découvrit pour la première fois en 1857 près de Sétif, les restes d’un buffle fossile apparenté à l’Arni indien dont le nom Bubalus antiquus sera modifié plus tard à plusieurs reprises en raison de son rapprochement avec les buffles africains. Cette espèce sera d’ailleurs plus connue notamment par la découverte en 1876 d’un squelette néolithique presque complet retrouvé par Philippe Thomas près de Djelfa. Cet auteur contribua par ses recherches sur les formations continentales de la région de Constantine à la description de nouveaux taxons, notamment chez les équidés mais aussi à la connaissance dans les gisements de phosphates, de poissons et de crocodiliens fossiles. Les vertébrés de la fin du Tertiaire tels que mastodontes, éléphants, antilopes africaines sont connues par une série d’études sous l’autorité de Gervais de 1849 à 1869. Les recherches préhistoriques qui commencèrent à se mettre en place dès 1848, révélèrent dans les grottes à ossements un grand nombre de restes de mammifères typiquement africains comme les phacochères, diverses gazelles et autres antilopes, des grands bovidés, des rhinocéros, des hyènes. Les premières fouilles en 1867 dans la grotte de la mosquée du Djebel Thaya dans le département de Constantine sont l’œuvre d’un militaire, le général Faidherbe. La récolte entre autres de nombreux restes d’ours des cavernes seront étudiés par Bourguignat. Vers la fin du XIX e siècle, l’œuvre paléontologique considérable de Pomel, marque un tournant décisif dans la connaissance des mammifères fossiles tertiaires et quaternaires non seulement de l’Algérie mais de l’ensemble des vertébrés mammaliens de l’Afrique du Nord. Cet encyclopédiste des Sciences de la terre, universitaire et chercheur à l’Ecole supérieure des Sciences d’Alger avait étudié et classé minutieusement un très grand nombre de fossiles, conservés jusqu’à aujourd’hui dans les mêmes lieux dont les étiquettes portent encore son écriture. Une dizaine de Monographie sur les vertébrés fossiles de l’Algérie fut publiée dans la Carte géologique de l’Algérie. La majorité des taxons (antilopes, équidés, cervidés, 15

suidés, carnivores…) est décrite pour la première fois. Certains fossiles sont extraits de célèbres gisements découverts par lui comme la sablière de Ternifine près de Mascara, dont Arambourg, dans les années 1955-1956 y fera la découverte des plus anciens fossiles humains d’Afrique du Nord. Entre 1910 et 1935, Joleaud, zoologiste, décrivit une série d’études de Géographie zoologique sur la Berbérie. A partir des découvertes mammaliennes de Pomel, Joleaud a su établir les relations zoogéographiques des principaux vertébrés plio-quaternaires et quaternaires de l’Algérie. Comme son prédécesseur, il contribua à la mise en place d’une documentation riche et irremplaçable de la faune de ce pays. Ainsi quand Camille Arambourg commença ses recherches en Paléontologie, sur les Poissons dès 1920, un grand nombre de publications scientifiques étaient parues, de même que de riches collections mammaliennes étaient déjà réunies dans les principaux établissements muséographiques et de recherche. En plus des découvertes qu’il fit dans toute l’Afrique du Nord, il reprit l’ensemble des collections étudiées par ses prédécesseurs pour y ajouter ses propres révisions.

De l’Agronomie à la Paléontologie Issu d’une famille parisienne et oranaise, Camille Arambourg naquit en 1885 à Paris. Passionné dès le lycée par les Sciences de la Terre et les Sciences biologiques et baigné par l’esprit de sa famille, des notables terriens, il s’orienta naturellement, vers l’Institut Agronomique après ses deux baccalauréats à Paris des Lettres Mathématiques et des Lettres Philosophiques en 1903. Bien qu’il soit un amoureux des sciences naturelles, son penchant de jeunesse pour un temps pour l’agriculture est plus animé par l’exploitation des propriétés familiales dans le Sahel d’Oran que par la Géologie et la Paléontologie. Curieusement, c’est ce choix-même en tant qu’ingénieur agronome en 1908 qui lui ouvrit les portes de la recherche géologique. Les terres d’Arambourg sont situées sur une formation géologique datant de la fin du Miocène au début du Pliocène dont elle avait conservé un grand nombre de Vertébrés fossiles. La formation bien située chronologiquement était connue sous le nom de « Sahélien », un étage décrit pour la première fois par Pomel. Pendant plusieurs années, les labours successifs ramenèrent en surface un grand nombre de Poissons fossiles que le jeune ingénieur s’empressa de déterminer tout en les conservant soigneusement. Jusqu’à la déclaration de la première guerre mondiale, le jeune Arambourg est tantôt agriculteur à Oran, tantôt passionné de déterminer les fossiles dans les laboratoires de Géologie et de Zoologie d’Alger, aidé par les professeurs de l’Ecole des Sciences d’Alger. 16

Cette période fut très importante pour le jeune agronome-géologue dès son installation en Algérie et surtout ses premières fréquentations avec le monde universitaire des professeurs de l’Université d’Alger. Profitant de l’imposante collection de fossiles de Vertébrés et d’Anatomie comparée que Pomel avait rassemblé au XIXe siècle dans les laboratoires de l’Ecole des Sciences d’Alger, ainsi que des conseils des professeurs Doumergue et Ficheur, il développa ses connaissances en Paléontologie et en Zoologie. Pendant plus de 15 ans, la double activité d’Arambourg va lui permettre de collecter une impressionnante collection d’Invertébrés dans la Vallée du Chélif et du Sahel d’Oran, constituée essentiellement de Pecténidés, d’Echinidés, et de Crustacés, mais aussi et surtout de squelettes de Poissons sahéliens. Ces derniers comprenant plus de 1500 exemplaires, renferment des taxons dont la majorité sera décrite par lui et publiée dans une monographie en 1927. Entre-temps quelques fouilles sont entreprises, notamment dans la caverne de l’Aïdour en 1912, et qui consiste en la description géologique du mode de formation d’une grotte en relation avec un réseau hydrothermal. Cette passion pour la terre et les fossiles devait s’arrêter le 2 août 1914 où il fut mobilisé comme lieutenant de zouaves aux Dardanelles puis faisant partie de l’Armée d’Orient il prit part à toutes les opérations. Vers la fin de l’année 1915, l’armée française a dû s’établir à une trentaine de kilomètres au Nord de Salonique, sur une chaîne de montagnes formées de dépôts lacustres, sensiblement de même âge que les dépôts marins du Sahel d’Oran de la fin du Miocène. Ces formations ont permis au militaire géologue de découvrir d’importants gisements de vertébrés identiques aux classiques gisements de Pikermi et de Samos. Les fouilles qu’il devait entreprendre jusqu’à avril 1916, lui ont permis de rassembler de grandes collections de vertébrés fossiles, qui une fois acheminées vers Salonique, y demeurèrent jusqu’à la fin des hostilités. Ce matériel devait être expédié en Algérie pour étude, puis envoyé plus tard au Muséum national d’Histoire naturelle de Paris. Durant la campagne de Macédoine, il eut également le temps pour se consacrer au levé géologique de la carte de la vallée de Vardar depuis la baie de Salonique jusqu’aux massifs anciens de la bordure. L’étude de la région des anciens lacs égéens, qui faisait partie des projets d’Arambourg en collaboration avec Bourcart devait s’arrêter juste après l’armistice, en raison d’une période de convalescence dans un hôpital de Salonique. Il finit ainsi la guerre, bardé de citations et de décorations militaires.

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Dès son retour en Algérie, il se mit immédiatement au service de la Géologie appliquée à l’Agriculture en tant que professeur titulaire de la chaire de Géologie de 1920 à 1930, d’abord à l’Institut Agricole d’Algérie de Maison-Carrée (banlieue est-algéroise), puis de 1930 à 1936 à l’Institut National Agronomique, succédant au géologue Lucien Cayeux. Durant ces seize années et renonçant à toute autre activité, Arambourg se consacra entièrement aux recherches de Science pure. Elu correspondant du Muséum national d’Histoire naturelle en 1933, ses fréquentations régulières des laboratoires du Muséum notamment les laboratoires d’Herpétologie, de Mammalogie, d’Anatomie Comparée et surtout celui de Paléontologie lui permirent de continuer ses recherches sur les vertébrés fossiles. Evoluant aux côtés de son maître le professeur Marcellin Boule, il n’aura de cesse d’être encouragé et conseillé par celui-ci, car le professeur Boule sait déjà qu’il lui succédera à la chaire de Paléontologie du Muséum. Au cours de cette période, il a pu poursuivre et achever un certain nombre de travaux sur les Poissons et les Vertébrés. Les Vertébrés du Sahélien, les Mammifères du Pliocène des plateaux constantinois, les gisements de poissons du Lias de l’Yonne ainsi que ceux des phosphates du Maroc, les schistes crétacés du Rharb, les mammifères quaternaires de l’Algérie, l’ossuaire humain des Beni Segoual à Bedjaia (Bougie), les ours fossiles de l’Afrique du Nord, les grottes des environs d’Alger, enfin les gisements de vertébrés de l’Afrique orientale, constituent l’essentiel des missions que lui a attribué le Muséum. A partir de 1936 où il est nommé professeur de la chaire de Paléontologie du Muséum et depuis 1933, date des premières missions en Ethiopie dans la vallée de l’Omo, toutes ses recherches paléontologiques vont désormais prendre un caractère plus académique, plus affirmé lui procurant ce statut de savant universel.

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Fig. 1. Camille Arambourg, lors du lancement du nouveau Bulletin de la Société Préhistorique de l’Ariège en 1958 (archives C. Arambourg, notices sur les travaux scientifiques).

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La Paléontologie vue de Paris C’est l’époque où la Paléontologie française avec celle du British Muséum font autorité mais aussi concurrence dans la recherche des gisements et des fossiles de vertébrés dans le monde. Cependant la recherche française va prendre le pas sur son concurrent notamment par la découverte de plusieurs gisements préhistoriques incontournables dont la description des fossiles humains cromagnoïdes fera date. De 1936 à la déclaration de la seconde guerre mondiale, Arambourg a déjà collecté au cours de ses nombreuses explorations et fouilles une quantité impressionnante d’ossements de Vertébrés et surtout de Mammifères qui provient de toutes les régions fossilifères du monde. La systématique va alors prendre une place importante dans ses travaux avec notamment la connaissance de nouveaux taxons à tous les rangs hiérarchisés de la classification linéenne (ordres, familles, genres, espèces, sous-espèces). De même, les rapports entre les différentes formes disparues et leur signification sont soulevés dans ses publications. On commence à établir des essais de reconstitution des faunes disparues par le biais de leur relation phylogénétique et biogéographique (les faunes de Poissons et de Reptiles crétacés et éocènes du Bassin de la Méditerranée, les faunes de Mammifères plio-pléistocènes d’Afrique) ainsi que le rôle de l’Afrique dans l’émergence de faunes mammaliennes. Ce dernier point a été au centre des réflexions d’Arambourg sur un grand nombre de taxons qui étaient jusqu’alors méconnus ou même inconnus des paléontologues. Sa contribution sur l’étude de l’histoire des Proboscidiens, des Primates, des Carnivores, des Suidés ou des Antilopes a permis d’éclaircir nombre de points flous et de palier aux insuffisances et aux lacunes des connaissances de l‘époque dans ce domaine. Sur le plan général, de nouvelles questions sont posées, de même de nouvelles interprétations sont données aux grandes questions de l’évolution, de l’extinction des groupes et des espèces, de leur migration, la question de l’homme et de son évolution, la proposition d’un nouveau cadre stratigraphique et géologique. Concernant ce dernier point, la stratigraphie et l’âge des gisements de Phosphates du Maroc, longtemps controversés ont été pour la première fois définis, la stratigraphie et les corrélations du Villafranchien d’Afrique du Nord également fixées, l’ensemble du Pléistocène d’Afrique a été revu. Pour la deuxième fois et après la découverte en 1928 du gisement paléolithique supérieur d’Afalou Bou Rhummel en Algérie, un autre gisement archéologique capital pour la compréhension des anciens hominidés du Nord de l’Afrique venait d’être découvert par lui dans ce pays : Il s’agissait du gisement villafranchien de l’Ain Hanech dans la région de Sétif, où la plus ancienne industrie taillée d’Afrique du Nord venait d’être mise en évidence. 20

Missionné par le Muséum sur pratiquement toutes les régions de l’ancien monde (Afrique, Europe, Asie), Arambourg avait collecté et décrit des millions de restes fossiles. Les collections du Muséum regroupent aujourd’hui en effet l’une des plus complètes et des plus belles séries de Vertébrés allant des Poissons et des Reptiles aux Mammifères, réunies par un seul homme durant toute son existence. Le professeur Paul Fallot de la Société géologique de France dira de lui lors de son attribution du Prix Gaudry en 1959, en lui posant cette question Comment avez-vous organisé votre temps pour produire en moins de quarante ans une œuvre que le commun des mortels n’eut point faite en cent ? A cette date, Arambourg est âgé de 74 ans, il lui reste encore 10 ans à vivre au cours desquelles il continuera à déterminer des Vertébrés fossiles notamment d’Afrique du Nord et d’Afrique de l’Est, et à rédiger surtout les monographies restantes dont la dernière le Tome II Des Vertébrés villafranchiens d’Afrique du Nord que le professeur Léonard Ginsburg du Muséum lui publiera à titre posthume en 1979.

L’exploration africaine Le continent africain est véritablement le terrain de prédilection d’Arambourg. C’est dans ces vastes territoires, au Nord comme au Sud, à l’Est comme à l’Ouest que l’essentiel des découvertes sera effectué. Découvertes non seulement dans le domaine de la Paléontologie mais également dans celui de la Géologie, de la Stratigraphie et de l’Eustatisme dont les lignes de rivages de la Méditerranée ont été les témoins du retrait ou de la remontée des mers. En commençant ses explorations naturellement par l’Algérie septentrionale, il sillonnera finalement toute l’Afrique du Nord et le Sahara en poussant ses expéditions circuméditerranéennes jusqu’au Liban et la Jordanie. Les missions subsahariennes seront majoritairement axées sur l’Ethiopie dans la vallée de l’Omo mais aussi au Kenya, au Soudan, en Angola, au Niger, au Tchad et au Gabon.

Deuxième partie : Les recherches en Afrique du Nord

Les recherches en Algérie (de 1912 à 1969) La faune marine, des Invertébrés aux Poissons On ne peut pas dire que les recherches en Algérie ou sur l’Algérie ont été interrompues tout au long des nombreuses missions d’Arambourg. Elles ont été discontinues en raison d’explorations multiples dans les autres régions du monde, mais à chaque fois il revenait sur les faunes d’Afrique du Nord et en particulier sur celles de l’Algérie afin de réaliser la synthèse de chaque groupe ou de mettre en place une lecture stratigraphique ou une harmonisation biogéographique des vertébrés tertiaires et quaternaires. Sur ce point là, les innombrables et divers travaux sur l’Algérie seront finalisés jusqu’en 1969 date de son décès. En dehors de quelques fouilles et de découvertes qui n’ont pas eu de poursuites majeures dans la carrière d’Arambourg, les débuts significatifs de la recherche paléontologique commenceront avec les poissons recueillis dans la vallée du Chélif et dans le Sahel d’Oran entre 1912 et 1927 dont la monographie sera publiée en 1927 dans Matériaux pour la Carte géologique de l’Algérie. L’ouvrage intitulé Les poissons fossiles d’Oran, est un volumineux travail de 295 pages, comprenant 48 figures et un atlas de 46 planches. Sur les 1300 spécimens récoltés, parfaitement conservés, il donnera une description détaillée de l’anatomie comparée, de la phylogénie et de la physiologie de ces organes souvent en empreintes doubles. La stratigraphie du Sahélien d’Oran Bien que le terme d’étage Sahélien (équivalent du sommet du Tortonien ou de la base du Messinien) n’ait plus cours dans le lexique stratigraphique international depuis bien longtemps, pour plus de commodités avec une lecture historiographique, je l’utiliserai pour rester dans l’esprit de l’époque d’Arambourg. C’est en 1858 que l’étage Sahélien fut défini par le paléontologue Pomel sur la côte, à l’Est et à l’Ouest de la ville d’Oran, caractérisant un terminal des formations marines miocènes de la Méditerranée occidentale. Les faunes 23

marines de poissons et malacologiques de ses niveaux sont composées d’éléments mixtes Mio-pliocènes avec notamment des formes miocènes éteintes, mélangées à des formes évoluées du Pliocène ou de l’actuel. La stratigraphie se compose de bas en haut : - Marnes plus ou moins siliceuses, reposant sur couche mince de tufs à micas grisâtres - Marnes à silex et tripolis (diatomites) en bancs peu épais - Calcaires zoogènes avec intercalation de marnes Afin de maintenir cet étage marin dans la classification algérienne, Arambourg eut recours aux corrélations stratigraphiques de la Méditerranée pour confirmer le parallélisme du Sahélien avec les formations à tripoli et à gypse de Sicile et d’Italie continentale. En effet, c’est dans le Sahélien du Dahra, là où d’épaisses couches gypseuses et des niveaux à tripoli sont conséquents, que la faune ichtyologique italo-sicililienne est la plus ressemblante. La faune ichtyologique sahélienne La faune provenant de ces régions occidentales de l’Algérie comprise entre l’Ouarsenis et la zone oranaise est d’âge sahélien (Miocène supérieur). Elle a livré 91 espèces dont 42 familles et 67 genres. La plupart des genres sont encore vivants, alors que les espèces sont formées majoritairement de formes éteintes dont un grand nombre est représenté par des espèces nouvelles. Parmi elles, on retiendra, Orthopristis prorhonchus Aramb., Parapristipoma prohumile Aramb., Caranx prorusselli Aramb., Labrisomus pronuchipinnis Aramb., Lepidopus pro-argenteus Aramb., Epinephelus progigas Aramb. Etc … Les formes actuelles retrouvées à l’état fossile sont signalées par Arambourg pour la première fois. Son étude montrera que 70 % des espèces sahéliennes sont d’affinités méditerranéennes et 80 % des genres actuels retrouvés dans le Sahélien sont représentés actuellement en Méditerranée. Les comparaisons phylogénétiques et zoogéographiques avec les autres faunes tertiaires montreront que les faunes sahéliennes sont miocènes mais s’apparentent aux faunes oligocènes, alors que les seuls éléments de différenciation entre les taxons sahéliens et les formes actuelles sont représentés par une disparition progressive d’éléments tropicaux et l’apport de formes nordiques. Par ailleurs, de rares espèces signalées sont originaires des mers du Japon, de l’océan indien et des côtes atlanticoaméricaines. Contrairement aux idées de ses prédécesseurs notamment celles de Sauvage qui pensait que les poissons de la région d’Oran avaient une origine double, marine et d’eau douce, Arambourg, après avoir révisé entièrement cette faune, montre leur nature exclusivement marine. De même, il précise 24

que les formes sahéliennes s’apparentent à des espèces marines actuelles comme pour les Aloses d’Oran ou les Syngnathes et les Soles. Cependant, le mélange d’espèces littorales et bathypélagiques correspondant à des zones biologiques différentes, proviennent selon lui de l’étroitesse du bras de mer sahélien mais que les dépôts qui contenaient la faune sahélienne, riches de diatomées caractérisent l’océan de tous les dépôts de la Méditerranée, puisqu’ils sont retrouvés en Toscane, en Sicile et jusque sur les côtes des Balkans.

Fig. 2. A, Distribution des photophores chez Myctophum proleternatum Nob., du Sahélien d’Oran. B, écaille du même Poisson avec photophore, vue par la face interne (X 8), C. écaille avec photophore linéaire de Mictophum microsoma Sauv. Du même niveau (X 7), (archives C. Arambourg, notices sur les travaux scientifiques).

Ce sont d’abord les organes lumineux des Myctophidés fossiles du Sahélien oranais, retrouvé sur un Scopélidé fossile en 1921, qui ont retenu l’attention d’Aramboug. Il fait remarquer que ce groupe de Myctophydés qui apparait dans les formations géologiques à partir du Crétacé supérieur, est représenté par des genres anatomiquement voisins des groupes actuels tels que Leptosomus ou Sardinius. La caractéristique de ces Poissons abyssaux est la disposition le long des flancs en séries régulières et de la région ventrale, de points appelés photophores. Ces derniers sont en fait constitués de cupules creusées dans le derme, leur paroi étant recouverte d’une couche de cellules faisant office de réflecteur. Chez certains, l’écaille qui recouvre chaque photophore, joue le rôle de condensateur de lumière. Leur conservation sur la paroi du corps, leur disposition et leur forme permettent à Arambourg de décrire ces formes fossiles. L’étude des Poissons fossiles est suivie par une description de toutes les régions anatomiques. Celle de la colonne vertébrale est d’une précision remarquable quand on sait que la fossilisation des poissons est plus fragilisée que celle des autres Vertébrés comme les mammifères par exemple. Les observations qu’il avance, sont bien entendu les premières dans le genre. Au point de vue systématique, il note que la structure générale de la colonne vertébrale présente des particularités notoires notamment dans la 25

délimitation exacte des deux parties du squelette axial, c’est-à-dire la région caudale et la région précaudale. La formule vertébrale qui en résulte, détermine justement sa position dans la classification hiérarchique. Cette frontière entre les deux régions vertébrales est généralement basée sur la présence d’hématophyses développées à partir des premières vertèbres caudales. Il fait remarquer, que les erreurs de détermination de la part d’un grand nombre d’auteurs sont basées justement sur de mauvaises interprétations des vertèbres notamment chez les Poissons possédant des caractères primitifs. Ces observations de grande importance montrent que le passage progressif d’une région à une autre se fait suivant une modification morphologique bien précise des vertèbres. Un grand nombre de caractères morphologiques comparatifs montre à Arambourg la signification phylétique et anatomique de chaque groupe comme par exemple la présence de parapophyres aux arcs vertébraux inférieurs chez certains, ou la terminaison de la colonne vertébrale, très diagnostique pour la séparation des genres et des espèces.

Fig. 3. Vertèbres de Poisson de la famille des Clupéidés. A, Série montrant le passage progressif de la région précaudale à la région caudale chez C. aurita Val., B, vertèbres précaudales de Spratelloides lemoinei Nob. Du Sahélien (X7). Na, neurapophyse ; Hae, hémapophyse ; Atr, apophyse transverse ; Pez, PHz, Za, zygapophyses, (archives C. Arambourg, notices sur les travaux scientifiques).

En relisant les travaux d’Arambourg sur ce chapitre précis des vertèbres de Poissons, j’ai été frappé par son analogie avec ce que l’on connaît sur les vertèbres humaines et leur recherche au niveau anatomique et pathologique. La Paléoanthropologie des années 1980 et son cortège de méthodes nouvelles d’investigation, que ce soit sur le terrain par le biais de l’Anthropologie de terrain, développée par le Professeur Henri Duday ou de laboratoire, conduisit notamment à des analyses osseuses anatomiques sur l’ensemble du squelette crânien et postcrânien, comme celles appelées caractères discrets ou caractères épigéniques. La variabilité de ces caractères au sein d’une population devait asseoir plus ou moins l’héritabilité de ces caractères et donc de la relation parentale. Dans un langage différent, 26

une masse considérable d’observations était déjà donnée au début du XXe siècle par Le Double dans 3 traités sur les variabilités osseuses et notamment vertébrales Traité des variations des os du crâne de l’Homme et de leur signification au point de vue de l’Anthropologie zoologique, les deux autres traités étaient consacrés à la colonne vertébrale. Les caractères discrets, variations anatomiques de l’homme, de la femme, de l’enfant et du vieillard étaient déjà étudiés par le Double, mais avec d’autres appellations. Parmi ses observations sur les Poissons fossiles d’Oran, Arambourg note l’importance des variations sexuelles lors de la détermination des fossiles. En effet, il remarque à deux reprises, l’influence du sexe sur un Spratelloides du Sahélien et sur un autre fossile du Lias supérieur la déformation abdominale correspondant à l’hypertrophie ovarienne de la femelle en période de frai. Il rappelle par ailleurs qu’à cause de cette modification que donne cette hypertrophie à la forme du poisson, certains auteurs avant lui avaient vu en cette variation une création de nouvelle espèce.

Fig. 4. Structures céphaliques de Poissons Halécostomes liasiques. A, Leptolepis coryphaenoides Br. 1, tête (X2) ; 2, voûte dermique du crâne (X3). B, Pholidophorus hartmanni Eg ; Tête reconstituée d’après plusieurs échantillons ; f, frontal ; pa, pariétal ; Pto, ptérotique ; supor, supraorbitaire ; pro, préorbitaire ; so, sous-orbitaire ; n, nasal ; eth, ethmoide ; palatin ; ps, ph, parasphénoïde ; h, hy, hyomandibulaire ; pmx, prémaxillaire ; mx, maxillaire ; smx, sm, supra maxillaire ; m, mandibule ; d, dentaire ; o, op, opercule ; sop, sousopercule ; io, inter opercule ; po, pré opercule ; br, rayons branchiostèges ; cs, canal sensorie ; Pl, post-temporal ; scl, supra claviculaire ; cl, claviculaire, (archives C. Arambourg, notices sur les travaux scientifiques).

Les caractéristiques climatologiques des Poissons sahéliens en comparaison avec la répartition actuelle de leurs genres congénères montreront à Arambourg que ce sont ceux d’une faune subtropicale. Trois groupes seront déterminés pour classer les poissons du Sahel : - Une grande partie d’espèces éteintes 27

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Des espèces actuelles jusqu’à lors inconnues à l’état fossile, parmi lesquelles on retrouve, Serranus cabrilla et S. scriba, Capros aper, Zeus faber, Batrachoides didactylus, Lophius budegassa, etc. Un nombre presque égal d’espèces présentant des affinités avec les espèces actuelles.

De ces faits, Arambourg conclut qu’à la fin du Miocène, le peuplement de la Méditerranée est composé d’une faune dont les caractères sont déjà majoritairement actuels, renfermant encore quelques éléments tropicaux. Cette faune marine est désignée par lui comme une faune paléoméditerranéenne. Les fossiles d’Invertébrés, collectés et confiés à ses collègues pour étude car les connaissant moins bien que les Vertébrés, font partie également des faunes du Sahélien de la vallée du Chélif et du Sahel d’Oran. Ils sont constitués surtout de Pectinidés, d’Echinidés et de Crustacés. Le Sahel d’Oran comme le Sahel d’Alger donneront à l’extrême fin du Tertiaire notamment dans le Plaisancien, étage marin de la Méditerranée, d’autres Pectinidés et Crustacés. Parmi les collections d’invertébrés d’importance qu’il a pu également collecter, on retiendra la faune du Crétacé supérieur de l’Aurès, riche en Céphalopodes du groupe des Tissotia et genres voisins.

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Fig. 5. Tête de Poisson de Chanos chanos. f, frontal ; pt, pto, ptérotique ; pa, pariétal ; n, nasal ; pro, prootique ; als, alisphénoïde ; spo, supraorbitaire ; ps, parasphénoïde ; ep, entoptérygoïde ; mp, métaptérygoïde ; ao, autorbitaire ; so, sous-orbitaire ; pmx, px, prémaxillaire ; mx, maxillaire ; m, mandibule ; q, os carré ; sy, symplectique ; hy, hyomandibulaire ; op, opercule ; sop, sous-opercule ; po, pré opercule ; br, rayons branchiostèges ;co, coracoïde. Fig. 6. Poissons du Sahélien d’Oran. A, Squelette facial de Synodus avus Nob., ; B, squelette facial et ceinture scapulaire de Zeus faber L. Ps, parasphénoïde ; Orb, orbite ; SOr, sous-orbitaire ; PMx, prémaxillaire ; Mx, maxillaire ; Q, os carré ; Op, opercule ; POp, pré opercule ; SOp, sous-opercule ; Pop, inter opercule ; Art, articulaire ; D dentaire ; Cl, claviculaire ; Cor, coracoïde ; PCl, Postclaviculaire ; R, radiophores ; P, Pectorale ; Br, rayons branchiostèges, (archives C. Arambourg, notices sur les travaux scientifiques).

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Des gisements méditerranéens ayant les mêmes caractéristiques que le Sahélien d’Oran Il faut rappeler que les recherches d’Arambourg sur les Poissons de ces régions ont été menées de pair avec celles de Sicile dans la région de Licata, datant également du Miocène supérieur. Cette importante collection qui appartenait au Muséum d’Histoire naturelle et étudiée par Sauvage et de Stefano, lui sert au début comme élément de comparaison d’une faune méditerranéenne. Il se rend compte que les Poissons de Licata comme ceux d’Oran, ont les mêmes problématiques, à savoir qu’ils proviennent tous de milieux marins et qu’aucun élément d’entre eux n’appartient à des formes d’eau douce comme l’avaient avancé Sauvage et de Stefano. Ce travail fut publié en 1925 dans les Annales de Paléontologie, sous le titre Révision des Poissons fossiles de Licata .

Fig. 7. Poissons du Sahélien d’Oran. A, Squelette facial de Spratelloides lemoinei Nob. (X 4) ; B, Squelette operculaire d’Epinephelus longispinis Nob. (grandeur naturelle). SMx, supra maxillaire ; Ptr, ectoptérygoïde, (archives C. Arambourg, notices sur les travaux scientifiques).

Fig. 8. Sahelinia gregaria Franc., Poisson du Sahélien du Licata (Sicile) et d’Oran (X 1, 5) ; B, maxillaire ; C, mandibule. Mx, maxillaire ; SMx, supra maxillaire ; D, dentaire ; Art, articulaire, (archives C. Arambourg, notices sur les travaux scientifiques).

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Plus tard, dans les années soixante, d’autres découvertes viennent confirmer et appuyer les thèses d’Arambourg sur les Poissons du Miocène terminal du Sahélien d’Oran et ceux de Sicile dans le Licata. Il s’agit de la découverte d’un important gisement d’une faune de Poissons dans les niveaux de diatomites du Miocène supérieur de Columbares au Sud-Est de la province de Murcia en Espagne. Celui-ci est trouvé par Arambourg et Montenat à l’occasion d’une étude stratigraphique sur le Néogène de la région de Murcia ; il est publié en 1968, une année avant le décès d’Arambourg, dans les Comptes Rendus de l’Académie des Sciences. La Sierra de Columbares est constituée au sein des grès calcaires souvent grossiers, à galets épars, de dépôts fossilifères à son sommet, très riches en mollusques (Pectinidés, Térébratules etc.). Au-dessus des formations détritiques de Columbares et dans la série des marnes bleuâtres, des niveaux blanchâtres ont révélé un horizon d’une grande richesse de Poissons complets, parfaitement conservés avec leurs écailles. La faune de Poissons se compose essentiellement de formes bathypélagiques appartenant surtout à la famille des Myctophydés, Poissons pourvus d’organes lumineux ; ainsi que deux, représentant des familles des Sudidés et des Clupéidés. Arambourg devait avancer ses premières remarques, faites sur les Poissons à organes lumineux des mers profondes dans le Sahel d’Oran en 1920, puis en Sicile, 5 ans plus tard.

Fig. 9. Myctophum vexillifer Sauv., Poisson du Sahélien du Licata (Sicile). Distribution des photophores, reconstituée selon la notation de Brauer, (archives C. Arambourg, notices sur les travaux scientifiques).

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Les premières études des Mammifères quaternaires de l’Algérie Lors de son séjour militaire en Théssalonique, Arambourg avait recueilli des restes de mammifères appartenant à des formes classiques du Pontien de l’Europe et du Proche-Orient dont plusieurs espèces étaient nouvelles pour l’époque, mais il n’avait encore jamais étudié de faunes mammaliennes quaternaires. Avec la faune de l’Algérie, il donnera ses premières observations paléontologiques en 1928 et 1929 sur des découvertes capitales de gisements pléistocènes dont certains sont encore en exploitation aujourd’hui. En 1927, alors qu’il sillonne les Monts du Djurdjura en Kabylie pour une campagne de recherche dans le Massif de l’Akouker, il fait la découverte d’un gisement pléistocène renfermant un certain nombre de restes de faunes fossiles dont des éléments osseux de Mouflon, le fameux Mouflon à manchettes (Ammotragus lervia), aujourd’hui disparu de la région, et les restes d’un Ours proche de l’ours brun d’Europe (Ursus arctos). Sur ce dernier, il consacrera une étude complète en 1932 et 1933. Cette faune lui permettra d’esquisser une première étude sur les Mammifères quaternaires de l’Algérie, qu’il publiera dans le Bulletin de la Société d’Histoire Naturelle de l’Afrique du Nord. Les premières observations d’Arambourg sur cette faune, seront primordiales pour plus tard, car elles marquent pour la première fois sa différence d’interprétation avec son unique grand prédécesseur le paléontologue Pomel. Parmi les nouvelles caractéristiques faunistiques, Arambourg qualifie cette faune mammalienne quaternaire de l’Algérie de faune actuelle dans le sens que des représentants modernes y sont encore présents dans le bestiaire actuel. De même qu’elle est constituée d’un mélange de formes à la fois éthiopiennes, c’est-à-dire à caractère tropical et paléarctique c’est- à-dire du domaine zoogéographique qui regroupe l’Eurasie, la Méditerranée, l’Afrique du Nord et le Proche-Orient. Il montre par ailleurs qu’au début du Pléistocène, certaines formes prédominantes appartiennent pour la plupart à des espèces disparues ou à des éléments émigrés au-delà du Sahara et que les modifications progressives de ces faunes au cours du Quaternaire sont le résultat de changements climatiques importants. Se démarquer de cette façon du caractère fort de quasiment un siècle de recherches paléontologiques que Pomel avait mis en place en Algérie, par un premier article sur les faunes quaternaires de ce pays est assez osé en soi, mais très convaincant. D’autant plus que ces avancées pour l’époque étaient basées sur une faune encore incomplète, puisque ce n’est que deux ans plus tard qu’il découvre des séries complètes dans la grotte d’Afalou Bou Rhummel dans le golfe de Bougie, qui lui donnent des atouts pour le 32

Pléistocène supérieur, et plusieurs années encore pour définir les faunes villafranchiennes avec la découverte du célèbre site du Pléistocène inférieur de l’Aïn Hanech. Ce qu’il faut savoir c’est que tout ce qu’on pouvait connaître sur la Paléontologie quaternaire de l’Algérie avant Arambourg était dans sa grande majorité issu de l’œuvre de Pomel depuis la fin du XIX e siècle, surtout grâce aux monographies qu’il avait publiées de 1893 à 1898. Cependant les idées de Pomel étaient inspirées des théories scientifiques qui remontaient à une époque où les idées du zoologiste et paléontologue français Georges Cuvier (1769-1832) et de ses disciples sur le Transformisme et la Fixité des espèces exerçaient encore leur emprise sur l’esprit de beaucoup de naturalistes. Si bien que pour Pomel toutes les espèces tertiaires et quaternaires étaient des formes éteintes et aucune d’elle ne représentait une espèce actuelle. Pourtant Marcellin Boule, dès 1899, c’est-à-dire un an après la dernière monographie de Pomel, avait montré que la plupart des taxons algériens créés par celui-ci devait avoir une interprétation différente et pouvait s’identifier soit à certaines formes fossiles d’Europe (on sait aujourd’hui qu’elles sont majoritairement euro-asiatiques, parfois plus asiatiques qu’européennes) soit à d’autres encore vivantes aujourd’hui en Afrique (au XIX e siècle certaines espèces cantonnées actuellement au sud du Sahara, vivaient encore dans le Nord de l’Afrique). Disciple de Marcellin Boule, Arambourg, adhère totalement aux idées de son maître et l’article qu’il publie pour la première fois sur les Mammifères quaternaires de l’Algérie est plutôt inspiré de l’esprit critique de ce dernier. Les fossiles retrouvés plus tard dans les gisements que fouille Arambourg seront de plus en plus orientés vers le scénario qu’il a mis en place. Les recherches d’Arambourg étant effectuées bien après Pomel, il n’est pas certain que ce dernier accepterait en bloc des remaniements dans les classifications et les interprétations formulées par lui depuis fort longtemps, non seulement pour les faunes d’Algérie mais aussi sur l’ensemble des groupes de Vertébrés d’Afrique du Nord. On sait aujourd’hui que Pomel, et Joleaud après lui, avaient multiplié les espèces nouvelles alors qu’elles représentaient de simples variations intra-spécifiques ou n’étaient que synonymies d’autres espèces modernes. C’est le cas de la famille des Bovidés en général et des gazelles en particulier. Arambourg lui-même vers la fin de sa vie de chercheur ne faillit pas à cette règle. En janvier 1928, alors qu’il effectue une exploration méthodique dans le Constantinois (département de l’époque qui incluait la Grande et la Petite Kabylie jusqu’aux rivages de la côte) pour la reconnaissance de gisements fossilifères, il découvre un abri-sous-roche situé dans le massif montagneux des Babors qui surplombe le golfe de Bougie. Cette ancienne grotte marine du niveau de 30 mètres, dénommée Afalou Bou Rhummel (Grotte des sables) 33

par les indigènes allait être pour Arambourg une découverte fantastique dans la Préhistoire algérienne. Alors que jusqu’ici il ne s’intéressait qu’aux Sciences de la Terre (géologie, stratigraphie, paléontologie), la découverte de l’abri-sous-roche d’Afalou va le rendre de plus en plus précis surtout quand il s’agit de restes préhistoriques. Car ce qu’il y a de nouveau dans sa démarche est l’aspect novateur des sites anthropiques et leur reconnaissance en tant que tels surtout quand les gisements recèlent dans leur contenu, outre des artefacts archéologiques, des restes de Mammifères. Le remplissage archéologique de cette cavité etait encore intacte et montrait déjà en surface des traces d’occupation humaine. Une première fouille dès le mois d’avril confirme la richesse du gisement par la découverte de trois crânes humains en bon état de conservation. C’est l’Institut de Paléontologie Humaine de Paris qui décide de la poursuite des fouilles et de sa direction par Arambourg. De 1928 à 1930, la fouille révèle une grotte sépulcrale, à savoir la plus importante nécropole en grotte du Paléolithique supérieur d’Afrique du Nord : au total sept squelettes humains adultes et une cinquantaine de crânes de tout âge, dans des niveaux d’habitat accompagnés d’une remarquable industrie lithique ibéromaurusienne et d’une faune de grands Mammifères et d’Invertébrés marins. La rigueur scientifique et la perspicacité d’Arambourg dans le soin qu’il donne à ses explorations montrent que la grotte d’Afalou n’est que la première d’une série d’autres abris tout aussi préhistoriques les uns que les autres avec une chronologie préhistorique similaire, dont le matériel archéologique est comparable à l’Aurignacien-Magdalénien français. La découverte quelques temps après de la grotte de Tamar Hat, située à quelques kilomètres de la grotte d’Afalou, puis de celle de la Madeleine, plus connue aujourd’hui sous le nom de Taza 1 (il existe Taza 2, 3 et 4) qui seront appelées plus tard les grottes de Beni-Segoual, confirment la contemporanéité relative de toutes ces grottes appartenant aux mêmes occupations ibéromaurusiennes du littoral algérien surmontant dans la majorité des cas un niveau moustérien-atérien. Le contenu stratigraphique y est également similaire puisque les dépôts de base sont associés à des mouvements positifs et négatifs des niveaux marins. La stratigraphie continento-marine du littoral algérien sera d’ailleurs étudiée par Arambourg sur d’autres sites littoraux de la côte algéroise, soit anciennement connus notamment par Pomel comme la Pointe Pescade ou la carrière Sintes à Guyotville (Aïn Benian), soit découvertes par lui, en l’occurrence les sites de Bains Romains et de la carrière Anglade proche de la carrière Sintes.

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Les observations stratigraphiques sur les remplissages quaternaires des grottes de la région de Bougie vont donner à Arambourg des éléments de réflexion et de compréhension sur l’âge de ces formations quaternaires, la répartition stratigraphique des faunes et de leurs industries lithiques ainsi que la relation des cordons littoraux au sein de cet ensemble. Dans l’ensemble du golfe de Bougie comme dans la grotte d’Afalou, il remarque la présence de deux anciens cordons littoraux visibles sur la falaise calcaire du Lias. Leurs extrémités supérieures affleurent, l’un au niveau de 18-20 mètres, l’autre au niveau de 80 mètres d’altitude. L’épaisseur du premier cordon est importante et sa base plonge en-dessous du niveau actuel de la mer. Sa partie supérieure est recouverte par des sables dunaires consolidés, puis par des débris de brèches de pentes ou des argiles rouges de ruissellement. Ces dernières forment généralement le remplissage du fond des grottes. Au sein de ce remplissage, Arambourg remarque une association quelque peu généralisée de deux espèces, en l’occurrence le Rhinocéros de prairie (Dicerorhinus hemitoecus) et l’Hippopotame (on remarquera plus tard que ces taxons ne sont pas considérés comme des fossiles directeurs et qu’ils se retrouvent dans plusieurs niveaux stratigraphiques). Il démontre que l’imposante stratification de 20 mètres qui succède aux dépôts de lits de graviers et de sables parfaitement horizontaux, n’a pu se faire qu’au cours d’un mouvement négatif amenant l’enfoncement lent du littoral. Ce mouvement est suivi d’un mouvement positif correspondant à la transgression des mers, qui a exondé le cordon, le consolidant et le recouvrant par des dépôts continentaux.

Fig. 10. Relevé de coupe de la grotte de la carrière Anglade (Aïn Benian, Ex Guyotville) : C, calcaires bleus ; D, grès de remplissage et grès unires. 1, Poudingues marins ; 2, cendres et foyers avec industrie humaine ; 3, Argiles et sables rouges à ossements, (archives C. Arambourg, notices sur les travaux scientifiques).

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Fig. 11. Relevé de coupe par la côte Est du promontoire de la Madrague (Aïn Benian, Ex Guyotville). S, schistes sériciteux ; C, cordon littoral inférieur ; D, dune consolidée ; p, plage actuelle ; f, faille, (archives C. Arambourg, notices sur les travaux scientifiques).

Ces faits sont également observés sur le littoral algérois, entre Alger et Guyotville, certes quelquefois sporadiquement, cependant bien en place au fond des cavités des grottes de la Pointe Pescade, des Bains Romains et de la carrière Anglade. Dans cette dernière, les couches marines sont tantôt surmontées d’argiles à ossements du Pléistocène supérieur comme dans les grottes de la région de Bougie, tantôt recouvertes de dépôts archéologiques associés à une culture de type Paléolithique moyen et à faciès moustérienatérien. Aujourd’hui, on peut remarquer que l’ensemble des sites du Sahel d’Alger, à savoir toute la zone littorale comprise entre le Massif de la Bouzaréah et le Massif du Chenoua, offre ce schéma stratigraphique où les continuités chrono-culturelles moustéro-atéro-ibéromaurusiennes sont bien confirmées. Les observations stratigraphiques qu’Arambourg explique par le biais des mouvements eustatiques sont assez démonstratives. En effet, il remarque que dans la grotte Anglade, les grès dunaires surmontent des formations archéologiques à industrie moustérienne, donc postérieurs à la période correspondante du Paléolithique moyen. Ils plongent sous la mer et montrent bien qu’ils correspondent à un ancien cordon littoral actuellement immergé. Celui-ci s’était déroulé lors d’une phase positive et postérieure à la ligne des 15-18 mètres et qui a abaissé la ligne de rivage en-dessous du niveau actuel de la mer. Les corrélations faites par lui sur l’ensemble du 36

littoral algérien ont confirmé son bien-fondé : le cordon littoral des 15-18 mètres est partout surmonté par des couches continentales qui sont des brèches à ossements bone-bed, ou de ruissellement ; les industries associées à ces formations rouges sont toutes du Paléolithique moyen. Ces considérations seront corroborées par les observations de Marcellin Boule dans la région de Grimaldi. Les conclusions d’Arambourg sur les phénomènes de ruissellement considérable qui ont donné cette teinte rougeâtre aux formations du début du Pléistocène supérieur sont dues à des conditions climatiques qui indiquent une période d’humidité et de ruissellement semblables d’ailleurs à l’ensemble des côtes de la Méditerranée occidentale. Avant que soit publiée l’imposante monographie des grottes paléolithiques des Beni-Segoual en 1934 en collaboration avec Marcellin Boule, Henri Vallois et le docteur R. Verneau dans les Archives de l’Institut de Paléontologie Humaine, synthèse d’environ une dizaine d’années de recherches sur les relations biostratigraphiques des faunes mammaliennes, et leur contexte chronologique, il a fallu à Arambourg pendant ces années-là certaines mises en évidence. Celles-ci seront démontrées sur des sites où la présence de certaines espèces lui ont permis de développer des postulats sur la longévité et les caractéristiques morphologiques propres à certains animaux quaternaires. En 1931, il indique pour la première fois dans un article des Comptes rendus de l’Académie des Sciences de Paris, que la présence d’ossements de Rhinocéros blanc, associés à des restes d’Eléphants dans des dépôts néolithiques lui assigne une longévité en Afrique du Nord bien plus longue qu celle qui lui était attribuée jusqu’alors, mais dans le même temps ce rhinocéros ne pouvait représenter un fossile directeur. Durant la même année, il publie dans le Bulletin de la Société Naturelle de l’Afrique du Nord la grotte à ossements qu’il a découverte sur le littoral d’Alger dans la Carrière Anglade près de Guyotville (Aïn-Benian). Il fait également une présentation sur l’ossuaire humain du Paléolithique supérieur d’Afrique du Nord, c’est à dire celui de la grotte d’Afalou, au Congrès de l’Association Française pour l’avancement des Sciences à Nancy. En 1932, il fait connaître la deuxième grotte à ossements, découverte dans les environs d’Alger, publié également dans le Bulletin de la Société Naturelle de l’Afrique du Nord. Cette grotte qui présente les mêmes caractéristiques stratigraphiques continento-marines que la précédente a livré une faune riche et bien conservée. Il décrit pour la première fois un Lycaon fossile et un premier crâne connu de Megaceroides algericus, le fameux Cerf à joues épaisses rapporté par Pomel. Dans la même année, Arambourg 37

développera dans les Annales du Museum de Marseille une révision des ours fossiles de l’Afrique du Nord, travail qu’il a déjà présenté sommairement dans le Compte rendu Sommaire de la Société de Biogéographie. La révision des Ours fossiles est une contribution majeure pour l’époque. Non satisfait des travaux de Bourguignat et de Pomel qui s’étaient contentés de décrire les fossiles d’Ursidés sous diverses appellations et sans indiquer les rapports qui existent entre eux, Arambourg reprend l’étude paléontologique et d’Anatomie comparée sur la base de nouveaux restes récemment livrés par les fouilles. D’abord, le matériel de très bonne qualité de conservation lui montre qu’il s’agit d’un groupe dont les caractères mixtes relient les Ours bruns (Ursus arctos) aux Ours des cavernes (Ursus spelaeus) sur la base de caractères morphologiques dentaires, crâniens et du squelette des membres. La spécialisation graduelle de ces Ursidés vers un régime de plus en plus omnivore tend à réduire progressivement les prémolaires dont certaines finissent par disparaître. Ce phénomène crée en revanche un développement des arrières molaires de plus en plus volumineuses. Aussi, la dernière prémolaire qui subsiste va être réduite en longueur et chargée de tubercules accessoires. La valeur numérique du rapport qui existe entre la longueur de la dernière prémolaire et celle de la série des molaires varie considérablement. Cette observation sera traduite par un indice nommé indice de grandeur relative de la P4 (GP4). Ce dernier décroît depuis les formes les plus anciennes (Ursus arvernensis, U. etruscus, U. priscus, U. arctos, U. spelaeus).

Fig. 12. Comparaison de la 4ème prémolaire inférieure (P4) chez divers Ursidés : A, Ursus etruscus ; B, U. arctos ; C, U. spelaeus. , Pd, paraconide, (archives C. Arambourg, notices sur les travaux scientifiques).

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Fig. 13. Mandibule d’Ursus arctos larteti Bourg., montrant la disparition de P2 et de P3 et la forme compliquée de P4 (X 2/3). Pc, protocone de P4, (archives C. Arambourg, notices sur les travaux scientifiques).

Le squelette des membres des deux Ursidés lui confirme cette différence. En effet, les caractères morphologiques et biométriques des os longs montre à Arambourg que la longueur du fémur est beaucoup plus importante que celle de l’humérus chez les Ours du groupe arctos, alors qu’ils sont sensiblement de même taille chez les Ours des cavernes. De même, il montre que les Ours de l’Afrique du Nord, tout en se rattachant au groupe de l’Ours brun présentent quelques traits spéciaux qui les relient aux Ours des cavernes. Sans tomber dans l’exagération de la multiplication des espèces nouvelles que Pomel avait tendance à pratiquer, Arambourg suit malgré tout le même raisonnement que son prédécesseur, à savoir que les espèces originaires d’Eurasie, devenant endémiques de l’Afrique du Nord, se caractérisent par quelques nuances de taille et de morphologie par rapport aux espèces souches eurasiatiques. C’est ainsi qu’Arambourg, pour leur conserver ce double caractère, emploie la terminologie systématique sub-spécifique. Pour lui, l’Ours brun par exemple est représenté par deux espèces : Une grande forme représentée par Ursus arctos larteti Bourguignat qui semble selon lui, voisine d’Ursus priscus, présente dans les niveaux les plus anciens du Paléolithique et une petite forme Ursus arctos faid’herbi Bourguignat, succédant à la première en diminuant graduellement de taille. Cette même sous-espèce paraît avoir persisté très tard dans le Djurdjura et les grands Massifs montagneux des Babors jusqu’à une époque très récente de l’histoire. Ces dernières années, des ossements d’Ours brun ont été trouvés dans une grotte du massif de l’Akouker, datés par la méthode du carbone 14 entre 420 et 600 A.D. de l’époque historique (Hamdine et al. 1998).On saura plus tard dans des travaux plus récents que ces deux sous-espèces n’en forment qu’une seule.

