139 49 2MB
French Pages [180]
Table of contents :
Sommaire
Table des Matières
Introduction. Derrière la confusion du conscient, il y a le travail de l'inconscient
De l'éducation : apprendre à apprendre
1. Vers le mouvement
Les changements d'Etats de conscience : une forme d'auto- hypnose
Dialogue avec un thérapeute : l’instabilité permanente
Deux visions sont donc possibles
Mise en pratique
Quand l'esprit est ailleurs
Dialogue avec le thérapeute : la dissociation
Se dissocier
Mise en pratique
D'un regard à l'autre
Dialogue avec le thérapeute : changer de point de vue
Mise en pratique
Objectivité et subjectivité
Dialogue avec un thérapeute : structure et contenu
Que se passe-t-il en nous ?
Mise en pratique
Conclusion : Se souvenir de s'être oublié
2. De l'auto- hypnose inconsciente à l'auto- hypnose consciente
Le poison des autres... et la libération intérieure
Qu’est ce qu’une croyance ?
Mise en pratique
Du culte du bonheur à une « science de la contrariété »
Dialogue avec le thérapeute : savoir où l’on va
Mise en pratique
De la croyance à la réalité
Éviter... ou aller vers ?
De la bonne utilisation duplacebo
Dialogue avec le thérapeute : du bon usage du
placebo
Les types de croyances
Choisir une bonne croyance
Les changements de croyance
Mise en pratique
Conclusion : croyances et valeurs
3. Le dialogue intérieur
Sommes- nous tous des « schizophrènes inconscients ? »
Dialogue avec le thérapeute : prise de conscience du dialogue
intérieur
Mise en pratique
Rééduquer les pensées par l'auto- hypnose
Dialogue avec le thérapeute : perceptions
Les erreurs du conscient
Mise en pratique
Du saboteur intérieur au silence royal
La négation n’est pas prise en compte
Impact de l’auto-suggestion
Mise en pratique
Conclusion : stopper le monde
4. Le temps, cette illusion
Le cours du temps
Dialogue avec le thérapeute : Passé ou présent ?
Le passé
Dialogue avec le thérapeute : au-delà de la routine
Mise en pratique : transformer le passé
Le principe du deuil
Le présent
Dialogue avec le thérapeute : l’illusion d’immortalité
Sortir de la routine
Le Futur
Conclusion : vivre le dernier instant
5. La confiance réelle, la voie suprême
Choisir son scénario
Du visible, vers l’invisible
Mise en pratique
La proie et le chasseur
Dialogue avec le thérapeute : traquer ses routines
Nous vivons dans un monde de chasseurs
Mise enpratique : traquer ses faiblesses
Observer le monde
La synchronisation
Mise en pratique
Être
sincère ?
La congruence
Devenir un vecteur de changement
Se préserver
Amener l’autre à soi : le leading
Mise en pratique
6. Influence, communication et séduction
Séduire ? Séduire
L'homme Alpha ?
La modélisation
Principes
Mise en pratique
D’autres
modèles
Modéliser Son Alpha
Entrer en relation
Qu’est-ce qui nous séduit ?
Créer une relation :
aborder
La ratification
Les éléments d’unebonne ratification
Créer le rapport, faire parlerl’autre : « cold reading »
L’art de poser des questions
Mise en pratique
Quelques techniques de suggestion
Suggestions directes et indirectes
Conclusion : L'hypnose conversationnelle
7. L'auto- hypnose, un art de vivre mais aussi une pratique
Un travail sur l'inconscient
Entrer en auto- hypnose
L’état de conscience
Quelques fausses idées àsupprimer
L’induction hypnotique
Activer l'inconscient
Induction par dissociations successives
Induction par saturation sensorielle
Induction par dialogue intérieur
Impliquer son inconscient
La cible
Conclusion. Boule de neige
Conclusion : Tout change
Annexe. Comment est née l'hypnose moderne, scientifique et thérapeutique
L'hypnose moderne
Un bref historique de l'hypnose
L'inconscient en hypnose
Milton Erickson
Quelques caractéristiques de l'approche ericksonienne
Bibliographie
Remerciements
Apprivoiser le changement avec l’auto-hypnose Kévin Finel
Une nouvelle voie au service de votre liberté intérieure
Kévin Finel
Apprivoiser le changement avec l’auto-hypnose Une nouvelle voie au service de votre liberté intérieure
Retrouvez tous nos ouvrages sur le site : http://www.intereditions.com
© InterEditions-Dunod, Paris, 2009 ISBN 978-2-72-961060-9
SOMMAIRE
Introduction, page 1 Derrière la confusion du conscient, il y a le travail de l’inconscient. Ce livre s’adresse à votre inconscient, à votre « cerveau droit ».
Chapitre 1 : Vers le mouvement... page 5 Le changement, un état d’esprit, une réponse au flux de la vie L’auto-hypnose, c’est d’abord apprendre à observer et à connaître ses fonctionnements internes, avant d’agir avec eux et sur eux. C’est apprendre à cheminer du conscient vers l’inconscient. Tout change en permanence en nous, il est possible de sentir ce courant, de s’en imprégner pour en comprendre les enjeux.
Chapitre 2 : De l’auto-hypnose inconsciente à l’auto-hypnose consciente, page 27 Se libérer du poison des autres... entrer dans une logique d’ouverture et de libération intérieure Ou comment l’inconscient guide et guidera toujours notre vie. Il y a une forme d’hypnose et d’auto-hypnose inconsciente, elle provient de ce qu’on a voulu nous inculquer, de l’éducation, du modèle social... Ce sont des suggestions qui agissent en nous comme un moule qui restreint la liberté... une fois ce moule identifié, il peut être brisé.
Chapitre 3 : Le dialogue intérieur, page 47 Communiquer avec son inconscient, c’est pouvoir agir avec la totalité de soi La base pour être maître de soi ? Communiquer avec son inconscient ! C’est seulement à cette condition que l’on peut agir avec la totalité de soi. Il nous faut apprendre son langage, qui est au-delà des mots. C’est le langage de l’intention.
IV
Chapitre 4 : Le temps, cette illusion, page 65 Du passé ressource à l’avenir confiant pour un présent toujours... présent L’équilibre dans la perception du temps est atteint quand le passé est une ressource et quand l’avenir est libéré de toute peur ou contrainte. Comment atteindre cet équilibre ? En agissant à partir du présent.
Chapitre 5 : La confiance réelle, la voie suprême, page 85 L’auto-hypnose fait tomber les masques et accéder à un état supérieur Le monde est un théâtre géant ? Oui, mais nous n’avons pas appris à incarner notre rôle, à être nous-mêmes ! L’auto-hypnose permet de faire tomber le masque, et de nous révéler ce qui existe au-delà des apparences. Il devient alors possible d’être l’acteur de sa vie, et surtout le metteur en scène.
Chapitre 6 : Influence, communication et séduction, page 109 L’hypnose est une forme de séduction : le monde nous influence... influençons-nous nous-même et influençons le monde ! Certains sont de véritables artistes de la communication, ils savent créer les bons rapports, mettre à l’aise, séduire... sans excès mais en toute simplicité. C’est un travail personnel qui ouvre cette porte. Et une méthode, dont voici les grandes règles.
Chapitre 7 : L’auto-hypnose, un art de vivre mais aussi une pratique, page 139 Clés de perfectionnement Tous les exercices et suggestions contenus dans ce livre ont pour but de nous aider à apprivoiser notre inconscient, et sont, à leur manière, des
V
dérivés d’une forme d’auto-hypnose, moderne, consistant à élargir la capacité à agir sur soi. Une auto-hypnose plus formelle peut, à ce stade, décupler les possibilités explorées dans les autres chapitres.
Conclusion, page 151 Boule de neige Tout change.
Annexes : Comment est né l’hypnose moderne, scientifique et thérapeutique, page 153 Bibliographie, page 163
Introduction DERRIÈRE LA CONFUSION DU CONSCIENT, IL Y A LE TRAVAIL DE L’INCONSCIENT Ce livre s’adresse à votre inconscient, à votre « cerveau droit »
Ce livre s’adresse à votre « cerveau droit », son rythme est celui de votre monde intérieur : derrière la confusion du conscient il y a le travail de l’inconscient. Il tend vers une pédagogie du changement. Il s’adresse à tous ceux qui ont encore l’intuition que le bonheur se construit, qu’il est quelque chose de personnel et d’unique dont nous sommes, au final, responsables.
Aucune méthode ne peut prétendre nous amener vers le bonheur, et ce livre n’a pas cette prétention. Il n’existe aucune voie toute faite, aucun chemin balisé... seulement des structures, des suggestions. En fin de compte, tout ne peut partir que d’un élan, d’un désir, d’un rêve.
Les exercices présentés ici ne sont que des exercices, les centaines de suggestions de ce livre ne sont que des suggestions, et leur but est de vous aider à exploiter des possibilités de changement. Se laisser fasciner par ces mots serait une erreur, ils ne sont importants que dans leur capacité à vous toucher, à créer du mouvement.
2
A PPRIVOISER
LE CHANGEMENT AVEC L’ AUTO - HYPNOSE
En vérité, le seul objectif qu’un livre, qu’un maître ou qu’un quelconque enseignement puisse apporter, c’est une liberté accrue ; une autonomie qui peut être alors transformée en énergie, en force. Si, en lisant ce livre, cette liberté apparaît, saisissez l’occasion : Refaites vos choix.
DE L’ÉDUCATION : APPRENDRE À APPRENDRE Combien de temps avez-vous passé à apprendre réellement à vous servir de votre propre cerveau ?
Il y a une lacune dans l’éducation : à aucun moment nous n’avons eu un cours « d’utilisation du cerveau ». Personne ne nous dit : « Voilà, pour exploiter la mémoire, il faut procéder ainsi. Ensuite il y a différents types de mémoire : pour se servir de la mémoire visuelle, on peut utiliser son cerveau de telle ou telle manière, et ainsi pour la mémoire auditive.... »
Nous partons du principe que l’apprentissage doit se faire de manière empirique. Parents et enseignants transmettent des connaissances, sans toujours avoir à l’esprit que la manière de faire passer ces connaissances joue un rôle déterminant. La façon de procéder la plus courante est de donner une information à une personne et de la laisser libre quant à la façon de l’intégrer. Si l’intégration ne se fait pas, on passe par la répétition ou la décomposition de l’information. Mais il est rare qu’une réelle méthode d’intégration mentale soit mise en place. Suite à l’apprentissage, de nombreuses idées germent dans l’esprit d’un enfant. S’il trouve de bonnes stratégies (soit par un travail personnel, soit, plus couramment par la modélisation de son entourage) et s’il apprend vite, il est désigné comme un être doué. Sinon, il devient un mauvais élève, un cancre ou, au mieux, quelqu’un de « moyen ». Et ce jugement est souvent posé comme une situation définitive. L’enfant lui-même finit par se voir ainsi, et se crée une « nature ».
Derrière la confusion du conscient, il y a le travail de l’inconscient
3
L’une des conséquences – peut-être la plus néfaste – est de déclencher un état de passivité et de soumission vis-à-vis de son développement mental. Car si cette nature semble établie, l’enfant – et plus tard l’adulte qu’il deviendra – aura une perception définitive de lui-même, et prendra l’habitude de parler de lui ainsi : • « Je suis quelqu’un de lent » • « J’ai du mal à apprendre » • « Je suis sujet au stress » • « Je suis déprimé » • ....
En énonçant une vérité... ou plutôt en croyant énoncer une vérité. Si nature il y a, alors la remise en cause est difficile à envisager, mais cette prétendue nature, n’est en fait qu’un amalgame de croyances et de superstitions. Dans un tel cas de figure, la capacité de changement et d’apprentissage n’est plus exploitée. Pourtant elle existe et demeure disponible, à un niveau inconscient. Maintenant, si nous n’utilisons pas consciemment notre cerveau, d’autres se chargent de le diriger, et souvent plus dans le sens de leur propre intérêt que dans le notre. Ce qui nous manque, c’est l’enseignement de la flexibilité, du changement. Notre cerveau est une formidable machine à apprendre et à transformer l’information.
Pour lui rien n’est vrai, rien n’est faux : il agit en fonction de ce qu’il sait faire, ou de ce que nous lui apprenons à faire. De même qu’il est possible d’apprendre à mieux mémoriser, d’apprendre à mieux dormir ou à gérer son niveau de stress, il est possible d’apprendre à changer.
1 VERS LE MOUVEMENT... Le changement, un état d’esprit, une réponse au flux de la vie
La personne capable de prendre quelque chose de banal et d’ordinaire pour l’illuminer de manière nouvelle a le pouvoir de terrifier. Nous ne voulons pas que nos habitudes soient changées. Nous nous sentons menacés par de telles tentatives. « Je sais tout ce qu’il y a d’important à savoir ! » protestons-nous. C’est alors que le changeur passe et renverse toutes nos vieilles idées... (F. Herbert)
Le changement est un état d’esprit : Il se cultive. Chacun de nos actes permet de le découvrir afin de parvenir à l’apprivoiser.
LES CHANGEMENTS D’ETATS DE CONSCIENCE : UNE FORME D’AUTO-HYPNOSE En nous, rien n’est stable. Notre état de conscience fluctue en permanence.
Acquérir suffisamment de contrôle sur soi pour être à même de stabiliser un état émotionnel pendant quelques secondes ou quelques minutes demande un effort de concentration considérable. Pourtant, il est commun pour une personne plongée dans un état d’esprit particulier, d’en parler comme d’un état stable, et de
6
A PPRIVOISER
LE CHANGEMENT AVEC L’ AUTO - HYPNOSE
le percevoir comme étant permanent. Il s’agit d’une impression d’ensemble, subjective, et non d’une réalité. Si la pensée est centrée sur ce qui est stable, alors nous ne voyons que ce qui demeure. Si notre pensée est centrée sur les différences, alors nous pouvons apercevoir que tout est en mouvement, et que le changement est possible.
Dialogue avec un thérapeute : l’instabilité permanente Thérapeute : – Ca fait longtemps que vous ressentez cet état désagréable que vous nommez « déprime » ? Client : – Oh oui ! Dix ans maintenant que ça dure. Depuis dix ans c’est toujours comme ça. Thérapeute : – Toujours ? Vraiment ? Vous n’avez pas passé le moindre moment agréable pendant ces dix dernières années ??? Client : – Et bien si... mais ça ne dure pas longtemps, et ça n’est pas courant. Thérapeute : – Je sais qu’en tant que « déprimé » vous avez tendance à voir moins difficilement le côté négatif des choses, maintenant en tant que thérapeute permettez-moi d’être un poil plus positif. Il y a donc des moments pendant lesquels vous allez bien. C’est-à-dire que votre état d’esprit et votre ressenti fluctuent, n’est-ce pas ? Client : – ... Oui il y a bien des moments ou c’est pire... et pire encore... Thérapeute : – Et donc évidemment d’autres ou vous vous sentez mieux, comparativement. Dans une journée ordinaire, à quels moments oubliezvous d’être déprimé ? Client : – Que voulez vous dire par là ?
Vers le mouvement...
7
Thérapeute : Ce que je veux dire c’est que vous pensez bien à autre chose de temps en temps, en mangeant, en faisant votre toilette, en dormant, à ces moments-là vous êtes dans d’autres formes de pensées, dans un autre état d’esprit. Les activités quotidiennes parviennent à vous distraire. Client : – Oui... Évidemment, comme tout le monde. Thérapeute : – Tout à fait. Alors à votre avis combien de temps par jour passezvous réellement dans votre déprime ? Franchement, combien de fois par jour pouvez-vous dire « là je suis déprimé » ? Enlevez toutes les heures pendant lesquelles vous êtes occupé à autre chose, mentalement ou physiquement. . Client : – Vu comme cela il ne reste bien sûr que quelques heures... Thérapeute : – Combien précisément ? Client : – ... peut-être quatre ou cinq ?
InterEditions-Dunod – La photocopie non autorisée est un délit
Deux visions sont donc possibles Une pensée centrée sur les ressemblances
Ici, je crée une impression de permanence. Mon état semble stable et défini, je pense le connaître. En m’attendant à le voir durer, j’alimente cette stabilité et je lui permets de continuer à s’ancrer. Avec le temps il fini par être habituel. Dans cette vision je ne me crée aucune ouverture au changement Une pensée centrée sur les différences
Ici je suis centré sur les changements émotionnels permanents dont je fais l’objet. Je perçois que mes pensées se déploient dans de nombreuses directions, que de nouvelles sensations se manifestent constamment.
8
A PPRIVOISER
LE CHANGEMENT AVEC L’ AUTO - HYPNOSE
Chaque image que je crée intérieurement, chaque son, chaque idée, pensée, ou sensation porte son lot de changements, le tout dans une constante interaction entre le monde extérieur, enregistré par mes sens, et ma propre imagination.
Mise en pratique Pour y parvenir, la seule attitude à adopter est celle qui consiste à être attentif. Prenez quelques minutes pour faire cet exercice. Il peut être effectué quelque soit le lieu, toutefois un environnement comprenant des sources d’informations sensorielles changeantes le rend plus intéressant : une rue passante, un jardin, la présence d’une musique, le visionnage d’un film...
Exercice : Etre attentif Pendant ces quelques minutes, soyez attentif à chaque information qu’enregistrent vos sens. Constatez par vos pensées les principales informations qui vous parviennent : J’entends une voix, elle est douce et lente... je ressens les mouvements liés à ma respiration... telle musique m’évoque le souvenir d’un événement lointain... tel mot entendu provoque la création d’une image mentale... telle pensée me ramène dans un souvenir précis.... Il s’agit de faire un véritable commentaire de ce que vous percevez. Les pensées évitent de se laisser distraire et facilitent la concentration nécessaire à cet exercice. Rapidement, par association d’idées, la pensée doit faire des allers-retours entre la scène présente (vous en train d’observer ce qui vous entoure), et des souvenirs ou déductions intérieurs. Une fois ce mécanisme en place, l’exercice consiste à être conscient de l’impact de chaque information que nous enregistrons. Faites en sorte de percevoir, de ressentir l’influence de ces éléments externes, et la façon dont ils créent une interaction avec vous. Chaque information agit comme une suggestion, quelque soit le récepteur sensoriel qui l’enregistre. Cette suggestion provoque une multitude de réactions. Celles-ci sont rapides, presque instantanées. En les suivant, en les conscientisant, il est possible de saisir cette notion de changement permanent. Au bout de quelques instants, le nombre d’informations et d’interactions devient trop important pour être véritablement conscientisé ; cela peut à la fois provoquer une sensation de confusion, de saturation, et même l’impression de ne plus vraiment être présent, d’être décalé par rapport au présent. Vous êtes alors dans un état qui se trouve à la frontière d’un état d’auto-hypnose. Aussi, au début de votre pratique, il est préférable de ne pas faire durer l’exercice plus de quelques minutes.
Vers le mouvement...
9
Prendre quelques instants par jour pour réaliser cet exercice développe un autre rapport au monde : Je sais que je ne fais pas que subir le monde qui m’entoure : j’interagis avec lui ! Habituellement, cette interaction est inconsciente. En la conscientisant ainsi, je m’ouvre la possibilité de connaître mes fonctionnements et par la suite, de les changer.
QUAND L’ESPRIT EST AILLEURS... « Quand l’esprit est ailleurs, le corps ne souffre pas. » (J.P. Cauver) Il est possible de se sortir du mal-être. Que la douleur soit physique ou psychique, notre instinct nous pousse inexorablement à le faire.
InterEditions-Dunod – La photocopie non autorisée est un délit
Si je me brûle, mon corps va immédiatement vouloir couper le contact avec la source de chaleur. Ce réflexe sera immédiat, il interviendra avant même que je prenne conscience de la brûlure. Cette partie inconsciente de nous qui gère les réflexes n’a pas besoin de nous consulter pour prendre cette décision. Pour une souffrance mentale, il est possible de développer un même mécanisme de protection : Se concentrer sur une sensation l’amplifie immédiatement. Apprenons à nous concentrer sur ce que nous aimons et à prendre du recul pour le reste.
Bien entendu il ne s’agit pas de fuir. Au contraire, pour laisser de la place à une évolution, une prise de recul est souvent favorable, parfois même nécessaire. Elle permet de constituer une réserve d’énergie suffisante pour mieux appréhender le présent et se donner les moyens de la réflexion et de l’action.
Dialogue avec le thérapeute : la dissociation Client : – Je suis stressé, je me sens mal... Quand je suis comme ça je perds mes moyens, et je suis incapable de réagir.
10
A PPRIVOISER
LE CHANGEMENT AVEC L’ AUTO - HYPNOSE
Thérapeute : – Comment faites-vous pour identifier ces sensations désagréables ? Pouvez-vous me les décrire ? Client : – Et bien... c’est comme un poids, au niveau des épaules. Je ressens aussi des angoisses, comme une boule dans la gorge. Mon corps est alors très tendu et je me sens énervé. Thérapeute : – Très bien ! Expliquez-moi précisément ce qui se passe à ce moment-là. Comment cet état se met en place ? Faites en sorte de vous souvenir de la dernière fois que vous avez ressenti ces symptômes : comment est-ce que cela a commencé ? Décrivez-moi simplement avec vos mots ce que vous avez ressenti. Client : – Et bien... Souvent ça commence le matin, je prends conscience de mon corps et tout de suite je ressens une angoisse, comme si j’avais peur de cette journée qui commence. Ensuite cette sensation grandit, mon cœur bat plus vite... rien qu’à y repenser et de vous en parler je sens que ça recommence ! Thérapeute : – Ok, parfait ! C’est normal de le ressentir, se concentrer sur un souvenir le fait revenir... Les personnes déprimées sont en général très douées pour produire de telles choses ! Si vous continuez à vous concentrez dessus et à décrire votre ressenti, vous pourriez encore l’amplifier grandement. Quand vous aurez appris à utiliser ce mécanisme pour créer des réactions plus agréables, vous serez très doué pour être bien.... Client : – ... Thérapeute : – Je vais être un peu dur avec vous et vous demandez de repenser une fois encore à ces sensations passées... mais cette fois vous allez repenser à cette scène comme si vous la visionniez de l’extérieur, comme si vous étiez un spectateur. Vous avez le point de vue de quelqu’un qui ne fait qu’observer ce qui est arrivé. Vous êtes à l’extérieur et de là vous voyez ce qui arrive à cette personne qui se
InterEditions-Dunod – La photocopie non autorisée est un délit
Vers le mouvement...
11
réveille et qui ne se sent pas bien. Vous pouvez toujours décrire ce qui se passe, car vous pouvez toujours avoir accès à l’information, au niveau de votre intellect, tout en étant coupé de tout cela. Client : – Oui. Si je fais ça, le vécu me paraît plus éloigné. Thérapeute : – Et vous êtes alors incapable de retrouver les sensations dont vous parliez, même en vous concentrant sur elles, n’est-ce pas ? Client : – Oui... je les perçois comme extérieures à moi. J’ai l’impression de le voir à travers un filtre. Thérapeute : – Vous venez en effet de changer votre forme de perception : de l’extérieur ces sensations sont plus lointaines, et votre inconscient les traite ainsi. Et je ne sais pas si vous en êtes conscient mais en faisant cela vous conservez toute votre capacité d’action et de réaction malgré ce qui se passe en vous. Vous avez alors la capacité à retrouver un état de neutralité. Client : – Hum !... d’accord... mais là ça fonctionne bien parce que les sensations que je commençais à ressentir étaient simplement fabriquées, elles n’existaient pas vraiment ! Thérapeute : – Ah ?! Vous les ressentez pourtant en me les décrivant ? Client : – Oui, quand j’en parle, elles reviennent. Thérapeute : – Et vous pensez qu’elles n’existaient pas réellement ? Si vous pouvez ressentir une sensation c’est qu’elle est présente n’est-ce pas ? Pourquoi une sensation serait plus ou moins réelle qu’une autre ? Client : – Et bien... c’est le fait de l’avoir créée consciemment qui me donnait cette impression, je pense.
12
A PPRIVOISER
LE CHANGEMENT AVEC L’ AUTO - HYPNOSE
Thérapeute : – Tout à fait, cette fois vous l’avez fait consciemment, parce que je vous l’ai demandé. Vous avez déclenché à nouveau ces sensations désagréables en suivant mes instructions, et ensuite je vous ai montré comment les bloquer, en créant du recul par une dissociation. Jusqu’à présent le déclencheur était inconscient. Maintenant vous le connaissez, vous avez donc un pouvoir d’action sur lui.
Se dissocier Être en dehors de soi permet cette autre vision, hors du jeu des sensations, nous sommes plus à même d’avoir une vision d’ensemble, plus réfléchie, plus cohérente. Pourquoi ne le faisons-nous pas naturellement ? Un enfant sait le faire. Distrait d’une douleur il passe des pleurs aux rires en une fraction de seconde. Dans des cas extrêmes notre inconscient semble prendre la décision de le faire aussi par lui-même. Lors d’accidents graves il est fréquent qu’un blessé ne souffre pas avant d’être pris en charge. L’esprit occulte la douleur, et parfois même l’idée d’une possible douleur. Nous avons ce savoir en nous.
Comme nous le verrons un peu plus tard dans cet ouvrage, c’est notre dialogue intérieur (nos pensées) qui sans cesse fait ressurgir au présent les sensations que nous ressentons. En apprenant certains mécanismes à notre inconscient, comme dans l’exercice suivant, (ou comme cela sera expliqué au chapitre 3) en rééduquant notre dialogue intérieur, nous créons une autre disposition d’esprit.
Mise en pratique La meilleure façon de comprendre et d’intégrer ce processus, est de se mettre dans une condition telle que notre instinct va nous pousser à trouver une solution :
Exercice : Pousser son instinct vers la solution Pour cela, pincez-vous, ou mieux, demandez à quelqu’un de le faire, et ce pendant toute la durée de l’exercice qui peut prendre 2 ou 3 minutes. La douleur
Vers le mouvement...
13
doit être suffisante pour être pénible, sans toutefois la rendre insoutenable. Chiffrez la sur une échelle de 1 à 10, ou 1 serait une sensation à peine désagréable, et 10 une douleur extrême. L’idéal serait de commencer avec une douleur chiffrée à 5 ou 6 sur cette échelle. Quand une douleur est continue, elle a tendance à augmenter et à devenir de plus en plus insupportable car l’esprit se focalise sur elle. Pendant quelques instants concentrez-vous sur la douleur afin de vérifier ce principe : la douleur va vous apparaître comme étant plus présente. Puis, pensez à un bon souvenir, n’importe lequel. Racontez-le, décrivez-le, si possible à haute voix. Soyez précis dans la façon dont vous détaillez les éléments, comme si vous vouliez aider une personne à s’en faire une représentation aussi complète que possible. En faisant cela, la douleur va diminuer, plus vous allez vous concentrer sur le souvenir, et sur le fait de le raconter, plus la douleur va diminuer. Au bout de 2 ou 3 minutes, elle doit être tout à fait supportable, lointaine, très lointaine. Chiffrez à nouveau le niveau de douleur sur votre échelle : elle doit être descendue à 2 ou à 1.
J’ai la capacité de diminuer mes sensations désagréables... et d’amplifier celles que j’aime, selon la façon dont je me concentre sur elles.
InterEditions-Dunod – La photocopie non autorisée est un délit
Notre cerveau fonctionne par association d’idées. Pour créer un état interne, qu’il soit agréable ou non, nous devons lui donner de la matière et suivre une procédure bien précise. Cette prise de recul brise ce mécanisme pervers et crée un apaisement immédiat.
D’UN REGARD À L’AUTRE
Deux enfants passent un examen scolaire, l’un des premiers de leur vie. Les deux enfants ressentent cet événement comme une expérience inhabituelle avec son lot de questionnements, de pensées. L’heure de l’examen approche et ils sentent une certaine tension, en eux et aussi chez les autres élèves. Leur cœur bat un peu plus vite et la température de leur corps change. Lorsque l’épreuve débute, la tension est toujours présente, mais les pensées sont différentes... L’un se dit : « C’est beaucoup plus difficile que d’habitude, j’ai du mal à organiser mes pensées, mes mains sont trop froides, pourtant je suis en sueur. »
14
A PPRIVOISER
LE CHANGEMENT AVEC L’ AUTO - HYPNOSE
En jetant un coup d’œil autour de lui il s’aperçoit que les autres élèves semblent aussi dans un état anormal, ils doivent ressentir la même chose. Le silence lui-même est inquiétant, personne ne parle. À peine entend-il les effleurements de stylo, les bruissements de feuilles, les soupirs... « Eux non plus n’y arrivent pas ! » À la suite de cette expérience, cet élève qui aura été en deçà d’une utilisation complète de ses capacités, n’utilisera probablement qu’une partie des ressources qu’il a à sa disposition en d’autres occasions similaires. Le plus inquiétant est qu’il puisse craindre de revivre la même chose ; il risque ainsi de se placer par lui-même dans des conditions difficiles. Si rien ne vient changer cet état d’esprit, les situations difficiles qu’il rencontrera seront associées pour lui à une peur, à un échec, et il se retrouvera dans les conditions les moins facilitantes.
L’autre élève se tient un tout autre discours : « C’est le jour de l’examen, c’est aujourd’hui que tout ce que j’ai appris ces derniers temps doit m’aider. Je dois parvenir à faire encore mieux que d’habitude. Mon cœur bat plus vite et mes mains sont froides. Ca doit être dû à la concentration. » En s’accordant quelques instants pour prendre conscience de la situation, il interprète ce silence intense, comme une parfaite ambiance de travail. « Les autres élèves ont l’air très concentrés, ils travaillent dur, je dois faire comme eux. Ce silence ne peut m’aider qu’à me concentrer. Mes pensées sont plus rapides, cela va m’aider à gagner du temps, même si il faut que je fasse attention à bien les organiser. » À la suite de cette expérience, cet élève aura fait de son mieux, il aura exploité correctement ses connaissances. Dans le pire des cas, son résultat sera celui qu’il aura mérité. Mais peut-être aussi qu’il se sera dépassé et aura fait preuve de créativité et bénéficié d’une extrême lucidité. Mais le plus important est que l’information qu’il a enregistrée en lui, à un niveau inconscient, est qu’une situation difficile est un défi à relever, une occasion de donner le meilleur de soi-même. En cultivant cet état d’esprit, il saura s’adapter aux événements et rester en pleine possession de ses moyens.
Vers le mouvement...
15
Tout part d’une même expérience, des mêmes conditions. Tout n’est qu’une question de point de vue, d’interprétation.
En soi, aucune des deux visions n’est ni plus réelle, ni plus légitime qu’une autre... Pourtant, selon le point de vue, la réalité est modifiée ! En soi, il ne s’agit pas uniquement d’être quelqu’un de positif, d’être un battant, ou tout autre qualificatif désignant des idéaux souvent puérils. Plus que tout cela, il s’agit de pouvoir reconsidérer la réalité autrement, afin de disposer d’un panel de réactions plus riches. Quand je suis face à une situation, quel est le point de vue à adopter, quel est celui qui sera pour moi le plus utile ?
Des états internes comme la déprime ou le manque de confiance, produisent le plus souvent une vision filtrée de la réalité, dans laquelle le côté négatif est mis en valeur. Cependant, bien souvent, une personne dépressive ne vit pas réellement plus d’expériences négatives que la moyenne. Tout se joue sur la façon dont les perceptions du monde sont traitées.
Nous filtrons ce que nous entendons, ce que nous percevons ; plusieurs facteurs agissent en ce sens : InterEditions-Dunod – La photocopie non autorisée est un délit
• Notre état d’esprit du moment ; • Nos attentes ; • Nos peurs ; • Nos désirs.
Mais se rappeler de cette réalité amène une capacité qui peut largement balayer ces obstacles : Quand je me souviens que la réalité que je perçois n’est qu’une réalité possible parmi d’autres, alors j’ai le pouvoir d’agir sur moi... pour la changer.
Dialogue avec le thérapeute : changer de point de vue Thérapeute : – Quelle image avez-vous de vous-même ?
16
A PPRIVOISER
LE CHANGEMENT AVEC L’ AUTO - HYPNOSE
Client : – Celle de quelqu’un qui se laisse aller, quelqu’un de mou, quelqu’un qui n’a pas de volonté. Thérapeute : – Excellent début ! Comment avez-vous fait pour vous construire une image aussi réjouissante ? Client : – Vous êtes vraiment cynique... pensez-vous que j’ai choisi cet état ? Thérapeute : – Ah ! Puisque je suis cynique, essayez de vous mettre à ma place. Imaginez vraiment que vous êtes le thérapeute et que vous vous voyez. Vous êtes là, assis sur cette chaise devant vous. Ne bougez surtout pas, restez dans cette position, et regardez-vous. Client : – Ca n’est pas très agréable à voir ! Thérapeute : Je ne vous le fais pas dire ! Que ressentez-vous exactement ? Client : – Je n’aime pas me voir, même en imagination. Thérapeute : – Ah... que pourriez-vous dire à cette personne que vous voyez devant vous ? Client : – Hum... des choses pas très positives ! Il faudrait qu’il se bouge ! Thérapeute : – Exactement... mais vous comprenez, je suis votre thérapeute, je ne peux pas vous le dire directement, vous pourriez m’en vouloir... mais là, c’est vous le thérapeute, allez-y franchement, dites-lui ce que vous avez à lui dire. Tenez, mettez-vous à ma place ça sera plus simple. Client : – Bouge-toi ! Réagis ! Tu ne vas pas rester comme ça toute ta vie ! Thérapeute : – Allez ! Allez ! Vous pouvez faire mieux ! Il n’a même pas réagi !!!
InterEditions-Dunod – La photocopie non autorisée est un délit
Vers le mouvement...
17
Client : – Pauvre vieux ! Tu vois comme tu te tiens, on dirait une loque, tu es misérable ! Thérapeute : – Hum... attendez, je vous ai demandé de jouer le rôle d’un thérapeute, ne croyez-vous pas qu’il peut y avoir un peu de bienveillance dans le discours quand même ? Client : – ... Ca ne doit pas être facile d’être à votre place... Thérapeute : – Ah ! Et bien c’est vous qui me plaignez maintenant, vous rentrez bien dans le rôle bravo ! Maintenant regardez ce type, et changezle ! Donnez-lui tout ce qui lui manque ! Imaginez-le reprendre confiance en lui, voyez-le se redresser, redevenir ce que vous êtes... quand vous êtes bien. Voyez-le sourire, se prendre en main... et poussez-le à le faire bien. Client : – C’est mieux comme ça. Thérapeute : – Vous pouvez faire mieux, j’en suis certain. Montrez-moi de quoi vous êtes capable ! Client : – J’aimerais bien être comme ce que je vois en faisant ça. Thérapeute : – Alors reprenez votre place, rentrez dans la peau de celui qui a changé. Que ressentez-vous ? Client : – C’est plus léger. J’aimerais me sentir comme ça tout le temps. Thérapeute : – Oh... mais y parvenir vous a pris au moins deux minutes... Je ne voudrais pas recommencer à être cynique, mais vous vous croyez capable de le refaire sans que je vous tienne la main ? Avez-vous déjà remarqué que nos souvenirs évoluent dans le temps ?
18
A PPRIVOISER
LE CHANGEMENT AVEC L’ AUTO - HYPNOSE
Faites ressurgir un souvenir, celui d’un épisode de votre vie que vous avez sans doute vécu comme un moment difficile... mais qui aujourd’hui vous fait sourire. Essayez de vous remémorer les sensations qui étaient présentes pendant cet instant, les pensées que vous aviez à ce moment là. Puis imaginez que vous remontez dans le temps jusqu’à cet instant durant lequel votre perception a été transformée. Faites en sorte de déterminer ce qui a pu se passer en vous. Qu’est-ce qui peut provoquer une telle transformation ?
Il n’est pas toujours facile de verbaliser ce qui se passe en nous lorsqu’un tel mécanisme est à l’œuvre, cela peut simplement prendre la forme d’un ressenti, plus ou moins intuitif. En thérapie, c’est ce que nous nommons un recadrage. En notre for intérieur, nous savons faire cela spontanément, et si cet exemple est assez flagrant, nous utilisons le même mécanisme en permanence sans avoir besoin de nous en rendre compte : À chaque nouvel apprentissage et à chaque nouvelle expérience, nous percevons notre passé depuis ces transformations présentes, et le passé change de signification.
Le contenu lui-même fini parfois par être modifié.
Mise en pratique Prenez maintenant votre situation présente. L’exercice consiste à vous imaginer que vous vous regardez depuis plusieurs points de vue : • Celui d’une personne bien plus malheureuse et misérable que • • • • • •
vous ; Celui de quelqu’un qui ne croit en rien ; Celui d’un enfant ; Celui d’un thérapeute ; Celui d’une personne qui pense que tout est possible ; Celui de quelqu’un qui vous aime ; ...
Vers le mouvement...
19
Exercice : Je suis ... et je me regarde À chaque fois, imaginez aussi précisément que possible un personnage, puis entrez dans sa peau, et regardez-vous. Ne faites preuve d’aucune complaisance, d’aucune indulgence. Imaginez ce que vous pensez de vous, ce que vous avez envie de vous dire. Revenez ensuite en vous, afin de ressentir le changement que vous venez de produire.
