Ça se passe au jardin...: De l'automne à l'hiver 9782759832330

Quand les jours raccourcissent et que la lumière baisse, on a souvent tendance à se laisser envahir par un peu de mélanc

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French Pages 96 Year 2023

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Ça se passe au jardin...: De l'automne à l'hiver
 9782759832330

Table of contents :
La musique du jardin
Les bons gestes à adopter en automne
Sommaire
Que se passe-t-il dans le jardinà l’automne et en hiver ?
Entretenir la pelouse en automne
La taille automnale et hivernale
Plantations automnales et hivernales
Transformer les déchets verts en engrais
Accueillir les auxiliaires pour l’hiver

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Jean-Christophe GUÉGUEN

TOME II

Ça se passe au jardin… De l’automne à l’hiver

Cultiver

Jean-Christophe GUÉGUEN

Cultiver

Jean-Christophe GUÉGUEN

b i o d i ve

Jean-Christophe GUÉGUEN

Ça se passe au jardin…

TOME III

Du printemps à l’été

Du printemps à l’été

Ça se passe au jardin…

Ça se passe au jardin…

TOME I

Ça se passe au jardin…

978-2-7598-3229-3

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TOME III

De l’automne à l’hiver

De l’automne à l’hiver

TOME II

Ça se passe au jardin…

TOME II

Jean-Christophe GUÉGUEN

Cultiver

TOME I

Jean-Christophe GUÉGUEN

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Le comprendre et l’aménager

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Ça se passe au jardin…

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Jean-Christophe GUÉGUEN

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Le comprendre et l’aménager

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978-2-7598-3232-3

À paraître au printemps 2024

Illustrations de Jean-Christophe Guéguen Conception graphique et mise en pages : CB Defretin Imprimé en Europe ISBN (papier) : 978-2-7598-3232-3 ISBN (ebook) : 978-2-7598-3233-0

Tous droits de traduction, d’adaptation et de reproduction par tous procédés, réservés pour tous pays. La loi du 11 mars 1957 n’autorisant, aux termes des alinéas 2 et 3 de l’article 41, d’une part, que les « copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective », et d’autre part, que les analyses et les courtes citations dans un but d’exemple et d’illustration, « toute représentation intégrale, ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause est illicite » (alinéa 1er de l’article 40). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles 425 et suivants du Code pénal. © EDP Sciences, 2023

musique du jardin La

Chaque jardin est une philosophie à lui seul, il reflète notre personnalité. Il est toujours le même et cependant toujours différent. La botanique et la diversité y ont la fluidité de la musique… alors écoutez les notes de votre jardin sauvage ! Laissons faire Dame Nature, là où la main de l’Homme a toujours tendance à s’imposer. À force de vouloir tailler au cordeau, de nettoyer les espaces naturels, de chasser les herbes indésirables, de curer les haies, d’aspirer les feuilles, d’utiliser des produits phytosanitaires, l’équilibre naturel est bouleversé. Les « jardins à la française » sont loin d’être un exemple de biodiversité. La nature y subit maintes violences et les petites bêtes s’y ennuient à mourir, quand il ne s’agit pas des humains ! 3

Ça se passe au jardin…

Le jardin à la française est un espace sous contrôle ne réservant ni surprise, ni hasard, au visiteur qui se voit privé de rêverie et de poésie. Son intelligence et ses sens sont soumis autoritairement à un ordre supérieur. Nos voisins d’outre-Manche sont beaucoup plus inventifs en matière de jardins. Le climat de liberté et de libéralisme politique qui régnait en Angleterre au xviie siècle influencera les jardiniers. En s’inspirant des jardins chinois, ils recopient la Nature et l’harmonie des paysages des campagnes bocagères. Le jardin du Petit Trianon de Marie-Antoinette sera une des premières expressions françaises de cette nouvelle stratégie de rupture. Les fleurs que j’aime sont les fleurs de nos prairies, de nos forêts, de nos montagnes. Et que dire de la Suisse, où de chaque pente de rocher sort une merveille de vie végétale, où le caillou est hospitalier à la petite graine qui se confie à lui, où la neige couve et prépare les ardentes soirées printanières ? Octave Mirbeau (1848-1917). « Le Concombre fugitif », Le Journal, 1894

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bons gestes à adopter en ­automne Les

Quand les jours raccourcissent et que la lumière baisse, on a trop souvent tendance à se laisser envahir par une certaine mélancolie automnale. Il ne faut surtout pas céder à cette nostalgie, l’automne est la meilleure saison du jardinier car le travail ne manque pas ! Au fil des pages, nous allons découvrir ensemble que l’automne et l’hiver sont propices à quelques gestes essentiels pour s’occuper du jardin, le nettoyer, recycler les déchets verts, semer, tailler, réaliser des plantations mais surtout le préparer à affronter la saison hivernale.

Je l´ai réveillé à l´aurore et depuis il ramasse les feuilles... 5

Ça se passe au jardin…

On y récoltera les feuilles mortes et les dernières tontes pour fabriquer un compost qui enrichira le pied des arbustes ou le potager. Les déchets de taille des arbres et arbustes seront recyclés en paillage indispensable pour protéger le sol qui ne doit jamais rester nu. La pelouse sera nettoyée et démoussée pour bien affronter l’hiver. Les arbustes et les rosiers seront taillés de manière douce pour les fortifier à l’arrivée du printemps. On s’efforcera de faire le maximum pour accueillir au jardin des espèces utiles pour renforcer la biodiversité. Cette période est idéale pour les plantations de bulbes, de végétaux en pots, en mottes ou à racines nues. Nombre de semis se font aussi à l’automne. Enfin, il ne faudra pas oublier de rentrer les plantes frileuses pour leur éviter le gel, sinon on leur offrira des voiles d’hivernage pour les consoler de ne pouvoir les accueillir dans un abri. Pour retrouver un jardin qui respire la santé, il faut à chaque saison, laisser libre cours à sa fantaisie. Chaque être vivant, le plus petit soit-il, y a droit à une place. Bon nombre d’insectes sont les auxiliaires précieux du jardinier et il est donc utile de les attirer car ce sont des prédateurs de parasites. Il est facile de les inviter à hiverner en laissant quelques tas de feuilles, de branchages, de pierres où ils trouvent un abri. Un coin laissé en friche s’avère aussi un lieu très attractif pour les insectes auxiliaires. Il est possible de laisser un coin de potager se reposer pendant une ou deux années, sans intervenir. Un tel espace deviendra ainsi le refuge de nombreuses plantes sauvages et donc de petites bêtes qui peuvent vous rendre bien des services. Si vous n’avez pas suffisamment de place pour réserver un coin sauvage, conservez quelques plantes spontanées, ça et là, dans votre jardin est aussi une solution simple. Vous pourrez alors attendre tranquillement l’hiver qui viendra sur la pointe de ses sabots gelés. Et surtout, vous rêverez, bien au chaud devant l’âtre, aux travaux du printemps prochain !

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Sommaire La musique du jardin................................................................................ 3 Les bons gestes à adopter en ­automne.................................................. 5 Sommaire.................................................................................................. 7 Que se passe-t-il dans le jardinà l’automne et en hiver ?..................... 9 Les feuilles mortes : de l’or au jardin......................................... 10 Pourquoi les feuilles tombent en automne ?..............................11 Nettoyer les plates-bandes… oui, mais pas le potager !.......... 15 L’hivernage des plantes............................................................... 16 Les arbres fabriquent de l’antigel............................................... 20 Comment les bourgeons et les graines traversent l’hiver sans geler ?....................................................................... 25 Entretenir la ­pelouse en automne......................................................... 28 Comment limiter la présence de mousse ?................................ 30 Les bienfaits de la cendre............................................................ 32 Semis automnaux ....................................................................... 34 La taille automnale et hivernale............................................................ 37 Quand et comment tailler les hortensias ?................................ 40 La taille des rosiers ..................................................................... 41 La taille des haies......................................................................... 47 La taille linéaire d’une haie de conifères ou d’arbustes à feuillages persistants............................................. 51 Plantations ­automnales et hivernales................................................... 53 La plantation des rosiers............................................................. 53 Savez-vous planter les bulbes ?.................................................. 55 7

Plantation des arbres et arbustes............................................... 59 La division des végétaux............................................................. 70 Transformer les déchets verts en engrais............................................. 73 Les acteurs invisibles…............................................................... 74 Les nématodes : des héros méconnus ...................................... 78 Les macro-organismes du compost........................................... 79 Que se passe-t-il dans le compost ?........................................... 85 Accueillir les auxiliaires pour l’hiver..................................................... 88 Des abris à insectes..................................................................... 89 Des nichoirs pour les oiseaux..................................................... 93

Éric le lombric vous accompagne pour vous aider Les définitions

Le saviezvous ?

Bricolage et ateliers

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Ce qu’il ne faut pas faire !



passe-t-il dans le jardin à l’automne et en hiver ?

Que se

En automne, le jardin entre petit à petit dans une période de repos végétatif. La période de croissance touche à sa fin. Les journées raccourcissent, entrainant des transformations extraordinaires chez nombre d’espèces à feuillage caduc, dans une explosion de couleurs. Tandis que les plantes annuelles disparaissent, les vivaces qui ont stocké des réserves jaunissent. Il est temps d’entrer en action pour préparer le jardin à l’hivernage. Entretenir son jardin en automne est une étape primordiale dans le calendrier annuel. C’est aussi le moment de s’accorder une réflexion sur l’année écoulée, avec ses succès à renouveler et ses échecs à gérer. Les travaux d’automne conditionnent les réussites de l’année suivante. C’est la période idéale pour créer de nouveaux massifs, installer des plantes vivaces ou bisannuelles, planter des bulbes… C’est aussi la période pour effectuer les rotations au potager.

L´automne au jardin 9

Ça se passe au jardin…

Octobre est le mois propice aux récoltes et aux nettoyages. Novembre est idéal pour les tailles, les élagages et les diverses plantations. Quant à décembre, il exige la protection de certaines plantes pour prévenir les gelées. Le jardinage automnal est donc très dense et demande de rester actif et observateur. L’automne ne sonne pas la fin d’une année, il annonce une nouvelle période de croissance et de renaissance. Même si l’hiver reste plus calme, janvier est une bonne période pour étaler du compost au pied des arbres, c’est également le mois idéal pour planter les arbres fruitiers. En février, il est encore temps de diviser et de replanter les vivaces, sans oublier de nettoyer les hortensias et de tailler les rosiers remontants. Enfin en mars, quand les jours rallongent, vous pouvez profiter des floraisons des bulbes et visiter les jardineries. N’oubliez-pas de planter les arbustes à petits fruits rouges (groseilliers, framboisiers…). Les feuilles mortes : de l’or au jardin

Comme chaque année, de l’or tombe des arbres et des arbustes ! Alors ne râlez pas comme certains le font et pour qui ce ramassage est une corvée chaque année ! Profitez de cette manne qui s’amasse sous votre râteau pour la recycler. Ne jetez pas les feuilles dans poubelle à déchets verts car vous allez payer pour jeter un bien précieux que vous pouvez utilement et gratuitement recycler.

Recyclez l´or jaune pour faire de l´humus

L’ODEUR DES FEUILLES MORTES Les odeurs de sous-bois et d’humus qui dominent à l’automne sont en grande partie le produit des plantes et des feuilles tombées au sol qui commencent à se décomposer sous l’action de bactéries et de champignons, laissant s’échapper l’odeur musquée de leurs composés organiques. Pourquoi les odeurs d’automne nous rendent-elles nostalgiques ? Nous vivons dans une société centrée sur la vision. La technologie, les médias, le livre que vous êtes en train de lire… toutes ces informations sont principalement perçues et analysées par le biais de nos yeux. L’expérience olfactive a ceci de particulier qu’elle est incontournable : on peut détourner le regard ou fermer les yeux pour éviter une image, on peut se boucher les oreilles pour se protéger d’un son, mais on peut très difficilement échapper à une odeur. L’olfaction c’est ce sens qui nous rattache le plus à la Nature, il nous procure l’évasion et agit comme une machine à remonter le temps.

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Que se passe-t-il dans le jardin à l’automne et en hiver ?

Dans la nature, les feuilles et les branches, une fois tombées au sol constituent la litière qui est prise en charge par toute une microflore et une microfaune chargées de transformer cette dernière en humus, puis en substances minérales (azote, phosphore, potassium…). Dans une forêt, les arbres deviennent des centenaires sans jamais avoir rencontré quelconque engrais : c’est l’humus, fruit de la décomposition des feuilles et des branches qui assure son rôle nourricier. Il est facile de reproduire ce mécanisme au jardin sous la forme d’un compostage ou d’un paillage et au passage, d’éviter l’achat d’intrants qui polluent le sol. La célèbre « madeleine de Proust » est en fait la rencontre de la molécule et de la mémoire qui se produit lorsque vous sentez quelque chose de familier ; elle déclenche en une fraction de seconde une réponse viscérale dans l’amygdale et l’hippocampe du cerveau, ces zones dans lesquelles la mémoire émotionnelle est stockée. Dans cette époque où l’on cherche à reconnecter l’Homo sapiens des villes à la Nature, c’est aussi le moment de peupler le jardin d’espèces odorantes, sources d’expériences sensorielles nouvelles. Pensez aux sauges, aux lavandes, aux cistes, aux romarins, aux jasmins, aux seringats, ils vous offriront une évasion parfumée au printemps.

Le jasmin et le romarin

Pourquoi les feuilles tombent en automne ?

– Dis Maman, pourquoi les arbres perdent-ils leurs feuilles en automne ? – Ben… parce qu’elles sont mortes pardi ! La réponse est presque vraie et demande cependant quelques explications. Quand la lumière diminue, les arbres et les arbustes à feuilles caduques mettent en place des mécanismes qui vont leur permettre de vivre au ralenti et de ne pas gaspiller inutilement l’eau et les nutriments. 11

Ça se passe au jardin…

COMMENT COLLECTER ET DESSINER DES FEUILLES POUR FAIRE UN HERBIER ILLUSTRÉ ? L’art est un moyen fort d’expression et de réalisation de soi. La peinture permet à l’enfant tout comme à l’adulte non seulement de créer et de s’exprimer, mais aussi de se concentrer, de s’appliquer et tout simplement de se faire plaisir. Finalement, on est fier de ce que l’on a créé. Un herbier de feuilles est un cahier dans lequel sont collectionnées des feuilles d’arbres auparavant séchées à plat. Habituellement, un spécimen de feuille figure sur une seule page avec sa légende : nom commun, nom savant (latin), date et lieu de cueillette. Réaliser un herbier de feuilles est un atelier créatif idéal à faire avec vos enfants en automne. Il allie découverte de la nature et plaisir de créer. Les feuilles du jardin sont un excellent moyen de débuter cette activité. En famille, ramassez une multitude de jolies feuilles en prenant soin de les identifier. Vous pouvez effectuer ce travail avec vos amis et vos voisins qui ont des espèces d’arbres différentes. Triez-les et conservez les plus colorées, à plat dans du papier journal plié, sur lequel vous poserez de gros livres. Il faut compter trois semaines de séchage en renouvelant le papier journal chaque semaine. La confection de votre herbier de feuilles nécessite un peu de matériel : • Un cahier de feuilles blanches et épaisses. • De la colle en tube ou liquide • Un crayon à papier HB pour dessiner les feuilles • Une gomme • Une petite boite d’aquarelles en godet • Des pinceaux

Dessiner et peindre les feuilles

Sur une même feuille vous disposez la feuille choisie que vous collez et à côté vous pouvez la dessiner et l’aquarelliser à la même échelle. Ce type d’atelier est idéal à faire de façon intergénérationnelle. Êtes-vous prêts à coller, dessiner, peindre ?

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Que se passe-t-il dans le jardin à l’automne et en hiver ?

Quand les feuilles vertes commencent à virer au jaune, à l’orange ou au rouge, c’est le signal que les plantes ralentissent leur métabolisme. Mais pourquoi cette palette de couleurs chatoyantes ? La réponse réside dans le fait que la photosynthèse diminue dans les feuilles qui perdent leur pigment vert, la chlorophylle, et d’autres pigments aux couleurs chaudes, jaune, orange, rouge… sont alors révélés étant jusque-là masqués par la chlorophylle. La chlorophylle dégradée est drainée via les nervures des feuilles vers la sève et les racines

La chlorophylle n’est pas pour autant gaspillée. Elle est récupérée et recyclée à 60 % en azote et en carbone, donc en substances nutritives par l’arbre, via les nervures des feuilles et la sève, avant la chute des feuilles. Cette molécule contient aussi un minéral précieux, le magnésium, que l’arbre va soigneusement mettre en réserve pour le réutiliser au printemps suivant. Les feuilles, devenues inutiles, peuvent alors tomber. À la base de l’axe qui relie le pétiole de feuille à la branche, il se forme une zone en anneau où les tissus se désorganisent : c’est la zone d’abscission. La sève n’y circule plus et la feuille privée d’eau commence à se dessécher. Cette dernière n’est plus retenue que par les faisceaux conducteurs du pétiole qui se rompent au moindre coup de vent. L’arbre n’est pas pour autant resté inactif, durant l’été, car il s’est préparé à produire de nouvelles feuilles sous la forme de bourgeons couverts d’écailles protectrices. Ces bourgeons dits « dormants » donneront les futures feuilles du printemps suivant.

Sénescence et chute d´une feuille 13

Ça se passe au jardin…

LA CHLOROPHYLLE ET LA PHOTOSYNTHÈSE : QU’EST-CE QUE C’EST ?

Molécule de chlorophylle Le nom de chlorophylle vient du grec khloros = vert et phullon = feuille. C’est le pigment vert des végétaux, une molécule clé qui permet la photosynthèse, processus par lequel la lumière est transformée en énergie chimique disponible pour la cellule. Au centre de la molécule on trouve un atome de magnésium (Mg), la plante le puise avec l’eau dans le sol. Les feuilles renferment environ 1 g de chlorophylles pour 100 g de matière sèche. La photosynthèse est la production de matière organique (sucres) par les végétaux à partir de l’eau puisée dans le sol par les racines et du dioxyde de carbone capté dans l’air par les feuilles et de la lumière du soleil. La chlorophylle absorbe la lumière solaire et la transforme en énergie chimique. Sans photosynthèse il n’y aurait pas de vie sur Terre.

Une fois tombée à terre, la feuille est encore en partie vivante. Les micro-­ organismes et la microfaune du sol vont transformer sa matière organique en matière minérale qui sera réabsorbée par les racines de l’arbre au printemps suivant. Dame Nature est économe et l’arbre se nourrit de sa propre substance. La perte des feuilles est aussi un avantage pour résister au gel et aux tempêtes hivernales. Mais l’arbre, lui, ne meurt pas ! Il va passer l’hiver en vivant au ralenti. 14

Que se passe-t-il dans le jardin à l’automne et en hiver ?

Nettoyer les plates-bandes… oui, mais pas le potager !