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Découvertes et exploitations des grottes des Beni-Segoual Historique et contexte des fouilles Echelonnées le long du littoral à l'Est d'Alger et plus précisément dans la région côtière de Bédjaia, les grottes du Massif des Babors sont les plus importantes des sites fossilifères littoraux tant dans leur contenu archéologique que dans l'intérêt que recèlent les nombreux vestiges humains. Sur les sept abris-sous-roches situés entre Bedjaia et Jijel, relevés par Boule, Vaufrey, Reygasse ou Arambourg lui-même, seuls les abris d'Afalou Bou Rhummel et de Taza ont livré des restes osseux humains importants. L'abri n°·1, formé d'un remplissage archéologique peu épais et de cendres noirâtres mélangés à des fragments d'Hélix ne renferme pas de vestiges osseux de mammifères. Le mobilier archéologique est ici représenté uniquement par une industrie microlithique. L'abri n°·2 de Tamar Hat est l'un des plus importants avec Afalou et Taza dans la représentation des faunes mammaliennes du Pléistocène supérieur de cette région. On retrouve : Elephas sp, Rhinoceros sp, Equus sp, Sus scrofa algeriensis, Megaceroides algericus, Bos primigenius, Syncerus antiquus, Alcelaphus buselaphus, Hippotragus equinus, Ammotragus lervia, Gazella dorcas, Canis anthus, Vulpes vulpes atlantica, Genetta afra, Crocuta crocuta,, Ursus arctos lartetianus ( ?), Ursus spelaeus, Hystrix cristata, Macacus innus ainsi que des poissons (Arambourg et al., 1934; Saxon, 1975; Saxon et al, 1974 ; Hadjouis, 1985a inédit, 1990, 1993). L'abri n°·3 d'Afalou est le plus important car outre son matériel lithique et faunistique, il recèle de grandes séries squelettiques d'hommes, de femmes et d'enfants. Ce principal abri-sous-roche, identifié en 1927 par Arambourg et fouillé de 1928 à 1930, a révélé le caractère sépulcral particulier de l'abri mettant en évidence une cinquantaine de squelettes dont 40 adultes et 10 juvéniles. Comme pour le site de Mechta El Arbi, il est surtout connu pour avoir servi de diagnose avec ce dernier à la définition du type de Mechta-Afalou. Quatre niveaux ont été identifiés par Arambourg : - Le niveau supérieur I correspond à un véritable ossuaire ou plus précisément à une " sépulture collective", composée de 48 sujets identifiés ; - Le niveau II renferme de nombreux restes lithiques ibéromaurusiens ; - Le niveau III est compris dans un sédiment argileux rouge à industrie ibéromaurusienne de débitage Levallois, ainsi qu'une faune mammalienne de grands vertébrés ; - Le niveau IV d'argiles rouges stériles repose immédiatement sur le substratum. 40

Les faunes de Vertébrés mammaliens et d'Invertébrés (mollusques terrestres et marins) retrouvés dans ce site, restent malgré tout et comparativement à d'autres sites de même âge, assez pauvres. Elles sont constituées de Bos primigenius, Gazella dorcas, Ammotragus lervia, Sus scrofa algeriensis, Canis anthus, Vulpes vulpes atlantica, Ursus arctos lartetianus, Macacus innus (Arambourg et al 1934). Les nouvelles fouilles entreprises par Hachi (1983-1993) ont révélé de nouvelles inhumations dans la couche V (corrélée au niveau I d'Arambourg) et la couche X (corrélée au niveau III d'Arambourg). Les nouvelles sépultures sont au nombre de 9, mais seule la sépulture de la couche X donne des indications sexuelles. Ces dernières fouilles ont mis en évidence des découvertes de nature certes importante mais dont l'esprit de stratégie de fouilles est contradictoire avec celui entrepris par Arambourg et ses collaborateurs. Même si les fouilles d'Arambourg n'ont pas négligé le côté archéologique représenté par une importante industrie ibéromaurusienne dans les différents remplissages de l'abri, il n'en demeure pas moins que le côté naturel et environnemental est nettement mis en avant, ce qui semble tout à fait légitime au regard des différentes spécialités des intervenants (géologie, paléontologie des vertébrés et paléontologie humaine). Alors que les fouilles de Hachi ont mis en parallèle les découvertes archéologiques représentées par de nombreux types de foyers, un habitat qui remonte à environ 13 000 BP., une industrie lithique dont les lamelles à bords abattus sont nettement représentées, une industrie osseuse, un matériel de broyage, des figurines en terre cuite ainsi que des inhumations nouvelles (Hachi, 1996). Signalons pour mémoire que les positions en decubitus contracté, situées à l'aplomb de la cheminée de la grotte ont suggéré, d'abord à Arambourg l'hypothèse, rejetée depuis, puis à Roubet et Hachi (2000) de corps précipités à travers une ouverture karstique dans le plafond de la grotte. Ces corps auraient été, selon Arambourg et ces derniers auteurs, mis en fagots et liés. Cette hypothèse n’est pas convaincante, puisqu'elle n'est fondée sur aucune argumentation anthropologique et/ou taphonomique raisonnée selon les méthodes de l'anthropologie de terrain. Cependant, elle ouvre des champs d'étude nouveaux, que ce soit dans le domaine purement taphonomique (traces sur les os, importance des connexions strictes ou lâches, processus d'ensevelissement, rotations des os, importance des parties manquantes, relation des ossements entre les individus, présence, absence ou dispersion des petits os carpiens et tarsiens) ou dans celui de la signification idéologico-culturelle des Ibéromaurusiens dans leur environnement sépulcral (relation entre le monde des vivants et le monde des morts). Les datations radiocarbones effectuées jusqu'à présent sur des échantillons de charbon donnent pour la couche III sommitale 11. 450 +/230 BP (Lyon 3227) et pour la couche IV 12. 020 +/- 170 BP (Gif 6532), 12.

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400+/- 230 BP (Lyon 3228) et 13. 120+/- 370 BP (Alger 0008) (Hachi, 1996). L'abri n°·4 renferme un remplissage d'argile rouge et de dépôts à matrice bréchique contenant quelques éclats de silex sans aucun outil mais de nombreux ossements de grands mammifères. L'abri n°·5, appelé Ziama, est constitué d'un dépôt argileux rouge riche en restes de vertébrés mammaliens. De l'abri n°·6, entièrement détruit, nous ne connaissons que quelques éclats de silex. L'abri n°·7, appelé grotte de la Madeleine, aujourd'hui dénommé Taza 1 est aussi important que l'abri d'Afalou ou celui de Tamar Hat. Les fouilles d'Arambourg puis celles de Claude. Brahimi effectuées en 1969 montrèrent la succession de deux principaux niveaux : a) niveau rougeâtre à éclats de quartzite et faciès levalloisien, b) niveau chocolaté à industrie ibéromaurusienne, datés de 12700 +/-220 et 11340 +/- 220 BP . Les travaux de l'université d'Alger sur ce site conduits par Mohamed Medig dans les années 1990, ont montré un remplissage en parfaite continuité archéologique entre l'Atérien à la base et l'Ibéromaurusien. Ces fouilles ont livré une industrie lithique et osseuse, une faune mammalienne du Pléistocène supérieur ainsi que la présence de vestiges osseux humains dont un crâne complet. Ce dernier a été retrouvé dans l'épaisse couche ibéromaurusienne datée par ossements et charbons de 16. 100 +/- 140 BP et 13. 800 +/- 130 BP (Gif-sur-Yvette). Le niveau atérien est quant à lui daté de 39.000 BP (CDTN/HCR, Alger). Les restes osseux des vertébrés ont permis à Hadjouis de dresser une première liste faunique composée de Bos primigenius, Syncerus antiquus, Ammotragus lervia, Alcelaphus buselaphus, Hippotragus equinus, Sus scrofa, Megaceroïdes algericus, Ursus lartetianus, Macacus innus, ainsi que de nombreux restes de microfaune non encore étudiés et des vestiges d'os humains isolés de plusieurs individus juvéniles et adultes. Une thèse en Archéozoologie sur ces faunes, a été soutenue par Souhila Merzoug en 2005 sous ma direction à l’Institut de Paléontologie Humaine, aujourd’hui chercheure au Centre National de Recherches préhistoriques, anthropologiques et Historiques d’Alger. Les squelettes d’Afalou Les restes humains fouillés par Arambourg proviennent de deux niveaux, l'un profond (niveau III, H2), l'autre plus superficiel (niveau I, H1). Le niveau III a livré deux squelettes, dont l'un a une position d'inhumation complètement différente de celle des individus retrouvés dans le niveau I. 42

L'individu en question, un sujet masculin adulte (H. 28), reposait en décubitus dorsal avec des membres inférieurs allongés, le membre supérieur gauche, également allongé le long du corps. Le bras droit est tendu mais l'avant-bras et la main reposent sur l'os coxal droit. Les deux os coxaux sont ouverts et reposent sur les faces dorsales des ailes iliaques. La tête est inclinée vers le côté gauche. A l'exception de la mandibule qui semble désarticulée, les autres os du squelette à en juger par la position par exemple des rotules, n'ont connu aucune perturbation anthropique ou taphonomique. A côté de cette inhumation, seul le crâne d'un enfant âgé de deux à trois ans (H. 16) était présent. Le niveau I est par contre plus riche, correspondant à une sépulture collective de 48 individus. Parmi eux, 8 squelettes étaient plus ou moins complets (n·1, 2, 3, 10, 11, 13, 25, 27). Les crânes de ces squelettes, dont j’ai moi-même repris l’étude anatomique et paléopathologique, donnent une courbe paléodémographique équilibrée. L’absence de carences et de pathologies de la petite enfance (absences de caries, d’hypoplasies et de toute autre infection dentaire) corrobore la bonne santé des enfants dont la mortalité juvénile (10 pour 50 individus) s’inscrit dans une démographie stable. La population juvénile était formée de 3 enfants âgés de 2 à 3 ans, de 2 enfants âgés de 4 à 6 ans, de 2 adolescents âgés de 12 à 16 ans et de1 adolescent âgé de 16 à 17 ans. La population adulte était quant à elle composée de 11 individus âgés de 20 à 30 ans, de 11 individus âgés de 25 à 35 ans, de10 individus âgés de 35 à 40 ans et de 4 individus âgés de 30 à 47 ans. La représentation des deux sexes n'est pas équilibrée et donne 26 hommes pour 14 femmes. Cependant, les auteurs reconnaissent la difficulté de la détermination d'une diagnose sexuelle, étant donné que souvent des individus féminins ont été pris comme sujets masculins, tant la rugosité et le fort volume des apophyses musculaires incitent parfois à la confusion. Les caractères généraux des Hommes d'Afalou L'étude anthropologique suivie par Boule, Vallois et Verneau a dressé les traits généraux de la population sépulcrale ibéromaurusienne d'Afalou Bou Rhummel. Concernant le crâne, même si leur morphologie générale présente quelques variabilités dont certains spécimens s'écartent de la configuration architecturale d'ensemble, les individus représentés sont marqués par la prépondérance de caractères généraux qui gravitent autour d'une même population indissociable. Le caractère ethno-culurel (mutilation alvéolodentaire, unité dans l'ensemble lithique) et environnemental (stratégies cynégétiques) de cette importante population a démontré à la fois son unité morphogénétique et sociale. 43

Le crâne a une forme prédominante pentagonale, les bosses pariétales faisant une saillie très nette et l'occiput ne représentant qu'exceptionnellement un chignon. La tête est généralement chez les deux sexes, robuste et épaisse à empreintes musculaires extrêmement marquées, à capacité crânienne grande (moy. de 1622 cm3 pour les hommes et 1456 pour les femmes ) et à indice céphalique dolicho-mésocéphale. La voûte est légèrement carénée, les arcades sourcilières très puissantes, surtout chez les hommes, le front peu convexe, oblique en arrière, la courbe est modérée dans son segment pariétal, décrivant une courbe régulière dans son segment occipital, entre les deux la présence d'une dépression pariétooccipitale. La portion occipitale est le plus souvent marquée par une légère voussure. La saillie du nez est marquée avec un dos surélevé et à légère ensellure, la face est orthognathe avec un malaire d'aspect robuste qui fait une saillie oblique en bas et en avant, les apophyses zygomatiques sont massives, généralement courbées en arc à concavité inférieure, les apophyses mastoïdes très développées à profondes rainures digastriques. Le type représenté en vue postérieure est celui de "forme en toit de maison" avec notamment l'obliquité des deux plans pariétaux et la verticalité en bas et l'inclinaison en dedans des parois pariéto-temporales. L'empreinte des muscles nucaux est considérable. La région occipitale notamment la surface articulaire de l'apophyse basilaire présente également des empreintes musculaires bien marquées. La cavité glénoïde est large et profonde avec un condyle temporal développé. Elle est prolongée vers l'arrière par une apophyse post-glénoïde. Le palais est court et large atrophié dans sa partie antérieure correspondant à la région incisive. La face est marquée par sa réduction en hauteur qui contraste avec sa grande largeur, le front est étroit, les arcades sourcilières proéminentes, les pommettes sont saillantes et élargies, le prognathisme facial est absent. La région sous-nasale est courte, influencée probablement par la mutilation alvéolo-dentaire. Les orbites, remarquables par leur faible hauteur, ont le type rectangulaire transverse. La mandibule est robuste, pourvue d'empreintes musculaires développées. Sa région antérieure est haute notamment la région symphysaire, correspondant au bloc incisivo-canin due au vide lingual de la mâchoire supérieure. Le corps mandibulaire est divergent avec des gonions extroversés.

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Le squelette post-crânien montre des sujets de haute stature, un allongement caractéristique à la fois des membres inférieurs et du buste, des épaules larges et un bassin haut et rétréci. La publication en 1934 des grottes des Beni Segoual a eu un retentissement considérable tant dans les domaines géologique et préhistorique que dans les domaines paléontologique et anthropologique. Le caractère géologique des niveaux marins du littoral algérien correspondant aux faciès préhistoriques de la stratigraphie côtière devenait de plus en plus affirmé, de même que les faunes mammaliennes du Paléolithique final confirmaient la contemporanéité et la longévité des taxons retrouvés dans l’ensemble des grottes fossilifères fouillées jusqu’à lors. Quant aux hominidés, on pouvait voir dans la première véritable nécropole en grotte d’Afalou Bou Rhummel, la confirmation d’un peuplement cromagnoïde des Mechta-Afalou, organisé, structuré et pérenne.

Fig. 14. Crânes d’hommes et de femmes cromagnoïdes d’Afalou (Algérie), étudiés par le docteur Verneau, dessins au diagraphe, 1/3, vus de face), (Archives de l'IPH).

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Fig. 15. Crânes d’hommes et de femmes cromagnoïdes d’Afalou (Algérie), étudiés par le docteur Verneau, dessins au diagraphe, 1/3, vus de profil gauche). (Archives de l'IPH).

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L’étude des Vertébrés à partir de la deuxième moitié des années trente Dans la seconde moitié des années trente jusqu’à la déclaration de la seconde guerre mondiale, Arambourg n’aura de cesse de publier des monographies sur des groupes de vertébrés spécialisés dans le même esprit que celle, réalisée sur les Ours fossiles. On retrouvera des travaux sur les Eléphants fossiles en 1942, les Suidés fossiles du Pléistocène d’Afrique en 1943 ou en 1944, les Hippopotames fossiles d’Afrique, où les découvertes en Algérie sont particulièrement riches et documentées. Ce fut également une période où Arambourg commence à rédiger de grandes synthèses dans des ouvrages généraux sur les développements de l’Humanité ou de la Paléontologie des vertébrés en général. L’évolution des vertébrés dans l’Encyclopédie française en 1937 ou le numéro de Que sais-je ? des Presses universitaires de France de 1943 sur la Genèse de l’Humanité, réédité pendant plusieurs années, montrent précisément qu’il est présent dans tous les domaines des Sciences naturelles et de la Terre. Dans le premier, il consacre un travail sur les résultats paléontologiques de divers groupes de Vertébrés en y intégrant et expliquant les faits et les lois paléontologiques. Dans le second, il fait une mise au point des connaissances de l’époque en Paléontologie humaine, en rapport avec les données géologiques, archéologiques et paléontologiques. L’interprétation qu’il en tire de l’évolution humaine est le détachement de la lignée humaine au cours de l’Oligocène de la base des Catarhiniens primitifs aux Gibbons, les industries préhistoriques correspondant chacune à un stade précis de cette évolution est en rapport avec le développement du cerveau. Concernant les recherches sur le groupe des Hippopotamidés d’Algérie et afin de mieux préciser les affinités de ce groupe, il reprend les travaux de Gaudry, notamment un travail décrit par ce dernier en 1876 sur les restes d’un Hippopotame fossile (Hippopotamus hipponensis ), trouvés dans la région de Bône (Annaba). Gaudry précisait qu’il s’agissait d’une forme primitive hexaprotodonte, c’est-à-dire pourvue de 6 incisives, à une époque où seules les formations plio-pléistocènes de l’Inde possédaient des exemplaires fossiles, alors qu’en Afrique et plus précisément en Afrique du Nord, les hippopotames connus étaient plutôt tétraprotodontes. La découverte de Gaudry fut rejetée par un grand nombre de paléontologues d’Algérie et d’ailleurs notamment par Pomel (1896) d’abord puis par Stromer (1911), enfin par tous les successeurs, Joleaud (1920), Depéret (1921), Dietrich (1928). La reprise de ces fossiles hexaprotodontes, publiés par Arambourg dans le Bulletin de la Société géologique de France en 1944, confirme le bienfondé de Gaudry, annonçant ainsi à son époque l’arrivée pour la première 47

fois sur le continent africain d’un Hippopotame primitif,dernier représentant des Hippopotames à 6 incisives, différent des espèces connues à 3 incisives, telles que les formes amphibies (Hippopotamus amphibius ). Dans ses travaux sur les Eléphants fossiles, notamment sur l’Eléphant de Reck (Elephas recki Dietrich) des niveaux anciens du Pléistocène de l’Afrique orientale, publiés dans le Bulletin de la Société géologique de France en 1942, Arambourg fait la synthèse des Eléphants eurasiatiques et africains (E. meridionalis, namadicus, antiquus, indicus …) et leurs affinités avec le représentant en Afrique du Nord. L’étude ce dernier, Elephas atlanticus de Pomel, l’Eléphant de l’Atlas, retrouvé pour la première fois à Ternifine près de Mascara, permet à Arambourg de le séparer de l’Eléphant antique. Quant aux Eléphants nains des îles méditerranéennes (Elephas falconeri, Elephas melitensi, Elephas iolensis …), de par leur formule réduite des lames (12 à 16 lames sur les troisièmes molaires supérieures, 14 à 17 lames sur les troisièmes molaires inférieures), il conclut plutôt à un rapprochement avec l’espèce asiatique Elephas namadicus dont la distribution géographique atteint les côtes de la Méditerranée au cours du Quaternaire.

Fig. 16. Crânes de divers Eléphants, vus de face. A, E. meridionalis ; B. E. hysudricus ; C. E. recki ; D, E. namadicus ; E, E. antiquus ; F, E. indicus, (archives C. Arambourg, notices sur les travaux scientifiques).

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Fig. 17. Planche extraite du Bulletin de la Société Géologique de France, montrant les restes dentaires d’un Hippopotame fossile Hippopotamus hipponensis, que Gaudry a découvert en 1876 aux environs d’Annaba (Ex. Bône), réétudiés par Arambourg en 1944, (archives C. Arambourg, notices sur les travaux scientifiques).

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Des précisions seront avancées plus tard en 1952 dans sa Note préliminaire sur les quelques éléphants fossiles de Berbérie, en incluant les travaux de Pomel et les changements intervenus sur ce groupe par Arambourg, ce dernier, se basant d’un côté sur les trois formes décrites par Pomel et de l’autre sur les découvertes faites par lui-même dans les gisements majeurs du Villafranchien inférieur et supérieur du Maghreb, notamment l’Aïn Boucherit et l’Aïn Hanech près d’El Eulma (SaintArnaud), Bel Hacel près de Relizane et Mansourah Aïn Jourdel dans le Constantinois en Algérie, Aïn Brimba, Lac Ichkeul en Tunisie et Fouarat, Oued Akrech et Salé au Maroc. Des trois espèces d’Eléphants décrites par Pomel (Elephas meridionalis, Elephas atlanticus et Elephas iolensis), Arambourg apporte des modifications surtout à l’Eléphant méridional de Nesti dont il reconnait sa présence non pas dans le niveau inférieur du Villafranchien maghrébin mais plutôt dans son niveau supérieur, celui de l’Aïn Hanech. A cette espèce et correspondant au Villafranchien inférieur, il décrit pour la première fois dans le gisement du Lac Ichkeul en Tunisie, d’après des restes dentaires, un type spécifiquement africain Elephas africanavus dont l’équivalent se retrouve dans les mêmes niveaux en Afrique orientale et méridionale. Cette espèce aux caractères primitifs dont il fait remarquer l’extrême brachyodontie des dents (couronne basse), la grande épaisseur des bandes d’émail, très peu plissées et la différence de taille de ses dents avec l’Eléphant méridional du Villafranchien d’Europe et Elephas planifrons des Siwaliks en Inde, nettement plus petites, est reconnaissable également dans les gisements du Villafranchien inférieur de l’Aïn Boucherit en Algérie et de Fouarat au Maroc. Concernant l’espèce Elephas meridionalis décrite par Pomel en 1895, et modifiée par Arambourg, celui-ci la retrouve d’abord dans l’horizon supérieur du Villafranchien supérieur de l’Aïn Hanech, puis dans celui de Bel Hacel et finalement à la base du Pléistocène inférieur des environs de Salé au Maroc. Les dents de cette espèce se caractérisent finalement par une taille plus importante, une forme plus hypsodonte (couronne haute) et des bandes d’émail moins épaisses que la précédente. Il faut remarquer qu’en plus de ces deux espèces éteintes, aujourd’hui dénommées Mammuthus africanavus et Mammuthus meridionalis (rebaptisé moghrebiensis), il existait un Mastodonte Anancus osiris dans les niveaux inférieurs du Villafranchien maghrébin.

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Fig.18. Dent d’Elephas africanavus, découverte dans le site du Lac Ichkeul en Tunisie. Faces occlusale et linguale d’une troisième molaire inférieure, réduite à 1/3, (archives C. Arambourg, notices sur les travaux scientifiques).

Dans son travail sur les Eléphants, Arambourg rappelle que parmi les découvertes de Pomel, Elephas atlanticus, l’Eléphant de l’Atlas était véritablement un taxon caractéristique du Pléistocène moyen et qui se retrouvait dans un grand nombre de gisements archéologiques du Paléolithique inférieur. On le décrivit notamment dans le gisement-type de Ternifine près de Mascara puis au Lac Karar, non loin du précédent site, sur les hautes terrasses de la Seybouse dans le Constantinois, dans les environs de Miliana, à Sidi Zin en Tunisie et dans les sites marocains des niveaux inférieurs des Grès de Rabat et des Grès dunaires d’Aïn Seba près de Casablanca.

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Fig. 19. Dent d’Elephas meridionalis, découverte dans le site de l’Aïn Hanech en Algérie. Faces occlusale et labiale d’une troisième molaire supérieure, réduite à 1/3, (archives C. Arambourg, notices sur les travaux scientifiques). Fig. 20. Section transversale d’une dent d’Elephas meridionalis, découverte dans le site de l’Aïn Hanech en Algérie. Cette troisième molaire inférieure est réduite à 1/3, (archives C. Arambourg, notices sur les travaux scientifiques).

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Une autre forme nouvelle d’Eléphant est décrite pour la première fois par Arambourg, dédiée à Pomel Elephas pomeli, rencontrée à la Carrière Sidi Abderrahmane près de Casablanca et dans le Gué de Constantine et dans les argiles de Maison Carrée, tous deux dans l’Algérois. Cette forme présente également dans les sites du Paléolithique inférieur, se caractérise par la taille faible des dents, sa grande hauteur et ses bandes d’émail nombreuses et serrées. Différentes des deux précédentes par son origine, Arambourg reconnaît dans l’Eléphant de Pomel (Elephas pomeli) une relation eurasiatique et notamment un rapprochement avec le groupe des Eléphants antiques. Dans une étude parue huit ans après dans le Bulletin d’Archéologie marocaine, intitulée Au sujet d’Elephas iolensis, Arambourg reconnait la synonymie qui existait entre Elephas pomeli et Elephas iolensis. En Paléontologie, l’antériorité d’une découverte conserve la priorité de l’appellation, autrement dit la découverte de Pomel d’Elephas iolensis prime sur celle d’Arambourg. Concernant les autres Vertébrés, le groupe des Cervidés et des Gazelles d’Afrique du Nord a connu de la part d’Arambourg des travaux de grande importance d’un point de vue de la Systématique et de la Paléogéographie. Parmi les nouveaux immigrants euro-asiatiques, un Cervidé mégacérin fait son apparition en Afrique du Nord au cours des épisodes glaciaires du Würm III-IV d'Europe. Bien que peu nombreux, les restes de ce Mégacérin sont retrouvés surtout en Algérie, notamment dans les travertins de Hammam El Meskhoutine près de Guelma (Lydekker, 1890), à Berrouaghia (Pomel, 1892, 1893), Cap Carbon (Pomel, 1983), Bains Romains (Arambourg, 1931), Pointe Pescade et Ain-Benian (Arambourg, 1932), Tamar Hat (Arambourg, 1934; Saxon, 1975), Filfila (Ginsburg et al. 1968), Taza (Hadjouis, 2003), les Phacochères (Hadjouis, 1985a, 1990, 1996, 2003). Ces sites, étant tous contemporains du Pléistocène supérieur, sont associés aux industries moustéro-atériennes et épipaléolithiques à l'exception des fentes karstiques du Massif de Filfila dépourvues de tout contexte archéologique. Les observations de Lydekker faites en 1890 sur le maxillaire de Hammam El Meskhoutine lui ont valu les premières descriptions d'un taxon mégacérin. Sans véritablement le rapprocher de ce dernier, ses descriptions faisant déjà allusion au Mégacéros européen, "la morphologie de Cervus algericus s'éloigne des caractères des molaires du Cerf élaphe par des couronnes carrées et brachyodontes et un cingulum très saillant". Les changements taxonomiques de Pomel (1892) de ce fossile dénommé par lui Cervus pachygenis, le Cerf à joues épaisses, sur la base de restes mandibulaires, ne faisaient que confirmer le bien fondé de Lydekker. L'analyse détaillée de Joleaud (1914, 1916) a été par contre plus approfondie, montrant la grande complexité de ce fossile qui offrait à la fois 53

des caractères dentaires archaïques et évolués. La création du sous-genre Megaceroides, caractérisé par le développement mandibulaire de la pachyostose, le développement du cingulum, des piliers accessoires et des crêtes externes des molaires, reste toujours d'actualité malgré les nombreux bouleversements réalisés par les taxonomistes (Azzaroli, 1953, 1979) ou Ambrosetti (1967). Depuis peu, le sous-genre Megaceroides est élevé au rang de genre et la nouvelle diagnose ainsi que les changements paléogéographiques de cette espèce, signalés par Hadjouis (1990) sont acceptés depuis par la communauté internationale. Arambourg fait connaître pour la première fois dans la grotte de Guyotville, un crâne de ce Cerf aux caractères mégacérins, muni d’une paire de chevilles osseuses, malheureusement cassée, au niveau de l’andouiller basilaire. Chez ce spécimen, observe Arambourg, le crâne est tout aussi épaissi que les mandibules, retrouvées par les auteurs précédents et qui leur avaient valu le nom de Cerf à joues épaisses, en raison d’un épaississement considérable des branches mandibulaires.

Fig. 21. Dent d’Elephas pomeli, découverte à Casablanca. Faces occlusale et linguale d’une troisième molaire supérieure, réduite à 1/3, (archives C. Arambourg, notices sur les travaux scientifiques).

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Grâce aux nombreux restes dentaires et crâniens du Cervidé algérien retrouvés dans le gisement atérien des Phacochères, j’ai moi-même révisé l'ensemble du matériel nord africain et l'ai confronté aux Mégacérins pléistocènes d'Europe et d'Asie (Hadjouis, 1990). Il en ressort que Megaceroides algericus diffère à la fois des Mégacérins du groupe européen verticornis et de ceux des îles méditerranéennes. Contrairement aux idées d'Azzaroli, dont la classification était inappropriée, Megaceroides algericus du Pléistocène supérieur d'Algérie, du Maroc et de Lybie ne représentaient que ces gisements-là.

Fig. 22. Le premier crâne de Megaceroides algericus Lyd. (cervidé mégacérin), découvert par Arambourg à Aïn Benian, Ex. Guyotville dans les environs d’Alger (réduction à 1/5). Vues de face et de profil montrant les caractéristiques particulières de ce cervidé d’Algérie. (d’après C. Arambourg, In. archives C. Arambourg, notices sur les travaux scientifiques).

Les travaux de Lydekker, de Pomel, de Joleaud, puis d’Arambourg ont permis à Hadjouis de développer ce groupe de Vertébrés et de le confronter aux Cervidés euro-asiatiques. Les Cervidés mégacérins d'Algérie situés sur le littoral méditerranéen (Les Phacochères, Pointe Pescade, Bains Romains, Ain-Benian, Ain Taya, Tamar Hat, Taza 1, Cap Carbon, Filfila) à l'exception de ceux retrouvés à l'intérieur des terres (Hammam El Meskhoutine à Guelma et Berrouaghia) et ceux du Maroc atlantique (Tit Mellil, Bouknadel, Kifan Bel Ghomari) présentent des caractéristiques crâniennes et dentaires qui s'éloignent des Cervidés mégacérins européens du groupe VerticornisSolihacus (de Soleihac) et des Mégacérins insulaires. En effet, les Mégacérins d'Europe occidentale ont souvent soit une P4 simple ou molarisée associée à une pachyostose modérée (Megaceros verticornis), soit une P4 archaïque associée à une pachyostose marquée (Megaceros dawkinsi) ainsi que la présence constante de l'andouiller postérieur (Megaceros verticornis). La denture de Megaceroides algericus s'éloigne encore plus des 55

Mégacérins insulaires, puisque si ceux-ci présentent toujours une P4 simple ou molarisée, elle est néanmoins associée à une pachyostose faible ou absente et à une hypsodontie prononcée (Hadjouis, 1990, 2003). L'andouiller postérieur est souvent présent chez Megaceros (cazioti et algarensis).

Fig. 23. Portion droite de massacre de Megaceroides algericus, découverte dans le gisement atérien des Phacochères à Alger (Photo, D. Hadjouis).

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Fig. 24. Plusieurs mandibules de Megaceroides algericus, découvertes dans le gisement de Filfila près de Skikda en Algérie (Photo, D. Hadjouis).

Comparativement aux Mégacérins asiatiques, (Sinomegaceros Dietrich, 1933 de Chine (Young, 1932; Teilhard de Chardin, 1936; Teilhard de Chardin et Pei, 1941), (Sinomegaceroides Shikama, 1949 du Japon et Mongolomegaceros Shikama et Okafuji, 1958); ceux-ci possèdent une hyperossification crânienne et mandibulaire constante, similaire à celles de M. algericus. Le taxon asiatique le plus proche morphologiquement du Megacerini algérien est celui de Sinomegaceros pachyosteus (Young, 1932) de Choukoutien des localités 1, 9 et 13. Ce dernier partage des 57

synapomorphies avec M. algericus notamment au niveau de la mandibule (processus coronoïde à section ovalaire et verticale, condyle massif, pachyostose localisée surtout à partir de la série molaire et au-delà en arrière) et de la denture (exagération des styles et piliers, colonnette très développée, cingulum très marquée, denture très brachyodonte). A l'exception d'une P4 primitive, dont le métaconide n'est jamais soudé au paraconide avec une vallée mésiale souvent ouverte, Sinomegaceros pachyosteus pourrait être un ancêtre acceptable de M. algericus (Hadjouis, 1990, 2003). Concernant l’origine du Mégacérin algérien, Arambourg était un des rares paléontologues à soutenir une origine asiatique de ce fossile. Découvertes et fouilles des gisements de l’Ain Hanech et l’Ain Boucherit La région des sites classiques de l’Aïn Boucherit et de l’Aïn Hanech situés près d’El Eulma (Saint Arnaud), aujourd’hui wilaya de Sétif est réputée avoir livré des faunes de Vertébrés bien avant les premières fouilles systématiques d’Arambourg en 1931. En effet, les formations continentales des hautes plaines de l’ensemble de l’Algérie orientale avaient attiré très tôt géologues et paléontologues. Le premier d’entre eux, Philippe Thomas, avait mis en évidence dès 1884 dans la région constantinoise, notamment dans les sites de Mansourah et d’Aïn Jourdel, la présence d’Hipparions, des Chevaux tridactyles de la fin du Pliocène associés à un cheval monodactyle correspondant à la transition fin Tertiaire-début Quaternaire. En fait, ce supposé cheval monodactyle était en réalité un zèbre, que ni Philippe Thomas, ni Joleaud, ni Pomel, ni même les premières déterminations d’Arambourg ne réussirent à déterminer sur les premières pièces paléontologiques retrouvées. D’autres auteurs comme Joleaud, firent les mêmes observations en 1912. Mais ce sont surtout les découvertes de Pomel en 1895 et 1897 qui prirent un sens nouveau dans la région d’El Eulma. C’est en effet à la suite des travaux routiers effectués sur le tronçon ElEulma-Beni Fouda (anciennement Sillègue) que Pomel recueillit des restes de Vertébrés primordiaux pour la période géologique. Pour la première fois, un Mastodonte (Mastodon borsoni ) et un Eléphant (Elephas planifrons ) sont associés aux mêmes espèces déjà découvertes par Philippe Thomas, l’Hipparion ou cheval à trois doigts et un autre Equidé qui s’avérera être plus tard un Zébrin de Numidie. En 1931, quand Arambourg décide de reprendre l’étude paléontologique des formations continentales des hautes plaines des régions de Constantine et de Sétif et plus précisément non loin du classique gisement de Pomel, il sait l’importance que peuvent receler les formations lacustres de ces régions, d’autant plus qu’une récente étude géologique du plateau sétifien et du Hodna par Savornin en 1920 vient à point nommé décrire les sédiments fluvio-lacustres du bassin de Beni-Fouda. 58

Les dépôts de ces formations datés du Miocène supérieur au Pléistocène supérieur caractérisent des ensembles stratigraphiques des bassins sétifien et de Beni Fouda, qui eux-mêmes font partie d’un grand ensemble de bassins pliocènes de l’Algérie orientale.

Fig. 25. Vue sur les hautes plaines et le bassin sétifien aujourd’hui. Au premier plan à gauche un locus d’Aïn Hanech, ouvert dans les années 1990 par le préhistorien Mohamed Sahnouni. (photo D. Hadjouis).

Les campagnes de fouille des années trente Les campagnes de fouilles qu’Arambourg organise en 1931, 1934-1935 et 1937 dans le cadre des missions du Muséum lui permettent de retrouver de nouveaux sites fossilifères extrêmement riches et parfaitement conservés. Le premier site en question est celui de l’Aïn Boucherit, qui affleure sur la rive gauche de l’Oued Boucherit à 945 mètres, c’est le fameux horizon villafranchien inférieur datant du Pliocène final. Le second, situé sur la rive droite de l’Oued Boucherit, au-dessous du cimetière musulman de la ferme des Tabet Tahar, affleure vers la cote de 952, c’est l’horizon du Villafranchien supérieur, caractéristique de l’Aïn Hanech. Arambourg montre précisément la distinction des deux horizons fossilifères sur des bases géologiques et paléontologiques. De bas en haut, il décrit d’abord la persistance et la continuité horizontale d’un banc de poudingue épais et dur d’environ deux mètres, visible sur les deux rives. A la base de ce poudingue une ligne de source traverse ces deux points de part et d’autre de l’Oued. A la cote 945, affleure un autre banc de poudingue plus tendre à ciment marneux, s’intercalant dans des argiles lacustres à Unio. C’est dans ce niveau, que fut retrouvé l’imposant matériel faunique, d’abord par Pomel, ensuite largement plus riche par Arambourg. La série des Vertébrés est 59

composée d’un Mastodonte (Anancus osiris ), d’un Eléphant (Elephas africanavus), d’un Zèbre (Equus numidicus ), d’un Equidé à trois doigts (Stylohipparion lybicum ), d'un Giraffidé (Libytherium maurusium ), d'un nouveau grand Bovidé, de Gazelles comme la Gazelle de Sétif (Gazella setifensis ), de plusieurs Antilopes nouvelles, de grande et de taille moyenne, de Rongeurs, de Chéloniens terrestres et aquatiques, d'une Autruche …. Cette série fossilifère lui permit de reconnaître ce villafranchien inférieur sur d’autres gisements du Maghreb et précise qu’ici comme ailleurs, cet horizon du Villafranchien inférieur ne livre aucune trace d’industrie lithique.

Fig. 26. Relevé de coupe des gisements villafranchiens d’El Eulma (ex. St-Arnaud). F1, gisement de l’Aïn Boucherit (Villafranchien inférieur) ; F2, gisement de l’Aïn Hanech (Villafranchien supérieur), (archives C. Arambourg, notices sur les travaux scientifiques).

Fig. 27. Crâne d’Hippopotame (Hippopotamus amphibius), découvert par Arambourg en 1949 dans le site algérien de l’Aïn Hanech, (archives C. Arambourg, notices sur les travaux scientifiques)

Le niveau correspondant à celui de l’Aïn Hanech, est constitué à sa base d’un niveau à poudingues plus ou moins rubéfiés, surmonté d’un banc d’argile brune stérile, recouvert par un autre banc d’argile grise graveleuse et rubéfiée. Ce sont dans ces deux horizons, poudingue et argile grise, qu’Arambourg récolte la plus riche faune de Vertébrés du Pléistocène 60

inférieur du Maghreb. Elle est composée de certaines espèces qui perdurent encore depuis le niveau du Villafranchien inférieur mais aussi de nouvelles caractérisant ce niveau supérieur comme le nouvel Eléphantidé Elephas moghrebiensis (rebaptisé Mammuthus), l’Equidé asinien de Tabet (Equus tabeti), un Rhinocéros, un Ovicaprin (Numidocapra crassicornis), l’Hippopotame amphibie, un Giraffidé nouveau, un Suidé aux caractères de grand Phacochère, des Gazelles dont Gazella pomeli, d’autres Antilopes de différentes tailles et des Carnivores notamment des Canidés et des Hyènes. Les espèces qui composent ces deux horizons fossilifères et qui vont représenter désormais la référence paléontologique de l’ensemble des formations fossilifères plio-pléistocènes de l’Afrique du Nord sont pour la plupart d’entre elles de nouveaux taxons (nouveaux genres, nouvelles espèces). Certaines furent reconnues et dénommées par Arambourg dans d’autres sites des régions septentrionales de l’Afrique. Ce qu’il faut savoir de cette grande période de prospections, de fouilles systématiques et de découvertes nombreuses par Arambourg dans ces deux sites majeurs de l’Algérie orientale, c’est que depuis 1931 jusqu’à pratiquement son décès en 1969, la communauté scientifique des paléontologues et des préhistoriens de l’époque restera à chaque fois suspendue aux dernières nouvelles livrées par les fouilles d’Arambourg. Pendant plus de trente années, l’engouement, que suscite le contenu de ces deux gisements, défendus farouchement par Arambourg se résume à deux points majeurs. Le premier se situe dans le caractère particulier de la faune Pliocène final de l’Aïn Boucherit, gisement paléontologique dont les différences et les ressemblances des vertébrés seront vérifiables dans le gisement Pléistocène inférieur de l’Aïn Hanech. Le second est la particularité archéologique de l’Aïn Hanech. Ce dernier site, différent du premier par une présence humaine très ancienne en Afrique du Nord, va chambouler un état d’esprit non encore préparé à ce genre de découvertes. Cette anthropisation dans le site de l’Aïn Hanech ne fut pas reconnue au cours des premières campagnes de fouilles. Ce n’est qu’à partir de 1947 que les fouilles mettent en évidence la présence d’une industrie primitive, associée aux restes de vertébrés. D’un autre côté, il est intéressant de suivre les différentes étapes relatives aux découvertes des nouvelles espèces avant même qu’Arambourg ne tombe pour la première fois sur ce qu’il appelle les objets énigmatiques. Il est certain qu’aucun chercheur contemporain digne de ce nom ne serait capable d’effectuer aujourd’hui, dans une même période, des explorations, des fouilles assimilables à des entreprises de travaux publiques, des études spécialisées de diagnoses, leur publication et leur présentation dans les réunions internationales, la présidence de colloques internationaux, tout en 61

continuant à entretenir un enseignement. On pourrait penser que la période des fouilles de ces deux gisements algériens allait concentrer Arambourg sur leur poursuite et leur étude. Non seulement ce fut le cas, comme pour d’autres gisements à d’autres périodes, mais il est en même temps sur d’autres sites d’autres pays avec d’autres problématiques, aussi complexes et importantes que celles qu’il entreprit sur les deux gisements de la région d’El Eulma. De 1937 à 1953 date à laquelle la communauté scientifique commence à s’intéresser sérieusement aux sphéroïdes à facettes, cette fameuse industrie primitive des artisans de l’Aïn Hanech, il est sur d’autres fronts, notamment dans le Hoggar pour les fouilles des gisements du Paléolithique inférieur de Tihodaïne et de l’Atérien de Tiouririne, dans le département d’Oran où ses fameuses fouilles de la faune à Hipparion de l’Oued El Hammam donnera lieu à cette imposante monographie de 1959. Il est également au Maroc sur les gisements de Phosphates et les fouilles des gisements de poissons crétacés du Djebel Tselfat, en Tunisie pour les travaux du lac Ichkeul, au Liban pour l’étude et les fouilles des gisements crétacés de ce pays ainsi qu’en Perse pour l’étude des poissons d’Elam et d’Estabanhat. Entre temps il a fallu qu’il avance les travaux de la mission de l’Omo en Ethiopie, bien que les premières missions soient déjà publiées dans les années 1933 et 1935. Il faut dire qu’au cours de l’avancement des importantes missions sur le terrain, Arambourg décrit un certain nombre de taxons faisant partie du bestiaire fossile des Villafranchiens inférieur et supérieur de l’Aïn Boucherit et l’Aïn Hanech et qu’il est intéressant d’en connaître quelques uns. En tout, dans les deux gisements, il décrit 2 nouveaux genres, 27 nouvelles espèces et 2 nouvelles sous-espèces. Cependant certaines révisions ultérieures, faites par divers paléontologues, montrent qu’il s’agissait soit d’erreurs de détermination, soit des synonymies avec d’autres espèces décrites par lui. Mais la grande majorité des taxons de ces deux horizons fossilifères, sont véritablement nouveaux, jamais décrits avant lui. Les travaux sur les taxons nouveaux des deux sites villafranchiens D’abord, la publication en 1945 dans le Bulletin de la Société géologique de France d’Anancus osiris, mastodonte nouveau du Pliocène inférieur d’Egypte. Cette détermination repose sur une troisième molaire supérieure en parfait état de conservation faisant partie des collections de Paléontologie du Muséum. Cette dent provient d’une plaine à dépôts fluviatiles anciens se rattachant probablement à des séries plio-pléistocènes et qui se trouve non loin de Gizeh. Dans cette publication, il montre que les caractéristiques de la surface occlusale de la dent indiquaient qu’elle appartient à un Mastodonte tétralophodonte c’est à dire à quatre collines (sorte de cuspides très développées), séparées par de profondes vallées dont chacune porte un gros 62

tubercule impair. La forme générale est allongée et relativement étroite. Ces caractéristiques déterminent le genre Anancus qui fait partie des Mastodontes brévirostres tels que les avaient définis Osborn (1921-1936). Ce groupe représentait l’évolution des Longirostres miocènes connus dans les couches inférieures du Chinji en Inde et se poursuivait en Europe et en Asie au cours du Pliocène. C’est cette espèce qu’Arambourg retrouve dans ses fouilles des années 1934 et 1935 dans le gisement de l’Aïn Hanech. Cependant, il fait remarquer dans le même travail que, d’après les recherches de Mac Innes, parues en 1942 sur les Proboscidiens fossiles du Néogène d’Afrique, les Mastodontes brevirostres sont connus en Afrique depuis le Miocène bien avant les centres euro-asiatiques. En 1947, Arambourg fait une brève excursion à Gizeh et s’aidant des indications topographiques qu’il a en sa possession, il peut retrouver le gisement en question. Ce dernier fait partie d’une série sédimentaire qui s’appuie contre le plateau calcaire des pyramides en le prolongeant au Nord. Parmi les fossiles qui ont retenu l’attention d’Arambourg, il y a le Sivathériné nord-africain que Pomel décrivit pour la première fois en 1893 sous le nom de Libytherium maurusium. Celui-ci avait découvert aux environs d’Oran dans les grès pliocènes, associés à des dents d’Hipparion, une mandibule aux caractéristiques de grand giraffidé. Les fouilles d’El Eulma avaient permis à Arambourg de retrouver des dents ainsi que des ramures, caractéristiques des Sivathérinés, voisins également du grand Giraffidé fossile qu’il avait retrouvé lors des fouilles de la vallée de l’Omo en Ethiopie. Dans son ensemble, le crâne est encore inconnu jusqu’à aujourd’hui en Afrique du Nord. Cependant les ossicônes retrouvés, notamment deux en connexion sur une portion crânienne, malheureusement complètement écrasée, à l’exception de certaines parties de la base du crâne, donnent une description qui rappelle par leur taille les grands Bovinés et par leur morphologie externe des protubérances comprimées, la ramure de certains Cervidés. Les ossicônes pariétaux de cette espèce fossile sont des chevilles osseuses de grande taille qui présentent une courbure importante en arc de cercle, probablement selon la description d’Arambourg, insérées derrière le crâne et s’orientant vers l’extérieur. Une forme qui fait d’ailleurs penser aux cornes des grands Bovinés. D’autres ossicônes supra-orbitaux, comme leur nom l’indique, sont insérées au dessus des orbites et devaient s’articuler aux ossicônes pariéto-oocipitaux. L’autre espèce de Giraffidé décrite par Arambourg à l’Aïn Hanech est l’espèce Giraffa pomeli, représentée par de très rares vestiges dentaires, à tel point que l’attribution au genre Giraffa est, selon son découvreur, très douteuse, mais paraît certaine quant à son appartenance à la famille de ce 63

groupe. Ses caractéristiques dentaires se distinguent par une dentrure brachyodonte très robuste et une ossature plus importante que celle de l’espèce actuelle. De nouveaux genres sont également décrits par Arambourg dans le gisement de l’Aïn Hanech, comme ce capriné publié en 1949 dans les Comptes rendus sommaires de la Société géologique de France. Numidocapra crassicornis fut un Bovidé fossile nouveau pour le continent africain. Il se présente sous la forme d’une portion d’arrière-crâne de Ruminant, comprenant la région frontale ainsi qu’une partie des frontaux fragmentaires munis de chevilles osseuses très caractéristiques. Ces chevilles, légèrement parallèles à section ovale, au lieu d’être recourbées vers l’arrière font plutôt une courbure vers l’avant, un peu comme chez le Chamois. Les chevilles osseuses de corne sont développées directement audessus des orbites avec notamment un plan de face très fortement incliné sur celui de la région pariétale, ce qui donne une flexure importante à l’axe crânien. Arambourg rapproche ce fossile à trois espèces, l’une provenant d’Europe c’est le fameux Procamptoceras brevatense, Capridé du Villafranchien de Senèze dans la Haute Loire (France), décrit par Stehlin en 1923, les deux autres à des formes asiatiques actuelles tels que Nemorhaedus ou Capricornis. Parmi les espèces nouvelles et nombreuses dans les gisements villafranchiens d’El Eulma, le groupe des Bovidés reste malgré tout assez complexe, en raison de la faible diversité des espèces, ce qui rendit leur détermination difficile, parfois erronée. Les grands Bovinés se rapportent à 3 espèces : Bos palaethropicus dont les dimensions crâniennes et chevilles osseuses de corne correspondent à celles d’un grand Buffle ou d’un grand Bœuf fossile, Bos bubaloides, autre grand Boviné aux allures et à la taille proches de celles du grand Bœuf primigène Bos primigenius et Bos praeafricanus, Boviné aux caractéristiques posturales plus légères que les précédents. Le groupe des Antilopes grandes, moyennes et petites est assez représentatif des faunes herbivores, Ruminants de la savane africaine avec tout ce qu’elle possède comme niches écologiques. La plus grande des Antilopes africaines a été définie par Arambourg dans le gisement de l’Aïn Hanech représentée par l’Eland Taurotragus gaudryi, espèce découverte pour la première fois par Philippe Thomas et dont Arambourg pensait qu’elle pouvait appartenir à celle-ci. Plusieurs Antilopes de grande et de taille moyenne sont décrites par Arambourg dans ces deux gisements. Gorgon mediterraneus, un Alcélaphiné, a livré un grand nombre de restes osseux avec notamment des 64

fragments crâniens et mandibulaires, de nombreuses dents isolées des deux machoires ainsi que des ossements qui composent le squelette des membres. Les caractéristiques de cet Alcélaphiné fossile le font rapprocher à une forme à museau allongé, étroit et à chanfrein rectiligne, une denture hypsodonte (à couronnes hautes) à prémolaires de type progressif, c’est-à-dire la fusion de certains cônes et cônides de la surface occlusale dentaire et des membres élancés notamment dans leurs extrémités métapodiales. Tous ces caractères évoquent selon leur découvreur l’espèce Gorgon taurinus, Gnou à queue noire, grande Antilope d’Afrique australe au sud de la Tanzanie mais qui s’en éloigne par ses membres plus élancés et une denture dont la surface occlusale semble assez simple. Une autre Antilope, Oreonagor tournoueri, de taille moyenne et inférieure à celle de la précédente est découverte par Arambourg dans le gisement de l’Aïn Boucherit. Cette dernière est en fait une espèce qui fut décrite pour la première fois par Philippe Thomas en 1884 dans le gisement d’âge équivalent de l’Aïn Jourdel. Un grand nombre des restes crâniens avec leurs chevilles osseuses de corne, de restes dentaires et post-crâniens sont découverts par Arambourg dans ce gisement classique du Villafranchien inférieur. La pièce la plus importante est un crâne muni de ses chevilles osseuses, implantées derrière les orbites, formant une triple courbure et une torsion de 180°. Les autres spécimens décrits sont des palais et des séries dentaires nombreuses avec notamment des caractéristiques rappelant les Alcélaphinés de type damalisques ou gnous comme la réduction des prémolaires aux seules troisièmes et quatrièmes et leur hypsodontie très forte. Le squelette des membres est robuste avec des métapodes dont la taille est presque identique dans le membre antérieur et postérieur. Parmi les Antilopes de taille moyenne, une nouvelle espèce, Damaliscus cuiculi de type alcélaphe, rarissime en Afrique du Nord, est décrite par Arambourg provenant de l’Aïn Boucherit sur un matériel peu conséquent presque impossible à déterminer, sans la présence d’une cheville osseuse de corne. Dans le groupe des Hippotraginés, autres antilopes de taille moyenne, une nouvelle espèce est également décrite par Arambourg. Elle est représentée par Oryx el eulmensis, très rare par les restes qu’elle livre et qui se résument à une cheville osseuse de corne un fragment de mandibule et des molaires de la denture inférieure. Cette espèce possédait des cornes très longues, pouvant atteindre avec leur étui osseux plus de 60 centimètres de longueur, rectilignes, à section semi-circulaire et une denture robuste et moins hypsodonte, caractéristique des dents d’Hippotraginés. Les Antilopes de taille moyenne ont livré également une forme de Reduncinés dans le gisement de l’Aïn Boucherit. Cette espèce décrite par Arambourg sous le nom de Redunca el eulmensis sur la base d’une cheville osseuse, et d’un métacarpe se distingue nettement de l’autre Redunciné, 65