Cet exercice peut être fait en quelques minutes, et avec un peu d’habitude en quelques secondes. Habituez-vous à le faire à chaque fois que vous entreprenez quelque chose, à chaque fois que vous vous sentez mal ou que vous manquez de motivation. Par la suite choisissez directement la personnalité qui vous semble être la plus utile... Celle d’un enfant qui peut parfois poser des questions qui remettent en cause, celle d’un thérapeute ou d’un coach... Le changement est alors très rapide, et nous apprenons ainsi à notre inconscient à utiliser des réactions plus variées. J’ai la possibilité, dans chaque situation, d’apprendre à multiplier les points de vue afin d’acquérir plus d’expériences et de pouvoir choisir l’état d’esprit le plus adapté.
InterEditions-Dunod – La photocopie non autorisée est un délit
OBJECTIVITÉ ET SUBJECTIVITÉ C’est seulement en reconnaissant sa propre subjectivité et en apprenant à agir sur elle qu’il devient possible de se connaître, et peut-être d’atteindre un fragment d’objectivité. Un point de vue différent crée le changement, une émotion influence une prise de décision et peut faire changer d’avis une personne bornée. Un stress peut amener une personne pourtant posée à prendre des décisions irréfléchies ou une autre à donner le meilleur d’elle-même.
Plus que ce que nous vivons, c’est la façon dont nous interprétons et réinterprétons sans cesse notre vécu qui fait la différence. C’est là que tout se joue.
Et surtout, il nous est possible d’agir sur notre vision du monde. Celle-ci ne provient pas d’une quelconque nature, mais d’un apprentissage.
20
A PPRIVOISER
LE CHANGEMENT AVEC L’ AUTO - HYPNOSE
Un autre apprentissage peut donc modifier et améliorer les choses.
Dialogue avec un thérapeute : structure et contenu Thérapeute : – Bon. Nous allons faire une expérience. De nombreuses personnes pensent que c’est le contenu d’une expérience qui permet de la ressentir comme étant positive ou non. Mais imaginons que cela soit autre chose : que la façon d’y penser soit plus importante que le contenu lui-même. Pensez à quelque chose que vous n’aimez pas, qui vous met mal à l’aise ou vous énerve... vous y êtes ? Client : – Oui. Thérapeute : – Pouvez-vous m’en dire plus ? Client : – Je pense à mon travail. Thérapeute : – Ok, qu’est-ce qui vous vient par rapport à votre travail ? Client : – Des souvenirs, je revois les lieux, les personnes... Thérapeute : – Que ressentez-vous par rapport à cela ? Client : – Je me sens mal à l’aise, stressé. Thérapeute : – Vous avez des images mentales ? Client : – Oui. Thérapeute : – Parfait, faites un arrêt sur image, quand vous le souhaitez. Client : – Voilà. Je vois mon bureau, je me vois devant en train de travailler. Thérapeute :
InterEditions-Dunod – La photocopie non autorisée est un délit
Vers le mouvement...
21
– Bon, et à vous voir ça n’a pas l’air très agréable. Comment est cette image ? Je veux dire... décrivez-moi de façon précise ce que vous voyez : quelle taille a l’image, est-elle en trois dimensions, est-elle en couleur ou en noir et blanc... ? Client : – Et bien c’est comme un écran de télévision, en couleur... mais tout est quand même assez sombre. Thérapeute : – L’image est-elle nette ? Est-elle sombre ou lumineuse ? Client : – L’image est floue, c’est assez déstabilisant... et plutôt terne. Thérapeute : – Bon, partons de là alors, je vais vous demander de la modifier. Vous pourrez à chaque modification ressentir les changements produits en étant à l’écoute de vos sensations. Commencez par approcher cette image de vous, tout en l’agrandissant. Client : – C’est très désagréable ! Thérapeute : – Exactement, alors maintenant faites l’inverse ! Eloignez-la, et voyez-la se réduire en même temps, faites-le le plus vite possible jusqu’à ce qu’elle soit lointaine, très lointaine. Client : – C’est mieux. En fait je ne ressens plus grand-chose. Thérapeute : – Alors il serait possible de l’éloigner encore, jusqu’à ne plus rien ressentir du tout, mais il existe une autre possibilité. Ramenez cette image près de vous, et maintenant rendez-la plus nette et plus lumineuse. Qu’est-ce qui change à ce moment-là ? Client : – C’est moins désagréable. En fait, c’est neutre. Thérapeute : – Que ressentez-vous alors quand j’évoque votre travail ?
22
A PPRIVOISER
LE CHANGEMENT AVEC L’ AUTO - HYPNOSE
Client : – Hum... c’est déjà plus léger. C’est déroutant, ça ne devrait pas être comme cela, je sais pourtant que je n’aime pas ce travail. Thérapeute : – Très bien, maintenant vous avez le choix. Tant que vous exercez ce travail vous pouvez décider qu’il n’a pas à vous stresser, le but n’est pas de l’apprécier, mais de vivre bien mieux. Pourtant vous gardez en effet l’idée qu’il ne vous convient pas, et vous pouvez donc respecter vos idées et convictions. Si on continue à modifier votre représentation, un réel changement peut se mettre en place.
Que se passe-t-il en nous ? Notre vision consciente de l’univers est créée en premier lieu à partir des informations enregistrées par nos sens. Par la suite, ces informations sont traitées par notre « inconscient ». Certaines, jugées plus significatives sont alors transmises à notre esprit conscient. Il faut tenir compte du fait que le nombre d’informations perçues à chaque instant de façon consciente est infime, comparé à ce que nos sens enregistrent réellement. Aussi, notre inconscient traite toutes les routines de façon automatique, sans repasser par le conscient. Et il arrive que certaines de nos réactions ne soient pas satisfaisantes, qu’elles aillent à l’encontre de ce que nous désirons. Dans le cas d’une compulsion, par exemple, un désir peut naître, contre toute logique, et s’imposer au conscient, qui à ce moment là réagit comme un automate passif, incapable d’imprimer sa volonté. Pourtant, ces réactions inconscientes peuvent être transformées, il ne tient qu’à nous de le faire. Nous pouvons réorienter le « travail » inconscient. Ne pas donner des directives claires et précises à notre « inconscient » sur la façon de procéder lors de ce travail, reviendrait à laisser une machine folle décider de notre vie.
Une science du changement ne peut être objective, elle ne peut que reposer sur la subjectivité de chaque personne, afin d’aider à la décoder, puis à la façonner.
Vers le mouvement...
23
Mise en pratique Imaginez que vous êtes le metteur en scène de tout ce que vous vivez. Vos sens ne sont que des outils, et votre imagination donne la flexibilité à ces outils flexibles.
Nous partons d’informations concrètes : Les images, sons et sensations que vous percevez de l’extérieur passent par différentes transformations pour donner les images mentales, sons, dialogue intérieur et émotions que vous créez à l’intérieur de vous. Dans un film, il est possible de transformer la nature d’une scène en la filmant depuis un autre endroit, en jouant sur la texture de l’image, ou sur les couleurs. Votre imagination peut aller encore plus loin et transformer les couleurs, et les dimensions de l’image, par exemple. Sur les sons, l’idée est identique : il est possible de modifier non seulement le volume, la tonalité et le rythme, mais aussi les voix elles-mêmes, d’ajouter ou de supprimer une musique... Mais surtout il vous est possible de transformer vos sensations et émotions : percevez-les comme des phénomènes intéressants, et regardez-les, découvrez-les avec un regard curieux et détaché.
InterEditions-Dunod – La photocopie non autorisée est un délit
Exercice : Transformez vos sensations Prenez par exemple une lourdeur : Localisez-la. Où la ressentez-vous précisément ? Identifiez sa taille, sa couleur, son poids. Faites-la bouger, grandir ou rétrécir, s’allonger, s’étirer, coupez-la en petits bouts...
Toute émotion peut être transformée, et chaque transformation – même la plus infime --modifie sa structure, et par conséquent la façon dont votre inconscient va la gérer à l’avenir.
Ceci n’est qu’un jeu symbolique, car à un niveau inconscient, les symboles forment un langage. En jouant sur ces paramètres, vous parlez la langue de votre inconscient, et il modifie le ressenti sur la base des indications que vous lui donnez.
24
A PPRIVOISER
LE CHANGEMENT AVEC L’ AUTO - HYPNOSE
Exercice : Transformez vos émotions Choissez maintenant une série d’émotions. Prenez, pour commencer, des émotions que vous connaissez bien, que vous éprouvez régulièrement. Puis, jouez avec les paramètres visuels, auditifs et ces sensations/émotions. La petite liste donnée plus haut n’est qu’un début que votre imagination peut compléter. Imaginez une sorte de télécommande mentale qui peut vous permettre de régler librement chaque détail de vos perceptions internes. Agissez sur ces émotions jusqu’à les transformer complètement. Rien ne vous empêche après ce premier entraînement de leur redonner leurs caractéristiques de départ, si vous en éprouvez le besoin. Le plus important ici est d’apprendre à quel point il vous est possible d’influencer ce qui se passe en vous.
Je peux me dépouiller de tout ce qui m’encombre, de toutes les émotions lourdes et pesantes. Je peux ainsi construire mon ressenti avec des matériaux qui me conviennent, que je choisis en toute conscience.
Avec un peu d’entraînement il est tout à fait possible d’amplifier chaque sensation agréable, ou de diminuer les autres, et ce quelque soient les circonstances : plus vous connaîtrez l’impact de chaque changement conscient sur la nature et la forme de vos perceptions, plus cette action sera rapide, presque instantanée. CONCLUSION : SE SOUVENIR DE S’ÊTRE OUBLIÉ
Notre désir de compréhension donne une fausse idée de stabilité, qu’il convient d’écarter afin de laisser la place au Changement. Nos sensations sont-elles artificielles, illusoires ? Les créons-nous par nos habitudes et nos attentes ? Ce que nous croyons être normal ne serait-il en fait que le produit de nos propres habitudes ? Oui, car nous ne pouvons être totalement objectifs. L’habitude crée le manque de remise en cause. Nous disons : « telle chose est normale » tout simplement parce que nous l’avons vu se reproduire plusieurs fois, ou, pis encore, parce que nous avons entendu dire qu’il en allait ainsi. Le changement en nous est permanent, à nous de saisir ses possibilités.
Vers le mouvement...
25
Chaque nouvelle expérience peut nous apprendre à remettre du mouvement... Notre perception peut être rééduquée. Nos réactions peuvent réapprises. La seule chose qui peut nous empêcher de changer est de ne pas nous rendre compte que nous pouvons le faire.
2 DE L’AUTO-HYPNOSE INCONSCIENTE À L’AUTO-HYPNOSE CONSCIENTE Se libérer du poison des autres... entrer dans une logique d’ouverture et de libération intérieure ; franchir le pont
Les mécanismes du progrès sont représentatifs du jeu de nos croyances. Tous les grands inventeurs en ont fait les frais. Lorsqu’une personne annonce qu’une chose est différente de ce que l’on croyait jusqu’alors, la logique se ferme et se retire... pour laisser la place au refus du changement : une pure émotion ; irrationnelle et illogique. Bien souvent, les précurseurs ont été victimes de cette folie. Qui n’a pas déjà constaté cette peur de la nouveauté, qui amène jusqu’à un véritable refus des évidences ; parfois à la colère et à l’agressivité ? Ici, nous vous proposons de saisir ce qui se passe dans l’esprit d’une personne qui voit ses croyances renversées, et qui est obligée de structurer différemment sa vision du monde pour s’adapter à ce raz-de-marée interne, et en sortir grandie. Nos croyances influencent nos capacités, nos comportements. En agissant sur elles, nous pouvons avoir un impact sur une parcelle bien plus vaste de notre identité. Nombreux sont alors les blocages qui peuvent disparaître.
28
A PPRIVOISER
LE CHANGEMENT AVEC L’ AUTO - HYPNOSE
LE POISON DES AUTRES... ET LA LIBÉRATION INTÉRIEURE
Les « voyants » tombent souvent juste dans leurs prédictions. Peutêtre que certains sont vraiment très doués, et pénètrent les chemins de l’avenir... Mais ici nous allons établir une autre base de réflexion et partir du principe que tout est croyance et que nos croyances influencent et créent notre réalité. Imaginons alors un « voyant », qui annonce une prédiction : « Demain, il va vous arriver quelque chose de très particulier ! »
Le paradoxe du voyant est que sa prédiction est réalisante. Il enferme le monde dans la réalité qu’il crée sur le moment, sa parole lui donne vie. Si une personne entend une telle « vérité » et y réagit même d’une façon indirecte et inconsciente, elle va modifier son comportement en fonction de sa nouvelle attente. Souvent, elle crée ainsi le terrain favorable : les conditions dans lesquelles la prédiction peut se réaliser. Elle peut aussi percevoir la réalité en fonction du filtre créé par la prédiction. Ainsi, le moindre élément inhabituel sera ce « quelque chose de très particulier ».
Qu’est ce qu’une croyance ? Une possibilité, perçue comme une certitude. Une idée qui ne peut être « prouvée » mais qui oriente tout de même nos actions.
C’est le cas de la superstition, bien entendu, mais aussi des idées transmises dans notre éducation : celles qui concernent le monde, notre propre caractère, notre « nature ». Les idées provenant de nos expériences : succès, échecs, peurs, envies... sont bien souvent des croyances, elles aussi. Lorsque le voyant nous fait sa prédiction, et qu’elle s’accomplit, ou semble s’accomplir, alors notre jugement renforce la croyance. Et une seconde prédiction a encore plus de risques de se réaliser !
De l’auto-hypnose inconsciente à l’auto-hypnose consciente
29
Ce mécanisme peut-être à la fois extrêmement positif, si bien utilisé, avec bon sens et pragmatisme, mais il peut aussi être destructeur, car souvent ceux qui l’utilisent, même si leurs intentions sont bonnes, ne mesurent pas les conséquences de leurs paroles. Mais ce que fait le voyant dans cet exemple peut être accompli de façon « innocente » par de nombreuses autres personnes. Dites à quelqu’un qu’il a l’air dépressif : s’il y croit, sa physiologie va rapidement s’adapter à cette idée, ses pensées aussi. Les conséquences sur l’état émotionnel ne tardent pas, et seraient susceptibles de renforcer ce mécanisme qui devient un cercle vicieux. Que la base soit réelle ou non n’a plus d’importance alors, puisque les conséquences elles sont réelles et perceptibles. Certaines personnes, en partant de faux problèmes créés par des croyances, finissent par affronter de réelles conséquences. Pourtant, un autre système de croyance serait aussi très probablement une solution à cet état.
L’éducation joue un rôle important, surtout si nous restons passifs ou que nous ne sommes que réactifs. Des professeurs ou parents peuvent parfois être de véritables machines à débiter des croyances, et souvent avec les meilleures intentions du monde : • La vie est difficile. InterEditions-Dunod – La photocopie non autorisée est un délit
• Tu dois toujours te préparer au pire. • Tu es paresseux. • ... Dans ce cas, face à son système d’éducation, une personne a le choix entre reproduire le même système ou aller à l’opposé de ce système.
Il s’agit plus d’un dilemme que d’un choix. Pour en sortir, il faut imaginer une troisième possibilité, qui permet de dépasser ce système sans le nier, d’en tirer l’expérience utile afin de l’intégrer à un nouveau système, plus personnel cette fois. Pour cela nous allons créer une autre croyance : Une personne peut devenir créative.
30
A PPRIVOISER
LE CHANGEMENT AVEC L’ AUTO - HYPNOSE
Un enfant est une éponge, et il le reste en partie en devenant adulte. Nous « modélisons » notre entourage pour nous développer, et c’est une bonne façon d’apprendre. Dans les premières années de vie, la modélisation permet à un enfant d’apprendre rapidement sa langue maternelle, sans aucun autre cadre de référence, et avec comme outil principal la reproduction. Cependant cette reproduction est souvent beaucoup plus profonde qu’il n’y paraît. Des habitudes de langage découlent les systèmes de pensées et certaines représentations du monde. Et un enfant n’a pas toujours le recul nécessaire pour trier l’information qu’il intègre souvent très rapidement. En grandissant, le libre arbitre devient plus important. Pourtant, si trop de croyances limitantes sont déjà en place, elles finissent par agir comme des filtres qui orientent l’expérience et limitent les nouveaux apprentissages et les choix. Pour dépasser cette barrière, le passage au monde « adulte » doit normalement apporter une autre ressource : la créativité. Une fois dans la créativité, les modèles utiles à l’apprentissage ne sont alors plus subis, mais intégrés puis dépassés. Et la première étape de ce travail porte sur les croyances...
Seulement, les croyances sont souvent perçues comme des certitudes, et non comme des idées reçues. Comment dans ce cas parvenir à les identifier ? Cela ne peut être fait qu’à partir d’une certaine discipline mentale. Peut-être qu’identifier ces croyances amènera à se faire « violence », à se sentir temporairement déséquilibré car des doutes vont naître sur les anciens cadres de référence. Une remise en cause est parfois nécessaire : ce que l’on croit être vrai ne l’a peut-être jamais été.
Mise en pratique Se poser les bonnes questions
Derrière toute vérité se cache une croyance. Cette phrase elle-même en est un bon exemple !
De l’auto-hypnose inconsciente à l’auto-hypnose consciente
31
Pour les repérer, nous devons en premier lieu être attentifs au langage, à celui des autres, au notre et à nos pensées. Il faut ici être impeccable et ne pas tenter de trouver de justification à nos croyances : même en étant justifiées, elles demeurent des croyances. Puis nous pouvons nous poser certaines questions : une croyance ne peut résister à un questionnement pragmatique. Voici quelques exemples de croyances : Changer est difficile, dit-on ? Difficile par rapport à quoi précisément ? Est-ce toujours le cas ? Ai-je déjà vécu des changements faciles ?
Certaines personnes sont épanouies ? Que ressent t’on en étant dans cet état ? Comment savoir si elles le sont réellement ? N’est-ce pas de la projection, un jugement sans fondation ? Une simple impression ?
Je ne suis pas capable de me prendre en main.
InterEditions-Dunod – La photocopie non autorisée est un délit
Comment en être certain ? Est-ce toujours le cas ? Qu’est-ce qu’être capable ? Y a-t-il un élément tangible, concret, qui peut le prouver ?
Dans le cas des croyances, il manque généralement un cadre de référence. Les mots expriment des généralités, bien souvent il est alors impossible de répondre à ce type de question. Les croyances comportent des omissions, des généralisations... leur seule base est la superstition, la réponse est alors souvent du type : C’est comme ça parce que c’est comme ça ! Une croyance peut être une réalité mais elle n’est pas l’unique réalité.
Quand nous identifions une croyance, c’est qu’une prise de conscience s’est faite en nous. Nous acceptons alors de comprendre que ce qui nous semblait être une vérité, n’est qu’une possibilité. La certitude est donc déjà moins forte, elle commence à se dissoudre, à être ouverte à la critique. Un autre éclairage peut alors se faire, et le changement commence.
32
A PPRIVOISER
LE CHANGEMENT AVEC L’ AUTO - HYPNOSE
Nous pouvons donc nous déconditionner, ou au moins choisir notre conditionnement consciemment. Car si tout n’est que croyances, autant choisir celles qui peuvent nous aider, et nous faire évoluer.
DU CULTE DU BONHEUR À UNE « SCIENCE DE LA CONTRARIÉTÉ »
Il s’agit là d’une véritable tendance moderne : l’idée qu’il faut forcément être bien tout le temps, être au top, être un battant. Si cette idée semble être positive, pour beaucoup elle devient au fil du temps un véritable obstacle. Quand quelqu’un vit un moment difficile, cette idée de « devoir être bien » est aussi parfois la cause d’une plus grande souffrance : honte, désespoir, manque de confiance.... Le regard des autres devient porteur de jugements, réels ou imaginaires. Et surtout, accepter la situation, trouver les moyens de la dépasser, devient moins évident. Le problème est en effet mal posé : le but n’est pas d’être tout le temps bien, de tout le temps se sentir souriant, joyeux et positif ! Il est tout à fait normal de souffrir d’une blessure, comme il est normal de saigner si l’on se coupe. D’avoir des creux, puis de remonter la pente. Cela peut même être très positif et constructif... si ces épreuves sont utilisées intelligemment. Une blessure peut guérir plus ou moins vite. Une souffrance peut-être dépassée avec plus ou moins d’aisance. Et chaque expérience peut nous aider à construire les ressources nécessaires. L’important n’est pas ce qui nous arrive, mais la façon dont nous le gérons.
Tout comme le système immunitaire se renforce après une maladie, nous gagnons en force après chaque épreuve. Il devrait exister une science de la contrariété. Les gens ont besoin d’épreuves difficiles et d’oppressions pour développer leurs muscles psychiques. (Franck Herbert)
Bien entendu, rechercher ces épreuves et se mettre volontairement dans une difficulté n’est pas non plus la solution ; même
De l’auto-hypnose inconsciente à l’auto-hypnose consciente
33
s’il est probable que l’éducation d’un enfant devrait prendre en considération cette idée pour l’aider à se développer de façon harmonieuse. Une épreuve peut donc être positive, et ce qui nous intéresse ici, c’est de pouvoir développer les moyens de faire face, nos capacités.
Et nous l’avons vu : nos capacités sont conditionnées par nos croyances. Il est donc logique, si nous désirons les libérer, de commencer par influencer les croyances. La première chose à faire pour y arriver, est de se fixer un but. Ce but n’a pas besoin d’être tout de suite un idéal, il peut être une étape, un changement minime et mesurable. Mais il doit être précis. Ce but va nous servir de gouvernail, il est une idée précise et ferme, capable de créer une voie, dans laquelle il sera possible de s’engouffrer.
InterEditions-Dunod – La photocopie non autorisée est un délit
Dialogue avec le thérapeute : savoir où l’on va Thérapeute : – Que voulez-vous vraiment ? Client : – Ne plus être mal. Thérapeute : – Ah ? Vous utilisez souvent ce type de réponse ? Client : – Que voulez-vous dire ? Thérapeute : – Et bien, je vous demande ce que vous voulez, vous me répondez ce que vous ne voulez pas. Vous imaginez entrer dans un magasin, aller voir un vendeur et lui dire : pouvez-vous m’aider à m’orienter ? Je ne recherche pas le rayon fruits et légumes. C’est absurde ! Personne ne fait ça. Que voulez-vous ?
34
A PPRIVOISER
LE CHANGEMENT AVEC L’ AUTO - HYPNOSE
Client : – Et bien être mieux. Thérapeute : – Juste mieux ? Bon, ça me va. Pouvez-vous m’en parler plus ? Qu’est ce que c’est « être mieux » pour vous ? Client : – Et bien... je ne sais pas, c’est être normal, comme quand tout va bien. Thérapeute : – Et vous pensez peut-être que tout le monde va bien de la même façon ? Si nous sommes tous les deux bien, croyez-vous que nous ressentirons la même chose, que nous aurons les mêmes idées, sensations, réactions ? Client : – Non. Mais je ne sais pas ce que c’est vraiment. Thérapeute : – Alors comment pouvez-vous savoir que ça sera vraiment bien, si vous n’avez même pas une petite idée de ce que vous cherchez ? Être bien, ce n’est qu’un mot ! Partons dans une autre direction, imaginez que vous avez maintenant la possibilité d’être exactement tel que vous voulez être, comment prendriez-vous conscience que vous vous sentez bien ? Client : – Justement je n’y penserais plus... je serais léger, souriant. Thérapeute : – Alors que ferez-vous de plus que maintenant ?
Mise en pratique Écrivez un objectif, formulez-le simplement avec une phrase ou deux maximum. Un objectif doit être formulé de façon affirmative et positive : parlez de ce que vous désirez, et non pas de ce que vous fuyez ! Puis, à chaque fois que vous rencontrez un mot imprécis, posezvous la question : comment exactement ?
De l’auto-hypnose inconsciente à l’auto-hypnose consciente
35
Exemple : Je veux me [sentir] [à l’aise] [à l’extérieur] et avec [d’autres personnes]. À l’aise : Qu’est-ce que c’est précisément pour moi ? Comment je suis quand je suis vraiment à l’aise ? Qu’est-ce que je ressens à ce moment-là ? Comment est-ce que j’identifie cet état ? À l’extérieur : Où exactement ? Y a-t-il des endroits particuliers où j’ai encore plus besoin de cette capacité ? D’autres personnes : Quelles personnes ? Est-ce que je le suis déjà avec certaines ? Sentir : Comment vais-je me sentir ? Qu’est-ce que je désire éprouver ? Est ce que je connais cette sensation ? Sinon, comment est-ce que je l’imagine ?
Pour répondre à chacune de ces questions, vous allez certainement utiliser d’autres mots imprécis, définissez-les alors de la même façon. Exemple :
InterEditions-Dunod – La photocopie non autorisée est un délit
À l’aise, qu’est-ce que c’est précisément pour moi ? C’est [ressentir] une [fluidité mentale]. Ressentir : Où ? Comment ? Fluidité mentale : Qu’est-ce que je vis en pensant à ce terme ? L’ais-je déjà vécu ?
Ces questions que vous vous posez à ce moment là vont donner corps à votre objectif. Cet exercice peut paraître pénible pendant les quelques minutes qu’il dure. Vous pouvez ressentir un certain malaise à vous poser ces questions, et à tout faire pour y répondre simplement et directement. Mais tout cela n’est rien comparé à la sensation agréable que vous allez pouvoir ressentir ensuite en constatant qu’à chaque question se dessine une projection de votre objectif atteint, plus elle sera précise et plus vous aurez l’impression de le vivre déjà partiellement. Prenez ensuite le temps de vérifier que cet objectif vous convient bien : Est-ce vraiment ce que vous cherchez ? Serez-vous satisfait de l’avoir atteint ? Avez-vous pensé aux conséquences ? Les assumez-vous ?
36
A PPRIVOISER
LE CHANGEMENT AVEC L’ AUTO - HYPNOSE
DE LA CROYANCE À LA RÉALITÉ
Éviter... ou aller vers ? Avoir un objectif permet de savoir où l’on désire aller. Un homme à vélo ira dans la direction dans laquelle il braque son regard. Le regard donne une mire, une cible, et le corps semble s’adapter, créer les changements nécessaires aux changements de direction, et ce sans le moindre effort.
Un but fixé mobilise de la même façon nos ressources inconscientes. Celles-ci vont alors travailler pour favoriser l’atteinte du but choisi.
Avez-vous déjà remarqué que vouloir éviter quelque chose semble être la plus mauvaise solution ? Une crainte peut se réaliser car elle mobilise la même force qu’un véritable objectif. Un homme à vélo qui regarde droit devant lui dans un virage... sortira de la route.
Ce qui importe est de se concentrer vers une direction et de s’y tenir. Il semble ensuite que notre système de représentation ne comprenne pas de façon directe la négation : Pour ne pas penser à quelque chose, il faut commencer à y penser : essayez de ne pas penser au stress. Pour ne pas y penser, vous allez commencer par y penser. En voulant éviter une chose, nous lui accordons plus d’importance. Il est possible alors de créer une croyance négative. Regarde dans la direction où tu désires aller !
De la bonne utilisation du placebo Le placebo fonctionne comme le fait une croyance : l’attente d’un résultat crée le résultat. . Nous connaissons tous les placebos, mais leur effet est malheureusement souvent dénigré... à tort. En médecine, le placebo sert à tester les médicaments, dans les études en double aveugle. Un médicament doit normalement être
InterEditions-Dunod – La photocopie non autorisée est un délit
De l’auto-hypnose inconsciente à l’auto-hypnose consciente
37
plus efficace qu’un placebo, composé de produits physiologiquement inactifs. Ce que nous savons moins c’est que même les médicaments validés contiennent une part de placebo, étudiée et efficace : Un médicament rouge n’aura pas le même effet qu’un médicament vert, ainsi un médicament destiné à relaxer ne sera jamais rouge ou jaune ! La taille, la forme, l’emballage... sont étudiés par rapport à l’effet placebo, qui ici représente les croyances les plus répandues. Enfin, il y a le placebo du médecin : le bon médecin est celui qui inspire confiance, qui, d’une voix assurée et ferme vous dit : « Prenez ce traitement, et vous irez mieux ! » Des études ont été faites montrant que dans le cas de la douleur, pour environ 50 % des patients, le placebo est aussi efficace que la morphine. Dans les autres cas, un effet plus léger peut être ressenti, et il est finalement assez rare de n’avoir « aucun » effet. Il est aussi probable que ce chiffre pourrait être renforcé par d’autres placebos complémentaires. Nous pouvons donc en déduire une possibilité de changement très puissante. Dépassons maintenant une idée limitante que l’on peut formuler ainsi, et qui malheureusement est une croyance répandue : si on connaît le placebo il est moins efficace. Comme toute croyance, ce n’est qu’une vérité partielle. Car quand un placebo devient conscient, une chose est certaine, nous pouvons en modifier l’impact. Comment souvent, le savoir offre l’occasion d’une réaction choisie. Alors pourquoi vouloir réduire l’impact de quelque chose qui nous aide ? Si nous savons en plus que cela est possible, pourquoi au contraire ne pas le renforcer ? Par nos croyances il est tout aussi facile d’amplifier une réaction que de la réduire. Ce n’est qu’une question d’état d’esprit, et de « Conscience ». Utilisée consciemment, le placebo est une force qui peut être amplifiée et renforcée. C’est ce qu’apprennent à faire les personnes qui pratiquent des disciplines comme l’auto-hypnose.
38
A PPRIVOISER
LE CHANGEMENT AVEC L’ AUTO - HYPNOSE
Dialogue avec le thérapeute : du bon usage du placebo Client : – J’ai suivi un traitement, et je commençais à aller mieux, mais depuis j’ai appris que ce que je prenais n’était qu’un placebo. Thérapeute : – Et ? Client : – Et depuis je suis redevenu comme avant, je suis même retombé encore plus bas, j’ai encore moins d’espoir de m’en sortir. Thérapeute : – Mais, puisque c’est un placebo, pourquoi ne pas continuer à le prendre et à aller mieux ? Client : – Parce que ça n’a aucun effet ! Thérapeute : – Vous m’avez pourtant dit que ça allait mieux pendant un temps ? Client : – Oui, parce que je me suis fait avoir. Thérapeute : – C’est une façon de voir les choses. Maintenant, cette connaissance aurait pu avoir l’effet inverse sur vous Client : – C’est-à-dire ? Thérapeute : – Et bien, si un placebo a fonctionné, alors que selon vous il ne le pouvait pas, c’est que vous n’avez besoin de rien d’autre que vous-même pour changer. Vous avez des ressources suffisantes pour y arriver. Et puis, vous venez de recréer le mal être en vous en apprenant ce qu’il en était. Client : – Mais je ne sais pas comment !
InterEditions-Dunod – La photocopie non autorisée est un délit
De l’auto-hypnose inconsciente à l’auto-hypnose consciente
39
Thérapeute : – Vous ne saviez pas non plus comment avec le placebo, c’est donc que « savoir » n’est probablement pas nécessaire. Vous avez une capacité extraordinaire, celle qui consiste à influencer votre état par vos idées : vous avez réussi à aller mieux, puis à recréer un mal être par votre propre mental. Vous l’avez fait simplement sans que cela vous ait demandé le moindre effort conscient. C’est en fait une capacité que tout le monde possède, mais vous en plus vous venez d’en faire l’expérience d’une façon magistrale. Maintenant, vous ne pouvez plus faire abstraction de cette faculté, vous savez qu’elle fait partie intégrante de vous. Client : – Mais comment l’utiliser ? Thérapeute : – Et bien comme pour le premier placebo, avec un rituel. Je vais vous donner une tâche à faire, et vous la ferez consciencieusement. Le matin vous allez mettre un morceau de sucre et du sel dans un peu d’eau chaude... un goût désagréable produit souvent un meilleur placebo ! Et vous allez le boire d’un coup, tous les matins, exactement comme pour votre traitement précédent. Vous saurez intellectuellement que ce n’est qu’un placebo, mais vous donnerez un autre message à votre corps, et il agira pour vous faire aller mieux. Si ça ne fonctionne pas assez vite, faites-le deux fois par jour ! Tout n’est que croyance ne veut en aucun cas dire que nous devons éliminer toutes nos croyances, loin de là ! Se rendre compte qu’une idée n’est pas réelle ne signifie pas l’éliminer, surtout si elle est utile. Il ne s’agit pas de vivre dans une illusion, mais seulement d’utiliser les croyances. Si une croyance est fausse, son contraire n’est pas forcément plus réel. Le monde est bon – le monde est dur. La vie est longue – la vie est courte. On apprend mieux en étant jeune – il n’y a pas d’âge pour changer. Tout est vrai, tout est faux...
40
A PPRIVOISER
LE CHANGEMENT AVEC L’ AUTO - HYPNOSE
Mais quelles sont les croyances qui peuvent nous faciliter la vie ?
Nous ne sommes pas dupes : ne nous laissons pas fasciner par ces croyances, nous apprenons simplement à utiliser la force qu’elles contiennent pour avancer.
Les types de croyances Nous pourrions donc classer les croyances, selon ce qu’elles nous apportent. Il est d’abord probable que toutes les croyances créent des limites... même celle-ci ! Certaines sont porteuses : Je peux agir sur moi.
D’autres contraignantes : Il faut souffrir pour aller bien.
Mais surtout, une croyance peut sembler positive et être dangereuse, surtout lorsqu’elle est liée à un savoir : croire fermement être bon dans un domaine ne suffit pas. Et il est même parfois conseillé de partir en courant lorsque l’on rencontre une personne qui réfléchit de cette façon ! Souvent, les croyances les plus utiles sont celles qui expriment une capacité : • Je peux choisir ma vie. • Je suis capable d’apprendre rapidement. • J’ai la possibilité de choisir mes croyances.
Il y a une énorme différence entre se dire : « J’apprends vite » et « Je suis capable d’améliorer ma vitesse d’apprentissage ». La première formulation amène une stabilité, et ne peut être positive que si elle correspond à une réalité vécue. La seconde formulation ouvre une possibilité, et permet de se poser une autre question : « Si j’accepte cette possibilité, que vais-je faire maintenant pour en profiter ? »
De l’auto-hypnose inconsciente à l’auto-hypnose consciente
41
C’est seulement avec ce type de croyance que nous nous donnons la possibilité d’utiliser nos capacités réelles.
Choisir une bonne croyance Une croyance influence le champ d’action de nos capacités, et nos comportements. Si je crois qu’une chose est possible, alors j’ouvre ma capacité à la produire. S’il s’avère ensuite que la chose est réellement réalisable, alors il est fort probable que je trouverai le moyen d’y parvenir. Les croyances doivent être donc choisies avec soin et ne jamais être perçues comment étant définitives : une croyance peut être bonne un jour... et gênante plus tard. La partie suivante vous apprendra à mettre en place une nouvelle croyance, avant chaque changement, prenez quelques instants pour penser aux conséquences sur votre vie, sur vos comportements, sur l’environnement et les personnes de votre entourage.
InterEditions-Dunod – La photocopie non autorisée est un délit
Quelques exemples de croyances utiles
Attention ! Ces croyances ne sont que des exemples. Elles peuvent heurter, paraître « dures », mais peuvent aussi amener des changements extraordinaires dans une vie, et, comme toutes les croyances, elles peuvent aussi avoir leurs limites. Ne les utilisez que si vous assumez leurs conséquences. Tout événement se produit au bon moment, de la bonne façon, et pour une raison précise. Il suffit d’accepter ce qui arrive pour l’utiliser de la meilleure manière possible, afin d’acquérir de l’expérience. L’échec n’existe pas : chaque action produit un résultat qui nous rapproche de la réussite. La seule manière de ne pas arriver à un but est d’arrêter avant de l’avoir atteint. Parfois le résultat n’est pas celui qui est attendu : il suffit alors de faire autre chose. Quoiqu’il arrive, cela vient de vous. Assumez-en la responsabilité. Ainsi, dès lors qu’il est possible de faire évoluer les choses, vous mettez toutes les chances de votre côté. En agissant, on produit un
42
A PPRIVOISER
LE CHANGEMENT AVEC L’ AUTO - HYPNOSE
résultat. En étant responsable de ce résultat, on se donne le pouvoir de le transformer. « Il n’est pas nécessaire de tout comprendre pour tout utiliser. » (A. Robbins) Il est parfois important d’aller à l’essentiel quitte à ignorer les détails. Il faut alors distinguer ce qui est nécessaire et ce qui ne l’est pas. Nul besoin de connaître l’utilité de chaque muscle de nos jambes pour apprendre à marcher. Nous avons tous le même cerveau, et donc les mêmes ressources, ce qui change est la façon dont nous avons appris à nous en servir. C’est en trouvant comment utiliser nos capacités et les mettre en évidence que l’on peut dépasser les limites établies. L’inconscient renferme ce potentiel, tout l’art du thérapeute consiste à aider ses patients à y accéder. La question à se poser à chaque fois est : Est-ce que cette croyance peut m’apporter quelque chose aujourd’hui ?