Selon une idée reçue chez bon nombre de jardiniers, il est coutume de faire un grand nettoyage d’automne dans le potager à l’instar du grand ménage de printemps dans les maisons. Une fois que la terre est bien nette, on est satisfait : le potager va pouvoir traverser l­’hiver. Petit problème, on a oublié que le sol est vivant ! Vous vous imaginez passer l’hiver sans couverture ? Il en va de même pour les Hello Monsieur le jardinier ! habitants du sol qui Couvrez-nous, il fait froid ! détestent le froid. Les micro­ organismes, les vers de terre et tout le petit peuple du sol risquent de mourir de faim et de froid privés de cette couverture végétale. Ils ne passeront pas l’hiver sans protection ni nourriture. En effet, vous venez de leur retirer toutes les provisions et le paillis sous lesquels ils comptaient pour passer l’hiver. À force de ratisser le sol, la terre de votre potager, lessivée par les pluies, perdra ses nutriments et va s’appauvrir. Au printemps, elle se sera compactée et donc plus difficile à travailler. De plus, les « herbes folles » s’y développeront davantage et prendront la place de vos futures cultures. Vous devrez les arracher pour faire de la place pour planter ou semer les légumes. C’est pourquoi, il est conseillé de laisser les racines des légumes de l’été dans le sol une fois la culture finie en coupant uniquement les tiges principales au ras du sol avec un sécateur (tomates, aubergines, courgettes, haricots…). Les racines vont ensuite se décomposer dans le sol ce qui va l’enrichir et nourrir les organismes qui y vivent. On rend ainsi à la terre ce qu’elle nous a donné. Vous pouvez laisser sur le sol les fanes de carottes, de betteraves ou de pommes de terre. Vous faites alors du compostage de surface et comme dans la nature, rien ne se perd, tout se transforme, vous enrichissez le sol tout en réalisant un paillage. Cette technique utilisée dans la permaculture permet de favoriser la biodiversité et donc l’équilibre de votre jardin. Le reste des plantations pourra être broyé et utilisé au compost. Laisser s’épanouir la biodiversité, c’est tout 15

Ça se passe au jardin…

bénéfice pour le potager car la terre devient plus fertile, les légumes sont moins abîmés par les « nuisibles » car leurs prédateurs veillent à instaurer un équilibre, et le jardinier a moins d’efforts à faire : la terre reste meuble et les « herbes folles » sont aussi mieux maitrisées. Un paillage de copeaux de bois permet de protéger le sol des rigueurs de l’hiver, si ce dernier doit rester nu (voir tome I). Au printemps suivant il enrichira le sol en se décomposant. Pour semer ou planter des légumes dès les beaux jours, il suffira d’écarter légèrement le paillis. Une autre solution consiste à laisser monter en graine quelques légumes (laitues, basilic, aneth, persil) que l’on rabattra ensuite sur le sol. Le froid les fera mourir et ils se décomposeront sur place. Nombreux sont les jardiniers qui craignent que les plantes malades contaminent le sol, Un paillis de copeaux de bois ou que les maladies survivent à l’hiver et protège une surface découverte infectent les nouveaux légumes. Aucune maladie ne survit dans des végétaux morts. Les bactéries et les champignons du sol feront disparaître tous ces pathogènes, même le mildiou. L’hivernage des plantes

Avant l’hivernage, les plantes doivent être « toilettées ». On prend soin de retirer les feuilles mortes ou malades. Si une plante est malade, il faudra l’isoler loin des autres. Si certaines plantes vivaces comme les bruyères, les cotonéasters, les fusains, les mahonias, les buis, ou les hamamélis ne craignent pas les frimas, il n’en est pas de même pour ­certaines qui sont frileuses. Selon la région, en octobre ou en novembre, il est temps de préparer pour l’hiver les plantes peu rustiques cultivées, en bac dans le jardin, en pot sur une terrasse ou un balcon.

Le buis et le lierre résistent au gel 16

Que se passe-t-il dans le jardin à l’automne et en hiver ?

Dès que les températures fraîchissent sensiblement et avant que ne surviennent les premières gelées, il est temps d’intervenir car certaines plantes souffrent. Deux solutions s’offrent à vous : soit les placez dans une pièce dédiée ou une serre, sinon il faut les protéger. Les bougainvillées, les agrumes, les solanums, certains hibiscus ou les lantanas devront être mis à l’abri dans une pièce hors-gel, jamais surchauffée, comme un jardin d’hiver ou une véranda. Il est impératif d’hiverner vos cactus et autres plantes succulentes, à moins d’habiter dans une région très privilégiée de l’extrême Sud de la France. Contenant beaucoup de liquide (80 % du poids), ces plantes sont en effet très sensibles au gel. Les cactées ont besoin d’une période de repos sans eau et dans un local frais. Attention aux épiphyllums qui doivent être rentrés pendant une période de gel. En dessous de –5 °C, ils se liquéfient !

Plante à agrumes à hiverner

Certaines espèces gagneront à être paillées dès le mois de novembre. Utilisez de la paille ou des feuilles mortes. Disposez le paillis en couche épaisse de 15 à 20 cm au pied des plantes comme les acanthes, les fuchsias, les arums, les agapanthes ou les montbretias (croscomias). Pour les rosiers fragiles n’hésitez pas à recouvrir la zone de greffe avec une belle couche de paillis.

Plante succulente à hiverner à l´abri du gel

Pour d’autres arbustes à feuilles persistantes, en cas de fortes gelées, il convient de les protéger avec des voiles d’hivernage. C’est le cas des lauriers-roses ou des orangers du Mexique (choisyas) en bacs, ils sont moins fragiles en pleine terre. Les arbres du clergé (clerodendrums) et les lagestraoemias (lilas des Indes) devront être protégés si la température descend plusieurs jours en dessous de –5 °C. Attention, il faut ôter les voiles dès que la température redevient positive, sinon la plante privée de lumière dépérit rapidement. N’arrosez jamais en période de froid. N’oubliez pas les plantes bulbeuses à floraison estivale comme les dahlias, les cannas, les glaïeuls, etc. Il convient de les déterrer par temps sec en octobre et de les installer dans un carton ou une caisse en bois. Chaque tubercule sera emballé dans du papier journal ou de la paille ; ils prendront place sur une étagère du garage ou du sous-sol, pourvu que l’air y soit bien sec. 17

Ça se passe au jardin…

Pour les amateurs d’exotisme Si vous appréciez les palmiers qui apportent une touche d’exotisme au jardin ou sur une terrasse, voici quelques conseils pour leur entretien au jardin en automne. Le palmier nain (Chamaerops humilis) est une espèce au port touffu. On l’apprécie pour ses grandes feuilles palmées, en éventail, pouvant être vertes ou bleu argenté. Sa taille compacte permet de le cultiver en pot ou bac et il s’adapte bien aux petits jardins. Peu exigeant et facile de culture, il est idéal pour créer un jardin exotique. Il compte parmi les palmiers les plus rustiques. Originaire du bassin méditerranéen, on le rencontre encore à l’état sauvage sur la Côte d’Azur ou dans l’Aude. Peu exigeant, il apprécie les sols pauvres. Il produit même des grappes de fruits et vous pouvez ressemer ces derniers pour propager l’espèce. Sa petite taille en fait une espèce appréciée comme plante ornementale. Au Nord, il est préférable de le cultiver en bac, comme les agrumes. Sachez qu’il supporte des températures de –12 °C ce qui n’empêche pas de lui mettre un voile hivernal. La saison automnale est idéale pour sa plantation. Plantez ce palmier en situation abritée des vents dominants et en plein soleil.

Palmier nain Le palmier chanvre (Trachycarpus fortunei) apprécie un lieu ensoleillé, abrité des vents froids et desséchants qui risquent d’endommager ses feuilles. On le plante dans un sol riche, bien drainé et humifère. C’est une espèce très rustique, originaire d’Asie. Dans son aire d’origine, elle pousse à des altitudes élevées, jusqu’à 2 400 mètres, dans les montagnes du sud de la Chine, du Japon et du nord de l’Inde. Vous pouvez néanmoins le protéger avec un voile d’hivernage en hiver afin de ne pas risquer qu’il gèle, surtout s’il est planté en bac. Un climat méditerranéen chaud et sec n’est pas adapté à cette espèce même si certains l’ont invité au jardin. La plantation en automne est possible mais il vaut mieux attendre le printemps. Un peu de terre de bruyère l’aidera à démarrer. Attention, il n’aime pas le manque d’eau et les trop fortes chaleurs. 18

Palmier chanvre

Que se passe-t-il dans le jardin à l’automne et en hiver ?

Le palmier à jupon (Washingtonia filifera) est originaire de Californie et du Mexique. Ce palmier à fort développement (jusqu’à 20 mètres de hauteur) sera idéalement planté en isolé sur une pelouse ou au fond du jardin. Dans les régions les plus froides, il sera cultivé en pot pour être hiverné à l’abri du gel. Son surnom lui vient des feuilles desséchées qui pendent de la couronne et forment une sorte de jupon autour du tronc. Ces feuilles constituent une bonne protection contre le froid et les parasites, ne les coupez pas dans les régions les plus fraîches ou dans celles où le charançon rouge du palmier sévit !

Palmier à jupon

Le charançon rouge du palmier (Rhynchophorus ferrugineus) est un gros coléoptère au corps allongé (2 à 4 cm de long pour 1 à 1,5 cm de large) de couleur rouge orangé, portant des taches noires derrière la tête (sur le pronotum) et de longues nervures verticales sur les élytres. Originaire de l’Inde, cette espèce invasive a ravagé en 10 ans, la moitié des palmiers de la Côte d’Azur, des Bouches-duRhône, du Var, du Vaucluse, du Gard, de l’Hérault, de l’Aude, des PyrénéesOrientales et de la Corse. Sa larve de couleur jaune se nourrit de la sève contenue dans les tissus et provoque le désaxement puis la chute des palmes.

Palmier des Canaries

Le palmier des Canaries ou faux dattier des Canaries (Phoenix canariensis) est le symbole de la Côte-d’Azur où il a été introduit depuis les Canaries en 1864. Son tronc, appelé stipe, teinté de brun ou de gris, est couvert de sortes d’écailles qui sont les vestiges des anciennes tiges (pétioles). La résistance à la sécheresse du palmier des Canaries permet une plantation printanière (mars-avril) ou automnale (septembre-octobre). Il préfère 19

Ça se passe au jardin…

les emplacements ensoleillés, même s’il peut s’adapter à la mi-ombre. Comme il redoute les gelées inférieures à –7 °C, sa culture en pleine terre est à réserver aux climats doux. Ailleurs, planté en baquet, il constitue une très belle plante d’ornement qu’il convient de rentrer en hiver. Attention à ne pas confondre le palmier des Canaries avec son cousin le palmier-dattier (Phoenix dactylifera). Celui-ci est plus grand et ses feuilles sont moins nombreuses et plus érigées. Le risque de gel tardif est plus important quand le printemps a été anormalement précoce. Les végétaux ont alors tendance à « se réveiller trop tôt » et commencent à pousser prématurément. Or, Dame Nature a souvent l’habitude de reprendre son rythme et à nous gratifier de quelques journées de gel. Il y a beaucoup moins de risques de dommages lorsque la température est plutôt froide au printemps, les vivaces retardent d’autant le début de leur croissance et résistent alors généralement très bien au gel quand il survient. Les mesures de protections automnales en seront d’autant plus importantes.

Les arbres fabriquent de l’antigel

Nous avons évoqué la chute des feuilles que l’on prend le soin de composter et la nature qui se met en pause pour l’hiver. Que se passe-t-il dans les différentes parties d’un arbre ou d’un arbuste à l’approche de l’hiver et pendant l’hiver ? Contre la rigueur de l’hiver, les arbres ont développé des stratégies de survie. La première consiste à entrer graduellement dans la dormance, encouragée par les températures qui deviennent de plus en plus fraîches (entre 8 et 12 °C), voire froides. Les arbres du jardin, que ce soient des feuillus comme le cerisier ou des conifères (résineux) comme le pin, semblent hiberner sous les frimas. Le premier a perdu ses feuilles (on dit que c’est un arbre à feuillage caduc) ; le second les a conservés (on parle de feuillage persistant). Chez le pin comme le sapin ou l’épicéa (notre sapin de Noël), les feuilles sont des aiguilles qui transpirent peu et sont recouvertes d’une sorte de vernis (une cire) qui les enrobe pour les protéger du froid. Les conifères doivent être protégés des vents desséchants durant l’hiver : ils ont besoin d’eau tout l’hiver car ils n’entrent pas en repos végétatif pendant la « mauvaise » saison. Le chêne vert, le houx, le buis ou le lierre, utilisent la même stratégie, leurs feuilles vernissées sont recouvertes aussi d’une cire. Ils passent également l’hiver sans dommage. 20

Que se passe-t-il dans le jardin à l’automne et en hiver ?

C´est un vrai clochard, il n´a pas changé de vêtement depuis des années !

Les conifères semblent ne pas perdre pas leurs aiguilles et pourtant si vous possédez un pin ou un sapin dans votre jardin vous avez remarqué qu’à la fin de l’été le sol est jonché d’aiguilles. Chez la plupart des conifères, les aiguilles tombent tout au long de l’année mais sont aussitôt remplacées par de nouvelles pousses. Les aiguilles du pin sylvestre ont une durée de vie d’environ cinq ans, celles de l’épicéa jusqu’à sept ans, et celles du sapin jusqu’à onze ans. Il y a cependant des exceptions comme le mélèze, le cyprès chauve ou le métaséquoia qui perdent leurs aiguilles en automne. Pour ces derniers la couche de cire sur les aiguilles est plus fine donc elles résistent moins au froid. N’oublions pas le ginkgo biloba qui est aussi un conifère à feuilles caduques. On a beau dire que le sapin est bien sapé, il perd quand même son manteau avec le temps ! Épicéa, if, cèdre :

des conifères résistants au gel

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Ça se passe au jardin…

Tu tiens le coup avec ta touffe de feuilles ? Pas de problème pour moi, je suis verni ! Il en va autrement pour un arbre feuillu classique. Immobile, décharné, l’arbre qui était recouvert de feuilles apparait tel un squelette exposé aux quatre vents… seul, sur fond de ciel blanc et terne. Subissant sans broncher les assauts hostiles du vent, du froid, de la pluie, de la neige, il résiste pourtant à toutes les agressions. Mais qu’on ne s’y trompe pas, il se passe maintes choses à l’intérieur d’un arbre en hiver ! L’arbre ne fait pas le dos rond contre le froid. Il n’est pas mort, bien au contraire, il a un secret : dès que la température descend en dessous de 5 °C et du plus profond de ses cellules, au niveau de ses gènes, il enclenche certains processus destinés à faire échec au gel : c'est la seconde stratégie de survie. En dessous de 0 °C les cellules végétales gèlent et éclatent. L’arbre échappe à cette règle car il est capable de fabriquer son propre antigel. Sans ce processus, il ne pourrait traverser l’hiver sans essuyer de gros dommages pour ses tissus (explosion des cellules, rupture des rameaux, tronc fendu, etc.), au risque de mourir pour de bon. C’est ce qui se produit lorsque vous mettez des légumes ou des fruits au congélateur, les cristaux de glace qui se forment endommagent les cellules qui éclatent par le simple fait que l’eau en gelant augmente de volume. 22

Que se passe-t-il dans le jardin à l’automne et en hiver ?

Ainsi, dès que la température passe sous les 5 °C, l’arbre synthétise des enzymes qui dégradent l’amidon fabriqué par photosynthèse et mis en réserve à la belle saison dans l’écorce et le bois. L’amidon est en partie hydrolysé par une enzyme, l’amylase, pour libérer dans les cellules des sucres (maltose, glucose) qui ont un effet « antigel » en se solubilisant dans le cytoplasme et les vacuoles. Cela permet la surfusion, c’est-à-dire un maintien à l’état liquide du milieu intracellulaire, même à des températures négatives. L’amidon (du latin amylum qui signifie non moulu) est une réserve glucidique chez les végétaux. L’amidon est en réalité un mélange de deux polysaccharides, l’amylose et l’amylopectine, dont les proportions sont variables selon les espèces (il faut en fait parler d’amidons au pluriel et non d’amidon). C’est une réserve de glucose que la plante utilisera à la saison suivante. On le retrouve dans des graines comme le blé et le maïs, dans des fruits comme la banane et la châtaigne ou dans des tubercules comme la pomme de terre ou la patate douce.

Le glucose produit par l´hydrolyse de l´amidon se dissout dans le contenu des cellules et empêche la formation de cristaux de glace. Pour comprendre la structure de l’amidon, imaginez que vous enfilez des perles de glucose sur un fil. Vous obtenez un « collier » c’est l’amidon ! L’amidon est un polysaccharide. C’est avec la farine d’amidon que vous préparez vos gâteaux. Faites une expérience. Lorsque vous posez sur votre langue de la farine de blé, vous ressentez un petit goût sucré, c’est le résultat de l’activité d’une enzyme de la salive, l’amylase (α-amylase) qui découpe l’amidon en glucose. Vous avez réalisé une première hydrolyse de l’amidon, elle se poursuivra dans l’intestin grêle.

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Ça se passe au jardin…

Pensez au sirop que vous pouvez fabriquer avec du sucre de cuisine (du saccharose) dissout dans de l’eau. Mettez-le au congélateur, il ne gèlera pas. Pour ceux qui veulent jouer à « Hibernatus », sachez que la technique de cryogénisation des humains n’est pas encore au point ! L’arbre qui est peu résistant au gel en automne deviendra plus résistant en hiver (c’est aux mois de janvier et février que l’arbre est le mieux endurci). Puis au printemps, la concentration de sucres solubles contenus dans les cellules diminue et l’arbre redevient à nouveau moins résistant au froid. Lorsqu’à la fin de l’hiver la température remonte, l’endurcissement se perd rapidement. C’est pour cela que les gels tardifs sont parfois préjudiciables à de nombreuses essences. Pendant cette phase, le diamètre du tronc et des branches diminue.

Pas trop froid l'ami bouleau ? Froid ? Moi jamais ! Je carbure au glucose ! Cette capacité d’endurcissement diffère d’une espèce à l’autre : si le noyer peut résister à des températures de −20 °C maximum, les aiguilles du pin sylvestre survivent encore par − 80 °C ! 24

Que se passe-t-il dans le jardin à l’automne et en hiver ?

Comment les bourgeons et les graines traversent l’hiver sans geler ?

Les bourgeons aériens entrent en état de dormance à la fin de l’été ou en automne. Comme chez nombre d’organes persistants pendant l’hiver, la mise en dormance des bourgeons est, chez la plupart des espèces, principalement induite par la baisse de la luminosité journalière. On observe dans ces organes différents mécanismes d’adaptation au froid et à l’hiver. Le cas d’école le plus connu est celui du bourgeon de marronnier qui est entourés d’écailles imperméables recouvertes de substances cireuses qui limitent l’entrée d’eau et la présence d’une bourre cellulosique qui isole thermiquement les jeunes feuilles. Quand la température descend en dessous de 5 °C, au cœur des cellules, un mécanisme chimique très élaboré se met en place. Comme nous l’avons vu plus haut, le contenu cellulaire se concentre en sucres, en acides aminés et l’état de surfusion s’installe. La déshydratation partielle des cellules induit aussi une baisse du point de congélation. Les membranes des cellules s’enrichissent en acides gras insaturés qui abaissent également la température de congélation. À cela s’ajoute la production de protéines antigel qui limitent aussi la formation et la croissance de cristaux de glace. C’est ainsi que bon nombre de plantes à feuilles caduques du jardin comme le cerisier, le pommier ou le lilas, vont protéger leurs bourgeons jusqu’à la remontée des températures qui aboutira au débourrage de ces derniers.

Écailles

Bourre

Future feuille

Future tige

Bougeons de lilas en dormance Les graines une fois leur maturation achevée, subissent une intense déshydratation de leurs tissus. Une graine ne renferme généralement qu’environ 10 % d’eau ; il en résulte une baisse drastique de l’activité métabolique. La graine entre ainsi en période de dormance. 25

Ça se passe au jardin…

Chaque graine renferme une plante en miniature et en vie latente (une plantule) susceptible de se « réveiller » au cours de la germination. Elle renferme aussi une réserve de substances nutritives (glucides, protides, lipides) utilisables pour les premiers temps de vie de la jeune plante. L’enveloppe dure de la graine (le tégument), rend le plus souvent cet organe imperméable à l’eau. Comme la déshydratation explique le sommeil de la plantule, l’eau est une des conditions nécessaires à son réveil. C’est ce qui explique que la levée de dormance devra s’effectuer par la fragilisation et/ou l’altération de l’enveloppe de la graine afin que cette dernière puisse germer. Première feuille Tigelle Radicule

Tégument Cotylédon (réserves nutritives)

Anatomie d´une graine (coupe de haricot)

LE TEST DE GERMINATION On a tous une boîte ou un tiroir où s’entassent toute sorte de sachets de semences à demi entamés. Sachez qu’en moyenne, la durée de vie des semences est de 4 à 6 ans. C’est le cas pour les tomates, les choux, les aubergines ou les radis. Pour les plantes à fleurs comme les bégonias, les cosmos, les zinnias la durée de vie moyenne est de trois ans. Les graines des légumes en C, carotte, concombre, céleri, chicorée, ou cornichon, sont résistantes au temps et on peut les conserver plus de cinq années. Si vous avez des doutes, voici un petit test de germination simple à faire : entre deux feuilles de papier essuie-tout bien humidifiées, on dépose 10 graines et on place le tout dans un sachet de plastique. Quelques jours plus tard, en tenant compte du temps de germination des dites graines, on soulève la feuille d’essuie-tout pour voir si les graines ont germé. Si aucune graine ne germe, c’est très clair le taux de germination est nul. Conclusion, vous pouvez directement jeter le lot périmé ou mal conservé à la poubelle. Si la moitié des graines germent, le taux de germination est alors de 50 %. Au moment de semer, mettez deux graines dans le même trou au lieu d’une par exemple. 