Redunca khroumirensis, trouvé et décrit par lui au Lac Ichkeul en Tunisie. La cheville osseuse de corne courte et à courbure très prononcée paraît nettement plus petite que celle de l’autre forme tunisienne. Les Antilopes de petite taille décrites par Arambourg dans ces deux gisements sont représentées par 2 gazelles, Gazella setifensis, espèce-type de Pomel, retrouvée par celui-ci pour la première fois en 1894 dans la zone de Aïn Boucherit sur la route de Beni Fouda et Gazella pomeli, espèce nouvelle décrite par Arambourg. Une troisième forme, proche des Gazelles fut également retrouvée par Arambourg dénommée Parontidorcas latifrons. La première Gazelle, celle qui avait livré le plus grand nombre de restes osseux parmi ces antilopes de petite taille dans le gisement de l’Aïn Boucherit, se distingue par la présence de chevilles osseuses de corne, issues des deux sexes et de tous les âges, ainsi qu’un grand nombre de restes de dents isolées, des mandibules et des ossements du squelettes post-crânien. Les chevilles ont un aplatissement prononcé, une forte courbure vers l’arrière, sensiblement dans le même plan, qui les différencient de toutes les formes actuelles connues. De même, la denture légèrement plus faible est nettement brachyodonte avec une structure molariforme de leur quatrième prémolaire. La deuxième Gazelle, Gazella pomeli de l’Aïn Hanech a livré un crâne et également un grand nombre de chevilles osseuses de corne, toutes de sexe mâle. Cette espèce, pourvue de cornes peu écartées à la base et peu divergentes ont une forme qui ressemble à la gazelle actuelle de Cuvier (Gazella cuvieri), notamment au niveau du caractère sub-parallèle des cornes mais le fossile algérien se distingue par une section largement ovale ainsi que d’autres caractères très discriminants. Dans le Villafranchien inférieur de l’Aïn Boucherit mais également dans celui de l’Aïn Brimba en Tunisie, Arambourg décrit un nouveau genre et une nouvelle espèce d’Antilopiné. Parontidorcas latifrons est une forme proche par sa taille des Gazelles, mais dont la morphologie du crâne et celle de ses chevilles osseuses de corne reste largement différentes. En effet, Arambourg insiste sur le caractère nouveau de cette espèce, en particulier la largeur de la région frontale, la saillie des orbites, l’écartement des cornes et surtout la morphologie spiralée caractéristique de cette espèce. Chez cette dernière, elle se distingue par la torsion accentuée et spiralée. Les dents de cette espèce représentent une denture complète, à l’exception de la réduction de la deuxième prémolaire. La taille évoque celle de la Gazelle dorcade (Gazella dorcas), avec des membres plus ou moins robustes. Concernant les trouvailles de vestiges osseux et dentaires de la SousFamille des Suinae dans les gisements villafranchiens et malgré leur nombre insuffisant, l’espèce Omochoerus phacochoeroïdes (rebaptisé kolpochoerus), décrite pour la première fois par Philippe Thomas sous une autre appellation 66

(Sus phacochoeroïdes) en 1884, à Aïn El Bey, près de Constantine est complexe par sa position biostratigraphique et pose certains problèmes, même aujourd’hui, notamment dans la détermination taxinomique de ses dents. Les dents jugales de ce Suiné aux caractères phachochériformes tendent vers l’hypsodontie et la dernière molaire est pourvue d’un talon très développé, aussi long que les deux premiers lobes. Les molaires, dont la forme rappelle celle d’un trapèze, ont des cuspides comprimées latéralement et obturées sur toute la face vestibulaire par des colonnettes du cingulum, alors que la surface occlusale très abrasée donne des schémas étoilés. La symphyse mandibulaire, étroite et allongée ainsi que la morphologie transversalement élargie des troisièmes et quatrièmes prémolaires rappellent les caractéristiques du Potamochère, ce Suiné africain dont les origines sont asiatiques. Dans son volumineux ouvrage Mission scientifique de l’Omo (19321933, Deuxième partie Paléontologie, Fascicule III), publié en 1947, où il décrit la faune du Bassin du Lac Rodolphe et de la Basse Vallée de l’Omo en Ethiopie, Arambourg réserve une large contribution sur la famille des Suidés. C’est dans ce fascicule qu’il fait la description des deux grandes sous-familles eurasiatiques et africaines, les Suinae et les Phacochérinés. Le genre Omochoerus s’est fait connaître par Arambourg en 1942 dans les gisements de l’Omo sur une trentaine d’individus, essentiellement un matériel dentaire dont certains munis de leurs portions maxillaires et mandibulaires. Outre les deux genres de Suinés fossiles africains Potamochoerus, le Potamochère et Omochoerus, le Suiné de la Vallée de l’Omo, et les quatre genres de Phacochérinés, formes qui rappellent des Phacochères avec une multitude de formes fossiles, d’autres espèces nouvelles ont été décrites depuis. Cette profusion de genres et d’espèces dans ces deux Sous-Familles a rendu très difficile l’appartenance des restes dentaires et encore moins des vestiges osseux à tel ou te autre taxon. Parmi les Oiseaux déterminés par Arambourg à l’Aïn Boucherit, une grande Autruche fossile Struthio barbarus est connue par quelques ossements fragmentaires. Ces derniers montrent que cet oiseau était de plus grande taille et pourvu d’une forme assez lourde par rapport aux représentants africains actuels. Aucune autre forme n’était connue en dehors du Pléistocène supérieur et du Néolithique du Nord de l’Afrique. On sait qu’à partir de l’Holocène, les gisements de la fin de la période capsienne ainsi que les sites néolithiques ont livré un grand nombre de débris d’œufs d’Autruche dont beaucoup avaient été utilisés par les populations locales comme récipient à suspension, objets de décoration ou simplement percés pour leur utilisation comme collier. 67

Les Equidés, exclusivement Anes et Zèbres fossiles du continent africain, découverts dans les gisements du Pliocène final et du Pléistocène inférieur de la région de Sétif, ont fait couler beaucoup d’encre et les polémiques ne cessent de gonfler dans la communauté des paléontologues, spécialistes de ce groupe. Deux Equidés sont caractéristiques du Villafranchien nordafricain, présents tous deux, dans les deux gisements d’El-Eulma. Le premier est Equus numidicus, le Zèbre de Numidie, décrit par Pomel en 1897 dans le Villafranchien inférieur de l’Aïn Boucherit, le second est Equus tabeti, l'Ane de Tabet, décrit par Arambourg en 1970 et retrouvé dans les formations du Villafranchien supérieur de l’Aïn Hanech. Dans les deux formations, le crâne reste inconnu jusqu’à aujourd’hui. En revanche, le matériel dentaire et celui des membres notamment les métapodes sont assez représentatifs et significatifs pour séparer ces deux espèces. Jusqu’à ces dernières années, pour rajeunir le site d’Aïn Hanech, certains auteurs ont même voulu y voir la présence d’Equus mauritanicus, Zèbre fossile, pourtant caractéristique jusqu’à présent du seul Pléistocène moyen, ne dépassant guère le niveau de Ternifine. Les riches travaux d’Arambourg sur les faunes villafranchiennes de ces deux gisements classiques d’Algérie et qui l’avaient occupé pendant une trentaine d’années, entrecoupés parfois par d’autres missions sur d’autres terrains, ont été rassemblés dans deux grandes monographies. La première qui a vu le jour en 1970, intitulée les vertébrés du Pléistocène de l’Afrique du Nord, Tome 1, Fasc. 1. Historique, Stratigraphie, Paléontologie, publiée dans les Archives du Muséum national d’Histoire Naturelle concerne les Proboscidiens (Eléphants et Mammouths) et les Périssodactyles (Rhinocéros, Anes et Zèbres). La seconde, a été publiée post-mortem en 1979 dans l’Edition de la Fondation Singer Polignac et s’intitulait Vertébrés villafranchiens d’Afrique du Nord (Artiodactyles, Carnivores, Primates, Reptiles, Oiseaux). Les épreuves de cette monographie n’ont pu être corrigées, ce qui explique les erreurs dans certaines planches photographiques. Cependant, il faut rendre hommage au professeur Léonard Ginsburg, alors maître de conférence au Muséum, qui a pu rassembler toute cette documentation et décider avec le professeur Lehman, directeur à l’époque, du laboratoire de Paléontologie du Muséum de la faire paraître. Ainsi, les deux monographies d’Arambourg sur le Villafranchien d’Afrique du Nord, en plus de celle publiée en 1959 dans les Publications du Service de la Carte géologique de l’Algérie et qui concerne les Vertébrés Continentaux du Miocène supérieur de l’Afrique du Nord devaient rassembler toute la Paléontologie du Tertiaire et du Quaternaire de ces régions septentrionales de l’Afrique.

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La découverte des industries lithiques : Du nouveau à l’Aïn Hanech Toutefois, la particularité du gisement villafranchien supérieur de l’Aïn Hanech réside dans le caractère préhistorique de ce gisement qui fait de lui le plus ancien connu jusqu’à aujourd’hui en Afrique du Nord. La découverte de vestiges lithiques n’a pu se faire que lors des campagnes de fouilles de l’automne 1947 et 1948 et son annonce première à la communauté scientifique en 1949 dans les Comptes rendus des Séances de l’Académie des Sciences. Sa communication sur ce thème s’intitulait Sur la présence, dans le Villafranchien d’Algérie, de vestiges éventuels d’industrie humaine. Bien qu’il montre sa quarantaine de pièces polyédriques à d’éminents préhistoriens français et étrangers de l’époque, il reste prudent à l’annonce de ces vestiges éventuels d’industrie humaine. Il sait pertinemment que ces galets aménagés, provenant de la couche d’argile lacustre grise, celle-là même qui est riche en ossements fossiles, ne sont pas naturels et ressemblent fort aux pièces du Kafuen de l’Ouganda et au Préacheuléen d’Olduvai. La même année, mademoiselle Henriette Alimen présente à la séance du 4 avril de la Société géologique de France, la communication d’Arambourg sur ces pierres polyédriques sous le titre Présentation d’objets énigmatiques provenant du Villafranchien d’Algérie. En 1950, Arambourg fait une autre présentation à la Société préhistorique française, Traces possibles d’une industrie primitive dans un niveau villafranchien de l’Afrique du Nord. Après ces trois présentations à la communauté scientifique, les préhistoriens furent favorables à ces premières hypothèses et n’opposèrent aucun argument contraire. A l’occasion du XIXe Congrès géologique international et du IIème Congrès panafricain de Préhistoire d’Alger de l’été 1952, la fouille de l’Aïn Hanech est rouverte et exploitée de nouveau. L’excursion du Congrès panafricain du 27 septembre doit s’arrêter dans ce lieu désormais célèbre par son industrie sur galets. Le professeur Lionel Balout, l’Abbé Breuil ainsi que plusieurs participants ont rejoint l’excursion à Djemila, ville romaine, non loin de Sétif avant de se rendre sur le site d’El-Eulma. De cette fouille, de nombreux sphéroïdes à facettes avaient été exhumés. Les Sphéroïdes à facettes, ainsi dénommés par Arambourg et Balout en 1952, dans le Bulletin de la Société d’Histoire Naturelle d’Afrique du Nord : Du nouveau à l’Aïn Hanech, furent expertisés et remis pour la plupart au Musée de Constantine et au Musée du Bardo d’Alger. Lors de cette excursion, les congressistes qui assistèrent à la visite avaient découvert dans les déblais un petit nombre de bifaces. Cette découverte a engendré, bien entendu, un doute sur la provenance de ces bifaces, d’autant plus qu’Arambourg publia avec insistance que depuis ses fouilles de 1931, jamais il n’avait rencontré un seul biface dans cet horizon anthropique. Les vérifications ultérieures sur le site 69

au cours du printemps 1953 confirmèrent son bien-fondé. La publication la même année, dans les Comptes rendus de l’Académie des Sciences : Nouvelles observations sur le gisement de l’Aïn Hanech, de son rapport conclut notamment à une absence totale de bifaces dans le niveau à sphéroïdes à facettes. Il situe l’origine des industries à bifaces à partir d’un horizon caillouteux superposé à celui des galets aménagés.

Fig. 28. Camille Arambourg (à gauche) en présence de Lionel Balout, l’abbé Henri Breuil et Bosch Gimpera au Congrès panafricain à l’Aïn Hanech (El-Eulma, Algérie). (Ph. G. Espérandieu).

Les recherches d’Arambourg sur l’Aïn Hanech ne devaient pas s’arrêter là. Sa collaboration avec le professeur Balout en 1955, puis les recherches qu’il fit sur le site en compagnie de son disciple le paléontologue Yves Coppens en 1966, devaient encore exhumer des vestiges fossiles ainsi que des galets aménagés. On aurait pu penser que les longs travaux de recherche d’Arambourg sur ces deux gisements villafranchiens d’Algérie, qu’il avait fait connaître dans le monde entier, auraient suffi à donner une idée générale des faunes pliopléistocènes et des industries lithiques de cette région. Cependant, comme tout terrain dont les formations sont d’origine fluvio-lacustre, les sites peuvent ne pas être localisés à un seul endroit, mais être probablement éparpillés sur de grandes étendues à travers les bassins fossilifères. C’est sur cette base de réflexion mais aussi sur une étude détaillée de la chaîne opératoire des galets aménagés que le gisement de l’Aïn Hanech fut 70

relancé dès les années 1980 par Mohamed Sahnouni. Ce dernier poursuit des fouilles programmées depuis les années 1990 en collaboration avec l’Université d’Indiana (USA), la Leakey Fondation et l’Université d’Alger. De nouveaux vestiges fossiles, notamment des espèces nouvelles, furent livrés par ces fouilles récentes ainsi qu’un atelier de taille et des artefacts qui montrent le caractère anthropique du site. Les passages réguliers que nous organisâmes Mohamed Sahnouni et moimême depuis le début des années 1980 sur le site de l’Aïn Hanech, lors de nos travaux de thèse nous montra que la mémoire d’Arambourg est encore vivante chez les paysans d’El Eulma et en particulier chez la famille Tabet, propriétaire de longue date de ces terrains fossilifères. Les petits enfants de Tabet, amateurs de fossiles, et qui se souvenaient parfaitement de ce grand homme modeste, nous racontaient comment celui-ci leur rendait la pareille, en leur dédiant une nouvelle espèce d’âne (Equus tabeti), dont le taxon est devenu depuis, mondialement réputé.

Fig. 29. Vue sur l’extension du site fossilifère d’Aïn Hanech. Ici, les nouvelles fouilles dans les années 1990. (Photo Mohamed Sahnouni.).

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Découvertes et fouille de la Vallée de l’Oued El Hammam près de Bou Hanifia Les années cinquante vont livrer à Arambourg de nouvelles découvertes, en Algérie occidentale cette fois, dans le département d’Oran. D’abord, les fouilles de la période du Tertiaire, essentiellement du Miocène de Oued El Hammam près du barrage de Bou Hanifia, ensuite les fouilles de Ternifine près de Mascara qui vontlivrer les restes anthropologiques du plus ancien Hominidé d’Afrique du Nord. Des géologues de la Société RN Repal, travaillant près du barrage de Bou Hanifia et à environ 6 kilomètres au sud de la station thermale du même nom, venaient de découvrir des fossiles dans les couches miocènes de l’Oued El Hammam. Ces puissantes formations continento-marines naguère datées de l’Oligocène sont concentrées au Sud-Ouest du Massif des BeniChougrane. Arambourg, averti par ces derniers, organise dès l’automne 1950 une fouille qui livre une faune abondante représentée par une dizaine d’espèces correspondant à la faune Pontienne classique d’Eurasie. Les espèces retrouvées sont des Proboscidiens, des Rhinocéros, un grand nombre d’Equidés à trois doigts, des Carnivores, un grand Giraffidé à membres grêles, une Gazelle, une Tortue et de nombreux œufs d’Autruche. La situation stratigraphique de ce gisement, en relation directe avec des couches marines néogènes, permit d’apporter au site une donnée paléontologique considérable par rapport à la faune pontienne connue. Cette faune caractéristique était déjà connue en Méditerranée orientale, surtout par des séries importantes dans les gisements de Pikermi, de Samos, de Maragha et de Salonique. Contrairement aux formations plio-pléistocènes et pléistocènes d’Afrique du Nord et contrairement aux autres contrées du Vieux Monde, les régions de l’Afrique du Nord n’avaient livré que très peu de faunes de vertébrés continentaux des périodes miocène et mio-pliocène. Il faut savoir que les données chronologiques et stratigraphiques de l’époque sont très confuses pour l’ensemble des pays qui composent l’Afrique du Nord. Le Miocène qui démarre vers - 22 millions d’années, s’achève à - 5 millions d’années, sa période moyenne débuterait vers - 14 millions d’années. Au cours de cette longue évolution, les Mammifères et en particulier les grands Mammifères ne sont pas abondants et pour être synchrones aux étages auxquels ils correspondent, les géologues et paléontologues les corrèlent aux étages marins, le seul bon repère chronologique de l’époque. Toutefois, certains effets de la tectonique avaient fait perdre ces repères pour une corrélation continento-marine, surtout sur la façade méditerranéenne. Ces bouleversements avaient rendu la tâche délicate aux spécialistes notamment aux géologues qui devaient travailler sur les étages des formations continentales. C’est ainsi qu’en Algérie, Philippe 72

Thomas dès 1884 proposait pour cette période la terminologie de MioPliocène. Alors qu'en Tunisie, Solignac dès 1931 utilisait le terme de Pontien en référence aux faunes classiques d’Eurasie du même nom (Pontien est un étage stratigraphique de la fin du Miocène, ce qui explique l’appellation Mio-pliocène, c’est aussi l’ancien nom de la Mer Noire). Au Maroc, où les dépôts du domaine atlasique sont préservés depuis l’Eocène moyen, c’est-àdire depuis - 49 millions d’années, Bourcart en 1937 puis Choubert en 1945, classaient les faunes en Oligocène-Miocène, Mio-Pliocène et Pontien. Les anciennes découvertes Les quelques sites d’Afrique du Nord qui présupposaient la présence d’une faune semblable à celle du Pontien d’Eurasie, livrèrent leurs premières traces en Tunisie en 1910. Le Dr Gobert, préhistorien dans le département d’Oran, par l’intermédiaire de Philippe Thomas fit parvenir au Professeur Marcellin Boule, du Muséum de Paris, les premiers ossements de Vertébrés trouvés dans la région du Drâa El Djerid dans le Sud tunisien. Ce matériel de la période du Tertiaire, Giraffidés (Paleotragus) ou Crocodiliens dont les genres étaient proches de ceux qu’on retrouvait en Europe et en Asie, devait confirmer l’existence de couloirs de migration au Miocène entre les plaques continentales africaine et eurasiatique. Avancer de telles hypothèses au début du vingtième siècle sur la relation biogéographique qui existait entre les trois continents était assez osé pour l’époque. Cependant, les faunes continentales qu’on retrouvait sur cette terre africaine, laissaient présager malgré tout, au sein des paléontologues naturalistes de l’époque, des affinités surtout asiatiques et notamment indiennes dans les morphologies crâniennes et dentaires des Vertébrés. D’autres découvertes furent signalées également dans le Sud tunisien, notamment dans les environs de Tozeur en 1931 par Roman et Solignac. Ces informations capitales étaient rapidement publiées par Boule d’abord en 1910 puis par Roman et Solignac en 1931. Ces mêmes chercheurs avaient retrouvé en 1934 dans le Nord du pays, notamment dans la région de Douaria, un autre gisement qui livra des Vertébrés typiques des formes pontiennes. Au cours des mêmes années, Bourcart retrouvait en 1937 au Maroc, plus précisément dans les environs de Camp Berteaux, près de Taourirt (Maroc oriental), des vestiges sporadiques, retrouvés à la base de la série lacustre des argiles smectiques de cette région qui rappelaient les genres Hipparion, l’Equidé tridactyle et le Mastodonte. Plus tard, Choubert et Ennouchi en 1946, puis Ennouchi en 1951, annonçaient leurs premières preuves paléontologiques de la faune pontienne dans le Maroc oriental et dans les environs de Rabat.

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A cette époque, Arambourg ne donnait pas trop d’importance à ces faunes du Maroc, qu’il qualifiait peu caractéristiques des faunes pontiennes. Cependant, il notait que les travertins de Beni Mellal, dans l’Atlas marocain, venaient de livrer une faune de Rongeurs largement plus intéressante. En effet, les travaux de Lavocat en 1952 et plus tard sur les rongeurs de ce gisement stratifié, allaient décrire un site majeur du Miocène moyen daté de - 14 millions d’années, riche en microfaune. Pour ce qui est des recherches faites en Algérie, Arambourg devait corriger les erreurs de ses prédécesseurs, notamment pour les découvertes qui concernaient le Tertiaire. En effet, d’importantes découvertes commençaient à voir le jour à la fin du XIXe siècle par les travaux que poursuivaient Philippe Thomas dans le Constantinois. Cet auteur, dès 1884, fit des recherches dans les Hauts plateaux des régions constantinoises et sétifiennes. Ces régions formées de dépôts fluvio-lacustres livrèrent effectivement un grand nombre de faunes de Vertébrés mais dont l’âge était difficilement bien daté. La découverte de restes d’Hipparion par Philippe Thomas dans les calcaires lacustres d’Aïn El Hadj Baba, près de Constantine, avait été annoncée comme l’équivalent de l’étage Pontien pour l’ensemble des formations lacustres de la région constantinoise. Arambourg précisera plus tard que l’Hipparion en question était différent de celui très primitif qu’on retrouvait au Miocène et ressemblait fort à celui de Pomel Hipparion setifense du Pliocène. Il en était de même pour l’autre Hipparion (Slylohipparion libycum), retrouvé pour la première fois dans le gisement de l’Aïn Jourdel. Les formations continentales de ces régions caractériseraient finalement, selon les dires d’Arambourg, les périodes post-pontiennes et rattachées à la fin du Néogène et au début du Quaternaire. Par ailleurs, en 1915, Dalloni avait indiqué dans le département d’Oran et plus précisément dans le Vindobonien supérieur (étage stratigraphique du Miocène moyen) de la vallée de la Tafna, la présence de dents attribuées selon lui à cet Hipparion gracile, classique du Pontien. Ces niveaux correspondaient effectivement d’après les travaux de Perrodon et Tempere en 1953 à ceux de Bou Hanifia. Les couches à Hipparion de la Vallée de Oued El Hammam, lors de la construction du barrage de Bou Hanifia en 1932 devaient finalement livrer selon Suess un gisement d’importance dans les couches rouges, attribuées jusque là à l’Oligocène (division stratigraphique du Tertiaire). Cependant, les points fossilifères qui ont permis à Suess d’exploiter ce gisement, furent par la suite noyés sous les eaux du lac du barrage. L’autre gisement stratifié d’importance du Miocène supérieur d’Algérie était celui de Marceau, découvert par Flandrin en 1942 dans le bassin à lignites des environs d’Alger. Arambourg en fera son principal gisement de comparaison avec celui de Bou Hanifia. 74

L’importance du gisement Ce second gisement stratifié, exploité par Arambourg dans la même région que celui récemment trouvé par Suess, était d’importance non seulement parce que la faune y était abondante mais aussi par l’intérêt que suscitait sa position stratigraphique par rapport aux formations marines, largement exploitables en termes de chronologie et d’eustatisme. Les couches continentales fossilifères à Vertébrés étaient disposées partout sur une épaisseur de 200 mètres, intercalées entre deux horizons de faune marine. L’un, inférieur appartenait au Burdigalien (division stratigraphique du Tertiaire, fin du Miocène inférieur), représenté par des mollusques et des Echinides, l’autre supérieur, appartenait au Miocène supérieur. En dehors des vertébrés, les couches livrèrent également des faunes d’invertébrés continentaux. Les deux horizons marins correspondaient dans toute la zone de bordure Sud-Ouest du massif des Beni Chougrane et du Bassin du Chélif à deux épisodes transgressifs, séparés par une régression marine. Cette dernière correspond au Miocène moyen. A la suite de ces études géologiques et paléontologiques assez précises, non seulement de tous les faciès du Miocène mais aussi de l’ensemble du Tertiaire, Arambourg insistera sur le caractère nettement différent de cette série marine par rapport à celle qui définissait le niveau pliocène. En effet, les dépôts marins de ce de dernier avec son faciès plaisancien, lui aussi transgressif avait laissé dans l’ensemble du Tell oranais et du Bassin du Chélif des dépôts avec des faunes de Mollusques caractéristiques, notamment ses Pectinidés. Les formations continentales fluvio-lacustres de la fin du Tertiaire s’achèvent avec le Pliocène terminal tout en accompagnant une phase importante d’orogenèse qui concernait toute cette région de l’Algérie occidentale. Plus tard, d’autres recherches sur ces mêmes niveaux de Bou Hanifia furent complétées par Michaux, spécialiste des Rongeurs, notamment par la découverte d’un gisement, dénommé Sidi Salem situé à la partie supérieure de la formation continentale de Bou Hanifia, daté selon la chronologie marine du Tortonien à moins 9 millions ainsi qu’un niveau appelé Bou Hanifia II, également situé dans la partie supérieure, mais beaucoup plus ancien, daté à moins 12 millions d’années. Les travaux paléontologiques, surtout ceux des Microvertébrés, seront avancés par Jaeger, Micheaux et David en 1973 sur ces sites, et seront datés selon la terminologie continentale de Post-Vallésien pour Sidi Salem et de Vallésien inférieur pour Bou Hanifia. Les faunes de Mammifères recueillies et étudiées par Arambourg sont d’une conservation et d’une richesse qui n’ont pas encore leur équivalent à cette époque, en tout cas mieux conservées que celles qu’il venait de 75

déterminer sur les gisements villafranchiens d’El-Eulma. Parmi les Proboscidiens, les Rhinocérotidés, les Equidés, les Giraffidés, les Bovidés et les Hyaenidés, 7 nouvelles espèces furent découvertes par Arambourg. Dans la monographie de 1959, Vertébrés continentaux du Miocène supérieur de l’Afrique du Nord, publié par le Service de la Carte géologique de l’Algérie (mémoire n° 4, 153 pages, un atlas de 18 planches ainsi que de nombreuses illustrations), qui devait synthétiser l’ensemble de ses découvertes sur Bou Hanifia il intégra en même temps la faune des lignites de Marceau d’âge Miocène supérieur. Des études ultérieures par Arambourg sur la faune de ce même site, révéla une autre nouvelle espèce, Propotamochoerus devauxi en 1968, un Suidé non signalé dans les publications précédentes. Ainsi avec ces deux gisements d’importance dont les caractéristiques géologiques sont maintenant bien précises, Arambourg réussit à donner une image plus claire des faunes de l’Afrique du Nord qui avaient évolué dans cette partie du monde au cours de la deuxième moitié du Miocène, ainsi que de leur environnement et de leur relation paléogéographique avec les espèces des autres continents. Si ses prédécesseurs avaient une opinion toute faite sur la question pontienne des faunes équivalentes d’Afrique du Nord, Arambourg, au terme de cette étude, tranchera d’une manière radicale sur la physionomie et l’identité des Vertébrés continentaux, en insistant à bien des égards sur les différences qui existent entre les faunes d’Afrique du Nord et des autres contrées de l’Afrique et celles d’Eurasie. La faune de l’Oued El Hammam lui donnera d’abord les réponses aux questionnements sur l’endémisme des faunes. Par rapport aux faunes du Miocène inférieur d’Afrique, notamment de l’Afrique orientale, les Vertébrés du gisement algérien sont très différents surtout par le développement des Giraffidés et des Bovidés, l’apparition du genre Hyaena (rebaptisé Percrocuta) et surtout par l’apparition d’un équidé tridactyle, Hipparion, (totalement absent dans ce niveau en Afrique) dont il pense qu’à l’exception de ce dernier, immigré en Afrique, tous les autres se sont développés sur place au cours du Miocène moyen. Par rapport aux faunes du Pontien classique, il est certain qu’au premier abord, l’association faunique des Vertébrés de Bou Hanifia rappelle les caractéristiques des faunes dites pontiennes d’Eurasie. Cependant, il fit remarquer avec obligeance que si on retrouve une analogie entre les deux ensembles fauniques d’Afrique du Nord et ceux du Pontien, ce n’est plus la même identité. Le rhinocéros n’est plus le même, l’Hipparion n’est pas gracile, bien au contraire, il présente une forme lourde plus primitive ainsi qu’une architecture crânienne et une morphologie dentaire bien différentes, l’Hyène est analogue à la seule espèce de Macédoine et le Giraffidé paraît nettement plus primitif que ses congénères. Une fois les relations biogéographiques établies, la faune de Bou Hanifia apparaissait donc à 76

Arambourg comme un ensemble plus primitif que celle du Pontien et confirmait à la fois l’ancienneté des unités biogéographiques du continent africain et l’endémisme d’une partie de son peuplement. Ainsi, Arambourg clôt un dossier qui était avant lui brouillon et très désorganisé sur la question des faunes dites pontiennes. Les recherches postérieures dans les années 1960 et 1970 livrèrent des gisements à Mammifères avec notamment des ensembles de Micro vertébrés mais aussi des révisions furent suivies dans les gisements étudiés par Arambourg. En effet, la reprise des recherches à l’emplacement même de l’Oued Bou Sellam avaient permis d’effectuer des datations à partir de formations volcaniques qui le situait à moins 12 millions d’Années. Cette datation mise en corrélation avec la chronologie marine de Berggren et Van Couvering (1974) et celle de Ryan et ses collaborateurs (1974) le placerait non pas au Miocène supérieur mais plutôt à la fin du Miocène moyen dans l’étage du Serravalien. Cette correction n’enlève en rien la spécificité des arguments avancés par Arambourg, d’autant plus qu’il avait insisté sur le caractère ancien des faunes de Bou Hanifia par rapport à celles de Pikermi en Grèce, daté environ à moins de 9,3 millions d’années. Les fouilles de Ternifine et la découverte de l’Atlanthrope Le gisement préhistorique de Ternifine (contraction du nom araboberbère de Tighennifine, puis Tighennif), situé dans la wilaya (préfecture) de Mascara et proche de celle-ci, autrefois département d’Oran, est resté toujours célèbre grâce notamment à la découverte des plus anciens Hominidés de l’espèce fossile Homo erectus d’Afrique du Nord. Aujourd’hui classé au Patrimoine national par le Ministère algérien de la Culture, ce site a toujours suscité une convoitise maladive de la part des chercheurs qui travaillaient sur cette période du Quaternaire qu’est le Paléolithique inférieur. En effet, paléontologues, préhistoriens, anthropologues, quaternaristes de tout bord s’intéressaient à ce site, les uns attirés par la prestigieuse faune des grands Vertébrés, les autres, plutôt par les Microvertébrés, d’autres encore par les Hominidés, certains par son industrie lithique de bifaces et de hachereaux. En fait, tout était bon à prendre dans ce site, son cadre naturel et physique comme son contenu très diversifié. Si Arambourg l’avait redynamisé par ses nouvelles fouilles des années cinquante, similaires à des chantiers de travaux publiques, tellement l’entreprise de l’exploitation de ces fouilles était grandissante et prometteuse c’est grâce à la découverte justement des pièces fossiles d’Hominidés. En fait, le gisement est connu depuis la fin du XIXe siècle par le célèbre Pomel. 77

Celui-ci, à l’occasion de la création du village de Palikao (nom colonial de Tighennifine) en 1870, reconnut l’importance des ossements fossiles de grands animaux et des industries lithiques que l’exploitation en carrière d’une butte de sable fit découvrir. L’étude que Pomel a réalisée sur les nombreux vestiges osseux dont un grand nombre se révéla être des genres et des espèces nouveaux pour le début du Quaternaire nord-africain, allait être publiée d’année en année de 1893 à 1898 dans les Monographies de la Carte Géologique de l’Algérie, crées par lui. Cette faune de savane au caractère tropical était représentée par une espèce nouvelle d’Eléphant (Elephas atlantica, ou Loxodonta atlantica), un Rhinocéros, une grande population d’un Equidé nouveau aux caractères de Zèbre (Equus mauritanicus), voisin du Quagga du Sud de l’Afrique, un Camélidé nouveau (Camelus thomasi), une Girafe et un grand nombre d’espèces d’Antilopes de toutes les tailles. Le site en question, situé dans la plaine d’Eghris est une cuvette lacustre dont le remplissage alluvionnaire au cours du Pléistocène moyen (période géologique du Quaternaire dont fait partie le Paléolithique inférieur) était constamment remonté par des eaux artésiennes naturelles. Les sédiments, essentiellement sableux remontés par les eaux de la nappe aquifère avaient dû combler la totalité de ce qui fut un lac. L’exploitation de la sablière réalisée au sommet de la butte devait obligatoirement s’arrêter à cause d’un cimetière musulman, présent justement au sommet de cette coupe. Malgré l’arrêt de l’exploitation de la sablière de Ternifine, Pallary, instituteur à Oran et préhistorien reconnu, créateur entre autres du nom Ibéromaurusien (culture du Paléolithique supérieur du Maghreb), fit une première tentative sur le terrain en 1925 qui ne révéla rien de nouveau. Par ailleurs, le passage d’Arambourg en 1931 fut payant, puisqu’il remarqua que le gisement noyé à sa base se prolongeait en profondeur et cette dernière séquence qui n’était pas du tout exploitée, fut extrêmement riche en restes fossiles de vertébrés et en industrie lithique taillée par l’homme. Il a fallu attendre 1954 avec des moyens gigantesques alloués par le Service Hydraulique de l’Algérie, et sous la tutelle du Gouvernemant général de l’Algérie pour qu’Arambourg puisse enfin réaliser ce rêve tant attendu. En fait cette décision fut prise lors de l’organisation des Congrès internationaux d’Alger en 1952 en étroite discussion avec le professeur Balout, alors doyen de l’Université d’Alger, grande sommité de la Préhistoire d’Afrique du Nord et qui il était sur le point d’achever sa monographie sur la question.

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Fig. 30. C. Arambourg sur les fouilles de Ternifine (Algérie) en 1954 (archives C. Arambourg, notices des travaux scientifiques).

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Fig. 31. Fouille de la sablière de Ternifine près de Mascara en 1954. La réouverture de ce site par Arambourg fut enrichissante à plus d’un titre. En haut : Vue en direction Sud, au début des travaux. En bas : Vue en direction Est. C’est dans cette tranchée que fut trouvée la première mandibule humaine de l’Atlanthrope, (archives C. Arambourg, notices des travaux scientifiques)

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Fig. 32. Vue générale de la fouille de Ternifine (Algérie) en 1955. (Ph. C. Arambourg, In. archives C. Arambourg, notices des travaux scientifiques)

Fig. 33. Remontée de la nappe acquifère dans le gisement de Ternifine, en 1954. (Ph. C. Arambourg, archives C. Arambourg, notices des travaux scientifiques). Fig. 34. Vue générale des tranchées à Ternifine (Algérie), lors des fouilles de 1954. (Ph. C. Arambourg, archives C. Arambourg, notices des travaux scientifiques).

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La fouille de Ternifine dirigée par Arambourg se limita à 3 campagnes, réalisées de 1954 à 1956. Dès la première campagne de fouille, commencée au printemps de l’année 1954, Arambourg, assisté de Hoffstetter, alors maître de recherches au CNRS et de deux techniciens du Muséum fit rapidement les premières découvertes d’importance. Dans les vestiges de faune de Vertébrés très nombreux mais fragmentaires, Arambourg reconnait le caractère anthropique de ces restes d’animaux qui furent des débris de repas. Les espèces retrouvées sont en majorité les mêmes que celles exhumées par Pomel. Il reconnait au sein des Antilopes à affinités africaines les genres Alcelaphus, Gorgon et Oryx, des Antilopes de taille moyenne, ainsi qu’un Tragélaphiné de très grande taille, voisin du grand Koudou actuel, mais aussi, l’Eléphant de l’Atlas, le Rhinocéros de Maurétanie, un Suidé, un Bœuf aux caractères bubaloïdes, un Hippopotame, plusieurs Carnivores notamment un Lion, des Hyènes, des Chacals ainsi qu’un grand nombre de Micromammifères, Insectivores et Rongeurs. Au sein de cette faune tropicale de savane africaine, il détermine des espèces qui lui paraissent plus anciennes que le niveau du Pléistocène moyen, notamment un Machairodonte, un Phacochère géant (Afrochoerus), et un Cynocéphale également géant. L’industrie lithique est composée de plusieurs centaines de pièces, toutes constituées de quartzite, de grès, de calcaire et de quelques silex. Les bifaces, trièdres et hachereaux dominent cette industrie, on y retrouve même quelques spécimens de galets aménagés. Les éclats sont également présents et on saura plus tard que cette industrie sur éclats est typiquement africaine, dotée de deux plans de frappe, dénommée kombewa ou éclat Janus. Mais ce qui change radicalement la destinée de ce site c'est la découverte des restes humains dès la première campagne. Celle-ci révèle deux mandibules, l’une appartenant à un homme, l’autre à une femme dont les caractéristiques morphologiques et biométriques sont voisines des Pithécanthropes et des Sinananthropes asiatiques mais s’en distinguent par certains caractères propres aux spécimens d’Algérie. Arambourg les dénomme provisoirement au départ, Atlanthropus mauritanicus, respectivement Atlanthropus I et II. La découverte d’une troisième mandibule ayant appartenu à un homme, d’un pariétal et de plusieurs dents isolées le rassurent sur le bien-fondé de l’appellation. Les conditions de ces découvertes de fossiles d’hominidés ne sont pas les mêmes. Si les premières mandibules sont recueillies, l’une dans le niveau sableux au-dessus du fond argileux de l’ancienne cuvette lacustre, l’autre, dans le fond argileux lui-même, là où seront récoltés également la troisième mandibule et le pariétal, les dents ne proviennent pas de ces niveaux in-situ, mais par tamisage à l’eau. Des fouilles postérieures, exécutées bien après Arambourg, révèleront un grand nombre de petites dents de vertébrés fossiles par ce même procédé de tamisage. 82

Que retient-on aujourd’hui de ces découvertes d’Hominidés ? Atlanthropus mauritanicus, qui fut une sous-espèce baptisée Homo atlanthropus mauritanicus fait partie aujourd’hui des Homo ergaster d’Afrique, toujours les plus anciens d’Afrique du Nord. Les caractéristiques morphologiques de l’Atlanthrope se rapprochent de ce groupe archaïque notamment par la hauteur et la largeur des branches montantes de la mandibule, le fort épaississement du corps mandibulaire, un menton fuyant, une denture brachyodonte massive à larges cavités pulpaires. Certains caractères primitifs sont encore présents sur les spécimens de Ternifine comme la présence d’un cingulum surtout sur les prémolaires et la disposition anthropomorphe ou dryopitécinienne des cuspides (fusion des cônes des dents inférieures). Le pariétal qui appartient à un individu juvénile, présente une voûte crânienne peu élevée avec une bosse pariétale effacée et un fort épaississement rappelant les spécimens de Sangiran (Java) et de Zhoukoudian (Chine). Le site de Ternifine fut largement exploité après Arambourg, puisque dès les années 1970, le professeur Jean Jacques Jaeger, lança une série de campagnes de fouilles en collaboration avec L’Office Algérien de la Recherche Scientifique (ONRS) et le laboratoire de Géologie de l’Université d’Oran. Des fossiles de grands Mammifères ainsi que de nombreux Microvertébrés furent récoltés. Les années 1980 virent également de courtes fouilles sous la direction du professeur Jean Jacques Hublin qui exhuma surtout un grand nombre de petits Vertébrés notamment des Anoures (Batraciens) des Emidés (Tortues), des Serpents, des Chéloniens (Reptiles), des Poissons, des Soricidés et des Erinacéidés (Insectivores) ainsi que de nombreuses familles de Rongeurs. Aujourd’hui, plusieurs préhistoriens algériens voudraient voir reprendre le site de Ternifine, comme les autres sites découverts par Arambourg qui ont repris depuis 15 à 20 ans notamment La grotte de Taza 1(ex. La Madeleine), l’Abri-sous-roche d’Afalou Bou Rhummel ou encore le gisement de l’Aïn Hanech. Si dans ces sites, rien ne prédisposait à leur arrêt définitif, celui de Ternifine est assez complexe du fait de la position du cimetière au sommet de la butte ainsi qu’à l’étendue du site. Seule une entreprise de l’envergure des fouilles de l’époque d’Arambourg pouvait y faire face.

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Fig. 35. Pariétal d’Atlanthropus IV, hominidé de Ternifine, montrant sur sa face interne, le tracé des vaisseaux méningés. Ast, astérion ; Br, bregma ; Cor, suture coronale ; A, lamda ; Ob, rameau obélien ; Pr, ptérion ; R.b., rameau bregmatique ; Sl, gouttière du sinus latéral ; Sy, crête sylvienne ; T.I., branche temporale inférieure; T.p., suture temporale ; V.d., orifices des veinules diploïques, (archives C. Arambourg, notices des travaux scientifiques

Fig. 36. Deuxième mandibule de l’homme de l’Atlanthrope, découverte et créée par Arambourg en 1954 sur les fouilles de Terrnifine (Atlanthropus II). Vues latérale et occlusale. (Ph. C. Arambourg, archives C. Arambourg, notices des travaux scientifiques).

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Fig. 37. Première mandibule de l’homme de l’Atlanthrope, découverte et créée par Arambourg en 1954 sur les fouilles de Terrnifine (Atlanthropus I). Vues latérale et occlusale. (Ph. C. Arambourg, archives C. Arambourg, notices des travaux scientifiques).

Les recherches au Sahara Les premières recherches d’Arambourg au Sahara faisaient partie d’un programme sur le Quaternaire africain qui l’avait amené en 1947 et 1948 à entreprendre des travaux sur quelques gisements du Hoggar. Les gisements d’importance qui ont pu être explorés, étaient ceux de la bordure Nord de l’Erg de Tihodaïne et celui du centre du même Erg, au pied du massif antécambrien de Tiouririne qui culmine à 1632 mètres. Précisons que de ces deux gisements d’importance du Sahara central, le premier est le seul à avoir livré une association de faune mammalienne et d'industrie de type bifaceshacheraux. Le premier gisement, déjà célèbre depuis 1861, fut découvert par Duveyrier, un officier méhariste qui décrivit des restes d’un très grand Mammifère fossile. Grâce à cette découverte et surtout à son site, un 85

abondant matériel fossile provenant d’une ancienne cuvette lacustre fut récolté dès 1932 par un certain capitaine Duprez, commandant la compagnie saharienne des Ajjers. Les premières études de détermination qui furent entreprises par Joleaud, montrèrent en 1935 tout l’intérêt de ce site d’autant plus que la faune mammalienne était associée à une riche industrie lithique du Paléolithique inférieur, devenue depuis lors très célèbre. De nombreuses expéditions depuis la découverte de l’Erg de Tihodaïne se sont succédées jusqu’aux années 1970. Parmi les plus fructueuses, avant les travaux d’Arambourg, on peut citer les missions de Debruge en 1933, celles de Reygasse en 1933 puis en 1953 et enfin celle de Charles Devillers en 1938-39 qui réalisa la première étude stratigraphique ainsi que la première véritable étude paléontologique. Les travaux géologiques et paléontologiques qu’Arambourg avait suivis sur l’Erg de Tihodaïne étaient très précis. Il s’agissait à l’emplacement oriental de la plaine de l’Amadror, d’une ancienne nappe lacustre dont le remplissage alluvionnaire était constitué d’une première phase de remplissage remontant au Pléistocène moyen et qui correspondait au dépôt sableux alluvionnaire puis d’une alternance d’argile et de Diatomites.Ces alluvions reposent au fond d'une dépression dont les schistes cristallins occupent le substrat comme partout ailleurs dans la région. C’est dans les niveaux sablo-argileux qu’Arambourg récolte de nombreux ossements de Vertébrés, accompagnés d’une industrie à bifaces et hachereaux. La faune est constituée d’espèces africaines de savane, notamment un Eléphant, un Rhinocéros, des Zèbres de Maurétanie, des Antilopes, des Carnivores. Le second site découvert par Arambourg est en revanche nouveau. En réalité il s’agit de deux sites, l’un, le plus important représente une occupation humaine d’époque atérienne qui avait laissé sur place un grand nombre d’outillage pédonculé. Le professeur Balout qui étudia ce matériel, publié par Arambourg et Balout en 1952, considérait déjà que celui-ci allait représenter la série-type de l’Atérien saharien. Ce site est placé dans une large plaine décapée par l’érosion éolienne et qui laisse apparaître un remplissage alluvionnaire de même nature que celui de Tihodaïne mais situé entre le dépôt final des diatomites et les sédiments sablo-argileux. L’autre, se situe au-dessus du remplissage final des diatomites et l’assèchement partiel du lac de Tihodaïne. Ce second site correspond à une occupation néolithique avec de nombreux foyers contenant des ossements calcinés et une industrie lithique. Dans l'article commun d’Arambourg et Balout L’ancien Lac de Tihodaïne et ses gisements préhistoriques, publié dans les Actes du IIème Congrès Panafricain de Préhistoire d’Alger en 1952, on retiendra que le site de Tiouririne comblait un hiatus archéologique, et que la présence du rhinocéros blanc implique une humidité qui a, depuis, disparu avec la formation de l’Erg de Tihodaïne. 86

Les recherches à l’emplacement de l’Erg Tihodaïne continuèrent bien après Arambourg, notamment en 1967 par Pierre Rognon sur la Paléoclimatologie et la Géomorphologie de cette région saharienne dont le remarquable ouvrage décrit le Massif de l’Atakor et ses bordures, puis par Herbert Thomas dès 1971 sous les conseils et l’aide de Thaler et de Coppens. Thomas consacra ainsi sa première thèse sur l’Erg de Tihodaïne portant sur la Géologie et la Paléontologie de ce célèbre gisement acheuléen du Sahara.