LES CHANGEMENTS DE CROYANCE « People are stupid, they will believe a lie because they want to believe it’s true, or because they are afraid it might be true1 . » (T. Goodkind)
Q’est-ce qui peut créer un changement de croyance au quotidien ? Il peut arriver qu’une croyance évolue « spontanément », ou soit remplacée par une autre... ou encore disparaisse du jour au lendemain. Plusieurs événements peuvent agir en ce sens, les principaux facteurs sont : • Une nouvelle information ou expérience, qui vient fissurer, ou
renforcer une croyance ; • Une peur ou une attente ; 1. Traduction en français : « Les gens peuvent croire en tout, y compris en un mensonge, soit parce qu’ils espèrent que cela est vrai... soit parce qu’ils ont peur que cela soit vrai ! »
De l’auto-hypnose inconsciente à l’auto-hypnose consciente
43
• Un nouvel objectif ou but qui nous oblige à trouver des
ressources pour adapter notre vision du monde ; • Une émotion forte. Mais ces paramètres ne sont pas toujours les plus simples à maîtriser consciemment, et peuvent être pénibles à vivre, d’autant que les croyances n’obéissent à aucune logique. Abraham Maslow relate une histoire amusante à ce sujet : Un psychiatre reçoit un patient qui pense être un cadavre. Après avoir essayé vainement différents arguments pour le convaincre du contraire, Maslow trouve un argument qui lui semble infaillible et demande à son patient : « Est-ce que les cadavres saignent ? ». Le patient trouve cette demande ridicule et affirme qu’un cadavre ne peut saigner. Avec son accord, Maslow prend un aiguille et lui pique un doigt : une goutte de sang apparaît. Le patient, surpris s’exclame : « Nom d’un chien, les cadavres saignent vraiment ! »
InterEditions-Dunod – La photocopie non autorisée est un délit
La difficulté est qu’une croyance est vécue comme une certitude !
Cette anecdote semble amusante, presque irréelle, mais illustre pourtant une réaction commune : parfois, plutôt que d’accepter une réalité qui remet en cause, une personne peut être amenée à justifier sa croyance par des arguments illogiques... mais qui lui semblent pourtant cohérents. La première étape est la prise de conscience : se rendre compte qu’une pensée, une réaction n’est en fait pas logique. Qu’elle est juste une vision de la réalité, que rien ne légitime plus qu’une autre. Nous avons introduit cette idée au début de ce chapitre : certaines questions permettent d’identifier les croyances. Quand une croyance est identifiée comme telle, elle a déjà subi une transformation, une première remise en cause : nous pouvons la percevoir autrement : elle n’est plus qu’un ensemble de comportements et de réactions. Il est alors possible d’agir sur ces comportements, et de créer une nouvelle croyance.
Mise en pratique Il existe ici deux possibilités :
A PPRIVOISER
44
LE CHANGEMENT AVEC L’ AUTO - HYPNOSE
• Vous avez déjà identifié une croyance qui influence négativement
votre vie, et vous désirez la remplacer par quelque chose qui peut mieux vous convenir ; • Vous désirez tout simplement ajouter une nouvelle croyance qui
peut avoir pour vous des conséquences positives. Dans les deux cas, l’effort va porter sur l’installation d’une nouvelle croyance qui, si besoin, prendra la place de l’ancienne.
Exercice : Installer une nouvelle croyance Commencez par choisir une croyance. Il faut, dans un premier temps, vous assurer qu’elle est positive. Pensez à ses conséquences pour choisir la meilleure formulation : celle qui est la plus adaptés à vos objectifs actuels. Prenons un exemple : « Je suis capable d’améliorer mes capacités. » Prononcez mentalement la phrase que vous choisissez. Y croyez-vous en la répétant ? Pour que votre inconscient puisse intégrer une telle phrase, vous devez la vivre comme une certitude. Le plus simple est alors de la prononcer mentalement avec beaucoup plus d’enthousiasme, d’aplomb. Il s’agit de jouer le jeu, et de continuer jusqu’à ressentir intérieurement que la phrase sonne juste, qu’elle est naturelle et qu’elle vous convient. Puis, procédez de la même façon avec les conséquences de la croyance : Si je suis capable d’améliorer mes capacités, je peux donc travailler ma capacité à apprendre rapidement, ou à me concentrer avec facilité. On identifie alors d’autres croyances : « Je peux travailler ma capacité à apprendre. » « Je peux me concentrer facilement. » « ... » Là encore, mentalement, prononcez plusieurs fois ces phrases jusqu’à les vivre réellement et pleinement. Vous formez ainsi un réseau cohérent de croyances qui peuvent alors se maintenir ensemble en vous.
Bien entendu, vous ne vous leurrez pas, vous savez qu’il ne s’agit que de croyances, même si elles finissent par agir sur votre réalité et à réellement faciliter votre vie. Si un jour vous désirez les changer, il suffira de reprendre cet exercice, de prendre quelques dizaines de minutes, et d’installer de nouvelles croyances. Il est même conseillé de s’installer des croyances temporaires, pour mieux comprendre leur impact. Si ce travail peut sembler étrange ou fastidieux,
De l’auto-hypnose inconsciente à l’auto-hypnose consciente
45
il est une excellente façon d’apprivoiser votre capacité de changement et de commencer à jongler avec votre réalité.
CONCLUSION : CROYANCES ET VALEURS
Imaginons que cette discipline mentale ouvre une possibilité de changement infinie... Car en agissant sur nos croyances, nous agissons sur ce que certains nomment l’identité, la « nature ». Quand quelque chose n’est pas à sa place nous pouvons nous sentir mal. Quand une personne désire changer, il est probable qu’elle n’ait pas encore atteint ce qu’elle pense être, ce qu’elle serait si elle était libre de se définir. Agir sur ses croyances est une étape indispensable pour atteindre une réelle liberté d’être.
3 LE DIALOGUE INTÉRIEUR Communiquer avec son inconscient, c’est pouvoir agir avec la totalité de soi
Penser tout haut, c’est être fou... alors nous avons appris à penser tout bas pour ne pas montrer que nous le sommes. De nombreuses formes de thérapie utilisent établissent des divisions internes en créant artificiellement des « parties » de nousmêmes afin de les utiliser dans un processus de compréhension, ou de changement. Ces projections sont bien entendu des hallucinations, mais cellesci finissent par influencer notre vision du monde. Ainsi de plus en plus de personnes ont un « ça », un « moi » et un « surmoi » ; pour d’autres il existe un « enfant intérieur » et un « parent intérieur », et parfois, tout ce joli monde arrive même à cohabiter, même si le résultat apparaît parfois comme légèrement schizophrénique. Cette hallucination peut être prise au sérieux, si elle est utile. Pour reprendre ce qui a déjà été évoque concernant l’effet placebo : toute croyance peut être utile si nous savons qu’elle n’est qu’une croyance, et qu’en même temps nous nous permettons de l’utiliser pour avancer dans la direction que nous avons choisie. En hypnose par exemple, l’hallucination concerne le « conscient » et « l’inconscient », et c’est cette hallucination que nous allons adopter dans ce chapitre. Cependant il convient de définir ce qu’est l’inconscient, et il existe à ce sujet de nombreuses définitions, parfois contradictoires.
48
A PPRIVOISER
LE CHANGEMENT AVEC L’ AUTO - HYPNOSE
Aussi nous reprendrons celle de l’hypnose moderne, celle de Milton Erickson : « L’inconscient représente tout ce qui n’est pas conscient. »
Par inconscient nous envisageons alors une partie de nous, qui a sa propre façon de réagir, de penser, sa propre logique parfois déroutante, comme nous pouvons le constater dans nos rêves. Pour l’apprivoiser, il nous faudrait connaître son langage, mais aucune théorie ne peut contenir et décrire de façon compréhensible cette partie de nous si créative et subjective sans la déformer. Alors nous devons communiquer à partir de ses propres moyens d’expression : pour y parvenir, certains s’intéressent par exemple au travail sur les rêves, ou encore à l’auto-hypnose. Une autre possibilité est l’action sur le dialogue intérieur.
SOMMES-NOUS TOUS DES « SCHIZOPHRÈNES INCONSCIENTS ? » Il existe des croyances étranges... L’une d’elles est que nous sommes conscients. Une autre est que les pensées sont conscientes. Est-ce vraiment le cas ?
Essayez de rester sans penser pendant une minute ou deux. Ne pensez à rien pendant ces quelques instants. Ni dialogue intérieur. Ni images. Ni sensations. Pouvez-vous y parvenir ? Que se passe-t-il rapidement ? Pour la majorité des personnes qui feront cette expérience, des pensées vont s’imposer à la conscience, sans que celle-ci ait – pour l’instant – la possibilité de les éviter. Ces pensées sont anodines pour la plupart, liées à l’environnement, ou à votre situation actuelle... Ce sont bien souvent des pensées qui n’expriment aucune urgence, et qui ne devraient donc pas avoir à surgir ainsi à l’insu de la conscience.
Le dialogue intérieur
49
Ces pensées s’imposent donc, parfois avec force. Et celui ou celle qui fait cet exercice pour la première fois oublie même souvent pendant quelques instants ce qu’il s’efforce de faire. Différentes associations d’idées entraînent sa conscience dans ce que nous pourrions nommer une « rêverie ». Une autre chose surprenante apparaît lorsqu’une personne s’exerce à canaliser ses pensées. Voici un autre exercice simple : Suivez l’évolution de vos pensées. Le chemin emprunté par les pensées est souvent très peu logique, sauf lors d’une réflexion construite. Autant, dans le discours oral, les liens entre les idées sont logiques et cohérents – la plupart du temps – autant les pensées sont désordonnées, et se succèdent de façon chaotique. Une autre variante de cet exercice consiste à focaliser ses pensées sur un élément, et à maintenir cette focalisation. Là aussi – sauf à disposer d’une excellente maîtrise de soi – la conscience est souvent balayée par le flot des pensées... qui proviennent de l’inconscient.
InterEditions-Dunod – La photocopie non autorisée est un délit
Nos pensées ne sont pas si conscientes que notre ego peut désirer le croire. Notre inconscient nous les impose, et ceci pour une raison simple : Nous avons appris à le laisser agir par lui-même !
Bien entendu il y a la réflexion pure qui, contrairement aux autres pensées, est majoritairement conduite par le conscient. Cependant celle-ci représente une infime partie du dialogue intérieur, et surtout cela ne fait que décaler la question, car même dans ce cas : Qu’est-ce qui amène cette réflexion à débuter ? Qu’est-ce qui nous conduit à suivre le fil conducteur de ces pensées ? Il est possible, là encore, que cela provienne en grande partie de notre inconscient. Nous partirons de cette idée tout au long de ce chapitre, et puisque les pensées peuvent être conscientes comme inconscientes, le dialogue intérieur sera utilisé comme un lien entre conscient et inconscient. Les pensées sont un pont entre ces deux « parties » de nous mêmes, et le travail que nous proposons ici permet de tirer profit de cette voie de communication pour diriger l’action sur soi. Il est aussi nécessaire de préciser un autre point : notre dialogue intérieur, nos « pensées » ne sont que des illusions. Même si nous pouvons vraiment entendre notre «petite voix intérieure», tout
50
A PPRIVOISER
LE CHANGEMENT AVEC L’ AUTO - HYPNOSE
comme nous pouvons vraiment « voir » des images en nous lorsque nous visualisons, ceci n’est qu’une représentation. Nous avons appris à la créer en modelant notre travail intérieur sur notre langage quotidien, et souvent nous avons accordé les même limites à cette « voix intérieure » qu’à notre propre voix, mais seulement par habitude. Il nous est donc possible, de prendre conscience qu’elles ne sont qu’illusions, d’agir sur nos pensées, de les modifier, et surtout de nous en servir.
Dialogue avec le thérapeute : prise de conscience du dialogue intérieur Client : – Quand je commence à faire quelque chose d’important pour moi, je me dis : « tu n’y arriveras pas ! », et ma motivation retombe. Thérapeute : – Qu’est-ce qui se passe précisément à ce moment-là en vous ? Client : – Et bien j’entends vraiment comme une voix qui me dit que je n’y arriverai pas. Thérapeute : – Pensez à ce que vous désirez le plus. Est-ce que cette voix se manifeste ? Client : – Oui, ça vient tout de suite. Quand je pense à ce que je veux elle est là, et je ne la contrôle pas. Elle me coupe dans mon élan. Thérapeute : – Est-ce la même voix que lorsque vous êtes dans des pensées plus ordinaires ? Client : – Et bien... je ne me suis jamais posé la question... Thérapeute : – Repensez à ce que vous désirez, comment est cette voix ? Ecoutezla en faisant attention à chaque détail, et décrivez-la.
InterEditions-Dunod – La photocopie non autorisée est un délit
Le dialogue intérieur
51
Client : – Elle est ferme, tranchante. Ce n’est pas le type de voix qu’on a envie de contredire. Thérapeute : – Est-ce la voix de quelqu’un que vous connaissez ? Client : – Ah ! Maintenant que vous le dites, c’est possible... mais je pense que c’est quelque chose de lointain. J’ai la sensation d’avoir un vieux professeur qui me sermonne ! Mais c’est sans doute du à votre question. Thérapeute : – Bien, puisque vous êtes capable d’entendre cette voix, c’est que vous avez la capacité d’agir et de créer des sons en vous... pouvezvous la modifier ? Client : – Comment ? Thérapeute : – Des modifications simples pour commencer : la rendre plus grave, ou plus aiguë par exemple. Client : – ... Oui, ça demande un effort mais en me concentrant je peux y arriver. C’est assez étrange... Ca change la façon dont je l’écoute. Thérapeute : – Parfait. Où l’entendez-vous ? En vous ? Dans votre tête ? Au niveau du cou ? Client : – Au niveau de la tête, j’ai aussi l’impression qu’elle vient de ma gauche. Thérapeute : – Alors vous allez faire un test : prenez cette voix intérieure et mettez-là à votre droite, accélérez son débit, et rendez-la beaucoup plus aiguë. Client : – Ah ! Je la perçois toujours, elle est devenue plus... ridicule. Ca la rend plus distante, je me sens moins obligé de l’écouter.
A PPRIVOISER
52
LE CHANGEMENT AVEC L’ AUTO - HYPNOSE
Thérapeute : – Pensez maintenant à ce que vous désirez. Client : – La voix est là, mais j’ai plutôt envie de rire, elle n’est pas crédible. Thérapeute : – Pensez vraiment à ce que vous désirez, et percevez comme ça peut désormais vous apparaître comme étant bien plus accessible... Client : – En effet, cette voix a perdu de son importance. Notre dialogue intérieur est une forme d’auto-suggestion continue. De nombreuses personnes procèdent ainsi : sans avoir de contrôle sur leurs pensées, elles se laissent assaillir par des idées qui ne vont pas dans le sens souhaité. Cette « auto-hypnose négative » peut provenir de phrases que nous avons entendues et qui nous ont marquées : un sermon, une croyance distillée par un film, un livre, une publicité... Mais quelle que soit son origine, nous pouvons influencer son impact au présent. La première étape est une prise de conscience. Puisque cette voix intérieure existe, et qu’elle est présente dans la majeure partie de notre vie, c’est une chose que nous connaissons bien, pourtant nous ne lui prêtons que rarement une réelle attention. Prenez tout de suite un instant pour l’identifier et connaître ses caractéristiques. Pour cela posez-vous ces quelques questions à l’intérieur de vous-même et en même temps écoutez vos propres pensées pour pouvoir y répondre :
– Où entendez-vous la « voix » ? Est-elle à l’intérieur de vous ? Essayez de la localiser plus précisément, intuitivement, d’où entendez-vous le son ? – Cette voix est-elle la même que lorsque vous parlez ? – Est-ce toujours la même voix ? Change-t-elle selon les moments, les émotions ? – Est-elle lente, rapide ? – Est-elle rassurante ? Inquiétante ? Son ton est-il celui du reproche, de l’encouragement ? – Est-elle joyeuse ? Triste ? ... ?
Le dialogue intérieur
53
Une fois que vous avez identifié cette voix et ses caractéristiques, il vous est possible de la modifier. Commencez à la faire évoluer élément par élément : Si le rythme est rapide, ralentissez-le, de plus en plus, jusqu’à obtenir un effet de ralenti. Comment vous sentez-vous alors ? Augmentez maintenant le rythme afin d’obtenir un débit difficile à suivre. Percevez-vous comme votre état d’esprit se modifie par cette action ? Pouvez-vous percevoir à quel point notre état d’esprit est régi par la façon dont nous pensons ?
Ici aussi la forme est plus importante que le contenu : testez chaque changement. Penser « Je suis en pleine forme » avec une voix agonisante aura un effet négatif. Quels que soient les messages que vous vous donnez, vérifiez que votre voix est en accord avec ce que vous désirez ressentir. Faites la même chose avec les autres caractéristiques de votre dialogue intérieur : rendez-le plus grave, puis plus aigu... rendez cette voix plus assurée, puis extrêmement timide... donnez-lui un aspect dur, puis de plus en plus doux... Faites aussi l’expérience de prendre la voix d’une autre personne. Cela peut ne pas paraître facile pour certains, jusqu’au moment où vous vous autorisez à admettre que c’est une chose extrêmement accessible : vous devez comprendre à quel point cette voix n’est qu’une hallucination et qu’il est possible de la transformer du tout au tout. Comme toute illusion, elle est flexible.
InterEditions-Dunod – La photocopie non autorisée est un délit
Mise en pratique Commencez par définir les états d’esprit dont vous avez le plus besoin dans votre vie actuelle. • Soit ceux auxquels vous pouvez avoir accès de temps à autre mais
pas de façon suffisante, ou pas assez rapidement ; • Soit ceux qui vous font actuellement défaut et que vous désirez apprendre à contrôler.
Exercice : Changer un état d’esprit Que ces états d’esprit soit qualifiés de confiance, de détente, de joie, de bien-être, ou encore de concentration, faites en sorte de vous rappeler ce que vous ressentez, (ou d’imaginer ce que vous devez ressentir) en les vivant. Donnez ensuite forme à l’intérieur de vous à une voix qui est une parfaite représentation de chacun de ces états d’esprit.
54
A PPRIVOISER
LE CHANGEMENT AVEC L’ AUTO - HYPNOSE
Modifiez chaque caractéristique jusqu’à obtenir une voix parfaitement satisfaisante. Vous pouvez, dans certains cas, prendre une voix que vous connaissez, celle d’un ami ou même d’un acteur. Mais dans tous les cas, modifiez-là pour la rendre encore plus adaptée à ce que vous recherchez.
C’est la première étape pour faire de notre dialogue intérieur un allié. Il doit toujours être en accord avec ce que nous désirons faire. Un exemple : le réveil
Se réveiller en pleine forme en se parlant avec une voix endormie et monotone est totalement inefficace, et pourtant, nombreuses sont les personnes qui procèdent ainsi. Elles se disent : « Il faut que je me réveille », mais leur voix intérieure suggère tout, sauf un réveil. Imaginez une voix de bande-annonce de film, une voix grave et stimulante. Parlez-vous avec une voix telle que celle-là et décrivez mentalement ce que vous allez faire de votre journée, avec intensité.
Même pour une personne qui habituellement éprouve des difficultés pour se réveiller, une telle stratégie peut rendre ce passage plus rapide et plus agréable. Je peux créer un état d’esprit adapté à ce que je recherche en modulant la perception de mes pensées, de mon dialogue intérieur. En agissant sur lui, je donne des directives précises à mon inconscient et lui indique l’état d’esprit que je désire.
RÉÉDUQUER LES PENSÉES PAR L’AUTO-HYPNOSE
Nos pensées surgissent et repartent sans que le conscient ne puisse être autre chose qu’un spectateur. Souvent nous restons passifs. Parfois nous devenons actifs en prenant le fil des pensées pour le diriger quelques instants dans ce que nous nommons une réflexion. Tant de pensées automatiques ! Tant de pensées éloignées de ce que nous sommes, de ce que nous désirons.
Consciemment nous avons peu de prise sur ces pensées, car le conscient est rapidement saturé.
Le dialogue intérieur
55
Là où notre inconscient peut traiter des milliers d’opérations et d’informations en simultané, consciemment nous sommes saturés en effectuant trois ou quatre actions simples plus ou moins en même temps. Il faut donc redéfinir la répartition des rôles entre conscient et inconscient, car tout contrôler directement semble impossible, compte tenu de notre fonctionnement. Lors d’une phase d’apprentissage nous passons par 4 étapes : 1 : Au début nous sommes inconsciemment incompétents. Nous ne savons pas, et nous ne savons pas que nous ne savons pas. Lors de cette phase, il n’y a pas de désir de changement, le conscient ignore que la situation peut être changée et améliorée. ... puis il y a prise de conscience...
2 : Nous devenons alors consciemment incompétents. C’est le cas d’une personne aux prises avec une difficulté mais qui ne sait pas comment s’en sortir. Le fumeur qui n’arrive pas encore à s’arrêter, la personne stressée qui n’arrive pas à gérer ses émotions...
InterEditions-Dunod – La photocopie non autorisée est un délit
... après vient la méthode...
3 : En lisant ce livre, par exemple, vous apprenez un ensemble de façons d’agir, efficaces et utiles qui peuvent vous aider à devenir consciemment compétent. C’est une période d’apprentissage, de changement conscient. Elle peut demander des efforts et une rigueur et apporter un certain plaisir. ... puis s’installent l’habitude et la routine positive...
4 : Vous pouvez effectuer des tâches aussi complexes que lire, écrire, marcher... sans même vous souvenir à quel point il a été difficile de les apprendre. Conduire ces tâches demande tellement peu d’effort que le conscient peut être absorbé dans ses pensées, et vous pouvez aller d’un point à un autre en laissant votre corps vous y conduire, sans même y penser. Vous êtes alors devenu inconsciemment
56
A PPRIVOISER
LE CHANGEMENT AVEC L’ AUTO - HYPNOSE
compétent. Vous savez, mais vous avez déjà oublié que vous avez appris. Votre comportement a évolué et tout cela semble normal, comme si le changement avait toujours fait partie de vous. Comment passer rapidement de la seconde à la quatrième étape ? Avant qu’un comportement ne s’automatise, il doit être intégré, digéré, jusqu’à faire partie intégrante de nous. Nous devons nous l’approprier pleinement. La répétition est une possibilité, mais utilisée exclusivement elle devient laborieuse. Une autre méthode consiste à signaler à notre inconscient ce que nous voulons, ce qui nous déplait, et ce qui doit être fait, et tout cela dans un langage qu’il peut comprendre. Nous avons appris à croire qu’une habitude était tenace, pourtant une nouvelle habitude peut se créer très rapidement si l’on sait comment l’intégrer à un niveau inconscient.
Dialogue avec le thérapeute : perceptions Client : – Vous dites que mon inconscient est positif, mais pourquoi alors crée-t’il des maux dont je pâtis ? Il devrait savoir ce que je veux non ? Thérapeute : – Comprenez-vous vos rêves ? Client : – Non, un rêve est souvent absurde. Thérapeute : – Un rêve est construit avec le langage de l’inconscient, consciemment il parait absurde peut-être, pourtant votre inconscient n’y voit certainement que sa propre logique. Client : – Que voulez-vous dire ? Thérapeute : – Et bien, il peut exister une distorsion entre la communication consciente et la communication inconsciente. Avez-vous déjà songé que votre inconscient peut percevoir votre façon de penser avec un
Le dialogue intérieur
57
décalage aussi grand que vous-même vous percevez vos rêves après le réveil ? Client : – Mais mon inconscient c’est moi ! Thérapeute : – Oui, et c’est également vous qui rêvez. D’où l’idée que nous sommes composés de plusieurs parties. Nous pouvons apprendre à harmoniser leurs fonctionnements pour être entier.
Les erreurs du conscient Plusieurs tendances sont en fait très étonnantes dans les pensées, et la première d’entre elles est l’oubli. « Celui qui oublie de façon permanente a peu de chances de mener à bien sa propre entreprise, et même de devenir créatif. Il vaut mieux pour un tel individu, qu’il se fasse prendre en charge afin qu’il oublie définitivement ce qu’il est, et de quoi il s’agit. » (Charles Antoni)
Avez-vous déjà remarqué comme les idées peuvent apparaître et disparaître facilement ?
InterEditions-Dunod – La photocopie non autorisée est un délit
Combien de personnes se souviennent de leurs rêves ? Une majorité d’entre eux disparaît au réveil...
Mais plus étonnant encore, des choses importantes peuvent être oubliées. Tout cela est fortement lié à un second problème lié aux pensées : les pertes d’attention. Que cela soit par association d’idées, ou plus grave encore parce qu’une pensée surgit sans aucun rapport avec ce que nous sommes en train de faire, les pertes d’attention sont fréquentes. Nous nommons cela « être dans la lune » ou en « rêverie ». Car il s’agit bien de cela : dans de tels moments le conscient est absent, le corps réagit de façon automatique. Combien de somnambules errent ainsi sur des trajets quotidiens, leur corps agissant, tel un robot, programmé pour les conduire à bon port ?
L’oubli et la rêverie se manifestent souvent, mais sont tellement admis qu’ils ne choquent plus personne... Il est simple de se justifier
58
A PPRIVOISER
LE CHANGEMENT AVEC L’ AUTO - HYPNOSE
en disant « j’ai oublié » ou encore « excuse-moi je n’étais pas présent pendant que tu parlais... » Mais surtout, n’est-il pas surprenant de laisser ces périodes d’absence prendre le dessus sur nous, sans même que nous ayons la possibilité de nous en apercevoir ? Seule une plus grande vigilance peut nous permettre ici de reconquérir une possibilité de changement.
Mise en pratique « Notre inconscient est souvent prêt à tout faire si on lui montre exactement ce que l’on désire, dans un langage qu’il peut comprendre. » (Richard Bandler)
Il est possible de percevoir nos pensées comme une navette entre conscient et inconscient. Dans l’idéal, la communication s’établit dans les deux sens de façon harmonieuse. Dans le sens de l’inconscient vers le conscient, elles peuvent être des prises de conscience, des intuitions, des métaphores, des rêves des « éclairs de compréhension »... Dans le sens du conscient vers l’inconscient, elles peuvent être des suggestions, des directions.
Il faut pour arriver à cette communication savoir comment indiquer à notre inconscient ce que nous désirons. L’habitude qui a été prise par le plus grand nombre, qui consiste à laisser des pensées – même incohérentes ou déplacées – surgir à tout moment, a produit une confusion. Notre inconscient, ne sachant ni quand ni comment nous donner un message, agit de façon désordonnée, et confuse. Nous devons donc rééduquer les pensées et signaler ce que nous désirons à notre inconscient, et ce de la façon la plus simple qui soit : par d’autres pensées.
Exercice : Signaler ce que je désire à mon inconscient En lisant un livre, par exemple, une pensée me vient, en rapport avec mon travail. Cette pensée fait irruption et détourne mon attention, et pourtant ne présente aucune sorte d’urgence. Je peux alors formuler ce que je constate par la pensée : « Cette pensée n’a rien à faire ici, et ne présente aucune urgence. Inconscient je te demande de me laisser me concentrer sur ma lecture, et de me redonner cette pensée quand je serai dans le domaine d’action qui lui est lié. »
Le dialogue intérieur
59
Ou encore : « Inconscient, je te remercie pour cette pensée, qui est utile, mais qui n’arrive pas au bon moment. Je souhaite y repenser à tel moment précis. » Pendant un effort de concentration, ou une discussion, une pensée inutile me distrait, ou une pensée négative fait irruption au mauvais moment : « Inconscient, cette pensée ne m’est pas utile, je te demande de ne plus me la soumettre. »
En général, deux formes de pensée sont à rediriger en priorité : • Celles qui sont tout simplement inutiles, ou négatives.
InterEditions-Dunod – La photocopie non autorisée est un délit
Il est possible de les éliminer ou de les transformer totalement. Si c’est le cas, prenez le temps de les reformuler, et expliquez à votre inconscient la raison de votre action. Faites-le comme si vous deviez expliquer à un enfant le comportement à adopter dans une circonstance particulière. • Celles qui s’imposent au mauvais moment et qu’il faut rediriger à leurs places. Souvent, elles proviennent d’une activité qui n’est qu’indirectement en lien avec ce que vous faites au présent. Indiquez alors à votre inconscient à quel moment vous désirez que cette pensée se manifeste. Attention toutefois : il y a une différence entre une pensée qui ne vous plait pas et une pensée inutile. Parfois, une pensée est, tout comme un rêve, ou comme certains symptômes, une communication inconsciente importante. Il est aussi important de signaler quand une pensée qui intervient se révèle utile, ou quand vous appréciez qu’un souvenir se manifeste au bon moment : « Inconscient, je te remercie pour cette pensée, qui arrive au bon moment et m’aide. Ce type de pensée est utile, et je te demande de continuer à en produire, et peut-être même à en créer plus souvent. »
C’est aussi le cas des intuitions. En procédant ainsi vous poussez votre inconscient à les améliorer et à les rendre plus précises. D’autres formulations sont bien entendu possibles, et même conseillées pour s’adapter à des cas plus précis. Le plus important est de montrer à votre inconscient ce que vous appréciez, et ce qui au contraire ne va pas dans le sens souhaité.
60
A PPRIVOISER
LE CHANGEMENT AVEC L’ AUTO - HYPNOSE
La séparation des activités
Une chose importante est d’arriver à une séparation mentale entre différentes activités. Le fait de passer constamment d’une pensée à l’autre, et de créer une confusion dans les activités par des pensées sans rapport avec l’action en cours produit une grande perte d’énergie, et est à l’origine de nombreux problèmes de mémoire ou encore d’insomnies. En se donnant la possibilité de séparer les activités, se crée en nous une meilleure disponibilité, et une plus grande capacité d’action et de réaction. En suivant ces exercices, vous remarquerez au bout de quelques jours que le dialogue intérieur est de moins en moins présent, et de bien meilleure qualité. Baisser la fréquence des pensées est aussi une façon de se retrouver avec soi-même, d’être plus attentif au moment présent, plus associé au vécu direct. La rapidité des progrès à ce niveau dépend en grande partie de votre vigilance : plus vous donnerez d’indications à votre inconscient, plus son travail sera en accord avec ce que vous désirez. Il est donc possible d’aller plus loin qu’une simple création d’état interne. Nous pouvons donner une orientation à notre inconscient à plus long terme en lui indiquant à quel moment une pensée est utile ou adaptée, et en éliminant progressivement les pensées parasites.
DU SABOTEUR INTÉRIEUR AU SILENCE ROYAL « L’étude de soi est le travail – ou la voie – qui conduit à la connaissance de soi. La méthode fondamentale pour l’étude de soi est l’observation de soi. Sans une observation de soi correctement conduite, un homme ne comprendra jamais les connections et les correspondances des diverses fonctions de sa machine, il ne comprendra jamais comment ni pourquoi, en lui, “ tout arrive”. » (Fragments d’un enseignement inconnu, Ouspensky)
Avez-vous déjà ressenti cet étonnant esprit de contradiction dont nous sommes capables ? – Je désire faire cela... mais je n’en suis pas capable. – Telle chose serait bonne pour moi... je commence demain.
Le dialogue intérieur
61
– Voilà ce qui est vraiment important dans ma vie... mais je ne suis pas libre dans mes choix. – Ça serait bien... mais je n’y crois pas.
Ces phrases opposées reviennent constamment chez de nombreuses personnes. C’est ce qui est nommé en thérapie le « saboteur interne ». Cette petite voix qui nous contredit par des phrases dures, sévères. L’esprit de contradiction dont elle est capable de faire preuve est à double tranchant : parfois il est un moteur de remise en question, utile ; parfois, au contraire, il peut s’avérer être levier de découragement destructeur. Sa façon de s’exprimer est celle des croyances limitantes, avec une vision pessimiste qui pousse à une passivité, une attente. « Certains ne participent jamais à l’événement. La vie leur arrive tout simplement. Ils se maintiennent plus ou moins à force de persistances bornées et résistent avec rage ou violence à tout ce qui pourrait les arracher à leurs illusions dépitées de sécurité. » (F. Herbert)
InterEditions-Dunod – La photocopie non autorisée est un délit
Afin de sortir de ce type de fonctionnement, il est possible d’arriver à endiguer le flot de pensées. Nous avons vu dans la partie précédente comment le rediriger, mais il est aussi possible d’arriver à un contrôle plus complet des pensées
La négation n’est pas prise en compte Un principe important doit ici être développé : les négations, si elles sont compréhensibles intellectuellement, ne sont pas réellement traitées ainsi par notre cerveau. Que se passe-t-il quand vous lisez ces phrases : – Je ne suis pas assez stressé pour ressentir mon cœur qui bat plus vite. – N’oublie pas de me téléphoner. – Ne pensez pas à votre pied gauche ! Ces phrases ont un impact différent de leur sens réel : Pour ne pas penser à une chose, nous commençons par y penser.
Dans les phrases du type « n’oublie pas de... » notre attention est focalisée sur le mot « oublier », et dans la phrase « je ne suis pas
62
A PPRIVOISER
LE CHANGEMENT AVEC L’ AUTO - HYPNOSE
stressé.... » le mot « stressé » est le plus important, car il est chargé de nombreuses connotations. C’est lui qui va être le plus actif. Quand on demande à une personne de ne pas penser à une chose, elle y pense forcement d’autant plus. Les associations d’idées se font à partir de ces mots qui sont mis en valeur. Dans ces exemples le message est contradictoire : nous savons ce que nous voulons obtenir, mais nous traitons l’information d’une toute autre façon. Ne pensez pas aux choses les plus agréables que vous connaissez, et ne souriez pas en lisant cette phrase !
Dans ce dernier cas, la négation crée une possibilité, et oblige la pensée à s’y engouffrer. Imaginez l’impact d’une personne qui, en préparant une épreuve se dit continuellement : « Je ne dois pas échouer. » Les négations sont une autre forme de saboteur. « Je vais tout faire pour réussir. » Une formulation simple et directe permet, dans nos pensées, de nous orienter réellement vers ce que nous voulons.
Impact de l’auto-suggestion Nos pensées sont des suggestions. Répétées, elles deviennent une forme d’auto-hypnose permanente. Que celles-ci soient positives ou non n’est même pas la question principale, car cette auto-hypnose limite la perception de notre réalité. Celui qui n’en prend pas conscience peut, tel un automate, reproduire indéfiniment des réactions et des comportements qui se créent hors de sa portée et sur lesquels il n’a aucun contrôle.
Mise en pratique Ces quelques exercices progressifs ont pour but de vous amener à canaliser puis à acquérir la possibilité de créer un « silence intérieur ».
Le dialogue intérieur
63
Chacun demande une certaine pratique et leur réussite dépend aussi bien de l’état d’esprit dans lequel vous les suivez, que de la fréquence avec laquelle vous vous entraînerez. Ils peuvent durer environ cinq minutes, et être répétés régulièrement jusqu’à ce qu’ils vous semblent faciles.
Exercice : Fixation de l’attention Pour commencer ce premier exercice, choisissez un point situé devant vous, et fixez votre regard et votre attention sur lui. Mentalement, créez un lien entre vous et ce point, et concentrez toute votre attention sur cette focalisation. En clignant des yeux le moins possible, décrivez-vous mentalement ce que vous percevez dans votre champ visuel, afin d’orienter votre dialogue intérieur. La fixation de l’attention aide à ralentir les pensées. Rapidement vos yeux vont fatiguer et maintenir la fixation vous demandera d’amplifier votre attention. Il se peut que votre vision se brouille légèrement, que l’image devienne plus ou moins floue, ou que vous ayez de légères hallucinations. Si celles-ci vous dérangent, faites simplement des pauses de quelques secondes, régulièrement, pour les stopper. Puis, imaginez que votre champ visuel se rétrécit lentement, en partant des côtés, jusqu’à ce qu’il ne reste que le point sur lequel vous fixez votre regard. Ce premier exercice fortifie l’attention et vous permet une première action simple sur le dialogue intérieur en le rendant plus facilement manipulable.
InterEditions-Dunod – La photocopie non autorisée est un délit
Exercice : Ping-pong mental Comme pour le premier exercice, fixez votre regard sur un point situé devant vous. Puis, tout en maintenant les yeux sur ce point, portez alternativement votre attention sur deux points différents, présents dans votre champ visuel : un à droite, un à gauche. Observez-les l’un après l’autre, à un rythme lent et régulier, en concentrant toute votre attention sur cette tâche et en évitant de laisser vos pensées dériver. Maintenez votre concentration à un même niveau pendant plusieurs minutes. Cet exercice permet de séparer la concentration et l’observation.
Exercice : Création d’un espace Pour cet exercice, prenez simplement une pensée, un mot ou une phrase, n’importe lequel, et répétez-la mentalement en boucle, à la façon d’un mantra. Votre but est de maintenir une concentration continue pendant que cette pensée passe et repasse continuellement. Puis, progressivement, vous allez porter votre attention sur l’espace qui existe entre chaque répétition. Il s’agit d’être attentif à cette fraction de seconde d’arrêt entre les pensées, de porter toute votre attention sur cet instant, même s’il est infime. Puis, vous allez l’élargir, prendre de plus en plus de temps entre les répétitions, et dans ce laps de temps, il ne reste qu’un silence, un
64
A PPRIVOISER
LE CHANGEMENT AVEC L’ AUTO - HYPNOSE
repos. Centrez-vous sur ce silence et à chaque fois, faites-le durer un peu plus longtemps. Si une pensée parasite intervient, revenez sur la phrase que vous répétez en boucle pour la chasser et vous recentrer sur l’exercice. Avec un peu de pratique, vous devez pouvoir créer facilement des silences internes de plusieurs dizaines de secondes.