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Que se passe-t-il dans le jardin à l’automne et en hiver ?

À FAIRE AVEC LES ENFANTS… C’est aussi l’occasion de vous souvenir de vos « leçons de choses », de vos cours de SVT, et de redécouvrir la joie de faire germer des graines de légumes secs. C’est un bon moyen pour occuper les enfants qui vont découvrir que les haricots, les lentilles ou les pois chiches, ne poussent pas dans les boites en conserves ! Une graine c’est vivant, elle contient un embryon libéré par sa plante mère, ou son arbre et qui attend pour germer que les conditions soient favorables.

Germination du haricot

Vous pouvez démarrer la germination sur de la ouate et la continuer en pot. Une occasion unique pour arracher nos chères « têtes blondes » de leur jeux vidéo car hormis les plantes carnivores, le « plombier Mario » ne connait pas grand-chose à la botanique !

Germination du gland Si vous avez la chance d’avoir un chêne proche de votre domicile, tentez votre chance avec les glands. C’est une belle expérience de voir une plante ou un petit arbre se développer.

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Entretenir la ­pelouse en automne La pluie, le gel, le manque de soleil et le froid font de l’hiver, une saison particulièrement hostile pour une pelouse, surtout après un été sec et caniculaire. C’est pourquoi il faut la bichonner dès l’automne. Entre scarification, tonte et feuilles mortes, voici les différentes tâches nécessaires pour prendre soin de votre pelouse en automne. La pluie de feuilles d’automne nous émerveille de ses coloris époustouflants. Or, cette magie ne dure qu’un petit moment. Le tapis de feuilles, laissé sur place va assez vite se tasser, noircir, devenir boueux et même glissant. Les feuilles mortes, maintiennent une quantité trop importante d’humidité et empêchent l’herbe et les plantes herbacée de profiter de la lumière du Soleil. Sous les feuilles, les moisissures s’attaquent aux tissus végétaux fragilisés et dégradent la pelouse qui se met à jaunir. Votre pelouse en sera fragilisée au printemps prochain. Tout au long de l’automne, il vous faudra donc ramasser régulièrement les feuilles mortes, pour les recycler. Ratisser la pelouse régulièrement est donc très important pour la bonne santé de cet espace vert.

Ne jamais laisser les feuilles se tasser sur l´herbe...

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Entretenir la ­pelouse en automne

Un balai à gazon émousseur-scarificateur permet de ramasser les feuilles, de retirer la mousse et d’aérer le sol en le scarifiant. Les feuilles mortes peuvent être recyclées de différentes façons : pour pailler les pieds des plantes, couvrir le sol nu ou dans le tas de compost. Idéalement, choisissez les feuilles les plus tendres qui se décomposent rapidement : bouleaux, cerisiers, charmes, frêne, noisetiers… Vous pouvez également vous servir d’un broyeur de feuilles spécialisé. Jetez les feuilles dans cette machine et elles y ressortiront parfaitement déchiquetées et prêtes pour servir de paillis. Toutefois, vous ne pouvez pas utiliser tous les types de feuilles. Effectivement, certaines sont toxiques ou trop acides pour le compost. C’est le cas des feuilles de noyer qui contiennent des métabolites toxiques pour la faune et la flore du compost. Bannissez les feuillages de pin, de sapin, d’épicéa, de cèdre, de cyprès, ou de thuya. Ces végétaux, outre leur acidité, renferment des terpènes toxiques pour les habitants du compost. Évitez aussi les feuilles d’eucalyptus, de lierre, tout comme celles des arbres fruitiers malades. Évitez l’aspirateur ou le souffleur qui nuisent gravement à la biodiversité ! C’est certes une solution de facilité mais Le balai émousseur ça fait beaucoup de bruit, ça dérange le voisinage, ça pollue et surtout ça déloge tous les insectes et la précieuse microfaune installés sur le sol. Préférez le râteau et « l’huile de coude » et tout le monde y trouvera son compte ! En France, il est strictement interdit de brûler les feuilles mortes, les tontes d’herbe, ou les déchets de débroussaillage. Cela dégage en effet une mauvaise odeur et cela provoque beaucoup de fumées toxiques, ainsi que des particules fines sans compter le risque de provoquer un incendie : « Brûler 50 kg de végétaux émet autant de particules fines que 13 000 km parcourus par une voiture diesel récente, selon l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie ». C’est un geste pour le bien-être de la planète et de vos voisins. Celui qui ne respecte pas la loi peut être puni d’une amende pouvant aller jusqu’à 450 €.

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Ça se passe au jardin…

Comment limiter la présence de mousse ?

Pendant trop longtemps le sulfate de fer fut la solution de facilité pour lutter contre la mousse. On répandait les cristaux bleus et comme par magie le tour était joué ! La mousse noircissait, disparaissait, et on pouvait alors ressemer à grand renfort d’engrais et musarder dans son transat en regardant l’herbe pousser, la conscience tranquille. Aujourd’hui, utiliser le sulfate de fer n’est plus du tout recommandé : outre le fait qu’il ne s’agit pas d’un produit utilisable en agriculture biologique, il est irritant pour les yeux, le système respiratoire et la peau. Le sulfate de fer étant antifongique vous pouvez dire adieux aux morilles, mousserons et autres champignons que vous pourriez consommer dans votre jardin. Il fallait plutôt se poser la vraie question : pourquoi la mousse s’est installée ?

LA MOUSSE NE MEURT JAMAIS Les mousses sont des petits végétaux fascinants qui forment des tapis verts et moelleux dans les prairies, les forêts, les vieux murs, le tronc des arbres et… les jardins. Leurs tiges sont courtes, denses et serrées. Ces plantes affectionnent les lieux humides et ombragés. Les mousses appartiennent à l’embranchement des bryophytes. La principale caractéristique des végétaux de cet embranchement est l’absence de système vasculaire. Sans vraies racines, les mousses absorbent par leur feuillage les eaux de pluie et de ruisselleMousse au sol ment, à la manière d’une éponge. Les mousses supportent plusieurs mois de sécheresse en cessant toute activité métabolique. Elles prennent alors une apparence brune et rabougrie. Au retour de l’humidité, les cellules se gorgent d’eau, les feuilles se déploient et reprennent leur couleur verte, prêtes à recommencer la photosynthèse. Ce phénomène qui les rend presque immortelles se nomme la reviviscence. Les mousses sont des plantes pionnières qui empêchent l’érosion et fournissent l’humus pour d’autres plantes. Un sol acide et ombragé est propice à l’apparition de la mousse. Or, si on y ajoute du sulfate de fer, on contribue à augmenter encore son acidité. Si dans un premier temps, la mousse semble brûlée, au fil des mois, elle va réapparaitre de façon encore plus vigoureuse puisqu’elle trouvera le sol encore plus à son goût… C’est un cercle vicieux qui s’amorce.

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Entretenir la ­pelouse en automne

Alors, on se creuse la tête pour comprendre la raison de la présence de mousse, on se retrousse les manches et on fait appel une fois de plus à « l’huile de coude » et à la scarification. Le scarificateur est une sorte de râteau dont les piques sont remplacées par des lames coupantes servant de couteaux qui vont entailler la terre sur une profondeur de quelques centimètres afin de permettre à nouveau les échanges avec l’air et l’eau. Le râteau scarificateur va tirer la mousse sous l’herbe, vous pourrez la récupérer pour la mettre à composter.

Huile de coude

Attention cette technique est à éviter sur une pelouse jeune où l’on risque de détruire les végétaux insuffisamment enracinés. De plus la technique est assez fatigante et risque de vous coûter un sérieux mal de dos. Si « l’huile coude » n’est pas encore en vente en jardinerie, vous pouvez néanmoins vous y rendre afin d’y trouver des plantes qui se plaisent à l’ombre. Nombre de plantes qui supportent l’ombre y sont proposées, comme les fougères. Une pelouse négligée, un sol acide, mal aéré et des tontes trop rases, sont les meilleurs facteurs pour favoriser l’installation de la mousse ! La hauteur de coupe de votre tondeuse ne doit jamais être inférieure à 6 cm, à moins de vouloir jouer au golf ! En tondant trop court, vous empêchez l’herbe de se développer correctement et vous favorisez la mousse ! Prenez garde également à votre arrosage, un apport d’eau trop important favorise sa croissance. Fougère polypode 31

Ça se passe au jardin…

LA MOUSSE SUR LES ARBRES NE POUSSE PAS OBLIGATOIREMENT AU NORD C’est le moment de faire tomber l’idée reçue que la mousse pousserait au Nord. En réalité, la mousse des arbres pousse lorsqu’il y a de l’humidité et dépend donc de l’ombre et du vent mais elle ne pousse pas tout le temps au Nord ! En randonnée, ne comptez pas sur la mousse pour vous orienter, vous allez en perdre le Nord et vous perdre pour de bon ! Observez un jour de pluie, la façon dont l’eau s’écoule sur les branches et le tronc d’un arbre. Vous constaterez que la mousse suit le trajet préférentiel de l’eau et que le Nord n’y est pour rien. Une boussole et/ou une bonne carte sont les garants d’une balade réussie. La mousse a aussi la réputation d’abîmer les arbres, voire de les parasiter. Il n’en est rien. La mousse ne gêne pas le développement des arbres, ne perturbe pas le rôle de l’écorce, ne pénètre pas dans les tissus de l’arbre (contrairement au gui) et ne puise jamais dans les ressources de l’arbre.

Les bienfaits de la cendre

Mesurez le pH de votre sol (cf. 1er tome), si ce dernier est trop acide, il favorise la mousse et vous allez pouvoir améliorer la situation avec de la cendre de bois qui aura pour effet de faire diminuer l’acidité tout en respectant le sol. La cendre est écologique et ne coûte rien d’en récupérer, si vous possédez une cheminée, un insert, un poêle à bois ou un barbecue, en faisant attention de n’utiliser que des cendres de bois naturel. La cendre est le résultat de la combustion du bois, elle contient donc des éléments minéraux. On y trouve entre autres 2 à 6 % de potassium (K) plus connu sous le vocable de potasse, 1 à 6 % de phosphore (P), 17 à 33 % de calcium (Ca), 2 à 5 % de magnésium (Mg), 14 % de silice (Si). En revanche, elle ne renferme pas d’azote (N). « Qui sème potasse récolte en masse » nous dit le dicton ! La potasse de la cendre est idéale pour la croissance des rosiers, des haricots, des betteraves ou des pommes de terre. La cendre est aussi un excellent amendement (et non pas un engrais) capable de remplacer la chaux pour diminuer l’acidité du sol. Elle va favoriser la microflore et l’activité des lombrics. La bonne dose correspond à 70 g à 100 g par m2, soit deux grosses poignées. La cendre se manipule toujours avec des gants ! Épandez-la en hiver ou gardez-en une réserve pour épandre au printemps entre les légumes, au pied des rosiers, des arbustes vivaces et des arbres fruitiers. 32

Entretenir la ­pelouse en automne

La cendre vient d´être épandue sur la mousse

Les effets de la cendre sur la mousse après 10 jours

Revenons à la mousse, la richesse en chaux de la cendre dont le pH très alcalin (proche de 13), va limiter et inhiber sa croissance. Finalement la mousse jaunit et dépérit (cf. photo). Il va encore falloir faire appel à « l’huile de coude » pour débarrasser le sol de sa couche de mousse morte avec le râteau sacrificateur. On pratique un épandage de cendre à la fin de l’automne et un autre au printemps. Un jardin de 350 m2 suffit pour absorber les 35 kg de cendres produites en une année pour le chauffage d’une maison de 150 m2, avec un poêle à bois ou une cheminée. Attention ! La cendre ne convient pas aux plantes de terre de bruyère ou de sol acide : azalées, rhododendrons, camélias, bruyères d’été, érables du Japon. Petite surprise vos hortensias, bleus, qui deviendront roses au contact de la cendre qui alcalinise le sol ! N’utilisez que de la cendre de bois non traité. N’utilisez jamais de suie, ni de cendre de charbon, très toxiques.

Petit conseil : étant donné la composition strictement minérale des cendres de bois, il n’est pas souhaitable de les mettre dans un composteur, sauf en toutes petites quantités, car elles peuvent gêner la décomposition de la matière organique (modification du pH, assèchement…). Par ailleurs, 33

Ça se passe au jardin…

comme elles n’apportent aucune matière (carbone, azote et eau) nécessaire aux micro-organismes qui fabriquent le compost, il est préférable de les épandre directement sur le sol. Nous rappelons enfin aux accros du « propre en ordre » que la scarification d’un gazon en terrain plus ou moins humide, peut entraîner une multiplication des mousses chez certaines espèces. En effet, ces organismes ont la capacité de se régénérer depuis un simple bout de feuille ou de tige. Afin d’éviter le retour des mousses, pensez à installer des espèces vivaces qui aiment l’ombre comme les fougères, les hostas, les bergénias, les pulmonaires, les cyclamens ou la petite pervenche qui est un excellent couvre-sol. L’automne est la période idéale pour installer ces plantes au jardin. Vous aurez moins de traLe cyclamen et la reine des prés, vail au printemps ! des espèces qui apprécient l´ombre LA MOUSSE : UNE BELLE AU BOIS DORMANT ! Si vous avez près de chez vous un vieux mur ou un tronc d’arbre recouvert de mousses, je vous propose une expérience simple. Par temps sec repérez la mousse brune et desséchée. Tout en continuant à l’observer, humidifiez-la à l’aide d’un vaporisateur ou d’un verre d’eau. La mousse déshydratée va très rapidement redéployer ses feuilles et reverdir, sortant ainsi de sa « dormance ». Si vous la faite devant les enfants, vous devenez un magicien !

Semis automnaux

Contrairement aux idées reçues, l’automne n’est pas absent du calendrier des semis. Les semis et les plantations de cette période concernent surtout les légumes qui résistent au gel et qui vont pousser jusqu’au printemps suivant, au moment de la récolte (épinards, mâche…). C’est une saison où l’on sème, notamment les salades d’hiver (qui résistent au froid et seront récoltées au printemps) et les légumes précoces comme la mâche, la roquette ou le cerfeuil. Terminez de semer du persil, des navets d’hiver, des gros radis d’hiver, des petits radis roses. 34

Entretenir la ­pelouse en automne

C’est aussi le moment de semer les plantes décoratives vivaces ou bisannuelles comme les digitales, les campanules, les ancolies, les épilobes, les marguerites… Semez-les en terrines ou en pots, elles vont germer avant ­l’hiver Semis Germination en Premières pousses et les pousses passeen septembre novembre à la fin de l’hiver ront les frimas pour être Semis automnaux en pleine forme au printemps. Vous pourrez les repiquer en pleine terre dès le mois de mars-avril. N’oubliez pas de mettre une étiquette à chaque récipient afin de ne pas oublier l’espèce semée. Septembre est également le mois idéal pour semer une pelouse dont vous pourrez profiter à la belle saison et elle résistera mieux à la sécheresse. L’arrosage de la nouvelle pelouse sera moins fastidieux car l’automne est naturellement humide. Enfin, la concurrence des herbes folles sera moins rude pour la jeune pelouse, qu’au printemps.

Digitale, aconit et arnica en floraison Sur un sol bien désherbé, nivelé et ratissé, délimitez la surface à engazonner avec de la ficelle ou des étiquettes de plantation. Pour une pelouse rustique et sobre en eau, il convient de marier la fétuque élevée, la fétuque rouge, le ray-grass anglais et le pâturin des prés. N’oubliez pas de rajouter 2 à 5 % de trèfle blanc et de lotier. 35

Ça se passe au jardin…

Semez à la volée en effectuant deux passages croisés. Vous obtiendrez une pelouse champêtre et rustique qui sera fleurie en été. Le trèfle et le lotier, deux légumineuses, sont d’excellents fixateurs d’azote et vous n’avez pas besoin de recourir à des engrais nocifs pour l’environnement.

Pelouse enrichie en trèfle blanc

Le lotier et le trèfle, deux légumineuses qui enrichissent le sol en azote Arrosez en pluie fine tous les trois jours et maintenez le sol humide jusqu’à l’apparition des premières pousses, une quinzaine de jours plus tard. La première tonte interviendra quand les jeunes brins d’herbe auront plus de 10 cm de hauteur, en laissant au moins 5 cm d’herbe au sol. Le trèfle poussera avec un peu de retard pour combler les zones où le semis semble moins dense. Le lotier apparaîtra au printemps pour densifier votre prairie champêtre. Les semis d’automne grandissent d’autant mieux qu’ils sont effectués dans un endroit du jardin protégé du vent et profitant d’une exposition au sud. 36

taille automnale et hivernale La

La taille est une tâche importante au jardin et les mois d’automne et d’hiver sont une période idéale pour rafraîchir votre végétation et préparer certaines plantes pour le printemps. Elle favorisera la santé de la plante en supprimant le bois mort, malade ou endommagé. Cette taille renforcera aussi la qualité des fleurs, des tiges, du feuillage et des fruits.

Dépêche-toi de descendre, le café va refroidir !

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Ça se passe au jardin…

Mais attention, il ne faut pas pour autant trop couper afin de ne pas stresser la plante. En automne, l’idéal est de tailler les arbres, les arbustes, les buissons et les haies d’un quart de leur taille maximum, en utilisant un sécateur ou une cisaille. Le reste du travail s’effectuant à la fin de l’hiver, avant le 15 mars. En taillant en période de dormance (c’est-à-dire lorsque les arbustes n’ont plus de feuillage), vous profitez d’une bonne vision spatiale du volume et de la future silhouette de la plante. Prenez soin d’aiguiser les lames de votre sécateur et surtout de les désinfecter régulièrement pour ne pas propager les maladies cryptogamiques, bactériennes ou virales. En taillant sans précaution une plante avec un sécateur contaminé par la précédente, vous risquez de transmettre une infection. La zone de coupe offre une porte d’entrée aux maladies. Lavez les lames au savon noir puis frottez-les avec un chiffon en coton imprégné d’alcool à brûler. Après chaque opération sur une plante malade, n’hésitez pas à désinfecter vos outils de coupe. Même si cela semble contraignant , il est nécessaire d’effectuer ce geste simple, il en va de la santé de votre jardin !

À l’automne, on pratique une taille douce des arbustes à feuillage persistant. Le but est de juste rééquilibrer la silhouette de manière légère en évitant de tailler les plus grosses branches. On élimine les vieilles branches à la base de l’arbuste près de la souche ou à la jonction d’une branche. Attention de ne pas avoir la main trop lourde, le volume à éliminer ne doit pas dépasser 30 % du volume de l’arbuste. Cela aura pour effet de stimuler la croissance de jeunes rameaux. Une taille trop sévère à l’automne pourrait fragiliser l’arbuste avant les gelées et il risquerait de ne pas s’en remettre au printemps. Cela risquerait aussi d’engendrer une croissance excessive et désorganisée : longues tiges sans fleurs, rameaux fragilisés… Dou... Dou... Doucement ! 38

La taille automnale et hivernale

Bien dégagé autour des rameaux SVP ! Certains végétaux jeunes, comme le cornouiller, le chèvrefeuille, la potentille, le buddleia, peuvent tolérer une taille de rajeunissement plus drastique : le recépage ou rabattage. L’opération consiste à tailler l’ensemble des branches à 15 cm du sol. La souche est dégagée. De nouveaux rameaux « tous neufs » viendront très rapidement prendre leur place au printemps. Sur ces tiges, la floraison sera vigoureuse et de qualité. À éviter. Une taille à l’horizontale des rameaux est à proscrire chez les rosiers et les arbres fruitiers. Coupez toujours vos tiges en biseau pour éviter que l’eau ne stagne, favorisant l’éclatement des tissus au gel ou le développement des moisissures. Tailler en biseau signifie que la coupe du rameau s’exécute obliquement dans un angle de 45° par rapport à l’axe de la branche. Il y a une exception qui concerne les plantes à feuilles opposées comme les hortensias, les lilas, les forsythias, etc. La coupe doit être horizontale pour ne pas endommager les bourgeons.