Fig. 38. Debruge (à droite) et son équipe dans les années 1930, admirant une mandibule d’Eléphant, découverte dans le gisement préhistorique de l’Erg Tihodaïne (Tiouririne, Hoggar, Algérie).

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Fig. 39. La trousse à outils de la période atérienne, trouvée dans l’Erg Tihodaïne lors des missions d’Arambourg et étudiée par L. Balout en 1952, (archives C. Arambourg, notices des travaux scientifiques).

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Les recherches au Maroc Poissons et Reptiles des gisements de Phosphates Concernant la partie occidentale du Maghreb, représentée par le Maroc et le Sahara occidental, dont l'essentiel des pays est concentré le long du littoral atlantique, Arambourg y fera ses premières recherches en 1935. Comme en Algérie où il révéla sa première passion pour les poissons fossiles dès 1920, il fera de même dans les régions phosphatées du Maroc, très riches en Poissons de tous genres et en Reptiles marins. C’est à la demande de l’Office Chérifien des Phosphates du Maroc que la première description de ces Vertébrés marins fut publiée dans le Bulletin de la Société géologique de France sous le titre Note préliminaire sur les vertébrés fossiles des Phosphates du Maroc. Il reconnut la succession de trois faunes marines depuis la fin du Crétacé (étage du Secondaire), une faune Maestrichtienne-Danienne (Fin Secondaire-Début Tertiaire), une faune Montienne et une autre caractérisant l’Eocène (Thanétien-Yprésien). Les formes reconnues de poissons Sélaciens et Téléostéens (Poissons à nageoires paires) et de Reptiles (Pytonomorphes, Crocodiliens et Chéloniens (tortues)) s’apparentent selon Arambourg à celles qui correspondaient aux mêmes niveaux en Tunisie et en Egypte. Parmi les Poissons des niveaux provenant du Crétacé, beaucoup sont nouveaux ou n’étaient connus que dans ces régions. Ceux-ci étaient les plus classiques comme Enchodus libycus (Téléostéens), Lamna biauriculaire (requin), Corax bassanii (Requin) ou Schizorhiza stromeri (Raie). Les nouveaux types reconnus par Arambourg sont des Pristidés, formes similaires aux Poissons-scies d’aujourd’hui, voisins du genre Onchosaurus de Gervais dont la caractéristique était de posséder des dents rostrales recouvertes d’émail. Cette particularité était présente chez quelques genres du Crétacé supérieur, regroupés dans la Sous-Famille des Ganopristinés dont les caractères dentaires sont différents des autres groupes de la Famille notamment ceux qui les remplaceront à l’Eocène et à des périodes plus récentes. Les Reptiles étaient représentés par des Mesasauriens et des Crocodiliens. Le groupe de la Sous-famille des Ganopristinés sera entièrement revu par Arambourg avec la création d’un nouveau genre Ganopristis en précisant que si le groupe des Ganopristinés est caractéristique du Crétacé supérieur, les véritables Pristidés n’apparaitront qu’à l’Eocène. En marge des travaux sur les Poissons effectués au Maroc, mais aussi au Liban et en Perse, il fait une publication spéciale en 1940 dans le Bulletin de la Société géologique de France, intitulée Le Groupe des Ganopristinés où il indique avec précision les affinités et les différences de chacun de ces genres, proches des espèces 89

de type « Poissons scies à dents rostrales émaillées », avec notamment la présence d’un corps déprimé, muni de pectorales triangulaires, d'une tête pourvue de cartilages prépalatins, d'un rostre allongé, de dents formées de vasodentine, d'une couronne formée de dentine compacte et recouverte d’émail. Dans cette publication, il décrit un nouveau genre et une nouvelle espèce sous le nom de Ctenopristis nougareti, trouvé dans les niveaux maestrichtiens du Maroc. Cependant dans sa publication de 1952, Les Vertébrés fossiles des gisements de Phosphates (Maroc-Algérie-Tunisie), le groupe de Ganopristis qu’il créa en 1935 et suite à l’application des règles de nomenclature, devait tomber en synonymie avec le genre Sclerorhynchus (Poisson à museau dur) de Woodward (1889). L’ensemble des caractéristiques de la Sous-Famille des Ganopristinés était en fait celles de la Sous-Famille des Sclerorhynchinés, dont le genre fut fondé par Woodward sur un fragment proximal de rostre d’un Pristidé du Sénonien du Sahel Alma au Liban. En 1974, un chercheur de l’université de Montpellier, Henry Capetta, reprit ce groupe et montra que celui-ci n’était pas directement lié aux poissons-scies actuels (Famille des Pristidés). Les Poissons de l’Eocène recelaient également des types nouveaux identifiés par Arambourg, alors que chez d’autres, il reconnaissait des affinités et des ressemblances avec les formes du Bassin de Paris, de France ou du Nigéria. Parmi les genres reconnus, on retrouvait Lamna (Requin), Odontaspis (Requin), Squalus (Cochon de mer), Squatina (Ange des mers), Phylodus … Quant aux Reptiles de l’Eocène, Arambourg reconnut des Crocodiliens tels que Dyrausaurus phosphaticus dont les caractères étaient encore Téléosauriens, puis un vrai Crocodile à longue symphyse, voisin de C. cataphractus actuel d’Afrique. La biochronologie de ces faunes marines du Maroc fait conclure à Arambourg qu’un renouvellement faunistique presque complet s’était manifesté entre le Crétacé supérieur et l’Eocène notamment au cours du Montien. Les espèces de Poissons déterminées par Arambourg dans les Phosphates du Maghreb, surtout du Maroc et de Tunisie, sont publiées dans son ouvrage de 1952 et proviennent des cinq principaux niveaux maestrichtien, montien, thanétien, yprésien et lutétien : Notidanus microdon Ag. Notidanus ancistrodon Aramb. Notidanus sp. Scapanorhynchus tenuis Dav. Scapanorhynchus rhaphiodon (Ag.)

Requin " " " " 90

Scapanorhynchus rapax (Quaas) " Anomotodon plicatus Aramb. Odontaspis tingitana Aramb. Odontaspis whitei Aramb. Odontaspis Speyeri Dart. et Cas. Odontaspis substriata Strom. Odontaspis substriata mut. Atlasi Aramb. Odontaspis macrota striata (Winkl) Odontaspis robusta var.africana Aramb. Odontaspis winkleri (Ler) Odontaspis hopei atlantica Aramb. Odontaspis vincenti (Woodw.) Odontaspis koerti (Strom.) Lamna appendiculata (Ag.) Lamna biauriculata (Wann.) Lamna biauriculaire var. maroccana Aramb. Lamna serrata (Ag.) Lamna caraibaea Ler. Lamna caraibaea var. africana Dart. et Cas. Lamna obliqua (Ag.) Lamna gafsana White Lamna aschersoni (Strom.) Corax pristodontus Ag. Corax kaupi Ag. Corax yangaensis Dart. et Cas. Pseudocorax affinis (Ag.) Carcharodon landanensis Ler. Ginglymostoma rugosum Dart et Cas. Ginglymostoma lehneri Ler. Ginglymostoma subafricanum Aramb. Ginglymostoma africanum Ler. Ginglymostoma maghrebianum Cas. Ginglymostoma blanckenhorni strom. Ginglymostoma angolense Dart et Cas. Squatirhina numidica Aramb. Squatirhina dartevelli Aramb. Squatirhina casieri Aramb. Galeorhinus gomphorhiza Aramb. Galeorhinus gomphorhiza prior Aramb. Galeorhinus formosus Aramb. Galeorhinus minutissimus (Aramb.) Galeorhinus minor (Ag.) Galeocerdo latins Ag. Scyliorhinus brivesi Aramb. 91

Requin " " " " " " " " " " " Requin-taupe Requin " " " " " " " Requin " " " " Requin " " " " " " " " " " " " " " " "

Scyliorhinus subulidens Aramb. Scyliorhinus beaugei Aramb. Scyliorhinus beaugei mut. finalis Aramb. Scyliorhinus africanus Aramb. Physodon tertius (Winkl.) Aprionodon marçaisi Aramb. Scoliodon gangreneuses Aramb. Squalus crenatidens Aramb. Somniosus crenulatus Aramb. Isistius trituratus (Winkl.) Echinorhinus priscus Aramb. Rhinobatus bruxelliensis Jaek Rhinobatus sp. Rhinobatus cf. bergsonisme Sign. Rhynchobatus arganiae Aramb. Raja fallax Aramb. Raja mucronata Aramb. Raja duponti (Winkl.) Raja praealba Aramb. Onchosaurus maroccanus Aramb. Sclerorhynchus leptodon Aramb. Schizorhiza stromeri Weil. Ctenopristis nougareti Aramb. Pristis lathami Galeot. Pristis mucrodens White Pristis cf. hamatus White Eotorpedo hilgendorfi Jaek. Eotorpedo jaekeli White Rhombodus binkhorsti Dames Rhombodus bondoni Aramb. Rhombodus meridionalis Aramb. Rhombodus microdon Aramb. Dasyatis hexagonalis Aramb. Dasyatis tetraedra Aramb. Dasyatis globidens Aramb. Parapalaeobates atlanticus Aramb. Rhinoptera daviesi Woodward Rhinoptera sherborni White Myliobatis dixoni Ag. Myliobatis raouxi Aramb. Myliobatis sulcidens Dart. Et Cas. Myliobatis striatus Buck. Myliobatis aff. pentoni Woodw. Myliobatis sp. 92

" " " " " " " Cochon de mer Requin Raie " " " " " " " " " Raie Poisson-scie, raie " " Raie " " " " Raie "

Aetobatis irregularis Ag. Phacodus punctus var. africanus Aramb. Coelodus bursauxi Priem. Pycnodus pellei Priem. Enchodus libycus (Quaas) Enchodus bursauxi Aramb. Enchodus elegans Dart. Et Cas. Albula oweni (Ag.) Brychetis muelleri Ag. Stratodus apicalis Cope Sphyraena fayumensis (Dames) Sphyraena sp. Eodiaphyodus granulosus Aramb. Pseudoegertonia salvani Aramb. Phyllodus toliapicus Ag. Cybium aff. Dumonti (V. Ben.) Sphyraenodus chouberti Aramb. Eutrichiurides orpiensis (Ler.) Eutrichiurides termieri Aramb. Eutrichiurides goberti Aramb. Trichiurus oshoshunensis White Trichiurus plicidens Aramb. Cylindracanthus rectus Ag. Xiphiorhynchus priscus (Ag.) Stephanodus libycus (Dames) Mosasaurus cf. anceps (Owen) Mosasaurus beaugei Aramb. Platecarpus ptychodon Aramb. Globidens aegyptiacus Zdansk. Pachyvaranus crassispondylus Aramb. Palaeophis maghrebianus Aramb. Plesiosaurus mauritanicus Aramb. Dyrosaurus phosphaticus Thom. Dyrosaurus plaucidens Aramb. Dyrosaurus sp. Crocodilus cf. spenceri Buck. Crocodilus sp. Mésosuchiens indet. Lytoloma elegans Berg. Lytoloma crassa Berg. Eusarkia rotundiformis Berg. Gafsachelys neurirregularis Berg.

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Téléostéen Téléostéen " "

Téléostéen " Mosasaure

Téléostéen " " " " " " Mosasaure " " Lézard marin Reptile Plésiosaure

Crocodile "

Les fouilles qu’Arambourg entreprit en 1934 et 1935 dans les schistes bitumeux du Rharb, localisés dans la bordure Est et Nord-Est du Djebel Tselfat, lui permettent de récolter et de décrire des Poissons fossiles nouveaux du Crétacé. Cette région fut dans un premier temps signalée par Yovanovitch en 1921 et celui-ci avait déjà noté la présence de Poissons. Cette faune de Tselfat qui a livré un grand nombre de Famille de Poissons permet à Arambourg de lui donner un âge Crétacé supérieur. Les éléments présents font partie des Pycnodontidés (à dents incisiformes et molariformes, pouvant broyer coraux et carapaces de Mollusques et Coquillages), Aspidorhynchidés (à corps serpentiforme et à museau allongé, grandes dents longues et pointues), Stomiatidés, Enchodontidés (considérés comme de redoutables prédateurs, aux machoires fortes et aux dents acérées), Dercétidés (aux corps grêles et anguilliformes), Myctophidés, Elopidés (les « ladyfishes » des Anglosaxons, encore présents de nos jours dans les régions tropicales et subtropicales, notamment par le genre Elops), Clupeidés (largement représentés dans la nature actuelle, entre autres, par la Sardine et le Hareng) etc… Parmi ces Poissons, Arambourg décrit pour la première fois une nouvelle famille, 3 nouveaux genres et 3 nouvelles espèces. La Famille des Tselfatidés en référence au djebel Tselfal, réunit le genre et l’espèce Tselfatia formosa. La description de ce type, dont le squelette est complet, montre un Poisson dont le corps est de forme ovale, comprimé avec des dents coniques et petites, situées en rangs serrés sur les pré-maxillaires, maxillaires et le dentaire. D’un point de vue taxinomique et de par la morphologie très spéciale de ce type, Arambourg ne lui trouve aucune relation ni à l’état fossile ni à l’état actuel. Les autres nouveaux genres, dont les squelettes étaient également, parfaitement conservés dans la roche schisteuse sont Rhynchodercetis de la Famille des Dercétidés avec l’espèce Yovanovitchi en hommage au premier découvreur du site et Prostomias maroccanus de la famille des Stomiatidés. L’un comme l’autre, sont des Poissons de forme allongée et mince. Cependant, le premier a un neurocrâne dermique de type primitif avec des pariétaux bien développés, la mandibule est allongée et étroite, le long rostre, le maxillaire est opposé au dentaire avec des dents coniques très serrées. Le second, anguilliforme, a une bouche fendue, avec de part et d’autre des maxillaires arqués, la mandibule a une symphyse recourbée vers le haut, munie en avant de dents longues et coniques, également serrées. En 1931, 1936 et 1937, Arambourg fait de nouvelles recherches sur les faunes et la stratigraphie des séries phosphatées. Ses avancées sur le terrain notamment dans les trois Bassins marocains des Ouled Abdoun, au Nord de Oum er R’bia avec Khouribga comme centre principal d’exploitation, des Ganntour au Sud de Oum er R’bia et des Meskala de la région de Marrakech 94

lui ont permis de dater ces formations du Crétacé supérieur à la fin du Lutétien. D’autres recherches avaient également vu le jour dans la région du Haut Atlas et de Kasba Tadla.

Fig. 40. Planche anatomique, tirée de l’étude d’Arambourg sur les poissons crétacés du Djebel Tselfat au Maroc, (archives C. Arambourg, notices des travaux scientifiques).

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Fig. 41. Planche anatomique, tirée de l’étude d’Arambourg, montrant la reconstitution de crânes de deux poissons fossiles du Djebel Tselfat (Maroc), (archives C. Arambourg, notices des travaux scientifiques). 1.

Palaeobalistum gutturosum. Art, articulaire ; Asph, autosphénotique ; ci, canal infra orbitaire ; Cl, cleithrum ; cs, canal supra orbitaire ; D dentaire ; EcPt, ectoptérygoïde ; EnPt, entoptérygoïde ; Etl, parethmoïde ; ExSc, extra scapulaire ; F, frontal ; Hy, hyomandibulaire ; La, lacrymal ; N, nasal ; n1, narine antérieure ; n2, narine postérieure ; Op, opercule ; Or, orbite ; pa, pariétal ; Pf, préfrontal ; Pmx, prémaxillaire ; POp, préopercule ; Psp, parasphénoïde ; Q, os carré ; SCl, supracleithrum ; Scl, anneau sclérotique ; Soc, supra occipital ; Sor, supra orbital ; Spl, splénial ; ST, supratemporal ; VO, vomer.

2.

Clupavus neocomiensis. Art, articulaire ; asc, processus ascendant du parasphénoïde ; Br, branchiostèges ; ci, canal infra orbitaire ; cs, canal supra orbitaire ; D dentaire ; EcPt, ectoptérygoïde ; EnPt, entoptérygoïde ; Etl, parethmoïde; Et, mésethmoïde ; Etl, parethmoïde ; F, frontal ; Hy, hyomandibulaire ; IO, infraorbital ; Iop, interopercule ; La lacrymal ; Mtpt, métaptérygoïde ; Mx, maxillaire ; N, nasal ; O, orbite ; Op, opercule ; pa, pariétal ; Pmx, prémaxillaire ; POp, préopercule ; Psp, parasphénoïde ; PtO, ptérotique ; Q, os carré ; Scl, anneau sclérotique (et non supracleithrum) ; Smx, supra maxillaire ; Soc, supra occipital ; Sop, sous-opercule.

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Fig. 42. Distribution des Bassins phosphatés du Maroc. Le nombre d’espèces de poissons reconnues par Arambourg au Maroc reste l’effectif le plus important dans l’ensemble de l’Afrique du Nord, (archives C. Arambourg, notices des travaux scientifiques).

En 1950, il fait de nouvelles observations dans la Société des Sciences naturelles du Maroc, dans un article intitulé Résultats généraux de l’étude des Vertébrés fossiles des Phosphates du Maroc. En reprenant le contenu des travaux des trois Bassins principaux, il fait une première synthèse de leurs Vertébrés et de leur chronologie. Ainsi il conclut que la faune des niveaux phosphatés du Maroc est extrêmement riche et variée, avec un grand nombre de formes nouvelles. Leur répartition biogéographique montre aussi bien à la fin du Crétacé ou au début du Tertiaire un carrefour où se croisaient des éléments d’affinités mésogéennes ou européennes avec des éléments africains tropicaux et américains. Malgré la constance des conditions biologiques locales, cette faune lui permet de constater des changements majeurs à la limite des deux grands systèmes que sont le Crétacé et l’Eocène. Ces changements avaient provoqué la disparition rapide des composants crétacés et leur remplacement massif par ceux d’une nouvelle vague d’espèces avec le commencement de l’Eocène.

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Fig. 43. Types de Poissons Crétacés, découverts et créees par Arambourg dans les gisements phosphatés du Crétacé dans le Djebel Tselfat au Maroc. 1 et 2, Rhynchodercetis yovanovitchi (nouveau genre, nouvelle espèce) ; 3, Protostomias maroccanus (nouveau genre, nouvelle espèce) ; 4, Tselfatia formosa (nouvelle famille des Tselfatidés). (Ph. C. Arambourg, In. archives C. Arambourg, notices des travaux scientifiques).

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Dans les années 1950, Robert Ambroggi, découvrit dans la Vallée du Sous au sud du Maroc, une faune abondante de Poissons et de Reptiles dans les sables de l’Oued Erguita sous les marno-calcaires éocènes. L’étude paléontologique confiée à Arambourg livre des taxons maestrichtiens (niveaux 2 à 8) et de l’Eocène inférieur (niveaux 9 à 11) qu’il avait déjà décrits dans les années trente ainsi que quelques formes nouvelles. Au terme de cette étude, il conclut qu’au Maestrichtien, la région méridionale du Golfe des Phosphates qui avait accumulé une sédimentation de plus de 200 mètres, la plus épaisse connue au Maroc s’est trouvée en face de nouvelles conditions océanographiques et biologiques, différentes de celles, évoluant au Nord. A l’Eocène inférieur et surtout au Lutétien, la faune marine ne présentait plus aucun des caractères de la mer phosphatée. Jusqu’à pratiquement la fin de ses jours, Arambourg ne manqua jamais de faire des observations, des compléments ainsi que de nouvelles publications quand ses collègues lui apportaient de nouveaux vestiges, découverts dans les régions qu’il avait tant sillonné. C’est le cas de cette dent de Poisson pycnodonte du genre Hadratus, d’aspect apparemment commun, rapportée par un certain Belinko, chef des études géologiques et minières au Centre de Recherches des Phosphates minéraux, mais dont les caractères lui permirent encore une fois de décrire un nouveau taxon. Cette forme qui n’était connue jusqu’alors qu’au Crétacé nord-américain. Hadratus belinkoi, du nom de son découvreur, était une espèce qui apparemment n’avait jamais été observée en dehors du Continent américain, cependant, il fait remarquer que les collections de l’université américaine de Beyrouth, possédaient des vestiges dentaires de ce genre provenant du Liban. Ainsi, démontre-t-il que les relations biogéographiques de ces poissons sont largement étendues au Crétacé. Au terme de ce gigantesque travail sur les Poissons et les Reptiles du Maroc provenant des gisements phosphatés, il fait paraître en 1952 un volumineux ouvrage de 372 pages, avec 62 figures et un atlas de 44 planches, sous le titre de Les Vertébrés fossiles des gisements de phosphates (Maroc-Algérie-Tunisie). Cette deuxième monographie consacrée aux Poissons et aux Reptiles, surtout du Maroc (la première étant consacrée aux Poissons des régions oranaises), démontre véritablement la grande passion d’Arambourg pour ces organismes marins de la fin du Secondaire et du Tertiaire. Dans cet ouvrage, il fait la synthèse de toutes ces recherches sur les Poissons fossiles (121 espèces et 56 genres) et les Reptiles (10 genres) dont un grand nombre sont nouveaux. Grâce à des associations fauniques caractéristiques dans les formations phosphatées du Maroc, Arambourg peut finalement reconnaître les différents étages maestrichtien, montien, pontien, yprésien et lutétien.

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Cependant les recherches au Maroc n’avaient pas livré jusqu’ici de faunes provenant de séries du Trias, bien qu’Arambourg reconnut dans les récoltes du Trias du Haut Atlas marocain de la région d’Imin’Tanout, ramenées par Duffaud en 1958, des restes osseux d’Amphibiens stégocéphales et de Reptiles. Au cours de la même année, Arambourg, sous la conduite de son collègue géologue Duffaut, et en compagnie de Choubert et de leurs collaborateurs, se rend sur le site d’Imin’Tanout et recueille d’autres fossiles. La situation fossilifère de ce gisement et de sa faune est publiée dans la Société géologique de France en 1960 par Arambourg et Duffaud sous le titre Note sur la découverte d’un gisement de Vertébrés continentaux dans le Trias du Haut Atlas occidental. Le gisement en question se trouve dans la série triasique de l’Oued Irohalène, au Nord du Tizi Maachou. Cette région appelée par les géologues marocains « Couloir permotriasique d’Argana » est une puissante série détritique ; la coupe stratigraphique qui y fut décrite mesure 1600 mètres d’altitude. Le matériel fossilifère comprend des restes d’Amphibiens stégocéphales notamment des os dermiques crâniens, de Reptiles théropodes avec des restes de dents et d’un Thérapsidé. Les Mammifères A l’exception des restes très pauvres du Reptile mammalien, découvert dans la série triasique, Arambourg n’a pas pu fouiller, ni étudier des gisements et des fossiles mammaliens provenant du Secondaire et du Tertiaire marocain, bien qu’il eut connaissance de la découverte, à l’époque où il rédigeait dans les années cinquante son mémoire sur les Vertébrés continentaux du Miocène supérieur de l’Afrique du Nord, basés exclusivement sur les deux gisements algériens de Bou Hanifia et des lignites de Marceau, de l’important gisement stratifié dans les travertins de Beni Mellal, où les microvertébrés étaient abondants. Ce gisement du Sud du Maroc, daté de - 14 millions d’années était formé d’une faune mammalienne où le genre Hipparion n’était pas encore représenté. Sa monographie régionale Hors Série, compte rendu du XIXème Congrès Géologique International d’Alger en 1952, sous le titre La Paléontologie des Vertébrés en Afrique du Nord Française, devait également mentionner en quelques lignes, les trouvailles fossiles correspondant à la fin du Miocène. En effet, les restes de Mammifères sporadiques (Hypparion et Mastodonte) trouvés dans les sédiments continentaux de cet âge furent récoltés par Bourcart en 1937 et par Choubert et Ennouchi en 1946 dans les argiles laguno-marines du Camp Berteaux, ainsi que des restes d’un Mastodonte indéterminé, trouvés par ces derniers auteurs dans les couches rouges de la plaine de Tadla Beni Amir.

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Plus tard, la faune du gisement de Beni Mellal devait être étudiée par Lavocat en 1961, où il montra dans son Etude systématique de la faune de mammifères, publiée dans les Notes et Mémoires du Service géologique du Maroc, l’essentiel des espèces qui composent ce site d’importance. Mais la révision complète de ces taxons fut réalisée en 1976 et 1977 dans les tomes II et III de la revue Géologie méditerranéenne par Léonard Ginsburg, Claude Guérin, Emile Heintz, Jean, A. Remy. Plusieurs espèces nouvelles furent décrites parmi d’autres et on retiendra notamment un Suidé nouveau Listriodon juba ainsi qu’un Giraffidé dénommé Palaeotragus lavocati. Le Plio-Pléistocène du Maroc, livra en revanche un gisement d’importance qui devait définir avec d’autres gisements maghrébins équivalents les horizons villafranchiens de l’Afrique du Nord. Le gisement de Fouarat est intéressant par sa position stratigraphique et les dépôts sont constitués d’une plage marine immédiatement postérieure au Pliocène supérieur mais dont la faune malacologique qui contient encore quelques types astiens, était représentée surtout par une faune marine d’invertébrés, caractéristiques de la base du Pléistocène. En effet, les travaux de Lecointre en 1949 devaient montrer la présence des éléments de Trochatella trochiformis, caractéristiques des anciennes terrasses pléistocènes. Ce sont les captages de la région de Fouarat pour l’alimentation en eau de la ville de Rabat qui avaient permis de reconnaître dans les niveaux marins, postérieurs au Plaisancien-Astien, des restes de mammifères notamment des dents de Mastodonte brevirostre et d’un éléphant primitif du groupe de Meridionalis. La visite d’Arambourg au printemps 1948, accompagné de Bolleli, Choubert et Ennouchi à l’intérieur des galeries de captage, le fixa sur la stratigraphie marine et la position in-situ des restes de mammifères. Ces niveaux à ossements étaient formés de sables intercalés de lentilles gréseuses et contenaient des Mollusques marins, le tout reposant sur l’Astien (terme abandonné, équivalent du Plaisancien, mais qui jadis était considéré comme plus ancien) ce qui devait correspondre à la fin du cycle marin pliocène. C’est ce niveau là qui fut défini par ses découvreurs Choubert, Ennouchi et Marçais en 1948 comme un étage Calabrien à faciès atlantique. Ces derniers notaient que les couches marines correspondaient à la première transgression postpliocène. Finalement, ce qui donne au gisement de Fouarat, et aussi à d’autres gisements de même âge comme celui de Oued El Akrech près de Rabat et celui des dunes de Saint-Eugène près d’Oran, cet intérêt primordial est la présence de mammifères au sein des couches marines à Mollusques. Arambourg comme d’autres paléontologues, a toujours été embarrassé quand il était en présence de vestiges fossilifères continentaux non stratifiés. Ici Anancus osiris, Elephas africanavus et Stylohypparion libycum, les Proboscidiens et les Equidés à trois doigts sont datés par le biais de ces couches marines bien définies et furent représentés par Arambourg comme 101

chefs de file avec les autres gisements d’Algérie et de Tunisie du Villafranchien inférieur. La monographie, intitulée Mammifères fossiles du Maroc, publiée dans les Mémoires de la Société des Sciences Naturelles du Maroc en 1938 est un Mémoire de 72 pages, 15 figures et 9 planches. Ce travail synthétise jusquelà, l’ensemble des faunes mammaliennes du Quaternaire marocain retrouvées surtout dans les sites archéologiques le long des côtes atlantiques en association avec les cultures du Paléolithique inférieur, notamment dans les grès littoraux de l’Atlantique, celles qui correspondent aux limons rouges de l’Atérien, celles du Paléolithique supérieur de l’Ibéromaurusien et enfin celles du Néolithique. Parmi les espèces qui composaient ces grands mammifères, certaines sont nouvelles et ne se présentaient qu’au Maroc. Ces trois sous-espèces ou mutation en question étaient représentées par deux formes nouvelles d’Eléphantidé, Elephas meridionalis, appelée cromerensis, et Elephas atlanticus, dénomée maroccanus (baptisée aujourd’hui Loxodonta atlantica). La troisième est un Tragélaphiné, voisin du Grand Koudou, Taurotragus maroccanus, baptisée aujourd’hui Tragelaphus maroccanus, dont la paire de chevilles osseuses de corne, trouvée dans la carrière Schneider est remarquable par sa conservation et la beauté des cornes spiralées.

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Fig. 44. Remarquable massacre d’une grande antilope fossile, voisine du grand Koudou, découverte par Arambourg dans la carrière Schneider, près de Casablanca au Maroc. Ce spécimen, baptisé Tragelaphus maroccanus est caractérisé par la torsion en spirales de ses cornes. (Ph. D. Hadjouis).

Au cours de la publication de ce Mémoire sur les Mammifères fossiles du Maroc, Arambourg entreprend l’étude d’un matériel de vertébrés qu’il récolta en 1912 à Tit Mellil, adjoints à ceux des récoltes de la Compagnie fermière des eaux en 1914-1915 et à ceux de Pallary en 1924, aujourd’hui faisant partie des collections du Muséum d’Histoire Naturelle de Paris. D’autres collections de l’Institut Scientifique Chérifien firent également partie de cette étude. 103

Les restes de Mammifères avaient été trouvés dans les sables acquifères de l’Aïn Tit Mellil notamment lors des forages de puits destinés au captage de la nappe afin d’alimenter en eau la ville de Casablanca. La faune comprend les espèces suivantes : un Proboscidien, Loxodonta atlantica (l’ancien Elephas atlanticus maroccanus), un Rhinocérotidé Rhinoceros simus (= Cerathoterium simum), un Equidé zébrin Equus mauritanicus, des Suidés, Sus scrofa, le sanglier et un Phacochère Phacochoerus africanus, un Hippopotamidé Hippopotamus amphibius, un Cervidé mégacérin d’Algérie Megaceroides algericus, des Bovidés représentés par des espèces de gazelles, une Antilope de très grande taille Tragelaphus maroccanus, un Gnou de grand taille Connochaetes taurinus, une Antilope bubale Alcelaphus buselaphus, de très grands Bovinés comme l’Aurochs Bos primigenius et le Buffle Bubalus antiquus (= Syncerus antiquus). Les Carnivores sont représentés par un Chacal Canis anthus (= Canis aureus), un Renard, Vulpes atlantica et une Hyène Hyaena crocuta spelaea, les Rongeurs sont représentés par l’unique Hérisson Hystrix cristata. La faune des grands vertébrés mammaliens de la cuvette d’Aïn Tit Mellil est celle que l’on rencontre normalement ailleurs dans l’ensemble des gisements quaternaires du Maghreb et ne présente rien de caractéristique, dira Arambourg. Si les caractères de ces vertébrés du Pléistocène supérieur n’avaient rien de particulier dans leur composante mammalienne, généralisée à l’ensemble de ce qu’il a pu voir et étudier jusqu’à présent dans les trois pays du Maghreb, en revanche, la présence de certaines espèces forestières comme le Cerf mégacérin ou le Sanglier dénotent une caractéristique environnementale et climatique nouvelle dans les paysages de cette période synchrone du Paléolithique moyen. En effet, l’introduction de nouvelles espèces immigrées au Maghreb, montre à Arambourg qu’on était désormais en face de nouvelles conditions climatiques. Et ces conditions sont clairement visibles en terme géomorphologique et stratigraphique par la présence, notamment au cours de ce qu’il appelait la phase chaude et humide, de formations rouges qui avaient colmaté le fond des grottes littorales. Ces fameuses Terra rossa, présentes sur l’ensemble du littoral méditerranéen et dont il a démontré dans les grottes d’Alger et de Bedjaia leur superposition à la terrasse de 15-18 mètres sont continuellement associées aux cultures Levaloiso-atériennes. Aïn Tit Mellil, comme toutes les autres grottes et carrières du Maroc de cette période fait donc partie selon lui des mêmes phénomènes climatiques. On remarquera par ailleurs, que dans cette publication, en citant Equus mauritanicus de Pomel, Arambourg, pour la première fois dans ses écrits sur cette espèce ne parle pas de Zèbre mais de Cheval, et le compare à une espèce actuelle.

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Le Quaternaire du littoral atlantique Les horizons les plus anciens de la côte marocaine qui avaient mis en évidence des industries acheuléennes dans les environs de Casablanca n’avaient jusque là livré que très peu de faune mammalienne significative. Cependant à Salé près de Rabat, Arambourg décrit en 1938 une mandibule d’Elephas meridionalis, trouvée dans un niveau à poudingues représentant la base du Pléistocène moyen. Il devait confirmer son point de vue par les travaux sur la Préhistoire ou la Géologie locale qui se faisaient par ailleurs. On savait déjà que les recherches de Neuville et Ruhlmann en 1941 avaient esquissé les grandes lignes notamment sur la série des Grès littoraux de Rabat de la côte marocaine montrant les épisodes successifs du Pléistocène moyen. La faune provenant des localités proches de Rabat et dans les niveaux moyens lui montraient des caractéristiques anatomiques, biostratigraphiques, paléoenvironnementales, identiques à celles qu’il avait rencontrées ailleurs, que ce soit au Maroc ou en Algérie. Cette faune aux caractères africains tropicaux ressemblait fort à la riche faune retrouvée par Pomel à Palikao (notons qu’Arambourg n’a pas encore réalisé ses importantes fouilles des années cinquante sur ce site et utilise toujours l’appellation de Palikao et non pas celle de Ternifine). Nous avons vu plus haut qu’Arambourg était embarrassé à l’idée d’être en présence de gisements non stratifiés et il devait asseoir ses interprétations faunistiques sur la base d’éléments stratigraphiques bien définis. Lui-même était assez sévère dans ses critiques envers des auteurs peu rigoureux dans leurs synthèses géologique ou paléontologique, même si le contenu fossilifère peu abondant était parfois fort intéressant (cf. les trouvailles de Philippe Thomas d’Hipparion gracile dans les calcaires lacustres d’Aïn Hadj Baba près de Constantine, douteuses pour Arambourg, ou la découverte de vertébrés de Roman dans l’Oasis de Tozeur du Sud Tunisien, soit-disant du Pontien, étaient dans presque leur totalité incertains selon Arambourg). Confronté déjà aux problèmes que présentait le pourtour méditerranéen face aux mouvements tectoniques qui avaient déplacé ou déformé les sites littoraux, Arambourg, connaissant si bien ces régions méditerranéennes instables, devait désormais se baser sur les nouvelles recherches réalisées au Maroc le long de la côte atlantique. En effet, cette région avait connu un grand nombre de travaux effectués aussi bien par des paléontologues et préhistoriens que par des géographes et géologues, dont les noms sont aussi célèbres que leurs travaux tels que Raynal, Choubert, Gigout, Gauthier, Joly, Lecointre, Biberson, l’Abbé Roche. Certains de ces derniers avaient d’abord dès 1948 fait des observations au niveau des terrasses continentales, notamment sur les basses terrasses des fleuves marocains et celles de la Vallée de la Moulouya, observations qui devaient aller dans le sens d’Arambourg, à savoir que les réseaux hydrographiques étaient régis par des 105

conditions climatiques et que les terrasses alluvionnaires s’étaient formées lors d’une intense activité pluvieuse. Concernant le Quaternaire des côtes atlantiques du Maroc, la région la plus stable se situerait dans la Méséta qui s’étend entre les plissements du Rif au Nord et de l’Atlas au Sud, même si tout le monde connaissait les déformations qui avaient affecté au Nord la région de Rabat et au Sud celle de Doukkala. Cependant la zone de Casablanca offrait les meilleures conditions eues égard à ses moindres mouvements tectoniques. C’est dans cette zone que la fameuse coupe de la carrière de Sidi Abderrahmane avait montré tous ses atouts, tant stratigraphique, préhistorique que paléontologique et qui devait pour longtemps encore servir de coupe-type de référence au Quaternaire atlantique. Elle offrait en effet le cadre idéal des interprétations des industries lithiques du Paléolithique incluses dans les séries de terrasses correspondantes. Cette fameuse coupe de Sidi Abderrahmane fut d’abord étudiée par Neuville et Rhulmann dans les années quarante, puis plus tard par Biberson qui devait y consacrer plusieurs années dont les recherches aboutirent à la découverte d’industries paléolithiques dans des niveaux bien datés. Dans sa note de 1962 qui figurait dans les Actes du IVème Congrès Panafricain de Préhistoire et de l’Etude du Quaternaire sous le titre Etat actuel des Recherches sur le Quaternaire en Afrique du Nord, Arambourg mentionna la coupe qu’il effectua en 1956 au niveau du marabout de Sidi Abderrahmane. Celle-ci donne les observations des anciennes plages marines successives. Il y note à peu de choses près, de la plus ancienne à la plus récente les caractéristiques suivantes : -

Plages quaternaires les plus anciennes (niveau L0, altitude + 100 mètres), possédant des industries archaïques de type Pebble-culture. Les dépôts de ce cycle renfermaient des faunes d’Invertébrés classiques dont les descriptions détaillées avaient été données par Lecointre. Neuville et Ruhlmann avaient retrouvé des carrières de Sidi Messaoud, devenues classiques depuis. Le Pliocène avec son revêtement dunaire consolidé se poursuit dans l’Est et le Sud-Est.

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Une formation riche par sa faune marine à Acanthina, Trochatella, auquels s’ajoutent dans les niveaux supérieurs Purpura et littorina (groupe des gastéropodes marins), caractéristiques de climats plus tempérés. Quelques pièces relevant de la même technologie que les précédentes se retrouvent à divers niveaux plus récents (lignes de rivages de 60 mètres), accompagnées de bifaces dans les niveaux les plus anciens. C’est cette industrie que Neuville et Ruhlmann avaient relevé, immédiatement antérieure à la transgression du niveau marin de 60 mètres (base de L1). L’industrie acheuléenne assez ancienne 106

de la STIC sur le prolongement de la carrière de Sidi Abderrahmane est antérieure à la grande dune régressive. -

La ligne de rivage (L2) est définie par des sables et poudingues à faune marine à l’altitude de 30 mètres. Cette formation correspond au remplissage de toute une série de grottes le long de la falaise qui ont été colmatées par les sables et limons rouges de la régression D2. L’industrie acheuléenne est encore présente dans ce niveau et se développe dès la transgression marine du 3è cycle, visible dans la plage L2 et les niveaux régressifs de D2.

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La plage marine de L3, riche en Purpura est à l’altitude de 8 à 10 mètres. Ce niveau, recouvert de limons rouges plonge vers la mer où il s’enfonce sous une dune consolidée (D3). La plage à limons rouges disparaît sous les sables de dunes actuels. Les niveaux L3 et D3 de ce dernier cycle n’ont pas livré d’industrie, cependant Arambourg fit le parallèle avec d’autres niveaux synchrones de la côte marocaine ayant livré un Acheuléen terminal et une industrie moustéro-atérienne des niveaux des couches rouges de la régression D3, en particulier les grottes littorales des environs de Rabat.

Les travaux de vérification de stratigraphie de l’ensemble du Quaternaire de Rabat furent réalisés grâce à un sondage effectué à la demande de Lecointre au lieu dit « plage de Khébidat » sur la côte ouest de Rabat, et à l’endroit même où avaient été découvert dans la dune consolidée les vestiges humains d’un jeune Atlanthrope, dénommé Homme de Rabat. Grâce aux travaux de géologie des auteurs marocains et grâce à la ténacité d’Arambourg qui a effectué de nouvelles coupes pour comprendre et mettre en lumière les différents cycles successifs des plages marines de la côte atlantique, un grand travail de corrélation synthétique du Quaternaire nord africain, a pu être réalisé. Cependant, il abandonne les dénominations locales de la stratigraphie marine ou continentale (Messaoudien, Moghrebien, Salétien, Moulouyen, du premier cycle ; Maarifien, Amirien du deuxième cycle ; Tyrrhénien I, Anfatien, Tensiftien du troisième cycle et Tyrrhénien II, Ouljien, Soltanien du quatrième cycle) et les remplace par les plus classiques (Calabrien, Sicilien, Milazzien et Tyrrhénien) sous le prétexte, pour certains, d’une terminologie synonyme à celle qui prévaut en Méditerranée, pour d’autres d’une appellation trop locale. Dans son ouvrage posthume de 1979, Arambourg replace dans le cadre des corrélations du Quaternaire d’Afrique le même tableau en y insérant cette fois la nomenclature des cycles de Biberson du plus ancien au plus récent (Moulouyen, Messaoudien, Moghrebien, Salétien, Maarifien, Amirien, Anfatien, Tensiftien, Harounien, Présoltanien, Ouljien, Soltanien, Rharbien). 107

On sait aujourd’hui que, non seulement la terminologie du Maroc atlantique a été maintenue et développée par Biberson puis par la suite par de grands travaux grâce à la découverte de nouveaux gisements pliopléistocènes et pléistocènes à la périphérie de Rabat et dans les carrières du littoral, mais aussi qu’elle est difficilement transposable aux gisements méditerranéens d’Algérie ou de Tunisie. Plusieurs essais n’ont pas donné les résultats escomptés, et si certains auteurs continuent à faire des corrélations entre les gisements, surtout des deux pays, c’est plus par souci de corrélation chronologique eu égard aux faciès sédimentaires et pédogénéisés de certains cycles marins, à la technologie des chaînes opératoires de l’industrie lithique, aux espèces animales qui s’y présentent ou aux restes humains qui y sont associés. Les hommes fossiles du Maroc Les restes fossiles d’Hominidés du genre Homo sont nombreux et sont présents sur l’ensemble du Quaternaire marocain sans interruption jusqu’au Néolithique. Les Homo erectus ont été retrouvés à Sidi Aberrahmane près de Casablanca, à Rabat, à Salé, dans les Carrières Thomas, associés aux industries du plus ancien acheuléen au plus récent. Les Homo sapiens archaïques comme ceux de Djebel Irhoud, retrouvés près de Safi, ont été longtemps considérés comme une sous-espèce néandertalienne, car replacée dans un contexte moustérien, mais aussi par ses caractéristiques morphologiques notamment une voûte très étirée vers l’arrière et un torus sus-orbitaire proéminent. Les niveaux atériens des grottes de Dar Es Soltan I et II près de Rabat avaient également livré des Homo sapiens archaïques mais plus récents que ceux de Djebel Irhoud. Quant aux Homo sapiens plus modernes, la grotte de Taforalt près d’Oujda avait livré une importante grotte sépulcrale dans les niveaux ibéromaurusiens. De tous ces restes d’hommes fossiles du Maroc, Arambourg n’eut l’occasion d’étudier qu’une seule pièce, celle qui correspond à la mandibule d’un jeune Homo erectus provenant de la grande dune de Rabat que Biberson lui avait confié pour étude. Cependant, même si ce spécimen était souvent cité par Arambourg dans ses diverses publications (Les Pithecanthropiens, extrait de l’ouvrage Mélanges Pittard, paru en 1957, ou Découverte d’une nouvelle mandibule d’Atlanthropus à Ternifine, dans Le Dentiste de France, également en 1957, entre autres), on ne connaît pas de publication de lui sur ce fossile.

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Les recherches en Tunisie Les anciennes découvertes Si on veut résumer les découvertes qui ont été faites dans ce pays et les comparer à celles qui avaient vu le jour au Maghreb, dont le matériel fossile fut récolté et/ou étudié par Arambourg, il faudrait passer en revue les grandes découvertes des gisements fossilifères de la Tunisie. De prime abord, ce qui saute aux yeux quand on aborde la recherche paléontologique, préhistorique et anthropologique de la Tunisie dans le cadre géologique et stratigraphique du Maghreb, c'est le déséquilibre flagrant qui existe entre les contenus des gisements tertiaires et quaternaires. En effet, si depuis le Trias jusqu’au Pliocène final, les sites fossilifères de la Tunisie sont remarquablement bien conservés et stratifiés, ceux du Quaternaire et à l’exception de l’unique site du Paléolithique inférieur de Sidi Zin, sont incroyablement pauvres. Pourtant, les premières recherches de terrain en Tunisie livrèrent rapidement des fossiles non sans grande importance. C’est Le Mesle, qui en 1881, trouva dans le Miocène moyen du Chérichera, dans la région de Kairouan, une première mandibule de Mastodonte assimilée au Mastodon angustidens de Cuvier d’Europe. La faune de ce gisement de la Tunisie centrale fit l’objet d’études par Gaudry en 1891, Bergounioux et Clauzel en 1956 et Robinson et Black en 1969 qui déterminèrent Rhychotherium spenceri, et des Mastodontes des genres Tetralophodonte et Deinotherium. Le Sud tunisien verra ses premières découvertes en 1910 par le Dr Gobert dans les niveaux continentaux de la région du Chott Djerid, près de Tozeur, les premiers restes de Vertébrés pontiens de l’Afrique du Nord, dont Boule donnera les premières descriptions la même année. Plus tard, et à la suite de fouilles dirigées par Solignac, celui-ci et Roman publièrent en 1931 une monographie sur la faune du Pontien dans le Sud tunisien. Cette faune qui se révéla très importante (datée désormais du Mellalien et du Vallésien) avait fait l’objet de plusieurs recherches sur les Mammifères et les Oiseaux notamment par Black en 1972, Forstein en 1972, Vickers Rich en 1972, Robinson et Black en 1969. Solignac qui avait consacré une thèse de 756 pages, en 1927, sur la Géologie de la Tunisie septentrionale connaissait parfaitement le terrain de ce pays et continuait d’y faire des découvertes. Celle de Douaria, dans le Nord de la Tunisie, est un gisement stratifié du Miocène supérieur comprenant Merycopotamus. Des auteurs contemporains comme Guérin en 1966 et Black en 1972 avaient révisé le matériel et avaient reconnu Diceros douariensis ou Merycopotamus anisae.

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En 1951, A. F de Lapparent avaient indiqué dans le Sud Tunisien la présence d’une faune de Poissons et de Reptiles dans le Trias supérieur et le Crétacé inférieur. Les fossiles extraits par cet auteur dans la région d’Aoulef, notamment des Dinosauriens théropodes, des Sauropodes, des Crocodiliens, ont été largement exploités par les paléontologues en l’occurrence Arambourg. Concernant les gisements plio-pléistocènes, le mérite des découvertes des gisements d’Aïn Brimba et du Lac Ichkeul revient à Arambourg. Pour le Quaternaire, Solignac avait en 1924, décrit un Buffle Buffelus palaeindicus dans la région de Bizerte. Ce grand Boviné entre aujourd’hui dans la classification des grands Buffles quaternaires d’Afrique du Nord Syncerus antiquus. La contribution d’Arambourg à l’étude des gisements tunisiens est de moindre importance si on la compare à celles du Maroc et surtout de l’Algérie. Cependant, sa participation n’a pas été négligeable, puisque en dehors des études de certains fossiles et de la fouille de gisements, les synthèses qu’il réalise sur les gisements tunisiens, surtout ceux du Tertiaire, toujours dans une optique générale maghrébine comme il sait le faire à chaque fois, sont jusqu’à aujourd’hui des documents de très grande valeur scientifique et hitoriographique. Dans certaines de ses monographies notamment Les Vertébrés fossiles des Phosphates de l’Afrique du Nord, parue en 1952, la Paléontologie des Vertébrés en Afrique du Nord, également en 1952, les Vertébrés du Pléistocène de l’Afrique du Nord, Tome 1, Les Vetébrés du Pléistocène de l’Afrique du Nord, Fasc. 1., en 1970 et celle de 1979 sur les Vertébrés villafranchiens d’Afrique du Nord, il insiste sur le caractère non moins important des sites de la Tunisie. Du Sud tunisien, dans le Djebel M’Dilla, Arambourg a étudié une faune datant du Miocène supérieur qui comprend Hipparion, Mastodon, un grand Giraffidé, diverses Antilopes ainsi que des Poissons et des Crocodiliens; alors qu’en Tunisie centrale, et plus précisément dans le Djebel Bou Gobrine de la chaîne Nara Kralif au Sud du coude de l’Oued Zeroud, Arambourg et ses collègues explorent le site en 1961, site qui avait déjà livré quelques restes de Vertébrés en 1959. Les affleurements étudiés par Pavillier et Sidi Saad se trouvaient au Sud de la piste de Kairouan à Hadjeb el Aioun. Les dépôts oligocènes appartiennent à la formation des Grès de Fortuna qui avaient été définis au Cap Bon et en Tunisie orientale. Les Vertébrés déterminés par Arambourg renferment des restes de Palaeomastodontiné du genre Phiomia (un des plus anciens Proboscidiens), évoquant Phiomia osborni de l’Oligocène inférieur du Fayoum ainsi que des restes d’un grand Artiodactyle suiforme, probablement un Anthracothéridé.