Exercice : Silence Dans cet exercice vous allez à nouveau partir d’une pensée quelconque et vous la répéter mentalement en boucle. Alors, projetez cette pensée, poussez-la, devant vous, de plus en plus loin. Plus elle s’éloigne, plus le son diminue, jusqu’à vous laisser dans un silence intérieur total. Si une autre pensée se présente, projetez-là de la même façon. Ici encore, les moments de silence, souvent assez brefs au début, vous pouvoir être maintenus de plus en plus longtemps.
Un silence réel apparaît.
CONCLUSION : STOPPER LE MONDE
Un silence véritable est maintenant possible. Au-delà des pensées, ce n’est pas le vide que l’on trouve, bien au contraire ! C’est là l’occasion de se remplir de quelque chose d’autre...
Le dialogue intérieur est parfois associé au savoir, à la connaissance et à la réflexion. Mais peut-il y avoir un savoir réellement développé, si l’être ne se développe pas aussi lui-même ? Parvenir à ce silence est une forme de développement interne. Le dialogue intérieur meuble, afin de détourner notre attention. Tout comme une personne qui s’occupe avec des tâches futiles pour oublier qu’au fond elle s’ennuie. C’est une forme de sommeil artificiel qui est ainsi créé. Le silence intérieur permet de se retrouver face à soi. Le silence intérieur crée une forme de réveil.
4 LE TEMPS, CETTE ILLUSION Du passé-ressource à l’avenir confiant pour un présent toujours... présent
Le temps ne passe pas, mais nous nous passons.
LE COURS DU TEMPS « Le besoin progressant d’un univers logique et cohérent est profondément ancré dans l’inconscient humain. Mais l’univers réel est toujours un pas au-delà de toute logique. » (F. Herbert-Dune)
Nous avons commencé ce livre en annonçant la possibilité d’un changement rapide, qui suggère donc une possibilité d’évolution au présent. Cette idée contraste beaucoup avec l’idée d’un travail long et laborieux sur le passé. En fait, elle s’y oppose. Le passé explique le présent.
Cette idée pourrait n’être qu’une croyance possible. Une autre croyance pourrait être énoncée : Le présent explique le passé.
Ou encore : Le futur et l’anticipation déterminent et limitent le présent.
66
A PPRIVOISER
LE CHANGEMENT AVEC L’ AUTO - HYPNOSE
Dialogue avec le thérapeute : Passé ou présent ? Thérapeute : – Vous pensez donc que le passé détermine le présent ? Client : – C’est évident non ? Thérapeute : – Pour vous oui. Parlez-moi d’un souvenir désagréable, le premier qui vous vient. Client : – Et bien... la semaine dernière j’étais très fatigué et ça m’a causé quelques ennuis dus à des réactions excessives... ça vous va comme souvenir ? Thérapeute : – Oui très bien. Qu’est-ce que cela vous fait d’y repenser maintenant ? Client : – Hum... c’est un peu comme quelque chose qui est arrivé à quelqu’un d’autre. Thérapeute : – OK, avec le recul, ce qui vous est arrivé peut-il vous sembler risible, ridicule, ou même amusant ? Client : – Ça pourrait, oui. Peut-être pas là, mais il m’arrive de repenser à certaines choses désagréables, qui deviennent amusantes avec le recul et le temps, mais rarement pour quelque chose d’aussi proche. Thérapeute : – Et quand vous repensez à un tel souvenir, vous êtes conscient que la façon de penser n’a rien à voir avec le vécu lui-même ? Client : – Oui. Thérapeute : – Ce qui veut dire qu’un jour vous avez transformé la perception de ce souvenir, et qu’aujourd’hui il vous apparaît directement avec
InterEditions-Dunod – La photocopie non autorisée est un délit
Le temps, cette illusion
67
cette transformation, même si vous savez ce qu’il en est vraiment, n’est-ce pas ? Client : – Oui. Thérapeute : – La transformation qui s’est produite à ce niveau a t’elle été progressive ? Client : – Je ne sais pas, je ne m’en suis pas rendu compte. Thérapeute : – Et ça ne vous intrigue pas ? Quelque chose s’est passé un jour, cela a transformé un souvenir, et vous ne vous êtes jamais dit : « Super ! Si je comprends ce qui s’est passé en moi, je pourrai agir sur mes perceptions pour transformer ma façon de vivre mon passé, et faire que chaque difficulté passée puisse peut-être devenir un apprentissage, une ressource, au présent ! » ? Client : – Heu... non. Thérapeute : – Et ce souvenir qui a changé vous donne aussi l’opportunité de vérifier que tout peut changer après coup dans la compréhension d’un événement ! Vous pourriez avoir vécu une chose et ensuite apprendre des éléments sur ce vécu, ces éléments pourraient en transformer la perception. Si cela peut arriver, c’est bien qu’un souvenir peut être modifié au présent, à partir du présent. Client : – Je vois où vous voulez en venir... Thérapeute : – Exactement ! La question est donc : que changer aujourd’hui, maintenant ? Et quelles seront les conséquences de ce changement présent dans votre passé. Il est probable que ce changement agisse aussi sur l’avenir par la même occasion, puisque vous allez en tirer d’autres conséquences. Client : – C’est une perspective un peu déroutante, mais intéressante.
68
A PPRIVOISER
LE CHANGEMENT AVEC L’ AUTO - HYPNOSE
Thérapeute : – Et bien, le présent, c’est le passé de l’avenir, non ? Client : – Heu... oui. Thérapeute : – Alors, imaginez que vous avez déjà changé ! Et commençons le travail depuis le futur ! Trois systèmes sont envisageables et ont leur propre logique. Selon que l’on se place dans l’un ou dans l’autre, la perception du monde change : 1. Si le passé détermine le présent, alors le changement n’est pas très accessible. Il faudrait agir sur le passé, pour débloquer le présent. Mais comment changer le passé s’il nous paraît inflexible ? 2. Si le présent détermine le passé, nous pouvons nous concentrer sur ce qui faut faire maintenant. Et si nous trouvons cette information, nous redonnons une flexibilité au passé, sa perception peut ainsi être transformée. La question est : Quelles nouvelles informations peuvent aboutir à un changement ?
Cette vision crée une plus grande liberté d’action et de réaction.
3. Si le futur détermine le présent nous pouvons nous y projeter pour imaginer ce qu’il doit être, nous donner une direction. Ainsi, les changements nécessaires au présent apparaissent plus clairement, et leur cohérence est plus facile à percevoir et à ressentir.
LE PASSÉ Nous croyons souvent que l’expérience vient de l’âge, c’est-à-dire de la quantité d’expériences vécues. Mais plus que la quantité, c’est la qualité d’utilisation de l’expérience qui est déterminante.
Nous avons vu au début de cet ouvrage que deux expériences similaires produisent des réactions différentes d’une personne à
Le temps, cette illusion
69
l’autre, et donc que ce n’est pas le vécu, mais la façon dont le vécu est traité qui compte. Un des paramètres de traitement est le nombre de répétitions.
InterEditions-Dunod – La photocopie non autorisée est un délit
Certaines personnes vivent une fois une expérience et en tirent tous les enseignements possibles. Ils améliorent alors rapidement leur façon de faire, et progressent. Une seule expérience leur est suffisante pour comprendre, et avancer. D’autres ont besoin de plusieurs répétitions pour tirer une conclusion, et pour songer à agir différemment.
Bien entendu, une personne qui n’a besoin que d’une expérience peut se heurter à des généralisations, et à la création de superstitions personnelles, en tirant des conclusions hâtives. La reproductibilité d’une situation peut lui accorder plus de valeur « scientifique ». Toutefois, à l’inverse, reproduire sans cesse le même vécu pour « vérifier » pousse à la stagnation. Combien de personnes répètent avec insistance les mêmes comportements et s’étonnent d’avoir toujours les mêmes résultats ? C’est une chose perceptible en communication : les conflits proviennent en quasi totalité de causes déjà rencontrées, les mêmes déclencheurs agissent, et pourtant, les acteurs de cette situation continuent à jouer et à répéter leur rôle : pris dans leurs émotions ils semblent impuissants, tels des automates, le spectacle continue sans que leur libre arbitre n’intervienne. C’est une des idées qui est utilisé dans la thérapie systémique : un thérapeute peut « prescrire » une tâche pour perturber le système de réaction. Il introduit donc un nouvel élément qui rend obligatoire une restructuration de la communication. C’est une bonne façon d’améliorer la qualité de l’expérience acquise : introduire un nouvel élément à toute situation répétitive. Combien de pensées nouvelles avez-vous, chaque jour ?
Probablement peu, une étude récente parle d’une moyenne de 5 % de pensées différentes d’un jour sur l’autre, ce qui signifie 95 % de routine, de répétition...
70
A PPRIVOISER
LE CHANGEMENT AVEC L’ AUTO - HYPNOSE
Qui peut prétendre être conscient avec 95 % d’automatismes préprogrammés ?
La routine est une façon de ne pas acquérir d’expérience. Imaginez une personne qui chaque jour reproduit les mêmes gestes, répète les mêmes choses, rencontre les mêmes personnes, observe les mêmes lieux, traite les mêmes problèmes... Que cette personne soit âgée de vingt ans ou soixante ans, elle n’aura probablement que peu progressé à un niveau personnel. Il n’y a plus d’apprentissage, la mémoire s’atrophie car elle n’est plus utilisée. Combien de personnes ont une amnésie plus ou moins totale sur leur vie ? Le temps semble pour elles filer à toute allure, les semaines se ressemblent, et les rares changements – créés par des vacances par exemple – ne sont remémorés que comme des « rêves ». Paradoxalement, c’est le reste du temps qui ressemble à un sommeil pendant lequel l’homme évolue dans un rêve de vie. Jusqu’au moment ou le mécanisme s’inverse. Quand une prise de conscience redonne une capacité d’action. Elle recrée alors de l’expérience. Du changement.
Dialogue avec le thérapeute : au-delà de la routine Client : – J’ai quarante ans, et j’ai l’impression de passer à côté de ma vie, ces dernières années me semblent vides... j’ai l’impression de ne rien avoir vécu depuis dix ans. Thérapeute : – Que viviez-vous de plus avant ? Client : – Je ne sais pas... j’avais des rêves. Thérapeute : – Les avez-vous réalisés ?
InterEditions-Dunod – La photocopie non autorisée est un délit
Le temps, cette illusion
71
Client : – Oui et non. Je suis bien, j’ai ce qu’il me faut pour vivre, et une famille. Mais il manque quelque chose. Je pense avoir oublié une grande partie de ces rêves. En fait, je m’ennuie. Thérapeute : – Quand avez-vous été surpris la dernière fois ? Client : – Hum... Thérapeute : – Quand avez-vous créé une surprise réelle pour quelqu’un ? Client : – Hum... pour l’anniversaire de ma femme ! Thérapeute : – Vous appelez ça une surprise ? C’était son anniversaire ! Lorsque vous étiez enfant, vous arrivait t’il de vous ennuyer de cette façon ? Client : – De m’ennuyer oui, mais pas comme ça ! Je me créais des choses, je me passionnais pour tout. Thérapeute : – Vous vous rappelez de cette sensation ? Celle d’être curieux ? D’avoir un regard sans cesse renouvelé ? Client : – ... Oui ! C’était beaucoup plus ... magique. Thérapeute : – Retrouvez ça mieux, rappelez-vous de tous les détails. Imaginezles s’il en manque. Client : – Ça vient. (sourire) Thérapeute : – Imaginez-vous être cet enfant, et regardez-vous. Regardez ce que vous êtes devenu. Vous voyez cet adulte qui s’ennuie ? Et bien il semble qu’il lui manque des capacités que vous avez pourtant déjà eues, qui sont probablement encore là quelque part !
72
A PPRIVOISER
LE CHANGEMENT AVEC L’ AUTO - HYPNOSE
Client : – C’est étrange... Thérapeute : – Continuez, observez-vous vraiment, et retrouvez ces vieilles sensations. Client : – Je pense que je suis en train de les retrouver. Thérapeute : – Là vous êtes surpris ? Client : – Oui ! Je me sens bien... les couleurs semblent plus vives. Thérapeute : – Qu’avez-vous envie de faire là ? Client : – De profiter, d’aller me balader, de rentrer chez moi, de prendre ma famille et de les emmener dans un bel endroit. Thérapeute : – OK ! Alors vous allez faire ça ce soir et vous me rappelez quand vous y serez. En le faisant, examinez les réactions de votre famille et les vôtres. Observez le regard de votre femme, contemplez-vous dans un miroir. Client : – J’ai l’impression que j’aurais l’air plus jeune. Thérapeute : – Votre regard l’est.
Mise en pratique : transformer le passé L’échec est la clef des grandes réussites quand il est bien exploité.
Est-il possible de ne pas connaître d’échec, de difficulté ? Peut-être. Mais le plus important est que souvent ce ne sont pas les personnes qui ont les meilleures conditions de départ qui arrivent le plus facilement là où elles veulent parvenir ; mais celles qui se
Le temps, cette illusion
73
donnent les moyens de passer au-dessus des difficultés, et d’en tirer un réel apprentissage. Qu’importe votre condition actuelle, vous avez des ressources. Les handicapés donnent souvent de belles leçons de vie à ce sujet. Quelles que soient les épreuves qui les ont marqués – qui souvent sont bien plus terribles que la moyenne – ils arrivent tout de même à faire face, à conserver leur honneur, leur dignité et à donner des leçons de courage et d’humanité. Ces personnes sont des exemples dont il est possible de s’inspirer. Ils savent que le passé n’est qu’un élément, mais pas le plus important. Ils savent que la vie ne tient à rien, et que se plaindre du passé est la meilleure façon de passer à côté de la chance que nous pouvons tous nous créer en étant conscients, centrés, et lucides. Face au passé, la question à se poser n’est pas : « Pourquoi cela n’a pas fonctionné ? » Mais bien : Qu’aurais-je pu faire différemment pour changer les choses ?
Puis :
InterEditions-Dunod – La photocopie non autorisée est un délit
Une fois que je sais ce que j’aurais pu faire, que me faut-il au présent pour me donner cette occasion de changement ?
Le passé n’est qu’un réservoir de connaissances. Y plonger n’a d’utilité que pour prendre des informations ; ensuite la pensée doit être attirée sur le moment présent, pour créer une possibilité d’action réelle et concrète. Bien sûr il y a influence, mais pourtant le présent peut aussi redéfinir le passé, de la même façon.
Exercice : Transformer le passé Pensez au souvenir d’une situation difficile. Auriez-vous pu agir d’une autre façon ? Si oui, imaginez la scène avec un changement. Si non, pensez simplement à ce que vous désirez faire de cette expérience. Que peut-elle vous apporter ? Qu’a-t-elle changé en vous ? Appréciez-vous ce changement ?
74
A PPRIVOISER
LE CHANGEMENT AVEC L’ AUTO - HYPNOSE
Si ce n’est pas le cas, recentrer-vous sur ce que vous désirez être et sur les apprentissages que vous pouvez tirer du passé.
L’échec n’est qu’une façon de ne pas encore avoir réussi. Je peux le considérer comme une occasion d’apprendre autre chose, de transformer ma perception et mon savoir, pour leur donner une occasion de grandir... et d’arriver à ma réussite.
Le principe du deuil Une personne cherche à avancer, à progresser, mais, tout à coup se rend compte qu’elle est retenue par un boulet, accroché à son pied. Étonnée, elle regarde le boulet et la chaîne qui le relie à elle, et tente de trouver un moyen de briser cette chaîne. Rapidement elle trouve un outil adapté, se débarrasse du boulet, et, soulagée, reprend son chemin pour avancer plus librement. Une seconde personne, qui elle aussi cherche à avancer, s’aperçoit qu’elle aussi est rattachée à un boulet. Étonnée, elle se demande d’où peut bien venir ce boulet. Elle le ramasse, le soupèse, le nettoie pour mieux le percevoir. Elle cherche sa composition pour avoir des informations sur sa provenance. Finalement, elle commence, en le portant, à reculer pour comprendre d’où il vient. La première personne a déjà fait du chemin depuis. Libérée elle a pu aussi revenir en arrière pour comprendre, et surtout elle a pu avancer, et apprendre. Parfois le passé semble accroché au présent, comme un lien qui nous rattache à certains événements, ou à certaines émotions. Ce lien leur permet de ressurgir sans avoir été invités, et de s’imposer à la conscience, affaiblissant et submergeant la conscience. Une personne peut même être prisonnière de son passé ; et savoir et comprendre à quel point le passé peut n’être qu’une illusion pratique, ne suffit pas toujours à laisser ces souvenirs revenir à leur place. Un deuil doit être fait, afin de libérer l’émotion, de couper ce lien. Pourquoi le passé aurait-il une prise sur le présent ?
Je peux comprendre pourquoi je ressens une chose, je peux saisir le lien entre un événement passé et une émotion présente. Le
InterEditions-Dunod – La photocopie non autorisée est un délit
Le temps, cette illusion
75
comprendre peut m’amener à soulager ma curiosité, et à me donner l’impression de mieux connaître mon fonctionnement. Cependant cette sensation existe au présent. Quelles que soient les expériences qui en sont à l’origine, c’est la façon dont elle s’est maintenue jusqu’ici qui est intéressante... et surprenante ! Pourquoi cette pensée agit-elle toujours alors qu’elle est liée à quelque chose qui n’a plus d’existence ? Des milliers d’expériences – importantes pour certaines – sont oubliées, des milliers de souvenirs effacés. Mais certains demeurent. Ce n’est pas seulement leur importance émotionnelle qui joue, mais aussi le lien qu’ils conservent avec le présent. Par deuil, il ne faut pas forcément penser à la perte d’un être cher, mais au changement en général, au fait de laisser quelque chose sortir de nous, de notre vie. Suite à une expérience vécue, une émotion se crée en nous et si l’émotion est forte, elle doit être « digérée ». Aussi, tant que cela n’a pas été fait, un « trop plein » d’émotion influence le présent car, au fond, même des années après, la situation n’est pas achevée. En un mot, si une émotion stagne, la situation demeure liée au présent. Elle prend alors de l’énergie par l’intermédiaire de chaque pensée qui lui est consacrée et de chaque réaction inconsciente qui en découle. Pour mettre un terme à ce gaspillage, la première chose à faire est de visualiser ce lien. Percevoir ce qui, concrètement ou métaphoriquement, nous relie à la situation, à la personne, ou à la réaction en question. Pensez à un souvenir légèrement désagréable, qui vous revient souvent en mémoire, et aux représentations que vous en avez. Comment cette situation agit-elle encore sur moi ? De quelle nature est ce lien ? Si je n’ai pas de souvenir précis pour une raison ou pour une autre, je peux tout simplement visualiser le lien, en créant une représentation imaginaire. À un niveau inconscient, un symbole est tout aussi efficace qu’une perception « réelle ». Percevez comment votre corps est relié aux perceptions du souvenir, et où cela se passe dans le corps.
76
A PPRIVOISER
LE CHANGEMENT AVEC L’ AUTO - HYPNOSE
Ce ressenti est intuitif, posez-vous simplement la question et soyez attentif à vos sensations. Il peut être intéressant de prendre quelques instants pour savoir si vous avez quelque chose à prendre ou à apprendre par cette expérience. Puis coupez ce lien. Rompez-le, voyez-le vous libérer et partir avec tout ce qui concerne ce souvenir, loin de vous.
Immédiatement, la charge émotionnelle du souvenir doit sembler largement réduite, et parfois inexistante. Vous montrez à votre inconscient la façon dont il doit traiter ce souvenir en le mettant derrière vous, hors de votre portée. Des sensations de légèreté et de « lâcher prise » sont souvent liées à une telle expérience. Une liberté peut alors se recréer, laissant la place nécessaire à l’intégration de prochaines expériences.
LE PRÉSENT « La vérité n’a pas de sentier, et c’est cela sa beauté : elle est vivante. » (J. Krishnamurti)
Existe-t-il réellement un progrès ou une évolution linéaire ? Imaginons que cette idée ne soit qu’une protection, une muraille que nous avons placée pour nous couper, nous isoler des terreurs que l’avenir impose parfois à la conscience. Imaginons qu’il n’existe aucune voie, aucune progression par pallier, aucun apprentissage réel. Mais que tout se joue à chaque instant. Qu’il ne soit possible de changer que rapidement, immédiatement. Que chaque report ne soit qu’une façon de ne pas changer et de rejeter la possibilité d’une action immédiate. Nous pouvons percevoir facilement que chaque instant vécu pourrait nous amener à remettre notre vie en cause. Dans l’instant nous pourrions créer une action qui transformerait notre vie, et pas seulement pour détruire... mais aussi, et surtout, pour construire. Si tel est vraiment le cas, qu’est-ce qui peut nous empêcher de changer ? Existe-t-il une attache qui nous relie à nos habitudes, qui nous donne l’impression que changer n’est pas aussi facile ?
Le temps, cette illusion
77
Ou bien tout ceci n’est-il qu’un prétexte, utile, rassurant... mais illusoire.
InterEditions-Dunod – La photocopie non autorisée est un délit
Dialogue avec le thérapeute : l’illusion d’immortalité Client : – Je suis enchaîné à mes problèmes. Thérapeute : – Détachez-vous ! Client : – Si je le pouvais ! Vous pensez bien que j’ai déjà essayé ! Thérapeute : – Très bien, dites-moi ce qui vous empêche de le faire maintenant. Client : – Et bien, j’ai du mal à me stimuler, à avoir de la volonté. Thérapeute : – Vous vous croyez immortel ? Client : – Bien sûr que non. Thérapeute : – Vous ne pensez pas qu’il y a urgence ? Vous pourriez mourir là, dans l’instant suivant. Ici, ou un peu plus tard en sortant. Rien ne vous garantit que vous allez voir le soleil se lever demain... La mort peut être là, à côté de vous. Elle attend le bon moment simplement, mais vous ne savez pas lequel ! Client : – Vous voulez me faire déprimer encore plus ? Thérapeute : – Je ne suis pas là pour vous rassurer, vous me payez pour vous bousculer, vos amis ont déjà essayé de vous rassurer sans doute, mais ça n’a rien changé. La mort est peut-être là ! Donc... vous allez l’attendre paisiblement en vous plaignant, c’est bien ? Client : – Je ne me plains pas ! J’essaye de changer.
78
A PPRIVOISER
LE CHANGEMENT AVEC L’ AUTO - HYPNOSE
Thérapeute : – Vous feriez quoi s’il vous restait 24 heures à vivre là ? Client : – Hum... je ne sais pas, mais j’en profiterais vraiment, j’essaierais en tout cas. Thérapeute : – C’est bien ça ! Ces dernières années vous avez vécu comme si vous étiez immortel ! Quelqu’un qui a conscience que sa propre mort peut le toucher à chaque instant n’attendrait pas aussi passivement. Qu’est-ce qui vous empêche réellement de changer maintenant ? Client : – Au fond rien, j’imagine, rien de concret en tout cas. Thérapeute : – Vous voulez être comment déjà ? Client : – Déterminé. Je veux avancer, vivre ! Thérapeute : – Qu’allez-vous faire ce soir pour avancer ? Client : – Prendre une décision ferme. Thérapeute : – Et vous y prendrez plaisir, n’est-ce pas ? Client : – Oui. Thérapeute : – Et cette, fois, comment allez vous faire pour vous y tenir ? Client : – J’agirai tout de suite. Thérapeute : – Et si vous deviez mourir ce soir, en faisant cela ? Client : – Et bien... ça vaudra le coup.
Le temps, cette illusion
79
Sortir de la routine
InterEditions-Dunod – La photocopie non autorisée est un délit
Au présent, tout est associé. Deux éléments se produisent en simultané, et même s’ils ne sont pas réellement liés, notre cerveau les enregistrera comme étant une seule et même chose. Ainsi, vivre une émotion forte dans un lieu précis, marque dans notre conscience ce lieu de façon indélébile : y retourner par la suite et parfois même longtemps après, fera ressurgir l’émotion enregistrée de façon systématique. Plus l’émotion est forte, plus ce mécanisme sera puissant et durable. Pourtant le lieu ne représente que le contexte, et n’a peut être pas participé directement à l’émotion. Il en va ainsi d’une musique qui s’ancre à un souvenir particulier, d’une personne qui sera liée à une période de vie... Aussi, une part non négligeable de nos actions est prise par ces associations qui bien souvent sont inconscientes. Et des processus s’installent, entraînant avec eux l’idée d’un monde statique... et d’une personnalité figée. Une solution existe pour en sortir : renouveler le monde à chaque regard. En vous forçant à percevoir votre environnement de façon toujours différente, vous sortez de la répétition. L’objet le plus banal peut être observé de mille façons différentes. Une même personne peut chaque jour vous étonner... si vous vous laissez surprendre. Et la meilleure façon de se laisser surprendre par le monde, est d’être soi-même imprévisible.
LE FUTUR Regarde la cible, deviens la cible. Ainsi, tu l’as déjà atteinte.
Une étude américaine, réalisée à Eastern Unversity en 1953 sur la fixation des objectifs montrait que 3 % des étudiants interrogés avaient un objectif fixé pour leur vie. Vingt ans plus tard, en 1973, en reprenant cette étude et en interrogeant les mêmes personnes, un étudiant découvrit que ces 3 % avaient un meilleur niveau de vie que tout le reste des personnes interrogées réunies.
80
A PPRIVOISER
LE CHANGEMENT AVEC L’ AUTO - HYPNOSE
Quand nous donnons une direction à notre vie, notre « inconscient » organise nos comportements d’une façon ciblée et nous aide à aller dans la direction voulue.
Pour cela, vous devez prendre conscience de vos objectifs et de ce qu’ils vont changer dans votre vie, une fois que vous les aurez atteints. • Que voulez-vous, précisément ? • Quelles sont les différences entre ce que vous êtes aujourd’hui et
ce que vous désirez être demain ? Ces différences doivent être concrètes. Des réponses comme : j’aurais changé, ça sera mieux... ne suffisent pas. Des millions de personnes ont le désir de changer, mais cela ne suffit pas. Pour avancer nous avons besoin en premier lieu d’une cible précise ; plus elle est précise, plus nous avancerons avec rapidité et précision vers son centre.
Cette vision précise peut être réaliste, ou symbolique.
Afin qu’une vision soit précise vous devez identifier – Votre environnement actuel, et ce qui vous convient ou ne convient pas dedans ; – Vos comportements limitants d’aujourd’hui ; – La façon dont vous vous percevez aujourd’hui ; – Ce que vous ressentez en pensant à ces changements ; – Votre environnement une fois votre objectif atteint, avec les changements apportés et les conséquences sur votre entourage ; – Vos comportements après avoir changé. Ceux qui sont partis, ceux qui se seront mis en place, et ceux que vous avez améliorés ; – L’image que vous aurez de vous-même ; – Ce que vous ressentez une fois que le changement est mis en place, et qu’il fait partie de votre quotidien.
Après avoir répondu à ces questions votre perception sera plus claire, plus posée et plus complète. Votre inconscient saura alors dans quelle direction il doit diriger ses efforts. Ainsi, se crée une anticipation positive. Ce but défini devient un point à atteindre.
Le temps, cette illusion
81
Le tout doit vous relier à ce qu’il existe de plus important pour vous : votre mission.
La mission est un but, il reste donc à travailler sur les moyens. Cependant, une grande vigilance doit être conservée pour rester aussi lucide que possible vis-à-vis de soi-même. Il existe deux écueils et en être conscient est la seule condition qui permet de les éviter facilement : • Le premier consiste à surestimer son objectif par rapport aux
InterEditions-Dunod – La photocopie non autorisée est un délit
efforts que l’on est prêt à faire pour y parvenir. Tout le monde peut réellement être un génie, un homme extraordinaire, tant par ses actions, sa façon d’être, que par ses réalisations. Nous avons tous ce potentiel. Toutefois, si nous prenons le temps d’étudier ceux qui ont pu en arriver là, qui peuvent être des exemples d’engagement, de volonté et de courage, ces « héros » qui inspirent par la façon dont ils ont défendu leurs convictions et ont pu renverser tous les obstacles, une constatation revient : Ces personnes ont – dans la quasi totalité des cas – un engagement total. Il semble que chacun de leurs actes soit mesuré, qu’ils ne comptent ni les efforts ni le temps. Qu’ils oublient parfois même leur confort ou leur bonheur personnel pour en arriver là. C’est un choix de vie. Un objectif personnel doit être adapté à la quantité d’énergie que l’on va désirer y mettre.
• Le second écueil, est celui qui consiste à voir le but futur
et à ne pas le relier au présent. Prenons l’exemple d’un athlète qui chaque jour s’exerce à la course pour battre un record sur 1000 mètres. Lors de son entraînement, il pense bien sûr régulièrement à son objectif. Mais pour que ses efforts soient réellement efficaces, chaque foulée, chaque contact des pieds sur le sol, chaque respiration... tout est relié au but. Chaque seconde l’en rapproche et ses actes sont alors cohérents, tout prend sens. Aussi, une fois le but fixé, chaque acte, même la plus insignifiante
82
A PPRIVOISER
LE CHANGEMENT AVEC L’ AUTO - HYPNOSE
des routines doit pouvoir être lié au but à atteindre. Tous ces actes le rapprochent, parfois directement et parfois indirectement. Quand je suis centré sur mon but, et que chaque jour je me donne les moyens de m’en approcher, le futur devient une ressource, un puits d’énergie dans lequel je puise pour que chaque instant soit une occasion d’apprendre.
CONCLUSION : VIVRE LE DERNIER INSTANT « Les actes ont un pouvoir, particulièrement lorsque celui qui agit sait qu’ils sont sa dernière bataille sur terre. Il existe un étrange et brûlant bonheur dans le fait d’agir en sachant parfaitement que cet acte peut tout aussi bien être le dernier de la vie. » (Carlos Castaneda)
Nombreuses sont les personnes qui vivent comme si elles étaient immortelles, comme si elles avaient tout le temps du monde pour faire ce qu’elles ont à faire. Il en résulte deux choses : • Une faculté à repousser les actes ; • Un manque de Conscience dans la vie quotidienne.
La vie de chaque personne est destinée à terminer un jour et nous ne pouvons savoir quel sera ce jour. Cela peut-être à cet instant précis. Demain, ou plus tard. Il est impossible de le savoir et très rarement de le prévoir ; la mort est tout comme la vie : imprévisible. Mais cela peut-être vécu comme une chance. En faisant l’effort de nous souvenir de quelle façon la vie est instable et imprévisible, que chaque acte que nous réalisons est peut-être la dernière chose que nous produirons en ce monde. Quelque soit cet acte, il nous est possible de le faire en étant présent. Qu’est-ce qui serait plus triste que de mourir en étant absent ? Vivre avec sa mort, est une façon d’être véritablement en vie. « En vivant ainsi un guerrier lutte et ne se laisse pas avoir facilement par la mort : quand elle arrive il est digne. » (Carlos Castaneda)
Le temps, cette illusion
83
Que feriez-vous s’il vous restait 24 heures à vivre ? Une semaine ? Une heure ? Avec qui voudriez-vous passer ces derniers instants Que voudriez-vous voir, entendre ou ressentir ? Il ne s’agit pas forcément d’éliminer le reste. Certains le font, mais il est important de savoir ce qui est un moyen et ce qui est une finalité. L’univers est une chose, un tout à partir duquel toutes les séparations sont identifiables. La vie transitoire, y compris cette vie consciente et raisonnante que nous nommons intelligente, ne détient qu’un fragile mandat sur quelque partie que ce soit du tout.
5 LA CONFIANCE RÉELLE, LA VOIE SUPRÊME L’auto-hypnose fait tomber les masques et accéder à un niveau supérieur
CHOISIR SON SCÉNARIO Et si cette vie n’était qu’une représentation, une pièce de théâtre ?
Imaginons pendant quelques instants que nous soyons tous en train d’interpréter un rôle. Le script nous a été délivré dès notre naissance : nom, prénom... puis notre entourage nous a aidé à entrer dans ce rôle, à communiquer de façon convenable, à nous comporter comme notre époque l’impose. Progressivement s’est greffé un caractère, certains l’appelleront « nature ». Mêlé à nos passions, à nos domaines d’activité ou encore à nos relations, ce caractère définit notre personnage, celui que nous jouons chaque jour de façon si naturelle, si convaincante même ! Et nous exerçons nos capacités, notre raisonnement dans le carcan de cette définition. Un réseau de croyances s’est alors créé, obligatoire pour maintenir cette réalité, pour la trouver acceptable, normale. Et nous avons déjà vu à quel point ces éléments sont capables de nous influencer... Qui nous a donné ce rôle ? Qui nous a écrit ce scénario ?
86
A PPRIVOISER
LE CHANGEMENT AVEC L’ AUTO - HYPNOSE
Comment avons-nous fait pour l’accepter aussi facilement ? Et si cette vie n’est qu’un spectacle, pour qui est-il mis en scène ?
Pour un regard improbable ou, plus exactement, une idée de regard. Ce fameux « regard externe » ou « regard des autres ». Pour des « anges » au fond, qui pourraient alors se régaler de nos péripéties ! Que ces personnes extérieures soient réelles ou imaginaires, la question est secondaire au fond, car nous agissons « comme si » ce regard avait une réelle importance, et la réalité de nos comportements se modèle sur cette perspective. Partons donc de cette métaphore : Des anges nous regardent et nous jouons pour eux... Eux savent à quel point tout ceci ne repose que sur un jeu, mais nous, nous sommes convaincants dans ces rôles et ce pour une raison très simple : nous prenons ce rôle tellement au sérieux que nous avons fini par croire qu’il est la réalité pleine et entière. Nous sommes convaincants, car convaincus. Alors, tour à tour, nous souffrons, rions ou nous reposons. Nous éprouvons ces émotions et les laissons agir sur nous, comme entraînés par un courant qui nous dépasse. Nous oublions que nous ne sommes pas dans le monde, mais sur une scène éclairée qui n’est qu’une infime partie de ce monde. Le décor n’est qu’une apparence, mais renforcé par le regard extérieur il prend vie, se renforce et devient la réalité. Le reste est dans l’ombre. L’acteur ne distingue pas les spectateurs. Il peut alors les oublier et oublier qu’il n’est qu’en représentation et se concentrer sur la vie de son personnage. Il s’accroche à ce qu’il perçoit, lui donne encore plus d’importance, se prend au jeu... son rôle le tient. Il devient ce personnage et passe à côté des autres possibilités qu’il aurait pu faire exister. Que permet une telle métaphore ? Se souvenir de soi. Si tout ceci n’est qu’un rôle, ce n’est pas une réalité mais une possibilité que nous sommes en train de vivre. Une possibilité que nous avons acceptée. C’est un choix qui a été fait il y a longtemps, même s’il n’était pas pleinement conscient. Ce choix nous a construits, puis nous nous sommes habitués à ses conséquences. Tel un acteur, nous pouvons non seulement choisir le scénario de notre vie, mais aussi décider de la façon dont nous allons interpréter
La confiance réelle, la voie suprême
87
le rôle. Il nous est possible d’incarner nos comportements et nos actions, de les habiter pleinement avec les émotions et les comportements adéquats. Chaque comportement est un paramètre, un ensemble de données sur lesquels nous pouvons agir consciemment. Puis, quand nous en ressentons le besoin, nous avons la possibilité de changer de rôle. Nous pouvons explorer, découvrir – avec toute la curiosité et l’envie qui nous anime – de nombreux rôles et autant de personnages que nous pouvons prendre plaisir à jouer. Un bon acteur peut jouer tous les rôles : notre seule limite est celle de notre imagination.
InterEditions-Dunod – La photocopie non autorisée est un délit
Du visible, vers l’invisible Tout changement agit en profondeur, même lorsqu’il porte sur un élément jugé comme étant « superficiel ». C’est le cas, par exemple, de nos habitudes vestimentaires : quelqu’un qui porte des vêtements qui ne lui sont pas habituels est obligé d’adapter sa façon d’être à la situation. Il donne une image différente et ses attitudes vont en être modifiées. Ce changement crée tout d’abord une certaine maladresse, mais le corps sait qu’il doit bouger différemment, trouver un autre rythme, une autre tension. Et le changement atteint un niveau plus profond et personnel. Les coachs spécialisés en relooking se servent de cette réaction pour introduire de puissants changements chez leurs clients. Bien entendu, l’effet sera d’autant plus fort si le look créé à cette occasion est en harmonie avec ce que la personne désire être et représenter. Plus une personne se connaît, plus le changement est précis. Là aussi, avoir une vision précise de l’objectif à atteindre sera primordial : un bon coach spécialisé en relooking va prendre le temps de définir « l’identité » de la personne qu’il accompagne. Ensuite, il devra l’aider à trouver l’apparence qui fait le mieux ressortir cette identité, celle qui oblige l’identité à se révéler. Nous avons vu comment se déterminer un objectif et même dans ce domaine c’est quelque chose que tout le monde peut appliquer. Ainsi, l’apparence peut créer une adaptation et donc un changement. Une fois amorcé, le changement fait boule de neige : quand l’apparence change, les regards extérieurs évoluent et viennent
88
A PPRIVOISER
LE CHANGEMENT AVEC L’ AUTO - HYPNOSE
renforcer et légitimer le changement qui se généralise, puis s’ancre véritablement. En définitif, ce changement est-il superficiel ? Non, il peut être complet. De nombreuses personnes cherchent à modifier leurs comportements en travaillant à un niveau dit « profond » et négligent l’apparence, qu’elles jugent comme étant trop superficielle. Mais cela revient à oublier une réalité fondamentale : l’extérieur agit sur l’intérieur. « Ce qui est en haut est comme ce qui est en bas. » Le changement de surface est un moyen valable pour atteindre notre identité. Tout est lié, le visible et l’invisible, le fond et la forme : négliger l’un ou l’autre témoigne souvent d’un manque de lucidité.