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Taille en biseau

Taille horizontale

Ça se passe au jardin…

Quand et comment tailler les hortensias ?

On entend tout et son contraire sur la taille des hortensias (Hydrangea en Latin). Le principe de taille se résume surtout à un nettoyage de la plante et à une connaissance de la structure générale d’un hortensia. Les fleurs de l’hortensia poussent toujours sur les tiges de l’année précédente. Il est donc important de savoir comment procéder à une taille raisonnée sans compromettre la future floraison. Les hortensias réclament d’être taillés lors de deux périodes dans l’année, durant l’automne, puis la fin de l’hiver. En automne, commencez par supprimer le bois mort et les fleurs fanées, sans tailler plus. En effet, à la fin de la floraison, il est inutile de conserver les fleurs fanées, mais il est encore trop tôt pour couper franchement l’hortensia. Profitez de cette taille d’automne pour supprimer, toujours au-dessus d’une paire de bourgeons, toutes les tiges sèches, présentant des taches et des maladies. De même, coupez à leur base toutes les tiges de bois mort. Elles se repèrent facilement, car leurs tiges brunes sont creuses et cassantes. Dans les régions froides n’hésitez pas à laisser les fleurs fanées en place, elles protègeront les bourgeons pendant l’hiver.

Taille horizontale de l´hortensia au-dessus des deux bourgeons

Supprimez au sécateur toutes les fleurs fanées en coupant juste au-dessus du dernier bourgeon porté par chacune des tiges. Comme il s’agit d’une taille horizontale, veillez à ne pas endommager les bourgeons. À la fin de l’hiver, au mois de mars, vous pouvez supprimer au sécateur toutes les fleurs fanées en coupant juste au-dessus du dernier bourgeon porté par chacune des tiges. Concrètement, partez de l’extrémité de la branche, et descendez jusqu’à la première paire de bourgeons. Taillez environ 2 cm au-dessus. Attention cependant à ne pas avoir la main trop lourde. Ne coupez pas trop court, puisque les fleurs de l’hortensia se développent sur les tiges de l’année précédente. Si vous coupez ce qui a poussé l’année précédente, vous n’obtiendrez aucune fleur, et devrez attendre encore un an. 40

La taille automnale et hivernale

Sinon, une taille particulière est nécessaire tous les deux ans pour dégager le centre de l’arbuste. L’idée est d’éclaircir et d’aérer cette zone centrale, de façon à permettre à la lumière de bien y pénétrer. À la fin de l’hiver, vous pouvez également effectuer une taille plus drastique de l’hortensia dans le but de régénérer la touffe et d’améliorer la floraison future. Il s’agit de tailler toutes les tiges à ras, à environ 20 cm du sol. Vous perdrez la floraison de l’été, mais l’année suivante se développeront de superbes fleurs sur les tiges ayant poussé durant l’année. Ôtez également tout bois mort ainsi que les rameaux les plus chétifs. N’hésitez pas à rabattre au sol les branches âgées qui sont de couleur blanche. Le travail d’un hortensia demande plusieurs années de patience. Pour finir vous pourrez profiter d’une floraison soutenue tout en assurant un bon état de la plante. Tiges anciennes Fleurs de l’année précédente

Bourgeons floraux

Branches mortes ou abimées

Taille générale d´un hortensia La taille des rosiers

Pour obtenir des floraisons abondantes, la taille de vos rosiers s’impose. Rien ne sert de se précipiter, il faut attendre la chute des feuilles et donc le repos végétatif pour tailler les rosiers. Nul besoin d’être un jardinier très expérimenté pour s’y adonner, cela n’a rien de sorcier comme vous allez le découvrir. 41

Ça se passe au jardin…

On commence par la petite taille d’automne, peu pratiquée car pas toujours indispensable mais qui simplifie tout de même la vie du jardinier au printemps et donne une floraison plus précoce. Cette taille d’automne consiste simplement en une pré-taille de nettoyage avant la taille printanière un peu plus sévère. La période idéale débute en novembre, selon les régions et court jusqu’en mars. Rappelez-vous qu’il n’est pas recommandé de travailler en cas de gelées et qu’il faut éviter cette taille dans les régions froides ! Vous trouverez de nombreux tutos sur internet ensuite vous verrez que le bon sens arrive très vite ! Vous adapterez la période de taille en fonction de votre climat ! La meilleure période reste la fin de l’hiver quand les fortes gelées ne sont plus à craindre. Attention néanmoins aux gelées tardives qui risquent de ruiner vos efforts dans des régions montagneuses. Cette taille va donner de la vigueur à l’arbuste et améliorera sa floraison. Coupez les branches ni trop Bonne coupe Coupe trop haute Coupe trop basse près ni trop loin d’un bourgeon (trop loin du bourgeon) (trop près du bourgeon) (chez les rosiers on nomme le bourgeon, un œil). Orientez la contre-lame de votre sécateur (désinfecté au préalable) vers la partie à couper ; sinon l’extrémité des rameaux risquerait d’être écrasée. Souvenez-vous que les coupes se font toujours quelques millimètres au-dessus d’un œil. Elles sont biseautées, afin que l’eau ne stagne pas sur la coupe (ce qui favoriserait l’apparition de maladies), et inclinées en sens inverse du bourgeon, pour que

Au moment de la plantation

2e printemps

3e printemps 42

La taille automnale et hivernale

l’eau ne s’écoule pas sur lui. N’oubliez pas de ramasser les feuilles tombées au sol également, d’autant plus si elles présentent des taches noires ou de l’oïdium. On évitera aussi de les mettre dans le tas de compost. Chaque type de rosier requiert cependant une taille appropriée. Votre rosier à fleurs rouges se met à produire de petites fleurs blanches ou roses, assorties de petites feuilles et de tiges claires très épineuses. Que se passe-t-il, vous pensez qu’il dégénère ? Il s’agit simplement de ce que l’on appelle la « reprise des gourmands ». Les rosiers sont tous greffés sur un porte-greffe sauvage comme Rosa canina, mieux connu sous le nom d’églantier ou « gratte-cul ». Le porte-greffe forme un bourrelet sur la tige et il en profite parfois pour s’ensauvager en produisant des tiges d’un vert plus clair, ce sont les fameux « gourmands » de l’églantier. Dame Nature reprend ses droits ! Le rosier a peut-être aussi été planté trop profondément, avec un point de greffe enterré, et de Gourmand partant du nouvelles pousses sont parties point de greffe en deçà. Si les gourmands ne sont pas coupés, le porte-greffe va accaparer la sève et prendre le dessus sur la variété greffée Greffon en quelques années. Pour finir vous aurez un simple églantier !

L´églantier, le porte-greffe du rosier

Gourmand sur une racine principale

Porte greffe

Enlever un peu de terre à la base du gourmand pour le couper le plus ras possible, sa tige sous le bourrelet de Gourmands sur un rosier greffé greffe. S’il a pris naissance sur une racine, et non sous le bourrelet de greffe, n’hésitez pas à déraciner la racine porteuse du gourmand. Sinon, il faut replanter votre rosier, après l’avoir rabattu et coupé à ras les gourmands. Attention de ne jamais bêcher votre pied du rosier, vous risquez de le blesser les racines du porte-greffe et d’initier la croissance des gourmands. Contentez-vous d’aérer le sol en surface avec une binette ou une grelinette. 43

Ça se passe au jardin…

Tailler le rosier buisson Le rosier buisson ou rosier arbuste, est le plus courant au jardin, il s’accommode de tous les jardins et de tous les sols. C’est une plante au port évasé qui mesure entre 60 cm et 1,20 m de hauteur, selon les variétés. Enfin, il porte soit de grandes fleurs solitaires (parfaites pour confectionner bouquets), soit des fleurs plus petites mais groupées en bouquet et ce sont les variétés Polyantha. Commencez par supprimer le bois mort ou abimé. Prenez-soin d’enlever les « gourmands » qui vont pomper de la sève inutilement et donner des fleurs inattendues. La forme idéale pour un rosier buisson est une coupe évasée où la lumière peut passer. Pour cela, le centre de l’arbuste sera aéré en supprimant les yeux qui pointent vers l’intérieur. Conservez 3 à 7 rameaux qui donneront de l’harmonie.

Taille d´un rosier buisson Après la floraison, la taille des fleurs fanées permet au rosier de produire de nouvelles pousses florifères et de lui éviter également de s’épuiser inutilement à fructifier.

Tailler le rosier remontant Le rosier remontant est un rosier qui fleurit plusieurs fois dans la saison, contrairement au rosier non remontant qui ne fleurit qu’une fois dans la saison, au printemps. La taille aura pour but de dégager le cœur de l’arbuste et de supprimer le bois mort, les branches malades et les rameaux trop frêles. On conservera les rameaux les plus vigoureux, en général 3 à 6 branches, bien réparties, pour une forme buissonnante. On taillera toujours en biais à ½ ou 1 cm au-dessus d’un bourgeon tourné vers l’extérieur. 44

La taille automnale et hivernale

Taille d´un rosier remontant La taille des rosiers remontants peut se faire en 3 temps : • La taille « de propreté », qui consiste, tant que dure la floraison, à couper les fleurs fanées sous la deuxième feuille en dessous de la fleur. • La taille d’automne, qui permet de supprimer les tiges les plus longues, le bois mort et les plus vieilles tiges à la base. N’hésitez pas à enlever les rameaux en surnombre qui encombrent le cœur de l’arbuste ; • La taille de fin d’hiver. C’est la véritable taille pour leur donner une jolie forme. Vous en jugerez par vous-même en observant les premiers bourgeons qui se forment : c’est le signal que vous pouvez débuter la taille. Vous pouvez rabattre les branches principales à 30 cm du sol et supprimer le vieux bois et reste du bois mort. À savoir : plus les rosiers sont taillés sévèrement et plus ils vont se fortifier.

Le cas des rosiers non-remontants Pour les rosiers non remontants, le moment de la taille n’est pas le même. Si vous taillez à la fin de l’hiver, vous risquez de ne pas avoir de fleurs au printemps. Ils se taillent juste après leur unique floraison. La grande majorité de ces rosiers fleurissent sur les rameaux de l’année précédente, formés pendant l’été et l’automne. Pour cela, il suffit de supprimer tous les rameaux qui ont déjà fleuri de mai à juin, ainsi que le vieux bois et le bois mort. On ne peut faire plus simple. Après la floraison printanière : tous à vos sécateurs !

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Ça se passe au jardin…

Tailler les rosiers grimpants Les rosiers grimpants ou rosiers lianes, n’ont pas besoin d’être taillés, sauf si l’on veut contrôler leur développement. Le but de la taille est de rajeunir peu à peu la ramure en gardant une bonne occupation de la surface verticale, tout en limitant l’envergure globale du rosier. Dès la fin de l’hiver, on élimine le bois mort et les branches trop faibles. On laisse de grandes branches jeunes et vigoureuses, de plus de 2 m de long, pour assurer la floraison suivante. Attention, cette taille ne s’effectue que sur les sujets ayant au moins 3 ans.

La taille d´un rosier grimpant La fin d’hiver est aussi le bon moment pour tailler les arbustes à floraison estivale. Comme ces derniers fleurissent sur le bois de l’année, sans intervention, ils ne fleurissent qu’aux extrémités et fabriquent du vieux bois. L’objectif est de supprimer les rameaux ayant fleuri la saison passée ce qui stimule l’émergence de pousses florifères. N’hésitez pas à aérer le cœur de l’arbuste pour lui donner plus de vigueur. On peut réduire du tiers la ramure des hibiscus, des vitex ou des lilas des Indes (lagestraoemias) qui garderont la silhouette d’un petit arbre. Vous pouvez faire la même taille pour les spirées et les abelias sans oublier de supprimer les rameaux en surnombre au cœur de l’arbuste. C’est aussi le bon moment pour tailler les genêts à floraison estivale (les espèces printanières se taillent en juin) et leur assurer une belle floraison et un port compact, bien 46

La taille automnale et hivernale

touffue. Vous pouvez les tailler au sécateur ou à la cisaille. N’hésitez pas à raccourcir de 30 à 40 cm le genêt des teinturiers, sa capacité de croissance est surprenante ! La taille des haies

Une haie permet d’embellir votre jardin, tout en délimitant votre terrain. Elle vous protège qui plus est du vent et des vis-à-vis. Néanmoins, comme tous les végétaux du jardin, son esthétique nécessite un minimum d’entretien. Vous avez le choix entre une haie linéaire et une haie libre ou champêtre. La haie linéaire, afin de garder son aspect « propre » demandera plus de travail qu’une haie champêtre où les différentes essences sont plus libres de mener leur propre « vie végétale ». De plus, la haie champêtre vous gratifiera d’une multitude de couleurs, de teintes et de formes selon les espèces. Vous pourrez même y récolter des fruits.

Et puis quoi encore ! Vous volez un coup d´aile ? 47

Ça se passe au jardin…

Une haie est composée d’arbustes dont la croissance s’active deux fois dans l’année, au tout début du printemps et en été, selon les régions. Il est donc impératif d’attendre la fin de ces deux périodes de croissance pour entreprendre une taille. Le mois de mai, le mois d’octobre et la fin de l’hiver restent les périodes idéales. Une taille au cœur de l’hiver est possible dans les régions où il ne gèle pas, ou en période de redoux prolongé.

Détruire des haies pour ériger des murs ! Ça ne vous viendrait pas à l´idée de faire l´inverse de temps en temps ? Attention aux oiseaux qui nichent dans vos haies. La Ligue de Protection des Oiseaux (LPO) et l’Office français de la biodiversité, recommandent de ne pas tailler les haies du 15 mars à la fin du mois de juillet, afin d’attendre l’envol des derniers oisillons. Assurez-vous qu’aucun nid n’est venu s'installer dans la haie avant d’intervenir. En ce qui concerne les haies fleuries, attendez la fin de la floraison avant de tailler. En prenant soin de vos haies, vous évitez de vous retrouver avec des haies dégarnies à l’intérieur et souvent trop larges. Premier conseil. Si vous souhaitez tailler vous-même votre haie, avant de vous mettre au travail, il faudra absolument vous assurer d’être bien équipé, tant pour effectuer un travail de qualité, que pour assurer votre sécurité. Dans tous les cas, utilisez des gants épais et des chaussures renforcées. Il est aussi conseillé de porter des lunettes de protection ainsi qu’un casque. Par ailleurs, demandez si possible à quelqu’un de surveiller le travail et faites toujours attention à ce que personne ne s’introduise dans la zone de taille. Attention à l’utilisation d’une échelle classique qui présente de nombreux risques pour la sécurité. Un maintien incertain en cas d’appui sur les branches et un appui mouvant au sol car il est rare de trouver une surface ferme et plate. La forme étroite des échelons s’avère aussi moins confortable et moins pratique pour garder l’équilibre, en cas d’une utilisation prolongée. 48

La taille automnale et hivernale

Quiconque travaille sur des arbres avec une échelle doit s’assurer dès une hauteur de chute de 3 mètres. Sinon il faut faire appel à un spécialiste. Dans tous les cas vous devez investir dans l’achat d’une échelle ou d’un escabeau stable. Les escabeaux professionnels disposent de marches plus larges et donc plus sécurisantes pour le maintien de l’utilisateur, ainsi que de pieds très résistants, s’adaptant facilement à l’instabilité des sols de jardin. Certains modèles ont des sabots afin que les pieds ne s’enfoncent pas dans la terre. Cela vous donne aussi plus de stabilité si le sol est un peu meuble. Si vous savez que vous allez utiliser souvent un escabeau à l’extérieur, mettez-y le prix, afin que votre escabeau de jardin soit durable. Les plus courants sont ceux en aluminium, en raison de leur stabilité et surtout de leur légèreté. Ils s’adaptent souvent aussi bien aux utilisations en intérieur qu’à l’extérieur. Attention cependant à ne jamais utiliser un escabeau de bricolage classique au jardin, ses pieds auront tôt fait de s’enfoncer dans le sol meuble, au risque de vous déstabiliser et de vous faire chuter !

Les dangers du mésusage d´un escabeau classique au jardin 49

Ça se passe au jardin…

L’échelle-escabeau tripode est un bon compromis pour travailler en sécurité au jardin. Vous avez bien entendu, il s’agit d’une échelle à trois pieds et dotée de marches. Les échelles trépied, encore nommées échelles fruitières ou échelles tripodes japonaises, sont idéales pour leur positionnement lorsque vous devez travailler en hauteur. Vous pouvez positionner le pied arrière ajustable, dans la haie elle-même, ou l’incliner le long de la haie. Les échelles tripodes sont également extrêmement stables – un sacré plus lorsque vous travaillez en hauteur. Tout ce qui améliore la stabilité est susceptible de réduire les risques d’accidents.

Une échelle japonaise

Ce type d’échelles sécurisées en aluminium est maintenant largement utilisé pour la taille, l’élagage, la récolte des fruits ou même par les apiculteurs pour récupérer les essaims. Elles permettent de travailler au plus près des végétaux tout en conservant un équilibre. De plus, elles sont particulièrement légères et donc facilement transportables. Par ailleurs, les marches de l’échelle fruitière offrent un appui beaucoup plus fiable que les barreaux des échelles traditionnelles. Il est donc possible de monter avec des outils et de faire toutes sortes de manipulations sans craindre de perdre l’équilibre. Les pieds étant muni de sabots, ils permettent à l’échelle de rester ancrée dans le sol, ce qui assure ainsi un confort et une sécurité inégalée ! Attention ! Un escabeau ou une échelle, laissé dans le jardin peut être source de danger pour les enfants qui y voit un jeu. Tournez le dos cinq minutes et vous pouvez être sûr qu’un de vos enfants aura essayé de l’escalader. Eh oui, c’est le mimétisme, faire comme les parents mais cela peut mal se terminer ! Il en va de même pour les sécateurs, serpes et autres râteaux laissés les pointes en l’air. Gardons en mémoire que 25 % des accidents domestiques se produisent dans le jardin alors que seuls 16 % des Français y voient un lieu de danger.

