Art et Existence 2865631583, 9782865631582

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COLLECT ION D'ES THÉTI QUE D IRI GÉ E PAR M IKEL DUFRENNE

Qu 'est-ce donc enfin qu'une œuvre d 'art: enfin ... dès l'origi ne? Parmi tous ces o.uvragE'.s qui prétendent à l'art, qu 'est-ce qui fait le depart entre le propre et l'impropre? Voilà la question de granit, en dehors de laquelle tout e esthétique est fuyante. L'art est irréductible et inaccessible à tout critère scientifique ou sentimental - comme l'existence. De même que l'existence, au sens non trivial, est une faille dans la trame du destin, même historique, l'art est une faille dans le réseau de tous les systèmes, logiques, symboliques ou culturels. De cette faille qui sépare infiniment l'étant de l'existant, l'effet de l'événement et le signe de la forme, l'œuvre d'art est à la fo is l'ouverture et le franchissement. Un événement - avènement est une déchirure dans la connexité de l'étant; et de cette déchirure l'art est le jour. Qu'une œuvre d'art soit peinture ou sculpture, architecture ou poésie, le Rien, le Vide en est l'origine, le milieu et l'issue. Elle n'est pas un objet. Elle existe : hors-soi, en soi plus avant. Ce livre entend le montrer à partir des œuvres ellesmêmes, en acte.

HENRI MALDINEY

ART ET EXISTENCE

K klincksieck esthétique

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Q 782865 631582

ISBN : 2·86563· 158..S

COLLECTION D'ESTHÉTIQUE

sous la direction de Marc Jimenez

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La présence de I'reuvre et l'al ibi du code

dernieres parutions 47. Marc Jimenez, Adorno et la modernité. Vers une esthétique négative 48. Éric Kbhler, Le hasard en littérature. Le possible et la nécessité 49. René Passeron, Pour une philosophie de la création 50. Theodor W. Adorno, Théorie esthétique. Trad. de \'allemand par Marc Jimenez 51. Peter Weiss, L'esthétique de la résistance, tome I. Trad. de l'allemand par E. Kaufholz 52 Nicéphore, Discours contre les iconoc!astes 53. Jean-Charles Fran~ois, Percussion et musique contemporaine 54. Jacques Soulillou, Le Décoratif 55. Peter Weiss, L'esthétique de la résistance, tome II 56. Peter Weiss, L'esthétique de la résistance, tome III 57. L'(Euvre et le concept : Prétextes Olivier Revault d'Al/onnes 58. Peter Bürger, La Prose de la modernité. Trad. de I'allemand par Marc Jimenez 60. Marc Jimenez, La critique: crise de l'art ou consensus culturel ? 61. Pierre Garrigues, Poétiques du fragment 62. Michel Faure, Du néoc!assicisme musical dans la France du premier XX e sil!cle 63. Frank Popper, Réflexions sur l'exil, l'art et l'Europe. Entretiens avec Aline Dallier 64. Richard Shusterman, Vivre la philosophie. Pragmatisme et art de vivre. Trad. de l'an­ glais (États-Unis) par Ch. Fournier avec la coll. de J.-P. Cometti 65. Christian Béthune, Adorno et le jau. Analyse d'un déni esthétique

1. L'ART. .. OU? LE PROPRE ET L'IMPROPRE

Ce livre est un recueil de textes dont I'art est le prétexte. Non pas prétexte au sens de ce qui est mis en avant apres coup, pour masquer le vrai motif d'un acte ou d'une parale, ni non plus au sens d'une occasion que le discours a la fois exploite et méprise, mais au sens le plus prégnant du mot, qui fait a pré son plein drait de « préfixe des préfixes» l. Prétexte est ce qui est a I'avant du texte et vers quoi celui-ci - qui lui est contigu­ se traverse soi-meme, comme ferait un navire naviguant a I'impossible pour rejoindre sa proue. C'est cela meme qu'exprime le mot « présence» : etre présent (prae-sens), c'est etre a l'avant de soi. 11 y a la une antilogique, un signe de contradiction qui fait le départ entre deux ordres : ce qui, au plan de la chose, de I'étant pur et simple, constitue une impossible condition d'etre, est la condition d'etre-a-I'impossible qui définit dimensionnellement I'existant. Exister, au sens non trivial, c'est ~ir sa tenue hors soi, extatiquement, sans avoir eu a sortir d'une situation préalable de pure immanence. Cette dimension extatique est celle, pareillement, de I'ceuvre d'art : elle ex-iste. Elle a sa tenue hors ... qu'elle ne tient que de soi. « La parale, dit Francis Ponge, est aux choses de I'esprit [qui par elle entrent en ceuvre l leur fa¡;on de se tenir d'aplomb hors de leur contenant, naguere forme indispensable 2. » Toute ceuvre d'art, de meme, a sa tenue prapre hors de ce qu'on tient d'ordinaire pour son contenant : cette chose ou cet ouvrage objectivement per¡;us et pramus de surcraít, simultanément, a une valeur artistique, dont ils seraient les réceptacles ou les porteurs. Si, dans une ceuvre d'art, nous visons d'abord un objet, nous la désappraprions de son prapre, comme nous dé-visageons - lui ótant son visage - I'autre que notre regard s'ob-jecte et fixe dans une identité cIase: nous nous en arrogeons, par projection, la mesure, pour n'avoir pas a endurer I'expression de son incommensurable etre-Ia.