Est-ce une façon de perdre ce que l’on est ? Bien au contraire, il s’agit d’explorer toutes les facettes de notre être, c’est uniquement de cette façon que nous pouvons espérer nous connaître. Notre identité est multiple, changeante. Plus nous l’explorons, plus nous prenons conscience de ce qu’elle est.
Mise en pratique Ce que nous proposons ici est une exploration des différentes possibilités de notre personnalité. Le principe repose sur la créativité, et surtout sur la curiosité que vous avez vis-à-vis de vous-même. Le but est de vous écrire, chaque jour, un scénario différent.
En premier lieu, pensez à votre caractère actuel et à la façon dont il peut être défini au présent. Puis imaginez que vous devez modifier un paramètre. Un seul paramètre au début. Si l’envie de tout changer se fait sentir, retenez-la ! Ce travail doit être maîtrisé, effectué étape par étape car il s’agit d’une exploration : les premiers changements ne sont que des prétextes.
Pour un entraînement, et donc une première étape, il est même possible d’éviter des changements considérés comme étant vraiment importants pour vous et de vous concentrer, à l’inverse, sur certains
La confiance réelle, la voie suprême
89
détails : des éléments qui paraissent tout à fait accessibles, ou même des morceaux de comportement. Commencer par un élément accessible et concret est souvent plus simple et comporte deux avantages : d’une part, l’enjeu étant moins important, il n’y a pas « blocage » lié à une trop grande attente, une trop forte envie de réussir. D’autre part, la réussite est rassurante et permet de mieux comprendre le mécanisme afin de préparer des changements plus importants.
Exercice : Le scénario de ma prochaine journée Définissez le but à atteindre en une phrase, claire et simple, comme par exemple : « À partir de maintenant, je suis rayonnant et souriant. » Puis, comme nous l’avons vu dans le chapitre 2, définissez ces mots, ce qu’ils représentent pour vous. Ce qu’ils sont précisément. Alors, imaginez que ce que vous êtes maintenant n’est qu’un personnage créé volontairement en tout point. Imaginez que chaque détail de vos réactions, chaque ressenti interne, était la juste représentation de ce rôle que vous avez incarné. Et ce rôle, vous l’avez joué à la perfection. Maintenant, vous êtes celui qui décide de la marche à suivre et vous allez modifier ce personnage. Seulement vous devez penser à le modifier de façon cohérente.
InterEditions-Dunod – La photocopie non autorisée est un délit
Alors, écrivez le scénario de votre prochaine journée. Et changez certains détails dans vos comportements. Pensez à toutes les différences ; vous devez vivre et imaginer le personnage auquel vous donnez vie à ce moment précis.
Ce seul paramètre que vous changez chez vous a sans doute de nombreuses répercussions sur d’autres comportements. Là encore, beaucoup ne sont peut-être que des détails, mais vous devez les conscientiser avant de les changer. La question à se poser est : Comment est une personne qui a toujours vécu ainsi ? Vous préparez votre personnage. Vous êtes là, à le penser et à le dessiner. Le changement doit être crédible, nul besoin d’entrer dans l’exagération, de se dire : « ça doit être formidable ». Au contraire, ce sont les détails qui vont donner de la force à cette création, un seul détail peut tout changer.
90
A PPRIVOISER
LE CHANGEMENT AVEC L’ AUTO - HYPNOSE
Exercice : Explorer de nouvelles réalités Pensez à ce personnage. Voyez-vous en train d’agir, et de réagir comme lui. Vous avez défini sa nature et ses réactions et vous devez viser une fluidité dans cette projection : le changement doit être fluide, évident. Avant de dormir, imprimez cette image en vous, vivez et ressentez les conséquences d’un tel changement. Vous devez avoir la sensation que ce que vous avez défini a toujours existé. Faites-vous croire que c’est le cas et donnez vie à cette réalité.
Seul un mauvais acteur fait « semblant », l’important est de vivre les choses. Vous ne devez donc pas seulement être en train d’imaginer ce que vous allez vivre avec ce changement, mais vous devez être dans le changement. Afin de vivre ce que l’on vit forcément en étant dans ces nouveaux comportements. Pensées, gestes, regards, tons de voix, choix des mots, rythme de respiration... tout cela change, de façon infime, peut-être, mais vous travaillez dans la précision : un tel travail demande d’être impitoyable avec soi-même. Ce comportement peut être de la confiance, de la joie, de la facilité ou du défi ; une façon de vivre les événements avec plus d’intensité, de force ou de courage ; une manière de développer votre créativité ou votre réactivité ou peut-être une démarche ou un port de tête. Quel qu’il soit, vous devez le vivre comme quelqu’un qui aurait toujours agi ainsi.
Exercice : Rechercher l’évidence Continuez à progresser dans cette posture mentale jusqu’à ressentir que le rôle vous colle à la peau. Quand il est devenu évident, chaque pensée, geste ou sensation est en accord avec ce qui se crée en vous. Faites en sorte d’y penser en vous endormant, vous êtes ce nouveau personnage qui s’endort, et en vous réveillant vous devez avoir l’impression que l’ancienne version de vous-même n’était qu’un rêve, un songe que vous avez déjà en partie oublié. Jouer votre ancien rôle devrait alors sembler étrange. Passez alors à un second paramètre : tous les jours, un nouveau changement peut se mettre en place.
Parfois, à force de jouer avec le changement, il est possible de ressentir que l’on a franchi un cap et qu’il sera aussi facile de stabiliser cette évolution que de revenir en arrière si le besoin s’en fait sentir. C’est ce que perçoit une personne qui se débarrasse de la cigarette, non pas à l’instant de la décision, mais quand elle sait que la cigarette
La confiance réelle, la voie suprême
91
a véritablement disparu de sa vie. C’est ce jour là qu’elle a arrêté et non pas le jour de la dernière cigarette. Parfois il y a un long écart entre les deux. Parfois il ne s’écoulent que quelques minutes. On remarque qu’avec une stratégie adaptée, comme celle proposée ici, le changement peut être obtenu de façon complète. Il s’agit d’une forme d’auto-hypnose, qui crée un pont entre le travail conscient et le travail inconscient. Alors, le changement est durable.
Quelques astuces Vivez le changement. Ne faites pas que le visualiser ou le décrire mentalement, mais ressentez-le. Le ressenti est un élément important. D’une certaine façon, notre cerveau traite l’imagination comme une expérience réelle et valable. Lorsque nous nous projetons dans notre imagination de façon suffisamment forte pour en ressentir les conséquences, alors nous apprenons à notre inconscient. Bien entendu, cela demande de laisser temporairement « de côté » le plan intellectuel, pour entrer pleinement dans l’émotionnel.
InterEditions-Dunod – La photocopie non autorisée est un délit
Si une difficulté survient, débattez-vous ! Certaines personnes ont parfois l’impression que les anciens comportements s’agrippent. Alors, imaginez ce que vous feriez si quelqu’un essayait de vous maintenir en place contre votre gré : libérez-vous, débattez-vous, créez la possibilité du « lâcher-prise ». Cette sensation se manifeste souvent juste avant que le changement ne s’ancre, comme une dernière résistance. Mais souvent le comportement a déjà perdu beaucoup de sa force à cet instant. Conserver cette idée en tête permet de mieux dépasser l’obstacle. Créez des changements subtils. Il est important d’insister sur cette idée : ce sont des éléments simples qui doivent être pris pour cible. Leurs conséquences seront multiples et plus faciles à gérer. Jouez avec ce rôle. Certaines personnes n’acceptent pas, au début, l’idée que la vie n’est qu’un jeu. Si vous n’avez pas cette croyance, installez-là en priorité. Cet exercice sera alors plus aisé.
LA PROIE ET LE CHASSEUR
Chaque routine est un piège, dès lors qu’elle existe en dehors de notre conscience. Elle nous tient, dès que nous commençons à ne plus nous rendre compte de la façon dont elle nous influence. Il existe une façon de se sortir de ce piège : cultiver l’imprévisibilité.
92
A PPRIVOISER
LE CHANGEMENT AVEC L’ AUTO - HYPNOSE
Prenons un exemple : celui d’un chasseur. Un chasseur doit en premier lieux apprendre à observer, afin de connaître sa proie. Il doit pouvoir identifier ses habitudes, ses goûts, ses envies et aussi ses peurs. Attentif et patient, il connaît les chemins que sa proie arpente, et la rend prévisible à ses yeux. Alors, il peut poser un piège habile.
Il est possible de se comporter comme un chasseur avec soi-même, c’est-à-dire traquer ses propres routines, et de se sortir de leur influence.
Dialogue avec le thérapeute : traquer ses routines Thérapeute : – Êtes-vous conscient de la position de votre corps ? Client : – Je pense, oui. Thérapeute : – Donc vous l’avez choisie, c’est la meilleure position que vous pouvez avoir l’instant actuel, vous n’infligez à votre corps aucune tension excessive. Client : – Et bien je ne suis pas véritablement détendu... Thérapeute : – Pourquoi cela ? Client : – Je ne sais pas... mais maintenant que j’y pense, je me détends plus. Thérapeute : – Comment expliquez-vous un tel phénomène ? Pourquoi faut-il que j’attire votre attention sur ce point pour vous permettre de prendre une position qui vous met vraiment à l’aise ? Ne pouviezvous pas être attentif à un point aussi évident par vous-même ? Client : – Je pense que j’avais oublié...
La confiance réelle, la voie suprême
93
Thérapeute : – L’oubli ! Le problème c’est qu’il en est ainsi pour beaucoup de choses... êtes-vous attentif à vous-même ? Ressentez-vous votre corps, écoutez-vous vos émotions ? Si vous n’êtes pas attentif, combien de messages doit faire passer votre inconscient pour qu’un seul d’entre eux puisse atteindre votre conscience ? Imaginez-vous l’énergie perdue dans des comportements qui pourtant ne sont pas adaptés à ce que vous désirez ? C’est sans doute là une des causes de la somatisation : il est probable que notre inconscient mette en place de nombreux signaux de communication destinés à notre conscience, mais celle-ci n’est sans doute pas assez attentive pour les écouter. Les signaux adressés sont alors de plus en plus appuyés, et parfois ils peuvent devenir désagréables ou causer différents maux. Chaque routine inconsciente est donc susceptible d’utiliser une quantité d’énergie non négligeable. Il n’est pas nécessaire de devenir conscient de chaque chose qui se passe en nous, mais la conscience doit rester vigilante, alerte, afin de déterminer si, dans un instant donné, quelque chose n’est pas en harmonie, si une réaction est soit exagérée, soit décalée.
InterEditions-Dunod – La photocopie non autorisée est un délit
Nous vivons dans un monde de chasseurs Dans un premier temps, nous risquons d’être des proies, les chasseurs sont alors réunis dans le monde extérieur. Ils ne sont pas conscients de leur statut, bien entendu... pas toujours du moins. Comment opèrent-ils ? En essayant d’enfermer l’autre dans une image figée. En agissant avec le regard extérieur pour le priver de sa liberté. Au fil de sa vie, une personne va se créer des représentations et toute représentation tend à devenir une réalité stable pour celui qui la construit. Ces représentations, en se multipliant, dessinent une trame de fond, un réseau de croyances qui maintient en place une certaine vision de la réalité. Plus le réseau est dense, plus une personne est prise au piège, comme engluée dans une toile d’araignée : toute remise en cause devient plus difficile. Le regard extérieur agit de même : beaucoup ne sont que ce que l’on attend d’eux. Ce que l’on sait d’eux. Pour ne pas décevoir, pour être dans une continuité.
94
A PPRIVOISER
LE CHANGEMENT AVEC L’ AUTO - HYPNOSE
Quelqu’un qui est dans cette posture se rend disponible. C’est-à-dire qu’il peut être utilisé car il a été rendu suffisamment prévisible, manipulable. Ces situations sont récurrentes. Pour cette personne, je suis un ami. En tant qu’ami, je dois me comporter de telle et telle façon et surtout ne pas être autrement. Je ne peux dire certaines choses. J’ai l’habitude de parler d’une façon bien particulière et d’être dans tel état d’esprit. Pour cette autre personne, je suis un collègue, mes comportements sont différents. Rendre prévisible les autres est une tâche à laquelle s’attelle l’immense majorité des individus. Pour se rassurer, ils ont besoin de pouvoir remplir une « fiche personnelle » sur les personnes qu’ils rencontrent, et se sentent déstabilisés quand une case ne peut être remplie. La première chose à faire, est donc de devenir un acteur.
L’acteur joue avec ces éléments, il rentre dans la représentation, mais il a un avantage : il n’y croit pas totalement lui-même. Il sait, au fond qu’il joue un rôle. Et ce même si il le joue à la perfection. Par là même, il sait aussi sortir du rôle. Il ne peut être une proie, car il ne se rend disponible que de façon mesurée et, au fond, nous ne savons rien de l’homme derrière le rôle. Son histoire personnelle n’a pas vraiment d’importance : il est ce qu’il est au moment désiré, et il assume totalement son rôle. Ainsi, il reste libre. En devenant un acteur, nous pouvons éviter d’être une proie. À partir de là, s’ouvre une autre possibilité : devenir un chasseur. Cependant, il ne s’agira pas de chasser à l’extérieur et de profiter des autres, ni de les rendre disponibles et donc de les utiliser. Cela convient à une personne qui cherche à se rassurer. Un acteur n’a plus besoin de cela ; il éprouve, au contraire, l’envie d’un travail sur lui, à l’intérieur de lui, à traquer ses propres faiblesses. Alors, notre conscience devient le chasseur et nos routines deviennent des proies. Certaines peuvent alors être détruites, d’autres acceptées, avec leurs conséquences. Je perçois mes routines, et les combat.
La confiance réelle, la voie suprême
95
Je perçois mes peurs et leur fait face. Je peux faire de chaque prise de conscience une ressource sur laquelle m’appuyer afin de parvenir à être de plus en plus lucide sur moi-même.
InterEditions-Dunod – La photocopie non autorisée est un délit
Mise en pratique : traquer ses faiblesses Sans conscience, notre corps agit par routine. Certaines de ces routines sont adaptées, d’autres finissent par être dépassées, obsolètes. Mais sans conscience, le changement ne peut se faire : nous devons donner une directive à notre inconscient pour qu’il opère la transformation. La première chose à faire est donc d’observer, mais pour ce faire il faut savoir ce que nous devons observer. Le premier exercice de ce livre consistait à observer les états de conscience que nous traversons au quotidien, afin de s’apercevoir que notre état interne change en permanence. Maintenant, l’observation va devoir aller plus loin et va se porter non seulement sur les changements permanents, mais aussi sur la façon dont nous utilisons notre énergie personnelle. Imaginons que notre corps soit une sorte de pile qui se recharge la nuit, et commence la journée avec une certaine dose d’énergie. Si nous pouvions visualiser cette dose d’énergie, nous serions conscients de la façon dont elle est dépensée et des éléments, actions, ou émotions qui en consomment le plus. Il serait alors possible d’agir pour ne pas en gaspiller, et même d’en conserver afin de l’utiliser à bon escient. C’est à cela que l’on se propose de parvenir par cet exercice. En premier lieu, il faut donc se mettre dans une disposition d’esprit telle que nous pouvons considérer chaque acte, chaque geste, chaque pensée comme une utilisation d’une certaine dose d’énergie. Un geste parfaitement adapté à une situation donnée en consomme une quantité infime. Au contraire, un même geste effectué sous une contrainte négative, par exemple, en consommera considérablement plus. Certaines émotions en consomment aussi énormément, il en va ainsi pour les tensions, les préoccupations, les obsessions...
96
A PPRIVOISER
LE CHANGEMENT AVEC L’ AUTO - HYPNOSE
Exercice : Orienter la conscience Cet exercice est très simple, car il consiste en tout et pour tout à observer, avec une conscience aussi aiguë que possible, des interactions que nous vivons au quotidien. Il s’agit de traquer la façon dont nous utilisons notre énergie. Commencez par le corps, et repérez les parties de vous qui sont tendues sans que cela ne soit nécessaire, sur votre visage. Regardez-vous dans un miroir et demandez-vous si vos yeux, votre bouche, votre front et toutes les autres parties de vous expriment ce que vous désirez qu’elles expriment. Un miroir n’est utile qu’au début, car vous devez avoir confiance en votre propre représentation de vous-même et pouvoir répondre à ces questions à tout instant. Continuez avec les émotions. Ressentez-vous ce que vous désirez ressentir ? Les émotions sont des hallucinations et nous avons vu comment se dissocier quand le besoin s’en fait sentir. Mais aussi comment nous orienter vers ce que nous recherchons. Là encore, forcez-vous, poussez-vous à le faire. Chaque émotion non adaptée puise de l’énergie ; récupérez cette énergie que vous gaspillez en coupant le lien avec les émotions qui sont un gouffre. Concentrezvous sur celles qui peuvent vous donner de l’énergie, sur ce qui vous porte. Au niveau relationnel. Percevez comment les personnes extérieures agissent sur vous, même quand elles ne sont pas présentes. Observez votre communication : est-ce que vous vous forcez ? Est-ce que vous êtes autrement que ce que vous désirez être ? Votre voix est-elle stable, posée ? Le choix de vos mots est-il personnel ? Vos idées sont-elles exposées clairement ? Êtes-vous congruent, en accord avec ce que vous dites ? Vos gestes, vos intentions, sont-ils adaptés ou non à ce que vous exprimez ? Est-ce que les personnes qui vous entourent vous renforcent ? Ou prennent-elles votre énergie ? Au niveau interne, pensez au travail sur le dialogue intérieur et observez-vous. Continuez ainsi sur tout ce que vous pouvez observer.
Chaque élément consomme une certaine dose d’énergie, mais il se peut qu’une personne qui est en parfait accord avec elle-même ne consomme qu’une infime quantité d’énergie, car en elle n’existe ni résistance, ni lutte : tout va dans un seul et unique sens et chaque parcelle d’énergie est utilisée avec soin et discernement.
Exercice : Prendre soin de son énergie Observez ces éléments et dressez une liste de ce qui vous semble être une perte d’énergie. Puis choisissez : Désirez-vous continuer à subir cela ? Ou commencez-vous à économiser votre énergie maintenant ? Observez maintenant autre chose : ce qui vous donne de l’énergie. Où prenez-vous votre énergie ? Dans le sommeil, la nourriture, certes, mais il existe bien d’autres sources d’alimentation :
La confiance réelle, la voie suprême
97
Art, lecture, création, dialogue, réflexion, partage, rire... Dressez une liste de tout ce qui vous alimente. Percevez aussi comment vous vous alimentez.
InterEditions-Dunod – La photocopie non autorisée est un délit
Avez-vous déjà observé ces personnes qui, pour compenser un manque à un niveau affectif par exemple, se remplissent de nourriture ? Ou ces personnes qui, lorsqu’elles sont mal à l’aise, s’en sortent avec un sourire ou un rire exagéré et faux ? Ou encore ceux qui semblent vider les autres par leur seule présence, comme si ils vampirisaient l’énergie de leur entourage ? Il existe de nombreuses stratégies similaires et, en observant ceux qui nous entourent, nous pouvons sans cesse discerner ces comportements excessifs dont le but est de pallier à un manque. Aussi, en observant en nous-mêmes notre façon de prendre de l’énergie, nous pouvons facilement identifier nos faiblesses. Il est alors possible d’appliquer sur elles la première partie de ce chapitre et de les transformer peu à peu. Très souvent, une personne qui se discipline dans un tel travail pendant quelque temps consomme beaucoup moins d’énergie. Elle identifie ses besoins et la meilleure façon de les satisfaire. Je peux être frugal dans ma façon d’utiliser mon énergie, afin de ne prendre que ce dont j’ai besoin et d’utiliser seulement ce qui est utile. Toute l’énergie que j’emmagasine peut alors être utilisée de façon consciente, pour des projets et actions ciblés. Elle est alors dirigée avec force et précision dans la direction que je choisis d’incarner.
OBSERVER LE MONDE
Lorsqu’une énergie est en mouvement, elle est susceptible de rencontrer de nombreuses formes de résistances sur son chemin. Si elle est suffisamment puissante, elle parviendra à dépasser ces résistances, mais parfois au prix d’une quantité de ressources bien trop élevée. Il existe une façon d’annuler les résistances et de conserver cette énergie pour l’utiliser de façon plus pertinente. Face à une résistance, il y a deux types de réaction possibles :
98
A PPRIVOISER
LE CHANGEMENT AVEC L’ AUTO - HYPNOSE
• Résister à l’obstacle.
En résistant, j’utilise de l’énergie afin de tenir ma position et afin de ne pas céder de terrain à un obstacle quel qu’il soit. Je peux avoir l’impression de me renforcer, de me protéger, mais rapidement, je peux être épuisé. • S’adapter.
En m’adaptant, je deviens ce qui agit contre moi et ainsi je n’utilise qu’une quantité infime d’énergie. J’avance en symbiose avec ce qui m’entoure et je m’adapte à tout ce que je rencontre. Les sensations comme le stress, l’agacement ou l’impatience ne peuvent que disparaître, ce qui me permet d’économiser de l’énergie pour construire. C’est l’élément le plus flexible qui contrôle un système.
Ici, c’est l’observation et l’adaptation aux autres qui nous intéressent, plus qu’aux situations, ou encore aux lieux. Avez-vous déjà remarqué ce qui se passe quand une personne commence à sortir des chemins établis ? Souvent, l’entourage, de façon plus ou moins consciente, à tendance à agir pour maintenir cette personne dans ses anciens fonctionnements. Le changement peut effrayer ou même agacer. Lorsqu’une personne devient plus libre ou obtient de meilleurs résultats, elle peut susciter de l’envie ou de la jalousie. Quand quelqu’un agit et se prend en main, d’anciennes croyances peuvent surgir, à un niveau familial, amical ou professionnel. Et bien d’autres choses encore...
Tous ces phénomènes pourraient être ressentis comme un ultime barrage qui viendrait s’opposer à une personne qui commence à apprivoiser le changement et à faire ce travail personnel. Un élément simple permet d’annuler cette opposition : il consiste en une synchronisation avec le monde extérieur.
La synchronisation Il existe un principe récurrent dans les rapports extérieurs : nous nous sentons rassurés par ce qui nous ressemble, et nous avons
La confiance réelle, la voie suprême
99
tendance à prendre de la distance vis-à-vis de ce qui représente à notre sens une différence. Ce principe dicte bien trop souvent les attitudes et réactions dans la communication. Ainsi, les personnes les plus intelligentes sont bien entendu celles qui partagent nos avis et points de vue ! Ces génies, qui pensent comme nous et nous parlent de nous... Il est évident que cette façon d’agir comporte des limites et des dangers. Cette réaction commence parfois dès la rencontre, en se basant sur les aspects extérieurs. Cependant l’apparence n’est pas le facteur le plus important car il est suffisamment évident pour être dépassé avec un minimum de réflexion. Les réactions déterminantes se jouent à un niveau plus inconscient. Il s’agit en fait de certains gestes, de certains rythmes et attitudes. Chaque personne vit sur un rythme qui lui est propre : rythme corporel, rythme de pensée, de prise de décision, rythme sur lequel se succèdent les images mentales, les souvenirs, ou encore, les idées. Une personne qui apprend à repérer, puis à s’adapter à ces rythmes, va pouvoir créer volontairement un effet de synchronisation.
InterEditions-Dunod – La photocopie non autorisée est un délit
Prenez le temps de vous souvenir de certaines rencontres et particulièrement de personnes avec qui vous avez senti que le courant passait rapidement, de façon intuitive. Souvent, dans un tel rapport, nous pouvons percevoir des effets de synchronisation. L’autre prononce une phrase que l’on aurait pu prononcer, les idées s’enchaînent avec fluidité, des expériences et points de vue semblent être partagés, et surtout décrits avec un langage similaire...
Il s’agit là d’une synchronisation naturelle. Parfois, elle est tellement évidente qu’il est possible d’avoir l’impression de connaître une personne depuis toujours, alors que cela ne fait que quelques heures que la rencontre s’est produite. Pensez maintenant à une personne dont la présence ne vous enthousiasme pas totalement, quelles sont les différences ? Par l’adaptation, il est possible de créer un rapport de confiance agréable avec n’importe quelle personne, et ce rapport fonctionnera dans les deux sens. Cela demande, bien
100
A PPRIVOISER
LE CHANGEMENT AVEC L’ AUTO - HYPNOSE
entendu, de sortir de ses schémas habituels, d’aller à la découverte de l’autre, et de parties de soi qui sont souvent cachées. Les exercices présentés dans les premiers chapitres de ce livre ont déjà ouvert la voie à cette adaptabilité.
Mise en pratique Quoi et comment observer ?
Tout commence par une simple observation de l’autre. Cette observation sera par contre différente des observations habituelles, car il ne s’agit pas de juger ce qui est perçu, mais de noter, scrupuleusement, tout ce qui est perceptible chez une personne. Certains éléments sont à noter en priorité, ils sont déterminants pour pouvoir se synchroniser avec une personne : Les rythmes Tout ce qui est lié au rythme de la personne : rythme de la respiration, du débit de la parole, rythme cardiaque, rythme des idées et des pensées, des changements de positions et des gestes régulateurs... Si il est évident que certaines personnes parlent vite et d’autres lentement, il ne s’agit pas que d’une observation aussi basique : certaines prononcent les mots rapidement, mais prennent des temps de pause dans leurs phrases. D’autres laissent toujours leurs phrases en suspend, d’autres encore parlent lentement mais avec des longues phrases qui donnent un rythme encore différent...
L’ambiance Ce qui est dégagé par la personne : posture, tonus musculaire, expression du visage, construction des phrases, enchaînement des idées... La aussi, l’ambiance est toujours différente d’une personne à l’autre. Il existe, par exemple, différentes formes de tensions : entre la tension d’une personne vive et aux aguets et celle d’une personne stressée, ou encore celle d’une personne sportive, les différences sont notables.
Bien entendu, tout cela ne s’observe pas toujours facilement, au début, car ces éléments sont rarement pris en compte consciemment.
La confiance réelle, la voie suprême
101
Il faut donc orienter notre observation vers chaque détail, et prendre le temps d’en remarquer de plus en plus à chaque moment partagé avec une personne. C’est un véritable entraînement. Chaque observation doit être ensuite « copiée ». Attention, il ne s’agit surtout pas de mimer ou de singer l’autre ! Une synchronisation, même très poussée, doit passer totalement inaperçue.
Généralement, en engageant un échange avec quelqu’un, les premiers éléments visibles vont être la posture et le tonus musculaire. Dans les trente secondes qui suivent la rencontre, adaptez-vous à ces premiers éléments. Pour cela posez-vous ces quelques questions : – Qu’est-ce que je ressens et pense si je suis dans la même position ? – Qu’est-ce que je vis si j’ai le même tonus musculaire ? – Si je me cale sur l’autre, comment sont mes mouvements ? (rapides, lents, mesurés...)
Puis, observez les autres éléments au fur et à mesure que l’échange évolue, adaptez-vous à ces éléments un par un.
InterEditions-Dunod – La photocopie non autorisée est un délit
S’entraîner
S’entraîner à la synchronisation demande surtout d’y penser le plus régulièrement possible. Le meilleur entraînement consiste à s’obliger à se synchroniser sur toutes les personnes rencontrées pendant un certain temps, jusqu’à remarquer que se synchroniser devient quelque chose de tout à fait naturel. On peut commencer par des cibles simples : des personnes que l’on connaît bien, et donc sur lesquelles nous avons beaucoup d’informations. L’idéal est tout de même de remarquer un maximum d’éléments particuliers chez toutes les personnes croisées. Un jeu consiste à noter un maximum d’éléments en une minute sur une personne, avec une liste de plus en plus détaillée au fur et à mesure que votre observation va devenir plus complète et précise. Ordre possible des éléments à synchroniser chez un interlocuteur
Cette liste n’est bien sur pas à suivre à la lettre, mais elle donne une idée de la progression de la synchronisation, en partant des éléments
102
A PPRIVOISER
LE CHANGEMENT AVEC L’ AUTO - HYPNOSE
les plus simples à observer et en allant vers les détails plus subtiles. Le temps donné est une indication : c’est ce que l’on peut se fixer lorsque l’on commencer à maîtriser la pratique. Un débutant prend, bien entendu, un peu plus de temps. Dès la prise de contact • Posture ; • Tonus musculaire ; • Intention et intensité du regard. Première minute de communication • Rythme des gestes/déplacements ; • Type de respiration (superficielle, abdominale...) ; • Rythme de respiration ; • Rythme de la voix, espace entre les mots, entre les phrases ; • Type de vocabulaire (soutenu, argot...) ; • Perception et prise en compte de l’extérieur (la personne est-elle distraite, centrée sur vous, son regard est il fixe ou bouge-t’il beaucoup ?) ; • Sens utilisés (selon les mots employés : la personne utilise-t’elle un vocabulaire imagé, ou parle-t’elle plus de son ressenti ?) Après 5 minutes de communication • Geste régulateurs (gestes et postures qui reviennent régulièrement) ; • Façon de créer des associations d’idées ; • Croyances sur le monde (on peut aussi se synchroniser sur la vision du monde afin de plus être en phase avec son interlocuteur) ; • Tics de langage (mots qui reviennent...) ; • Gestion de émotions (la personne est-elle libre, timide) ; • Intonations de la voix, éventuels accents • ; • Émotions dominantes ; • Expressions du visage ; • Langage corporel ; • ...
La confiance réelle, la voie suprême
103
L’importance de la voix
La voix donne le rythme de respiration, qui est un élément déterminant. En vous adaptant à ce rythme, vous vous adaptez forcément à d’autres paramètres internes : la respiration nous donne quantité d’informations, elle est un élément important du langage non verbal. Lorsque vous prenez le même rythme d’élocution, pensez aussi à vous adapter aux temps de pause pour être certain de vous caler sur la respiration. Chaque avancée dans l’adaptation va permettre de se rapprocher du monde de l’autre, de sentir ce qu’il dégage et de rendre la communication facile : pouvoir écouter et être écouté, sans méfiance ni préjugé, mais au contraire en étant à l’aise et en donnant à l’autre la possibilité de l’être. Ce que l’on cherche à atteindre : Une résistance qui avoisine zéro
InterEditions-Dunod – La photocopie non autorisée est un délit
La synchronisation permet de devenir l’autre : l’agressivité, les ressentiments, disparaissent alors instantanément. Au bout de quelques minutes, vous pouvez bouger et penser comme l’autre, sans toutefois perdre votre identité. Bien au contraire, vous saurez comment faire passer vos idées, percevoir les directions, les sous-entendus, les croyances et les valeurs des personnes avec lesquelles vous allez communiquer. L’espace entre deux individus semble alors se réduire.
Être sincère ? Nous avons évoqué le fait que la synchronisation peut être naturelle entre certains individus, puis nous avons appris à la mettre en place pour les autres. Une question se pose alors : Si je me synchronise avec toutes les personnes que je rencontre, suis-je encore moi-même ? Est-ce que je ne suis pas en train de perdre mon identité ?
Une synchronisation pathologique, à la manière d’un « Zélig », serait bien entendu à rejeter. Dans ce cas, une personne n’aurait plus de personnalité, et ne ferait que copier les individus qui font
104
A PPRIVOISER
LE CHANGEMENT AVEC L’ AUTO - HYPNOSE
partie de son environnement pour être l’un ou l’autre, sans choix conscients. Ce que nous exposons ici est d’un autre ordre, il ne s’agit pas de perdre l’essence, mais d’adapter la structure. La synchronisation est intéressante lorsqu’elle permet d’aller vers l’autre, en toute conscience : De la même façon que je peux m’efforcer de parler une autre langue pour être compris dans un autre pays, je peux me sentir que chaque personne est tellement différente qu’elle parle une langue unique. Celle-ci a été créée par des expériences différentes et subjectives. Il en va de même pour les attitudes et tout ce qui concerne le langage non verbal. En m’approchant de l’autre, je l’entends mieux et je fais en sorte qu’il m’entende aussi, mais je reste ce que je suis. La flexibilité n’est qu’une manière de mieux communiquer, d’établir un pont de communication avec l’autre.
Mieux encore, par cette pratique j’apprends et je m’enrichis de l’autre, de sa façon de percevoir et de ressentir le monde. En me mettant à sa portée j’intègre aussi son expérience et, ainsi, j’élargis mes propres possibilités. Dans un domaine d’apprentissage, par exemple, se synchroniser avec un enseignant va permettre d’appréhender avec beaucoup plus de précision et d’intuition le savoir qu’il transmet. Ses métaphores vont sembler plus pertinentes, son discours plus clair. Et pour peu qu’il soit enthousiaste, alors ses émotions seront-elles aussi mieux transmises. Chaque subtilité de son argumentation paraîtra évidente. Dans un tout autre domaine qui est celui de la négociation, une synchronisation permettra de mieux comprendre les intentions et les stratégies d’une personne. Mais aussi d’exposer plus facilement son point de vue en entrant dans la subjectivité de l’autre. De nombreux autres exemples pourraient être cités pour exposer les bénéfices de la synchronisation.
La congruence Il faut enfin savoir que la synchronisation fonctionne à double sens : en vous adaptant à une personne, vous la rapprochez de vous et vous approchez aussi d’elle. Vous serez capable de mieux sentir et
La confiance réelle, la voie suprême
105
percevoir ce qu’elle pense et sa façon d’être et, de même, l’autre pourra aussi mieux vous comprendre. Une synchronisation rend donc plus difficile l’incongruence et le mensonge, car toute incohérence est d’autant mieux perçue que la communication est aboutie. Nous savons quand un proche ne nous dit pas tout ou répond une chose en laquelle il ne croit pas. Nous le savons pour l’autre et il le sait pour nous. Les personnes qui se croient capables de dissimuler ou de porter un masque efficace sont bien souvent aveugles.
InterEditions-Dunod – La photocopie non autorisée est un délit
DEVENIR UN VECTEUR DE CHANGEMENT
Les principes de ce livre sont simples et efficaces. Amené à cette partie du livre, vous avez sans aucun doute eu l’occasion de tester et de vivre de nombreuses expériences qui vous ont permis de le vérifier. Quand une personne commence à apprivoiser le changement, elle dispose de fait d’une plus grande quantité d’énergie et l’utilise. Pour certains, cette énergie va être utilisée dans une quête de bien-être ou de bonheur, pour d’autres elle sera consacrée à un développement personnel ou à la réalisation d’un objectif, quel qu’il soit. Mais quelle que soit la voie choisie (si tant est qu’il y en ait une), cette énergie va commencer à avoir des répercussions autour de vous. Il existe une influence, un échange d’énergie permanent entre les personnes, une forme de communication qui va au-delà du verbal et les échanges inconscients charrient une masse considérable d’informations. Cet échange fonctionne sur un mode simple : les personnes disposant d’énergie, d’enthousiasme, de vitalité... sont irrémédiablement attirantes et focalisent l’attention sur elles. Elles sont des réservoirs d’énergie. Parfois, elles deviennent des modèles, des sources d’inspiration et d’évolution. Parfois, au contraire, elles sont des « gourous » ou des tyrans, cherchant à accumuler toujours plus d’énergie.
106
A PPRIVOISER
LE CHANGEMENT AVEC L’ AUTO - HYPNOSE
Certaines personnes aussi se servent de cette énergie pour sortir de ce jeu d’influences... D’autres encore, se font tout simplement vider, vampiriser, à force de donner sans discernement.
Se préserver Il est possible de se préserver dès lors que les échanges habituellement inconscients sont conscientisés. Encore une fois il s’agit d’être lucide et d’observer méthodiquement ce qui se joue en nous. Nombre de personnes vont chercher, d’une manière ou d’une autre, à prendre de l’énergie à ceux qui en ont. Ainsi une personne joyeuse et heureuse va attirer les autres, car d’une certaine façon elle transmet quelque chose. Les personnes qui sont attirées ne sont, bien entendu, pas seulement des parasites ; certaines permettent un échange mutuel et équilibré, ainsi il est possible d’aider, d’apprendre, de façon saine et respectueuse. D’autres, par contre, ne peuvent que prendre car elles ne produisent pas leur propre énergie. Ce sont ces personnes qui vont normalement faire appel à un thérapeute, celui-ci va les aider à devenir autonomes, à reprendre leur liberté et leur responsabilité. Un thérapeute ne peut se permettre de donner de l’énergie, au risque de ne pouvoir aider que très peu de personnes avant d’être lui-même épuisé. Son but est d’accompagner et pour cela il utilise un outil : le « leading ».