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La taille automnale et hivernale

La taille linéaire d’une haie de conifères ou d’arbustes à feuillages persistants

La haie linéaire est le type de haie le plus fréquent où l’on retrouve comme espèces, le thuya, l’if, le berbéris, le cyprès, le laurier du Caucase, le laurier thym, le photinia ou le troène. La taille de cette haie doit toujours débuter par le sommet en essayant de conserver une hauteur bien rectiligne et harmonieuse tout le long de la haie, surtout si cette dernière épouse les courbes du terrain. Vous devez la tailler au moins une fois par an mais évitez de tailler les 3 faces au même moment. En effet, au fil du temps la couche verte extérieure est de plus en plus fine, tout l’intérieur se vide et n’est plus composé que de branches nues. Pour faire simple, le cœur de la haie se meurt. Pour aider votre haie à rester verte et vivante le plus longtemps possible, il faut la stresser en la coupant TRÈS court. Une année sur trois on coupe de façon sévère l’une des trois faces. Il faut faire cette opération en février et miser sur les pluies abondantes au printemps. L’année suivante vous faites une coupe sévère sur le dessus et la dernière année sur le côté opposé. La taille des flancs s’effectue du bas vers le haut afin que les déchets ne s’accrochent pas à des branches plus basses. Au cours de la coupe, veillez à ce que la base de votre haie soit un peu moins large que sa partie haute. Cette forme en trapèze, protégera significativement vos essences du vent et des intempéries, en

« On ne va pas au jardin pour se prendre le chou », Stéphane Marie (Silence ça pousse) 51

Ça se passe au jardin…

permettant à l’eau de pluie de s’égoutter plus rapidement. Elle permettra aussi au soleil d’éclairer une plus grande surface foliaire et évitera que la base se dégarnisse. Vous avez choisi la biodiversité et l’imagination versus le « béton végétal ». La haie champêtre offre en effet de nombreux avantages : • une résistance aux maladies : la contamination entre espèces est freinée. Si l’une d’elles est attaquée, a du mal à s’adapter, ou faiblit et disparaît, les voisines prendront sa place. • un effet brise-vent rapide : ce type de haie se garnit et épaissit rapidement, certains arbustes tendant à monter, d’autres à s’étaler à la base. • un entretien facile : on régénère une haie champêtre en la rasant au pied ou à 50 cm du sol, elle repart dès l’année suivante en fortes pousses. • un effet visuel garanti : au fil des saisons, alternent floraisons, fructifications, associées à des variations de couleur des feuillages. • un accueil pour la petite faune : vous favorisez l’accueil des espèces dites « auxiliaires » qui y trouvent le gîte et le couvert. Votre haie devient hospitalière et mellifère. La taille est indispensable pour obtenir une haie dense et homogène. Cette haie aux formes et aux volumes variés se travaille un peu comme une sculpture, où selon le besoin, on creuse ou on arrondit les formes. On taille uniquement pour maîtriser la croissance des végétaux. Certains peuvent être taillés plus sévèrement afin de permettre à d’autres, moins vigoureux, de se développer. Côté espèces, le choix est large. Invitez des espèces comme le sureau, le seringat, le forsythia, le houx, la bourdaine, le mahonia, sans oublier le cornouiller, le noisetier, le prunellier ou l’aubépine. N’oubliez pas les berbéris, si leurs épines sont redoutables, ils offrent une belle palette de couleurs de feuillages et leurs baies attirent les oiseaux en hiver. On préfèrera la cisaille au taille-haie, elle permet un travail plus « chirurgical » et un rendu plus naturel.

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Plantations ­automnales et hivernales En automne, la sève se retire dans le système racinaire, entraînant la chute des feuilles comme nous l’avons vu au début du livre. À partir de ce moment, si la partie aérienne de la plante entre en repos végétatif, les racines, elles, continuent de pousser. Planter un arbre en novembre permet donc à ses racines de bien s’installer avant les grands froids. Au printemps, l’arbre repartira avec d’autant plus de vigueur que son système racinaire se sera bien développé. Il sera également plus résistant en cas de sécheresse. Nous sommes dans la période idéale pour mettre en terre les plantes en conteneur comme les hortensias, les rosiers, les forsythias, les weigélias, les lilas, les viornes, les noisetiers, les arbustes à fruits rouges (framboisiers, groseilliers, cassissiers). C’est aussi le bon moment pour planter des arbres, des arbustes, des rosiers ou des plantes à racines nues et en particulier les arbres fruitiers. À la Sainte-Catherine tout bois prend racine… Le dicton est célèbre. Fêtée le 25 novembre, cette journée était censée permettre au jardinier de réussir n’importe quelle plantation. Si le jour de la Sainte-Catherine, il pleut ou il gèle, abstenez-vous de planter ! Une plantation doit s’effectuer hors gel et un sol détrempé ne facilite pas l’implantation de l’arbre ou de l’arbuste La période la plus favorable s’étend sans conteste de mi-novembre à mi-décembre : les racines ont le temps de bien s’installer avant les grands froids de janvier. Attention, si le sol est trop argileux et reste détrempé tout l’hiver, le printemps est bien plus préférable pour les réaliser vos plantations. La plantation des rosiers

Les rosiers vendus en jardinerie se présentent soit en conteneur, soit avec les racines nues. Dans le premier cas ils sont en terre depuis très peu de temps et quand on les extraits du conteneur, la terre et les racines se dissocient le plus souvent pour se retrouver nues !

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Ça se passe au jardin…

Greffe Boue

Taille (habillage)

Pralinage

Terreau Plantation

Arrosage

Buttage

Les différentes étapes de plantation d´un rosier À la réception de votre rosier, laissez-le tremper dans un seau rempli d’eau pendant 24 heures pour bien hydrater les racines. Il faut ensuite pratiquer un « habillage » qui consiste à tailler les extrémités à 15 cm du point de greffe et raccourcir les racines trop longues. C’est le secret s’une bonne reprise au printemps. Vient ensuite la phase de pralinage. Le pralinage des racines consiste à enrober, avant la plantation, les racines d’un arbre, d’un arbuste ou d’un rosier avec un mélange boueux à base d’argile et d’eau. Pour réaliser un bon pralinage, il faut préparer le pralin : mélangez dans un seau, de la terre de jardin additionnée d’eau afin d’obtenir une boue liquide mais suffisamment dense. C’est le moment d’utiliser la terre des taupinières. Si vous avez du fumier décomposé, c’est encore mieux, sinon une terre argileuse, bien collante fera l’affaire. Il faut laisser quelques minutes les racines dans ce mélange afin de bien les enrober et stimuler l’apparition de radicelles. Faites participer les enfants, ils adorent jouer avec la boue !

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Plantations ­automnales et hivernales

Il ne reste plus qu’à planter le rosier. Le trou préalablement creusé doit représenter un volume équivalent à celui des racines. Déposer au fond du terreau ou du compost. Le point de greffe doit se trouver juste au-dessus du niveau du sol après tassement. Rebouchez le trou avec la terre d’origine, tassez bien et surtout arrosez généreusement. Il est prudent de « butter » le rosier avec un monticule de paille ou de feuilles mortes, cela protègera le point de greffe du gel et limitera la formation de « gourmands ». Pour la petite histoire, le dicton de la Sainte-Catherine où tout bois prend racine, fait référence à un savoir-faire ancestral bien connu des jardiniers et horticulteurs : la bouture en bois sec. Cette technique consiste à enfoncer dans le sol un simple morceau de bois ou une branche sans racines ni feuilles, pour qu’il pousse et fasse des feuilles au printemps. Et c’est au moment de la Sainte-Catherine que le bouturage en bois sec fonctionne le mieux. Au fil des siècles, le dicton s’est étendu du simple bois à l’arbre, englobant maintenant la plantation d’arbres et d’arbustes, en racines nues ou en pot. Rassurez-vous, il n’y a pas qu’à la Sainte-Catherine que tout bois prend racine. Vous pouvez faire mentir le dicton et planter des arbres et arbustes en conteneur, tout au long de l’hiver

Savez-vous planter les bulbes ?

Comme nous l’avons déjà mentionné, l’automne ne doit pas être perçu comme une saison morte au jardin. On plante en automne pour s’assurer un printemps fleuri. Au balcon et en terrasse, c’est le moment de planter des végétaux en pot. Évitez les banales pensées et autres pâquerettes dites « décoratives » qui rappellent les jardinières des cimetières. Ornez vos balconnières de plantes à floraison hivernale, comme les bruyères d’hiver, les bergénias ou les hellébores. Au jardin, c’est le moment de planter les arbres fruitiers, les plantes vivaces, les haies, les bulbes. La jacinthe et son bulbe 55

Ça se passe au jardin…

En suivant ces quelques conseils simples de plantation, vous aurez l’assurance d’obtenir de magnifiques fleurs dans votre jardin. Un bulbe à fleurs est un organe de stockage souterrain, ovale ou arrondi. Il renferme toutes les réserves de nourriture dont la plante aura besoin pour croître et fleurir. Il peut être écailleux (lys ou jacinthe) ou à tunique (narcisse ou tulipe). Il s’agit d’une tige souterraine courte (en plateau) qui porte des feuilles modifiées formant des gaines, encore appelées écailles et qui s’emboîtent les unes dans les autres. Ce sont ces couches successives que vous découvrez en découpant un oignon. Ces feuilles modifiées servent d’organes de réserve pour la future plante. Les racines qui émergent du plateau de la tige absorbent l’eau et les sels minéraux du sol.

Tige Écailles

Plateau Racines

Coupe d´un bulbe de jacinthe Au printemps, l’épanouissement des fleurs, achève de consommer les réserves du bulbe, et en même temps les feuilles commencent à synthétiser de nouvelles réserves, qui accumulées dans les bourgeons axillaires, vont progressivement les transformer en un nouveau bulbe qui va entrer en dormance. Pour les bulbes d’automne qui fleurissent au tout début du printemps, la plantation s’effectue dès le mois de septembre et cela jusqu’en novembre, pour qu’ils puissent s’enraciner avant le début des frimas. Le froid est indispensable dans leur cycle de vie. Dès que le sol se réchauffera à la sortie de l’hiver, les bulbes fleuriront. 56

Petit matériel pour la plantation des bulbes

Plantations ­automnales et hivernales

On utilise un plantoir à bulbe pour faire un trou de la profondeur désirée (image 1). Ne jamais utiliser de plantoir pointu conique, le fond du trou étant trop étroit, la base du bulbe ne reposera pas au contact de la terre et une poche d’air subsistera. Les bulbes supportent mal l’humidité stagnante qui provoque leur pourrissement. Dans le cas d’une plantation en terre argileuse, il est plus prudent de rajouter un lit de sable de rivière au fond du trou.

La plantation d´un bulbe Enlevez ensuite la terre en retirant le plantoir. Déposez le bulbe au fond sur ce lit de sable ou un petit monticule de terre (image 2). Il suffit pour finir de le recouvrir avec la terre restée emprisonnée dans le plantoir (image 3). N’hésitez pas à suffisamment rapprocher les bulbes pour obtenir un massif dense du plus bel effet. N’utilisez jamais de fumier qui favorise le pourrissement, préférez du compost que vous avez réalisé vous-même. Une situation à l’abri des vents et des fortes giboulées printanières est idéale. Tous les bulbes exigent une situation ensoleillée ou mi-ensoleillée. Néanmoins certaines espèces comme les narcisses ou les muscaris, s’accommodent d’une zone ombragée. Dans le cas d’une plantation en jardinière, le mélange de terre doit également être drainant. Pour cela, plantez-les dans un mélange de 1/3 de terreau (compost) + 1/3 de sable + 1/3 de terre de jardin. Dans les jardineries on vous propose plusieurs calibres de bulbes, les plus petits étant les moins chers. Pour obtenir un beau résultat, choisissez toujours les plus gros calibres. Évitez de les acheter lors des ventes promotionnelles, les bulbes issus de déstockage peuvent être de mauvaise qualité et avoir longtemps séjourné sur des étals. 57

Ça se passe au jardin…

Un bulbe planté en surface risque de se dessécher s’il ne pleut pas, d’être entraîné par la pluie, de geler, voire de faire l’objet d’attaques de mollusques comme les escargots ou de rongeurs comme les mulots. Il donnera aussi plus de prise au vent, lorsqu’il aura commencé sa croissance et la plante risquera même d’être arrachée au moindre coup de vent. La règle générale et de laisser au-­ dessus du bulbe une hauteur de terre Les escargots raffolent des bulbes égale à 2 fois la sienne. Mais certains bulbes dérogent à la règle : le crocus (h = 2 cm) qui doit être planté à 7cm de profondeur ou les narcisses et jacinthes (h = 5 cm), qui doivent être enfouis à 15 cm. Ce n’est pas parce que vous planterez la même variété à 2 mois d’intervalle que la floraison sera prolongée, en 2 vagues successives. Les bulbes sont des horloges biologiques dont la floraison est réglée par avance avec précision ! N’essayez pas de planter plus profondément un bulbe pour en retarder certains par rapport aux autres. Vous risquez tout simplement de ne jamais le voir poindre et fleurir. Les bulbes sont capricieux ! Dernier détail : plantez-les avec la pousse vers le haut et placez une étiquette pour repérer votre plantation. Après le passage de l’hiver, on oublie vite les lieux où ils ont été enfouis. Profondeur 0 cm Perce-neige Crocus 5 cm Muscari

Lys 10 cm

Tulipe Allium

15 cm Narcisse

Jacinthe 20 cm

Quelques exemples de profondeur de plantation des bulbes 58

Plantations ­automnales et hivernales

LE FROID EST INDISPENSABLE À LA FLORAISON D’UN BULBE ! Pour les bulbes plantés à l’automne, ce sont les températures hivernales qui lèvent la dormance des bourgeons qui s’épanouissent au printemps suivant. De nombreuses espèces végétales ne peuvent fleurir qu’après une période d’exposition de quelques semaines à des températures de l’ordre de 3-6 °C, voire une période de gel. On définit par le terme de vernalisation, la transformation opérée par les températures basses qui confère l’aptitude ultérieure à fleurir si les conditions environnementales sont favorables.

Plantation des arbres et arbustes

L’automne est un moment spectaculaire pour les arbres et les arbustes dont les houppiers se parent de belles robes, rouge, orange ou or. C’est donc le moment idéal pour choisir un spécimen en jardinerie ou en pépinière. L’achat d’un ginkgo, d’un liquidambar ou d’un érable du Japon, est préférable quand son feuillage est éclatant de couleur. Vous êtes assuré que l’année suivante vous aurez le même effet dans votre jardin. Beaucoup de plantes réagissent mieux à une mise en terre automnale. L’automne est la période idéale pour la plantation des arbres et des arbustes, elle permet au système racinaire de se développer comme nous l’avons indiqué plus haut. Au printemps, les racines des plantes fraîchement installées sont enfouies dans un sol encore souvent froid, ce qui nuit à leur développement immédiat. Depuis quelques années avec le réchauffement général, les printemps subissent de vagues de températures chaudes qui stimulent la formation des feuilles et des fleurs au détriment des racines. Puis, arrivent de plus en plus en plus fréquemment des sécheresses et des canicules estivales peu propices à la croissance racinaire. Par conséquent, beaucoup de végétaux plantés au printemps s’épuisent quand ils sont soumis à un stress prolongé dès leur première saison au jardin. Le réchauffement climatique nous contraint à effectuer nombre de plantations en automne ou au début de l’hiver, tant que le sol n’est pas gelé et que les températures ne sont passées sous un seuil de –2 ou –4 °C. Pour résumer, une plantation automnale ou hivernale permet au végétal de recevoir l’eau de pluie nécessaire au bon développement de ses racines. Plus robuste, il aura besoin de moins d’entretien l’été, quand les fortes températures et les périodes sèches seront arrivées. L’arbre ou l’arbuste en sera d’autant plus résistant aux maladies. 59

Ça se passe au jardin…

Il faut toujours bien réfléchir à l’endroit où vous aller planter votre arbre. On repère si le lieu choisi est ensoleillé ou ombragé, exposé au vent, pas trop près d’un mur, de la terrasse ou du potager… Il convient aussi de prendre en compte sa croissance future, il serait dommage de devoir le transplanter dans quelques années, s’il gêne la perspective du jardin. Assurez-vous avec vos proches que tout un chacun est d’accord sur l’endroit où vous allez creuser le trou de plantation. C’est souvent au dernier moment, quand tout est prêt, qu’une petite voix vous suggère d’aller le planter à l’autre bout du jardin !

Tout compte fait, je pense qu´il serait plus en valeur le long de la haie... Une question revient souvent : faut-il choisir des plantes livrées racines nues ou bien des plantes vendues en conteneur ou encore en motte ? Il faut savoir que planter un arbre avec des racines nues est impossible au printemps, c’est la mort assurée de la plante ! Un arbre acheté racines nues, n’a pas subi les contraintes de croissance imposée par un conteneur. Il sera donc plus robuste et plus développé qu’un spécimen cultivé en conteneur, au même âge. Le conteneur n’est pas pour 60

Plantations ­automnales et hivernales

autant à proscrire et c’est bien souvent la seule présentation disponible pour le jardinier amateur. Ce type de conditionnement permet une plantation quasiment toute l’année si l’on exclue les périodes de gel.

Motte, racines nues ou conteneur Les arbres feuillus caducs (hêtre, bouleau, saule…), les arbustes de haie, les fruitiers, les rhododendrons et les rosiers sont particulièrement appropriés pour être choisis en racines nues. A contrario, les conifères, les lilas ou les arbustes persistants de haie, sont plus vigoureux lorsqu’ils sont achetés en motte. Comme nous l’avons dit plus haut, vous n’aurez pas toujours le choix du conditionnement. Nous allons voir les avantages et les inconvénients de chaque conditionnement.

L’arbre en conteneur La plante en conteneur est devenue la star des jardineries. Principal avantage, elle peut être planté presque toute l’année et la plantation en est simplifiée. C’est la solution idéale si vous souhaitez combler immédiatement un trou dans une haie ou un espace du jardin, ou encore embellir une zone sans attendre. Ce conditionnement est plus couteux car il a demandé plus d’entretien (taille, transplantation, plus d’arrosage…). Privilégiez cette forme si les variétés ne sont pas disponibles en racines nues, hors période de repos végétatif ou si 61

Ça se passe au jardin…

vous n’êtes pas là durant l’hiver pour surveiller vos plantations et assurer l’arrosage. Lors de la plantation, n’hésitez pas à libérer les racines à l’aide d’une griffe. Une majorité d’arbres et d’arbustes de taille peu imposante sont disponibles sous cette présentation : rosiers, hortensias, céanothes, lauriers, potentilles… Côté négatif, une fois la plantation effectuée il reste le récipient en plastique nocif pour la planète. Un autre point négatif est le fait que les plants ont pu séjourner trop longtemps dans leur pot et les racines ont formé un « chignon » qui peut gêner la reprise.

L’arbre en racines nues Ces sujets cultivés en pleine terre sont déterrés au début de leur période de repos végétatif à l’automne. C’est pour cela que leur aspect n’est généralement pas des plus engageants : branches dénudées, absence de feuilles, de fleurs ou de fruits. Mais cette apparence ne les empêchera pas de montrer tout leur potentiel au retour des beaux jours printaniers. C’est en automne, au moment où le repos végétatif (dormance) des plantes intervient, que vous allez pouvoir les planter. Vérifiez bien que les racines sont enveloppées, de paille par exemple. Les arbres vendus racines nues sont aussi souvent moins chers. Un arbre en racines nues n’a pas de terre autour de ses racines et la plantation doit s’effectuer assez rapidement après l’achat. Pour préparer la plantation du spécimen, il convient de creuser le trou de plantation avec une fourche bêche : il doit être plus grand que le volume des racines de l’arbre. Avec cette même bêche, brisez la terre au fond du trou pour permettre aux racines de bien se placer dans le sol. Installez-y un tuteur, côté exposé au vent, en le bloquant afin qu’il ne bouge pas et ne vous gêne pas lors de la plantation. Supprimez les racines abimées et celle qui sont trop longues à l’aide d’un sécateur bien aiguisé. N’oubliez pas de praliner les racines afin de donner toutes les chances de reprise à votre arbre. Le tronc doit être parfaitement vertical. On commence par reboucher le trou avec de la terre légère sans tasser avec le pied pour ne pas endommager les racines. Secouez le tronc afin que la terre pénètre et ainsi supprimer les poches d’air. Il convient d’arroser généreusement et de pailler le pied pour conserver l’humidité. N’oubliez pas d’attacher la Arbre en jauge 62

Plantations ­automnales et hivernales

plante à son tuteur à environ 20 cm du sol. Ne serrez pas trop les liens car le niveau va s’abaisser quand la terre se tassera. Si votre lieu de plantation n’est pas encore choisi, vous pouvez mettre votre arbre en jauge. C’est une forme de plantation provisoire qui protègera les racines du gel en attendant que le site de plantation soit prêt. Pour cela, on creuse un trou ou une tranchée peu profonde dans une partie abritée du jardin. Les plantes y sont couchées avec un angle de 45°. On recouvre soigneusement les racines avec 20 cm de terre et on tasse doucement. Les espèces à feuillage persistant sont souvent, même à racine nue, très décoratives dès le début. Surtout le buis, l’if ou le laurier-cerise, qui sont souvent aussi séduisants que les mêmes plantes commercialisées en conteneur, mais pour seulement une fraction du prix !