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Arambourg fouilla en Tunisie deux gisements qui étaient pour lui d’une très grande importance paléontologique et stratigraphique pour l’Afrique du Nord, Garet (ou Lac) Ichkeul près de Bizerte et Aïn Brimba près du Chott Djerid. Le premier est fouillé pendant trois campagnes de fouille en collaboration avec Arnould en 1947, 1948 et 1949, grâce à l’appui du Service géologique de Tunisie. Le site consiste en un affleurement le long de la rive nord du Lac Ichkeul d’une série argilo-gréseuse. Ce qui dénote le caractère primordial de ce site villafranchien est sa correspondance stratigraphique avec une terrasse marine quaternaire à Cardium qui recouvre en un cycle transgressif, la série à une altitude d’environ 12 mètres. Les niveaux les plus anciens de la série marine sont formés essentiellement d’argiles renfermant une faune abondante, typique du Pliocène méditerranéen. Le sommet est constitué de grès durs marins, riches en débris d’Huitres, puis ces formations passent à des alternances continentales de sables et gravillons à des argiles lacustres. Les ossements de vertébrés mammaliens et de Chéloniens (Tortues) proviennent des deux extrémités de l’affleurement et sont richement constitués de Anancus osiris, Elephas africanavus, Cerathoterium simum mauritanicum, Dicerorhinus africanus, Camelus thomasi, Stylohypparion libycum, Hippopotamus amphibius, Libytherium maurusium, Redunca khroumirensis, Hippotragus priscus, Testudo punica. Plusieurs espèces nouvelles ont été décrites par Arambourg dans ce gisement. C’est le cas notamment de Redunca khroumirensis, Hippotragus priscus, Testudo punica. Les résultats des fouilles sont publiés en 1949 dans le Bulletin de la Société Naturelle de la Tunisie. Lors de la fouille de ce gisement, Arambourg recueille une flore dans les dépôts lacustres où dominent les types caducifoliés. Elle est composée de : Salix alba, Salix canariensis, Pterocarya, Juglans regia, Quercus, Quercus afares, Quercus ilex, Quercus suber, Fagus silvatica, Ulmus scabra, Eleagnus angustifolia, Cassia, Cerato Ceratonia siliqua, Rhus coriaria, Sapindus sp. 1, Sapindus sp. 2, Laurus nobilis, Pittosporum, Olea europea. Parmi cette flore à feuilles caduques, on retrouve selon Arambourg, Arenes et Depape, cinq espèces (26%) d’affinités tropicales (Saules des Canaries, Cassia, Sapindus (arbre à savon), Pittosporum) et un ensemble à caractère plus ou moins boréal (l’Olivier de Bohème, Saules blancs, Hêtres communs, l’Orme) ainsi que des éléments eurosibériens. Les plantes autochtones actuelles du Nord de l’Afrique sont relativement faibles (47%). Il semble que cette flore de la base du Villafranchien corresponde à une période climatique de transition. Le deuxième gisement, Aïn Brimba, situé au bord du Chott Djerid dans le Sud tunisien, livre une faune aussi importante que le premier avec Elephas africanavus, Cerathoterium simum mauritanicum, Stylohypparion libycum, 111

Libytherium maurusium, Giraffa pomeli, Capra primaeva, Gazella setifensis, Parantidorcas latifrons, Crocuta crocuta, Hyaena striata praecursor, Machairodus africanus, Anomalopithecus bicuspitatus. Arambourg décrit également dans ce site, des taxons nouveaux comme la Hyène striée, le Machairodus ou le Cercopithèque dont il avait créé un nouveau genre Anomalopithecus. Cependant dans ce dernier, le genre comme l’espèce ont été annulés par la suite en raison d’une erreur de détermination (voir chapitre les erreurs de détermination). Ces deux gisements d’importance figureront dans la classification qu’a faite Arambourg sur la base des faunes de Vertébrés d’Afrique du Nord. Lac Ichkeul, Aïn Brimba, en Tunisie, Fouarat et Oued Akrech au Maroc, Aïn Boucherit en Algérie caractérisent le Villafranchien inférieur, possédant en commun des espèces comme les Proboscidiens Anancus Osiris, Elephas africanavus et Stylohypparion libycum. Les gisements d’Aïn Hanech, Bel Hacel, Mansourah en Algérie et celui de Salé dans les environs de Rabat, caractérisent le Villafranchien supérieur avec notamment la disparition des deux Proboscidiens et le remplacement de l’Elephas africain par une espèce plus progressive, Elephas moghrebiensis (dénommée aujourd’hui Mammuthus meridionalis), définie à Aïn Hanech.

Les recherches en Egypte et en Libye Les gisements du Fayoum L’endémisme du peuplement des Vertébrés d’Egypte est assez ancien et figure parmi les gisements les plus classiques d’Afrique. Son histoire paléontologique commence avec les gisements du Fayoum. Les gisements célèbres de la vallée du Nil datent de l’Eocène, de l’Oligocène et du Miocène inférieur. Arambourg, n’a jamais fouillé dans le Fayoum, cependant, parmi les synthèses qu’il fait sur les faunes mammaliennes ou sur les Vertébrés en général de l’Afrique du Nord, il ne rate jamais l’occasion de replacer ces grands ensembles faunistiques dans leur cadre biostratigraphique et biogéographique. Les courtes contributions mais largement documentées sont publiées dans les Comptes rendus sommaires des Séances de la Société de Biogéographie en 1951 (La succession des faunes mammalogistes en Afrique du Nord au cours du Tertiaire et du Quaternaire) ou Continental Vertebrate Faunas of the Tertiary of North Africa, en 1963 dans African Ecology and Human Evolution. Dans cette dernière publication ainsi que dans celle, publiée avec Magnier en 1961 (Gisements de Vertébrés dans le Bassin tertiaire de Syrte (Libye), dans les Comptes rendus de l’Académie des Sciences, il décrit une riche faune découverte en 1960 et 1961 par les explorations pétrolières de TOTAL dans 112

le désert Libyen. Elle est constituée d’une faune éocène dont la base des gisements est formée de niveaux marins antérieurs au Lutétien, surmontée de niveaux fluvio-marins. Le niveau inférieur de l’Eocène est riche en Cétacés (Prozeuglonisis, Protocetus atavus, Eocetus), en Siréniens (Protosirien, Eotheroides aegyptiacum, Libycum, abeli, majus, Trichechus Coulombi), en Crocodiliens (Tomistoma kermesse) et en Poissons. Le niveau supérieur correspond à la fin du Lutétien et est constitué par l’horizon Qasr-el-Sagha. Il contient également des espèces de Cétacés, des Mammifères continentaux (Moeritherium, Barytherium grave, des Reptiles et des Poissons). La série oligocène du Fayoum décrite par Arambourg est nettement plus riche et plus variée que celle de l’Eocène. Elle est caractérisée essentiellement par l’apparition de vrais Proboscidiens, une abondance d’espèces hyracoïdes dont certaines sont des formes géantes, un grand nombre d’Anthracothères ainsi que la présence de Primates catarhiniens. La liste faunique qu’il donne ci-dessous, confirme nettement la richesse de cette série oligocène : Insectivores : Metolbodotes stromeri Chiroptères : Vampyravus orientalis, Ptolemaia lyonsi Rongeurs : Phiomys andrewsi, Metaphiomys beadnelli Carnivores : Sinopa aethiopica, Metasinopa frasai, Apterodon altidens, Macrognathus minutus, Pterodon africanus, leptognathus phiomensis, Hyaenodon brachycephalus Primates : Moeripithecus markgrafi, Apidium phiomensis, parapithecus frasai, Propliopithecus haeckelli Proboscidiens : Moeritherium andrewsi, Palaeomastodon beadnelli, P. barroisi, P. intermedius, P. parvus, Phiomia serridens, P. minor, P. osborni, P. wintoni Embrithopodes : Arsinoitherium zittelli Hyracoïdes : Pachyhyrax crassidentatus, Saghatherium antiquum, S. annectens, S. euryodon, S. macrodon, S. sobrina, Geniohyus mirus, G. diphycus, G. gigas, G. Magnus, G. micrognathus, G. subgigas, Bunophyrax fajumensis, B. affinis, B. major, Megalohyrax eocaenus, M. minor, M. niloticus, M. pygmaeus, M. suillus, Titanohyrax palaeotherioides, Andrewsi schlosseri, A. ultimus Artiodactyles : Mixtotherium mezi, Rhagatherium aegyptiacum, Brachyodus andrewsi, B. fraasi, B. gorgerin, G. parvus, B. rugulosus Oiseaux : Eremopezus eocaenus Reptiles : Crocodilus participes, Megarhinus, Tomistona gravialoides, Testudo ammon, Beadnelli, Isis, Podocnemis fajumensis, Stereogenys libyca Poissons.

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Arambourg décrit cette faune, comme ayant des caractéristiques semblables par certains points à celle d’Europe, mais qui s’en distingue largement par l’abondance des espèces typiquement africaines. Les Hyracoïdes y sont représentés par plusieurs genres et par un grand nombre d’espèces. C’est dans cette faune, que pour la première fois, les spécialistes ont pu trouver les relations entre les Siréniens et les Proboscidiens, car on ne connaissait jusqu’alors de Proboscidiens qu’à partir du Miocène inférieur d’Europe, représentés par des formes déjà très spécialisées comme celles des Mastodontes longirostres. Les traités de Paléontologie apprécient à juste titre l’exemple du Fayoum dans l’évolution de certains groupes de Vertébrés. C’est le cas du genre Moeritherium de l’Eocène du Fayoum considéré comme le premier Proboscidien. Cet animal a la taille d’un Porc, des pattes massives et terminées par des sabots, le crâne allongé en mufle pourvu d’une denture presque complète, les deux incisives inférieures commencent à se développer en défenses, les molaires présentent 4 tubercules et un talon. La position de la narine montre que cet animal n’a pas encore de trompe. Les deux genres retrouvés dans l’Oligocène du Fayoum, Palaeomastodon et Phiomia ont déjà un aspect beaucoup plus proche de celui des Eléphants. Ce sont ces deux genres qui vont donner les deux grands rameaux de l’Ordre des Proboscidiens : les vrais Mastodontes et les Eléphants. La même caractéristique est valable pour le groupe des Primates : les gisements du Fayoum vont livrer pour la première fois les restes de véritables Singes, notamment Apidium phiomensis, décrit par Osborn en 1908 après qu’il fut convaincu par Stromer de l’Ancienneté du Fayoum. Ce dernier retrouva d’ailleurs un grand nombre de fossiles notamment des rostres d’Anchopristis numidus, des Poissons-scies dans le Cénomanien d’Egypte, qu’Arambourg révisera en 1940 dans sa nouvelle classification des Ganopristinés, la Sous-famille des Poissons-scies fossiles. Sa deuxième contribution importante sur l’Egypte est la découverte et la description d’une nouvelle espèce de Mastodonte dans le Pliocène inférieur. Assez curieusement, la pièce décrite par Arambourg en 1945 repose sur une molaire qui figure dans les collections de Paléontologie du Muséum et qui provient des environs de Gizeh. Ce nouveau taxon, décrit sous le nom d’Anancus Osiris, est un Mastodonte tétralophodonte, celui-là même qu’il décrit dans le Villafranchien inférieur de l’Aïn Boucherit à El-Eulma en Algérie, dans le Lac Ichkeul en Tunisie et dans le gisement marocain de Fourat. Lors de son passage sur le terrain à Gizeh en 1947, il réussit à retrouver le lieu de la découverte, une série sédimentaire appuyée contre le plateau calcaire des pyramides et qui est formée de dépôts fluviatiles.

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La Libye Lors de ses travaux sur les Vertébrés du Fayoum en Egypte (Continental Vertebrate Faunas of the Tertiary of North Africa ) puis sur ceux effectués en collaboration avec Magnier sur le Bassin de la Syrte en Libye, (Gisements de Vertébrés dans le Bassin tertiaire de Syrte (Libye) à partir des découvertes de Total en 1959 puis en 1960 et 1961, Arambourg découvre pour la première fois l’extension des niveaux oligocènes du Fayoum jusqu’en Libye, alors que pendant longtemps, les gisements connus du Fayoum étaient concentrés de long de la Vallée du Nil. Les caractéristiques géologiques et paléontologiques de ces deux pays en comparaison avec les autres pays de l’Afrique du Nord ont permis à Arambourg de classer les Vertébrés continentaux du Tertiaire nord africain en deux zones. La première, la zone de l’Atlas, regroupe la plus grande partie du Maghreb, dont l’extension va depuis le Nord de la Mauritanie jusqu’au rebord tunisien du Golfe de Syrte. Les séries lacustres fossilifères qui proviennent de cette zone donnent des Vertébrés sporadiques et appartiennent généralement au Miocène. La seconde, la zone du Sahara nilotique, correspond aux régions planes qui s’étendent au Sud des montagnes de l’Atlas jusqu’à la Mer rouge. Ces régions incluent la Libye et le Nord de la Vallée du Nil et sont extrêmement riches en vertébrés du Tertiaire notamment au Fayoum. Le site de Zelten, retrouvé dans le Burdigalien de Libye en 1960 par Magnier puis exploré en commun, a livré des Vertébrés étudiés notamment par Arambourg qui reconnait, entre autres, des Mastodontes (Mastodonte pygmaeus), Brachyodus, des Giraffidés (Prolibytherium magneri), Libycochoerus, Afrocyon, des Reptiles (Euthecodon, Crocodilus), des Poissons notamment des Siluriens et des Oiseaux du groupe des Aepyornithidés. Cette faune a permis à Arambourg d’établir les relations phylogénétiques et biogéographiques de certains animaux provenant de Zelten, notamment l’origine africaine des Giraffidés ou les relations indiennes de certains Suidés (Libycochoerus). Parmi ces Vertébrés, Arambourg décrit un Vélléricorne primitif qui s’inscrit dans l’ascendance des Sivathérinés, des Giraffidés fossiles. Le nouveau genre et la nouvelle espèce (Prolibytherium magneri) reconnus sont dédiés à son collègue de terrrain Magnier. Ce Giraffidé primitif de petite taille, au crâne allongé et étroit, est muni d’une paire de larges expansions osseuses sans aucune suture entre le crâne et cette ramure et sans aucune différence de structure histologique, ce qui indique apparemment des appendices permanents et non caduques. Arambourg conclue qu’aucun Ruminant vivant ou fossile ne possède de telles ramures, et même s’il fait partie de la famille des Giraffidés, il s’éloigne des Sous-familles des Giraffinés et des Paléotraginés, mais se rapproche des Sivathérinés afro115

asiatiques dont les appendices crâniens sont comme ceux de Libytherium, volumineux, ramifiés et orientés vers l’avant. Un autre gisement du Tertiaire, probablement Pontien est également décrit en Libye par Arambourg. le site fluvio-marin de Sahabi, situé dans les environs de Benghazi a livré également une faune abondante dont des Mastodontes (Stegotetrabelodon syrticus, et libycus, Stegolophodon sahabianis, Stegodon syrticus, Pentalophodon sivalensis), des Bovidés, des Crocodiliens, et des Poissons.

Troisième partie : Les recherches en Afrique Orientale

Parmi les recherches importantes d’Arambourg dans le continent africain et après celles de l’Afrique du Nord, on retiendra, bien entendu, l’Afrique orientale avec ses nombreuses missions depuis 1932. Ces premières explorations sont réalisées jusqu’à la fin des années 1960, puisqu’une année avant son décès en 1969, il effectue encore avec son équipe française, constituée d’Yves Coppens et de Jean Chavaillon la plus importante mission de l’Omo, avec une faune qui se chiffre à plusieurs tonnes d’ossements ainsi que la découverte pour la première fois dans ces régions, de restes fossiles d’hominidés. En fait, les missions et les nombreuses études faunistiques et géologiques que réalise Arambourg depuis les années trente se font simultanément avec celles d’Afrique du Nord, puisque sur les dix années qui précèdent la première mission de l’Omo, les premières études des faunes pléistocènes d’Algérie viennent à peine d’être décrites, comme les Mammifères quaternaires de l’Algérie, la Découverte de l’ossuaire d’Afalou Bou Rhummel, la description des grottes des environs d’Alger ou les premières études sur les Ours fossiles d’Algérie. Toutes celles qui seront décrites postérieurement se situeront dans la même période que celles des pays de l’Afrique de l’Est. Avant de voir dans le détail les principaux points soulevés par Arambourg sur ses missions en Afrique orientale et afin de juger de l’importance des matériaux recueillis, voyons la liste des publications qui ont vu le jour. -

1933. "La mission scientifique de l’Omo (1932-33)" (en collabotation avec R. Jeannel), dans le Bulletin de la Société des Amis du Muséum.

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1933. "Observations sur la bordure Nord du Lac Rodolphe", dans les Comptes rendus de l’Académie des Sciences.

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1933. "Découverte d’un gisement de Mammifères burdigaliens dans le Bassin du lac Rodolphe (Afrique orientale)", dans Compte rendu sommaire de la Société géologique de France

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1933. "Les formations prétertiaires de la bordure occidentale du Lac Rodolphe (Afrique orientale)", dans les Comptes rendus de l’Académie des Sciences.

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1934. "Mammifères Miocènes du Turkana (Afrique orientale)", dans les Annales de Paléontologie.

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1934. "Les formations éruptives du Turkana (Afrique orientale)", dans les Comptes rendus de l’Académie des Sciences.

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-1934. "Les résultats géologiques de la mission de l’Omo", dans Compte rendu Sommaire de la Société géologique de France.

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1934. "Le Dinotherium des Gisements de l’Omo", dans Compte rendu Sommaire de la Société géologique de France.

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1934."Le Dinotherium des Gisements de l’Omo (Abyssinie)", dans Bulletin de la Société géologique de France.

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1935. "Historique et itinéraire de la Mission de l’Omo" (en collabotation avec P. A. Chappuis et R. Jeannel), dans les Comptes rendus de l’Académie des Sciences.

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1935. "Esquisse géologique de la bordure occidentale du Lac Rodolphe", dans les Publications du Musém National d’Histoire Naturelle.

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1941. "Antilopes nouvelles du Pléistocène ancien de l’Omo (Abyssinie)", dans le Bulletin du Muséum National d’Histoire Naturelle.

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1942. "Sur les rapports et la distribution paléogéographique de quelques éléphants fossiles", dans les Comptes rendus de l’Académie des Sciences.

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1942. "L’Elephas Recki Dietrich ; sa position systématique et ses affinités", dans le Bulletin de la Société géologique de France.

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1943. "Sur les affinités de quelques Anthropoïdes fossiles d’Afrique et leurs relations avec la lignée humaine", dans les Comptes rendus de l’Académie des Sciences.

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1943. "Observations sur les Suidés fossiles du Pléistocène d’Afrique", dans Bulletin du Muséum National d’Histoire Naturelle. 118

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1943. "Contribution à l’étude géologique et paléontologique du Bassin du Lac Rodolphe et de la Basse Vallée de l’Omo. Première partie : Géologie, Anthropologie " (Mission scientifique de l’Omo, T. I, fascicule 2), dans les Editions du Muséum.

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1944. "Les hippopotames fossiles d’Afrique", dans les Comptes rendus de l’Académie des Sciences.

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1946. "Au sujet des variations saisonnières du lac Rodolphe pléistocène", dans Compte rendu Sommaire de la Société géologique de France.

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1947. "Contribution à l’étude géologique et paléontologique du Bassin du Lac Rodolphe et de la Basse Vallée de l’Omo. Deuxième partie : Paléontologie" (Mission scientifique de l’Omo, T. I, fascicule 3), dans les Editions du Muséum.

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1951. "Découverte du genre Moeritherium Andrews dans le Tertiaire continental du Soudan" (en collabotation avec J. Kikoine te R. Lavocat), dans les Comptes rendus de l’Académie des Sciences.

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1952. "The African Pleistocene Mammals", dans Proceed. First Pan african Congr. Prehist., Nairobi, 1947.

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1952. "Observations sur la phylogénie des Primates et l’origine des Hominiens", dans Proceed. First Pan african Congr. Prehist., Nairobi, 1947.

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1967. "La deuxième mission scientifique de l’Omo", dans l’Anthropologie.

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1967. "Sur la découverte dans le Pléistocène inférieur de la Vallée de l’Omo (Ethiopie)", d’une mandibule d’Australopithécien (en collabotation avec Y. Coppens), dans les Comptes rendus de l’Académie des Sciences.

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1967. "Premiers résultats de la nouvelle mission de l’Omo (1967)" (en collabotation avec J. Chavaillon et Y. Coppens), dans les Comptes rendus de l’Académie des Sciences.

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1968. "Découverte d’un Australopithécien nouveau dans les gisements de l’Omo (Ethiopie)" (en collabotation avec Y. Coppens), dans South African Journal of Science.

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1969. "La nouvelle expédition scientifique de l’Omo", dans Revista Di Scienze Preihistoriche.

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1969. "Nouvelles données paléontologiques sur l’Age des « Grès du Lubur » (Turkana Grits) à l’Ouest du Lac Rodolphe", dans Compte rendu Sommaire des séances de la Société géologique de France.

A la lecture de cette imposante liste, on s’aperçoit finalement que sur plus de trente années de recherches sur le matériel récolté dans les gisements de l’Afrique orientale, seules trois expéditions ont pu se réaliser, la première en 1932-1933, les deux suivantes en 1967 et 1968. L’interruption des missions dans les années cinquante est due surtout aux conflits qui siégèrent dans ces régions. Les diverses contributions d’Arambourg sur cette région des lacs d’Afrique orientale seront publiées dans deux monographies, volumineuses par leur taille et imposantes par leur richissime contenu fossilifère. La première contribution en 1943 est consacrée au Tome I et le fascicule II de la Mission scientifique de l’Omo sous le titre Contribution à l’étude géologique et paléontologique du Bassin du Lac Rodolphe et de la Basse Vallée de l’Omo. Première partie, Géologie et Anthropologie. La seconde, publiée en 1947 (en réalité en 1948), sera consacrée au fascicule III du Tome I, intitulée Contribution à l’étude géologique et paléontologique du Bassin du Lac Rodolphe et de la Basse Vallée de l’Omo. Deuxième partie : Paléontologie. Les travaux des expéditions françaises sur l’Afrique de l’Est ont été concentrés surtout sur de grandes régions. La première, la plus anciennement connue est celle de la Basse Vallée de l’Omo, en Ethiopie, la seconde dans le pays kenyan, à l’Est du lac Rodolphe, appelé aujourd’hui Lac Turkana en référence à l’ancien nom. L’Ouest du Turkana était plutôt la chasse gardée des chercheurs anglo-saxons dont les équipes ont été longtemps dirigées par le professeur Louis Leakey, puis par son fils Richard. On verra plus loin que ces trois grandes régions qui traversent l’Ethiopie et le Kenya ont été avec la Tanzanie, les pays d’Afrique orientale qui ont livré les plus importantes séries de fossiles d’Hominidés notamment des Australopithèques.

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Fig. 45. Carte de la vallée de l’Omo (Ethiopie), montrant la répartition des différents camps ayant la charge des fouilles, (archives C. Arambourg, notices des travaux scientifiques).

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Les missions scientifiques de l’Omo Les premières explorations dans la vallée de l’Omo ont été l’œuvre d’Italiens en 1896-1897 mais aucunVertébré fossile ne fut décrit dans les travaux qui avaient vu le jour. Les matériaux consistaient essentiellement en des spécimens de roches ainsi que des mollusques. La première expédition française réalisée en 1902-1903 par le Vicomte du Bourg de Bozas, ramena un grand nombre de vertébrés fossiles, découverts sur la rive droite du fleuve Rodolphe. L’étude que Brumpt réalisa sur cette première série déclancha rapidement l’intérêt des spécialistes, puisqu’elle présentait les premiers documents de fossiles continentaux d’importance en provenance d’Afrique tropicale. Cette collection était restée longtemps une série de référence dans les locaux du laboratoire de Géologie de la Sorbonne du fait de la coexistence d’espèces tertiaires comme certains Proboscidiens ou des Hipparions avec des formes plus récentes, probablement plio-pléistocènes. La première mission d’Arambourg d’octobre 1932 à mars 1933 fut organisée sous l’égide du Négus Hailé Sélassié d’Ethiopie. Les dépôts fossilifères de la Vallée de l’Omo étaient constitués d’alluvions remplissant une vaste dépression qui prolongeait le fossé du lac Rodolphe sur une distance de plus d’une centaine de kilomètres au Nord de la rive, tout en s’ouvrant largement à l’Ouest, atteignant les massifs volcaniques du Soudan. C’est de ces niveaux érodés que provient la majorité des fossiles de l’Omo, représentés par plusieurs tonnes et des milliers de restes sont encore aujourd’hui l’une des plus belles et des plus importantes collections du Muséum, que plusieurs chercheurs du monde entier viennent consulter pour les besoins d’une étude comparative. Arambourg précisera dans la première monographie que les vertébrés fossiles de l’Omo appartiennent aux niveaux les plus anciens du Pléistocène et que les formes Tertiaires dont faisait allusion Brumpt ne sont que des formes évolutives, rencontrées par ailleurs dans toute l’Afrique. Les deux autres missions, facilitées encore une fois par l’empereur Hailé Sélassié, allaient être d’une autre nature, en raison de leur caractère pluridisciplinaire et international. En effet, eu égard à l’intérêt grandissant de cette région pour la Préhistoire et pour la Paléontologie des Vertébrés et à leurs vastes étendues géographiques, la mission dut être tripartite. Elle fut composée par une équipe anglo-kenyane, dirigée par Louis Leakey pour l’exploration des gisements situés sur la rive gauche du fleuve, une équipe américaine, dirigée par le professeur Clark Howell de l’Université de Chicago qui eut la gestion des secteurs de la grande boucle de l’Omo et l’équipe française d’Arambourg, assistés de ses collaborateurs Yves Coppens et Jean Chavaillon ainsi qu’un parasitologue, le docteur Houin. 122

Celle-ci eut à gérer le secteur méridional, déjà exploité en partie lors de la première mission de 1932.

Fig. 46. Camille Arambourg, sur le terrain en 1969, lors de sa dernière expédition scientifique de l’Omo (Ethiopie). (Ph. Yves Coppens, (archives C. Arambourg, notices des travaux scientifiques).

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Fig. 47. Stratigraphie de la séquence de l’Omo (Ethiopie), établie par Arambourg, (archives C. Arambourg, notices des travaux scientifiques).

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Fig. 48. Planches anatomiques, tirées des travaux d’Arambourg sur les Tragélaphinés et les Menélikinés (antilopes de grande taille), publiés dans le Tome 1 de la Mission scientifique de l’Omo (1932-1933), (archives C. Arambourg, notices des travaux scientifiques).

Les fossiles décrits par Arambourg dans l’ouvrage de 1947 proviennent tous des gisements du Bassin du lac Rodolphe et de la Vallée de l’Omo et appartiennent à des Mammifères, des Reptiles et des Poissons qui caractérisent une faune de savane et de prairies humides avec très peu d’éléments forestiers ou montagnards. Les Proboscidiens, représentés par 125

les genres Dinotherium et Elephas (ou Loxodonta, suivant les auteurs) sont des crânes, des mandibules et des dents isolées d’une extrême beauté et d’une richesse encore jamais égalées pour l’époque, alors que le nombre d’espèces d’Eléphants fossiles signalés en Afrique australe est ahurissant, déterminés sur la base de dents isolées, parfois sur des pièces très fragmentaires. Les Rhinocérotidés, les Equidés, les Hippopotamidés, les Suidés, les Giraffidés, les Bovidés, les Carnivores, les Primates, les Crocodiliens, les Tortues et les Poissons sont aussi nombreux dont beaucoup de taxons nouveaux. Parmi les 44 espèces qui composent la faune des Vertébrés de ces sites, on notera 2 espèces de Proboscidiens, 1 de Rhinocéridé, 2 d’Equidés tridactyle et monodactyle, 1 d’Hippopotame, 4 de Suidés dont un Phacochère, 3 de Giraffidés, 13 de grands Bovidés essentiellement des Antilopes, 1 de Carnivore, 1 de Primate, 3 de Reptiles, 3 de Tortues et 9 de Poissons. Ces derniers concernent des formes étroitement apparentées à des espèces actuelles de la faune provenant du Nil. Parmi elles, on retrouve Polypterus voisin de Polypterus bicher, Lates niloticus, Tilapia voisine de Tilapia crassipina. A côté de ces espèces, Arambourg décrit une forme curieuse de Trygonidé, probablement apparentée selon lui aux Potamotrygon ou raies d’eau douce de l’Amérique du Sud. Il est évident que parmi ces faunes recueillies pour la première fois, on dénombrera des formes nouvelles, jamais décrites auparavant. C'est le cas pour un grand nombre d’entre elles avec notamment la découverte d’une Sous-famille de Bovidés, de deux genres, de 13 espèces et d’une sousespèce. La nouvelle Sous-Famille des Bovidés décrite par Arambourg, dénommée Menelikiné avec le genre Menelikia, (Antilopes de grande taille, à face longue et pourvues de cornes en forme de lyres d’un tour environ) à elle seule donne toute la précision et la justesse de ces fossiles d’importance. Au terme des missions de 1967-1968, la récolte des ossements de vertébrés est tout aussi riche et diversifiée que la première avec en prime une plus grande précision notamment dans le caractère biostratigraphique des faunes continentales. Comme en Afrique du Nord, certaines espèces de l’horizon villafranchien inférieur sont caractérisées par l’association d’animaux primitifs qui disparaissent dans l’horizon supérieur et qui sont remplacés par des formes plus évoluées. Ici, cette caractéristique est valable chez un grand nombre d’espèces où on observe des changements morphologiques au niveau crânien et dentaire en relation avec des modifications environnementales.

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La découverte d’Hominidés fossiles Une différence de taille est à noter entre les gisements du Lac Rodolphe et la vallée de l’Omo et ceux du Maghreb, car si dans les seconds, aucun vestige humain du groupe des australopithèques n'a été retrouvé jusqu’à aujourd’hui, dans les premiers, on en a récolté à plusieurs niveaux. En effet, dans les deux dernières missions, les restes de fossiles d’Hominidés sont recueillis par les trois équipes dans les niveaux C, D, F et H. La mandibule est décrite par Arambourg et Coppens sous le nom de Paraustralopithecus aethiopithecus, rebaptisé Australopithecus aethiopithecus. Celle-ci est aujourd’hui datée entre 3 et 2,5 millions d’années. La forme massive de cette mandibule qu’on classe aujourd’hui dans les Australopithèques robustes, présente en effet les caractères d’un individu robuste mais archaïque comme en témoignent la réduction de son bord incisif, la section de sa symphyse et l’extrême réduction de son planum alvéolaire. Les nouveaux témoignages fossiles retrouvés depuis montrent que les individus de cette espèce d’Australopithèques mesurent 1, 50 m à 1, 60 m et sont dotés d’une capacité crânienne de 500 à 600 cm3. Une autre forme d’Australopithèque robuste est retrouvée dans la vallée de l’Omo, décrite sous le nom de Australopithecus boisei, datée d’envron 2,2 à 1,4 millions d’années ; elle possède, à quelques caractères près, les mêmes proportions que son prédécesseur du même genre. Plus tard, dans les années 1970, on retrouvera dans les travaux de Coppens sur les Hominidés des précisions biostratigraphiques et de classification de ces nombreux fossiles, retrouvés également par la famille Leakey. L’exposition du Musée de l’Homme en 1976, Origines de l’Homme dont Coppens fut le commissaire scientifique, réservera une place de choix aux gisements de l’Afrique orientale et aux nombreux vestiges des genres Australopithecus et Homo. Il précisera notamment la position des différents membres de la Vallée de l’Omo (Formation de Shungura) avec notamment la situation chronostratigraphique des espèces telles que : Australopithecus afarensis, le plus ancien dans le membre A, daté d’environ 3,4 millions d’années, A. aethiopicus dans le membre D, Homo Habilis et Homo rudolfensis, les premières espèces de la lignée humaine à la base du membre G à 3,3 millions d’années, puis dans le membre L, entre 1,8 et 600 000 ans, les 2 espèces d’Homo ergaster et Homo erectus. Les restes de ces deux dernières espèces seront nombreux dans les fouilles des années 1970 et 1980, à l’Est et à l’Ouest de Turkana, notamment dans les gisements de Koobi Fora et d’Ileret ainsi que dans la formation de Kibish (Omo 1 et 2) et Melka Kunturé avec notamment Gomboré en Ethiopie.

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Les Mammifères miocènes du Turkana Dès la deuxième année de l’expédition en Afrique orientale, Arambourg décrit le gisement et la faune provenant de niveaux beaucoup plus anciens et l’essentiel de ses découvertes est publié rapidement dans les Annales de Paléontologie. Cette faune mammalienne découverte dans les Monts du Losodok possède selon Arambourg des affinité burdigaliennes (étage du Miocène inférieur de l’Ere Tertiaire) : des Proboscidiens du genre Mastodontes trilophodontes, des grands Hyracoïdes (représentés par les damans actuels) (Pliothyrax championi), des Périssodactyles avec le genre Aceratherium (Genre de la Famille des Rhinocérotidés) et plusieurs genres et espèces d’Artiodactyles notamment des Anthracothères du genre Brachyodus, un genre de Suidé eurasiatique figuré par le nouveau genre d’Arambourg Bunolistriodon, un Tragulidé (Dorcatherium), et un Bovidé de la taille d’une Antilope indéterminé génériquement. Le caractère primitif de cette faune du Miocène inférieur d’Afrique de l’Est devient incontestable, comparé aux autres gisements d’Afrique tels que les sites du Bassin du Lac Victoria, ceux de l’Afrique sud occidentale ou celui du Moghara dans le désert libyque. En effet, la présence d’un peuplement mammalien dès la base du Miocène, représenté par, outre les espèces déjà citées, des Reptiles, des Poissons et des Primates avec certains survivants de l’Oligocène, va finalement couvrir l’ensemble du continent africain.

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Fig. 49. Camille Arambourg et son collègue Yves Coppens lors de la deuxième expédition de la vallée de l’Omo (Ethiopie). Yves Coppens est en train de dégager une mâchoire d’Eléphant. (Ph. Y. Coppens, archives C. Arambourg, notices des travaux scientifiques).

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Fig. 50. Yves Coppens dégageant une défense d’Eléphant (Elephas recki) sur un des gisements de l’Omo. (Ph. Y. Coppens)

Quatrième partie : D’autres pays de l’Afrique. Le Tchad, le Soudan, l’Angola et le Gabon

En dehors des recherches effectuées en Afrique du Nord et en Afrique de l’Est, les plus spectaculaires et les plus riches en découvertes, les autres régions de l’Afrique ont valu à Arambourg quelques découvertes non moins importantes, même si elles n’ont pas été aussi impressionnantes. Les missions de Dalloni au Tibesti dans le Nord du Tchad, effectuées en 1930-1931, lui ont permis de récolter des Poissons et des Reptiles du Quaternaire des régions du Borkou, du Kanem et de l’Egueï. Cette faune, constituée essentiellement de Siluridés, est confiée à Arambourg pour étude et publiée dans les Mémoires de l’Académie des Sciences en 1934. Les Siluridés sont associés à des restes de Lates et de Trionyx. Toutes les espèces appartiennent à des formes actuelles ou ayant des affinités avec les espèces actuelles du Bassin du Tchad, du Niger et du Congo. Les formes telles que Synodontis af. Schall, S. ocellifer et S. ornatipinnis ainsi que Lates niloticus en sont quelques exemples. Seule, Synodontis nebulosis se rapprocherait d’une des espèces du Zambèze. La majorité des espèces rencontrées dans le Bassin du Tchad, les Poissons comme les Chéloniens, font partie de la faune actuelle de ces régions. Leur répartition englobe le Bassin du Nil, du Niger, du Sénégal, du Congo et du Zambèze. Concernant les recherches en Afrique occidentale, notamment dans le Bassin sédimentaire du Gabon, Arambourg décrit une faune de Poissons fossiles du Crétacé, qu’il publie en collaboration avec Schneegans dans les Annales de Paléontologie en 1936. La série ichtyologique provenant des « Grès sublittoraux» de la côte occidentale de l’Afrique a permis à Arambourg d’apporter des précisions nouvelles sur l’origine des Clupéidés. Ces derniers sont des formes fossiles datant du Crétacé moyen dont l’une, le type du genre Parachanos s’apparente selon Arambourg étroitement au genre actuel Chanos et à un Leptolépidé sud-américain (Dastilbe crandalli), l’autre est un Leptolepis nouveau (L. congolensis) dont les caractères montrent une nouvelle transition phylogénétique entre les formes du Jurassique et les Dussumériinés. La bonne conservation du matériel étudié a permis à Arambourg de donner une description anatomique détaillée de ces deux formes fossiles. La situation stratigraphique et ostéologique de ces dernières confirme finalement les observations précédentes d’Arambourg sur la lignée polyphylétique des Halécostomes aux Clupéidés. 131

Au Soudan, les recherches sur les formations continentales sont connues de longue date par les géologues français et anglais. En 1950, un géologue français, J.J. Kikoine découvre au Nord-Est de Gao des restes de Vertébrés qu’Arambourg, en collaboration avec Kikoine et Lavocat, étudie et publie en 1951 dans un article des Comptes rendus de l’Académie des Sciences de Paris. A l’époque, les Mammifères du Tertiaire inférieur d’Afrique n’étaient connus que par les faunes du Fayoum en Egypte et aucun autre élément n’avait encore été trouvé en dehors de cet exceptionnel Bassin. Le creusement d’un puits dans la région d’In Tafidet, à 60 km au Nord-Est de Gao, permit de récolter une faune de Vertébrés d’âge Eocène supérieur. La formation argilo-sableuse qui livra ces fossiles était située à environ 20 mètres au-dessus des schistes argileux papyracées à Ostrea multicostata et à une quarantaine de mètres au-dessous d’un banc à gaize (roche à grès fin plus ou moins argileux et calcaire) et silex, niveau repère du Continental terminal dans la région. Les restes fossilifères recueillis, bien qu’ils soient pauvres et réduits à quelques fragments déterminables, sont d’une grande importance stratigraphique et paléontologique. En effet, les éléments dentaires retrouvés appartiennet à un mammifère du genre Moeritherium de la taille de l’espèce Moeritherium gracile, le premier Proboscidien de l’Eocène supérieur du Fayoum. Les autres restes associés, concernent une dent de Dipneuste et un aiguillon de Siluridé. Pour Arambourg, la présence de ce Proboscidien, en dehors du Bassin du Fayoum et du Sud Constantinois, où Depéret avait déterminé une dent sous le nom de Mastodon pygmaeus et attribuée par Osborn à Phiomia, est d’une grande importance. Il peut affirmer que la faune du Fayoum a, au Tertiaire inférieur et moyen, une répartition géographique élargie à une bonne partie du continent africain. A l’occasion du deuxième congrès Panafricain de Préhistoire d’Alger en 1952, Arambourg publie en collaboration avec Mouta une faune de Vertébrés fossiles de la région de Leba, sur le Haut Plateau du Humpata en Angola. Il s’agit de la description d’une série de Mammifères qui provient des fentes à ossements du Sud de l’Angola. Parmi ces vestiges figure Dinopithecus ingens, un Primate cynocéphale et qui avait été déjà signalé dans les grottes à Australopithèques d’Afrique du Sud. Les premiers exemplaires fossiles ont été trouvés en 1947 près du petit village Tchiua, à 5 Km de la « Fazenda de Leba » dans une ancienne carrière, dans la vallée d’un affluent du Cunje. Les espèces de Mammifères, peu nombreuses, appartiennent à des Ruminants (Taurotragus cf. oryx et une autre Antilope de plus petite taille), des Carnivores (Machairotontidé), des Rongeurs (Cricetomys gambianus) et surtout des Primates. Ce sont ces derniers qui

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apparaissent importants aux yeux d’Arambourg et qui permettent de dater les gisements du Humpata du début du Pléistocène. Les Primates cynocéphales sont représentés par plusieurs crânes ou fragments de crânes se rapportant à Dinopithecus ingens, ainsi que par Papio sp.un Babouin.

Fig. 51. Bureau du 4ème Congrès Panafricain de Léopoldville en 1959. De gauche à droite : M. Arkell (Grande-Bretagne), Barbourg (USA), M ; Schöller, vice-gouverneur général du Congo belge (debout), Dr L. Leakey (Kenya), C. Arambourg (France), Mortelmans (Belgique). (Ph. C. Lamote).

Cinquième partie : Les recherches au Proche et au Moyen-Orient, en Chine et en Europe

Les recherches en Iran, au Liban, en Jordanie et dans la Péninsule arabique Les premières observations stratigraphiques effectuées au cours de l’hiver 1938-1939 par Arambourg en Perse occidentale lui permettent de décrire les variations des faciès oligocènes sur la bordure occidentale du plateau iranien. En effet, à la suite de cette mission, il rapporte des gisements d’Estabanhat, au sud de Chiraz et d’Elam, dans le Louristan, une faune de Poissons oligocènes remarquablement bien conservée. Parmi ces Poissons, on retrouve quelques représentants étroitement apparentés, parfois identiques à ceux déjà connus dans l’Oligocène marin d’Europe ; c’est le cas par exemple de Palaeorhynchus af. glarisianus. Cependant, la majorité d’entre eux renferme des éléments nouveaux appartenant aux familles des Bercydae, Chilodipteridae, Sphyraenidae, Scombridae, Gempylidae, Acanthuridae, Gadidae, Brotulidae, Gonostomatidae, Clupeidae …Arambourg fait remarquer que plusieurs de ces familles n’ont jusqu’alors jamais fourni d’espèces fossiles. En 1966, Arambourg fait paraître un ouvrage de 210 pages, 65 figures et 17 planches, publié par le Muséum national d’Histoire Naturelle (Résultats scientifiques de la mission de C. Arambourg en Syrie et en Iran -1938-1939les Poissons oligocènes de l’Iran) décrivant l’ensemble des espèces reconnues. La faune recueillie en Iran comprend 350 individus, répartis en 32 espèces, pratiquement toutes nouvelles. La liste des espèces est la suivante : Familles

Espèces

Clupeidae Dussumieriidae

Opisthonema persicum Dussumieria elami Etrumeus hafizi Praewodsia mesogeae Scapiloides glarisiamus Maurolicus morgani Astronesthes simus Proserrivomer mecquenemi Myroconger roustami

Gonostomatidae Astronestidae Serrivomeridae Myrocongridae

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Aulostomidae Gadidae Lophotidae Berycidae Holocentridae Serranidae Dipterichthyridae Caraugidae Labridae Brotulidae Acanthuridae Scombridae Palaeorhynchidae Gempylidae Trichiuridae Lavaridae Stromateidae

Urosphen iranensis Bregmaceros filamentosum Protolophotes elami Berycomorus findoussi Pseudholocentrum cristatum Prisigenys macropus Priacanthropus crassipinus Cottopsis gaudryi Dipterichthys leptosomus Dipterichthys nematophorus Oligoplites spinosus Cheilimus longifilis Propteridium douvillei Naseus scombrusus Grammatorcynus scomberoides Scomber saadii Scomberomorus speciosus Palaeorhynchus altivelis Thyrsitoides zarathoustrae Epinnula cancellata Luvarus praeimperialis Psenes macrolepsis

Cette faune de Poissons lui permet de faire deux constatations majeures. La première se situe au niveau de l'adaptation biochimique, car les représentants actuels des familles et des genres qui la renferment sont dans leur grande majorité issus des milieux abyssal ou bathypélagique. Les caractéristiques adaptatives et les modifications anatomiques de ces Poissons fossiles ont déjà atteint un haut degré dans ces milieux aquatiques profonds. Pour Arambourg, certaines espèces de la famille des Gonostomatidae possédent des traces d’organes lumineux, comme celles qu’il a déjà décrites chez des Poissons du Miocène supérieur d’Afrique du Nord. La deuxième constatation est d’ordre biogéographique. En effet, la faune de Poissons qu’il recueille dans cette région est, d’un point de vue paléogéographique, située dans ce qu’il appelle le sillon mésogéen, à michemin entre l’Atlantique et le Pacifique. Les taxons tels que Etrumeus, Bregmaceros, Protolophotes, Gempylus sont considérés comme les ancêtres directs de leurs représentants actuels de part et d’autre de cet ancien sillon mésogéen. La signification qu’il donne à « distribution mésogéenne » concerne des genres dont les espèces actuelles sont localisées aux côtes d’Europe et à celles du pacifique occidental. Ces observations sont notées pour la première fois en 1927 dans le volumineux ouvrage sur les Poissons fossiles d’Oran, publié dans Matériaux pour la Carte géologique de l’Algérie, où il conclut à l’existence dans la 136

Mésogée Oligo-Miocène d’une faune paléoméditerranéenne déjà voisine de l’actuel. Parmi les nouveautés taxonomiques des gisements d’Estabanhat et d’Elam, qu’Arambourg décrit, on retiendra Etrumeus hafizi, Gempylus zarathoustrae et Protolophotes elami. Le premier poisson Etrumeus hafizi, concerne un squelette complet dont le corps est allongé, fusiforme avec une tête grande comprenant des orbites rondes, représentant le quart de la longueur de la tête, l’articulation quadrato-mandibulaire est située vers l’aplomb du milieu de l’orbite, les pièces operculaires sont larges, pré opercule ogival avec 5 ou 6 canaux muqueux. La colonne vertébrale est formée d’environ 50 vertèbres dont 12 ou 13 caudales, les côtes sont robustes, disposées obliquement en arrière. La distribution des formes vivantes de ce genre se localise au Japon (E.micropus) et sur les côtes atlantiques de France (E. sadina). Le deuxième Poisson concerne également un squelette complet, retrouvé dans le gisement d’Elam (Louristan). Il s’agit d’un Poisson de forme très allongée, la tête est également allongée comprenant des orbites situées au milieu de la longueur de la tête, la bouche est fendue jusque dans le milieu des orbites. La mâchoire est pourvue de grandes dents aiguës, espacées, avec de grands cochets en avant. La colonne vertébrale comprend 32 vertèbres. Ce Poisson est considéré par Arambourg comme étant le plus ancien représentant du genre Gempylus dont les formes actuelles sont présentes, l’une dans l’Atlantique, l’autre dans le Pacifique. La troisième espèce (Protolophotes elami) est un Poisson dont le squelette est presque complet, retrouvé également dans le gisement d’Elam. C’est une forme allongée et comprimée, la colonne vertébrale est constituée de 78 ou 79 vertèbres dont 14 caudales. Cette espèce est considérée par Arambourg comme l’ancêtre des trois formes vivantes du genre Lophotes : L. cepedianus, cristatus et capellei. Les recherches d’Arambourg sur le Liban concernent surtout les Poissons fossiles. Le Liban est connu depuis longtemps pour ses pierres à empreintes de poissons, exclusivement dans quatre gisements, situés autour de la ville de Jbeil (ancienne Byblos) : Haqil, Hgula, En- Nammora et le célèbre gisement de Sahel Alma. Les écrits les plus anciens datent de 1248, notamment celui du Sire de Joinville, sénéchal de Champagne, où il décrit, lors d’une des croisades, dans l’ouvrage Des Saintes Paroles et des Bonnes Actions, publié pour la première fois en 1547 sous le titre Histoire du Roi Saint-Louis, les merveilleuses pierres à Poissons. Plus tard, outre les écrits historiques de d’Arvieux (1660), de Maraldi (1703), de Lebrun (1714), de véritables traités paraissent tels que ceux de J.M.D.Woodward en 1729, de Bourguet en 1742, de Blainville dès 1816, d’Agassiz en 1838 et de Pictet en 1850 (Mireille Gayet et al. 2003). Les travaux de Davis, de A.S. Woodward 137

et de Hay restent cependant les plus importants de l'histoire de la recherche ichtiologique du Liban à la fin du XIXe et du début du XXe siècles. Quand Arambourg commence les premières descriptions des Poissons fossiles du Liban, lors de sa mission dans les années trente, puis lors de ses nombreuses observations sur le riche matériel de la collection de l’université américaine de Beyrouth, il doit s’appuyer sur les travaux de A.S. Woodward (1889 et 1892) et sur ceux de Hay (1903). Ces derniers avaient notamment décrit les espèces de Sclerorhynchidés et de Pristidés, Familles appartenant au groupe des Sélaciens (Poissons-scies entre autres). Dans Le Groupe des Ganopristrinés, article publié par Arambourg en 1940 dans le Bulletin de la Société géologique de France, il fait une synthèse de la nouvelle SousFamille des Ganopristrinés, qu’il vient de créer, parue pour la première fois en 1935 (Note préliminaire sur les Vertébrés fossiles des Phosphates du Maroc). Cette Sous-Famille du groupe des Sélaciens devait inclure plusieurs Ganopristis, Onchopristis, Marckgrafia, Sclerorynchus, genres : Onchosaurus (Ischyrhiza), Schizorhisa, ainsi qu’un nouveau genre et une nouvelle espèce (Ctenopristis nougareti), dont le fossile fut retrouvé au Maroc. Ainsi, dans sa nouvelle classification sur les Poissons fossiles du Liban, Arambourg fait des modifications notamment chez les deux espèces de Hay Sclerorynchus hiram et Sclerorynchus sentus du Cénomanien (étage du Crétacé supérieur) de Hadjoula, replacées dans le genre nouveau Ganopristis. Les caractères de celui-ci montrent des Poissons à rostres allongés et à dents rostrales. Les dents sont formées d’une couronne émaillée, allongée et pointue, comprimée et tranchante. Il décrit également une nouvelle espèce Ganopristis libanica du Sénonien (Crétacé supérieur) de Sahel Alma dont le rostre allongé est de même proportion que les précédents. Les recherches d’Arambourg sur la Jordanie concernent aussi les Poissons. Les Phosphates des environs d’Amman, exploités en raison de leur teneur élevée en phosphate de chaux étaient constitués d’une faune de Poissons et de Reptiles, similaires à celles qui ont évolué dans les phosphates maëstrichtiens d’Afrique du Nord. Parmi les taxons les plus abondants, on retrouve Corax kaupi, Scapanorhynchus rapax et tenuis, Lamna biauriculaire et serrata, Ginglymostoma lehneri, Enchodus libycus, bursauxi et elegans, Stephanodus libycus, Stratodus apicalus. Les Reptiles sont représentés par Mosasaurus cf. onceps, Mosasaurus beaugei, Platecarpus ptychodon, Globidens aegyptiacus, Plesiosaurus mauritanicus, Crocodilus sp. et des Tortues. Cette faune montra à Arambourg que tout cet ensemble était caractéristique des Phosphates maëstrichtiens de la Mésogée méridionale et de la côte occidentale d’Afrique, leurs rapports biogéographiques étant significatifs avec la faune du Crétacé supérieur américain. A côté de cette 138

faune de Poissons et de Reptiles, Arambourg détermina dans le gisement d’Amman des ossements qui appartenaient à un Ptérosaurien de très grande taille, jamais signalés auparavant dans le Crétacé du Bassin de la Mésogée africaine. La taille de ce taxon correspondait à celle des grands Ptérosauriens de la fin du Crétacé tels que Pteranodon ou Nyctosaurus. Concernant les travaux d’Arambourg sur l’Arabie, on trouvera une note, incluse dans l’ouvrage, publié par le Muséum National d’Histoire Naturelle, sous la direction de Louis Dubertret en 1959 (Contribution à la géologie de la Péninsule arabique, 252 p., 11 pl.). La partie paléontologique et stratigraphique de cet ouvrage se présente sous le titre de : Contribution à la stratigraphie et à la paléontologie du Crétacé et du Nummulitique de la marge NW de la péninsule arabique, signée par C. Arambourg, L. Dubertret, J. Signeux et J. Sornay. Les faunes décrites dans ce mémoire concernent principalement des Poissons et des Reptiles, récoltés à l’occasion des voyages d’Arambourg au Moyen-Orient, en janvier 1939 (mission SyriePerse) et en 1953. Elles proviennent des Phosphates de Roseifa au Nord Est d’Amman (faunes typiquement maëstrichtiennes), de la carrière de marne crayeuse de la cimenterie de Doumar à 12 km au Nord Ouest de Damas, ainsi qu’aux abords de la piste transdésertique Damas-Bagdad. La contribution d’Arambourg concerne une note sur un métacarpien d’un nouveau genre et une d’une nouvelle espèce de Ptérosaurien géant provenant des collections des Phosphates du Crétacé de Roseifa.