Amener l’autre à soi : le leading Une fois synchronisées, deux personnes vont être liées et ce qui arrive à l’une pourra facilement arriver à l’autre. Si, par exemple, je me synchronise sur une personne fatiguée, je vais tout d’abord commencer à ressentir de la fatigue à mon tour. À partir de là je dispose de deux options : • Soit j’oublie qu’il ne s’agit que d’une fatigue artificielle et je finis
par lui accorder de l’importance, et ainsi à la rendre réelle. Nous revenons là à ce qui était évoqué au début de ce chapitre ;
La confiance réelle, la voie suprême
107
• Soit je me remets dans le rythme de quelqu’un qui est en forme,
et ainsi, et par le lien créé lors de la synchronisation, j’entraîne l’autre dans l’énergie que j’ai choisie. C’est ce que l’on nomme le « leading », le fait de guider l’autre vers un état d’esprit que l’on a choisi et créé.
Il s’agit de guider l’autre vers un changement, et le simple fait de combiner la synchronisation et la conscience de soi va le permettre.
Mise en pratique Tout d’abord, il faut se permettre de concevoir une communication sans aucune opposition, sans aucune volonté de s’imposer à l’autre. Avec le leading la communication devient une affaire d’observation, de stratégie et d’écoute.
InterEditions-Dunod – La photocopie non autorisée est un délit
Exercice : Avoir un bon « leading » La première étape est donc d’établir la synchronisation, en étant « calé », autant que possible, sur les principaux éléments à observer : la gestuelle, le tonus musculaire et le rythme de la voix de la personne avec qui l’on communique. Puis, au bout d’un temps qui peut aller de quelques secondes à plusieurs minutes – une fois que la communication semble fluide et facile – il va falloir vérifier la possibilité de leading. Pour cela, vous allez commencer à créer de légers décalages : changement de posture, accélération du rythme de clignement des paupières, changement dans le débit de la voix... Ainsi vous allez vérifier que l’autre reproduit ces changements, comme si il était lui-même en train de se synchroniser sur vous. Vos modifications doivent être subtiles et progressives, tout changement brusque pourrait avoir comme effet une rupture de synchronisation. Une fois cette étape passée, il s’agit de faire dévier progressivement l’autre vers un autre état interne, plus proche du vôtre. Pour cela vous allez continuer à modifier, petit à petit, votre manière d’être, jusqu’à atteindre celle que vous vous êtes fixée.
Vous avez alors conduit l’autre à un changement, avec une dépense d’énergie quasi nulle.
Il est possible de se fixer des objectifs d’entraînements stimulants, comme de faire sourire ou de relaxer différentes personnes en une journée, et le plus rapidement possible. Un entraînement à ce type d’exercice permet une action de plus en plus simplifiée : l’habitude
108
A PPRIVOISER
LE CHANGEMENT AVEC L’ AUTO - HYPNOSE
permet tout de suite de repérer les éléments de synchronisation essentiels à un bon leading, et ceux-ci varient d’une personne à l’autre. Une personne passe dans la rue, et en un seul regard elle nous amène à nous sentir bien. Ego et développement personnel
Le développement personnel est celui de l’ego. Cela n’est ni mal ni bien, mais doit être assumé. Il est à la mode de nos jours de vouloir supprimer ou se débarrasser de l’ego, ce qui en soi est toujours une réaction de l’ego, car qui d’autre que l’ego lui-même décide une telle chose ? Ce qui est présenté ici consiste non pas à nier l’ego et son action, mais à apprendre à le connaître, à en faire une chose intéressante. L’ego peut se révéler dangereux quand il est nié, car alors il peut agir comme un enfant qui ne perçoit pas les conséquences de ses actes, il est susceptible de détruire. Apprivoisé, il est une énergie, et comme toute énergie, il est neutre : ce sont ensuite nos décisions qui vont lui donner une teinte particulière.
6 INFLUENCE, COMMUNICATION ET SÉDUCTION L’auto-hypnose est une forme de séduction ; le monde nous influence... influençons-nous nous-même et influençons le monde !
Le chapitre précédent a ouvert une porte supplémentaire : lorsque l’on agit sur soi, on agit aussi sur notre entourage immédiat. Bien entendu, ce système fonctionne dans les deux sens : le monde nous influence, et nous-mêmes, nous influençons tout ce avec quoi nous entrons en contact ou en relation. Ce livre suit une progression qui va de l’intérieur vers l’extérieur, partant d’une idée simple : pour que l’influence que nous exerçons sur notre monde soit celle que nous désirons réellement créer, nous devons déjà nous connaître autant que possible. Alors, il est possible de maîtriser les conséquences de notre influence et de lui donner un cadre. Nous l’avons vu pour les croyances : ce qui se passe en nous – notre intérieur – détermine la façon dont nous allons interagir avec notre environnement. Aussi, pour le travail qui suit, certaines croyances doivent être étudiées. La première croyance porte sur la manipulation. À ce sujet, certaines idées étranges sont assez répandues dans notre culture. Parmi celles-ci, la plus courante est que « manipuler est mal », ou tout simplement qu’« il ne faut pas manipuler ».
110
A PPRIVOISER
LE CHANGEMENT AVEC L’ AUTO - HYPNOSE
Pour prendre à contre-pied cette croyance, voici ce que Milton Erickson – l’un des pères de la psychothérapie moderne – déclarait au sujet de la manipulation : « On m’a accusé de manipuler les patients, ce à quoi je réponds : toute mère manipule son bébé, si elle veut qu’il vive. Elle lui apprend même à pouvoir rentrer dans le langage de la manipulation. Chaque fois que vous allez dans un magasin, vous manipulez l’employé pour qu’il vous fasse un prix. Et quand vous allez au restaurant, vous manipulez le serveur. Vous manipulez un stylo, pour écrire, pour noter vos pensées, le professeur à l’école vous manipule pour vous apprendre à lire et à écrire. Bref, la vie n’est qu’une gigantesque manipulation... » (M.H. Erickson)
Le problème n’est en effet pas la manipulation – qui est un principe parfaitement neutre – mais l’action et les conséquences de cette manipulation. Celle-ci peut être néfaste, mais elle peut aussi aider, créer, transmettre, sauver. Dans l’utilisation des outils qui sont décrits dans ce livre – et plus encore dans ce chapitre – il est important pour vous de ressentir les conséquences de ce que vous allez mettre en pratique. Certains pensent que les outils puissants ne doivent pas être transmis. Il est aussi possible de penser que nous sommes responsables et capables de choisir. Nous n’avons pas peur de disposer de nos mains pour agir, utiliser des objets, construire créer... même si nous sommes parfois maladroits et que des erreurs sont possibles. Nous apprenons tous à écrire, en sachant parfaitement que quelques mots – même simples – peuvent blesser... ou bien rendre heureux. L’utilisation des mots crée des réactions et donc des changements, c’est inévitable. Si les conséquences sont connues et assumées, alors cette manipulation peut faire grandir. Une manipulation peut être saine et positive si elle est produite en conscience et par rapport à un objectif donné. Au contraire, l’ignorance des principes de manipulation peut générer des conséquences graves : combien de parents transmettent des croyances limitantes ou des peurs à leurs enfants, en essayant de bien faire ? Une bonne intention ne suffit pas toujours. Seul un acte en conscience peut prétendre être réellement positif.
InterEditions-Dunod – La photocopie non autorisée est un délit
Influence, communication et séduction
111
Une autre idée en découle : nous devons percevoir que nous manipulons tous, tout le temps. Parfois cela se fait de façon consciente et parfois de façon intuitive, inconsciente. Que ce soit par nos vêtements, notre gestuelle, le choix de nos mots, nos regards... toute interaction entre deux individus est une manipulation. Un enfant utilise intuitivement la communication pour obtenir une attention ou une autre satisfaction. En grandissant, nous ne faisons qu’améliorer cette manipulation, envers nous-mêmes et envers les autres. Notre dialogue intérieur, nous l’avons vu, est une manipulation interne. Nos croyances aussi. Par notre personnalité, nous mettons les autres à l’aise ou mal à l’aise. Nous les amenons à parler, à rire, à prendre de la distance ou à nous apprécier. Il est impossible de ne pas manipuler. Là encore la solution est simple : puisqu’il est impossible de l’éviter, nous devons connaître les fonctionnements de cette manipulation. De même que la connaissance du dialogue intérieur peut amener à un silence interne, un détachement ou au moins à une meilleure gestion des pensées, la connaissance de la manipulation permet tout autant d’éviter la manipulation externe lorsque qu’elle nous est négative, que d’éviter de manipuler de façon perverse notre entourage.
SÉDUIRE ? SÉDUIRE
Depuis quelques années, les cours de séduction fleurissent. Cette tendance, qui est née aux États Unis, avec pour base des méthodes dérivées de la P.N.L. s’est aussi largement répandue en France avec différentes approches qui ont comme point commun un travail à deux niveaux : • Une action sur soi permettant de se sentir à l’aise, de dépasser la
timidité, de ne plus subir le regard de l’autre, de travailler sur son langage verbal et corporel ou encore sur sa voix ;
112
A PPRIVOISER
LE CHANGEMENT AVEC L’ AUTO - HYPNOSE
• Une mise en application de techniques de communications
basiques, destinées à créer de bons rapports et des échanges agréables à vivre. Bien entendu, la première réaction face au développement de ces cours a été de critiquer, de descendre en flèche les « coachs en séduction » et toutes les méthodes proposées autour de ce travail. Les arguments qui sont revenus le plus souvent pour rejeter cette pratique sont : « la séduction ne s’apprend pas », « c’est artificiel » ou encore « il faut être soi-même ». À la première critique, on peut répondre que dans ce domaine il n’est pas d’inné : tout s’apprend. Nous ne naissons pas avec une capacité sociale aboutie. Elle se développe par les contacts, et c’est sans doute l’une des principales raisons de la scolarisation en bas âge. Seulement, nous sommes désarmés et inégaux dans ce domaine, car personne ne nous dit comment nous y prendre pour bien communiquer. Nous n’avons rien de structuré pour apprendre à communiquer : aucune règle, aucun conseil, seulement une joyeuse anarchie censé s’organiser toute seule et qui donne plus tard beaucoup de travail à tous les thérapeutes qui aident les couples, les familles ; à tous les coachs qui viennent faciliter les relations en entreprise et les négociations. Comme dans beaucoup de domaines, un présupposé, celui que l’apprentissage se fait « naturellement » empêche le développement d’une attitude pragmatique. Cette vision est extrêmement naïve et ne repose que sur une réalité tronquée. Les victimes en sont nombreuses. Pour les autres critiques, il convient de préciser un point : séduire ne consiste pas à forcer l’autre, mais à savoir établir une relation harmonieuse. Par exemple, en communication, certaines personnes se dévalorisent. Par peur, par honte, par timidité, elles ne se présentent pas telles qu’elles sont, elles cachent leur personnalité sous une maladresse, un regard fuyant, ou même quelques kilos en trop qui ont pour but d’éviter un possible rapport de séduction. D’autres en font trop, se protègent, se cachent, et ont souvent du mal à nouer des relations de confiance. Ces comportements sont artificiels mais celui qui consiste à être soi, à s’assumer et à être libre est bien plus profond et intéressant. Pour y parvenir, un travail est souvent nécessaire.
Influence, communication et séduction
113
Un bon coach en séduction fonde avant tout sa pratique sur le bon sens ; il sait que la personne qu’il aide doit devenir elle-même et, pour cela, elle doit explorer son identité.
InterEditions-Dunod – La photocopie non autorisée est un délit
L’homme Alpha ? L’homme ou la femme Alpha représentent une personne ayant développé les qualités qui en font un être à part, particulièrement charismatique. Loin d’une théorie du « surhomme » ou d’une simple recherche ou volonté de puissance, les personnes désignées par la première lettre de l’alphabet grecque se démarquent par un état d’équilibre interne dont ont peut entreprendre d’énumérer les principales caractéristiques. L’Alpha est souvent considéré comme un « leader naturel ». Naturel dans le sens où il n’a pas besoin, pour agir sur son environnement, d’utiliser des artifices ou de susciter de la peur. Il n’a pas besoin de contraindre l’autre. Tout vient chez lui du pouvoir qu’il a pris sur lui-même, bien souvent acquis à force de travail. C’est ce pouvoir qui en fait un être à part. Il est conscient de lui-même, de ses qualités mais aussi de ses défauts. Il assume ces derniers sans complexe : ses faiblesses et ses imperfections deviennent alors des atouts, une force. Ses défauts ne font que le rendre plus touchant, entier, sincère. Il inspire alors confiance et crée de l’empathie. Il a une image réaliste de lui-même et ne cherche pas à tout prix à maîtriser : il accepte l’imprévisible et sait tout particulièrement s’adapter aux situations qu’il rencontre. Il sait aussi faire confiance à l’autre et à son propre inconscient. Il retire de cela une confiance en lui-même, légitime et jamais exagérée : il n’a pas besoin « d’en mettre plein la vue » et ne ressent plus le besoin de compenser un manque quelconque. C’est un être qui sait choisir et passer à l’action. Il porte et assume ensuite ses prises de positions tout en restant à l’écoute et sensible à la critique. Il sait tirer parti de l’extérieur tout autant qu’il a confiance en lui. Les obstacles sont alors perçus comme des moyens d’évolutions, des occasions d’apprendre et de prendre du plaisir. Il se nourrit du monde et de ce qui se présente à lui.
114
A PPRIVOISER
LE CHANGEMENT AVEC L’ AUTO - HYPNOSE
Il est curieux et à l’écoute ; il sait être ouvert, attentif aux autres. Il recherche une vie en accord avec les principes qu’il s’est fixé et il est prêt à prendre des risques quand il les juge nécessaires. Il n’a pas d’attaches qui le conditionnent mais aime sa liberté et sait la préserver. Ces qualités en font un être sociable et apprécié, qui sait aussi s’entourer. Cette description doit bien entendu prendre en compte que les Alphas sont très différents les uns des autres : la première règle étant une acceptation de soi, l’Alpha est forcément unique, il est simplement la meilleure version de lui-même à un instant donné. Ces personnes sont rares et ces qualités sont plus ou moins marquées chez certains. Mais il nous arrive d’en rencontrer. Ce sont des êtres qui savent inspirer les autres, insuffler la vie autour d’eux. Des personnes qui marquent par leur présence et leur simplicité, des modèles qui doivent nous rappeler que nous sommes tous capables d’évoluer et de nous rapprocher de nous-mêmes. LA MODÉLISATION
La description qui vient d’être présentée a principalement pour but d’amener à se poser certaines questions : – Qu’est-ce qui me sépare de cet Alpha ? – Quels sont les axes de travail qui vont me permettre de m’en rapprocher ? – Quelles sont les parties de moi que je n’assume pas (encore) totalement ?
Ou plus simplement : – Comment serais-je si j’étais parfaitement libre d’être moi ?
Ce chapitre est celui d’un travail passant par l’étude de ce qui nous est extérieur. La technique proposée ici repose sur l’étude de personnalités marquantes que nous avons pu croiser ou rencontrer. Il s’agit de la modélisation. Derrière ce mot se cache en fait un principe extrêmement simple et une méthode d’apprentissage que nous avons tous expérimentée dès notre plus jeune âge.
Influence, communication et séduction
115
Avant la parole, l’enseignement didactique et la lecture, nous avions une façon intuitive et instinctive d’apprendre – que nous avons tous plus ou moins conservée – à savoir, la reproduction. Un enfant est une éponge, il prend ce qu’il reçoit de son entourage et dépense une énergie considérable pour reproduire ce qu’il voit et ce qu’il entend. Ce mimétisme porte sur les comportements, attitudes, émotions et, de façon générale, tous les modes de communication utilisés par l’entourage. Apprendre par modélisation présente des avantages et des limites qu’il est bon d’avoir à l’esprit avant d’entreprendre les exercices présentés dans la suite de ce chapitre. Les principaux avantages sont au nombre de trois : • Rapidité d’intégration de l’information
Elle est due au fait que la modélisation est forcement liée à un passage à l’action qui mobilise nos capacités. Elle oblige aussi à vivre l’apprentissage, à passer par la mémoire de notre corps et de notre ressenti. Ainsi, par exemple, nous apprenons facilement une langue maternelle par modélisation, mais plus lentement une autre langue par un apprentissage intellectuel.
InterEditions-Dunod – La photocopie non autorisée est un délit
• Ouverture d’esprit
Passer par des modèles extérieurs sous-entend être ouvert et attentif aux personnes que nous croisons. Partir du principe que chaque personne rencontrée peut à la fois nous apprendre quelque chose sur nous et sur des façons originales d’exploiter des possibilités. Le sens de l’observation est alors déterminent, il se développe rapidement par cette pratique. • Créativité
Les personnes habituées à modéliser, de par la palette de possibilité qu’elles emmagasinent, sont douées pour imaginer de nouvelles possibilités et adapter leurs connaissances aux situations. Elles ont à leur disposition un large panel dans lequel leur inconscient peut puiser à volonté pour créer des réactions originales et personnalisées. Les limites de la modélisation tournent autour d’un axe principal : la modélisation suppose une acceptation qui, sans esprit critique, peut être nuisible. Ainsi, un enfant peut prendre le modèle de
116
A PPRIVOISER
LE CHANGEMENT AVEC L’ AUTO - HYPNOSE
ses parents et apprendre parfois des croyances qu’il n’aurait ni choisies, ni désirées. Des croyances qui plus tard vont le limiter. Sans esprit critique, les suggestions extérieures ont aussi plus d’impact et d’influence. Dans le cas où ces suggestions sont négatives, elles peuvent causer des dégâts. Aussi, pour pallier à cette faiblesse, tout travail de modélisation doit être soumis à une analyse, à une détermination d’objectif précise.
De même, la dernière étape de la modélisation que nous allons étudier et qui consiste à adapter ce que l’on a appris d’un modèle à sa personnalité, sera une protection importante pour éviter une dérive potentielle.
Principes La modélisation fonctionne à partir d’un transfert d’informations depuis une personne extérieure, vers notre propre personnalité. Si la base est la même que le comportement d’un enfant – comme évoqué précédemment – nous allons renforcer ce mode naturel par un exercice détaillé, dont la base est une projection mentale, un travail d’auto-hypnose, d’auto-suggestion. Deux étapes : • Aller chercher chez un ou plusieurs modèles, des qualités et un
développement que l’on souhaite vivre, expérimenter et acquérir ; • Ramener ces capacités à soi.
Mise en pratique Choisir un modèle
Il est possible de travailler sur de nombreux modèles qui disposent tous de capacités intéressantes que l’on souhaite découvrir et adapter à soi. Pour commencer, un seul suffira.
Exercice : Travailler un modèle Pensez à une personne qui dispose de comportements ou de possibilités que vous aimeriez développer rapidement. Un trait général comme la confiance, l’optimisme, le détachement, l’humour... feront très bien l’affaire.
Influence, communication et séduction
117
Pensez à la description de l’Alpha pour trouver des capacités que vous souhaitez développer chez vous, et demandez-vous chez quelle personne vous avez déjà rencontré ces qualités. Il vous faut un maximum d’informations sur le modèle choisi. L’idéal étant de connaître et de fréquenter cette personne. Toutefois, des écrits ou des vidéos peuvent être suffisants.
De nombreux sportifs modélisent les personnalités les plus performantes dans leur domaine, à partir d’enregistrements de compétitions ou d’entraînements. Robert Dilts, connu pour être l’un des plus grands spécialistes de la modélisation, a notamment modélisé les stratégies mentales d’Aristote de façon très pertinente, seulement à partir d’écrits. Un tel résultat a, sans aucun doute, demandé une masse considérable de travail, mais le résultat est un ouvrage remarquable, pertinent et utilisable. Pensez aussi qu’une adaptation des comportements du modèle sera sans doute nécessaire : ils peuvent ne pas être immédiatement en phase avec vous, c’est en les aménageant que vous découvrirez comment ils peuvent vous être utile. La modélisation n‘a pas pour but de créer des robots reproduisant des routines apprises, mais un élargissement des possibilités personnelles.
InterEditions-Dunod – La photocopie non autorisée est un délit
Entrer dans le monde du modèle
Avez-vous déjà entendu parler de ces profiler qui, pour faciliter l’arrestation de criminels, entrent dans leur monde ? Ils deviennent ces personnes, allant jusqu’à « vivre avec leur personnalité » pour comprendre de l’intérieur leurs motivations, leurs comportements, leur façon de penser... et rendre plus prévisibles leurs actions futures. La logique est implacable : en devenant l’autre, je comprends ce qu’il a en tête et donc je peux imaginer les décisions qu’il va prendre. La précision est d’autant plus forte que la modélisation se base sur des déductions cohérentes et complètes du modèle de fonctionnement du criminel. Notre principe est le même : nous devons entrer dans le monde de l’autre. Une collecte d’informations est donc indispensable et elle mérite d’être détaillée.
118
A PPRIVOISER
LE CHANGEMENT AVEC L’ AUTO - HYPNOSE
Cette première étape consiste à partir de la personnalité d’un individu, la détailler, la découper en séquences facilement reproductibles.
Voici les informations que vous devez rechercher en priorité : (Cette technique reprend la progression nommée « les niveaux logiques » introduite par Robert Dilts et souvent reprise en P.N.L.) • L’environnement de la personne : les contextes historiques, cultu-
•
•
•
•
•
rels, religieux, les activités, les ressources ainsi que les possibilités ou limites données par cet environnement. L’environnement peut être le niveau le plus complexe à reproduire, car il ne dépend pas toujours d’une volonté immédiate. Le connaître en détails permet, par contre, d’inclure les possibles différences et d’adapter les autres niveaux en fonction. Les comportements spécifiques et originaux de ce modèle ou sa capacité à interagir avec son environnement. Des éléments précis : façon de bouger, intonations de voix, tonus musculaire... choix de mots, rythmes... habitudes, routines... Le travail du chapitre précédent doit vous avoir aidé à détailler les comportements et leur évolution. Capacités et stratégies : façon de penser, de réagir, aptitudes, façon de comprendre et de choisir ses réactions et donc de s’adapter aux circonstances. Comment est-ce qu’il génère ses comportements ? Les croyances : quelle est la vision du monde du modèle ? Comment sa subjectivité s’exerce-t-elle ? Quelles sont ses limites ? Ses valeurs ? Autrement dit : qu’est-ce qui pousse et motive les actions de cette personne ? Quelles sont les pensées sous-jacentes qui le font passer à l’action et avancer ? Le chapitre sur les croyances doit pouvoir, là aussi, vous aider à collecter ces informations. Quelle est l’identité de cette personne ? Quelle perception d’elle-même a-t-elle développée ? L’identité est générée par les croyances et les valeurs, celles-ci étant une manifestation de ce que cette personne incarne. Un dernier niveau peut être envisagé : celui qui relie la personne à ce qui va au-delà de son identité : le milieu social, familial, professionnel... mais aussi l’appartenance à une éthique, une
Influence, communication et séduction
119
spiritualité, ou à un code d’honneur perçu comme étant plus important que l’individu lui-même. Cette séparation en niveaux est pertinente dans le sens où chaque niveau interagit directement sur ceux qui l’entourent (le premier et le dernier niveau peuvent eux aussi se rejoindre), et permet de séquencer les informations collectées sur le modèle, sans pour autant perdre une vue d’ensemble. Posez-vous un maximum de questions pour chacun de ces niveaux et faites en sorte de rendre cohérents les comportements de votre modèle, avant de passer à l’étape suivante. Devenir le modèle
D’une certaine façon, c’est ici que le changement commence à se mettre en place. L’opération est assez simple :
InterEditions-Dunod – La photocopie non autorisée est un délit
Visualisez votre modèle, en action. Voyez-le bouger, entendez-le parler. Cette projection doit réunir tous les éléments que vous avez collectés dans l’étape précédente. Pour les personnes qui ont du mal à créer une visualisation précise, partez du principe que votre intention est déterminante : vous devez imaginer que le modèle est devant vous, le ressentir, et savoir qu’il fait ce que vous désirez savoir faire. L’image est accessoire. Quand, au bout de plusieurs minutes de concentration, vous avez fait le tour de toutes les caractéristiques présentes dans cette projection, vous pouvez vous projeter à l’intérieur de votre modèle : vous pouvez entrer dans ce modèle, comme on entrerait dans un appartement, dans un costume, dans un nouveau corps. Ce faisant, soyez attentif à tous les ressentis : – Commencez par les sensations : le corps est différent. Demandez-vous en quoi vous le sentez : taille, corpulence, forme du nez, taille des yeux, musculature, tonus musculaire... – Puis, posez-vous la question de vos pensées : quelles sont-elles ? Comment fonctionnent-elles ? Quel est leur rythme ? Quelle est leur « consistance » ? – Enfin, passez en revue toutes les autres différences, principalement celles qui sont liées aux conséquences de ce que vous désirez modéliser chez cette personne.
Le niveau le plus important est celui des sensations, il permet au corps un réel apprentissage et vous servira lors de l’étape suivante.
120
A PPRIVOISER
LE CHANGEMENT AVEC L’ AUTO - HYPNOSE
Trier et intégrer
En entrant entièrement dans cette projection, vous aurez sans doute une sensation déstabilisante – pas toujours agréable – et qui est due au fait d’être « dans la peau d’un autre ». Même si le modèle est une personne qui vous inspire et que vous appréciez, vous n’avez sans doute pas envie de lui ressembler à un tel point. Cette phase est pourtant indispensable puisqu’elle va vous permettre de poser la base de ce que vous désirez conserver en vous, avec vous, et de ce qui au final vous semble trop éloigné de vous-même, ou encore de ce qui nécessite une adaptation. Il s’agit donc maintenant de faire le tri, de vous débarrasser de tout ce qui vous semble superflu ou inadapté.
Pour ce faire, en partant de l’intérieur de votre modèle, vous allez revenir vers vous, en vous concentrant sur les sensations qui découlent de ce que vous recherchez dans cette modélisation. L’idée est de vous accrocher à ces sensations, de les maintenir en vous, tout en revenant vers votre corps. En revenant vers vous, vous allez sentir ces sensations s’adapter. Une fois revenu en vous, laissez ces sensations vous guider : elles devraient vous donner des envies, des pensées, des émotions... selon ce que vous avez désiré prendre de votre modèle. Puis, effectuez deux ou trois fois cet aller-retour entre votre modèle et vous afin de collecter des informations de plus en plus précises. À chaque renouvellement, cherchez à plonger plus profondément dans l’expérience : entrer et ressortir du modèle doit devenir de plus en plus évident pendant l’exercice.
Soyez vigilant au fait qu’un comportement, même simple et « positif », comme la confiance, crée des changements à différents niveaux en modifiant le rapport au monde. Parfois vous vous sentirez totalement en accord avec ces changements, car ils sont en phase avec ce que vous désirez vivre, et en accepter les conséquences vous semblera évident.
Il ne vous reste ensuite qu’à vérifier. Après un tel exercice, il est important de se confronter au plus vite à une situation nouvelle qui va mettre ces nouvelles compétences à l’épreuve. Le passage à une utilisation réelle permet une validation plus profonde et renforce l’intégration du changement. Après un tel exercice, il peut être surprenant de « se voir agir » avec un comportement que l’on ne se connaissait pas. Se crée alors
Influence, communication et séduction
121
un phénomène de dissociation qui peut devenir assez déstabilisant mais qui, heureusement, est très temporaire : « Je me vois agir naturellement avec un comportement que je ne connaissais pas il y a quelques heures encore. »
D’autres modèles Une telle technique n’a pas de limites, il est possible de modéliser chaque personne qui dispose de qualités intéressantes. Bien entendu, modéliser Mozart ne fera pas du premier venu un musicien de génie. Mais ce travail l’aidera à aborder la musique avec un état d’esprit adapté, et une « intuition » plus forte. Modéliser un coureur de marathon délivrera des indices sur la façon de gérer le corps, les appuis, la respiration et le rythme cardiaque, mais aussi sur les qualités mentales à travailler. Modéliser un peintre permettra peut-être un développement de la créativité et modéliser un bon orateur facilitera la compréhension de l’impact de la voix, du choix des mots, et du rapport à un public. Les exemples sont nombreux, les possibilités illimitées.
InterEditions-Dunod – La photocopie non autorisée est un délit
Modéliser Son Alpha Comment seriez-vous en ayant développé toutes les qualités de l’être Alpha qui existe au fond de vous ? Le plus complexe est peut-être de le définir. Tous les exercices de ce livre doivent toutefois aider à se faire une idée de ce que vous pouvez trouver en vous. Alors il devient possible de s’auto-modéliser : • Le personnage que vous définissez est simplement une autre • • • •
version de vous ; C’est dans cet autre vous, libre, épanoui, que vous entrez ; C’est en lui que vous puisez vos informations ; C’est en lui que vous percevez votre évolution ; C’est en lui que vous comprenez, que vous ressentez. C’est en vous que vous ramenez cette connaissance, que vous l’installez.
122
A PPRIVOISER
LE CHANGEMENT AVEC L’ AUTO - HYPNOSE
L’être Alpha est une personne qui attire, qui séduit naturellement, avec qui on a envie d’être, de partager, de découvrir... ce travail était donc la base pour aborder la partie suivante de ce chapitre. Toutes les techniques qui vont suivre sont basées sur un travail de suggestion. Et une suggestion est d’autant plus forte qu’elle est émise par une personne qui croit en elle et qui dispose d’une présence forte et bienveillante. ENTRER EN RELATION
Voici les résultats d’une étude américaine, réalisée sur un large panel de personnes sondées, qui cherchait à classer les peurs les plus fortes : • En premier arrive la peur de parler en public ; • En second arrive la peur de mourir.
Pouvons-nous en déduire que certaines personnes préfèreraient mourir que parler en public ? Certaines peurs conditionnent en effet les rapports sociaux et empêchent qu’ils se créent de façon harmonieuse. Les plus récurrentes sont : • Peur de ne pas savoir quoi dire ; • Peur de ne pas être intéressant ; • Peur de ne pas être naturel ; • Peur de ne pas être compris, ou accepté. • ...
Les rapports de séduction, par exemple, sont problématiques pour beaucoup d’hommes et de femmes. Et nous avons vu à quel point la séduction est importante dans notre vie, non seulement dans nos rapports intimes, mais aussi dans les sphères professionnelles et amicales.
Qu’est-ce qui nous séduit ? Ce qui nous sort du quotidien tout en nous parlant de nous. Ce qui éveille notre curiosité, et nous replonge dans des émotions connues. Ce qui nous rassure et nous déstabilise. L’assurance, la confiance et la fragilité.
Influence, communication et séduction
123
La dualité, les opposés. Ce qui nous touche, intimement. Ce qui nous fait rêver.
Ici, nous allons décoder, de façon succincte, les différentes phases de la séduction afin de démystifier et de faciliter la création de rapports et de relations.
Créer une relation : aborder Dans toute relation, la première rencontre tient une place déterminante. Bien sûr, la sagesse voudrait que l’on se méfie de tout jugement hâtif, que l’on essaye de comprendre avant d’avoir une opinion... mais le fait est que peu de personnes vont au-delà d’une première impression ; beaucoup se laissent fortement guider par le ressenti créé dès la « première image ». C’est sans doute la conscience de cet état de fait qui rend si difficile l’opération consistant à aborder une personne étrangère dans notre culture. Les coachs qui viennent en aide à des personnes qui ont du mal à entrer en relation s’aperçoivent que les premiers mots, la première phrase, constituent pour eux un obstacle considérable.
InterEditions-Dunod – La photocopie non autorisée est un délit
« Que dois-je dire ? Comment créer le contact ? Quelle phrase peut me permettre d’aborder l’autre ? »
L’idée sous-jacente serait celle d’une phrase type, passe-partout, qui pourrait servir à créer tout de suite une relation. Une telle phrase n’existe pas. Mais il est possible de comprendre comment un contact se crée de façon spontanée... et de trouver cette spontanéité. Observer des enfants de deux ou trois ans dans un square ou un jardin permet tout de suite de comprendre comment nous avons tous eu cette capacité.
Il faut savoir qu’une première phrase ne consiste qu’en une accroche, et sera bien souvent complètement oubliée deux minutes plus tard. Elle n’a donc pas pour but d’être profonde et spirituelle mais seulement d’ouvrir une conversation.
124
A PPRIVOISER
LE CHANGEMENT AVEC L’ AUTO - HYPNOSE
La ratification Hors d’un basique (mais efficace) « bonjour » – qui n’aura bien souvent pour conséquence qu’une réponse du même ordre, polie certes, mais qui n’engagera pas une conversation particulière – la meilleure façon de rencontrer une personne consiste à effectuer ce que l’on nomme dans le jargon de la communication, une ratification. La ratification est la verbalisation d’un ou plusieurs éléments concrets, objectifs, et – si possible – immédiatement présents. Elle ne peut entraîner qu’un accord de la part de celui ou celle à qui elle s’adresse.
Une ratification est donc une chose extrêmement simple et naturelle : elle peut consister simplement à relever un élément présent dans le contexte ou visible chez votre interlocuteur. Elle est bien entendu à adapter, à la fois au milieu et aussi à l’interlocuteur. Quelques exemples simples – Vous semblez être à l’aise, j’aime bien les gens sûr d’eux, c’est souvent plus facile de communiquer avec eux. – Vous penchez la tête sur le côté quand vous parlez, beaucoup de personnes disent que c’est un signe de sensibilité, pour ma part, je pense qu’il s’agit aussi d’une certaine timidité, qu’en pensez-vous ? – Vous avez remarqué cette personne là-bas, elle n’arrête pas de regarder dans notre direction, vous la connaissez ? – Vous, vous avez tendance à rougir facilement.
Pourquoi la ratification est-elle la meilleure façon d’ouvrir une conversation ? • Elle désarme, elle oblige à entrer dans un échange ; • Elle valorise l’autre, elle le ramène à lui. En tant qu’interlocuteur,
on ne peut plus être considéré comme dangereux ou intrusif ; • Elle fait parler, et surtout, elle permet à l’autre de parler de lui (ou d’elle), ce qui nous donne l’occasion de l’observer et de se synchroniser ; • Elle empêche les réponses type « oui », « non », trop courtes et sur lesquelles il est difficile de rebondir.
Influence, communication et séduction
125
Les éléments d’une bonne ratification Bien entendu, la ratification n’est pas la même selon le contexte : lorsque l’on croise une personne dans la rue, la ratification doit être courte et ciblée, tandis que dans un contexte plus « détendu » (réunion, bar, entretien...), elle peut être plus posée et construite. L’élément le plus perceptible
Une bonne ratification est souvent liée à un élément qui caractérise une personne : un vêtement voyant, une attitude prononcée. Bien entendu, on évitera ce qui peut mettre mal à l’aise. Lorsque l’on rencontre quelqu’un on peut par contre se demander « Qu’est-ce que cette personne cherche à mettre en avant chez elle ? » Ce qui revient à se poser une autre question : « Si j’étais cette personne, quelle remarque me ferait le plus plaisir et validerait l’image que j’ai de moi et celle que je veux refléter ?»
Un individu capable de trouver une réponse à cette question chez chaque personne qu’il rencontre sera un excellent communicateur.
InterEditions-Dunod – La photocopie non autorisée est un délit
Terminer par une question
Il s’agit de faire parler l’autre. Aussi, terminer la phrase avec un point d’interrogation l’incitera d’autant plus à vous livrer des informations. Il s’agit souvent d’une question ouverte qui a même pour but de pousser l’autre à se poser des questions à lui-même. Quelqu’un qui nous fait réfléchir sur nous est une personne de confiance, cela crée une plus forte intimité car c’est un vécu différent et unique. Hypnose et ratification
Les hypnotiseurs utilisent beaucoup la ratification pour rassurer leur sujet au début d’une séance. La ratification donne un avantage supplémentaire dans ce cas de figure : elle favorise l’accord de l’interlocuteur. On rentre ainsi dans l’utilisation d’un principe bien connu des commerciaux : le « oui » appelle le « oui ». Dans l’exemple qui suit, la dernière proposition est bien moins évidente que les autres, mais sera acceptée car l’interlocuteur est « conditionné » à dire oui par ses réponses précédentes :
126
A PPRIVOISER
LE CHANGEMENT AVEC L’ AUTO - HYPNOSE
« Vous être assis, votre rythme de respiration est assez stable, vous écoutez ma voix et vous vous détendez profondément. »
Dire simplement à une personne « vous vous détendez profondément » ne fonctionnera pas, ou dans très peu de cas. Préparer une personne avec trois ou quatre ratifications simples l’amènera à accepter l’idée de la détente et à répondre affirmativement. Voici un autre exemple qui pourrait être adapté à un entretien d’embauche : « Vous cherchez quelqu’un qui a des capacités bien précises et votre but est de savoir si j’ai ces qualités en quantité suffisante, pour ce faire vous avez une stratégie, mais aussi une analyse spécifique et vous savez comment je peux vous montrer ces capacités... aussi vous pouvez vous préparer à les observer et à les déduire pendant que nous allons échanger. »
Nous sommes ici à la frontière entre la ratification, et la technique suivante :
Créer le rapport, faire parler l’autre : « cold reading » Nous ne nous confions qu’aux personnes avec qui nous avons une relation privilégiée, avec qui nous sommes à l’aise. Livrer des informations à une personne que l’on ne connaît pas nous oblige à la considérer autrement.