L’arbre en motte La motte est une variation de la racine nue. On a gardé de la terre autour des racines et l’ensemble est contenu par un filet biodégradable en toile de jute, voire un filet métallique que l’on appelle une tontine. Cette méthode de culture en pleine terre puis d’arrachage permet à l’arbre de ne pas fatiguer ses racines à la plantation, cela lui assure une meilleure reprise dans votre jardin. La plantation s’effectue entre octobre et avril mais cela peut varier suivant les régions et les conditions climatiques. Vérifiez que les arbres et arbustes en mottes sont bien enveloppés et que les racines ne sont pas exposées à l’air. Ce type de conditionnement est disponible de l’automne et au printemps lorsque les conditions de plantations sont convenables. La plantation est plus simple car elle ne nécessite pas d’étape de pralinage et les racines ne sont pas abimées. Il suffit d’immerger la motte dans une bassine ou un sceau afin qu’elle se réhydrate. Vous pouvez laisser le sac de jute tel quel (le jute se désintègre de manière naturelle). Attention aux périodes de gel, le spécimen en motte doit être rentré à l’abri. C’est le conditionnement idéal pour nombre de plantes de haies à feuillage persistant ou à feuillage caduc. Le rapport qualité-prix est meilleur et la motte génère peu de déchets. Avec l’avènement des conteneurs, ce type de conditionnement devient rare. Le seul défaut réside dans le fait que cette technique de plantation ne peut pas s’appliquer en été. Nous vous proposons quelques espèces à inviter au jardin pour leur résistance au gel, leur couleur automnale ou leur parfum : • L’érable du Japon (Acer palmatum) • L’arbre aux quarante écus (Ginkgo biloba) • Le copalme d’Amérique (Liquidambar styraciflua) • Le fusain d’Europe • Le magnolia grandiflora 63

Ça se passe au jardin…

L’érable du Japon (Acer palmatum) C’est l’essence idéale pour apporter une touche exotique et colorée à votre jardin. Petits arbres ou grands arbustes, les érables du Japon ont une croissance lente et forment aussi de gracieux bonsaïs. Les érables du Japon sont originaires du Japon et d’Asie (Chine ou Corée) et appartiennent à la famille des Acéracées. Leur taille varie de 4 à 10 mètres de hauteur selon les variétés, pouvant ressembler à un grand arbre du fait de leur port harmonieux. Leur feuillage devient flamboyant en automne. De façon générale, les érables du Japon ne craignent pas le gel. Ils supportent des températures de l’ordre de –25 °C. Ce sont des essences bien adaptées aux petits jardins. La plantation de l’érable du Japon se fait de préférence en automne pour lui laisser le temps de bien s’installer dans la terre. Il peut être aussi planté tout au long de l’année, livré en conteneur mais selon les régions on privilégiera les périodes où il ne gèle pas et où il ne fait pas trop chaud et sec. De manière générale, les érables du Japon sont des espèces exigeantes.

L´érable du Japon

Si vous avez un sol calcaire, vous pouvez dire adieu à cette espèce, à moins de la planter en bac ! Les érables du Japon sont des plantes de terre de bruyère, au même titre que l’azalée, le rhododendron, le camélia, le magnolia, ou la bruyère. Dans l’idéal, il faut préparer un mélange de terre de bruyère avec on bon terreau riche en matières organiques, c’est là qu’intervient le terreau de votre compost. Le sol doit être bien drainé et vous pouvez rajouter une couche de graviers au fond du trou de plantation.

Une exposition plein Sud n’est pas adaptée, les feuilles vont rapidement se dessécher et votre érable va perdre tout son éclat. Une zone en mi-ombre 64

Plantations ­automnales et hivernales

sera son biotope de prédilection. Paillez le pied de l’arbuste pour garder la fraicheur du sol. Un paillis d’écorces de pin permettra d’acidifier légèrement la terre de plantation. Placez-le en arrière-plan d’un massif de plantes de terre de bruyère, il fera de l’ombre aux azalées ou aux hortensias. Leur feuillage décoratif permet de les associer aux fougères ou aux graminées. Arrosez généreusement le pied puis laissez le sol sécher entre deux arrosages. C’est en été que l’arbuste demande le plus d’eau, pas avant, ni après. Il ne demande pas de taille, il va de lui-même prendre cette forme harmonieuse qui incite à la zénitude !

L’arbre aux quarante écus, une espèce superbe en toute saison Le ginkgo biloba (Gingko biloba) est une espèce capable de s’adapter à tous les types de sol. La plantation du ginkgo se fera de préférence à l’automne mais en évitant à tout prix les périodes de gel. Une bonne exposition au soleil est recommandée. Si la croissance est assez rapide les premières années suivant la plantation, elle a tendance à se ralentir au fil des ans. Cette essence n’a aucun besoin d’être taillée sauf si vous souhaitez rééquilibre sa silhouette. C’est un arbre à réserver aux grands jardins. Il résiste à des températures de –18 °C. Son port est pyramidal et il deviendra très vite la star de votre jardin. En automne il se part d’une magnifique robe dorée qui scintille au soleil. Ses feuilles en forme d’éventail, ou de patte de canard, sont uniques dans le règne végétal. Elles brillent tels des écus d’or à l’automne, ce qui lui a valu son surnom « d’arbre aux écus ». Un détail surprenant pour un proche parent des conifères qui, pour la plupart, portent des aiguilles. Le feuillage tombe à la fin de l’automne. 65

Le ginkgo biloba

Ça se passe au jardin…

Le ginkgo est aussi une curiosité botanique. L’espèce est dioïque. En clair, il existe des pieds mâles et des pieds femelles, qui d’ailleurs n’ont pas exactement la même morphologie générale. Il est important de rechercher un pied mâle lors de l’acquisition car l’odeur des ovules produits par les pieds femelles est puissante et fortement désagréable. Originaire des montagnes de Chine, le ginkgo présente des caractéristiques hors du commun : il est résistant à la sécheresse, aux insectes et à la pollution. Il est donc bien adapté au réchauffement climatique ou à une plantation en zone urbaine. Au Japon, le ginkgo est surnommé « l’arbre pondeur » à cause de la similitude de ses fruits (ovules) avec des œufs. Ne stationnez pas sous un spécimen femelle à l’automne : lorsque les ovules mûrs tombent, ils synthétisent de l’acide butanoïque, à l’origine d’une odeur de vomi… Et pourtant une fois grillée, l’amande interne se consomme comme un met délicat à l’apéritif.

Le premier ginkgo européen sera planté en 1730 aux Pays-Bas. Il a ensuite été introduit au jardin botanique de Kew (Londres) en 1761, puis au jardin botanique de Montpellier en 1780. C’est M. de Pétigny, botaniste de Montpellier, qui rapporta pour la première fois en France, cinq jeunes pieds de ginkgos acquis à Londres au prix extraordinaire de quarante écus d’or le pied. L’anecdote vaudra à l’espèce son surnom d’« arbre aux quarante écus ». C’était un prix astronomique pour l’époque ! Le 6 août 1945 eut lieu l’explosion atomique sur la ville d’Hiroshima. La végétation autour de l’épicentre fut étudiée au mois de septembre de la même année. Un ginkgo situé près d’un temple détruit, situé à un kilomètre de l’épicentre, fut le premier végétal à bourgeonner au printemps de l’année suivante. J’ai une suggestion à vous faire : le ginkgo est l’arbre idéal à planter à la naissance d’un enfant. Ainsi, à son 100e anniversaire, il aura une belle histoire à raconter à ses arrière-petits-enfants !

Le copalme d’Amérique (Liquidambar styraciflua) Le copalme d’Amérique ou liquidambar est un bel arbre pyramidal, originaire d’Amérique du Nord, qui se remarque entre mille par sa forme pyramidale et son feuillage palmé vert intense, qui prend de chaleureuses teintes en automne. Son houppier se pare, en automne, d’étonnantes nuances rouges qui vont de l’écarlate au pourpre foncé, en passant par le cuivre. Il convient aux grands comme aux petits jardins. 66

Plantations ­automnales et hivernales

Cette essence se plante à l’automne, pour qu’elle s’enracine efficacement avant les premières gelées et les rigueurs de l’hiver. Le liquidambar a besoin d’un espace dégagé et ensoleillé afin de s’épanouir pleinement. Il affectionne les sols profonds, riches, neutres à légèrement acides et bien drainés. Il se développera beaucoup moins bien dans un sol calcaire. Pour cette espèce rustique, des températures de –20 °C ne posent aucun problème. L’écorce grise et lisse devient crevassée avec l’âge. Elle exsude par incision une résine à l’odeur balsamique. Le copalme d´Amérique

Le liquidambar est un arbre qui doit son nom au latin liquidus (liquide) et à l’arabe ambar (ambre). L’explication vient de la sève qui s’écoule de son bois et qui rappelle la couleur de cette résine fossile utilisée en bijouterie. Tous les liquidambars produisent une résine ambrée semi-solide ou visqueuse, le styrax ou storax. Cette résine était utilisée autrefois par les Amérindiens dans leur pharmacopée traditionnelle pour ses propriétés antiseptiques et antiparasitaires. La résine longtemps servie aussi à parfumer les pelleteries. Le bois dégage une odeur de cannelle. Le styrax est toujours utilisé en parfumerie pour ses notes boisées et cuirées.

Le fusain d’Europe Le fusain d’Europe (Euonymus europaeus) est un petit arbuste touffu, buissonnant à la fructification spectaculaire. Cette espèce, présente à l’état naturel dans les fourrés et les lisières, trouve très bien sa place comme espèce ornementale dans une haie champêtre ou un bosquet et constitue une source de nourriture pour les oiseaux en automne et en hiver. Dès l’automne, son feuillage vert mat à revers bleuté rosit, puis s’embrase. Les feuilles sont caduques. À le regarder de plus près, on remarque aussi ses branches, à l’écorce lisse et grise, se fissurant avec l’âge. 67

Ça se passe au jardin…

De croissance lente, l’espèce préfère les sols frais et n’exige quasiment aucun entretien. Il faut juste lui éviter les sols trop acides. La période de plantation correspond aux mois de janvier et février pour une exposition soleil, mi-ombre. Rustique, elle résiste bien aux gelées (–20 °C). En France, il est possible de la planter quasiment partout, excepté dans le sud. En effet, le fusain n’apprécie guère les fortes chaleurs qui dessèchent son feuillage.

Le fusain d´Europe Le fusain d’Europe est surnommé bois carré, bonnet carré, bonnet de prêtre ou bonnet d’évêque, en référence à ses fruits à 4 angles. Ces « bonnets d’évêque » se fendent en laissant apparaître 4 graines blanches entourées d’un arille rose orangé. Ces fruits très décoratifs, resteront en place une partie de l’hiver, même après que les feuilles seront tombées. Attention, si ces graines nourrissent les oiseaux, le rose bonbon des fruits ne doit pas faire illusion auprès des enfants, ils sont très toxiques : irritants par contact et provoquant des troubles intestinaux graves, voire la mort par ingestion. En cas d’ingestion un appel aux urgences ou un appel au Centre Antipoison est indispensable (2 fruits pour un enfant de 7 ans peuvent déjà provoquer un empoisonnement sévère). Toute la plante étant toxique, il faut apprendre aux enfants à le reconnaitre et la rendre inaccessible aux chiens et chats. Ce sont les fourmis qui dispersent les graines. Facile à travailler, le bois de couleur jaune, était utilisé jadis pour la confection des fuseaux (d’où le nom de fusain), ou des aiguilles à tricoter. Le bois du fusain d’Europe, une fois carbonisé, se transforme en un charbon de bois très apprécié par les dessinateurs. On le réduisait aussi en poudre pour fabriquer de la poudre de chasse.

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En automne, les fruits rouges, lobés, s’ouvrent en dévoilant 2 à 4 graines orange, brillantes. Cette fructification n’en est pas moins une manne pour de nombreuses espèces d’oiseaux qui s’en délectent à l’approche de l’hiver : rouge-gorge, merle, tarin des aulnes, mésange, pinson, étourneau… L’espèce se décline en différents cultivars comme le Red Cascade à gros fruits rouges sphériques à 4 lobes, l’Albus aux fruits blancs et arilles orange, et l’Atropurpureus aux feuilles vert bronze devenant pourpres à l’automne…

Les magnolias Les magnolias persistants ou magnolias à grandes fleurs (Magnolia grandiflora), se distinguent par leur magnifique floraison estivale et leur feuillage persistant coriace et luisant. Ces essences sont plantées en sujet isolé, au milieu de la pelouse, ou bien en alignement, par exemple le long d’une allée. Il est recommandé de planter le magnolia à grandes fleurs à l’automne afin de favoriser l’enracinement avant l’hiver et donc une bonne reprise au printemps. Attention néanmoins à éviter les endroits venteux. Il faudra déposer de la terre de bruyère au fond du trou de plantation car c’est une espèce qui affectionne un sol acide. Le magnolia grandiflora est un arbre qui réclame peu de soin lorsqu’il est bien installé et ornera votre jardin durant de longues années. Un paillis d’écorces de pin maritime apportera à cet arbre l’acidité dont il a besoin pour bien se développer et lui permettra de conserver l’humidité. Il résiste au gel jusqu’à –15 °C. Vous profiterez de sa floraison spectaculaire de juin à août avec ses fleurs qui dégagent un parfum envoutant, à la fois fleuri, vert et délicat qui rappelle le jasmin. Les fruits sont très décoratifs en automne. De forme ovoïde, ils ont un peu l’aspect d’un cône 69

Le magnolia à grandes fleurs

Ça se passe au jardin…

de pin. Lorsqu’il est mûr, le fruit s’entrouvre et laisse apparaitre de grosses graines charnues de couleur orange vif. Une fois récoltées, vous pouvez immerger ces graines dans de l’eau tiède une journée, afin de pouvoir gratter l’enveloppe orange (le tégument). La graine ainsi obtenue est noire et il ne reste plus qu’à la planter dans du terreau. Elle devrait au printemps suivant se mettre à germer. Soyez néanmoins patient elles peuvent mettre du temps à donner un signe de vie ! C’est en 1703, que le père Jacques Plumier, botaniste de renom, décrit lors d’une expédition en Louisiane, un très bel arbre au feuillage vernissé, persistant, et aux grandes fleurs blanches délicatement parfumées. Il lui donne le nom de magnolia, en hommage à Pierre Magnol (1638-1715) qui dirigeait alors le jardin des plantes de Montpellier. C’est l’armateur René Darquistade, Maire de Nantes, qui installera en 1711, dans l’orangerie de son château de la Maillardière, cette essence à feuillage luisant, toute juste arrivée par l’un des bateaux, le Saint-Michel. Le spécimen y végéta une vingtaine d’années. Promis au dépotoir, il fut sauvé de justesse par la femme du jardinier. Replanté en pleine terre et avec une bonne exposition, de magnifiques fleurs délicatement parfumées apparurent, suscitant l’ad- Fleur de Magnolia grandiflora miration de tous. On le surnomma le « laurier-tulipier ». Nantes est aujourd’hui la ville des magnolias. On extrait une huile essentielle de la fleur, très appréciée en parfumerie. Sa senteur reste douce et légère, tout en étant assez suave et charnelle.

La division des végétaux

Nombre d’espèces vivaces se prêtent bien à la multiplication par division, une technique qui demande peu de matériel. Elle est facile à mettre en pratique pour un jardinier amateur, tout comme pour un jardinier chevronné. Le principe de la division consiste à séparer une grosse plante en plusieurs parties, chacune ayant des propres pousses et son petit système racinaire. Beaucoup de plantes doivent être multipliées quand elles sont dormantes, ce qui évite le risque de dessèchement. La plante devra être en place, depuis quelques années pour avoir produit une belle touffe. 70

Plantations ­automnales et hivernales

Le gros atout de cette technique est que les nouveaux plants ainsi obtenus sont identiques en tout point à la plante mère (c’est un clonage). La division permet d’aérer une plante, de remplacer les parties âgées et fatiguées par des plantes plus jeunes et plus vigoureuses et d’améliorer sa floraison. Elle se pratique essentiellement sur les plantes vivaces qui sont destinées à rester au même emplacement plusieurs années de suite. C’est la solution la plus économique pour agrémenter votre jardin de nouvelles plantations. Suivant les variétés de plantes, vous pouvez la pratiquer au printemps ou à l’automne ; pour les bulbes, il faut attendre la fin de la floraison et le jaunissement des feuilles pour la réaliser. La division des plantes vivaces, rajeunie et redonne de la vigueur au à la souche mère. Les vivaces à floraison estivale seront à diviser à l’automne. L’automne reste cependant la période idéale surtout dans les régions très chaudes et sèches où la division en fin de printemps risque d’être fatale à la plante, si un arrosage conséquent n’est pas respecté. Pour diviser une plante vous aurez besoin d’une ou deux bêche-fourche, d’une pelle à main, d’un outil tranchant (couteau, sécateur…) et de surtout de place. Les plantes qui se prêtent le mieux à la division sont classées ici en trois catégories : • Les vivaces herbacées ou des buissonnantes : aster, phlox, mauve, lavatère, lavande, sauge, agapanthe, pervenche, graminées décoratives… • Certains arbustes comme le cornouiller, la symphorine, le lilas… • Les bulbes et les rhizomes : pivoine, hémérocalle, muguet, arum, crocosmia, iris, rhubarbe, hosta, bergénia…

Division de touffe La méthode la plus simple consiste à planter une fourche-bêche à plusieurs reprises autour de la souche, puis de faire levier pour extraire la motte en évitant d’endommager les racines. On découpe en suite des fragments à la main ou avec l’aide d’une pelle à main. Cette méthode peut parfois fragiliser la souche mère qui redémarre mal une fois remises en place. Évitez la bêche classique qui tranche les lombrics en deux et tasse le sol ! Profitez de cette opération pour démêler les racines et supprimer les éventuelles herbes vagabondes. Sinon, de façon plus douce, commencez par soulever précautionneusement un seul côté de la plante à l’aide de la fourche-bêche, vous pouvez vous aider d’une pelle à main ou d’un couteau, pour en séparer une petite motte. Trempez cette dernière dans récipient rempli d’eau avant de la placer dans un trou déjà humidifié. Tassez doucement à la main. 71

L´utilisation de deux fourches à bêcher en opposition

Ça se passe au jardin…

Si les racines sont serrées et fibreuses comme dans le cas d’une lavande, on insère deux fourches à bêcher, dos à dos, au centre de la plante de façon que les dents se touchent. On repousse les manches d’avant en arrière de manière à séparer la plante en deux. Vous pouvez ensuite répéter l’opération afin de diviser à son tour chaque partie. Chaque nouvelle partie doit comporter à la fois des feuilles et des racines. Pour une plante de petit volume on peut faire la même opération avec deux pelles à main. N’oubliez pas de remplir d’eau le trou de plantation et de tasser à la main pour que les racines collent bien à la terre.

La division des rhizomes Les iris et les hémérocalles, se prêtent bien à ce type de multiplication. Coupez les rhizomes les plus jeunes qui se situent aux extrémités avec un couteau bien aiguisé. Chaque rhizome doit comporter des feuilles pour être capable de se développer par la suite. Efforcez-vous de choisir des tronçons possédant au moins une jeune pousse ou un bourgeon. Les tronçons ainsi obtenus devront être replantés à la même profondeur que la plante d’origine. Assurez-vous que les racines sont bien étalées dans le trou et que la terre est bien tassée autour de la plante. Un arrosage abondant est important pour obtenir une bonne reprise.

La découpe du rhizome

L´installation d´un rhizome extrait de la plante mère

Le rhizome est la tige souterraine vivace d’une plante qui porte des racines et des tiges aériennes. Le rhizome a une fonction de réserves nutritives (comme l’amidon) pour la plante. Le rhizome peut se transformer en tubercule comme chez la pomme de terre ou le topinambour.