Les fouilles des grottes et abris sous-roche de Tam Nang dans le Sud de la Chine En 1936, étudiant la stratigraphie des formations cénozoïques et plus récentes de la chaîne annamitique septentrionale, Fromager recueillit une faune quaternaire dans les grottes et abris sous-roche du Nord de l’Annam. En 1938, Arambourg et Fromager font paraître un article résumant la stratigraphie du Quaternaire de Tam Nang et l’étude des faunes de vertébrés mammaliens. Les dépôts qui contiennent ces faunes se présentent ainsi : Le substratum est constitué d’un limon jaune (loess) ou graviers du Pliocène. Il est surmonté de tufs calcaires, jaunes, cimenté par des produits stalagmitiques, contenant, parmi les coquilles terrestres (Nanina aff. Crossei) une faune riche, semblable à celle des couches à Hystrix du Pléistocène inférieur du Sze Tchouen, du Yunnan et du Kwangsi. Ce niveau est séparé du niveau sus-jacent par une légère discordance, accompagnant de gros éboulements. Il est formé par des limons rouges contenant des traces de charbons. La faune de cet horizon est pauvre. Les niveaux holocènes qui surmontent le Pléistocène sont constitués de limons bruts dans des couches à 139

pierres d’élements quaternaires remaniés. Ce niveau contient une faune mammalienne actuelle : Rhinoceros sumatrensis, Sus cristatus, Bibos gaurus, Bubalus buffelus (=Bubalus bubalis ?), Cervus (Rusa) aristotelis, Cervulus Montjac (=Montiacus muntjac), Ursus thibetanus, Macacus thibetanus, Hylobates leucogenys …Les restes humains (Proto-papoua) accompagnaient une abondante industrie lithique. Arambourg et Fromager ont pu reconnaître dans les tufs calcaires de la base du Pléistocène, deux horizons, caractérisés par de légères différences dans la composition de leur faune. L’horizon inférieur est formé d’environ 37 espèces dont 12 caractérisent ce niveau ; ce sont : Sus cf. brachygnathus, Nemorrhaedus cf. goral, Cervus cf. leptodus, Probocelaphus sp., Ursus kokeni, Cuon cf. alpinus, Canis cf. conoïdes, Hyaena crocuta var. ultima, Paradoxurus sp., Felis sp.1 de Choukoutien, Felis cf. mycosis, Simia satyrus. L’horizon supérieur est caractérisé par l’apparition d’un Ursidé de petite taille, qui serait identique à celui de la chine du Sud, déterminé par Von Königswald (Ursus praemalayanus), ainsi qu’un autre Ours très rare Aeluropus fovealis. La faune qui compose toute la formation pléistocène se présente ainsi : Stegodon sinensis, Elephas namadicus, Rhinoceros sivalensis, Megatapirus augustus, Sus Lyddekeri, Sus sp. 1, Nemorrhaedus cf. cinereus et edwardsi, Bibos geron, Bubalus teilhardi, Bovidé de petite taille, Cervus (Rusa) orientalis, Montiacus muntjac, Spirocerus sp. 1, Ursus angustidens, Felis (=Panthera) leo cf. indicus et aff. Issidiorensis, Arctonyx rostratus, Hystrix cf. subcristata, Rhizomys troglodytes, Macacus robustus, rhesus et cf. andersonni. Outre les caractéristiques évolutives de cette faune avec le Pléistocène inférieur de la Chine du Sud, Arambourg fait remarquer des affinités avec les mêmes niveaux de Java, des Siwaliks ainsi qu’avec les environs de Pékin, notamment de Choukoutien.

Les recherches en Grèce La mobilisation d’Arambourg en Macédoine lors de la première guerre mondiale lui permet de récolter une impressionnante collection de Vertébrés qu’il offre au Muséum d’Histoire naturelle. Cette collection concerne les mammifères et les Chéloniens pontiens de Salonique, recueillie par Arambourg dans la vallée du Vardar. Pendant son séjour avec l’Armée d’Orient, Arambourg effectue dès 1915 une série de relevés stratigraphiques dans le Bassin de Salonique et continue en 1918 par l’étude de la bordure Nord du bassin tertiaire et par un relevé géologique au 1/50 000 de la feuille de Guevgueli (vallée du Vardar), 140

publiés en 1919 par le Service géologique de l’Armée d’Orient. Le Pontien à faune de Pikermi est constitué de limons rouges, de marnes et de cailloutis, formés à la suite de dépôts de sédimentation fluvio-lacustre. Sur tout le pourtour du bassin tertiaire et en divers points de la région, des ravinements successifs ont formé de nombreuses terrasses étagées en gradins ainsi qu’une érosion qui montrent les phases de creusement du réseau hydrographique actuel à travers une cuvette de l’époque pontienne. Son étude en collaboration avec Piveteau est publiée en 1929 dans les Annales de Paléontologie. La faune comprend les espèces suivantes : Mastodon pentelici, Aceratherium sp., Rhinoceros pachygnathus, Chalicotherium cf. goldfussi, Hipparion gracile, Sus erymanthius, Dorcatherium puyhauberti, Giraffa attica, Gazella deperdita, Gazella gaudryi, Gazella bailloudi, Protoryx carolinae, Tragocerus amaltheus, Tragelaphus sp., Paloeoreas linderemayeri, Palaeoryx pallasi, Parabos macedoniae, Ictitherium robustum, Ictitherium hipparionum, Hyaena eximia Felis cf. attica, Machairodus aphanistus, Mesopithecus pentelici, Testudo marmorum, Testudo sp. géante. Les 25 espèces se rapportant surtout aux mammifères ont permis à Arambourg de préciser les affinités taxonomiques de certains genres incomplètement connus ainsi que les rapports qui existent entre les formes pontiennes et actuelles. L’étude plus poussée des Ruminants, abondamment représentés dans la faune de Salonique et sa comparaison avec ceux des autres gisements pontiens notamment Pikermi et Maragha, ont montré de grandes variabilités au sein de certaines espèces, variabilités prises selon Arambourg, comme espèces nouvelles par un grand nombre d’auteurs.Par ailleurs, l’étude des Giraffidés a permis à Arambourg de se fixer sur certaines problématiques, notamment celles qui concernent la différenciation anatomique du genre peu connu d’Orasius (genre créé par Wagner, remplacé pour raison de synonymie par celui de Bohlinia par Matthew en 1929), les affinités avec le genre Okapia, ainsi que la classification de la famille des Giraffidés avec ses 4 sous-familles. Le matériel dentaire de ces Giraffidés, notamment la structure des prémolaires mandibulaires montre en effet un état de molarisation plus ou moins avancée, permettant ainsi de caractériser un shéma évolutif dans la morphologie comparée de la structure dentaire. Celle-ci est mise en rapport avec la taille et la forme du crâne et des appendices frontaux ainsi que l’élongation des membres. Ainsi, Arambourg a pu préciser que chez le genre Okapia, la troisième dent de lait ou la troisième prémolaire inférieure des adultes est construite selon une structure simple, caractérisée par l’absence de métaconide à leur muraille interne. A cette simplicité struturelle, caractère d’une spécialisation moins avancée que chez d’autres Giraffidés ou plus généralement chez d’autres Ruminants, on retrouve des caractères crâniens 141

également primitifs. Chez ces derniers, l’arrière-crâne est encore très développé et son plan basal, insuffisamment incliné sur le plan palatin, de même que les membres ne présentent pas encore cette élongation des formes actuelles. Chez les autres, la molarisation est bien avancée, notamment par le développement du métaconide et la continuité de la muraille interne. Chez les plus anciens comme chez Palaeotragus ou Alcicephalus du Pontien, le crâne conserve encore des caractères archaïques quoique la tendance à l’élongation se manifeste peu à peu. Chez Giraffa, la spécialisation arrive à son maximum qui se traduit par un allongement des membres de plus en plus important, son arrière-crâne est plus réduit et une flexion de l’axe crânien se met en place. Cette description détaillée de la morphologie dentaire, crânienne et appendiculaire a permis à Arambourg de dresser une classification basée sur quatre directions phylogénétiques au Pontien, dont deux seront éteintes. Les deux catégories se présentent selon Arambourg de la manière suivante : - Formes à prémolaires simples, à caractères crâniens primitifs, à membres courts ou peu allongés : 1. Membres grêles, cornes courtes : genres Okapia et Osarius (Okapiinae) 2. Membres massifs, pas de cornes : genre Helladotherium (Helladotheriinae) -

Formes à prémolaires compliquées, molarisées, membres généralement allongés : 3. Crâne encore primitif, cornes longues à pointes nues : genres Palaeotragus et Alcicephalus (Palaeotraginae) 4. Crâne spécialisé, cornes courtes, couvertes de peau : genre Giraffa (Giraffinae)

Les résultats des recherches d’Arambourg sur les Ruminants de Salonique sont considérables d’un point de vue paléontologique, systématique et phylogénétique. Ils induisent par ailleurs, des considérations paléoécologiques de grande importance (adaptation posturale des membres, mode alimentaire par la forme des couronnes dentaires), architecturales (forme du crâne, développement de certaines parties pariéto-temporales et crânio-faciales, morphologie et position des cornes) et paléogéographiques. Il est vrai cependant que les interprétations d’Arambourg notamment sur les caractères de la spécialisation des troisièmes prémolaires ainsi que les proportions des membres entre les Palaeotraginés et les Giraffinés tirées des conclusions des Giraffidés sont inspirées des travaux de Bohlin qui fit une révision de la Famille en 1926 ainsi que ceux de Fraipont en 1907. En effet, la faune de Salonique tout en faisant partie du peuplement eurasiatique pontien présente un cachet ethiopien comme celui des faunes de 142

Grèce tels que Pikermi, Samos et Maragha, alors que les faunes de même âge du Lubéron renferme des éléments palé arctiques. Les observations d’Arambourg les plus marquantes sur cette faune de Macédoine résident dans les affinités de certaines Antilopes comme Palaeoryx. Ces dernières, dont le type provient de Pikermi, ont une structure crânienne typique des Antilopes avec notamment le développement de leur région pariéto-occipitale, l’absence de fosse temporo-pariétale et la position des chevilles osseuses de cornes au-dessus des orbites. Chez les plus récents Palaeoryx (P. cordieri et boudon) (anciennement désignés sous ce nom par De Christol et Gervais) du Pliocène du Midi de la France, au contraire le crâne est plus proche morphologiquement des Bœufs primitifs par la réduction de la région pariéto-occipitale, la présence d’une fosse temporale et la position reculée des chevilles osseuses de corne ; les dents présentent des colonnettes interlobaires et les membres sont plus robustes avec des os des doigts (métapodes) raccourcis. Une de ces Antilopes, retrouvée par Arambourg à Salonique, présente à juste titre ces caractéristiques. Son rapprochement avec les Bœufs fossiles du Pliocène lui vaut une désignation générique de Parabos, avec l’espèce Parabos macedoniae. Cette espèce dans la faune pontienne de Salonique représente à l’époque le plus ancien boviné connu. Des travaux récents, repris par Gromolard (1980) puis par Gromolard et Guérin (1980) ont redéfini le genre Parabos. Parabos cordieri est désormais considéré par ces auteurs, comme l’espèce-type du genre et rangé parmi les Bovinés dans la tribu des Boselaphini selon la classification de G.G.Simpson, reprise par Viret (1961) ou parmi les Tragelaphini, selon la classification de Frechkop (1975).

Les recherches en France Contrairement aux nombreuses missions effectuées en Afrique du Nord et en Afrique de l’Est, qui occupèrent pratiquement toute la vie d’Arambourg, les recherches paléontologiques et géologiques en France paraissent minimes et dérisoires. Et pourtant certaines découvertes dans l’Yonne et dans le Gard sont loin d’être insignifiantes. L’examen d’une faune de Ganoïdes holostéens (groupe de Poissons à squelette cartilagineux, représentés de nos jours par l’Amie et l’Esturgeon) provenant des schistes bitumeux toarciens (étage du Lias) des environs de Valz près d’Alès dans le Gard ainsi que des recherches personnelles effectuées dans le gisement de Sainte-Colombe près d’Avallon lui ont permis de faire paraître une contribution importante à l’étude ichtyologique du Lias (Jurassique) d’Europe en 1935 dans les Annales de Paléontologie ainsi que dans un 143

article des Comptes rendus de la société géologique de France, la même année. Les familles sont représentées par les Sémionotidés avec les genres Lepidotus et Dapedius. Certaines espèces de ce dernier genre sont très rares, mais montrent des rapports avec les représentants toarciens d’Allemagne et du Calvados ainsi qu’avec le Lias inférieur d’Angleterre. Parmi les Eugnathidés, le genre Eugnathus du gisement de Valz a livré une nouvelle espèce E. brousso-lavali, apparentée à des spécimens anglais. Les Pachycormidés sont fréquents à Sainte-Colombe et à Valz. Parmi les espèces de ce groupe, Arambourg décrit certains caractères ostéologiques de la tête et du squelette axial ainsi que la mise en évidence d’un dimorphisme sexuel. Les Pholidophoridés sont assez largement représentés dans les niveaux liasiques et les gisements de Valz et de Sainte-Colombe ont livré des formes décrites par Arambourg pour la première fois en France. Enfin chez les Leptolépidés, il a relevé des caractères anatomiques semblables avec les Clupéidés actuels. Cette synthèse est réalisée avec le souci de comprendre les rapports phylogénétiques et les relations qui peuvent exister avec les faunes du Trias et du Jurassique. Arambourg est arrivé à la conclusion que la répartition stratigraphique de certains genres et familles des Poissons du Lias forme un bloc qui se relie directement aux taxons du Jurassique supérieur et du début du Crétacé et séparé des faunes du Trias par un hiatus assez important. Il s’agit là d’une discontinuité faunique dans l’histoire du peuplement des mers européennes qu’Arambourg a déjà mise en évidence lors de sa fameuse étude sur les poissons sahéliens d’Oran. Ces derniers montrent en effet qu’une séparation profonde existe entre eux et les faunes ichtyologiques éocènes et oligocènes d’Europe, de même qu’aucun lien phylogénétique n’est apparent. Arambourg explique ce phénomène par une brusque irruption à l’Oligocène de la faune paléoméditerranéenne et la disparition à la même période de la plus grande partie des espèces de poissons antérieurs. Cette discontinuité est également valable dans l’histoire des faunes marines européennes. En effet, les faunes du Trias et du Permo-Carbonifère comprennent parmi les Téléostomes (Téléostéens, Holostéens et Chondrostéens sont des groupes de Poissons qui appartiennent aux Actinoptérygiens, Poissons à nageoires paires et à régression du tissu osseux entre autres), une majorité de Ganoïdes Chondrostéens : Palaeoniscidés, Saurichtyidés, Platysomidés, Perléididés, Catoptéridés, ainsi qu’un petit nombre d’Holostéens protospondyles et quelques rares Halécostomes. Dès l’avènement du Lias, la majorité des éléments paléozoïques disparaissent, d’autres sont en voie de disparition, alors que les Protospondyles et les Halécostomes vont prédominer avec les principales familles des

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Sémionotidés, Macrosémiidés, Pycnodontidés, Eugnathidés, Pachycormidés, etc. Cette discontinuité visible en Méditérranée et en Europe au cours du Trias et du Jurassique se répète sous la même forme à d’autres périodes géologiques. Arambourg remarque en effet que jusqu’au Crétacé moyen, la composition de la faune marine d’Europe conserve les mêmes caractères jusqu’au Cénomanien (étage du Crétacé supérieur), période à laquelle une nouvelle et profonde transformation va intervenir brusquement. Celle-ci amène son cortège de Téléostéens physostomes avec les principales familles représentatives : Clupéidés, Elopidés, Myctophidés, Ichtyodectidés, Enchodontidés, etc, ainsi que des Elasmobranches (groupe de poissons non ossifiés dont font partie les Requins, les Raies et les Chimères). La faune de cette période connait également une nouvelle discontinuité avec celle de l’Eocène. Ainsi, grâce aux travaux détaillés sur les Vertébrés marins, Arambourg arrive à mettre en place une synthèse de l’histoire ichtyologique de la Mésogée et des transformations multiples au cours des différentes périodes. Ces crises climatiques, géographiques, tectoniques ont eu, comme l’a très bien observé Arambourg, une influence considérable sur l’évolution et l’extinction des espèces ce qui devait se manifester par une série de transgressions marines à différentes époques : Transgressions jurassique, cénomanienne, nummulitique, oligocène. Parmi les grottes fouillées par Henri-Martin, celle de Fontéchevade à Orgedeuil, en Charente est exploitée de façon systématique de 1937 à 1954. Arambourg, qui prend part à l’équipe et à la publication des résultats en 1958 dans les Archives de l’Institut de Paléontologie Humaine, Mém. N° 28, étudie la faune de vertébrés quaternaires. Ce gisement correspondant à un interstade rissien contient une industrie tayacienne, séparée par une couche moustérienne ; les dépôts les plus récents contiennent de l’Aurignacien, du Chatelperronien et du Néolithique. L’étude des restes fauniques mammaliens et chéloniens réalisée par Arambourg montre la présence d’un Rhinocéros (Dicerorhinus mercki), d’un Daim (Dama cf. clactoniana), d’un Cuon et d’une Tortue (Testudo graeca), caractéristiques d’un climat tempéré humide. Toutes les espèces étudiées par Arambourg proviennent des couches tayaciennes E du gisement. La liste faunique est composée des espèces suivantes : Dicerorhinus mercki, Equus caballus, Equus hydruntinus, Sus scrofa, Cervus elaphus, Dama cf. clactoniana, Capreolus capreolus, Bos primigenius, Bison priscus ?, Vulpes vulpes, Vulpes aff. Lagopus, Cuon alpinus mediterraneus, Ursus spelaeus, Crocuta spelaea, Meles, meles, Martes martes, panthera spelaea, Castor fiber. Plusieurs espèces sont représentées par un grand nombre d’individus et le daim, qui a livré 941 restes dans les différentes couches, constitue à lui seul tout un troupeau.

Sixième partie : Les grandes idées de Camille Arambourg dans le domaine des Sciences et de la Culture patrimoniale

La stratigraphie du Tertiaire et du Quaternaire A propos du Sahélien Avant d’être appliqué aux Bassins d’Oran et du Chelif, le Sahel, transcription littérale de l’arabe Essahl (régions proches du littoral qui s’appliquent en Algérie comme en Tunisie) définissait géologiquement le littoral algérois, formation stratigraphique du Pliocène marin qui prenait ses assises depuis le massif de la Bouzaréah (les hauteurs ouest de Bab-el-Oued) jusqu’au massif du Chenoua à l’Ouest. Cette bande littorale englobait les Oueds d’El Harrach à l’est de la banlieue d’Alger et l’Oued Mazafran à l’Ouest, à hauteur de Zéralda. Le Sud est limité par la plaine de la Mitidja, région riche jadis, en vignobles et en cultures maraîchères. D’un point de vue stratigraphique, le Sahel est formé de marnes bleues situées en-dessous du Plaisancien/Astien et correspond donc au Pliocène. Le docteur Alexandre Bourjot qui s’installa à Alger au XIXe siècle s’intéressa longuement (de 1861 à 1881) à la Géologie, à la Géomorphologie, à la Botanique et à la Préhistoire de cette région, parsemée de grottes fossilifères le long des côtes. Pomel, puis Arambourg découvrirent un certain nombre d’entre elles. Le Sahel d’Oran et de la vallée du Chélif, selon la définition de son créateur en 1858, le paléontologue Pomel, caractérisait en revanche un étage terminal des formations marines miocènes, qu’il généralisait d’ailleurs à l’ensemble de la Méditerranée occidentale. Au sommet des puissantes formations fossilifères, des dépôts gypseux marquaient la régression finale du niveau marin. Brives (1897), Gentil (1902) et Roger (1942) qui ont travaillé sur le Sahel, ont tous démontré la richesse des formations supérieures de ce Miocène marin en Mollusques et en Poissons. Cette série correspondrait à la formation messinienne Gessoso solfitera de Sicile, de Toscane et de Romagne. En 1948, Laffite exposa ses premières remarques sur la terminologie sahélienne de Pomel : stratigraphiqument, les bassins d’Oran et du Chélif au Miocène supérieur, présentaient une homogénéité et les dépôts ne montraient aucune coupure stratigraphique avec le Tortonien sous-jacent (étage marin du Miocène supérieur, sous le Messinien), bien défini par sa faune malacologique. En d’autres termes, le Sahélien ne se justifiait plus. 147

Tout en acceptant en partie les critiques de son collègue Laffite, Arambourg va défendre la thèse de cette unité stratigraphique. Pour lui, la faune des parties supérieures de cette série marine est d’abord différente de la faune classique du Tortonien, notamment avec l’apparition de formes récentes, indiquant la grande trangression pliocène. Les arguments qu’avance Arambourg sur cette question ne sont pas dépourvus de sens critique. En effet, son argumentation se base sur la paléogéographie des faunes marines dans une Mésogée qui se comporte comme un Bassin semifermé depuis le Vindobonien (sous-étage du Miocène moyen et supérieur), jusqu’au début du Pliocène. La partie orientale, la moins profonde, est en voie d’assèchement ou de dessalure, puis dès le cycle marin du Tortonien vont lui succéder les phases saumâtres du Sarmatien (étage du Miocène moyen et supérieur des pays d’Europe centrale), et lacustres du Pontien, alors que le régime marin va persister beaucoup plus longtemps en Méditerranée sud-occidentale, jusqu’à la transgression pliocène mais avec des dépôts gypso-marneux peu importants en épaisseur en Afrique du Nord. Les conclusions d’Arambourg sur cette unité stratigraphique de Pomel paraissent convaincantes du fait que les dépôts du Miocène supérieur du Sahel oranais montrent la persistance d’un biotope marin beaucoup plus tardif qu’en tout autre point de la Mésogée.

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Fig. 52. Planche tirée du Bulletin de la Société d’Histoire Naturelle d’Afrique du Nord, montrant les Mollusques découverts par Arambourg dans les formations laguno-lacustres des environs d’Oran, (archives C. Arambourg, notices des travaux scientifiques).

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La définition du Quaternaire méditerranéen et la question des plages soulevées Dans les 3 volumineux ouvrages de la Préhistoire française, actes du Congrès de l’UISPP de Nice en 1976, le professeur Henry de Lumley montrait son scepticisme quant à la pertinence des lignes de rivage quaternaire en Méditerranée, en dehors de certaines régions littorales. En effet, il insistait sur la dualité des interprétations dans le soulèvement ou l’abaissement des lignes de rivage, tantôt par le jeu de la tectonique, tantôt par l’isostasie. Une ligne de rivage, précise-t-il, ne peut être bien définie que si une corniche d’abrasion ou un cordon littoral peuvent être observés. C’est sur ces critères qu’Arambourg, depuis les années trente, définit son Quaternaire africain et en particulier le Nord de l’Afrique dont l’argumentaire entre climat, pédogenèse et plages soulevées ne fait qu’un. L’observation dès le XIXe siècle, d’anciennes lignes de rivage qui sont en fait des plateformes d’abrasion et des lambeaux de plages fossilisées, situées à des altitudes diverses, au-dessus du niveau actuel de la mer, démontre aux géologues un phénomène général lié aux variations des niveau marins au cours du Quaternaire. Afin d’étayer ses conclusions chrono et biotratigraphiques, Arambourg a longtemps basé les relations continento-marines sur la théorie du géologue Depéret. Ce dernier publia en 1918, un Essai de coordination chronologique des temps quaternaires dans lequel il préconisait que les niveaux marins les plus anciens sont ceux des plages fossiles dont l’altitude est la plus haute. Dans ces derniers, dénommés Siciliens, on retrouve des éléments d’une faune froide d’invertébrés tels que le taxon Cyprina islandica, mollusque des mers du Nord. L’altitude la plus basse correspondait à des niveaux marins dénommés Tyrrhéniens et sont caractérisés par la présence d’éléments tropicaux dont le représentant est Strombus bubonius, Strombe des mers chaudes. Ces oscillations marines désignées par Suess sous le nom d’eustatisme ne furent pas suivies avec enthousiasme par d’autres géologues, en raison justement des difficultés d’interprétation causées par la tectonique en Méditerranée, même si un grand nombre de géologues observèrent les mêmes indices ailleurs comme Tylor, dans sa tentative de 1868 de rapprocher ces phénomènes aux glaciations pléistocènes. Les premières observations d’Arambourg sur les lignes de rivages se situent dès 1928 dans l’ensemble du golfe de Bougie et en particulier dans la grotte d’Afalou par la présence de deux anciens cordons littoraux, visibles sur la falaise calcaire du Lias dont l’un est à 18-20 mètres, l’autre à 80 mètres d’altitude. Il montra que la stratification des sables et des lits de graviers s’est réalisée au cours d’un mouvement marin régressif amenant l’enfoncement lent du littoral. Le second mouvement, transgressif, a exondé le cordon et l’a recouvert par des dépôts continentaux. 150

Le même phénomène est observé et étudié par Arambourg entre Alger et Guyotville, notamment à la Pointe Pescade, aux Bains Romains et à la Carrière Anglade près de Guyotville. Tout ou presque a été dit sur l’isostasie de la Méditerranée sud et la difficulté de rendre justice à un tel phénomène tant l’évolution du relief littoral est marquée par une sismicité quaternaire bien visible. Et Arambourg est conscient de ce phénomène qui pourrait être parfois un leurre, selon l’expression du professeur Lionel Balout. Celui-ci, préhistorien très assidu aux problèmes géologiques a longtemps suivi les enseignements de terrain du grand préhistorien géologue Raymond Vaufrey sur l’instabilité géologique du Maghreb au Quaternaire qui a donné lieu à des plissements et à des déformations du relief. Mais il n’était pas le seul à être prudent devant de telles déformations, Bourcart l’avait déjà noté en 1938 dans un essai sur les régressions et transgressions marines où il parla de flexure continentale, de même Lafitte observa des déformations littorales dans la région de Mostaganem où la lumachelle de pectoncles à rares strombes semble jouer à cache-cache avec les plus fins connaisseurs des hommes de terrain.

La Paléontologie humaine et la Préhistoire La passion d’Arambourg évolue au cours de sa carrière : elle n’est pas la même au début, au milieu et à la fin. Jeune lycéen, il est passionné de sciences naturelles, puis de Géologie en relation avec l’Agronomie, passage obligé pour travailler les terres coloniales de son père, situées dans l’Oranie. Et c’est la technique d’irrigation des cultures de vignobles qui l’amène à recueillir dans les marnes miocènes un très grand nombre de poissons fossiles. On a vu que les travaux sur les Phosphates de ce Sahel d’Oran, l’ont rendu célèbre, notamment par le nombre important de descriptions de genres et d’espèces nouvelles de Poissons. De même sa mobilisation en Macédoine le pousse à développer de grandes recherches sur les vertébrés du Bassin de Salonique. Cependant rien ne le prédestine à la paléontologie humaine ni encore moins à la Préhistoire, bien que tout au long de sa carrière, il soit accompagné par de grands savants de ces deux disciplines. Les premières explorations dans le golfe de Bougie (Bedjaïa), puis les fouilles (de 1928 à 1934) des grottes paléolithiques de Beni Segoual (Afalou Bou Rhummel, la Madeleine, Tamar Hat), vont changer sa vision des sites anthropiques et marquent donc le début de nouvelles recherches. On pourrait penser que la prospection et l’étude de tels gisements préhistoriques vont donner une nouvelle orientation à Arambourg. Certes, c'est le cas, mais il n'abandonne pas toutes les autres ni celles qu’il va découvrir plus tard. Nous sommes encore dans l’ère des encyclopédistes et Arambourg se singularise dans ce XXe siècle. Dans la grotte sépulcrale d’Afalou Bou Rhummel, il n’a 151

pas l’occasion d’étudier les restes humains. Financé par l’Institut de Paléontologie Humaine de Paris, c’est le Dr Verneau, grand spécialiste de l’Homme et collaborateur du professeur Marcellin Boule qui a le privilège de suivre l’étude des fossiles cromagnoïdes. La reprise des fouilles de Ternifine (Tighennif) de1954 à 1956 lui donne l'occasion de décrire les plus anciens hominidés quaternaires de l’Algérie et du Maghreb. La description de nouveaux taxons Atlanthropus mauritanicus (Homme de l’Atlas), puis les fossiles du Maroc vont asseoir la compétence mutidisciplinaire de ce savant hors pair. Les trois mandibules et le pariétal de cet Homo erectus, devenu par la suite Homo ergaster, ont fait le tour du monde. Un grand nombre de publications leur sont consacrées dans plusieurs revues internationales. Mais bien avant les années de fouille du célèbre gisement algérien, Arambourg a l’occasion à maintes reprises de mettre à contribution ses connaissances en paléontologie humaine, notamment au premier Congrès panafricain de Préhistoire de Nairobi en 1947 où sous le titre de Observations sur la phylogénie des Primates et l’origine des hominiens, il propose une classification sur les Hominiens et les simiens. En réalité l’histoire paléontologique des hommes intéresse Arambourg dès les années quarante lorsqu'il étudie de plus près aussi bien des restes de primates que la phylogénie des hominidés. Sa publication en 1943 dans le Bulletin du Muséum national d’Histoire Naturelle de Paris, intitulée Sur les affinités de quelques anthropoïdes fossiles d’Afrique et leurs relations avec la lignée humaine, reprend les découvertes de Hopwood en Afrique orientale sur la détermination d’un primate proche des gibbons. Pour Arambourg, les deux mandibules de Limnopithecus legetet sont proches par les caractéristiques morphologiques de la première molaire quadrituberculaire de la denture des Hominiens. La première édition de La Genèse de l’Humanité dans les Presses universitaires de France (Que sais-je ?), parue la même année est un petit ouvrage de 136 pages où il fait une mise au point des connaissances actuelles en paléontologie humaine. Les données paléontologiques, géologiques et archéologiques sont exposées et interprétées en relation avec l’évolution humaine dont le détachement du rameau des Catarhiniens primitifs s’est fait selon lui à l’Oligocène. On sait aujourd’hui que les descriptions de Limnopithecus et les interprétations d’Arambourg sur ces groupes sont beaucoup plus proches des Primates Catarhiniens du groupe de Dendropithecus africains du Miocène inférieur (20 millions d’années) et du groupe évolutif de Pliopithecus d’Europe du Miocène moyen (15 millions d’années) que des Homininés. Dans les publications ultérieures des années 1950 et 1960, Arambourg ne fera plus mention de cette espèce.

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En 1946 et 1947, Arambourg expose ses hypothèses sur l’histoire paléontologique des hominidés dans deux réunions internationales. Dans la première, au Congrès de la Victoire à Paris et publiée par l’Association Française pour l’Avancement des Sciences, il fait mention de l’Afrique, centre d’évolution, son rôle dans l’Histoire paléontologique des Hominiens. Dans ce congrès, il insiste lourdement sur l’importance du continent africain dans la reconstitution phylogénétique des Hominidés. Dans la deuxième, lors de l’Année biologique devant la Société Zoologique de France, il fait une conférence dans laquelle il expose l’état des connaissances sur les origines de l’Homme. On sait la part importante de la phylogenèse dans la classification des espèces animales dans la vie scientifique d’Arambourg. Concernant ses travaux sur l’Histoire paléontologique des Hominidés, la classification phylogénétique en est la clef de voûte, en témoignent les nombreuses publications et conférences sur cette question : Le rôle de l’Afrique dans l’histoire paléontoloigique de l’homme, dans la Revue Scientifique, la classification des primates et particulièrement des Hominiens, dans Mammalia, la deuxième édition de La Genèse de l’Humanité, tous trois publiés en 1948. En 1950, son ouvrage La Genèse de l’Humanité est paru dans une édition portugaise de Lisbonne et en 1952 une grande question pour l’époque est posée sous le titre Où en est le transformisme ?, présentée dans l’Almanach des Sciences. Cet article, plutôt court, de 2 pages pose néanmoins l’approche philosophique du savant sur les théories transformistes : Néodarwinisme ou Théorie synthétique et Néolamarckisme (voir plus loin). On retrouve également au cours de la même année la troisième réédition, revue et corrigée de sa Genèse de l’Humanité. Dans les années 1950 -1960 plusieurs ouvrages et un colloque viendront argumenter sur ces questions de l'origine de l'homme qui le taraudent. Par ailleurs, on peut considérer l’année 1955 comme l’année de la paléontologie humaine pour Arambourg, car non seulement c'est la découverte à Ternifine des fossiles qui ont fait sa renommée, avec leur présentation dans plusieurs pays et la parution d'un grand nombre de publications en plusieurs langues. Au cours de cette année, il y eut également la découverte des vestiges humains dans la carrière de Sidi-Abderrahmane près de Rabat, la parution de la quatrième édition de la genèse de l’Humanité et sa publication dans une édition japonaise. Son travail, la même année, sur le rachis des Néandertaliens et la comparaison avec celui des hommes actuels est particulièrement intéressant. Sur l’attitude, en station verticale, des Néandertaliens est une communication présentée à l’Académie des Sciences en 1955, où contrairement à l’opinion de ses collègues, il montre grâce à l’examen de 153

radiographies d‘hommes actuels, que la structure de la région cervicale est identique aux vertèbres du cou de l’Homme de Néandertal et que par conséquent la position du trou occipital reflète une posture parfaitement verticalisée sous la tête. La vie d’Arambourg est une suite de hasards dans sa carrière depuis qu’il est jeune lycéen et la présentation de la publication sur le rachis et la position du trou occipital n’a rien de comparable avec les autres travaux. Qu’il me soit permis ici de relater en quelques lignes l’anecdote rapportée par son disciple le professeur Yves Coppens à propos de cette note. Lors de sa mission de prospection au Sahara en 1947-1948, Arambourg se déplace alors de poste en poste à bord d’un petit avion. Attendant la voiture du poste sur une piste d’atterrissage, à l’ombre d’une aile de l’avion, un pneu de ce dernier éclate par la très forte chaleur de cette journée et fait basculer l’engin dont l’aile vient s’appuyer sur la tête d’Arambourg. De retour à Paris, et souffrant quelque peu de la tête et du cou, il décide de se rendre chez un médecin qui lui prend une radiographie de la région du cou. Le résultat du cliché est stupéfiant pour Arambourg, puisqu’il remarque qu’il n’existe aucune différence morphologique avec les vertèbres cervicales des Néandertaliens. Cette publication rend compte de caractères physiques et posturaux des Néandertaliens et redonne à ces êtres leurs lettres de noblesse. Il faut dire qu’à la suite des publications du professeur Marcellin Boule sur les hommes de Néandertal, ces hominidés étaient considérés comme imparfaitement dressés et que leur colonne vertébrale courbe à convexité postérieure, rappelait les anthropomorphes avec une tête projetée vers l’avant. Arambourg rappelle à juste titre que cette vision simiesque est basée sur le squelette du vieillard de la Chapelle-aux-Saints, fortement marqué et dont la reconstitution de la base du crâne est douteuse et fausse donc les interprétations. Le réexamen de ce fossile comparé aux fossiles français, italiens, israéliens, chinois et sud-africains (la Ferrassie, Sacco Pastore I, Ngandong, Skhul V…) montre une même morphologie de la position du trou occipital qui se trouve donc similaire à celle de l’homme moderne. De même il fait remarquer que la courbure fémorale et la rétroversion du plateau tibial, considérées comme l’indice chez les Néandertaliens d’une locomotion en demi-flexion est sujette, comme chez les hommes actuels, à une grande variation lors de la marche. En définitive, Arambourg conclut au rapprochement anatomique et donc phylogénétique des Néandertaliens avec l’homme moderne. Son point de vue sur cette question est finalement celui des paléontologues de ces 30 dernières années, appliquant à l’homme de Néandertal une terminologie sub-spécifique de Sapiens, dénommée à tord Homo sapiens neandertalensis. Car les travaux de ces dernières années ont montré que ni la morphologie architecturale crânienne en extension et non pas en flexion, ni les résultats microbiologiques ne rapprochent aujourd’hui 154

l’Homme de Néandertal de l’homme moderne, faisant de lui une espèce éteinte, distincte des cromagnoïdes. Les nombreuses considérations d’Arambourg sur l’origine de l’Homme seront développées dans des chapitres de plusieurs ouvrages ou dans des réunions internationales comme l’important colloque de Paléontologie, organisé à Paris par le CNRS.

Fig. 53. Trois rachis cervicaux comparatifs d’Hominidés : A. Homo neandertalensis, B. Homo sapiens, C. radiographie d’européen. (d’après Arambourg, In. archives C. Arambourg, notices des travaux scientifiques).

Au cours des années 1960, Arambourg poursuiva son œuvre comme au cours des deux décennies passées à étudier et à donner ses réflexions sur la classification des hominidés fossiles tout en explorant de nouveaux gisements fossilifères en Afrique et en étudiant des milliers de restes de vertébrés. Dans ce contexte de découvertes, il est véritablement emballé quant son collègue le Dr Leakey découvrit le 17 juillet 1959 dans la couche I du célèbre gisement d’Olduvai en Tanzanie, un crâne complet d’Australopithèque robuste dénommé par son inventeur Zinjanthropus boisei, Zinj étant l’ancien nom local de l’Afrique de l’Est. Avec cette fantastique découverte, Arambourg a l’occasion de publier des articles et de faire des conférences sur ce fossile pour montrer à la communauté scientifique que son acharnement sur cette question est payant, lui qui insiste depuis le début de sa carrière sur le fait que le continent africain est à l’origine d’un grand nombre de Mammifères et de Vertébrés primitifs et que dès les années quarante il est persuadé que ce continent va donner là aussi les plus anciens hominidés et en particulier les Australopithèques. Il ne s’agit pas, bien entendu, du premier Australopithèque découvert en Afrique, il y’a eu déjà Australopithecus africanus, l’enfant de Taung de Strerkfontein, découvert par Raymond Dart en 1925 et Paranthropus en Afrique du Sud, 155

toutefois, les controverses vont bon train dès qu’un fossile chronologiquement antérieur aux Homo erectus vient à être exhumé. Il faut dire que huit ans après, les fouilles de l’équipe française d’Arambourg, au Nord du lac Rodolphe (Lac Turkana aujourd’hui), dans la basse vallée de l’Omo en Ethiopie vont offrir à celui qui n’en attendait pas moins, son Australopithèque. Paraustralopithecus (ou Australopithecus) aethiopicus, est le nom de ce fossile décrit par Arambourg et le jeune Yves Coppens qui faisait partie de cette équipe pour la première fois. Les caractères archaïques de la mandibule permettent dans un premier temps aux auteurs de proposer un nouveau genre et une nouvelle espèce. En dépit des caractères massifs du spécimen fossile, la mandibule de l’Omo fait partie du genre Australopithecus et ne mérite pas donc l’appellation d’un nouveau genre. Jusqu’à sa mort, il continuera à disserter sur l’évolution et l’origine de l’homme, insistant sur les types morphologiques des quatre stades évolutifs, Australopithèque, Pithécanthropien, Néandertalien et Sapiens. La vulgarisation scientifique de la paléontologie humaine comme on dirait aujourd’hui, l’a poussé à diffuser dans toutes les langues, en témoigne le succès de son ouvrage La Genèse de l’Humanité, qui connut sa huitième édition en 1969.

La pensée scientifique d’Arambourg A la fin du siècle dernier et au début de celui-ci, les recherches dans une logique de plus en plus mondialiste ont engendré une avancée colossale des idées et de la technologie. Dans certaines branches des Sciences de la Terre et des Sciences humaines (Géologie, Paléontologie, Paléanthropologie, Préhistoire …), on assiste à une compétition des doctorants et des jeunes chercheurs publiant le plus grand nombre d’articles pour accéder enfin à la fonction désirée, laissant de côté la plus noble des quêtes, la plus recherchée et la plus juste, celle de la pensée scientifique des auteurs anciens et récents. Combien d’étudiants et de chercheurs dans ces domaines maîtrisent-ils l’œuvre scientifique de l’auteur de la référence qu’ils citent, quand ceux-là mêmes, sont cités ? Certains ont été même déroutés dans leur parcours scientifique car ne maîtrisant pas la pensée phylosophico-scientifique des auteurs dont ils font référence. Pendant plusieurs années, j’ai enseigné à l’Institut de Paléontologie Humaine, sous la direction du professeur Henry de Lumley, un cours en Paléontologie animale portant comme titre Les faunes quaternaires du Maghreb et comme sous-titre Pomel, Joleaud, Arambourg et les autres. Dans ce sous-titre, je faisais référence à l’Histoire des Sciences de ces savants de la Paléontologie, de la Géologie et de la Préhistoire, africaine, maghrébine et algérienne. La même Histoire des Sciences est rappelée aux 156

chirurgiens-dentistes de la faculté de Montrouge dans l’enseignement que je prodigue au sein de cet établissement en Paléanthropologie et Paléopathologie dentaire et squelettique. Il faut l’avouer, l’enseignement supérieur français du second et du troisième cycle manque cruellement et véritablement d’une introduction à l’Histoire des Sciences concernant les grands auteurs, en tout cas ceux qui ont instauré les bases scientifiques des Sciences de l’évolution, des Sciences Humaines et des Sciences de la Terre. Le seul endroit, un peu spécial, dans l’univers de l’enseignement et de la recherche est le Collège de France. Dans le genou de Lucy, Coppens, en relatant une discussion qu’il a eue avec Herbert Thomas, sur l’Histoire des Sciences, proposa la sienne sur l’Histoire de la Paléoanthropologie dans un cours qu’il commença en 1991 dans la Chaire de Paléontologie Humaine et de Préhistoire qu’il dirigea de 1982 à 2005. La voici donc, un peu en forme, dira-t-il, cette première contribution à l’histoire des Sciences que je pratique (quand même encore) ; il s’agit en fait d’une collation d’éléments vécus, entendus ou lus à verser au dossier de l’histoire de la paléoanthropologie bien plus en effet qu’une œuvre d’historien. Pour revenir à la pensée d’Arambourg dans le domaine qui le concerne et pour avoir lu et étudié pratiquement toute son œuvre, on est à chaque fois, à chaque lecture, frappé par l’importance qu’il donna au milieu. Mais avant de parler de l’importance de ce milieu qui transforma les espèces au cours de l’évolution, arrêtons-nous un instant sur ce qui motive le plus Arambourg dans sa vie de scientifique. Il est avant tout un homme de terrain plus qu’un homme de laboratoire, même si ces deux activités donnent l’impression d’être égales, car dès qu'une étude de détermination au laboratoire est achevée, il regagne aussitôt un autre terrain et inversement. Il le dit luimême « …La recherche paléontologique n’est pas seulement une œuvre de laboratoire mais nécessite pour être féconde, l’action sur le terrain … », plus loin, il dira « j’ai continué à consacrer une grande part de mon activité à la recherche , l’exploration et la fouille systématique des gisements … et on été à diverses reprises, le théâtre de mes investigations et m’ont fourni presque la totalité de mes matériaux d’étude … » (Exposé général du supplément à la notice sur les travaux scientifiques de 1936 à 1953). Coppens dira de lui (le genou de Lucy), Camille Arambourg partait souvent sur le terrain pour prospecter, fouiller, expertiser un site ou une récolte ; il ne se rendait qu’exceptionnellement dans d’autres laboratoires, d’autres musées, à des colloques ou des congrès. En cela, pour Coppens (le genou de Lucy), Arambourg était un paléontologue du dehors, plus attiré pour le terrain, alors que Jean Piveteau, par exemple était un paléontologue du dedans, qui en dehors de quelques sorties à contrecœur, il n’a par contre guère aimé aller chercher lui-même les fossiles, c’était un savant-un grand savant-mais un savant de cabinet.

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Quand on étudie les travaux d’Arambourg, on n’est pas forcé de lire entre les lignes les développements de sa théorie explicative de l’évolution. Sur ce terrain-là, il est lucide et semble même vouloir imposer sa vision cytologique du monde. Cependant, de texte en texte, du début jusqu’à à la fin de sa carrière, sa lecture des fossiles change parfois d’orientation interprétative. Très tôt, il se démarque d’un certain nombre de courants évolutifs pour se positionner sans faille au Lamarckisme. Dans la description des formes fossiles, il constate curieusement l’influence de conceptions philosophiques parfois diamétralement opposées. Il dira « au siècle dernier, celle prédominante (influence) du fixisme et des révolutions du globe de l’Ecole de Cuvier, conduisait à considérer comme presque forcément distinctes des étages géologiques différents … ». Il continue « plus récemment, le mutationisme a conduit à pulvériser certains groupes naturels, pourtant remarquablement homogènes, en une multitude de formes et de rameaux théoriquement indépendants les uns des autres, ce qui est un retour par une voie détournée au créationisme de d’Orbigny ». Dans le même temps, il est également contre certains qui se trouvent sous « l’influence des idées lamarckiennes ou darwiniennes sur la continuité graduelle de l’évolution qui aboutit pratiquement aux mêmes errements » (Exposé général, Notice sur les travaux de Camille Arambourg (de 1912 à 1936). Tout au long de l’étude des Mammifères en particulier et des Vertébrés en général qui concernent les faunes tertiaires et quaternaires d’Afrique et d’Eurasie, Arambourg ne cesse de chercher par la biogéographie et la géodynamique, l’origine eurasiatique ou africaine des espèces et leur répartition, qu’elles soient marines ou continentales. Très souvent, il observe des lacunes géologique et fossilifère, apparemment difficiles pour comprendre la succession des diverses formes mais tout en les reconnaissant, elle ne le retardent pas outre mesure. Cette notion qu’il appelle notion d’irrégularité des phénomènes évolutifs résulte, d’après lui, de discontinuités dans des groupes de faunes qui ont donné des différences profondes, alors que les organismes étaient stables pendant de longues périodes. Il dira que « Les vagues fauniques accompagnent toujours les grands phénomènes géodynamiques : changements dans la distribution des mers et des continents, transgressions et régressions marines, paroxysmes orogéniques, les périodes de calme et de stabilité organique correspondent, au contraire aux périodes de calme et de stabilité géographique. » En définitive, le mileu agit sur l’adaptation des formes animales dans une orthogenèse générale, animant le monde dans une direction uniforme. Les modalités sembleraient agir selon un rythme variable, tantôt lent pendant de longues périodes correspondant à un état d’équilibre des organismes, tantôt accéléré par des phénomènes de crises faisant apparaître de nouveaux types.