Retirage de la 2e édition (1'e et 2 éd. : Librairie des Méridiens - Klincksieck et Cie, 1985 et 1986) e

© Klincksieck, 2003

ISBN

2-252-03425-4

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L' ART. ,.

LA PRÉSENCE DE L'rnUVRE

Or une reuvre d'art est le la de sa propre ouverture ; par ailleurs, nulle entrée. « Qui n'appartient pas a l'reuvre comme origine ne fera jamais reuvre J. » Cette parole de Maurice Blanchot ne concerne pas seulement l'artiste ; elle vaut pour toute rencontre avec l'reuvre. Qui n'appartient pas a l'reuvre comme origine ne la rejoint nulle parto La présence passe outre a l'reuvre d'art comme telle si elle n'est pas originairement articulée a et par... ce qui constitue son etre-reuvre. Or celui-ci n'a pas d'en deU, évacue dans son indifférence les

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DIALECTIQUE DU « MOl » ET MORPHOLOGIE DU STYLE

dilemrnes du Moi en flux (Sch ± ±) et avec eux, puisque passés en eux, ---,---. les antagonismes paroxystiques de l'affectivité. Ainsi donc sous ses deux faces la morphologie typique de l'art Sung . implique une intégration - en quelque sorte au second degré - du Moi totalement intégré et du Moi intégralement vide.

ESSAI DE SYNTHESE

Pour comprendre ce qu'est exactement la dialectique du Moi et ce qui fait l'unité de ses modes esthétiquement efficaces, dont l'ensemble s'articule a l'ensemble des styles de l'art, il faut se rappeler la distinction szondienne entre profils du Moi et mécanismes du Moi. «Le mécanisme du-Moi est, dans ses traits essentiels, identique au profil du Moi. Le dernier terme se rapporte a la reproduction [ormelle du rapport kp, tel qu'il apparait dans le profil, alors que le premier terme souligne les fonctions egosystoliques et egodiastoliques du Moi qui conduisent a différents profils du Moi. Le mécanisme du Moi est un concept fonctionnel, le profil du Moi est un concept descriptif et forme!. .. » « ... 11 faut, a propos de chaque mécanisme du Moi, qu'il soit d'aide ou d'aversion, distinguer les deux fonctions dynamiques : 1) égodiastoli­ que 2) égosystolique, dont nous avons décrit plus haut la signification dans les différents états : négatif, ambivalent, positif et zéro» 143. Le tableau récapitulatif ci-joint met en évidence les points suivants : 1. La dimension p est essentielle a l'art. Le Moi qui est él l'avant-plan dans l'acte artistique peut comporter toutes les valeurs de p : p -, p +, P ±, P O. Toute reuvre d'art exige une égodiastole y compris celle d'une expansion vide dont nous avons montré qu'elle est une tension ouverte absolue a base de transpassibilité. 2. Jamais l'un ou l'autre des deux facteurs p ou k n'agit seul, le second ayant la valeur O. La ou le Moi est vide, ce sont les deux facteurs ensemble qui ont la valeur zéro. Cela signifie - comme l'indique Szondi - que ni la projection totale (O - !), ni l'inflation totale (O + !), ni l'introjection totale (+ ! O) ni la négation totale (- ! O) ne sont capables d'assurer la participation requise par l'art. La genese d'une reuvre d'art exige soit une «déprojection par introjection» : Sch + - (Einfühlung) soit une «déflation par introjec­ tion» Sch + ! + (Abstraction). Le role de l'introjection se comprend facilement. Elle est la fonction opérative : l'égodiastole s'incarne dans un [aire. 3. Le Moi agissant al'avant-plan, le batisseur de l'reuvre exclut de soi toute prise de position purement négative (k -). La preuve a contrario en

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