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Transformer les déchets verts en engrais L’automne est la période idéale pour réaliser un compost performant avec le produit des tontes associées aux feuilles mortes. Le produit obtenu est un fertilisant naturel, riche en éléments minéraux et utilisable directement dans le jardin, sur les plates-bandes, au pied des arbres et des arbustes, sans oublier le potager et les plantes d’intérieur. N’hésitez pas à y recycler les déchets verts de cuisine, les coquilles d’œufs broyées et même le marc de café… Pour accélérer la décomposition des feuilles, passez-les à la tondeuse, directement sur la pelouse légèrement humide. De cette manière, vous obtiendrez un mélange intéressant de feuilles et de déchets de tonte, plutôt équilibré en carbone et en azote. Au sein des déchets végétaux qui s’accumulent dans le tas de compost, c’est une toute une armée de « prolé-terre » qui se met au travail que l’on surnomme « le petit peuple du sol ». On peut se représenter cette armada comme une chaine vivante de transformation (une chaine alimentaire) qui entre en action pour décomposer la matière organique en éléments minéraux indispensables aux plantes comme l’azote (N), le phosphore (P), le potassium (K) et bien d’autres oligoéléments. 73

Le petit peuple du sol monte à l´assaut du compost depuis le sol

Ça se passe au jardin…

Attention aux produits indésirables : élastiques, ficelles, petits emballages, morceaux de verre… ils ne seront pas ou mal décomposés par les micro-­ organismes. Ne jamais y mettre des déchets de viande, des os, des coquillages, des crustacés, des litières d’animaux ou des excréments de chat ou de chien.

Une chaine alimentaire est une suite d’êtres vivants dans laquelle chacun se nourrit de celui qui le précède. Parmi cette multitude d’êtres vivants qui interagissent dans cette chaine de transformation, certains sont des acteurs invisibles à l’œil nu comme les bactéries (micro-organismes), impliquées dans les premiers stades de transformation, tandis que d’autres décomposeurs sont des macro-organismes, particulièrement actifs dans les derniers stades de maturation du compost, comme les lombrics. Les micro-organismes effectuent une décomposition biochimique alors que les macro-organismes, qui se situent plus haut dans la chaine alimentaire, décomposent physiquement les matières en les creusant, les grignotant, les mastiquant, les digérant, tout en les brassant.

Bactéries Champignons

Insectes

Bactéries

Champignons

Acariens

Cloportes

Nématodes

Lombrics

La chaine alimentaire du processus de décomposition des végétaux Les acteurs invisibles…

Les bactéries, les champignons et les vers nématodes, bien qu’invisibles, sont les acteurs les plus nombreux du compost. Un seul gramme de compost peut renfermer plusieurs milliards de bactéries et de champignons. Les bactéries, mesurant quelques microns, sont des organismes procaryotes unicellulaires (organismes dont le matériel génétique est contenu dans la cellule 74

Transformer les déchets verts en engrais

elle-même sans être contenu dans un noyau – au contraire des eucaryotes). Le temps de génération des bactéries est d’environ 20 à 30 minutes. Les bactéries ont besoin d’azote et de carbone qu’elles trouvent dans les matières organiques. Lorsqu’elles sont mises au contact d’un substrat végétal comme une feuille, elles le colonisent et décomposent les tissus en éléments nutritifs assimilables par les champignons et les autres habitants du compost. Deux familles d’enzymes sont synthétisées par les bactéries. Les premières, secrétées à l’extérieur de la bactérie permettent de casser des molécules assez grosses, de manière qu’elles puissent diffuser à travers la membrane de la bactérie. Les secondes enzymes, présentes à l’intérieur de la bactérie, permettent de transformer ces petites molécules en éléments nutritifs assimilables pour la bactérie (sucres, lipides, acides aminés). Les bactéries se reproduisent très rapidement. Une seule cellule donne naissance par scissiparité, en une vingtaine de minutes, à deux autres cellules filles parfaitement identiques. C’est ce que nomme le temps de génération. Ce processus est extrêmement efficace lorsque toutes les conditions de température et de nutrition sont favorables. Les bactéries restent actives durant tout le compostage et en particulier à haute température.

LE TEMPS DE GÉNÉRATION En bactériologie, le temps de génération est le temps nécessaire à une bactérie pour se diviser en deux cellules filles, parfaitement identiques. Si ces dernières disposaient de toute la nourriture nécessaire et de toutes les autres conditions favorables à leur développement, un seul gramme de bactéries pourrait atteindre le poids de 0,4536 kg en trois heures et la taille de la planète en un jour et Division demi. Ces conditions n’existant naturellement pas, l’accès à la nourriture est toujours le facteur limitant dans la croissance des bactéries. Chez l’Homme, une Première génération génération se compte en années (25 ans généralement).

La division bactérienne est exponentielle

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Ça se passe au jardin…

Il suffit d’une vingtaine de minutes pour obtenir deux bactéries identiques… et ainsi de suite. Elles ne cessent de se multiplier de manière exponentielle et de se nourrir de matières organiques. Elles interviennent très rapidement dans la décomposition du compost. Quand une feuille d’arbre du compost est attaquée par des bactéries, ces dernières vont ramollir et fragiliser sa surface. Des insectes comme les collemboles en profitent pour perforer le limbe de la feuille comme le ferait une perforatrice à papier, les bactéries agrandissent alors les trous en pénétrant au plus profond des tissus. On rencontre aussi dans le compost des actinomy- Je suis le poinçonneur du lilas... J´fais des trous, cètes. Il s’agit de bactéries filamenteuses, capables des petits trous, encore de s’attaquer à des polymères végétaux comme la des petits trous ! cellulose, l’hémicellulose et la lignine qui sont des composants du bois. Ils sont plus actifs dans la phase finale du compostage et donnent au compost son agréable odeur de sous-bois. La lignine, est un polymère qui entre dans la composition des parois végétales des feuilles des tiges et du bois. C’est la seconde macromolécule végétale en importance après la cellulose et l’hémicellulose. Elle constitue une sorte de « colle » qui apporte de la cohésion au bois. Chimiquement, la lignine appartient à la famille des polyphénols. Elle assure l’imperméabilité des cellules et des vaisseaux explique pourquoi le bois, même une fois coupé, ne s’imbibe pas d’eau et continue de flotter quand on le met dans l’eau. La décomposition de la lignine par les champignons donne un humus plus stable que celui obtenu avec la cellulose. C’est la combustion de la lignine qui donne le goût et l’arôme caractéristiques des produits fumés. La cellulose est un polysaccharide constitué de chaînes de molécules de glucose. Cette macromolécule présente une structure très solide qui forme la paroi des cellules végétales. C’est le principal constituant du bois où elle s’assemble en microfibrilles. La cellulose, utilisée pour faire la pâte à papier, est très résistante et peu d’organismes savent la décomposer pour l’assimiler. L’Homme est incapable de digérer la cellulose et dans notre alimentation, elle fait partie des fibres alimentaires, qui traversent l’intestin sans être digérées et en favorisent ainsi le transit. Si nous possédions les enzymes des cloportes ou des champignons, alors les haricots verts et la salade verte nous feraient grossir, puisqu’on assimilerait les calories de la cellulose, c’est-à-dire le glucose ! La lignine et la cellulose représentent plus de 70 % de la biomasse de la Terre d’où l’intérêt des valoriser ces polymères offerts par la Nature. 76

Transformer les déchets verts en engrais

Les champignons du compost sont présents en quantité moindre que les bactéries ou les actinomycètes mais ils représentent une masse cellulaire (biomasse) plus importante. Ce sont des organismes eucaryotes (c’est-à-dire que leurs cellules contiennent un noyau qui protège le matériel génétique). Ils sont pluri ou unicellulaires (comme les levures). Ceux qui interviennent dans le processus de compostage sont des champignons saprophytes, c’est-àdire qu’ils se nourrissent de matière morte. Ils jouent un rôle majeur dans la dégradation des matières carbonées. Les champignons sont actifs au début et à la fin des processus de décomposition, lorsque les matières organiques ont été rendues plus facilement assimilables par l’action des bactéries. L’appareil végétatif des champignons pluricellulaires se nomme le mycélium. On peut le voir apparaître à la surface du compost sous la forme d’un réseau de filaments blancs.

Dans le compost, les bactéries sont en compétition avec les champignons Dans le processus de décomposition, les champignons, sont les premiers à coloniser le tas de compost. Les spores de moisissures ou de levures sont présentes partout dans l’air. Les champignons dégradent des matières qui résistent aux bactéries. Ils jouent donc un rôle capital. Ils ne résistent pas à des températures supérieures à 50 °C, ce qui explique qu’on les retrouve plus particulièrement en périphérie du compost. Les 77

Champignons unicellulaires en cours de division

Ça se passe au jardin…

champignons peuvent également exploiter un compost plus sec, là où les autres micro-organismes sont inopérants. En produisant des enzymes lignolytiques (dégradation de la lignine) et cellulolytiques (dégradation de la cellulose), certaines espèces de champignons sont capables de digérer à la fois la lignine et la cellulose. Les champignons restent actifs à des températures plus basses que bien des bactéries du compost, ce qui leur permet d’être encore actifs en phase finale de compostage.

Pfou ! Quelle chaleur là-dedans, nous sommes mieux à l´extérieur !

Les champignons n´aiment pas la chaleur, ils migrent à la surface du compost

Les champignons sont de véritables usines enzymatiques. Leur production est déjà largement mise à contribution par la science appliquée et la technologie. De nombreux laboratoires, universitaires ou privés, s’y intéressent de près en vue d’y découvrir des molécules nouvelles aux usages le plus souvent commerciaux. C’est cette faculté incroyable à briser les liaisons hydrogène-carbone qui permet à ces familles de champignons de dégrader la majorité des chaînes complexes des produits chimiques fabriqués par l’industrie humaine issue du pétrole, comme les hydrocarbures, le diesel, l’essence, les herbicides, les pesticides et un large spectre de produits chimiques toxiques pour l’environnement.

Les nématodes : des héros méconnus

Les nématodes, sont des vers ronds microscopiques qui jouent aussi un rôle essentiel dans la décomposition de la matière organique du sol et du compost (longueur 0,5 à 1,5 mm). Ils se nourrissent de bactéries et de champignons et libèrent de l’azote sous forme d’ammonium, nécessaire à la croissance des plantes. Ils exercent un rôle physique en brassant les 78

Transformer les déchets verts en engrais

bactéries et les champignons dans le compost, ainsi qu’en les transportant soit dans leur système digestif. Ils constituent une source de nourriture pour d’autres invertébrés du compost, tels que les mille-pattes ou les acariens. Les nématodes sont l’un des groupes d’invertébrés terrestres les plus abondants sur Terre, un seul mètre carré de sol peut contenir des millions de ces invertébrés. Il existe aussi des variétés nuisibles de nématodes qui s’attaquent aux racines des plantes que nous étudierons dans un prochain ouvrage.

Les vers nématodes du compost

On estime que sols de la planète renferment 440 milliards de milliards de nématodes. C’est l’équivalent de 82 % du poids de toute l’humanité ! Certaines espèces sont nuisibles tandis que d’autres sont utilisées en lutte biologique contre les chenilles et les limaces

Les macro-organismes du compost

Les organismes visibles à l’œil nu ou macro-organismes sont très diversifiés dans les processus de recyclage de la matière végétale. Lorsque vous remuez votre tas de compost, vous tombez nez à nez avec un monde grouillant de vers, de larves, d’insectes, d’acariens, de cloportes, de mille-pattes, voire même des limaces, des orvets ou des campagnols. Nul besoin de paniquer, ils ne sont ni nuisibles, ni dangereux, ce sont aussi des « prolé-terre » indispensables à la transformation de la matière organique. Leur présence est un signe de bonne santé du compost. Tout ce petit monde participe activement à la « théorie du compost » ! Ce microcosme est la « pierre philosophale » qui concoure à transformer les déchets verts en or au jardin ! Remuez un peu la surface du tas de compost, vous avez peut-être remarqué les centaines de petits points blancs, jaunes ou gris qui bondissent en tous sens ? Ce sont les collemboles, de minuscules arthropodes à peine visibles à l’œil nu (1 mm). Privés d’ailes, ils possèdent sous l’abdomen un appendice tendu comme un ressort, la furca, qui peut se relâcher brutalement, propulsant 79

Ça se passe au jardin…

l’animal au loin à toute vitesse en cas de danger. Les plus anciens collemboles fossiles connus étaient présents il y a 400 millions d’années et ils ont précédé les insectes. Les collemboles mangent des végétaux en décomposition (ils sont détritiphages), mais ce qu’ils affectionnent par-dessus tout ce sont les minuscules champignons qui se trouvent dessus. Ils perforent aussi les feuilles et dégradent les tissus pour permettre aux bactéries de continuer le travail de décomposition de la matière végétale. C’est ainsi que les feuilles se transforment en dentelle. Les collemboles ont besoin d’un taux d’humidité élevé, d’où l’intérêt d’arroser régulièrement votre compost. Dans le sol d’une forêt on peut en dénombrer plus de 300 000 par mètre carré.

Le collembole, la « dentellière » du compost

Les limaces et les escargots, ce sont ces mollusques que l’on aperçoit en premier, ou du moins dont on observe leurs traces de passage baveuses ! Il suffit d’avoir jeté quelques feuilles de salades un peu abîmées pour les voir s’inviter sur le compost. Ils se nourrissent de matière végétale fraîche et grignotent les feuilles. Ils ne font souvent que passer sur le tas de compost, le temps de prendre une collation ! Leurs déjections nourrissent les autres habitants du compost. Grattez légèrement la surface du compost, de petits « engins blindés » courent se réfugier dans l’ombre, ce sont les cloportes. Les cloportes ne sont pas des insectes mais des crustacés (comme les homards !) et ils ont une prédilection pour Deux mollusques qui en le bois en décomposition qu’ils recyclent « bavent » pour le compost ! Comme les collemboles, ils sont détritiphages. Si le tas de compost renferme des brindilles ou des rameaux d’arbustes, vous y rencontrez certainement ces petits animaux articulés et caparaçonnés. Ils sont capables de digérer la cellulose des feuilles et du bois. Leurs déjections vont naturellement enrichir le compost en azote, en carbone et autres composés minéraux. Attention ils détestent la lumière, en cas de danger ils se roulent en boule comme un tatou, alors ne les dérangez pas ! Laissez un os de seiche dans le tas, ils y puiseront du calcium pour leur carapace. 80

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Petite astuce si vous avez des cloportes dans votre habitation. C’est l’humidité qui les y attire. Penser à déposer dans les endroits les plus humides des pommes de terre coupées en deux et vidées. Les cloportes s’y rassembleront et il ne restera qu’à les mettre dehors où ils se feront un plaisir de nettoyer et d’enrichir votre potager. Il ne s’agit en aucun cas d’une espèce nuisible ! Des myriapodes ou « mille-pattes » (scolopendres, iules, scutigères…) se déplacent également rapidement à la surface du compost pour s’y enfoncer et s’y cacher car ils sont lucifuges (ils fuient la lumière). Certains décomposent la matière organique (feuilles Mais que fait ce crustacé mortes, bois mort, épluchures), d’autres dans mon jardin ? sont prédateurs d’insectes, de limaces, de vers et régulent la faune du compost. Attention néanmoins au lithobie à pinces, qui chasse à l’affût les insectes et dont la morsure est douloureuse, une raison de plus de toujours porter des gants au jardin ! Il détecte ses proies grâce à ses antennes tactiles. Il les tue par morsure à l’aide de ses forcipules situées à l’avant du corps qui sont remplies de venin. Les tissus de sa proie sont liquéfiés et il ne lui reste plus qu’à siroter son repas. Observez-le attentivement, il ne possède que 15 paires de pattes et non 1000 ! Les lombrics ou vers de terre sont aussi très importants dans l’écologie du sol et du compost. Ils se nourrissent des déchets végétaux et contribuent à aérer et brasser le compost de la même manière qu’ils aèrent la terre en y creusant des galeries. En fourrageant un peu dans le compost, on tombe sur des vers rougeâtres de quatre à cinq centimètres de long, il 81

Lithobies à pince, le « tigre » du compost !

Ça se passe au jardin…

ne s’agit pas de lombrics communs, qui eux vivent dans le sol, mais de vers du genre Eisenia, ou ver du fumier (Eisenia fetida). Ce sont de grands consommateurs de matière organique et on les retrouve souvent agglutinés en pelotes. Le ver du fumier ne peut se nourrir que de matières organiques déjà dégradées par les bactéries et les champignons. Il est capable de manger l’équivalent de son poids par jour. Ces vers sont utilisés dans les lombricomposteurs et vendus comme appâts pour la pêche. Prenez des précautions pour le manipuler, en cas de stress, il sécrète un liquide âcre, jaunâtre et nauséabond ! C’est leur astuce pour faire fuir leurs prédateurs comme les taupes.

Le ver rouge ou ver de fumier

Contrairement à ce que pensent certains, dans une croyance populaire, couper un ver de terre en deux ne donne pas deux individus, mais un seul. Ainsi, trancher un ver de terre va immanquablement blesser, voire tuer, l’animal. En effet, si l’on touche la partie de son corps abritant les organes vitaux, le ver de terre va mourir. La structure du corps du ver de terre est organisée comme celle de nombreux êtres vivants, avec une tête et un derrière. À l’avant de son corps, l’on trouve ses organes vitaux essentiels, à commencer par son cerveau, ses quatre cœurs ou encore sa bouche et ses organes reproducteurs. Si la coupure détache la partie arrière sans endommager les organes vitaux, le ver de terre a des chances de survivre. Dans tous les cas, la partie arrière, contenant notamment l’intestin, finira par mourir, même si elle s’agite sous vos yeux. Laissons ces petites bêtes vivre leur vie dans nos sols tranquillement. Leurs déjections, ces petits tortillons de terre que l’on nomme turricules, indiquent la sortie d’une galerie et est 10 fois plus riches en minéraux que la terre environnante. Une manne à récupérer pour vos plantes en pots. La présence de ces travailleurs est le signe d’un sol en bonne santé !

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Les coléoptères comme les cétoines ou les staphylins fréquentent la partie basse du tas de compost où ils viennent pondre leurs œufs. Les larves se développent dans la matière organique en décomposition qui leur sert de nourriture. Les cétoines ressemblent à de petits scarabées verts aux reflets irisés. Leurs larves dodues, à l’extrémité grise, passent trois années dans le sol avant de se transformer en adultes. Les larves de cétoine possèdent des poils raides sur le dos. Ce sont des alliées du jardinier, elles contribuent à la formation du terreau. Attention de ne pas les confondre avec les larves de hanneton qui s’attaquent aux racines de vos légumes. Les larves de hanneton ont une grosse tête brune, le dos lisse et des longues pattes ; elles sont plus foncées que celles du cétoine. Les cétoines adultes se nourrissent du nectar des fleurs et apprécient également le pollen des roses d’où leur surnom de « hanneton des roses ». Comme leur corps est couvert de petits poils, elles transportent avec elles le pollen des fleurs visitées et facilitent ainsi la pollinisation. Quant au staphylin odorant, le plus fréquent au jardin, c’est un prédateur nocturne qui consomme un grand nombre de limaces, de larves, de chenilles et d’œufs d’insectes. C’est un précieux auxiliaire qui « nettoie » votre jardin. Laissez le tranquille, s’il se sent inquiété il relève son abdomen et dégage une odeur désagréable !

Larve de hanneton

Hanneton

Staphylin

Cétoine doré

Larve cétoine doré

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Ça se passe au jardin…

Les campagnols, les musaraignes, les mulots, les hérissons et même les orvets adorent squatter les tas de compost. La fermentation de la matière organique dégage de la chaleur et attire ces petits vertébrés. Cette faune apprécie de s’y réfugier pour gagner quelques degrés en hiver. Elle y trouve aussi de quoi s’alimenter facilement. Les herbivores se régalent des déchets de cuisine et les carnivores régulent les populations d’invertébrés. Ces petites bêtes aèrent au passage le tas de compost en y creusant des galeries. Quant à l’orvet qui est en fait un lézard ayant perdu ses pattes, c’est un redoutable chasseur de gastéropodes et un auxiliaire précieux pour le jardinier.

Campagnol, musaraigne et orvet, des espèces inattendues qui s´invitent au compost

L´armada du « petit peuple du sol » en action dans le compost 84

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Que se passe-t-il dans le compost ?