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Les déséquilibres biologiques brusques qu’interprète Arambourg sont au départ teintés de transformisme lamarckien. Il dira « Parmi toutes les théories explicatives qui ont été proposées, c’est encore l’idée lamarckienne qui semble le mieux rendre compte de cette allure paradoxale de l’évolution. » (Exposé général, Notice sur les travaux de Camille Arambourg (de 1912 à 1936). Quand il remarque un hiatus ou une discontinuité dans l’Histoire ichtiologique des mers, c’est le terme transformation qu’il utilise et non pas un autre. « C’est ainsi que l’époque liasique marque une transformation profonde de la faune européenne : l’ensemble des poissons du Lias forme un bloc qui se relie à ceux du Jurassique et du Crétacé inférieur et s’oppose brusquement à ceux du Trias et du Permo-Carbonifère. » Plus loin, à propos d’une autre discontinuité, il dira « Jusqu’au Crétacé moyen, la composition de la faune européenne conserve les mêmes caractères, mais à partir du Cénomanien, une nouvelle et profonde transformation intervient brusquement et amène l’appartion brusque des Téléostéens physostomes. » Il finira ce chapitre sur les discontinuités fauniques des peuplements des mers européennes (Exposé général, Notice sur les travaux scientifiques, 1936), par des conclusions géodynamiques « Chacune de ces vagues représente une migration massive de Poissons provenant de centres de dispersion communs et en rapport avec les grands changements paléogéographies : Transgressions jurassique, cénomanienne, nummulithique, oligocène. » Pourtant la tenue de l’important Congrès de Paris en 1947 ne change rien aux idées d’Arambourg. Pour la première fois, Français et Anglo-saxons doivent s’affronter sur les idées de l’évolution. D’un côté les paléontologues, anatomistes, naturalistes et zoologues français comme C. Arambourg, H. V.Vallois, J.Viret, J. Piveteau, P.Teillard de Chardin, L. Cuénot, P. P. Grassé et bien d’autres campent sur leurs positions de la tradition lamarkienne, à l’exception de certains anatomistes et généticiens qui ont pris le parti du Néodarwinisme comme G. Teissier et M. Prenant et doivent désormer prendre position par rapport à leurs collègues compatriotes. De l’autre les ténors anglais et américains de la théorie synthétique de l’évolution comme J.B.S. Haldane, D.M.S.Watson et G.G.Simpson. Comme ils peuvent s’y attendre, le Congrès parisien n’est pas à la hauteur de leurs éspérances, à tel point qu’un autre Congrès est préparé par J. Piveteau 3 ans après. Là aussi, Arambourg, plus que jamais cramponé à ses positions, rejette les idées darwiniennes, idées, qui pourtant commençent à avoir de plus en plus d’adeptes au sein même des paléontologues et anatomistes.

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Le professeur Yves Coppens soulevera à propos des déséquilibres biologiques, par laquelle Arambourg tentait d’expliquer l’évolution humaine. En effet, lors de la publication du Zinjanthrope d’Olduvai (le Zinjanthrope et les données actuelles du problème des origines de l’Homme) en 1960 dans la revue La Nature, et tout en exposant les tendances de l’époque, l’une, traditionnaliste (l’homme serait une création indépendante, extra-naturelle), l’autre, acceptant le slogan néodarwiniste du Missing Link (le chainon manquant des Anthropomorphes-Homme), Arambourg en arrive à interpréter l’enchainement des stades évolutifs de la fin Tertaire-début Quaternaire par la mise en place d’une première mutation de la série. Le terme de mutation apparaît dans ses publications sur les Vertébrés à partir des années 1950 et plus précisément en 1950 (Le problème de l’extinction des espèces et des groupes. Paléontologie et Transformisme, Congrès de Paléontologie et de Génétique, ouvrage paru sous sa direction chez Albin Michel), puis sur l’origine de l’Homme, précisément à partir de1956 (Le gisement pléistocène de Ternifine dans le Bulletin de la Société belge de Géologie, de Paléontologie et d’Hydrologie). Mais dès les années 1960, le même discours revient dans pratiquement toutes les publications faisant référence à l’origine de l’homme. Dans réflexions sur la Systématique des Hominiens fossiles, paru en 1966 dans les Bulletins et Mémoires de la Société d’Anthropologie de Paris, et répondant à certains auteurs traitant du problème humain sans tenir compte des mécanismes, il écrit « Tous les spécialistes savent aujourd’hui que, dans l’histoire paléontologique des êtres vivants, la continuité apparente de ce que l’on appelle une « série évolutive » n’est que la somme d’une suite de mutations discontinues dont chacune correspond à une adaptation toujours plus étroite à des conditions biophysiques et à un mode de vie particuliers. Ces mutations sont probablement comme l’a suggéré Wintrebert avec beaucoup de pertinence la conséquence - au niveau de l’équipement génique des produits sexuels des individus-des réactions hormonales de ceux-ci aux agressions provenant des variations de l’environnement biophysique avec lequel ils sont en équilibre temporaire. » En fait, Arambourg résout le problème des déséquilibres biologiques successifs par des réponses de variations environnementales qui vont transformer les organismes en accordant une place de choix aux mutations génétiques. Là se pose un problème majeur et quelque peu contradictoire. D’un côte, Arambourg est contre la théorie synthétique de l’évolution, car pour lui toute l’Histoire de la vie s’explique par le Transformisme, mais ces transformations sont sout l’effet de la génétique. D’un autre côté, il n’accepte pas la notion de hasard de la théorie synthétique lors de la mutagenèse. Pour lui, comme pour le Lamarckisme, l’hérédité a pour chef de file, le milieu environnant. Concernant ce dernier point, il dira « Les mutations successives correspondent à des spécialisations organiques et 160

fonctionnelles de plus en plus étroitement adaptées à des modes de vie particuliers et dont le processus est irréversible. » Cette irréversibilité du processus évolutif, il la mentionne dans sa dernière édition de la Genèse de l’Humanité de 1969, en tenant compte toujours de cette notion d’orientation orthogénétique, mais change radicalement d’interprétation en déclarant qu’il s’agit de « conséquences du triage constant, par la sélection naturelle, des mutations de plus en plus adéquates à chaque biotope ou à chaque fonction ». Est-il besoin de le souligner, lui qui a été un fervent défenseur du Lamarckisme ou du Néo-Lamarckisme, comme tant d’autres, avant lui, contemporains et même après lui, il va changer sa vision du monde évolutif, juste avant sa mort. Dans aucun de ses éditions précédentes, il ne prend parti pour la sélection naturelle. Ici, il a peut-être voulu, par ce clin d’œil tardif, se rattraper, en donnant une nouvelle interprétation à ce qu’il appelait les archives fossiles.

A propos du racisme scientifique Comme pour le Darwinisme social qui fut utilisé par certains pour montrer la supériorité des populations blanches, le racisme scientifique fit de même lors de la colonisation de l’Afrique et de l’Asie. Mais cette idée ne concernait pas uniquement les peuplements extra-européens. L’Homme de Néandertal, euro-asiatique par excellence, connut les mêmes désagréments, dans son propre continent. Quant à l’Homme de Cro-Magnon, trouvé pour la première fois en Dordogne, il ne pouvait être que le géniteur de toutes les autres directions cro-magnoïdes, trouvées dans d’autres contrées lointaines. A ce titre, la ressemblance morphologique des populations d’Afrique du Nord avec les hommes de Cro-Magnon d’Europe, a amené certains anthropologues du début du siècle dernier tels le professeur Henri Vallois ou le docteur Verneau, tous deux de l’Institut de Paléontologie Humaine, à émettre des hypothèses à la limite du rationnel, idées véhiculées pendant très longtemps, montrant l’importance du courant de pensée de l’époque. En somme, les Homo Sapiens de la Dordogne, partis des Eyzies, avaient envahi le reste de l’Ancien Monde et donc les régions au sud de la Méditereranée. Les fouilles et les recherches ultérieures ont montré le scénario inverse. Sur cette question d’orientation interprétative des fossiles, Arambourg, fidèle aux notions d’endémisme et de centres de dispersion des faunes, le démontre à maintes reprises sur les faunes de Vertébrés et d’Invertébrés de son continent favovi, l’Afrique. L’exemple le plus frappant est le gisement de la faune à Hipparion de l’Oued El Hammam dans l’Ouest algérien. Il le fait également pour les origines de l’Homme, question, il est vrai, bien plus embarassante que celle des faunes. A ce sujet il dira « il est certain qu’inconsciemment, chez beaucoup d’esprits, quand on parlait des origines 161

de l’Homme, il s’agissait essentiellement de l’Homme européen, car les premiers fossiles humains ayant été découverts en Europe, avec les restes de Cro-Magnon puis de Néandertaliens, il fut longtemps implicitement admis que l’histoire paléontologique de l’Homme était européenne. » Il rajouta « D’ailleurs la découverte dans cette contrée de toute une succession d’industries lithiques échelonnées au long du Quaternaire, et l’ignorance à peu près complète où l’on était de la Préhistoire des autres régions du monde rendaient plausible cet a priori. Et c’est pourquoi la plupart des documents fossiles humanoïdes découverts en Europe et antérieurs aux Néandertaliens furent interprétés comme faisant partie de la lignée directe de l’Homo sapiens. » (Réflexions sur la systématique des Hominiens fossiles, 1966). Il en est de même pour tout ce qui était relatif aux civilisations préhistoriques dont les appellations acheuléennes, moustériennes, s’appliquent jusqu’à aujourd’hui à des industries lithiques d’Afrique du Nord qui n’ont de comparable que le procédé technologique des chaînes opératoires et rien avec Saint-Acheul ou le Moustier

Les découvertes de sites et d’horizons géologiques Les découvertes de sites, d’horizons géologiques ou l’établissement de concept ou de notion ont été ininterrompues depuis le début de sa carrière. Dans pratiquement chaque pays, chaque région, que ce soit des formations marines ou continentales, des grottes,des abris-sous-roches,des sites de plein-air, des gisements volcaniques ou sédimentaires, de Phosphates, d’âge secondaire, tertiaire ou quaternaire, qu’il s’agisse de Paléontologie animale ou humaine ou de Préhistoire, qu’il s’agisse de Poissons, de Reptiles, d’Oiseaux ou de Mammifères, rien ne lui a résisté. Même la Paléobotanique comme ces empreintes foliaires qu’il recueillit un peu partout ou les mollusques, qu’il s’empressa de les proposer à ses collègues pour étude. On peut avoir une idée des principales acquisitions scientifiques d’après cette liste ci-dessous : -

1912. Découverte, à Casablanca, du Miocène marin 1915. Découverte et fouille des gisements de Vertébrés pontiens de la Vallée du Vardar en Thésalonique 1920. Découverte, chez les poissons fossiles, d’organes lumineux 1927. Définition de la « faune paléoméditerranéenne » d’après l’étude des Poissons fossiles de licata (Sicile) et d’Oran 1927. Etablissement de la notion, devenue classique, de Distribution mésogéenne » de certains organismes marins

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1927-1930. Découverte et fouille de l’abri-sous-roche d’Afalou Bou Rhummel (Bedjaïa, Algérie) 1931. Découverte du gisement de Mammifères villafranchiens de l’Aïn Hanech (El-Eulma, Algérie) 1931-1932. Découverte, aux environs d’Alger, de nouvelles grottes à ossements 1932-1933. Mission de l’Omo : Exploration géologique et paléontologique des territoires à l’Ouest du Lac Turkana (ex. Rodolphe), et découverte du gisement de Vertébrés miocènes du Losodok 1934 -1935. Etablissement sur des bases paléontologiques, de la stratigraphie des Phosphates du Maroc 1934. Découverte de la présence d’Uranium dans les gisements de Phosphate du Maroc 1935. Etablissement d’après l’étude de Poissons fossiles crétacés, du polyphylétique du groupe des Téléostéens, à partir de divers Halécostomes mésozoïques 1938. Découverte en Iran, d’une faune ichtyologique abyssale nouvelle, d’âge oligocène 1949. Découverte dans le gisement villafranchien de l’Aïn Hanech, d’une industrie lithique se rattachant à la Pebble Culture 1950. Découverte d’une faune de Vertébrés d’âge Pontien dans la Vallée de l’Oued El Hammam près de Bou Hanifia (Algérie) 1954. Découverte en Algérie (Ternifine) de l’Atlanthropus, artisan des premières industries à bifaces. 1955. Découverte en Algérie (Ternifine), d’autres restes humains de l’Atlanthropus 1955. Découverte (en collabotation avec Biberson), à Sidi Abderrahmane au Maroc, de vestiges humains, proches des Atlanthropes 1967. Découverte (en collabotation avec Yves Coppens) dans la basse vallée de l’Omo en Ethiopie de Australopithecus aethiopicus

Ce sont là les principales découvertes personnelles, mais on peut en citer d’autres, effectuées en compagnie de ses collaborateurs en Tunisie ou en Lybie.

Les unités systématiques nouvelles Par unités systématiques nouvelles, il faut comprendre bien sûr, la découverte des taxons à tous les niveaux de la classification linéenne. Ces créations zoologiques nouvelles concernent exclusivement les Vertébrés et se répartissent de la manière suivante : 163

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Poissons : 3 Familles, 1 Sous-Famille, 16 genres, 122 espèces Reptiles : 1 genre, 8 espèces Mammifères : 1 Sous-Famille, 8 genres, 47 espèces, 2 sous-espèces Oisaux : 1 espèce

Ce sont évidemment les Poissons fossiles qui ont donné à Arambourg, lors de ses premières recherches le plus grand nombre de taxons à toutes les hiérarchies infra-familiales. En effet, les Poissons lumineux, cartilagineux ou osseux, découverts dans les Phosphates du Sahel d’Oran, dans ceux du Maroc, ou en Sicile, représentent des nouveautés à plus d’un titre. D’abord, ces traces d’organes lumineux ou photophores observés chez les Poissons fossiles qui présentent des écailles épaissies et transparentes et dont leur conservation est restée impeccable ont en partie, contribué à une détermination taxonomique. Ensuite, la révision des Poissons fossiles de Licata, lui a permis de revoir les interprétations de Sauvage. Pour Arambourg, ces Poissons, comme ceux des Tripolis de Toscane et de Romagne, ou des Phosphates d’Oran, non seulement possèdent de nombreuses espèces en commun, mais sont également toutes d’origine marine. Enfin, la désignation de cette Faune comme paléoméditerranéenne est caractérisée par ce mélange d’espèces littorales et profondes dont la caractéristique est sa répartition uniforme dans une grande partie de la Méditerranée. Concernant les espèces mammaliennes qui représentent l’autre partie importante des Vertébrés étudiés, on peut s’étonner là aussi du grand nombre de taxons créés dans des gisements importants. Que ce soit dans le Miocène de Bou Hanifia, dans les gisements villafranchiens d’Aïn Boucherit, d’Aïn Hanech, d’Aïn Brimba, ou dans les sites de la Vallée de l’Omo, les genres et les espèces déterminés, sont nouveaux dans leur grande majorité. On verra plus loin, qu’au milieu de sa vie mais surtout à sa fin, Arambourg inventera un grand nombre de dénominations taxinomiques qui s’avèreront incorrect ou injustifié, les espèces créées étant soit synonymes d’autres espèces, soit arbitraires. Cependant, même si quelques erreurs existent ici et là, Arambourg a été durant toute sa carrière, comme dira de lui son ami Yves Coppens « Très chaleureux, très courtois, très modeste, doué d’une grande puissance de travail, associée à une grande énergie, la retraite n’avait pour lui qu’une date administrative ». En le comparant à Louis Leakey et en faisant référence à leur éducation, il dira qu’Arambourg « était plus rigoureux ». On retiendra de cette liste de compliments une seule caractéristique, la rigueur. Dans chaque espèce mammalienne déterminée, à partir d'une dent, d'un maxillaire, d'une mandibule, d'un crâne ou une portion de crâne, d'une cheville osseuse de corne, d'un ossicône, ou d'un os des membres, on 164

retiendra le détail de la description, la précision et la justesse anatomiques et la complémentarité par l’Anatomie Comparée. Parfois, le texte suffit à lui seul, à rendre compte d’une grande clarté dans la description des formes fossiles. Mais ne s’arrétant pas là, et pour rendre son texte anatomique plus lisible, il l’accompagnera de magnifiques dessins et de planches anatomiques d’une grande finesse. Ceci est valable pour les Mammifères comme pour les Poissons et les Reptiles. Tous les groupes étudiés, rendent compte de la même efficacité, par l’écrit et le dessin, en plus parfois par la photo : Proboscidiens, Giraffidés, Bovidés, Cervidés, Equidés, Suidés, Carnivores, Primates, l’Homme, et aussi les Poissons, les Crocodiles, les Tortues et les Oiseaux.

Les erreurs de détermination vers la fin de sa vie Quand on énumère les listes de gisements et de faunes découverts dans une grande partie des anciens mondes, on peut, à mon avis se permettre quelques erreurs de parcours, insignifiantes, comparé à la masse impressionante d’organismes analysés, représentant des milliers d’espèces. Parmi les espèces mammaliennes, le professeur Herbert Thomas, du Collège de France, mais surtout Denis Geraads, directeur de recherches au CNRS, firent des remarques concernant la création d’espèces dans les deux plus importants gisements préhistoriques d’Afrique du Nord, l’Aïn Hanech et Ternifine. Dans le premier, et au sein du groupe des grands Bovidés, Arambourg reconnut 2 nouvelles espèces de Bovinés Bos bubaloïdes et Bos praeafricanus. La seconde espèce est selon Denis Geraads, synonyme de la première et ne vaut pas une appellation nouvelle. Ce même Bœuf à affinités bubaloïdes se retrouve également à Ternifine.Ces taxons qui ont été figurés dans l’ouvrage post-mortem Vertébrés Villafranchiens d’Afrique du Nord, en 1979, montrent d’autres erreurs mais qui ne sont pas imputables à Arambourg. Comme me l’avait signalé mon directeur de thèse de l’époque, le professeur Herbert Thomas, lors de la réunion des textes et de l’arrangement des planches photographiques de cet ouvrage par le professeur Léonard Ginsburg, des erreurs se sont glissées dans la rédaction des légendes. On retiendra par exemple dans la planche XXX, consacrée aux restes du Giraffidé Libytherium (= Sivatherium) maurusium que la figure 3 désigne plutôt un métacarpe de Boviné. De même, les figures 9, 10, 11, 12 et 13 de la planche LXI ne représentent pas des bifaces, mais des sphéroïdes à facettes. Arambourg, de son vivant, il ne se serait jamais permis une telle erreur, d’autant plus que le niveau à bifaces de l’Aïn Hanech, n’est pas celui du niveau villafranchien supérieur. Toutefois une erreur de taille est publiée dans ce même ouvrage concernant un nouveau genre et une nouvelle espèce de primate appelé 165

Anomalopithecus bicuspidatus et reconnue dans le gisement villafranchien tunisien d’Aïn Brimba. Sylvie Van Den Brink, faisant sa thèse de Paléontologie dans les années 1980 à l’Institut de Paléontologie Humaine, a revu ce matériel qui s’avéra hétérogène. L’holotype de cette espèce est en fait une incisive supérieure de Hyène Hyaena striata praecursor, créée par lui dans le même gisement. Il est intéressant de savoir qu’entre la publication post-mortem de l’ouvrage d’Arambourg en 1979 et la parution de l’article de Sylvie van Den Brinke en 1981 dans la revue Géobios et celui de Denis Geraads la même année dans le Bulletin du Muséum National d’Histoire Naturelle, deux années les séparent, ce qui semble dans les domaines de la recherche tout à fait normal. Ce qui est en revanche anormal est l’erreur concernant le groupe des Equidés d’Afrique du Nord, qui resta sans vérification aucune, pendant un demi-siècle. Cet épisode me concerne particulièrement puisque quand je faisais ma thèse en 1981, j’avais découvert dans la faune atérienne des Phacochères une population importante d’Equidés représentés par de nombreux restes dentaires et squelettiques. Deux espèces nouvelles apparurent dont la première est un véritable Cheval pléistocène (Equus algericus), la seconde, un Ane (Equus melkiensis), de plus grande taille que l’Ane africain actuel. Les comparaisons faites avec de nombreux vestiges provenant de gisements contemporains d’Algérie et du Maroc (Tit Mellil, El Khenzira, Filfila, Bains Romains, Aïn Taya, Guyotville), conservés au laboratoire de Paléontologie du Muséum montrèrent que le Cheval déterminé dans la faune des Phacochères était également représenté dans ces gisements du Pléistocène supérieur. Pendant toutes ces années-là, Arambourg détermina dans ses collections, du Pléistocène moyen jusqu’à l’Holocène, un Zèbre reconnu par Pomel, le Zèbre de Maurétanie Equus mauritanicus. Partant du principe que l’Afrique est un continent qui a connu depuis le début du Quaternaire, Zèbres, Anes et hémiones et que le Cheval ne fait son apparition qu’à partir du Néolithique, l’affaire était vite classée. Il n’y avait pas de raisons que des Chevaux sauvages soient présents dans les gisements d’Afrique du Nord pendant cette période. Il faut dire que depuis ma découverte de ce Cheval d’Algérie Equus algericus, de nombreux gisements d’Algérie et du Maroc ont révélé la même espèce. Est-on en mesure d’avancer ici, qu’Arambourg était plus à l’aise sur certaines faunes et moins sur d’autres. Rien ne nous permet de dire ce genre de déclaration, étant donné, comme je l’ai indiqué dans les pages précédentes, que toute analyse osseuse et dentaire de l’ensemble des Vertébrés était suivie avec la plus grande rigueur, suivant une méthodologie anatomique et taxinomique de son époque. Il est vrai, qu'il est toutefois désolant de constater que depuis les années trente et notamment à partir des études sur les grottes fossilifères de la région d’Alger, il n’ait pas reconnu un

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Cheval sauvage dont les caractéristiques dentaires sont pourtant nettement dissociables des autres Equidés, en particulier les Zèbres. Dans le domaine des Poissons, c’est surtout la création de la SousFamille des Ganopristinés avec le nouveau genre Ganopristis, dans les années 1940 qui retient l’attention. Ces poissons se rapprochaient selon Arambourg des poissons-scies actuels. En 1952, il devait radicalement changer d’avis sur ce nouveau groupe et abandonner l’appellation. Ce dernier était synonyme et portait les caractéristiques de la Sous-Famille des Sclerorhynchinés, dont le genre fut fondé par Woodward sur un Pristidé du Sénonien, découvert dans le Sahel Alma au Liban. Les travaux d’Henry Capetta, spécialiste des Poissons, entre autres du Maroc montrèrent que ce groupe n’était pas directement lié aux Poissonsscies actuels (Famille des Pristidés). En dehors de la Paléontologie et de l’Afrique du Nord, certains auteurs le critiquèrent sur son travail portant sur la géologie de la Vallée de l’Omo en Ethiopie. Donald Johanson et Maitland Edey diront de lui « Arambourg avait été le premier à exploiter ce site, et les autorités éthiopiennes le connaissaient. Aussi, malgré ses conclusions erronées sur la géologie et bien qu’il fut alors vieux et souffrant, on lui confia la responsabilité de l’équipe française. » (Lucy, une jeune femme de 3 500 000 ans).

La dualité scientifique Pomel/Arambourg Entre grands savants, on est souvent tentés de faire des rapprochements ou au contraire, chercher ce qui les distinguait. Yves Coppens vécut cette expérience justement, en comparant l’itinéraire scientifique de deux grands chercheurs contemporains en l’occurrence Arambourg et Leakey. Ce que je voudrais montrer ici ne ressemble guère à l’exemple Arambourg/Leakey, car même si derniers se jalousaient d'un poit de vue scientifique, ils étaient d’abord amis. Ensuite, ils ne travaillaient pas dans les mêmes régions géographiques, à l’exception de l’Ethiopie. Leakey était natif du kenya et avait travaillé surtout dans ce pays et en Afrique de l’Est en général. Ce n’était pas le cas pour Arambourg, qui s'était intéressé à l’ensemble des Vertébrés, de toutes périodes, de l’Afrique, du Bassin méditerranéen, de l’ Europe, de l’Asie, du Proche et du Moyen-Orient … La comparison Arambourg/Pomel est difficile à entreprendre étant donné qu’ils nétaient pas contemporains, Pomel était du XIXe siècle, Arambourg, du XXe. Cependant, ils avaient une passion commune : l’Algérie et l’Afrique du Nord. L’autre point commun réside dans le fait qu’Arambourg avait exploré des gisements que Pomel avant lui avait vu et qu’il avait étudié des 167

espèces que Pomel lui-même avait décrites. Et c’est sur ces points de vue, que je trouve cette comparaison intéressante, en tous cas selon les points de vue d’Arambourg. Pomel, grand paléontologue, naturaliste travaillant au laboratoire de l’Ecole des Sciences d’Alger est le créateur de la douzaine de Monographies sur les Vertébrés fossiles de l’Algérie, publiée dans la Carte géologique de l’Algérie. Les espèces mammaliennes qu’il publia dans ses monographies sont réparties par groupes de Vertébrés (Antilopes, Equidés, Bovidés, Cervidés, Suidés, Carnivores, Proboscidiens, Rhinocéros, Hippopotames, Primates…) dont une grande partie était décrite pour la première fois. Certains fossiles sont décrits par lui et retrouvés pour la première fois dans de célèbres gisements découverts également par lui comme dans la sablière de Ternifine près de Mascara. C’est le cas dans ce seul gisement, de l’Eléphant de l’Atlas, Elephas atlantica, (ou Loxodonta atlantica), du Zèbre de Maurétanie, Equus mauritanicus, du Chameau de Thomas, Camelus thomasi. Arambourg reconnaît l’œuvre de Pomel « cette œuvre magistrale constitue un bilan à peu près complet des acquistions paléo-mammalogiques réalisées en Algérie, depuis la réunion de ce pays à la France, jusqu’à la mort de Pomel. » Il dira de lui également « L’œuvre paléontologique de Pomel marque l’étape essentielle de nos connaissances sur les mammifères fossiles de Berbérie. Pomel, dont la prodigieuse activité s’était, au cours d’une carrière nord-africaine de quarante-quatre années, étendue à presque tous les domaines des Sciences naturelles... » (La Paléontologie des Vertébrés en Afrique du Nord Française, XXème Congrès Géologique International d’Alger, 1952) Cependant, dans les travaux d’Arambourg, on sent qu’il voulait marquer à tout prix sa supériorité sur ceux qui l’avaient précédé dans ce domaine et en particulier Pomel. D’ailleurs, le style élogieux qu’il fit en 1952 pour qualifier les travaux de Pomel, n'existe plus quelques années plus tard. Lors de son étude sur les gazelles en 1957 (Observations sur les gazelles fossiles du Pléistocène supérieur de l’Afrique du Nord), il ne résista pas au plaisir de fustiger au passage certains auteurs et en particulier Pomel. On sait que ce dernier a publié dans ses monographies un grand nombre d’espèces nouvelles de Gazelles (Gazella subgazella des travertins de la région de Miliana, Gazella subkevella, du Pléistocène moyen d’Aboukir, Gazella setifensis du Villafranchien de l’Aïn Boucherit, Gazella nodicornis des brêches de la région de Bel Abbes, Gazella crassicornis de la Pointe Pescade, Gazella massaessylia du remplissage des fentes de Beni Saf, Gazella oranensis des grottes des environs d’Oran, Gazella triquetricornis de la Pointe Pescade). Or la majorité de ces espèces s’avèrera plus tard 168

synonymes de deux Gazelles : la Gazelle de l’Atlas (Gazella atlantica) et la gazelle de Cuvier (Gazella cuvieri). Dans sa conclusion, Arambourg dira « Sans avoir la prétention d’être définitif, ce travail a permis de mettre un peu de clarté dans la confusion qui régnait au sujet des gazelles fossiles du Maghreb. Les déterminations hasardeuses, par des auteurs peu familiers avec la paléontologie africaine (en référence à Joleaud), et leurs interprétations souvent erronées des travaux de Pomel avaient quelque peu contribué à créer cette confusion. Dans les publications générales, comme celle sur Les faunes mammaliennes du Pléistocène circumméditerranéen, paru en 1960, on ne retrouve pas non plus l’engouement d’Arambourg vis à vis de Pomel comme en 1952. Ici, quand il est question de Ternifine, ou même des espèces créées par Pomel dans le Villafranchien ou le Pléistocène en général d’Algérie, il cite rarement ce dernier. Mais cette critique ne s’appliquait pas qu’à Pomel, à Joleaud ou à Bourguignat. Même dans ses débuts, quand il faisait ses recherches sur les Poissons, il blâme sans scrupules quelques auteurs peu rigoureux avec la nomenclature ou avec la Systématique en général. A ce sujet, il dira « Cette compréhension zoologique des fossiles qui semble si naturelle et sur laquelle pourrait paraître quelque peu puéril d’insister, a ce pendant été bien souvent perdue de vue par certains paléontologues descripteurs, non seulement dans l’étude des Invertébrés, mais aussi dans celle des Vertébrés. » « D’innombrables espèces et souvent même des genres ont été créés sur des caractères sans valeur taxonomique réelle : variations sexuelles, individuelles ou accidentelles, voire même souvent sur de simples apparences ou sur des déformations dues à la fossilisation. » « …Chose plus grave, les notions d’espèce et de genre ont parfois perdu, lorsqu’il s’agissait de fossiles, leur sens biologique. » (Exposé général, Notice sur les travaux scientifiques, 1936). A la lecture de ce qui précède, faut-il penser que seuls, les grands chercheurs de la trempe d’Arambourg suivaient à la lettre la nomenclature zoologique et observaient une rigueur sans faille pour l’étude des Invertébrés comme des Vertébrés, et qu’une grande partie des autres étaient peu expériméntés ? Si c’était le cas, nous n'envierions que les seuls travaux des grands noms tels que Filhol, Sauvage, Gervais, Gaudry, Boule, Vallois, Teihard de Chardin, Hoffstetter, Lehman …Et même parmi ces quelques noms, Arambourg n'hésitait pas à pointer les erreurs de certains. Force est de constater que les dires d’Arambourg ne sont vérifiables que si les documents fossiles décrits par les uns et les autres sont observables aujourd’hui. Dans le cas contraire, si ces fossiles ont été perdus, non repertoriés ou non exposés, aucune vérification, ni rééxamen ne seront possibles par un quelconque paléontologue. Il est en tout cas certain, qu’Arambourg ne faisait pas confiance aux déterminations de ses prédécesseurs ou même de ses contemporains. Les déterminations de fossiles récoltés puis décrits par Roman et Solignac dans l’oasis de Tozeur en Tunisie en 1931, seront peu accréditées par Arambourg. 169

Il n’hésitera pas à dire « Il est à noter que toutes ces déterminations, surtout celles des Ruminants, fondées sur des dents isolées, sont incertaines et demanderaient à être confirmées par l’étude de matériaux plus complets. » (Vetébrés continentaux du Miocène supérieur de l’Afrique du Nord, 1959). Par ailleurs, il est à noter que même si on sent cette concurrence envers Pomel, Arambourg n’hésite pas à défendre farouchement les thèses de ce dernier notamment la question du Sahélien, étage créé par celui-ci en 1858. En réponse à Lafitte, qui, en 1948, considérait que cette unité stratigraphique ne se justifiait pas, Arambourg précise que « si le terme d’étage sahélien ne doit pas être conservé dans la nomenclature stratigraphique, il correspond cependant à un épisode particulier de l’Histoire méditerranéenne. » il dira plus loin « On peut donc conclure que la notion d’étage sahélien, conçu par Pomel comme unité stratigraphique formée pendant une période de transition entre Miocène et Pliocène, subsiste sur le plan biogéographique car, en effet, les dépôts du Miocène supérieur oranais établissent la persistance du biotope marin dans cette partie de la Mésogée beaucoup plus tardivement qu’en tout autre point de son ancien domaine. »(Vetébrés continentaux du Miocène supérieur de l’Afrique du Nord, 1959).

La fin des encyclopédistes, fin d’une époque Arambourg etait un naturaliste, spécialisé en Paléontologie des Vertébrés et géologue stratigraphe. Il s’occupait des Mammifères, des Poissons, des Reptiles mais également de Paléontologie humaine puisqu’il s’intéressait à l’évolution des Hominidés. Cependant, il récoltait également les Mollusques et les empreintes foliaires qu’il donnait à ses collègues pour détermination et qu’il récupérait pour les offir au Muséum. Il était un touche-à-tout et rien ne l’arrêtait. En cela peut-il être considéré comme un encyclopédiste ? Oui, sa connaissance de plusieurs domaines des Sciences naturelles, fait de lui un savant exemplaire, au même titre qu’un Théodore Monod, autre chercheur passionné du Muséum et dont plusieurs spécialités jalonnèrent sa longue et multiple activité : Ethnologie, Zoologie, Paléontologie, Géologie, Paléoanthropologie, Préhistoire. Et pourtant, bien qu’il n’y a pas si longtemps qu’il soit décédé, un grand nombre d’ouvrages fut consacré à Théodore Monod, même de son vivant, quand il parcourait les grandes étendues du Sahara. On fit de même pour Stephen Jay Gould. par contre pour Camille Arambourg, Marcellin Boule, Henri-Victor Vallois, Jacques Millot, Pierre-Paul Grassé, Jean Piveteau, André Leroi-Gourhan, François Bordes, Lionel Balout, rien, ou presque rien, en tout cas aucune biographie digne de ce non ne leur a été consacrée. Il y’a bien sûr le cas de Pierre Teilhard de Chardin, mais le jésuite paléontologue avait aussi une pensée philosophique et spirituelle. Dans Pré-Ambules de Coppens ainsi que dans le 170

Genou de Lucy nous retrouvons quelques pages ou quelques lignes sur certaines de ces figures illustres, mais c’est largement insuffisant. Ni biographie, ni thèse sur des chercheurs en préhistoire ne sont dans les universités pour retracer leur itinéraire scientifique, philosophique, ou même politique quand on sait que certains ont eu des activités de ce type. Ce n’est pas le cas en Histoire de la Médecine ou en Littérature Comparée, où l’oeuvre, la pensée, la découverte, la recherche des grands de ce monde sont constamment publiées, parfois du vivant même de l’auteur en question. Quelles sont les raisons d’un tel vide ? Faut-il comprendre par là que les Sciences descriptives n’intéressent plus personne, même pas en Histoire des Sciences ? Ou s’agit-il tout simplement de personnages éminemment scientifiques et pas du tout vulgarisés, inconnus du domaine public. La véritable raison est là. Arambourg, et tous les autres de sa catégorie, longtemps enfermés dans leurs laboratoires, prospectant sur leur terrain, présents à toutes les réunions internationales, qu’ils doivent aussi organiser, président d’associations ou de sociétés nationales et internationales …n’ont pas eu le temps, peut-être de vulgariser leur Science. De toutes les façons, l’époque ne favorisait pas l’éducation vulgaristrice des Sciences. C’est à nous et aux historiens des Sciences de faire revivre les domaines passionnants et certes complexes des activités scientifiques multiples des grands chercheurs naturalistes du XIXe et du XXe siècles. Les siècles antérieurs et leurs grands savants naturalistes sont largement mieux connus, eu égard peut-être au génie de leurs découvertes originelles et au développement de leurs Sciences en pleine Révolution, sous l’Empire comme sous la République mais aussi et surtout grace à l’expansion coloniale française de l’Afrique et de l’Asie. En effet, on est plus habitué à des noms comme Georges-Louis Leclerc comte de Buffon, Cuvier, Etienne, Albert et Isidore Geoffroy Saint Hilaire, Bernard de Jussieu. D’ailleurs des rues portent leurs noms, tout autour du jardin des plantes, avec bien d’autres tels que Daubenton ou Jean louis Armand de Quatrefages. Je ne pense pas qu’un établissement scolaire ou même une impasse porte le nom d’Arambourg, de Boule ou de Vallois, en tout cas pas à Paris. Alors qu’à Alger, une rue portait le nom de Pomel (escalier Pomel, sur le boulevard Mohamed V, tout près de l’université).

La conservation muséographique des collections La richesse culturelle et scientifique d’un pays se mesure au nombre de ses musées et à la qualité scénographique, au nombre de ses revues nationales et internationales, au nombre d’éditeurs et à la qualité de l’enseignement universitaire. Concernant le Muséum d’Histoire naturelle de Paris, une grande partie de ses collections vient des expéditions coloniales et le contenu des missions d’Arambourg n'a pas échappé à la règle. 171

Il faut dire qu’avec la génération d’Arambourg et celle d’avant lui, le Muséum et la Société zoologique d’Acclimatation étaient considérées comme deux puissantes institutions dirigées par les plus grands naturalistes français. Avec la nomination de Charles-Marie le Myre de Vilers à la présidence de la Société, grand connaisseur des affaires coloniales de l’Algérie, de Cochinchine et de Madagascar, celle-ci « s’était attiré la faveur de son institution mère, le Muséum, qui s’intéressait également aux activités coloniales pour s’efforcer de rehausser sa position sur la scène scientifique parisienne. » (Michael, A. Osborn, Naissance et développement d’une institution). Mais c’est avec Edmond Perrier, spécialiste des étoiles de mer et des oursins, le successeur de Le Myre de Vilers qui dirigea à la fois la Société zoologique d’Acclimatation et plus tard en 1900, le Muséum, qui devait contribuer à asseoir leur expérience en matière coloniale. « Depuis l’époque du jardin des Plantes et de la Révolution, un certain nombre de professeurs du Muséum, de Daubenton à Perrier, s’était intéressé de manière non officielle aux affaires coloniales. Les expéditions coloniales du Muséum, et la colonisation elle-même était source de travail taxinomique pour les professeurs, et de postes de directeurs de jardins botaniques coloniaux pour les diplômés de l’Ecole de jardiniers du Muséum » (Michael, A. Osborn, Naissance et développement d’une institution). C’est à cette époque, que le jardin d’Essai d’Alger était considéré comme le plus grand jardin colonial français. C’est dans cet état d’esprit, qu’Arambourg et bien d’autres ont rempli les caisses et les vitrines de la galerie de Paléontologie avec toute la Science et la culture de leur époque. Des milliers de restes fossiles de Vertébrés, parfois des spécimens complets, provenaient de toutes les périodes et du plus important réservoir de fossiles, le continent africain. Le Maghreb, et en particulier l’Algérie, possèdent une place de choix, bien plus que dans leur pays d’origine. Les collections ramenées d’Algérie auraient pu remplir et créer par la même occasion sur place à Alger, un Musém d’Histoire Naturelle, qui hélas n’a jamais existé. Paris et Alger se jalousaient sur ce terrain-là et sur bien d’autres encore et le trop petit Muséum d’Oran, à peine plus grand que celui d’Avignon, n’était pas à la hauteur de sa ville, bien qu’il conserve une belle et riche collection d’oiseaux naturalisés. Dans un autre domaine, celui de la Pêche et de la Chasse (Section de la Colonisation de la Société d’Acclimatation), on retrouvait les mêmes pratiques. « Ainsi MilhePoutingon (Président de la section Colonisation) mettait-il en garde contre les conséquences économiques dangereuses de l’exploitation illimitée et incontrôlée des ressources coloniales, comme les pêcheries et les bancs d’huitres d’Indochine. Dans les années 1850, l’armée française avait eu recours à des arguments similaires pour ôter aux chefs tribaux algériens le contrôle de la reproduction des chevaux. » (Michael, A. Osborn, Naissance et développement d’une institution).

Epilogue

Comme tous les grands chercheurs de ce monde, le mot retraite n’avait aucune signification pour Arambourg. L’année de son décès à Paris en 1969, à l’âge de 84 ans, il préparait encore avec son fidèle jeune homme de terrain et successur scientifique Yves Coppens, le programme de la quatrième campagne en Afrique de l’Est. Quelques années auparavant, il sillonnait encore comme dans sa jeunesse, les terrains qu’il avait tant aimés, ceux de l’Algérie, et de l’Afrique noire. Nous avons vu à travers les différents chapitres traités, que la vie personnelle de Camille Arambourg n’apparaît que très rarement dans cette biographie. Le choix volontaire de cette étude était axé sur sa seule œuvre scientifique, œuvre multiple, riche et diversifiée. Même s’il était parfois dur envers ses prédécesseurs de la paléontologie algérienne, il n’en reste pas moins que la Paléontologie, la Zoologie et l’Anatomie Comparée sous la houlette de Philippe Thomas, de Bourguignat, de Pomel, de Joleaud, puis d’Arambourg, ont eu une place de choix dans l’Algérie du XIXe et du XXe siècles. Il en est de même au Maroc, où il contribua seul ou avec la collaboration du plus grand paléontologue marocain, Emile Ennouchi ou avec le géologue Pierre Biberson, à la connaissance de gisements fossilifères de grande importance. C’est en effet dans ces deux pays du Maghreb, que la connaissance géologique, stratigraphique, paléontologique et préhistorique est la plus vaste, pour ne pas dire la plus complète. C’est également en Algérie et au Maroc, que les découvertes d’hominidés pléistocènes et holocènes ont été les plus nombreuses et les plus étudiées. L’autre passion d’Arambourg concernant la terre africaine est l’Ethiopie ou l’Abyssinie, comme il aimait bien l’appeler, où ses recherches dans la Vallée de l’Omo avaient permis de connaître l’unité biogéographique du peuplement quaternaire de l’Afrique. Que retient-on de l’œuvre d’Arambourg ?, Qu’attend fait de concret pour la promouvoir ?, et fait-on vraiment quelque action positive pour la promotion et la sauvegarde de ce patrimoine exceptionnel ? Si on compare ce savant avec ses contemporains et ses prédécesseurs, nul doute que leur patrimoine étudié avec passion, est protégé, exposé, parfois réétudié pour les besoins de la conservation patrimoniale des générations futures. Pour le reste, la pensée d’Arambourg passe inaperçue aux yeux des jeunes chercheurs et ne se positionne pas sur le même plan que certains autres savants naturalistes. En effet, force est de constater que l’œuvre scientifique d’un Paul Broca ou d’un Teilhard de Chardin est savamment mieux conservée et rendue publique par le biais d’association, de société savante ou 173

de fondation. Ainsi, leurs écrits, leurs pensées ne sont jamais véritablement oubliés, bien au contraire, ils sont rajeunis et revus grâce aux expositions, aux tables rondes et autres séminaires qui leur sont consacrés. Beaucoup de chercheurs français, en particulier des archéologues, et des préhistoriens, natifs de l’Algérie, ou de la métropole, comme on disait à l’époque, avaient cessé de se rendre dans ce pays dès l’indépendance de celui-ci. D’autres, comme les enseignants surtout, quelques ingénieurs, médecins et hommes des Lettres, ont préféré rester, et continuer leurs activités. Parmi les préhistoriens, les archéologues, les ethnographes et les historiens qui ont continué leurs recherches dans ce pays, on retrouve Gabriel Camps et Henriette Camps-Fabrer, Jean et Nicole Chavaillon, FrankEtienne et Colette Roubet, Marceau Gast, Ginette Aumassip, Jean-Pierre Maître, Claude Brahimi, André Berthier, Paul Albert Février et tant d’autres encore. Jusqu’aux années 1970, la recherche algérienne en Sciences Humaines, prodiguée par la prestigieuse Université d’Alger avait encore une place de choix en Afrique du Nord et pouvait prétendre à des travaux de qualité. Cependant on retiendra l’absence totale de formation d’algériens de haut niveau sous l’occupation française. Les domaines de l’Archéologie, de la Paléontologie, de la Zoologie, de l’Anatomie Comparée, de l’Ethnographie, brillent par les seuls noms d’Européens. Quelques exceptions, échappent toutefois à cette règle, comme en Histoire ou dans les Beaux-Arts, où très tôt cette dernière discipline montra la grande expérience de certains peintres notamment dans le travail de la miniature.

Sources orales, écrites et enregistrées Interview enregistrée sur Arambourg avec le professeur Lionel Balout et le Pr Colette Roubet, Institut de Paléontologie Humaine, 1982. Entretien avec le professeur Léonard Ginsburg, Institut de Paléontologie, don de la plus grande partie des oeuvres d’Arambourg, 1982 De nombreux entretiens avec le professeur Lionel Balout à l’Institut de Paléontologie Humaine de 1981 à 1984, sur la fouille du gisement des Phacochères (Ex les Allobroges), à Alger, au printemps 1961, responsable des collections mammaliennes, confiées à l’époque à C. Arambourg. De nombreux entretiens depuis 1981 avec le professeur Colette Roubet, responsable des collections nord-africaines à l’Institut de Paléontologie Humaine après le décès du professeur Lionel Balout. De nombreux entretiens avec le Pr Lionel Balout sur les erreurs de détermination du zèbre Equus mauritanicus, alors qu’en réalité il s’agissait du cheval sauvage d’Equus algericus, 1982 et 1983. Entretien avec le Pr Jean Jacques Jaeger sur l’importance de travailler sur les collections d’Arambourg et notamment sur certaines espèces particulières, 1er Congrès International de Paléontologie Humaine, Nice, 1981, Institut de Paléontologie Humaine, 1985. Nombreux entretiens avec Véra Eisenmann à l'Institut de Paléontologie sur les déterminations d’Equidés par Arambourg, depuis 1982. Entretien avec le Pr Jean Piveteau sur la découverte de Equus algericus pour sa publication dans les Comptes Rendus de l’Académie des Sciences et sur les travaux d’Arambourg au Maghreb, 1983. Entretiens avec le Pr Léonard Ginsburg, Institut de Paléontologie sur les collections d’Arambourg d’Algérie et leurs lieux de dépôt au Muséum (Beni-Segoual, Bains Romains, Guyotville, Pointe Pescade, Ternifine, Aïn Hanech, Aïn Boucherit), 1982-1983. Entretiens avec le professeur François Poplin du laboratoire d’Anatomie Comparée sur l’importance de reprendre des travaux paléontologiques sur le Maghreb à partir des collections d’Arambourg, 1982-1983.

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Entretien avec mademoiselle Henriette Alimen, lors d’une rencontre animée par le professeur Colette Roubet, en compagnie du professeur Lionel Balout ainsi que d’autres chercheurs sur le Sahara à Créteil, 1982. Plusieurs autres courriers dans les années 1983-1985 de la part d’Enriette Alimen dans lesquels elle encourageait la recherche paléontologique en Algérie et la poursuite de l’œuvre d’Arambourg. Nombreux entretiens ave le professeur Francis Petter, directeur-Adjoint au laboratoire Mammifères et Oiseaux, sur l’importance des collections d’Arambourg, de 1983 à 1985. Entretien avec le Pr Philippe Taquet sur la collection algérienne du gisement des Phacochères dont une partie était en dépôt à l’Institut de Paléontologie, les responsables de l’épopque étant les professeurs Camille Arambourg et Yves Coppens, 1982. Entretien avec le professeur Yves Coppens sur le lieu de dépôt de la collection du gisement des Phacochères, qui lui a été confiée par Arambourg dans les années 1960, 1982. Autorisation écrite par le professeur Philippe Taquet de déplacer la collection du gisement des Phacochères à l’Institut de Paléontologie Humaine, 1982. Plusieurs entretiens avec le professeur Herbert Thomas, de l’Institut de Paléontologie, directeur-Adjoint au Collège de France et directeur de ma thèse, sur les travaux d’Arambourg, sur ses erreurs à la fin de sa vie et sur certaines collections du Muséum, de 1982 à 1985, puis au cours des années 1990. Entretien avec Emile Heintz à l’Institut de Paléontologie du Muséum sur la détermination du crâne de Megaceroides algericus, de Guyotville, Cervidé mégacérin d’Algérie, retrouvé et étudié par Arambourg, 1983-1984. Entretien avec le professeur Gabriel Camps et Henriette Camps-Fabrer sur Arambourg et son passage à la fouille de sauvetage du gisement des Phacochères à Alger (Ex les Allobroges), en 1961, 1983. Entretien avec Roger de Bayle des Hermens sur Arambourg et son passage à la fouille de sauvetage du gisement des Phacochères à Alger (Ex les Allobroges), en 1961, ainsi que les lieux de dépôt à l’Institut de Paléontologie Humaine de la collection, 1982.