Le « cold reading », ou « lecture à froid », est ce qu’utilisent de nombreux « voyants » ou « magiciens » pour créer l’illusion qu’ils lisent dans les pensées de leurs interlocuteurs. Il s’agit de recueillir des informations sur la personne avec qui l’on parle en un minimum de temps, tout en lui donnant l’impression que l’on connaît ou comprend beaucoup de choses sur elle. La technique est appelée lecture à froid, car elle ne se base que sur des informations recueillies pendant la rencontre et non pas préparées par des connaissances antérieures. Il s’agit d’observer de façon attentive et minutieuse l’interlocuteur pendant qu’on lui parle et de se servir de ses réactions pour en déduire un maximum d’éléments.
Influence, communication et séduction
127
(Dans les faits, nous avons souvent quelques informations sur les personnes avec qui nous communiquons, celles-ci peuvent faciliter et améliorer la lecture à froid). Cette technique demande donc un grand sens de l’observation, la maîtrise des suggestions indirectes, du questionnement et un bon sens de déduction. Si ce livre n’a pas pour but de donner un cours complet en la matière, quelques bases simples peuvent suffire à favoriser le développement de cette capacité de façon tout à fait satisfaisante pour la plupart des rencontres et discussions. Observation
Celle-ci est la même que si l’on voulait préparer une modélisation. Il est important d’observer le style, les manières, le niveau social, les tics de langage et la gestuelle, et tout autre détail qui viendra favoriser votre intuition. Les questions à se poser sont : – Qu’est-ce que je ressentirais si j’étais cette personne ? – Quelle serait ma vision du monde ? – Quelles sont mes croyances, mes perceptions, mes valeurs ? – Qu’est-ce que j’aime ou n’aime pas ? Qu’est-ce qui m’attire ou me repousse ?
InterEditions-Dunod – La photocopie non autorisée est un délit
Questions et adaptations
Lors de la prise de contact, il vous faudra poser des questions ouvertes pour collecter de l’information. Dès que vous déduisez avec quasi certitude une donnée importante chez l’autre (prise de position, goût, idée reçue, croyance...) affirmez-la avec force. Soit en vous l’appropriant : Pour moi il est inconcevable de voir que... J’ai toujours pensé qu’il est important de... J’aime avant tout les gens qui sont...
Soit en la portant au bénéfice de l’autre : Vous semblez être quelqu’un de pragmatique. Vous êtes quelqu’un de sensible et qui aime comprendre les gens.
128
A PPRIVOISER
LE CHANGEMENT AVEC L’ AUTO - HYPNOSE
Plus ce type d’affirmation arrive tôt, plus votre interlocuteur se sentira à l’aise, il aura la sensation de communiquer avec quelqu’un qui le comprend. Vous-même, vous aurez la possibilité de trouver les mots les plus justes et adaptés au langage de l’autre. Servez vous du « feed-back » visuel, c’est-à-dire des réactions non verbales à vos affirmations pour les appuyer, ou en cas d’erreur, pour changer rapidement de sujet. Plus vous avancez dans l’échange, plus vous aurez de données qui viendront faciliter vos affirmations. Astuces
L’esprit retient bien plus les points communs et les résultats positifs que les erreurs. Se tromper de temps en temps ne sera donc pas gênant, il faut simplement continuer la conversation pour passer rapidement à autre chose. Pensez aussi que les affirmations sur les qualités d’une personne ont le double avantage de valoriser et de gêner : elles créent un climat positif et intime. Les spécialistes de la lecture à froid ont tendance à être très renseignés sur les « tendances », les études de psychologie, les statistiques... qui aident souvent à affiner les affirmations et à mieux décoder les signes émis par le langage non verbal. Enfin, l’entraînement est important : un exercice simple peut consister à vous amuser à « lire les lignes de la main » de vos amis pour vous entraîner à leur parler d’eux... plus vous réussirez à les surprendre, plus vous validerez la maîtrise de cette technique.
L’art de poser des questions Dans toute communication c’est la personne qui pose les questions qui impose son rythme, et non celle qui y répond. Ainsi, pour donner la direction à une conversation, vous devez poser un maximum de questions. Dans l’idéal, une phrase sur deux doit être une question. Cependant, certaines questions sont plus intéressantes que d’autres car elles ouvrent plus de portes. On peut distinguer d’un côté les questions ouvertes et d’un autre les questions fermées.
Influence, communication et séduction
129
Une question fermée est une question à laquelle on ne peut répondre que par oui ou par non, souvent introduite par « est-ce que » : « Est-ce que vous allez bien ? »
Ce type de question pose un problème, car la réponse peut être négative, ce qui coupe la communication. Partez du principe que beaucoup de personnes aiment répondre non : évitez les questions fermées. Les questions ouvertes sont quant à elles introduites par : quand, comment, pourquoi, où... Elles forcent un développement, une réflexion. « Quand vous vivez un bon moment, comment savez-vous que vous vous sentez bien ? »
InterEditions-Dunod – La photocopie non autorisée est un délit
Pour répondre à une telle question, une personne est obligée de se mettre en situation : elle doit se souvenir d’un bon moment, rentrer dans ses sensations, les retrouver... même si elle répond « je ne sais pas », elle aura commencé à rentrer dans une sensation plus agréable. Vous obtiendrez donc une réponse bien plus précise et des informations sur votre interlocuteur.
Mise en pratique Le Bonjour
C’est un exercice basique, mais extrêmement efficace pour s’habituer à avoir le contact facile et à passer la barrière du langage. Il se pratique en extérieur, si possible dans une rue passante, un centre commercial, à une sortie de métro ou de gare...
Exercice : Bonjour Madame ! Bonjour Monsieur ! En restant immobile, il s’agit de saluer toutes les personnes qui passent devant vous. Les premières minutes sont généralement pénibles, puis, l’habitude venant, vos « bonjour » sortiront naturellement. Notez les réactions des personnes que vous croisez : celles qui vous répondent, celles qui vous évitent, celles qui ne vous écoutent pas.
130
A PPRIVOISER
LE CHANGEMENT AVEC L’ AUTO - HYPNOSE
Votre but, une fois les premières minutes passées, est d’attirer l’attention, sans surjouer : c’est le moment de travailler votre voix, votre articulation, et le langage non verbal : sourire, attitude corporelle... Le premier jour, saluez cent personnes et notez le nombre de retours positifs, c’est-à-dire de réponses verbales et non verbales. Chaque jour, vous devez parvenir à améliorer votre pourcentage de réponses positives.
La première phrase : la ratification
C’est une évolution de l’exercice précédent. Il se fait en deux étapes. La première peut s’effectuer à la terrasse d’un bar, dans une avenue passante ou dans tout autre endroit où vous pouvez observer une bonne quantité de personnes défiler devant vous.
Exercice : Je ratifie ! Mentalement, notez l’élément qui caractérise le plus chaque personne qui passe devant vous. Cet élément est celui sur lequel vous construirez votre ratification. C’est un exercice important : la répartie peut se travailler mentalement, vos pensées doivent être de plus en plus rapides. Avec la pratique, vous devez pouvoir à chaque fois que vous croisez une personne – et de façon instantanée – faire une ratification qui vous vient à l’esprit. Plusieurs heures peuvent être nécessaires pour arriver à ce résultat. La seconde étape consiste, en marchant, à engager la conversation avec des personnes que vous croisez en les abordant à l’aide d’une ratification. Un simple « J’adore vos chaussures » ; « De quel film sortez-vous pour avoir l’air aussi bien ? » (à une personne qui sort du cinéma) ; « Je ne sais pas quoi choisir, quel est votre pâtisserie préférée ? » (devant une vitrine de boulangerie), feront l’affaire au début. Tentez ensuite des ratifications plus complètes, se terminant par une question ouverte. Vous devez pouvoir, après un petit entraînement, aborder toutes les personnes qui passent près de vous, et les amener à sourire en deux ou trois phrases.
La reformulation. Et les questions ouvertes
Une fois les deux premières étapes maîtrisées et devenues une simple routine, il ne vous reste qu’à ajouter les autres ingrédients ainsi que les techniques de suggestions évoquées dans la suite de ce chapitre. Votre but est alors d’engager une conversation plus aboutie avec toute personne que vous choisissez, d’amener cette personne à se sentir bien, à vivre un moment unique et agréable.
Influence, communication et séduction
131
Il vous sera ensuite d’autant plus facile de le faire dans des situations utiles, avec des collègues, amis, lors de soirées, de dîners ou autres contextes sociaux. La communication devient un jeu.
QUELQUES TECHNIQUES DE SUGGESTION
Suggestions directes et indirectes Dans la communication tout est suggestion. Notre intention est communiquée par notre corps, mais aussi par notre langage. Un hypnotiseur, par déformation professionnelle, tend à observer des mécanismes hypnotiques dans tous les échanges : dès qu’une communication devient consciente, les protagonistes tentent d’amener l’autre à mieux vivre et à mieux sentir tout ce qu’ils expriment.
InterEditions-Dunod – La photocopie non autorisée est un délit
Ainsi un conteur va chercher à faire éprouver des émotions à son public. Pour cela il va tenter de trouver les mots les plus justes. Il cherche à donner vie à ses mots, à ses personnages, à ses descriptions. Un acteur va tenter d’absorber le spectateur, de l’amener à s’identifier, afin de pouvoir être touché par les événements qui vont avoir lieu.
Là encore il utilise le verbe et le corps. Le langage non verbal est une suggestion importante, que nous avons en fait étudiée à plusieurs reprises dans cet ouvrage. Il manque maintenant la connaissance des suggestions verbales. Celles-ci peuvent être séparées en deux groupes. Les suggestions directes
Elles consistent en des affirmations ou des demandes simples : – Peux-tu me donner de l’eau ? – Serait-t-il possible de mettre le chauffage ? – Dis-moi bonjour ! – Pense à me téléphoner !
132
A PPRIVOISER
LE CHANGEMENT AVEC L’ AUTO - HYPNOSE
Elles sont facilement compréhensibles et nécessitent donc un accord conscient de la personne à qui elles s’adressent. On peut aussi répondre de façon négative à ces demandes. Elles sont souvent limitées, comme le sont les questions fermées abordées plus haut. Les suggestions indirectes
Elles sont des façons détournées d’obtenir un résultat : – Il fait chaud et je suis sensible à la chaleur, ça me donne vraiment soif ! – Quelqu’un a oublié de mettre le chauffage, non ? – Ah, je ne t’avais pas vu ! – Je me demande ce qui va te pousser à me téléphoner demain, et quand tu vas y penser !
Ces exemples vont dans la même direction que les phrases directes qui les précédent. Cependant, leur but est amené de façon détournée : ce procédé augmente le résultat potentiel. Le mécanisme est simple : on ne peut pas répondre non à ces phrases, s’y opposer demanderait un développement plus long. De plus, elles créent un contexte qui les rend plus légitimes et donc acceptable la demande. Les suggestions indirectes sont des façons d’obtenir un résultat sans le demander de façon explicite.
Elles permettent d’obtenir des résultats et des réponses impossibles à obtenir de façon directe ; elles sont le levier indispensable à toute communication efficace.
Certaines personnes sont très douées pour obtenir ce qu’elles veulent. En observant leur façon de parler, vous remarquerez sans doutent une utilisation naturelle du style indirecte. Nous allons étudier cinq modèles de suggestions indirectes parmi les plus simples et les plus efficaces.
Modèle 1 : Le présupposé et le choix illusoire Il s’agit d’une évolution des techniques de questionnements abordées plus haut. Le but est de poser une question sur un point non
Influence, communication et séduction
133
significatif, tandis que l’élément le plus important est quant à lui sous-entendu et affirmé comme une vérité, un fait : « Vous préférez que l’on se voit un soir ou en fin d’après midi ? »
Dans cet exemple, l’idée de voir la personne apparaît comme une évidence. La question donne une illusion de choix sur un élément de moindre importance. Pour utiliser ce type de suggestion, il faut avoir son propre but bien en tête. Je désire qu’une personne soit concentrée sur la suite de la conversation : « Je me pose une question sur la concentration : toi par exemple, quand tu es concentré, qu’est-ce que tu ressens exactement ? »
Je désire créer de la détente chez mon interlocuteur : « Qu’est-ce que vous vous dites quand vous êtes détendu ? » « Si vous sentez que vos muscles et vos nerfs se détendent déjà, quelle est la dernière partie de votre corps à lâcher prise ? » « Vous souvenez-vous de la dernière fois que vous vous êtes senti complètement détendu ? »
InterEditions-Dunod – La photocopie non autorisée est un délit
On peut imaginer de nombreuses situations où cette technique est utile : « Quand est-ce que vous désirez que l’on se revoie ? » « Quel est le meilleur moment pour aborder ce sujet ? »
Le choix est toujours un faux choix, la question n’est qu’une fausse question : ce qui est important est déjà affirmé dans la question. Modèle 2 : La négation Le cerveau n’enregistre pas la négation de la même façon que notre conscience. Pour le comprendre, prenons quelques exemples. Lisez ces phrases en essayant de suivre la consigne : Ne pensez pas à votre main droite. Ne visualisez pas la couleur rouge. Ne multipliez pas 5 par 3 et ne pensez pas à trouver le résultat !
134
A PPRIVOISER
LE CHANGEMENT AVEC L’ AUTO - HYPNOSE
Ne pensez plus au chiffre 15, ne le laissez pas devenir une image en vous, ne le laissez pas être présent en vous, se graver en vous sans raison...
Vous sentez comme il est simple de créer une obsession ? Ce principe peut être utilisé en suggestion afin d’amener son interlocuteur à penser dans une direction opposée à celle qui est pourtant évoquée. « Ne pensez pas pour l’instant, à ce que vous allez me dire tout à l’heure. » « N’ayez pas à l’esprit pendant notre conversation tout ce qui peut se passer si vous jugez que ce moment est agréable pour vous, l’important, c’est le présent ! » « Ne pensez pas tout de suite à la façon d’utiliser les négations au quotidien pour délivrer un double message de ce type, vous aurez le temps par la suite de le faire plus facilement encore. »
Modèle 3 : Les liaisons C’est un vieux truc de communication : quand plusieurs éléments ou morceaux de phrases sont liés, alors le cerveau les traite comme s’il s’agissait d’une suite logique. Ainsi, on peut donner une fausse impression de lien de cause à effet, ou d’amplification. Le lien le plus simple est le « et ». Pour l’utiliser il faut simplement penser à lier toutes les phrases par « et » au lieu de mettre un point à leur terme. Lisez rapidement cette phrase : « Il est possible de lire une phrase en entier et de penser que les mots de cette phrase ont un sens particulier et de sentir l’impact de ces mots sur soi et de se laisser entraîner par cet impact et de ne même plus avoir à se poser la question de l’utilisation des mots en particulier et certains se laissent aller en le faisant. »
Rien n’est logique, mais le mot « et » en donne l’apparence. Si vous lisez cette phrase sans lire les « et » l’incohérence sera flagrante. Comme pour la ratification, le « et » facilite l’acceptation, et pousse l’interlocuteur à répondre oui, que ce soit oralement ou bien intellectuellement. Car le but n’est pas seulement de créer des phrases illogiques, mais de favoriser l’écoute et l’acceptation d’une idée. La suggestion peut là aussi être ciblée pour obtenir un état d’esprit particulier chez la personne.
Influence, communication et séduction
135
D’autres formes de liaison peuvent ensuite remplacer « et » : « au fur et à mesure », « pendant que », « alors que »... Celles-ci créeront un effet similaire, en y ajoutant un sentiment de progression. Utiliser des mots de liaison en permanence créera un ton « hypnotique » : votre conversation et vos mots vont « absorber » votre interlocuteur et son attention sera redoublée. Votre rythme, quant à lui, sera plus fluide. Modèle 4 : La prétérition Il s’agit ici de contrer une croyance avec une autre croyance qui vient dévaloriser le point de vue de la personne à qui l’on s’adresse. Pour utiliser cette technique il faut, dans un premier temps, identifier une croyance que peut avoir la personne à qui l’on s’adresse (avant qu’elle ne la formule clairement elle-même). Cette condition peut être remplie facilement si l’on sait observer les attentes et réticences de l’autre. Ainsi, on vient désarmer les résistances :
InterEditions-Dunod – La photocopie non autorisée est un délit
« Ce n’est pas à vous que je vais apprendre que les suggestions sont très utiles en communication, et qu’il serait ridicule de se priver de les utiliser. »
Ainsi, la personne qui entend cette phrase ne se sent pas attaquée : vous n’êtes pas censé savoir qu’elle avait peut être une idée contraire à celle que vous affirmez, mais surtout, elle ne pourra elle-même plus l’affirmer, de peur de passer à vos yeux pour une personne « ridicule ». Ce type de suggestion est introduite par des phrases telles que : « Vous n’êtes pas sans savoir ... » « Il est évident pour toute personne que.... » « Aujourd’hui, le premier venu est au courant de.... »
Et bien d’autres encore : « Bon, seuls quelques esprits bornés et peu instruits pensent encore aujourd’hui que l’hypnose est un phénomène de foire, ou qu’il existerait une résistance à l’hypnose. » « Qui peut croire encore aujourd’hui que changer n’est pas à la portée de tout le monde ? » « Il est scientifiquement établi que les mots ont un pouvoir et peuvent créer du changement, c’est ce qui peut arriver, là, à toute personne qui lit cette phrase.... »
136
A PPRIVOISER
LE CHANGEMENT AVEC L’ AUTO - HYPNOSE
Modèle 5 : Verrouiller la conversation : le « n’est-ce pas ? » Particulièrement conseillé après une prétérition ou toute autre affirmation forte, le verrouillage est une façon de couper la réflexion et de forcer l’accord. La formule la plus connue pour y parvenir est le « n’est-ce pas ? » C’est une technique simple, mais extrêmement efficace quand elle est utilisée avec naturel et aplomb. Vous n’êtes pas sans savoir que toute phrase est une suggestion... n’est-ce pas ? Quand quelqu’un oublie de penser à ce qu’il ressent au moment où tout en lui est concerné par une pensée intérieure, il est dans une rêverie profonde, aussi, il ne faut pas créer une trop grande envie de changer, n’est-ce pas ?
Dans cet exemple, la phrase est très confuse, et une personne qui l’entend n’a certainement pas compris son sens. Le « n’est-ce pas ? » en fin de phrase poussera par contre votre interlocuteur à répondre oui, même si il n’est pas certain de savoir à quoi il acquiesce. Cette technique, utilisée de temps en temps, permet de donner le contrôle de la conversation, et rend l’interlocuteur plus passif, et donc plus à l’écoute. Le fait de ne pas avoir compris une phrase l’obligera aussi à être plus attentif dans les prochaines minutes. Utilisée trop souvent, elle peut aussi faire « décrocher » votre interlocuteur. « N’est-ce pas », peut être remplacé par « d’accord », ou « oui ? », si l’on pense à conserver un ton doux et rassurant. CONCLUSION : L’HYPNOSE CONVERSATIONNELLE
Milton Erickson est considéré comme le père de l’hypnose conversationnelle, technique qu’il utilisait avec brio en thérapie. Il s’agissait en fait de conversations suggestives destinées à créer de l’intériorisation et de l’introspection de la part du patient. Ainsi, des prises de consciences et des recadrages spontanés pouvaient surgir et favoriser le changement. En communication, elles peuvent faciliter l’acceptation d’un autre point de vue ou d’une idée nouvelle. Sa recherche était avant tout thérapeutique et son but était de contourner les résistances naturelles au changement, expérimentées par ses patients. Une grande partie de sa réussite exceptionnelle en thérapie s’explique par la maîtrise des suggestions indirectes, aujourd’hui enseignées dans de nombreuses approches de psychothérapie.
Influence, communication et séduction
137
Les suggestions que nous avons citées précédemment sont des procédés simples à utiliser. Il existe en fait de nombreuses variantes de suggestions indirectes possibles, et toutes ont le même but : favoriser l’apparition d’une réaction désirée chez un interlocuteur. Amusez-vous, lors d’échanges, à utiliser ces procédés de langage, l’un après l’autre. Dans un simple échange, le résultat peut être significatif.
7 L’AUTO-HYPNOSE, UN ART DE VIVRE MAIS AUSSI UNE PRATIQUE Clés de perfectionnement
« Il ne faut pas chercher à comprendre notre esprit, car tout ce qui est important nous est inconscient. » (S. Freud)
L’auto-hypnose a pour principe l’exact opposé de cette citation. Elle repose en fait sur un principe simple et qui est la base même de ce livre : savoir modeler ses propres ressources internes. Tout comme un sculpteur devant une masse informe d’argile, nous sommes avec notre cerveau (ou notre inconscient) devant une masse de possibles à laquelle nous pouvons donner une forme unique. Nous pouvons la modeler pour qu’elle soit à l’image de notre identité. Tous les exercices et suggestions contenus dans ce livre ont ce but et sont, à leur manière, des dérivés d’une forme d’auto-hypnose moderne, consistant à élargir la capacité à agir sur soi. Dans ce chapitre, nous allons aborder les bases d’une autohypnose plus cadrée et formelle. Sans prétendre être un cours complet d’auto-hypnose, elle a pour but de présenter une méthode cohérente, dont le but est de venir amplifier le travail effectué dans les chapitres précédents. Inconscient ne rime pas forcement avec caché, mais plutôt avec « à découvrir, à explorer ».
140
A PPRIVOISER
LE CHANGEMENT AVEC L’ AUTO - HYPNOSE
UN TRAVAIL SUR L’INCONSCIENT
L’auto-hypnose pose un principe de base qui est celui de l’existence d’une partie « inconsciente ». L’inconscient est alors vu comme une partie de nous, qui échappe à notre perception habituelle. Pour simplifier, nous pourrions dire que tout ce qui n’est pas conscient est inconscient. Cela comprend aussi bien nos fonctions vitales : écoulement du sang, rythme cardiaque système immunitaire... que nos émotions ou nos routines. Dès que nous apprenons quelque chose, des informations sont stockées dans notre inconscient, elles se mêlent à nos autres connaissances et influencent notre personnalité. Ainsi, chaque exercice que vous avez effectué en lisant ce livre a enrichi et ouvert de nouvelles portes pour l’inconscient, qui maintenant peut s’en servir pour envisager de nouvelles possibilités, calculer des changements ou des adaptations et, tout simplement, nous faire évoluer. Il convient de percevoir notre inconscient comme un outil : cette partie de nous-mêmes a ses propres perceptions, sa propre vision du monde qui, avec notre conscience, fonctionne dans une parfaite complémentarité. C’est en comprenant cette complémentarité qu’on envisage réellement la pertinence de l’auto-hypnose : Notre conscient dispose d’un mode de pensée linéaire, qui permet le fonctionnement de la logique. Notre inconscient, lui, fonctionne par association d’idées, ce qui favorise la créativité. Notre conscient prend les décisions nouvelles, effectue des choix Notre inconscient automatise, reproduit, intègre.
On peut donc en conclure que notre inconscient est un allié parfait, qui vient pallier aux manques de notre conscience, tout en la déchargeant de ce qui serait encombrant et fastidieux.
De plus, notre inconscient est une immense machine à apprendre : en permanence il stocke de l’information en nous, et lie cette masse d’informations nouvelles à nos apprentissages passés. Ainsi, il gère
L’auto-hypnose, un art de vivre mais aussi une pratique
141
notre potentiel. Mais bien souvent il attend une autorisation, un élan, un déclencheur, pour en tirer réellement profit. Nous ne savons pas toujours communiquer avec cette partie de nous-mêmes, l’état hypnotique crée un pont entre conscient et inconscient, il est une ouverture, un accélérateur.
ENTRER EN AUTO-HYPNOSE
L’état de conscience
InterEditions-Dunod – La photocopie non autorisée est un délit
Entrer en auto-hypnose signifie changer d’état de conscience. Pour comprendre ce mécanisme, il faut se figurer l’état de conscience comme un paramètre qui fluctue en permanence en nous. Nous avons abordé le sujet du changement permanent au début de ce livre, et les premiers exercices consistaient à observer que notre état de conscience subit en permanence des altérations, qu’elles proviennent de l’extérieur ou de l’intérieur. Nous avons en fait un « état ordinaire », celui que nous connaissons comme étant habituel et plus ou moins maîtrisé. Mais cet état varie selon nos expériences et nos émotions. Une émotion comme la peur change notre état de conscience : le rythme cardiaque, la respiration, le tonus musculaire changent. Nos pensées sont différentes, ainsi que notre observation du monde. Un changement de température modifie aussi notre état de conscience : il altère nos envies, le rapport au corps, notre niveau d’énergie. Une forte chaleur peut faciliter la rêverie, le froid rend plus difficile la concentration.
De nombreux autres exemples démontrent que cet état de conscience est lié à un instant, à un contexte, plus généralement à l’action du monde sur nous, et aux réactions qui en découlent. Parfois, notre état de conscience se modifie de façon plus profonde : alors nous parvenons à des états de conscience que l’on nomme communément « rêverie », « absence »... nous avons beaucoup d’expressions pour évoquer ces moments : nous parlons d’être « absorbé » ou « perdu dans nos pensées », d’être « ailleurs » ou d’avoir « décroché ».
142
A PPRIVOISER
LE CHANGEMENT AVEC L’ AUTO - HYPNOSE
Toutes ces expressions évoquent ces moments que nous vivons tous et où notre conscience et plus insaisissable. Nous avons des milliers d’expériences de ce type en mémoire : des événements quotidiens, comme le fait – en marchant sur un trajet quotidien – d’arriver à destination sans savoir quel chemin nous y a amené. Le fait d’être absorbé dans un film ou dans un livre, ou encore dans une discussion et de ne pas « voir » le temps passer en font aussi partie. Ces états quotidiens sont à la frontière entre l’état dit « ordinaire » et l’« état hypnotique ». En fait, nous connaissons tous l’état d’hypnose, c’est un état naturel, que nous côtoyons sans même nous en rendre compte. De nombreux exercices présents dans ce livre ont dû vous amener à cet état de conscience modifié en vous forçant à effectuer des opérations mentales nouvelles, à explorer des fonctionnements qui habituellement sont inconscients. Nous allons maintenant étudier des exercices particuliers, destinés à apprivoiser les états modifiés de conscience et à rentrer dans un état d’auto-hypnose que vous allez apprendre à provoquer, puis à diriger.
Quelques fausses idées à supprimer • Pas de danger. L’hypnose est un état naturel, en lui-même par-
faitement inoffensif. Il n’existe pas, par exemple, de personnes qui y resteraient bloquées. Au contraire, un état hypnotique génère un sentiment de bien-être et permet de récupérer de l’énergie. Il est donc tout à fait possible d’utiliser des techniques d’auto-hypnose régulièrement. • Il ne s’agit pas d’une perte de conscience. En fait, l’hypnose a plus pour objectif de créer un élargissement de conscience. C’est un état modifié, mais géré et dirigé par la conscience qui continue à être présente. Elle conserve sa capacité à choisir pendant la durée de la séance d’auto-hypnose. • Il ne s’agit pas d’un sommeil. Nous savons aujourd’hui identifier et mesurer les états modifiés de conscience et il est établi que l’état d’hypnose présente des caractéristiques particulières, bien différentes d’un d’état de sommeil.
L’auto-hypnose, un art de vivre mais aussi une pratique
143
Lorsqu’une personne se dirige vers un état d’auto-hypnose, elle recherche un état d’équilibre entre conscient et inconscient, une égale présence et disponibilité des ces deux pôles.
L’induction hypnotique Nous nommons induction un exercice visant à produire l’état modifié de conscience hypnotique. En auto-hypnose, vos propres pensées vont vous guider, c’est votre dialogue intérieur qui va donner le rythme. Les exercices développés dans cette partie s’appuient sur des notions déjà exposées dans d’autres parties de ce livre, ils seront ainsi plus simples à aborder. ACTIVER L’INCONSCIENT
Vous trouverez une description plus détaillée de la façon dont l’inconscient est envisagé en hypnose, dans les annexes de cet ouvrage. En quelques mots, l’inconscient est une partie de nous qui habituellement agit en retrait, hors de notre portée. Pour simplifier, il faut envisager l’inconscient comme la somme de tout ce qui, en nous, n’est pas conscient. En se posant la question de ce qui fait ou non partie du domaine de la conscience, on distingue assez rapidement plusieurs niveaux : InterEditions-Dunod – La photocopie non autorisée est un délit
• Ce qui est purement conscient ; • Ce qui est « semi-conscient » : certains de nos fonctionnements
sont à la portée de notre conscience, c’est-à-dire que nous pouvons agir dessus en nous concentrant, mais dès que nous les oublions, ces fonctionnements redeviennent inconscients. C’est le cas bien entendu de la respiration, du tonus musculaire, de notre dialogue intérieur ; • Ce qui est difficilement accessible ou inaccessible : réflexes, fonctionnements corporels, biologiques, rêves... L’état d’hypnose doit progressivement rendre le conscient capable d’une action sur ce qui est habituellement hors de sa portée. Pour cela, les inductions les plus simples – et souvent les plus efficaces en auto-hypnose – reposent sur une hyperconscientisation de tout ce qui est semi-conscient.
144
A PPRIVOISER
LE CHANGEMENT AVEC L’ AUTO - HYPNOSE
Ainsi, respirer de façon extrêmement consciente pendant plusieurs minutes et sans décrocher, doit permettre à une personne d’entrer doucement dans un état d’auto-hypnose. La fixation prolongée et exclusive d’un point aura le même effet. L’inconvénient de ces méthodes est qu’elles sont très répétitives et demandent une forte attention pour ne pas entraîner une simple dérive sous forme de rêverie. Elles constituent toutefois de bons exercices préparatoires. Les trois exercices détaillés qui suivent reposent sur un principe similaire, tout en apportant une légère saturation. Étape par étape, soyez attentifs à ce qui se modifie en vous, pour pouvoir connaître le « chemin » qui crée l’altération de votre état de conscience. Ainsi, il est de plus en plus rapide et simple d’activer l’auto-hypnose. Afin de réaliser les exercices suivants, prévoyez un moment calme, dans lequel vous ne serez pas dérangés. On peut les réaliser aussi bien allongé qu’assis ou encore debout. Une position trop passive peut, par contre, avoir la conséquence fâcheuse de provoquer un simple sommeil.
Induction par dissociations successives Être dissocié signifie tout simplement être à l’extérieur de soi. On rencontre parfois des personnes qui semblent être insensibles, détachées. Souvent, en échangeant avec elles, on peut s’apercevoir qu’elles se positionnent comme « observatrices de leur propre vie ». Certaines ont même l’impression de se « voir agir » : leur corps leur semble être véritablement extérieur. Au contraire, être associé signifie être en soi, à l’écoute de ses sensations et de ses émotions. Au présent.
Exercice : Induction par dissociation/association Cet exercice consiste à alterner de plus en plus rapidement ces deux modes : Dans le mode dissocié, regardez-vous comme si vous étiez un spectateur. Le sens visuel domine : décrivez-vous, observez vos gestes, positions, vêtements, caractéristiques... comme si vous étiez entrain de vous découvrir ; Dans le mode associé, concentrez-vous sur vos sensations présentes, celles qui sont liées à votre position, à vos rythmes, à vos émotions du moment, à votre tonus musculaire... Au début prenez le temps, une ou deux minutes sur un mode pour bien l’explorer avant de passer au second. Puis, une fois que vous ressentez avec précision les
L’auto-hypnose, un art de vivre mais aussi une pratique
145
particularités de chacun de ces modes, passez de l’un à l’autre, de plus en plus rapidement. Après une dizaine d’associations et dissociations, vous devriez sentir un rapport au corps et à l’espace qui se modifie. Plus vous continuerez cet exercice, plus la modification sera forte.
Vous devriez identifier facilement l’état qui en découle : un mélange de présence et de « laisser-aller » qui caractérise l’état d’autohypnose.
InterEditions-Dunod – La photocopie non autorisée est un délit
Induction par saturation sensorielle Chacun de nos sens enregistre en permanence quantité d’informations, mais seule une partie de ces informations, une partie infime, accède à notre conscience. Notre inconscient filtre ces informations, les regroupe, les analyse et nous en donne un condensé adapté à notre gestion de la réalité. Les informations les plus significatives nous parviennent, le reste nous donne des « impressions », des « intuitions ». Ce fonctionnement a pour but d’éviter à la conscience d’être saturée par des informations peu pertinentes, ainsi elle peut être concentrée sur l’analyse, la réflexion, ou toute autre action qui est de son ressors. Il s’agit même d’un fonctionnement indispensable puisque notre conscience n’est capable de traiter que quelques informations en simultané, là où notre inconscient jongle avec plusieurs milliards de données. Dans les moments où notre conscience est, par contre, saturée par une trop grande quantité d’informations, elle est obligée de céder sa place à l’inconscient. C’est le cas, par exemple, lors d’une concentration soutenue, lorsqu’une personne est confrontée à une émotion forte – ou qui sort de l’ordinaire – ou encore lorsque la conscience est altérée par un événement ou une action chimique. C’est ce principe qui permet d’expliquer une partie des « états hypnotiques spontanés », que nous nommons rêverie ou absence. Dans ces moments-là, nous laissons notre inconscient nous guider. Aussi, recréer volontairement une telle saturation est un excellent moyen d’entrer progressivement et de façon contrôlée dans un état hypnotique.
146
A PPRIVOISER
LE CHANGEMENT AVEC L’ AUTO - HYPNOSE
Exercice : Induction par saturation Le procédé est simple : il s’agit de saturer nos récepteurs d’informations (nos différents sens), en conscientisant au maximum ce qui habituellement est traité à un niveau inconscient. Installez-vous confortablement et posez vos yeux sur un point situé plus ou moins devant vous. Sans bouger les yeux, commencez par conscientiser tous les éléments présents dans votre champ de vision. Passez de l’un à l’autre le plus vite possible. Il ne s’agit pas de les analyser ou de les décrire consciemment avec votre dialogue intérieur, mais d’avoir conscience de ces éléments. Poussez l’expérience jusqu’à être conscient simultanément de tout ce qui est présent dans votre champs visuel. L’exercice continue ensuite de façon assez similaire depuis les informations sonores. Votre but est de les ajouter à votre conscience des images : vos yeux restent donc ouverts et immobiles et vous avez toujours conscience des éléments visuels pendant que vous passez sur ce mode auditif. Soyez conscient de tous les sons, proches ou lointains. Entendez-les de façon précise, percevezen chaque nuance, chaque évolution. Ne cherchez ni à les interpréter ni à les comprendre : vous êtes, à ce moment là, un simple récepteur d’informations et vous collectez en vous ces informations. S’ajoutent ensuite les sensations physiques. Là encore les images et les sons restent présents pendant que vous conscientisez chaque parcelle de ressenti, chaque centimètre carré de votre peau, chaque muscle, tension, organe, contact... Vous pouvez aussi y ajouter les sensations subjectives et les émotions présentes pendant cet exercice. Par la suite, centrez-vous alternativement sur les images, les sons et les sensations, en ajoutant un maximum de données. Rapidement, vous sentirez qu’une autre forme de pensée est nécessaire à la réalisation de cet exercice. Progressivement un état modifié de conscience va se créer, caractérisé par une « ouverture » et une accélération mentale.
Induction par dialogue intérieur Il s’agit ici de reprendre l’exercice de création d’un espace détaillé dans le chapitre sur le dialogue intérieur. Cet exercice avait pour but de générer un espace de silence de plus en plus vaste entre chaque pensée, permettant une conscience aigüe des celles-ci. C’est à partir de cette base que vous allez apprendre à créer un phénomène hypnotique. Lorsque vous parvenez à un silence, une pensée consciente créera un impact bien plus puissant qu’à l’ordinaire. Vous allez vous servir de cette particularité pour générer des pensées liées à un phénomène physique.
L’auto-hypnose, un art de vivre mais aussi une pratique
147
Exercice : Induction par dialogue intérieur Pour commencer, vous pouvez vous fixer un but simple : créer une sensation de lourdeur dans votre corps. Dès que vous parvenez à un silence de plusieurs secondes, formez une pensée en lien avec une sensation de lourdeur : « Ma tête est extrêmement lourde. » « Mon corps est engourdi. » Ces pensées peuvent être très simples et concrètes. À chaque fois, ressentez leur impact, et répétez cette opération plusieurs dizaines de fois en espaçant chaque phrase de façon à en ressentir l’impact. Rapidement, vous allez percevoir des sensations de plus en plus fortes et inhabituelles (avec un peu d’entraînement, cette technique s’accélère et quelques pensées suffisent). Par la suite, vous pouvez varier les effets recherchés : légèreté (une légèreté focalisée sur un bras et une main peut amener ces derniers à se soulever), chaleur, détachement... Cette induction peut donc être assez variée une fois que l’on en maîtrise le fonctionnement.