La microflore du compost évolue au cours du temps en plusieurs phases. C’est la phase mésophile qui initialise le compostage. Des bactéries et des champignons prédominent et se développent de façon exponentielle à des températures situées entre 25 °C et 45 °C. Au cours de la phase thermophile, la température évolue entre 50 et 70 °C, les processus biologiques de dégradation sont accélérés. Les bactéries mésophiles disparaissent et seuls les champignons thermorésistants survivent. Les bactéries thermophiles et les actinomycètes se développent. C’est pendant cette phase que la lignine commence à se dégrader. Bactérie mésophiles 10 – 50° C Bactérie thermophiles 50 – 90° C Bactérie psychrophiles 0 – 20° C

Champignons 10 – 30° C

Évolution de la température, de la microflore et de la faune au cours du compostage Il s’ensuit une phase de refroidissement, entrainant une reprise de la croissance des bactéries et des champignons. On assiste à une augmentation de la diversité microbienne. L’activité globale microbienne diminue car les ressources alimentaires disponibles diminuent également. Le processus se termine par une phase de maturation (ou phase psychrophile) pendant laquelle la diversité microbienne continue de s’intensifier. Les champignons dégradeurs de cellulose et de lignine sont alors en pleine activité. Au bout d’une année votre compost est mature, identique à l’humus d’une forêt et présente une odeur agréable de sous-bois. La réussite du compostage dépend de trois facteurs essentiels et complémentaires : un mélange équilibré des matières carbonées et azotées, la présence d’oxygène et d’une humidité suffisante. C’est la raison pour laquelle le compost doit régulièrement être brassé. Ce processus de transformation, 85

Ça se passe au jardin…

que l’on nomme fermentation consomme de l’oxygène (dégradation aérobie) et dégage en retour de la chaleur. La température au cœur du compost augmente jusqu’à 50 °C, voire 70 °C, au fur et à mesure de la décomposition, puis elle diminue. Plus le tas sera volumineux et plus la montée en température sera importante et plus rapide sera le compostage. L’équilibre carbone/azote ou C/N est la clé de la réussite pour un bon compost. Les matières végétales utilisées pour le compost sont classées en deux catégories : • les matières végétales azotées (riches en azote) : ce sont les matières vertes, molles, jeunes et tendres. Les épluchures de fruits et légumes mentionnés plus haut en font partie. À ceci, vous pouvez rajouter les tontes de votre pelouse. La décomposition de ces éléments est rapide mais donne très peu de matière organique, et donc peu d’humus. En revanche c’est un amendement très fertilisant. • les matières végétales carbonées (riches en carbone) : ce sont des matières brunes et sèches, comme les feuilles mortes, la paille, la sciure de bois, les petites branches, les brindilles, les copeaux de bois. Elles se dégradent très lentement, mais créent beaucoup plus d’humus. C’est la raison pour laquelle elles seront mélangées avec des matériaux azotés. Pour faire un compost, il ne suffit pas de mettre n’importe quelle matière organique dans un conteneur ou sur un tas. Le bon équilibre carbone/azote (C/N), doit idéalement se situer entre 20 et 30 dans le tas de compost. Cela ne veut pas dire qu’il faut 20 à 30 fois plus de matières carbonées que de matières azotées. En pratique, en mélangeant une à deux parts de matières azotées pour une part de matières carbonées, on évite les problèmes de déséquilibre C/N. Les chaines chimiques carbonées sont utilisées par les organismes comme source énergétique, qui donnera du dioxyde de carbone (CO2) gazeux et de la chaleur. Pour leur croissance (synthèses protéiniques), ils utiliseront préférentiellement les substrats azotés. Le compost peut être mûr au bout de 5 à 6 mois au printemps/été ou 9 à 12 mois en automne/hiver, s’il est bien retourné régulièrement. Un compost parfait doit sentir l’odeur du sous-bois (celle de l’humus). Plus de 50 % de la masse organique dégradée se décompose en dioxyde de carbone, et 10 à 20 % en eau ; c’est pour cette raison que le tas de compost s’affaisse avec le temps. Votre compost utilisé au jardin en paillage, assure un effet bénéfique à la structure du sol. La pénétration des racines est facilitée. Le sol devient plus perméable à l’eau et à l’oxygène de l’air. L’effet « éponge » permet une meilleure rétention de l’eau. Le gel hivernal a moins de prise. Le compost étant vivant, il dope l’activité biologique du sol qui fixe par exemple l’azote de l’air ou rend assimilable par les plantes d’autres éléments minéraux comme le soufre, 86

Transformer les déchets verts en engrais

le phosphore, le potassium, le fer, les oligo-éléments... Le compost rend les relations entre les racines et les filaments mycéliens des champignons (mycorhizes) plus efficaces. Les racines ne s’en développent que plus rapidement. Si on utilise uniquement des matières azotées, on risque d’obtenir une substance visqueuse, noirâtre et la formation d’odeurs désagréables (processus anaérobiques). Rajoutez alors des matières carbonées, structurantes (voir tome I). Le noyer contient une toxine, la juglone, présente dans ses feuilles, ses bourgeons, ses racines et aussi dans les enveloppes des noix. C’est cette substance qui sert à faire le brou de noix ou le vin de noix. Elle bloque aussi la germination des plantes à proximité et perturbe leur croissance. C’est pourquoi il est déconseillé d’installer un potager ou un tas de compost trop près d’un noyer. Il convient de stocker les feuilles quelques semaines pour attendre que la toxine s’élimine avant de les utiliser en paillis ou dans le compost. La juglone sera rapidement détruite au contact de l’eau, de l’air et les microorganismes décomposeurs du compost feront le reste. Vous pouvez sans problème faire la sieste sous un noyer. Même si les idées reçues ont la vie dure, vous n’aurez pas mal à la tête au réveil !

OH

O hydrolyse oxydation

OH

Oglucose

Glycoside

Zone d’inhibition de croissance, seules les herbes peuvent pousser

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OH

O

Juglone

Accueillir les auxiliaires pour l’hiver « La meilleure prise de conscience pour respecter la Nature, consiste à le faire avec la Nature qui se trouve en bas de chez nous, au fond du jardin… ». L’usage de pesticides étant à raison proscrit, optez pour des méthodes de contrôle biologique. Installer un « hôtel à insectes » va contribuer à l’équilibre naturel du jardin en accueillant des insectes et des araignées qui y trouveront un abri pendant la mauvaise saison. Ces arthropodes peuvent aider à réguler le nombre d’espèces nuisibles du jardin, tout en pollinisant les fleurs et légumes et le tout gratuitement. Pour qu’ils soient d’attaque au printemps, autant leur faire passer ­l’hiver sur place. Comme vous allez le découvrir dans les pages qui suivent, il est facile de construire des logements pour les forficules (perce-oreille), les abeilles charpentières, les papillons ou les coccinelles. Attention, il vous faudra vous armer de patience le taux d’occupation des « chambres » Hôtel de luxe pour insectes est assez faible les premières années. Les abris doivent être positionnés dans un endroit exposé au soleil, dos au vent et orienté sud – sud-est (tronc d’arbre, mur). Gardons en mémoire que les insectes sont des animaux qui dépendent de la chaleur de leur environnement pour être actifs. 88

Accueillir les auxiliaires pour l’hiver

Des abris à insectes

Depuis quelques années, les hôtels à insectes 4 étoiles « fleurissent » un peu partout dans les jardineries, dans les parcs et dans les jardins publics. Leur rôle reste le plus souvent pédagogique, pour un taux de remplissage de seulement 20 %. Pour être plus efficaces, sachez que ces locataires ont besoin de logements plus simples, mieux répartis dans le jardin et surtout, installés au bon endroit, avec la bonne exposition. Bref c’est raté si vous vouliez épater vos amis avec un « building à insectes » dernier cri ! On vous propose dans ces pages des petits ateliers de bricolage à faire en famille. À la fois ludiques et pédagogiques, ils rappellent aux enfants toute l’importance de préserver la biodiversité. Une idée originale pour occuper un dimanche de pluie et un projet amusant à réaliser en famille. L’idée est d’utiliser des matières premières peu coûteuses et non traité chimiquement que vous trouverez dans votre jardin : des branches, du bois ou de vieux pots de fleurs.

Hébergeons les forficules Les forficules communément appelés perce-oreille ou pince-oreille (Forficula auricularia) sont faciles à inviter au jardin et ils sauront vous remercier de votre accueil. C’est une espèce utilisée pour la lutte biologique dans les vergers et un prédateur reconnu de plusieurs espèces de pucerons, de chenilles, de larves et d’œufs d’insectes. À la tombée de la nuit, les forficules grimpent dans les arbres, dans les arbustes et se mettent en chasse. Le jour ils se terrent dans une anfractuosité humide ou une litière.

Quand Monsieur et Madame forficule se rencontrent... 89

Ça se passe au jardin…

Un vieux pot de terre constitue l’habitat idéal. Les pots de fleurs sont les gîtes les plus appréciés et ils ne coûtent rien. Les forficules sont lucifuges, c’est la raison pour laquelle on les retrouve souvent dissimulés sous les vieux récipients retournés. On va donc préparer un pot de terre, rempli de paille ou d’herbe sèche et éventuellement fermé par un grillage ou un filet. Il sera suspendu dans un arbre, le long d’un tronc et à proximité des feuilles ou des branches. Cet abri peut être déplacé facilement d’arbre en arbre. Les forficules, cherchant un abri sombre et humide pour passer la journée, viendront y élire domicile. Un perce-oreille voyage rarement seul ! Si vous en trouvez un, d’autres ne sont probablement pas loin…

Installation de l´abri pour forficules

Hébergeons les abeilles maçonnes L’osmie est plus connue sous le vocable d’abeille maçonne. Elle mène une existence aussi solitaire que discrète et elle est inoffensive. Velue, avec sa robe rousse et rayée, l’osmie est facile à identifier. Capable de voler 14 heures par jour, cette infatigable pollinisatrice fait des allers-retours entre les fleurs et les abris où elle pond. Elle utilise les tiges creuses des arbustes qu’elle agrandie pour y creuser un tunnel. Elle y pond ensuite ses œufs à la queue-leu-leu, chacun dans une petite chambre individuelle. Les loges sont fabriquées avec une boulette de terre argileuse mélangée à sa salive. 90

Accueillir les auxiliaires pour l’hiver

Petite annonce immobilière

Lorsque la première loge est prête, l’osmie femelle part à la recherche de nectar et de pollen dont elle fera une boule qu’elle placera au fond de la loge. Elle Abeille solitaire cherche logement pour future famille pondra ensuite son œuf et fermera la nombreuse. Entrée dans les pièce d’un opercule. La larve aura ainsi locaux, si possible, fin mars. de quoi se nourrir dès son éclosion au début du printemps. Les œufs, qui donneront des femelles, sont déposés au fond du nid, tandis que ceux pondus près de la sortie donneront naissance à des mâles. Les mâles sont donc les premiers à sortir de l’hibernation hivernale. Ils attendent en vol stationnaire, l’émergence des jeunes femelles afin de les féconder dès qu’elles sortent du nid. Ces dernières vont ensuite partir en quête de tiges creuses ou de trous pour y construire des loges maçonnées, destinées à leurs œufs. Le cycle de la vie recommence. La Nature est ainsi faite : se reproduire, se nourrir et échapper aux prédateurs, c’est la base de survie de tout être vivant et nous ne dérogeons pas à cette règle.

L´osmie cornue

On peut facilement leur confectionner des BeeHome (abris de ponte), dans des fagots confectionnés avec des tiges creuses (sureau, deutzia, céleri, forsythia, bambou…). Il est préférable de les installer un peu en hauteur, posés sur une croisée de banches ou accrochées par un fil, pour que les osmies puissent y accéder facilement en vol.

Installation du fagot de tiges creuses

Des rondins de bois dur, percés de trous de 6 à 10 centimètres de profondeur et d’environ un centimètre de diamètre, leurs conviennent également. Si le bricolage vous manque c’est le moment de vous défouler sur la perceuse ! Les enfants adorent voir Papa bricoler. Ces abris sont très rapidement occupés et peuvent servir 3 ou 4 ans avant d’être renouvelés. 91

Ça se passe au jardin…

Ces « maisonnettes » s’installent aussi sur un balcon, sur une terrasse ou sur un bord de fenêtre. L’idéal est un emplacement ensoleillé le matin. Dès les premiers jours de chaleur en mars, vous pourrez observer les abeilles maçonnes en pleine activité. Il ne reste plus qu’à attendre que les petits auxiliaires viennent s’installer dans votre jardin. Restez à l’affût et soyez Vous voulez un bon tuyau ? patient : de belles surprises vous L´osmie est une experte en maçonnerie ! attendent ! Vous pouvez diversifier ces abris avec des fagots de bois, des tas de pierre ou de vieilles tuiles, qui seront autant de refuges pour la petite faune. Installez-les à même le sol dans un coin perdu du jardin pour attirer et héberger, les coccinelles, les chrysopes ou les syrphes dont les larves sont de redoutables croqueuses de pucerons. Quant au hérisson, ce grand consommateur d’insectes rampants, d’escargots et de limaces, vous pouvez l’aider à traverser l’hiver en lui confectionnant un abri de rondins de bois recouverts de feuilles mortes. Durant les périodes plus froides sa consommation énergétique augmente, de même si les températures sont trop douces… Donc le refuge de votre hérisson doit disposer d’une bonne isolation thermique. Sauf s’il décide d’en changer, le hérisson quitte rarement son nid. Ne manquez pas d’installer des mangeoires quand la saison hivernale approche. En hiver, les oiseaux consacrent la quasi-totalité de la journée à rechercher de la nourriture, notamment pour résister au froid. On peut facilement les aider à passer cette période difficile en alimentant des mangeoires dans le jardin. Cela permet de les observer, d’apprendre à les reconnaître et d’étudier leurs comportements. 92

Fabrication d´une Bee-Home dans un rondin de bois et installation sur la fourche d´un arbre

Accueillir les auxiliaires pour l’hiver

Des nichoirs pour les oiseaux

N’oubliez pas les nichoirs à oiseaux ou à chauve-souris pour compléter votre zone d’accueil. Ce n’est pas un scoop, les populations d’oiseaux et de chauve-souris sont en déclin. En autre causes, l’abattage des haies, des bosquets et des petits bois pour les oiseaux, les pesticides et la pollution lumineuse pour les chiroptères. En période estivale, une mésange consomme 500 chenilles par jour, tandis qu’une chauve-souris avale 2000 moustiques en une nuit. L’emplacement idéal pour un abri se situe à 2 mètres du sol au minimum, afin qu’il soit à l’abri des prédateurs comme les chats.

Le mois d’octobre est le moment idéal pour l’entretien du nichoir à oiseaux. Cette opération indispensable permet d’enlever les fientes, les plumes et bien sûr les reliques de l’ancien nid. (Chaque année, chaque espèce, reconstruit un nouveau nid). Ainsi nettoyé, le nichoir peut à nouveau accueillir nos amis à plumes. L’idéal est de l’accrocher au moins à deux mètres du sol. Une règle à savoir : on ne place rien à l’intérieur

du nichoir, ni graines, ni feuilles, ni laine. Tout matériau rapporté fera fuir le locataire !

Nichoir à balcon pour mésanges Si vous avez installé un nichoir et qu’il reste désespérément désert c’est qu’il n’est pas adapté ou plus simplement mal orienté ! Il ne doit jamais être positionné en plein soleil ou à l’ombre complète. Le trou d’envol doit être à l’opposé des vents dominants et le nichoir légèrement penché vers l’avant pour protéger les occupants des intempéries. Une orientation sud ou sud-est du trou d’envol est conseillée. Bref, il n’est pas là pour faire « déco » ou se donner bonne conscience ! Une dernière règle : en période de nidification, ne déposez pas de nour-

riture à proximité du nichoir, vous risquez d’attirer les prédateurs ! Je vous recommande les nichoirs à balcon qui empêchent tout prédateur ­d’accéder à l’intérieur. Petit conseil ne fixez jamais de perchoir à l’entrée du trou d’envol, c’est offrir une piste d’atterrissage aux prédateurs ! Je ne saurais que vous conseiller les nichoirs à balcon de la revue naturaliste française bien connue « La Hulotte », ils sont hyper-résistants et offrent la meilleure sécurité à la nichée !

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Ça se passe au jardin…

CONSTRUIRE ET INSTALLER UN NICHOIR POUR ACCUEILLIR DES MÉSANGES Bon nombre d’oiseaux ont besoin d’une cavité pour nicher et en zone urbaine les logements comme des arbres creux ou les trous dans les vieux murs se font rares. Vous voulez faire un geste pour la nature ? Construisez un nichoir à balcon et installez-le dans votre jardin. On trouve dans le commerce de nombreux nichoirs sur le modèle « boîte aux lettres », et qui conviennent à de nombreuses espèces de passereaux. Ils ont néanmoins un inconvénient majeur, un chat peu passer sa patte par le trou et une fouine peut arriver à y pénétrer. De plus en cas de violent orage l’eau peut arriver à inonder le nid. Le nichoir à balcon évite tous ces inconvénients. Sans être un grand bricoleur voici une activité à faire avec les enfants en utilisant du bois (non traité) d’une épaisseur minimum de 20 millimètres pour assurer une bonne isolation. Utilisez de préférence un bois résistant à l’humidité et aux moisissures comme le sapin, le pin, ou le mélèze. Vous aurez besoin de deux planches : • Une de 66 cm × 28 cm, • Une autre de 70 cm × 12 cm. Tracez au crayon votre plan de coupe, puis découper les différentes cloisons du nichoir à l’aide d’une scie sauteuse en s’aidant du plan. Percer le trou d’envol à la scie cloche. Assembler les éléments en utilisant des vis inox.

66 cm 5 cm 8 cm

Côté

Côté

Toit

23 cm

20 cm

28 cm

16 cm

15 cm

23 cm 70 cm

Orientez-le sud – sudest et surtout pas face Avant Arrière aux vents dominants. Il sera légèrement incliné vers le bas pour éviter 8 cm 5 cm 17 cm 28 cm que la pluie n’y entre. Fixez-le à 2 mètres minimum du sol, sur un arbre ou sur un mur.

Fond 12 cm

Utilisez du fil de fer et des cales en bois pour qu’il ne glisse pas de l’arbre et n’abîme pas le tronc. Posez votre nichoir entre décembre et fin février, afin que les oiseaux puissent le « visiter » et s’habituer à sa présence.

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12 cm

Accueillir les auxiliaires pour l’hiver

Les mésanges qui fréquentent activement les jardins, font des orgies avec les chenilles des insectes prédateurs des fruits et légumes. Elles pondent en sécurité dans des nichoirs profonds, pourvus d’un tout petit trou d’envol, juste assez grand pour elles. Un diamètre de 26 mm suffit à la mésange bleue, nonnette, noire ou huppée. Quant à la mésange charbonnière, ce dernier doit être de 32 mm, ce qui convient également au moineau ou la sittelle torchepot. Un couple de charbonnières et leur portée engloutissent en un seul mois 15 000 chenilles, pucerons ou autres insectes qui ravagent nos jardins ! Cette espèce vous débarrasse le potager des chenilles de la piéride du chou, des phalènes ou des processionnaires du pin. Elle apprécie aussi les petits escargots. Peut-on encore parler « d’appétit d’oiseau » ? Ce qui est sûr c’est que c’est l’amie du jardinier ! Vous pouvez maintenant installer votre annonce publicitaire :

Annonce « ornitho-mobilière » Couple de mésanges charbonnières, cherche de toute urgence un logement pour y installer sa couvée. Quartier peu fréquenté, situé en bordure de parc ou forêt. La présence d'une vielle boite aux lettres ou d'un arbre creux sera un atout de premier ordre. Les nichoirs sont les bienvenus. Accès facile par les airs souhaité. Merci de prendre contact avec la Ligue de Protection des Oiseaux (LPO).

Le jardinier du xxie siècle a un rôle important à jouer dans la restauration de la biodiversité en milieu urbain.

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