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Entretien avec Jacques Tixier, sur Arambourg et son passage à la fouille de sauvetage du gisement des Phacochères à Alger (Ex les Allobroges), en 1961, 1983. Entretien avec le préhistorien Philippe Dauvois de l’Institut de Paléontologie Humaine, sur Arambourg et son passage à la fouille de sauvetage du gisement des Phacochères à Alger (Ex les Allobroges), en 1961, 1983. Entretien avec le docteur Jean Bouchud sur les collections d’Arambourg de l’Institut de Paléontologie Humaine, 1981. Entretiens avec Sylvie Van Den Brink à l’Institut de Paléontologie Humaine sur l’erreur d’Arambourg de Anomalopithecus bicuspitatus de l’Aïn Brimba en Tunisie. Depuis 2000, nombreux entretiens avec le professeur Pascal Tassy sur les nouveaux lieux de stockage des collections d’Arambourg à l’Institut de Paléontologie.

Publications d’Arambourg ayant servi à sa biographie

1912. "La caverne de l’Aïdour". Bulletin de la Société de Géographie et d’Archéologie d’Oran, T. XXXIII, fasc. CXXXII, pp. 403-409, 1 fig., 2 planches 1919. "La grotte des Beni-Add près d’Aïn Fezza" (en collabotation avec René Jeannel). Bulletin de la Société de Géographie et d’Archéologie d’Oran, T. XXXIX, fasc. CLIII, pp. 175-178, 1 pl. 1920. "Traces d’organes lumineux observés chez quelques Scopélidés fossiles". Compte rendu Sommaire de la Société géographique de France, séance du 9 novembre 1920. 1921. "Sur un Scopélidé fossile à organes lumineux : Myctophum prolaternatum du Sahélien Oranais". Bulletin de la Société géographique de France, 4è série, T. XX, pp. 233-239, 1 fig., 1 pl. 1921. "Sur la faune ichtyologique du Sahélien de la région d’Oran". Comptes Rendus de l’Académie des Sciences Paris, T. 172, n° 20, pp. 1243-1244. 1925. "Révision des Poissons fossiles de Licata". Annales de Paléontologie, T. XIV, fasc. 2, 3, pp. 39-132, pl. VI à XV (93 pages, 12 figures, dans le texte, 10 planches). 1925. "Capture d’un squale dans les environs d’Oran". Bulletin de la Société de Géographie et d’Archéologie d’Oran, T. XLV, fasc. CIXX, p. 191. 1926. "Constitution et rôle de l’humus dans le Sol". Annuaire des Agriculteurs d’Algérie. 1927. "Notes sur les Poissons fossiles". Bulletin de la Société Géologique de France, 4e série, T. XXVII, pp. 355-359, 2 planches. 1927. Les Poissons fossiles d’Oran. Matériaux pour la Carte Géologique de l’Algérie, 1e série, Paléontologie, n° 6, 295 pages, 48 figures, Atlas de 46 planches. 1927. "La faune ichtyologique du Sahélien et ses rapports zoogéographiques". Congrès de l’Association française pour l’Avancement des Sciences, Constantine. 179

1928. "Les Poissons de la Méditerranée à la fin du Miocène". La Nature, n° 2779, pp. 145-148, 18 figures. 1928. "Recherches paléontologiques dans le Djurdjura". Bulletin de la Société d’Histoire Naturelle de l’Afrique du Nord, T. XVIII, pp. 196-200, 1 planche. 1929. "Les Mammifères quaternaires de l’Algérie". Bulletin de la Société d’Histoire Naturelle de l’Afrique du Nord, T. XX, pp. 63-84, 1 planche. 1929. "Argyroplecus logearti, un nouveau Poisson bathypélagique du Sahélien". Bulletin de la Société Géologique de France, 4è série, T. XXXIX, pp. 11-15, 1 figure, 1 planche. 1929. "Note préliminaire sur un Ruminant du Pliocène inférieur du Roussillon" (en collabotation avec Jean Piveteau). Compte rendu Sommaire de la Société Géologique de France, n° 10, pp. 114-146. 1929. "Découverte d’un ossuaire humain du Paléolithique supérieur en Afrique du Nord". L’Anthropologie, T. XXXIX, n° 1, 3. 1929. "Les Vertébrés du Pontien de Salonique" (en collabotation avec Jean Piveteau). Annales de Paléontologie, T. XVIII, fasc, 3, 4, pp. 59-138, pl. III à XIV (79 pages, 8 figures dans le texte, 12 planches). 1930. "Esquisse agrologique de la circonscription Sud du département d’Oran". Rapport pour l’attribution de la prime d’Honneur et des Prix culturaux dans le département d’Oran en 1927, 81 pages, 2 cartes, 1 figure dans le texte, 5 planches. 1931. "Sur la longévité en Afrique du Nord du genre Rhinoceros pendant la période Quaternaire". Comptes rendus de l’Académie des Sciences Paris, T. 192, pp. 1044. 1931. "Observations sur une grotte à ossements des environs d’Alger". Bulletin de la Société d’Histoire Naturelle de l’Afrique du Nord, T. XXII, pp. 169-176, 1 figure. 1931. "Un ossuaire humain du Paléolithique supérieur d’Afrique du Nord". Congrès de l’Association française pour l’Avancement des Sciences, Nancy, pp. 275-277.

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1931. "L’organisation de l’étude du sol dans les Colonies françaises. Congrès des recherches scientifiques coloniales". Actes et Comptes rendus de l’Association Colonies-Sciences, 8e année, n°80, pp. 45-47. 1932. "Les Ours fossiles de l’Afrique du Nord". Compte rendu Sommaire de la Société de Biogéographie, n° 74, pp. 29-32. 1932. "Programme du cours de géologie appliquée à l’agriculture", professé à l’Institut National Agronomique. Annales de l’Institut national Agronomique, 8 pages. 1932. "Note préliminaire sur une nouvelle grotte à ossements des environs d’Alger". Bulletin de la Société d’Histoire Naturelle de l’Afrique du Nord, T. XXXIII, n° 7, pp. 154-162, 4 figures dans le texte. 1932. "Révision des Ours fossiles de l’Afrique du Nord". Annales du Muséum de Marseille, T. XXV, n° 2, pp. 247-301, pl. I à VI (54 pages , 9 figures dans le texte, 6 planches). 1932. "L’ossuaire paléolithique des Beni-Segoual (Constantine)". Compte rendu du 2e Congrès International pour la protection de la Nature, p. 293. 1933. "La Mission scientifique de l’Omo (1932-33)" (en collabotation avec René. Jeannel). Bulletin de la Société des Amis du Muséum. Nouv. Série, n° 7, pp ; 18-20 1933. "La Mission scientifique de l’Omo" (en collabotation avec René. Jeannel). Comptes rendus de l’Académie des Sciences, Paris, T. 196, pp. 1902-1903. 1933. "Observations sur la bordure Nord du Lac Rodolphe". Comptes rendus de l’Académie des Sciences, Paris, T. 197, pp ; 856-857, 1 carte dans le texte. 1933. "Découverte d’un gisement de Mammifères burdigaliens dans le Bassin du lac Rodolphe (Afrique orientale)". Compte rendu sommaire de la Société géologique de France, n° 14, pp. 221-222. 1933. "Les formations prétertiaires de la bordure occidentale du Lac Rodolphe, (Afrique oriental)". Comptes rendus de l’Académie des Sciences, Paris, T. 197, pp. 1663-1665.

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1934. "Mammifères Miocènes du Turkana (Afrique orientale)". Annales de Paléontologie, T. XXII, pp. 123-146, pl. XII, XIII (24 pages, 5 figures dans le texte, 2 planches) 1934. "Les formations éruptives du Turkana (Afrique orientale)". Comptes rendus de l’Académie des Sciences, Paris, T. 198, pp. 671-673. 1934. Les résultats géologiques de la mission de l’Omo. Compte rendu Sommaire de la Société géologique de France, n° 4, pp. 63-64. 1934. "Le Dinotherium des Gisements de l’Omo". Compte rendu Sommaire de la Société géologique de France, n° 6, pp. 86-87. 1934. "Sur la présence d’un Crocodilien du genre Crocodilus dans les gisements de Phosphates du Maroc". Compte rendu sommaire de la Société géologique de France, n° 9, pp. 108-110. 1934. "Description de Vertébrés fossiles (Poissons et Reptiles) provenant de la Mission du Tibesti (1930-1931) par Dalloni". Mémoires de l’Académie des Sciences, T. 61, n°1, pp. 1-7, pl. XV (8 pages, 1 figure dans le texte, 1 planche). 1934. "Le Dinotherium des Gisements de l’Omo (Abyssinie)". Bulletin de la Société géologique de France, 5e série, T. IV, pp. 305-310, pl. XVIII. 1934. Les grottes paléolithiques des Beni-Segoual (Algérie) (en collabotation avec Marcellin Boule, Henri-Victor Vallois, R. Verneau). Archives de l’Institut de Paléontologie Humaine, Mémoire n° 13, 242 p., pl. I à XXII (48 figures dans le texte, 22 planches). 1935. "Un gisement de Poissons toarciens aux environs d’Alès (Gard)". Compte rendu Sommaire de la Société géologique de France, n° 2, pp. 1718. 1935. "La grotte de la Carrière Anglade à Guyotville (Département d’Alger)". Bulletin de la Société d’Histoire Naturelle de l’Afrique du Nord, T. XXVI, pp. 15-22, pl. XI (8 pages, 3 figures dans le texte, 1 planche). 1935. "Les Poissons fossiles du Bassin sédimentaire du Gabon" (en collabotation avec D. Schneegans). Compte rendu sommaire de la Société géologique de France, n° 12, pp. 170-171.

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Table des figures Fig. 1. Camille Arambourg, lors du lancement du nouveau Bulletin de la Société Préhistorique de l’Ariège en 1958, (archives C. Arambourg, notices sur les travaux scientifiques). Fig. 2. A, Distribution des photophores chez Myctophum proleternatum Nob., du Sahélien d’Oran. B, écaille du même poisson avec photophore, vue par la face interne (X 8), C. écaille avec photophore linéaire de Mictophum microsoma Sauv. Du même niveau (X 7), (archives C. Arambourg, notices sur les travaux scientifiques). Fig. 3. Vertèbres de Poisson de la famille des Clupéidés. A, Série montrant le passage progressif de la région précaudale à la région caudale chez C. aurita Val., B, vertèbres précaudales de Spratelloides lemoinei Nob. Du Sahélien (X7). Na, neurapophyse ; Hae, hémapophyse ; Atr, apophyse transverse ; Pez, PHz, Za, zygapophyses, (archives C. Arambourg, notices sur les travaux scientifiques). Fig. 4. Structures céphaliques de Poissons Halécostomes liasiques. A, Leptolepis coryphaenoides Br. 1, tête (X2) ; 2, voûte dermique du crâne (X3). B, Pholidophorus hartmanni Eg ; Tête reconstituée d’après plusieurs échantillons ; f, frontal ; pa, pariétal ; Pto, ptérotique ; supor, supraorbitaire ; pro, préorbitaire ; so, sous-orbitaire ; n, nasal ; eth, ethmoide ; palatin ; ps, ph, parasphénoïde ; h, hy, hyomandibulaire ; pmx, prémaxillaire ; mx, maxillaire ; smx, sm, supra maxillaire ; m, mandibule ; d, dentaire ; o, op, opercule ; sop, sous-opercule ; io, inter opercule ; po, pré opercule ; br, rayons branchiostèges ; cs, canal sensorie ; Pl, post-temporal ; scl, supra claviculaire ; cl, claviculaire., (archives C. Arambourg, notices sur les travaux scientifiques). Fig. 5. Tête de Poisson de Chanos chanos. f, frontal ; pt, pto, ptérotique ; pa, pariétal ; n, nasal ; pro, prootique ; als, alisphénoïde ; spo, supraorbitaire ; ps, parasphénoïde ; ep, entoptérygoïde ; mp, métaptérygoïde ; ao, autorbitaire ; so, sous-orbitaire ; pmx, px, prémaxillaire ; mx, maxillaire ; m, mandibule ; q, os carré ; sy, symplectique ; hy, hyomandibulaire ; op, opercule ; sop, sousopercule ; po, pré opercule ; br, rayons branchiostèges ;co, coracoïde, (archives C. Arambourg, notices sur les travaux scientifiques). Fig. 6. Poissons du Sahélien d’Oran. A, Squelette facial de Synodus avus Nob., ; B, squelette facial et ceinture scapulaire de Zeus faber L. Ps, parasphénoïde ; Orb, orbite ; SOr, sous-orbitaire ; PMx, prémaxillaire ; Mx, 219

maxillaire ; Q, os carré ; Op, opercule ; POp, pré opercule ; SOp, sousopercule ; Pop, inter opercule ; Art, articulaire ; D dentaire ; Cl, claviculaire ; Cor, coracoïde ; PCl, Postclaviculaire ; R, radiophores ; P, Pectorale ; Br, rayons branchiostèges , (archives C. Arambourg, notices sur les travaux scientifiques). Fig. 7. Poissons du Sahélien d’Oran. A, Squelette facial de Spratelloides lemoinei Nob. (X 4) ; B, Squelette operculaire d’Epinephelus longispinis Nob. (grandeur naturelle). SMx, supra maxillaire ; Ptr, ectoptérygoïde, (archives C. Arambourg, notices sur les travaux scientifiques). Fig. 8. Sahelinia gregaria Franc., Poisson du Sahélien du Licata (Sicile) et d’Oran (X 1, 5) ; B, maxillaire ; C, mandibule. Mx, maxillaire ; SMx, supra maxillaire ; D, dentaire ; Art, articulaire, (archives C. Arambourg, notices sur les travaux scientifiques). Fig. 9. Myctophum vexillifer Sauv., Poisson du Sahélien du Licata (Sicile). Distribution des photophores, reconstituée selon la notation de Brauer, (archives C. Arambourg, notices sur les travaux scientifiques). Fig. 10. Relevé de coupe de la grotte de la carrière Anglade (Aïn Benian, Ex Guyotville) : C, calcaires bleus ; D, grès de remplissage et grès unires. 1, Poudingues marins ; 2, cendres et foyers avec industrie humaine ; 3, Argiles et sables rouges à ossements, (archives C. Arambourg, notices sur les travaux scientifiques). Fig. 11. Relevé de coupe par la côte Est du promontoire de la Madrague (Aïn Benian, Ex Guyotville). S, schistes sériciteux ; C, cordon littoral inférieur ; D, dune consolidée ; p, plage actuelle ; f, faille , (archives C. Arambourg, notices sur les travaux scientifiques). Fig. 12. Comparaison de la 4ème prémolaire inférieure (P4) chez divers Ursidés : A, Ursus etruscus ; B, U. arctos ; C, U. spelaeus. , Pd, paraconide, (archives C. Arambourg, notices sur les travaux scientifiques). Fig. 13. Mandibule d’Ursus arctos larteti Bourg., montrant la disparition de P2 et de P3 et la forme compliquée de P4 (X 2/3). Pc, protocone de P4, (archives C. Arambourg, notices sur les travaux scientifiques). Fig. 14. Crânes d’hommes et de femmes cromagnoïdes d’Afalou (Algérie), étudiés par le docteur Verneau, dessins au diagraphe, 1/3, vus de face).

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Fig. 15. Crânes d’hommes et de femmes cromagnoïdes d’Afalou (Algérie), étudiés par le docteur Verneau, dessins au diagraphe, 1/3, vus de profil gauche). Fig. 16. Crânes de divers Eléphants, vus de face. A, E. meridionalis ; B. E. hysudricus ; C. E. recki ; D, E. namadicus ;E, E. antiquus ; F, E. indicus, (archives C. Arambourg, notices sur les travaux scientifiques). Fig. 17. Planche extraite du Bulletin de la Société Géologique de France, montrant les restes dentaires d’un Hippopotame fossile Hippopotamus hipponensis, que Gaudry a découvert en 1876 aux environs d’Annaba (Ex. Bône), réétudiés par Arambourg en 1944, (archives C. Arambourg, notices sur les travaux scientifiques). Fig.18. Dent d’Elephas africanavus, découverte dans le site du Lac Ichkeul en Tunisie. Faces occlusale et linguale d’une troisième molaire inférieure, réduite à 1/3, (archives C. Arambourg, notices sur les travaux scientifiques). Fig. 19. Dent d’Elephas meridionalis, découverte dans le site de l’Aïn Hanech en Algérie. Faces occlusale et labiale d’une troisième molaire supérieure, réduite à 1/3, (archives C. Arambourg, notices sur les travaux scientifiques). Fig. 20. Section transversale d’une dent d’Elephas meridionalis, découverte dans le site de l’Aïn Hanech en Algérie. Cette troisième molaire inférieure est réduite à 1/3, (archives C. Arambourg, notices sur les travaux scientifiques). Fig. 21. Dent d’Elephas pomeli, découverte à Casablanca. Faces occlusale et linguale d’une troisième molaire supérieure, réduite à 1/3, (archives C. Arambourg, notices sur les travaux scientifiques). Fig. 22. Le premier crâne de Megaceroides algericus Lyd. (Cervidé mégacérin), découvert par Arambourg à Aïn Benian, Ex. Guyotville dans les environs d’Alger (réduction à 1/5). Vues de face et de profil montrant les caractéristiques particulières de ce cervidé d’Algérie. (d’après C. Arambourg). Fig. 23. Portion droite de massacre de Megaceroides algericus, découverte dans le gisement atérien des Phacochères à Alger (Ph. D. Hadjouis). Fig. 24. Plusieurs mandibules de Megaceroides algericus, découvertes dans le gisement de Filfila près de Skikda en Algérie (Ph. D. Hadjouis).

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Fig. 25. Vue sur les hautes plaines et le bassin sétifien aujourd’hui. Au premier plan à gauche un locus d’Aïn Hanech, ouvert dans les années 1990 par le préhistorien Mohamed Sahnouni. (Ph. D. Hadjouis). Fig. 26. Relevé de coupe des gisements villafranchiens d’El Eulma (ex. StArnaud). F1, gisement de l’Aïn Boucherit (Villafranchien inférieur) ; F2, gisement de l’Aïn Hanech (Villafranchien supérieur), (archives C. Arambourg, notices sur les travaux scientifiques). Fig. 27. Crâne d’Hippopotame (Hippopotamus amphibius), découvert par Arambourg en 1949 dans le site algérien de l’Aïn Hanech, (archives C. Arambourg, notices sur les travaux scientifiques). Fig. 28. Camille Arambourg (à gauche) en présence de Lionel Balout, l’abbé Henri Breuil et Bosch Gimpera au Congrès panafricain à l’Aïn Hanech (ElEulma, Algérie). (Ph. G. Espérandieu). Fig. 29. Vue sur l’extension du site fossilifère d’Aïn Hanech. Ici, les nouvelles fouilles dans les années 1990. (Photo Mohamed Sahnouni.). Fig. 30. C. Arambourg sur les fouilles de Ternifine (Algérie) en 1954 (archives C. Arambourg, notices des travaux scientifiques). Fig. 31. Fouille de la sablière de Ternifine près de Mascara en 1954. La réouverture de ce site par Arambourg fut enrichissante à plus d’un titre. En haut : Vue en direction Sud, au début des travaux. En bas : Vue en direction Est. C’est dans cette tranchée que fut trouvée la première mandibule humaine de l’Atlanthrope, (archives C. Arambourg, notices des travaux scientifiques). Fig. 32. Vue générale de la fouille de Ternifine (Algérie) en 1955. (Ph. C. Arambourg, In. archives C. Arambourg, notices des travaux scientifiques). Fig. 33. Remontée de la nappe acquifère dans le gisement de Ternifine, en 1954. (Ph. C. Arambourg, archives C. Arambourg, notices des travaux scientifiques). Fig. 34. Vue générale des tranchées à Ternifine (Algérie), lors des fouilles de 1954. (Ph. C. Arambourg, archives C. Arambourg, notices des travaux scientifiques). Fig. 35. Pariétal d’Atlanthropus IV, hominidé de Ternifine, montrant sur sa face interne, le tracé des vaisseaux méningés. Ast, astérion ; Br, bregma ; Cor, suture coronale ; A, lamda ; Ob, rameau obélien ; Pr, ptérion ; R.b., 222

rameau bregmatique ; Sl, gouttière du sinus latéral ; Sy, crête sylvienne ; T.I., branche temporale inférieure; T.p., suture temporale ; V.d., orifices des veinules diploïques, (archives C. Arambourg, notices des travaux scientifiques). Fig. 36. Deuxième mandibule de l’homme de l’Atlanthrope, découverte et créée par Arambourg en 1954 sur les fouilles de Terrnifine (Atlanthropus II). Vues latérale et occlusale. (Ph. C. Arambourg, archives C. Arambourg, notices des travaux scientifiques). Fig. 37. Première mandibule de l’Homme de l’Atlanthrope, découverte et créée par Arambourg en 1954 sur les fouilles de Terrnifine (Atlanthropus I). Vues latérale et occlusale. (Ph. C. Arambourg, archives C. Arambourg, notices des travaux scientifiques). Fig. 38. Debruge (à droite) et son équipe dans les années 1930, admirant une mandibule d’Eléphant, découverte dans le gisement préhistorique de l’Erg Tihodaïne (Tiouririne, Hoggar, Algérie). Fig. 39. La trousse à outils de la période atérienne, trouvée dans l’Erg Tihodaïne lors des missions d’Arambourg et étudiée par L. Balout en 1952, (archives C. Arambourg, notices des travaux scientifiques). Fig. 40. Planche anatomique, tirée de l’étude d’Arambourg sur les Poissons crétacés du Djebel Tselfat au Maroc, (archives C. Arambourg, notices des travaux scientifiques). Fig. 41. Planche anatomique, tirée de l’étude d’Arambourg, montrant la reconstitution de crânes de deux Poissons fossiles du Djebel Tselfat (Maroc), (archives C. Arambourg, notices des travaux scientifiques). Fig. 42. Distribution des Bassins phosphatés du Maroc. Le nombre d’espèces de Poissons reconnues par Arambourg au Maroc reste l’effectif le plus important dans l’ensemble de l’Afrique du Nord, (archives C. Arambourg, notices des travaux scientifiques). Fig. 43. Types de Poissons Crétacés, découverts et créees par Arambourg dans les gisements phosphatés du Crétacé dans le Djebel Tselfat au Maroc. 1 et 2, Rhynchodercetis yovanovitchi (nouveau genre, nouvelle espèce) ; 3, Protostomias maroccanus (nouveau genre, nouvelle espèce) ; 4, Tselfatia formosa (nouvelle famille des Tselfatidés). (Ph. C. Arambourg, In. (archives C. Arambourg, notices des travaux scientifiques).

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Fig. 44. Remarquable massacre d’une grande Antilope fossile, voisine du grand Koudou, découverte par Arambourg dans la carrière Schneider, près de Casablanca au Maroc. Ce spécimen, baptisé Tragelaphus maroccanus est caractérisé par la torsion en spirales de ses cornes. (Ph. D. Hadjouis). Fig. 45. Carte de la vallée de l’Omo (Ethiopie), montrant la répartition des différents camps ayant la charge des fouilles, (archives C. Arambourg, notices des travaux scientifiques). Fig. 46. Camille Arambourg, sur le terrain en 1969, lors de sa dernière expédition scientifique de l’Omo (Ethiopie). (Ph. Yves Coppens, (archives C. Arambourg, notices des travaux scientifiques). Fig 47. Stratigraphie de la séquence de l’Omo (Ethiopie), établie par Arambourg, (archives C. Arambourg, notices des travaux scientifiques). Fig. 48. Planches anatomiques, tirées des travaux d’Arambourg sur les Tragélaphinés et les Menélikinés (antilopes de grande taille), publiés dans le Tome 1 de la Mission scientifique de l’Omo (1932-1933), (archives C. Arambourg, notices des travaux scientifiques). Fig. 49. Camille Arambourg et son collègue Yves Coppens lors de la deuxième expédition de la vallée de l’Omo (Ethiopie). Yves Coppens est en train de dégager une mâchoire d’Eléphant. (Ph. Y. Coppens, archives C. Arambourg, notices des travaux scientifiques). Fig. 50. Yves Coppens dégageant une défense d’Eléphant (Elephas recki) sur un des gisements de l’Omo. (Ph. Y. Coppens) Fig. 51. Bureau du 4ème Congrès Panafricain de Léopoldville en 1959. De gauche à droite : M. Arkell (Grande-Bretagne), Barbourg (USA), M ; Schöller, vice-gouverneur général du Congo belge (debout), Dr L. Leakey (Kenya), C. Arambourg (France), Mortelmans (Belgique). (Ph. C. Lamote). Fig. 52. Planche tirée du Bulletin de la Société d’Histoire Naturelle d’Afrique du Nord, montrant les mollusques découverts par Arambourg dans les formations laguno-lacustres des environs d’Oran, (archives C. Arambourg, notices des travaux scientifiques). Fig. 53. Trois rachis cervicaux comparatifs d’Hominidés : A. Homo neandertalensis, B. Homo sapiens, C. radiographie d’européen. (d’après Arambourg, In. archives C. Arambourg, notices des travaux scientifiques).

Liste des espèces citées dans le texte Acanthina : Groupe de Gastéropodes marins. Actinoptérygiens : Poissons à nageoires rayonnées, qui possèdent un squelette osseux, des nageoires formées de rayons souples et articulés, se divisant en cinq grands groupes dont les Téléostéens. Afrochoerus : Porcin fossile de la famille des Suidés. Alcelaphus buselaphus : Espèce d’Antilope africaine de taille moyenne, appelée bubale. Ammotragus lervia : Oviné à grandes cornes recourbées vers l'arrière, appelé Mouflon à manchettes, encore vivant aujourd’hui dans les montagnes d’Algérie. Anancus Osiris : Mastodonte fossile d’Afrique du Nord. Artiodactyles : Vertébrés ongulés à doigts pairs (Cervidés, Bovidés, Giraffidés...). Atlanthropus mauritanicus : Homo erectus d’Algérie, retrouvé dans le gisement de Ternifine. Batrachoides didactylus : Espèce de poisson de la famille des Batrachoidés (Actinoptérygien), regroupant les Poissons Grand oeil. Bos praeafricanus : Appellation d’une espèce fossile de grand Boviné, retrouvé dans les sites du début du Quaternaire d’Algérie. Bos primigenius : Aurochs, espèce fossile quaternaire de grand Boviné dont sont issues les Bœufs domestiques. Bubalus antiquus : L’ancienne appellation du buffle d’Algérie (=Syncerus antiquus). Buffelus palaeoaindicus : Appellation d’une espèce fossile de Buffle quaternaire. Camelus thomasi : Camélidé (Chameau) fossile, retrouvé pour la première fois dans le gisement de Ternifine en Algérie. 225

Canis anthus : Le Chacal, Canidé vivant en Afrique du Nord. Canis aureus : L’autre appellation du Chacal vivant en Afrique du Nord. Capricornis : Rupicapriné fossile, proche du Chamois, vivant en altitude. Capros aper : Poisson de la famille des Caproïdés, Sanglier de mer. Caranx prorusselli. : Carangue, espèce de Poisson appartenant à la famille des Carangidés de l’ordre des espèces perciformes (Perche). Carcharodon landanensis : Squales des régions tropicales ou tempérées chaudes, Requins blancs. Cerathoterium simum mauritanicum : Espèce fossile de la famille des Rhinocérotidés. Chanos chanos : Espèce de Poisson de la famille des Chanidés (Actinoptérygien), appelée Poisson-lait. Chéloniens : Ordre regroupant la famille des Tortues. Clupeidés : Famille de Poissons largement représentés dans la nature actuelle, entre autres, par la sardine et le Hareng et les Aloses. Connochaetes taurinus : Gnou à queue noire. Crocuta crocuta : Hyène fossile qui se rapproche de la Hyène tachetée actuelle. Crocuta crocuta : Hyène tachetée, de la famille des Hyénidés. Damaliscus cuiculi : Antilope (Alcélaphiné) d’une taille comparable ou légèrement supérieure aux Damalisques actuels, retrouvée pour la première fois dans le gisement villafranchien d’Aïn Boucherit (Algérie). Deinotherium : Mastodonte du Miocène moyen et supérieur d’Europe et de Russie. L’espèce asiatique a survécu jusqu’au Pliocène. Dercétidés : Famille de Poissons téléostéens aux corps grêles et anguilliformes. Dicerorhinus africanus : Espèce fossile de la famille des Rhinocérotidés.

226

Diceros douariensis : Espèce fossile de la famille des Rhinocérotidés. Elephas antiquus : Eléphant antique, espèce fossile du Quaternaire de l’ancien monde. Elephas indicus : Eléphant fossile du Quaternaire indien. Elephas meridionalis : Eléphant fossile, dont les restes ont été retrouvés en Europe et en Afrique du Nord. Elephas namadicus : Eléphant fossile du Quaternaire indien, synonyme de l’Eléphant antique. Elephas atlanticus : Eléphant fossile d’Algérie. Elephas falconeri : Eléphant fossile. Elephas iolensis : Eléphant fossile d’Algérie. Elephas melitensi : Eléphant fossile. Elephas moghrebiensis : Eléphant fossile d’Algérie. Elephas planifrons : Eléphant fossile. Elephas pomeli : Eléphant fossile d’Algérie. Elephas recki : Eléphant fossile de Reck. Elephas sp. : Espèce d’éléphant fossile indéterminé. Echinidés : Oursins, groupe d’Echinodermes dont l’embranchement d’Invertébrés marins prend ses racines au Précambrien. Elopidés : Poissons marins, rarement saumâtres, présents de nos jours dans les régions tropicales et sub-tropicales, notamment par le genre Elops. Embrithopodes : Groupe de très gros herbivores africains à allure de Rhinocéros. Enchodontidés Poissons téléostéens, considérés comme de redoutables prédateurs, aux machoires fortes et aux dents acérées.

227

Eocetus : Cétacé, de la famille des Protocétidés, Baleines fossiles. Eotheroides aegyptiacum : Espèce appartenant à l’ordre des Siréniens (Lamentins). Epinephelus progigas : Le Mérou, espèce de Poisson de la famille des Serranidés, de l’ordre des espèces perciformes. Equus mauritanicus : Zèbre fossile du Quaternaire maghrébin, retrouvé pour la première fois à Ternifine en Algérie. Equus numidicus : Zèbre fossile du Villafranchien inférieur d’Algérie (fin du Tertiaire, début du Quaternaire). Equus sp, : Espèce d’équidé indéterminé (Cheval, Ane, ou Zèbre). Equus tabeti : Ane fossile du Villafranchien supérieur d’Algérie (début du Quaternaire). Equus algericus : Cheval fossile d'Algérie et du Maghreb, découvert pour la première fois par Hadjouis et collaborateurs dans le gisement atérien des Phacochères à Alger. Equus melkiensis : Ane fossile d'Algérie et du Maghreb, découvert pour la première fois par Hadjouis et collaborateurs dans le gisement atérien des Phacochères à Alger. Eusarkia rotundiformis : Espèce de Tortue fossile. Gafsachelys neurirregularis : Tortue de mer fossile de la famille des Chelydridés, retrouvée dans les environs de Gafsa en Tunisie. Galeocerdo latins : Requin tigre. Gazella cuvieri : La gazelle de Cuvier, retrouvée à l’état fossile dans pratiquement tous les gisements quaternaires du Maghreb. Gazella dorcas : La Gazelle des sables, vit dans les milieux désertiques et sub-désertiques. Gazella pomeli : Gazelle fossile du Quaternaire maghrébin, retrouvée pour la première fois dans le site villafranchien d’El Eulma près de Sétif en Algérie.

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Gazella rufina : Gazelle fossile du Quaternaire, retrouvée pour la première fois au Maroc. Gazella setifensis : Gazelle fossile du Quaternaire maghrébin, retrouvée pour la première fois dans le site villafranchien d’El Eulma près de Sétif en Algérie. Gazella tingitana : Gazelle fossile du Quaternaire, retrouvée pour la première fois au Maroc. Genetta afra : Synonyme de Genette commune, Carnivore viverridé. Giraffa pomeli : Girafe, retrouvée à l’état fossile dans les gisements villafranchiens d’Algérie et de Tunisie. Gorgon mediterraneus : Antilope (Alcélaphiné) fossile de la taille d’un Gnou à queue noire, présent dans le gisement villafranchien d’Aïn Hanech (Algérie). Gorgon taurinus : Antilope (Alcélaphiné) fossile de la taille d’un Gnou à queue noire. Hadratus : Poisson pycnodonte (Téléostéen). Halécostomes : Poissons de la classe des Actinoptérygiens qui regroupe presque la totalité des Poissons et la moitié des Vertébrés. Hipparion setifense : Equidé fossile à 3 doigts, retrouvé dans le gisement villafranchien sétifien. Hippopotamus amphibius : Hippopotame amphibie retrouvé dans les dépôts quaternaires, présent encore aujourd’hui. Hippopotamus hipponensis : Hippopotame fossile d’Hippone (Annaba en Algérie). Hippotragus equinus : L’antilope chevaline, espèce africaine de taille moyenne. Hippotragus priscus : Antilope fossile, proche de la taille de l'Antilope chevaline. Homo erectus : Hominidé fossile du Quaternaire africain et euro-asiatique.

229

Homo neandertalensis : Hominidé fossile du Quaternaire euro-asiatique, apparu après les Homo erectus et dont les derniers survivants ont cohabité avec les Hommes modernes (Homo sapiens). Homo sapiens : Hominidé fossile cromagnoïde, apparu, il y’a environ 90 000 ans au Proche-Orient mais semble encore plus ancien en Afrique (- 200 000 ans), c’est l’Homme moderne. Hyaena striata praecursor : Sous-espèce d’hyène, retrouvée dans le gisement tunisien d’Aïn Brimba. Hyracoïdes : Groupe de mammifères africains connus depuis l’Oligocène. Ce sont des Ongulés périssodactyles (Rhinoceros, Chevaux, Tapirs…) connus actuellement par une seule famille les Procaviidés, représentés par les Damans, mammifères à peine plus gros qu’un Lièvre. Hystrix cristata : Hérisson commun. Lamna appendiculata : Requin-taupe fossile. Labrisomus pronuchipinnis. : Espèce de Poisson de la famille des Labrisomidés de l’ordre des espèces perciformes (Perche). Lepidopus pro-argenteus. : Espèce de Poisson de la famille des Trichuridés, de l’ordre des espèces perciformes (Perche), dénommée le Sabre argenté, ou Ceinture d’argent. Leptosomus : Espèce (Actynoptérygien).

de

Poisson

de

la

famille

des

Cottidés

Libycum majus : Espèce appartenant à l’ordre des Siréniens (Lamentins). Libycum abeli : Espèce appartenant à l’ordre des Siréniens (Lamentins). Libytherium maurusium : Giraffidé fossile du quaternaire maghrébin, retrouvé pour la première fois à Bizerte en Tunisie. Littorina : Groupe de Gastéropodes marins connu du Jurassique jusqu’à l’actuel, dont font partie les Bigorneaux. Lophius budegassa : Espèce de Poisson de la famille des Lophiidés (Actinoptérygien) qui regroupe entre autres la Baudroie blanche et commune.

230

Lytoloma crassa : Espèce de Tortue de mer du Maroc. Lytoloma elegans : Reptile chélonien du Crétacé, retrouvé dans les mines de phosphates au Maroc. Il s’agit d’une Tortue de mer d’une parfaite conservation. Macacus innus : Primate cercopithèque, appelé Macaque ou singe de Barbarie, vit dans les pays du Maghreb et sur le rocher de Gibraltar. Machairodonte : Félidé fossile à dents de sabre. Machairodus africanus : Félidé fossile à dents de sabre, retrouvé dans le gisement tunisien d’Aïn Brimba. Mammuthus africanavus : Mammouth fossile d’Algérie. Mastodon borsoni : Mastodonte fossile. Megaceroides algericus : Cervidé fossile d’Algérie, ayant les caractéristiques d’un Mégacérin, dont les reste ont été retrouvés Au Maghreb. Megaceros algarensis : Cervidé fossile du Quaternaire d’Europe. Megaceros cazioti : Cervidé fossile du Quaternaire d’Europe. Megaceros dawkinsi : Grand Cervidé fossile du Quaternaire d’Europe. Megaceros verticornis : Grand Cervidé fossile du Quaternaire d’Europe. Mongolomegaceros : Cervidé mégacérin du Quaternaire d’Asie. Mosasaure : Littéralement Lézard de la Meuse, est un Reptile géant aux allures de lézard, proche parent des Varans actuels et adapté à la vie aquatique. Mosasaurus cf. anceps : Mosasaure, placé au voisinage des Ichthyosaures (adaptés à la vie aquatique), espèce du Jurassique, disparait au Crétacé supérieur. Myctophidés : Famille de Poissons actynoptérygiens regroupant les Poissons lanternes.

231

Myctophum proleternatum : Espèce de Poisson de la famille des Myctophyidés (Actynoptérygien), appelée Poisson lanterne. Nemorhaedus : Genre décrit par Rütimeyer en 1878, redéfini par Guérin en 1963 sous le nom de Gallogoral. Le genre et l’espèce définissent un Rupicapriné du gisement pliocène de Senèze en Haute-Loire. Numidocapra : Ovicaprin fossile du Villafranchien sétifien. Odontaspis tingitana : Requin taureau fossile du Maroc. Omochoerus phacochoeroïdes : Porcin fossile de la famille des Suidés présentant des affinités avec l’actuel Potamochère. Ses restes ont été retrouvés dans les gisements villafranchiens d’Algérie. Oreonagor tournoueri : Antilope de taille moyenne, inférieure à celle du Gnou à queue noire, retrouvée pour la première fois dans le gisement villafranchien d’Aïn Boucherit (Algérie). Orthopristis prorhonchus : Espèce de Poisson de la famille des Haemulidés qui regroupe entre autres la Perche. Oryx : Espèce d’Antilope africaine de taille moyenne, de la même famille que l’Antilope chevaline. Pachyvaranus crassispondylus : Lézard marin du Maestrichtien (Crétacé supérieur) du Maroc. Parantidorcas latifrons : Espèce fossile de la taille d’une Gazelle, caractéristique des gisements villafranchiens du Maghreb. Parapristipoma prohumile. : Espèce de Poisson de la famille des Haemulidés de l’ordre des espèces perciformes (Perche) Pectinidés : Mollusque bivalve aquatique, auquel appartient l’actuelle coquille Saint-Jacques. Périssodactyles : Vertébrés ongulés à doigts impairs (Rhinocéros, Chevaux, Anes, Zèbres, Tapirs). Phacochérinés : Sous-Famille des Phacochères, de la famille des Suidés, vivant aujourd’hui en Afrique au Sud du Sahara.

232

Photocytes : Réaction luminescente dans les cellules spécialisées de certains organismes. La lumière est produite par des structures glandulaires en liaison avec les canaux radiaires. Photophores : A la luminescence intracellulaire, s’associent des structures comme les photophores dont le rôle est de modifier l’émission lumineuse. Hautement différenciés, ils possèdent des écrans qui agissent comme des réflecteurs. Les Céphalopodes, les Coléoptères et certains Poissons des grandes profondeurs comme les Stomiatidés possèdent ces caractéristiques. Phyllodus toliapicus : Téléostéen de l'Yprésien (Eocène du Maroc). Plésiosaure : Grand Reptile carnivore adapté à la vie aquatique, apparu au début du Jurassique et s’éteint au Crétacé. Potamochoerus : Porcin de la famille des Suidés, vivant en Afrique au sud du Sahara et à Madagascar. Pristis lathami : Poisson-scie. Proboscidiens : Ordre de mammifère (Proboscidea), regroupant aujourd’hui une seule famille les Eléphantidés (Eléphants d’Asie et d’Afrique). Procamptoceras brevatense : Capriné fossile de la taille d’un Chamois, retrouvé pour la première fois dans le gisement pliocène de Senèze en Haute Loire. Protocetus atavus : Cétacé de la famille des Protocétidés, Baleines fossiles évoluant dès l’Eocène. Protosirien : Genre appartenant à l’ordre des Siréniens (les Lamentins). Prozeuglonisis : Cétacé zeuglodonte de l’Eocène. Le crâne de ces Baleines fossiles différait de celui des cétacés et rappelait celui des reptiles et notamment des Crocodiliens. Purpura : Groupe de Gastéropodes marins, connu actuellement par le Pourpre. Pycnodontidés : Poissons fossiles à nageoires rayonnées (Téléostéens) faisant partie du groupe des Actinoptérygiens, à dents incisiformes et molariformes, pouvant broyer coraux et carapaces de mollusques et coquillages.

233

Raja fallax : Raie bouclée. Redunca el eulmensis : Antilope de taille moyenne, voisine des plus grands des Rédunca actuels (Cobe des Roseaux), retrouvée pour la première fois dans le gisement villafranchien d’Aïn Boucherit (Algérie). Redunca khroumirensis : Antilope de taille voisine de celle des Redunca actuels (Cobe des Roseaux), retrouvée pour la première fois dans le gisement villafranchien de Lac Ichkeul (Tunisie). Rhinoceros sp. : Espèce de Rhinocéros fossile indéterminé. Sahelinia gregaria : Espèce de petit Poisson de la famille des Clupéidés (Anchois, Harengs …), retrouvé dans le Sahel d’Oran. Sélaciens : Poissons marins pourvus de mâchoires et dont le squelette est cartilagineux. Les Requins font partie de ce groupe. Serranus scriba : Poisson ossifié, la Perche de mer rayée. Serranus cabrilla : Poisson de la famille des Serranidés, regroupant le Mérou, le Bar, le Serran et surtout la Perche de mer. Sinomegaceroides : Cervidé mégacérin du Quaternaire de Chine. Sinomegaceros pachyosteus : Cervidé mégacérin du Quaternaire de Chine. Sirénien : Ordre de mammifères herbivores marins et fluviaux à nageoires, représentées aujourd’hui par des espèces comme le Lamentin et le dugong. Spratelloides lemming : Espèce de Poisson de la famille des Clupéidés. Spratelloides : Genre de Poisson de la famille des Clupéidés (Anchois, harengs, Sardines, aloses). Stomiatidés : Famille de Poissons à organes lumineux (photophores). Struthio barbarus : Espèce fossile d’un grand Oiseau proche de l’Autruche actuelle, dont les restes ont été retrouvés dans le gisement fossile d’Aïn Boucherit (Algérie). Stylohipparion lybicum : Equidé à trois doigts (tridactyle), de la fin Tertiaire/début Quaternaire du Maghreb.

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Sus scrofa algeriensis : Sanglier fossile d’Algérie. Syncerus antiquus : Appellation d’une espèce fossile de Buffle quaternaire d’Algérie, dont les restes ont été retrouvés dans tout le Maghreb, présente des affinités avec l’espèce actuelle, le Buffle de Caffrerie. Syngnathes : Poissons représentés par les Hippocampes, les Aiguilles et les Dentelures. Taurotragus gaudryi : Espèce fossile (fin Tertiaire-début Quaternaire), d’une très grande Antilope africaine, représentée aujourd’hui par l’Eland du Cap. Téléostéens : Poissons à squelette ossifié et à nageoires paires, représentant le groupe le plus évolué. Ils sont présents dans tous les milieux aquatiques marins, saumâtres et d’eau douce et sont les mieux représentés actuellement avec plus de 20 000 espèces. Testudo punica : Espèce de Tortue fossile, retrouvée dans le gisement villafranchien de lac Ichkeul (Tunisie). Tetralophodonte : Mastodonte fossile. Thérapsidés : Reptiles débutant au Permien supérieur. Tomistoma kermesse : Crocodilien. Tragelaphus maroccanus : Très grande Antilope, retrouvée à l’état fossile dans des carrières près de Rabat. Trichechus coulombi : Espèce (Lamentins).

appartenant

à

l’ordre

des

Siréniens

Trochatella : Groupe de Gastéropodes marins de la famille des Littorinidés. Tselfatidés : Famille de Poissons, faisant partie des Tselfatiiformes, Téléostéens marins, qui peuvent atteindre plus de 2 mètres de longueur. Cette famille est définie pour la première fois au Maroc. Ursus etruscus : Espèce d’Ursidé plio-pléistocène. Ursus priscus : Espèce d’Ursidé plio-pléistocène. Ursus arctos : Ours brun, espèce omnivore présente au cours du Quaternaire.

235

Ursus arvernensis : Espèce d’Ursidé plio-pléistocène. Ursus spelaeus : Ours des cavernes, espèce fossile, présente au Quaternaire. Vulpes vulpes atlantica : Sous-espèce de Renard de l’Atlas, ayant vécu au Maghreb au cours du Quaternaire. Xiphiorhynchus priscus : Poisson, rangé dans le groupe des Espadons. Zeus faber : Poisson Saint-Pierre de la famille des Zéidés.

TABLE DES MATIERES

Préface_______________________________________________7 Prologue _____________________________________________9 Comment est née cette idée d’écrire sur l’œuvre du Professeur Camille Arambourg ? ___________________________________ 9

Première partie : L'historique ___________________________ 13 Les contextes artistique et scientifique de l’Algérie à la conquête française de 1830______________________________ De l’Agronomie à la Paléontologie ________________________ La Paléontologie vue de Paris ____________________________ L’exploration africaine__________________________________

13 16 20 21

Deuxième partie : Les recherches en Afrique du Nord________ 23 Les recherches en Algérie (de 1912 à 1969). _________________ 23

La faune marine, des Invertébrés aux Poissons __________________ 23 La stratigraphie du Sahélien d’Oran __________________________ 23 La faune ichtyologique sahélienne ____________________________ 24 Des gisements méditerranéens ayant les mêmes caractéristiques que le Sahélien d’Oran _____________________________________ 30 Les premières études des Mammifères quaternaires de l’Algérie ____ 32 Découvertes et exploitations des grottes des Beni-Segoual _________ 40 Historique et contexte des fouilles____________________________ 40 Les squelettes d’Afalou ____________________________________ 42 Les caractères généraux des Hommes d'Afalou _________________ 43

L’étude des Vertébrés à partir de la deuxième moitié des années trente _________________________________________ 47

Découvertes et fouilles des gisements de l’Ain Hanech et l’Ain Boucherit ________________________________________________ 58 Les campagnes de fouille des années trente ____________________ 59 Les travaux sur les taxons nouveaux des deux sites villafranchiens __ 62 La découverte des industries lithiques : Du nouveau à l’Aïn Hanech_ 69 Découvertes et fouille de la Vallée de l’Oued El Hammam près de Bou Hanifia____________________________________________ 72 Les anciennes découvertes__________________________________ 73 L’importance du gisement __________________________________ 75 Les fouilles de Ternifine et la découverte de l’Atlanthrope _________ 77 Les recherches au Sahara ___________________________________ 85 Les recherches au Maroc ________________________________ 89 Poissons et Reptiles des gisements de Phosphates ________________ 89 Les Mammifères__________________________________________ 100 Le Quaternaire du littoral atlantique _________________________ 105

237

Les hommes fossiles du Maroc ______________________________ 108

Les recherches en Tunisie ______________________________ 109 Les anciennes découvertes__________________________________ 109

Les recherches en Egypte et en Libye _____________________ 112 Les gisements du Fayoum __________________________________ 112 La Libye ________________________________________________ 115

Troisième partie : Les recherches en Afrique Orientale ______ 117 Les missions scientifiques de l’Omo ______________________ 122

La découverte d’Hominidés fossiles __________________________ 127 Les Mammifères miocènes du Turkana _______________________ 128

Quatrième partie : D’autres pays de l’Afrique. Le Tchad, le Soudan, l’Angola et le Gabon ________________________ 131 Cinquième partie : Les recherches au Proche et au Moyen-Orient, En Chine et en Europe ___________________ 135 Les recherches en Iran, au Liban, en Jordanie et dans la Péninsule arabique__________________________________ Les fouilles des grottes et abris sous-roche de Tam Nang dans le Sud de la Chine ________________________________ Les recherches en Grèce________________________________ Les recherches en France _______________________________

135 139 140 143

Sixième partie : Les grandes idées de Camille Arambourg dans le domaine des Sciences et de la Culture patrimoniale _______ 147 La stratigraphie du Tertiaire et du Quaternaire ____________ 147

A propos du Sahélien ______________________________________ 147 La définition du Quaternaire méditerranéen et la question des plages soulevées _______________________________________ 150 La Paléontologie humaine et la Préhistoire ________________ 151 La pensée scientifique d’Arambourg _____________________ 156 A propos du racisme scientifique_________________________ 161 Les découvertes de sites et d’horizons géologiques __________ 162 Les unités systématiques nouvelles _______________________ 163 Les erreurs de détermination vers la fin de sa vie ___________ 165 La dualité scientifique Pomel/Arambourg _________________ 167 La fin des encyclopédistes, fin d’une époque _______________ 170 La conservation muséographique des collections____________ 171

Epilogue ___________________________________________ 173 Sources orales, écrites et enregistrées ____________________ 175 238

Publications d’Arambourg ayant servi à sa biographie ______ 179 Bibliographie générale ________________________________ 195 Table des figures _____________________________________ 219 Liste des espèces citées dans le texte _____________________ 225

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