InterEditions-Dunod – La photocopie non autorisée est un délit
Ces trois méthodes font partie des plus répandues et apportent chacune un résultat légèrement différent mais adapté à ce qui est développé dans la partie suivante de ce chapitre. Il est possible que vous sentiez plus d’affinité avec l’une ou l’autre de ces techniques, mais un peu de pratique suffira pour parvenir à maîtriser les trois. Pour la suite, le choix de l’une ou de l’autre de ces méthodes sera égal quant à l’obtention d’un bon résultat. Une question se pose lorsque l’on aborde l’auto-hypnose : Comment savoir à quel moment on a atteint cet état ? Quand est-ce que l’on arrête l’exercice d’induction ?
L’hypnose étant subjective, il n’y a pas de réponses type, il faut faire confiance à son propre ressenti et éviter de chercher un effet extraordinaire ; une simple sensation décalée et différente, une légère « ébriété » ou une sensation d’engourdissement suffisent à valider un état hypnotique, car même un état léger permet un travail efficace avec l’inconscient. Il ne s’agit donc pas de perdre conscience, mais bien d’explorer sa conscience.
148
A PPRIVOISER
LE CHANGEMENT AVEC L’ AUTO - HYPNOSE
IMPLIQUER SON INCONSCIENT
Il s’agit maintenant de se servir de l’état hypnotique pour utiliser notre partie inconsciente. Contrairement aux idées reçues, il ne suffit pas de dire à une personne sous hypnose « tu es heureuse » ou encore « maintenant tu as confiance en toi ! » pour créer un changement. Notre inconscient a en fait besoin de deux ingrédients principaux : 1. Un but à atteindre ; 2. De l’espace pour utiliser ses ressources. Le premier est donné par le conscient et l’inconscient a besoin de l’intégrer. Le second fait partie intégrante de l’auto-hypnose : en permettant un équilibre conscient-inconscient, ce dernier est plus à même d’utiliser ses capacités et compétences. Les deux méthodes qui suivent ont simplement pour but d’activer les ressources de votre inconscient et de les focaliser sur un objectif personnel. C’est la forme la plus simple d’auto-hypnose, mais les résultats qu’elle permet sont souvent impressionnants.
L’activation de ressource Cette méthode est inspirée du travail d’Ernest Rossi, un élève de Milton Erickson dont les travaux portent principalement sur l’utilisation du lien entre le corps et « l’esprit » : la psychobiologie. Pour lui, nous avons besoin sous hypnose de donner un élan à notre inconscient, puis d’avoir un feed-back sur son travail. Choisissez une des méthodes d’induction présentées plus haut, puis, une fois dans un état modifié de conscience, placez vos mains devant vous, légèrement écartées, comme si vous portiez un colis ou un ballon. Pensez maintenant à un objectif. Formulez-le de façon simple. Ce peut être le fait d’intégrer une connaissance, de faire évoluer un comportement, de tirer parti d’un enseignement ou d’une lecture... Votre but est alors d’engager votre inconscient sur ce travail. Pour ce faire, vous allez utiliser vos pensées comme si vous parliez à une personne qui serait à l’intérieur de vous, par exemple : « Je veux maintenant que mon inconscient travaille sur cet objectif. Quand il acceptera de travailler sur cet objectif et qu’il comprendra ce que sous-entend ce travail, mes mains se rapprocheront. Quand mes mains seront en contact l’une avec l’autre, je saurais que mon inconscient accepte de m’aider. » Attendez ensuite que les choses se fassent naturellement. Parfois la réaction est rapide, parfois elle prend plusieurs minutes. L’étape suivante consiste à engager le changement. Pour ce faire, vous allez procéder d’une façon similaire :
L’auto-hypnose, un art de vivre mais aussi une pratique
149
« Maintenant, je demande à mon inconscient de réunir toutes les capacités, toutes les ressources qui sont à sa disposition pour générer un changement, une évolution en moi, d’utiliser toutes ces ressources pour me rapprocher de mon objectif. Au fur et à mesure que ce travail se fera, l’une de mes main va redescendre, quand elle sera posée ou complètement détendue, je saurai que cette étape est terminée. » La dernière étape porte sur l’intégration du travail inconscient : « Maintenant, je demande à mon inconscient d’intégrer ce travail et toutes les solutions et évolutions qu’il a pu envisager. Cette intégration peut se faire au présent, afin que je puisse utiliser ces changements dans mon quotidien. Pendant que cette étape se met en place, mon autre main redescend et je saurai que ce travail est terminé quand ma main sera complètement détendue. »
Ces phrases-type sont bien entendu à adapter à l’objectif sur lequel vous travaillez. Il est conseillé d’utiliser ce procédé à chaque fois que vous travaillez sur un exercice nouveau, comme ceux détaillés dans les différents chapitres de ce livre. L’inconscient va alors s’approprier au maximum les possibilités et répercussions de l’apprentissage. Il continuera même, comme il le fait déjà dans certaines phases du sommeil, à explorer tout potentiel nouveau et à en tirer parti.
InterEditions-Dunod – La photocopie non autorisée est un délit
La cible Ici, il s’agit de focaliser les ressources inconscientes sur un objectif, une cible. Une partie de nos capacités sont en roue libre, elles suivent des routines, parfois anciennes, alors qu’elles pourraient s’attacher à envisager de nouvelles possibilités. Pour ce faire, l’inconscient attend que le conscient lui donne une direction de travail. Dès qu’il dispose d’une telle direction, il y applique des ressources plus larges et importantes. Ainsi, si une cible est générée en nous, notre inconscient continue à travailler sur tout ce qui peut nous aider à nous en rapprocher.
Après un exercice d’induction Visualisez un symbole qui représente un objectif que vous vous êtes fixé. Ce symbole doit être significatif pour vous. Placez ce symbole devant vous, à une certaines distance. Il doit être attirant et générer une certaine attente. Reliez ce symbole à vous, comme si un lien pouvait vous y attacher. Puis, demandez à votre inconscient de travailler tous les jours à rapprocher cette cible de vous.
150
A PPRIVOISER
LE CHANGEMENT AVEC L’ AUTO - HYPNOSE
Conclusion BOULE DE NEIGE
Quel est votre but maintenant ? Prendre une décision. Une décision peut changer la vie, il suffit d’un instant, un seul. Est-ce maintenant ? Plonger... Un acte accompli consciemment sur soi crée un changement porteur. Souvent, nous ne percevons que la partie visible de ce changement, mais pour qu’une modification même simple puisse se créer, se sont parfois des milliers de paramètres inconscients qui doivent bouger en nous. Chacun de ces paramètres est lui-même relié à d’autres comportements, d’autres routines, et tout ceci évolue aussi par répercussion. Un changement n’est donc jamais isolé, il agit sur le tout, et à plusieurs niveaux. Le changement fait boule de neige.
Quand une personne change, elle crée le changement autour d’elle. Au final, il n’existe pas de petits ou de grands changements, car toutes ces modifications entraînent une restructuration de l’information. Il est possible de devenir un vecteur de changement...
152
A PPRIVOISER
LE CHANGEMENT AVEC L’ AUTO - HYPNOSE
CONCLUSION : TOUT CHANGE « Pour connaître une chose, connaissez ses limites, c’est quand vous aurez dépassé les normes de tolérance que la vraie nature vous sera dévoilée. » F. Herbert
Nos croyances, nos conceptions nous font parfois croire le contraire, mais au fond tout change. Tout se crée et se « décrée ». Tout est changement permanent. Nous-mêmes, nous sommes déjà différents de celui que nous étions hier. Une seule chose est permanente, une seule chose demeure égale quoi qu’il advienne : Le changement. Tout change en permanence. La plupart des problèmes se créent par refus du changement. Mais la stagnation n’est qu’une forme de mort...
Plutôt que lutter contre le changement, il convient de l’apprivoiser, d’en faire une force que l’on canalise et que l’on utilise à bon escient. Alors, le changement devient créateur. Refaites vos choix.
Annexe COMMENT EST NÉE L’HYPNOSE MODERNE, SCIENTIFIQUE ET THÉRAPEUTIQUE
L’HYPNOSE MODERNE
La définition du mot hypnose, telle que décrite dans un dictionnaire est la suivante : « État voisin du sommeil provoqué par des suggestions, des actions physiques ou mécaniques, ou par des médicaments hypnotiques. » (Petit Robert Ed. 2008)
En fait, cette définition date de 1870, elle correspond à une vision archaïque de l’hypnose, et ne prend pas en compte ce que l’on sait et comprend aujourd’hui de ce phénomène. Il est regrettable que cette définition soit encore la plus rependue dans certains milieux. Les découvertes récentes, et notamment l’imagerie cérébrale, ont permis de mettre en évidence, d’identifier l’état hypnotique. Désormais nous pouvons le mesurer et nous percevons qu’il est un état naturel et différent du sommeil. L’intuition de Milton Erickson, qui parlait d’un phénomène quotidien, est même validée : la transe hypnotique est proche de ces états de rêverie que l’on rencontre tous et qui font partie intégrante de nos rythmes cérébraux. L’hypnose consiste donc en une utilisation et un maniement de ces états : l’hypnotiseur n’est pas un sorcier doté de
154
A PPRIVOISER
LE CHANGEMENT AVEC L’ AUTO - HYPNOSE
pouvoirs spéciaux ! C’est un communicateur au fait de ce qui influence les états de conscience. Ses outils sont le langage – toutes les formes de langage – et l’observation de l’autre. Si l’on pense maintenant à la définition la plus commune et la plus utilisée du mot hypnose, c’est autre chose qui nous vient à l’esprit. On entend souvent dire « J’étais hypnotisé par ce film », « Ce discours m’a mis en transe », « Cette musique a un rythme hypnotique », « Cet auteur est envoûtant, on rentre dans son récit comme dans un rêve ».
Lorsque l’on pense à ces mots en connaissant l’hypnose, ils prennent un autre sens, ils reflètent une intuition extrêmement précise et juste. Pensez à ce qui se passe lorsqu’en lisant un livre, vous vous apercevez que vous avez « décroché », tandis que vos yeux ont continué à suivre les lignes et que vos mains ont continué à tourner les pages. Il est parfois difficile d’expliquer ce qui se passe en nous dans ces instants. L’hypnose a simplement cherché à reproduire ces phénomènes, car ils permettent d’ouvrir une porte vers une autre partie de notre être. L’hypnose a un but simple : celui de créer un pont vers notre inconscient, de toucher une partie plus profonde de nous-mêmes.
D’où son utilisation privilégiée en thérapie et dans tous les cadres où le changement est désiré. Dans de nombreux domaines artistiques, la démarche est similaire : il y a cette volonté de créer un changement chez celui qui est confronté à une œuvre. Le but est de le toucher, de lui faire ressentir une émotion nouvelle. N’est-ce pas au fond ce que l’on recherche aussi en tant que spectateur ? Que ce soit au cinéma, en lisant un livre, en écoutant de la musique ou en observant une peinture ou une sculpture... nous cherchons à vivre ces instants particuliers que nous retiendrons toute notre vie.
Comment est née l’hypnose moderne, scientifique et thérapeutique
155
Nous cherchons à être hypnotisés et cette recherche est saine et naturelle.
InterEditions-Dunod – La photocopie non autorisée est un délit
UN BREF HISTORIQUE DE L’HYPNOSE
Le nom « hypnose » est très récent, il a en fait été employé pour la première fois par un chirurgien écossais James BRAID (1795-1860) dans les années 1840. Mais remontons un peu plus loin dans le temps, et même beaucoup plus loin... L’hypnose est en fait présente – sous des formes parfois très proches de ce que qui est pratiqué aujourd’hui – dans de nombreuses traditions et cultures anciennes. En Mésopotamie, en Egypte Antique, nous retrouvons des traces d’utilisation de procédés d’hypnose. Elle plonge ses racines aussi loin que la « magie » et peut être associée à nombre de rituels et pratiques de méditation, de « transe » et généralement de tout ce qui est lié à l’exploration de soi. Il est évident que la question de la conscience s’est posée très tôt dans notre histoire, et l’exploration des états modifiés de la conscience a naturellement été une voie d’exploration privilégiée pour tenter de trouver des réponses. Dans sa forme moderne, nous faisons souvent commencer son histoire avec l’arrivé de F.A. Mesmer à Paris en 1778. Après avoir mené ses premières expériences à Vienne et avoir connu ses premiers succès thérapeutiques, il est appelé dans différentes cours d’Europe. Cependant, dans sa ville natale il est vivement rejeté : à la fois par les médecins qui s’opposent à la remise en question des enseignements classiques de l’époque mais aussi par les religieux qui s’offusquent de sa volonté de rendre scientifique ce qui jusqu’alors était « magique » : pour le clergé l’homme est à l’image de dieu et ne peut être régi par des lois aussi pragmatiques que celles qu’évoque Mesmer. Le climat est plus favorable en France : l’encyclopédie vient de paraître, le temps est aux lumières, les sciences sont en plein essor et toute possibilité de progrès est accueillie à bras ouverts. Après Paracelse, Cardan ou encore Goclenius qui avaient émis avant lui des hypothèses similaires, Mesmer établit la théorie du « magnétisme animal » et prétend que l’homme peut soigner et être soigné grâce au « fluide » naturel présent dans la nature. Mesmer
156
A PPRIVOISER
LE CHANGEMENT AVEC L’ AUTO - HYPNOSE
pense que la seule façon de prouver ses théories est le résultat : il multiplie les thérapies et les rend spectaculaires. Ses succès sont retentissants, la clientèle afflue et son cabinet devient rapidement trop étriqué. Il invente alors une « machine » capable de soigner ses patients par dizaines : le fameux « baquet de Mesmer » dont le principe général repose sur des aimants. Toute la cour de Louis XVI se précipite... pourtant Mesmer ne se satisfait pas de ce succès, il cherche à s’enrichir de plus en plus et pose des exigences pour rester en France. Certaines sont satisfaites, mais il lui faut une totale adhésion des instances médicales et scientifiques. Devant l’hésitation il s’offusque et reprend ses voyages. En son absence, certains tentent de copier ses principes : le docteur Delson ouvre un autre baquet et c’est en l’absence de Mesmer que sont nommées des commissions scientifiques ayant pour but de valider ses théories. Mesmer est furieux : c’est avec un concurrent, un « contrefacteur » – qui semble bien moins doué que lui – que l’on va juger ses théories. Deux commissions sont réunies, constituées des grands esprits de l’époque : Franklin, Bailly, Lavoisier ou encore Jussieu en font parti. Le rapport de ces commissions fut défavorable : pas de résultats concluants. « Rien ne prouve l’existence du fluide animal ». Mais les rapports ne sont pas unanimes : Jussieu refuse de signer le rapport de la commission et fait valoir qu’on ne peut nier un effet réel, même s’il n’est pas compris. Il souhaite une recherche plus méthodique, qu’il n’obtiendra pas. Delson était donc condamné... et, par extension, Mesmer se trouve décrédibilisé. Il continua pourtant à pratiquer son art en se faisant plus discret. Refusant une offre du roi de Prusse qui lui demanda de venir enseigner officiellement le magnétisme en 1812, il y envoya l’un de ses disciples qui y dirigea l’un des premiers hôpitaux « mesmérien ». Quand il meurt, en 1815, les bases de l’hypnose sont posées et prêtes à se développer. La vie de Mesmer est à l’image de l’hypnose : des périodes fastes succèdent à un relatif oubli. Rarement une discipline aura été aussi controversée, aussi décriée et pourtant acclamée à quelques années d’écart. La condamnation de Mesmer n’entrave pas la poursuite des recherches et le magnétisme triomphe peu après, grâce notamment
Comment est née l’hypnose moderne, scientifique et thérapeutique
157
à l’exploration du somnambulisme provoqué. Le marquis de Puységur, l’abbé Faria ou encore Noizet en dégagent les premiers principes :
InterEditions-Dunod – La photocopie non autorisée est un délit
« Toute idée solidement implantée dans l’esprit tend à se transformer en acte. »
En 1825, les experts de l’Académie de médecine reconnaissent l’existence d’un magnétisme animal et attestent des « phénomènes physiologiques et thérapeutiques bien constatés ». C’est ensuite autour de la chirurgie mesmérienne de triompher. Si dès 1819 un dentiste du nom de Martorel arrache une dent sans douleur grâce à une anesthésie hypnotique, c’est avec le chirurgien James Esdaile que cette méthode gagne ses lettres de noblesse. Cet écossais pratiqua à partir de 1845 plus de 2 000 opérations – dont 300 importantes – sans douleur grâce à l’anesthésie hypnotique. Mais cette époque aime tout ce qui est mesurable, pragmatique, concret : le chloroforme est plus « pratique », il vient supplanter le mesmérisme. Quelques années plus tard, les techniques d’Esdaile et de ses contemporains tombent dans l’oubli et ne sont plus pratiquées que rarement. Ce n’est que récemment qu’elles sont revenues sur le devant de la scène. Peu après l’hypnose reçoit son nom actuel. James Braid fait évoluer la théorie de Mesmer. Il ne parle plus d’un fluide et se penche sur la théorie d’un état modifié de conscience. Il le décrit comme un sommeil nerveux induit par des techniques, dont la principale est la fixité du regard. C’est aujourd’hui encore l’image « cliché » de l’hypnose : un sujet fixant intensément un pendule ou une bougie. L’hypnose devient peu à peu évidente et le débat se décale : la question est désormais de savoir si l’état hypnotique est un état naturel (thèse de l’école de Nancy) ou un état artificiel, hystérique (thèse de l’école de la Salpêtrière). Ce débat ne fut tranché que récemment, en faveur de l’école de Nancy. C’est dans cette ville que les recherches les plus pertinentes furent faites et en premier lieu par le Dr Liébault. Il est le premier à mettre la suggestion au centre de l’hypnose. Ses démonstrations sont étonnantes : des suggestions positives provoquent des guérisons. On crie au charlatanisme : un professeur de la faculté de médecine, H. Bernheim, se déplace
158
A PPRIVOISER
LE CHANGEMENT AVEC L’ AUTO - HYPNOSE
pour démasque l’imposteur... il repart convaincu et entreprend de diffuser la technique. Bernheim réalise alors de nombreux traitements et acquiert une réputation mondiale. C’est auprès de lui que Freud vient étudier l’hypnose, mais ce dernier ne maîtrise jamais vraiment la technique. Il s’appuie sur elle pour poser les principes de l’analyse, mais reste en contact avec Bernheim qui l’aide dans le suivi de ses patients. Bernheim est aussi considéré comme l’inventeur du placebo ; il étudie la suggestion, invente l’idée de « psychothérapie » (il « crée » ce mot qu’il définit à l’époque comme « l’action des suggestions sur le mental ») et fait évoluer la pratique de l’hypnose qui s’approche de celle que nous connaissons aujourd’hui. Pourtant, elle est encore jugée comme étant trop directe, dirigiste. Freud et d’autres sont mal à l’aise avec le peu d’importance qui est donné à l’origine des symptômes. On ne nie plus l’hypnose, on l’accepte, on l’étudie, mais il manque encore un degré de compréhension qui va la rendre réellement opérative en thérapie. On s’en approche avec Emile Coué. Ce pharmacien nancéen revient sur l’intuition de Noizet et annonce que « Ce n’est pas la Volonté qui nous fait Agir, mais l’Imagination. »
Il affine l’utilisation des suggestions et envisage l’inconscient comme une force que l’on peut apprendre à utiliser. Si en France sa méthode est souvent méconnue et simplifiée à outrance, on peut en fait attribuer à Coué l’origine de nombreux courants de psychothérapie moderne. C’est aux États-Unis et en Russie que son travail sera apprécié à sa juste valeur. C’est aussi dans ces pays que se développe l’hypnose durant le siècle dernier : Pavlov avec ses recherches sur les réflexes conditionnés, Erickson avec l’emploi des suggestions indirectes et de la communication à plusieurs niveaux font tous deux évoluer la connaissance de principes de l’hypnose. Aujourd’hui, tout s’accélère. L’hypnose est utilisée dans la publicité, dans les discours. Depuis une dizaine d’années elle est réintroduite dans les hôpitaux pour l’anesthésie ou l’accouchement sans douleur. Les états modifiés de conscience sont mesurés et personne ne vient remettre en cause l’existence des états hypnotiques et de
Comment est née l’hypnose moderne, scientifique et thérapeutique
159
leurs applications courantes. Si les spectacles d’hypnose ont encore de beaux jours devant eux, le grand public prend connaissance des possibilités thérapeutiques de l’hypnose et cesse de voir d’un œil méfiant ce qui semble encore souvent un peu magique. L’hypnose est une technique et même s’il semble évident qu’elle ne peut être une science à part entière, son efficacité est reconnue et établie.
L’INCONSCIENT EN HYPNOSE « En hypnose, vous cessez d’utiliser votre esprit conscient ; en hypnose, vous commencez à utiliser votre esprit inconscient. Parce que, inconsciemment, vous en savez autant et même bien plus que ce que vous savez consciemment.
InterEditions-Dunod – La photocopie non autorisée est un délit
Faites confiance en votre inconscient, car il sait beaucoup plus de choses que vous savez que vous savez. » (M.H. Erickson)
En hypnose, l’inconscient est une chose simple : il est, pour reprendre l’expression d’Erickson, tout ce qui n’est pas conscient. Dans cette perspective, l’inconscient est un allié et non le lieu de refoulement décrit par les adeptes de la psychanalyse. C’est dans l’inconscient que se trouvent toutes les ressources qui peuvent mener au changement. En thérapie, quand une personne atteint une limite et ne peut s’en défaire on peut supposer qu’elle a épuisé toutes les ressources conscientes qui auraient pu l’aider. Il serait donc absurde de partir sur le même chemin : les solutions restantes sont du domaine de l’inconscient. Ses fonctions
Un réservoir de ressources et de connaissances C’est notre inconscient qui gère la mémoire et les apprentissages : il gère donc toutes les informations dont nous disposons. Nos sens enregistrent une quantité de détails bien largement supérieure à ce que nous remarquons consciemment. Ainsi nous avons en nous une grande quantité d’informations dont l’existence nous est « inconnue ».
160
A PPRIVOISER
LE CHANGEMENT AVEC L’ AUTO - HYPNOSE
L’entraînement à une observation consciente permet de prendre en compte plus d’informations... Mais l’inconscient perçoit une multitude de détails supplémentaires : on estime que 90 % du contenu d’une communication est hors de portée de notre conscience. Notre inconscient effectue alors un « tri » et ne nous donne que l’essentiel de l’information, ou simplement ce que nous sommes habitués à remarquer en fonction de nos centres d’intérêts, de notre culture... C’est notre inconscient qui gère aussi nos apprentissages : des actions aussi complexes que marcher, parler, écrire... et qui ont demandé beaucoup d’efforts conscients pour être intégrées, sont ensuite automatisées. Puis, par synthèse de la mémoire, c’est aussi notre inconscient qui gère la créativité, l’imagination... et par là-même les facultés d’adaptation et d’évolution. L’Inconscient s’occupe des fonctionnements corporels Même si nous pouvons intervenir sur certains paramètres consciemment (respiration, tonus musculaire, rythme cardiaque...) tout ce que fait le corps est programmé indépendamment de notre volonté consciente. Bien heureusement, nous n’avons pas à nous en préoccuper. Ainsi c’est notre inconscient qui fait fonctionner « la machine » et s’occupe des défenses immunitaires, de la digestion, de la cicatrisation... cette fonction est la plus ancienne et fait appel à notre cerveau reptilien lorsqu’il s’agit de nos réflexes. L’hypnose permet d’ouvrir une action sur certains au moins de ces paramètres. Protection L’inconscient protège, aussi bien au niveau corporel qu’au niveau mental. Il se bat contre ce qui peut gêner en créant des solutions diverses : réactions immunitaires, mais aussi des symptômes parfois, ou encore une amnésie. C’est d’ailleurs là l’origine de la psychanalyse chez Freud et toute sa légitimité : décrypter telle ou telle pathologie comme le symptôme, l’indice, la trace, le symbole d’un arrangement inventé par l’appareil psychique pour se préserver.
Comment est née l’hypnose moderne, scientifique et thérapeutique
161
Cette protection est aussi l’un des arguments qui attestent de l’impossibilité d’une manipulation dangereuse par hypnose : l’inconscient, même dans un état de transe « profonde » refusera tout ce qui peut porter atteinte à l’individu, ce qui est malheureusement moins évident dans un état de conscience ordinaire. L’inconscient n’a pas en lui-même le pouvoir de guérir mais il a à sa disposition de nombreuses ressources. Ce qui est certain, c’est qu’il a le pouvoir de nous maintenir en vie.
InterEditions-Dunod – La photocopie non autorisée est un délit
MILTON ERICKSON
Celui qui fut surnommé le « thérapeute hors du commun » ou encore « wizard » fut certainement le plus grand hypnotiseur et thérapeute du siècle dernier. Né en 1901 dans le Nevada, il est atteint par plusieurs handicaps : dyslexique, insensible aux rythmes musicaux et daltonien, ses difficultés lui apprennent à utiliser toutes ses ressources personnelles. C’est à 17 ans, alors qu’il est atteint par la poliomyélite qu’il découvre l’auto-suggestion : lorsqu’un médecin annonce à sa mère qu’il ne passera pas la nuit, il mobilise toutes ses ressources et tient jusqu’au lever du soleil avant de tomber dans un coma suivi d’une paralysie quasi totale : seuls ses yeux pouvaient encore remuer. Il profita de cette immobilité forcée pour observer ceux qui l’entouraient. En regardant sa sœur qui apprenait à marcher il découvre qu’il peut stimuler ses muscles et commence sa rééducation. Un an plus tard, il traverse l’Amérique d’est en ouest en canoë pour tester sa forme retrouvée. Il suit alors ses études de médecine. En 1928, il est médecin et exerce en psychiatrie comme assistant au Rhode Island State Hospital, puis devient chef du service de recherche au Worcester State Hospital dans le Massachussetts, de 1930 à 1934. Quelques années plus tard, il s’installe en Arizona avec sa famille et ouvre un cabinet privé. Touché à nouveau par la poliomyélite à l’âge de 51 ans, il en gardera des séquelles toute sa vie mais continue à pratiquer et à affiner sa technique, multipliant les séminaires, conférences et consultations. Après avoir suivi près de 30 000 patients, formé de nombreux élèves et démontré de nombreuses fois l’existence et les effets de l’hypnose, il s’éteint en
162
A PPRIVOISER
LE CHANGEMENT AVEC L’ AUTO - HYPNOSE
mars 1980. M. Erickson a marqué l’histoire de la psychothérapie et inspiré de nombreuses pratiques qui continuent aujourd’hui encore à se développer. Considéré comme le père de la thérapie brève et de la communication moderne, il a réussi malgré tous les obstacles à (re)donner ses lettres de noblesse à l’hypnose.
Quelques caractéristiques de l’approche ericksonienne Loin de l’hypnose classique et de l’hypnose de spectacle, l’hypnose vue par Erickson est une pratique avant tout intuitive. Pour arriver au résultat et contourner les résistances, Erickson a développé la communication inconsciente par les suggestions cachées et donc souvent invisibles pour le conscient. Profitant des ressources importantes (certain diront illimitées) de l’inconscient, il en fait son allié dans l’évolution de la thérapie. Ainsi le symptôme est souvent utilisé dans le processus thérapeutique. L’hypnotiseur éricksonnien sait aussi observer la communication inconsciente du patient et se servir de tout ce qui est à sa disposition pour provoquer le changement. De cette façon un objectif peut être atteint très rapidement : l’hypnose éricksonienne est une thérapie brève. Les différents effets hypnotiques n’ont plus pour but d’impressionner un public, mais d’exister comme des métaphores, au service de l’action thérapeutique. C’est une approche pragmatique, stratégique, centrée sur le changement.
BIBLIOGRAPHIE
B ANDLER R., Un cerveau pour changer. B ANDLER R. & G RINDER J., Les secrets de la communication, Les Éditions de l’homme, 2005. B ANDLER R. et G RINDER J., Le Recadrage. D ILTS R., Croyances et santé, DDB, 1994. D ILTS R., Modéliser avec la PNL. D ILTS R., Stratégies du génie, DDB, 2000. E RICKSON M. & R OSSI E., L’intégrale des articles de Milton H. Erickson sur l’hypnose, tome 1 à 4, Satas. F INEL K., Auto-hypnose, un manuel pour votre cerveau, L’originel, 2004. H ALEY J., Tacticiens du pouvoir, ESF, 1984. H ALEY J., Un thérapeute hors du commun, DDB, 2001. K RISHNAMURTI J., Se libérer du connu, LGF, Livre de poche, 1995. M YSTERY , La méthode Mystery, Saint Martin’s Press Inc., 2007. O USPENSKY , Fragments d’un enseignement inconnu, Stock, 2003. PAVLOV I., Exploring the Animal Machine, Oxford University Press Inc., 2000. R OBBINS A., Pouvoir Illimité, Robert Laffont, 2003.
164
B IBLIOGRAPHIE
R OSSI E., Du symptôme à la lumière, Satas. S ALOMÉ J., Relation d’aide et formation à l’entretien, Presses Universitaires du Septentrion. S IMMONTON C. & S., Guérir envers et contre tout, DDB, 1990. S TANISLAVSKI C., La formation de l’acteur, Pygmalion, 1997. S TANISLAVSKI C., La construction du personnage, Pygmalion, 1997. WATZLAWICK P., W EAKLAND J.H. & F ISCH R., Changements, Seuil, 1981. WATZLAWICK P., La réalité de la réalité, Seuil, 1984. WATZLAWICK P., Le langage du changement, Seuil, 1986. WATZLAWICK P. & N ARDONNE G., Stratégies de la thérapie brève, Seuil, 2000. Z EIG J., Un séminaire avec Milton Erickson, Satas. Z EIG J., La technique d’Erickson.
REMERCIEMENTS
Je tiens à remercier toutes les personnes que j’ai croisées et avec qui j’ai pu échanger ces dernières années. Marc Biondetti en premier lieu, dont l’intuition humaine ne cesse de m’étonner. Tous les hypnotiseurs, psychothérapeutes, coachs, et principalement ceux de l’ARCHE, dont les travaux sont une source d’inspiration continue. Mes élèves aussi qui me posent toutes les questions que j’oublierais sans doute de me poser moi-même, et qui m’obligent à sans cesse redécouvrir ma pratique. Ceux enfin qui me confient leurs problèmes, leurs émotions et leurs rêves lors de séances d’hypnose thérapeutique. Ce sont eux, plus que tout autre, qui ont alimenté les idées de ce livre. C’est grâce aux résultats qu’ils obtiennent que je crois en l’hypnose et en la capacité de changer.
TABLE DES MATIÈRES
Sommaire Introduction. Derrière la confusion du conscient, il y a le travail de l’inconscient De l’éducation : apprendre à apprendre 1. Vers le mouvement... Les changements d’Etats de conscience : une forme d’auto-hypnose Dialogue avec un thérapeute : l’instabilité permanente, 6 • Deux visions sont donc possibles, 7 • Mise en pratique, 8 Quand l’esprit est ailleurs... Dialogue avec le thérapeute : la dissociation , 9 • Se dissocier, 12 • Mise en pratique, 12 D’un regard à l’autre Dialogue avec le thérapeute : changer de point de vue, 15 • Mise en pratique, 18 Objectivité et subjectivité Dialogue avec un thérapeute : structure et contenu, 20 • Que se passe-t-il en nous ?, 22 • Mise en pratique, 23 Conclusion : Se souvenir de s’être oublié
III 1 2 5 5
9
13
19
24
168
TABLE
DES MATIÈRES
2. De l’auto-hypnose inconsciente à l’auto-hypnose consciente Le poison des autres... et la libération intérieure Qu’est ce qu’une croyance ?, 28 • Mise en pratique, 30 Du culte du bonheur à une « science de la contrariété » Dialogue avec le thérapeute : savoir où l’on va, 33 • Mise en pratique, 34 De la croyance à la réalité Éviter... ou aller vers ?, 36 • De la bonne utilisation du placebo, 36 • Dialogue avec le thérapeute : du bon usage du placebo, 38 • Les types de croyances, 40 • Choisir une bonne croyance, 41 Les changements de croyance Mise en pratique, 43 Conclusion : croyances et valeurs
27 28 32
36
42 45
3. Le dialogue intérieur Sommes-nous tous des « schizophrènes inconscients ? » Dialogue avec le thérapeute : prise de conscience du dialogue intérieur, 50 • Mise en pratique, 53 Rééduquer les pensées par l’auto-hypnose Dialogue avec le thérapeute : perceptions, 56 • Les erreurs du conscient, 57 • Mise en pratique, 58 Du saboteur intérieur au silence royal La négation n’est pas prise en compte, 61 • Impact de l’auto-suggestion , 62 • Mise en pratique, 62 Conclusion : stopper le monde
47 48
4. Le temps, cette illusion Le cours du temps Dialogue avec le thérapeute : Passé ou présent ?, 66 Le passé Dialogue avec le thérapeute : au-delà de la routine, 70 • Mise en pratique : transformer le passé, 72 • Le principe du deuil, 74
65 65
54
60
64
68
Table des matières
169
Le présent Dialogue avec le thérapeute : l’illusion d’immortalité, 77 • Sortir de la routine, 79 Le Futur Conclusion : vivre le dernier instant
InterEditions-Dunod – La photocopie non autorisée est un délit
5. La confiance réelle, la voie suprême Choisir son scénario Du visible, vers l’invisible, 87 • Mise en pratique, 88 La proie et le chasseur Dialogue avec le thérapeute : traquer ses routines, 92 • Nous vivons dans un monde de chasseurs, 93 • Mise en pratique : traquer ses faiblesses, 95 Observer le monde La synchronisation, 98 • Mise en pratique, 100 • Être sincère ?, 103 • La congruence, 104 Devenir un vecteur de changement Se préserver, 106 • Amener l’autre à soi : le leading, 106 Mise en pratique, 107 6. Influence, communication et séduction Séduire ? Séduire L’homme Alpha ?, 113 La modélisation Principes, 116 • Mise en pratique, 116 • D’autres modèles, 121 • Modéliser Son Alpha, 121 Entrer en relation Qu’est-ce qui nous séduit ?, 122 • Créer une relation : aborder, 123 • La ratification , 124 • Les éléments d’une bonne ratification, 125 • Créer le rapport, faire parler l’autre : « cold reading », 126 • L’art de poser des questions, 128 • Mise en pratique, 129 Quelques techniques de suggestion Suggestions directes et indirectes, 131 Conclusion : L’hypnose conversationnelle
76
79 82 85 85 91
97
105 •
109 111 114
122
131 136
TABLE
170
DES MATIÈRES
7. L’auto-hypnose, un art de vivre mais aussi une pratique Un travail sur l’inconscient Entrer en auto-hypnose L’état de conscience, 141 • Quelques fausses idées à supprimer, 142 • L’induction hypnotique, 143 Activer l’inconscient Induction par dissociations successives, 144 • Induction par saturation sensorielle, 145 • Induction par dialogue intérieur, 146 Impliquer son inconscient La cible, 149 Conclusion. Boule de neige Conclusion : Tout change
139 140 141
143
148
151 152
Annexe. Comment est née l’hypnose moderne, scientifique et thérapeutique 153 L’hypnose moderne Un bref historique de l’hypnose L’inconscient en hypnose Milton Erickson Quelques caractéristiques de l’approche ericksonienne, 162
153 155 159 161
Bibliographie
163
Remerciements
165
Épanouissement
Kévin Finel
Apprivoiser le changement avec l’auto-hypnose Une nouvelle voie au service de votre liberté intérieure Le changement en nous est permanent ; il nous offre de merveilleuses possibilités. La seule chose qui peut nous empêcher de changer, c’est de penser que nous ne pouvons pas le faire. Chaque nouvelle expérience peut nous apprendre à remettre du mouvement dans notre vie ; notre perception peut être rééduquée ; nos réactions réapprises. Nous pouvons être plus qu’une partie de nous-mêmes et nous enrichir de ce qui est caché, inaccessible… pour la conscience. Notre inconscient est ce continent à découvrir. Il vous réserve de nombreuses surprises, renferme un grand potentiel créatif. Pour l’explorer, il faut un guide. Ce livre est votre guide. Il vous apprend à parler le langage de l’inconscient par l’auto-hypnose et vous apporte une voie de connaissance nouvelle, clé des changements heureux. Avec lui, grâce à l’auto-hypnose, vous accédez à une plus grand liberté intérieure.
ISBN 978-2-72-961060-9
www.dunod.com www.intereditions.com
KÉVIN FINEL
Psychothérapeute, coach, formateur en hypnose et en PNL, il dirige depuis 2002 l’ARCHE (Académie de Recherche et Connaissance en Hypnose Ericksonienne). Parmi les pionniers de l’auto-hypnose en France, il a à cœur de rendre cette pratique accessible à tous et anime dans de nombreux pays des conférences, démonstrations et formations afin de la transmettre et de mieux la faire connaître. www.arche-hypnose.com