200 gros mots pour enrichir votre répertoire
 9782412059647, 9782412066164

Table of contents :
200 gros mots pour enrichir votre répertoire
Sommaire
Avant-propos
Allumeuse
Andouille
Asticot
Avorton
Azimuté
Branlée
Baiser
Les baisers de Kafka
Foldingue
Baltringue
Banane
Barge
Barjo
Bâtard
Beauf
Bégueule
Bidon
Bouffon
Biroute
De la succulence et de la variété des vocables oubliés
Bite
Il l’a dit…
Biture
Blaireau
Qui surnommait-on « le blaireau » ?
Blonde
La minute blonde
Bordel
Boudin
Bougre
Les « bougres » du capitaine Haddock (échantillons…)
Boules
Bourrique
Bourrin
Bouseux
Branleur
Brêle
Branquignol
Braquemart
Le remarquable Popaul de Jules Amédée
Buse
Chiennasse
Caca
Cageot
Cageots mais stylés !
Cagole
Casquer
Casquer et recasquer
Casse-couilles
Charlot
Chatte
Chaudasse
Cloche
Chiard
Chier
Chier dans le cassetin aux apostrophes ?
Chiffe molle
Chiotte(s)
Cinoque
Cossard
Confidence de « cossard »
Couilles
Crapaud
Cochon
Cocu
Ils l’ont dit…
Con
Connasse
Conneau
Corniaud
Cornard
Il l’a dit…
Cornichon
Croûton
Couillon
Crado
Crevard
Cruche
Et à la fin, elle…
Cul
Déconneur
Déjanté
Dinde
Dingue
Ducon
Emmerdement
Emmerdeuse
Enculé
Enflure
Foutriquet
Enfoiré
Étron
Dégueulasse
Foireux
Empaffé
Empapaouter
Entuber
Faux-derche
Escogriffe
Fayot
Feignasse
Fiotte
Flanby
Fondu
Fossile
Fouille-merde
Foutoir
Fuck / Fuck you
Frappadingue
Fumier
Galeux
Garce
Gigolo
Gland
Glandouilleux
Gogol
Godiche
Morbaque
Gougnafier
Gouine
Gourde
Grappe
Grelot
Les grelots d’antan
Greluche
Grognasse
Gueule
Lo(o)ser
Gugusse
Guignol
Kéké
Jean-foutre
Lard
Lavette
Lèche-cul
Maboul
Limace
Il l’a écrit…
Lopette
Loquedu
Mariolle
Mariole, mariollette, marion, marionnette…
Maquereau
Groseille à maquereaux ?
Marteau
Mec
Merde
Merdeux
Merdier
Meuf
Morue
Vieilles injures poissardes
Morveux
Nain
Naze
Nibards
Niquer
Nœud
Nouille
Nullard
Olibrius
Ordure
Ostrogoth
Les mots doux du Capitaine Florilège…
Patate
Paltoquet
Pedzouille
Peau
Ils l’ont dit…
Pédale
Pédé
Peigne-cul
Peine-à-jouir
Pétard
Pétasse
Péteux
Il l’a dit…
Pétoche
Pine
Pignouf
Pignouf & cordonnier
Pisse-froid
Pisseuse
Plaie
Plouc
Ploukistan ?
Pochtron
Poire
Pouffiasse
Pouilleux
Pourriture
Prose
Ripou
Punaise
Putain
Quéquette
Il l’a dit…
Queue
Roubignoles
Queutard
Racaille
Raclure
Radasse
Rastaquouère
Rat
Les rats du XVIIIe
Ringard
Roulure
Tache
Salaud
Saligaud
Salope
Saloperie
Sapajou
Tante
Thon
« Malheureux en beauté » & synonymes d’autrefois
Tocard
Vache
Tronche
Trouduc
Truffe
Truie
Un courcaillet de truie ?
Zigoto
Zizi
Avoir le zizi en conserve ?
Zob
Zonard

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200 gros mots pour enrichir votre répertoire

© Éditions First, un département d’Édi8, 2020. « Cette œuvre est protégée par le droit d’auteur et strictement réservée à l’usage privé du client. Toute reproduction ou diffusion au profit de tiers, à titre gratuit ou onéreux, de tout ou partie de cette œuvre, est strictement interdite et constitue une contrefaçon prévue par les articles L 335-2 et suivants du Code de la Propriété Intellectuelle. L’éditeur se réserve le droit de poursuivre toute atteinte à ses droits de propriété intellectuelle devant les juridictions civiles ou pénales. » ISBN : 978-2-412-05964-7 ISBN numérique : 978-2-412-06616-4 Dépôt légal : novembre 2020 Correction : Anne-Lise Martin Mise en page : Emilie Guillemin Éditions First, un département d’Édi8 92, avenue de France 75013 Paris Tél. 01 44 16 09 00 / Fax 01 44 16 09 01 Courriel : [email protected] / Internet : www.lisez.com

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Sommaire Titre Copyright Avant-propos Allumeuse Andouille Asticot Avorton Azimuté Branlée Baiser Foldingue Baltringue Banane Barge Barjo Bâtard Beauf Bégueule Bidon Bouffon Biroute Bite Biture Blaireau Blonde Bordel Boudin Bougre Boules Bourrique Bourrin Bouseux Branleur Brêle Branquignol Braquemart Buse Chiennasse Caca Cageot Cagole Casquer Casse-couilles Charlot Chatte Chaudasse Cloche Chiard Chier Chiffe molle Chiotte(s) Cinoque Cossard Couilles Crapaud Cochon Cocu Con Connasse Conneau Corniaud Cornard Cornichon Croûton Couillon Crado Crevard Cruche Cul Déconneur Déjanté Dinde Dingue Ducon Emmerdement Emmerdeuse Enculé Enflure Foutriquet Enfoiré Étron Dégueulasse Foireux Empaffé Empapaouter Entuber Faux-derche Escogriffe Fayot Feignasse Fiotte Flanby Fondu Fossile Fouille-merde Foutoir Fuck / Fuck you Frappadingue Fumier Galeux Garce Gigolo Gland Glandouilleux Gogol Godiche Morbaque Gougnafier Gouine

Gourde Grappe Grelot Greluche Grognasse Gueule Lo(o)ser Gugusse Guignol Kéké Jean-foutre Lard Lavette Lèche-cul Maboul Limace Lopette Loquedu Mariolle Maquereau Marteau Mec Merde Merdeux Merdier Meuf Morue Morveux Nain Naze Nibards Niquer Nœud Nouille Nullard Olibrius Ordure Ostrogoth Patate Paltoquet Pedzouille Peau Pédale Pédé Peigne-cul Peine-à-jouir Pétard Pétasse Péteux Pétoche Pine Pignouf Pisse-froid Pisseuse Plaie Plouc Pochtron Poire Pouffiasse Pouilleux Pourriture Prose Ripou Punaise Putain Quéquette Queue Roubignoles Queutard Racaille Raclure Radasse Rastaquouère Rat Ringard Roulure Tache Salaud Saligaud Salope Saloperie Sapajou Tante Thon Tocard Vache Tronche Trouduc Truffe Truie Zigoto Zizi Zob Zonard

« Personnellement, je trouve que terrorisme, missile et pollution sont des plus gros mots que caca, merde ou prout. » Philippe Geluck, Le Tour du chat en 365 jours, 2006

Avant-propos Le gros mot ? un terme incorrect disent les dictionnaires. Offense à la pudeur ! Transgression des codes de politesse et de bienséance. D’autant que le gros mot tape souvent – pour ne pas dire toujours – sous la ceinture, le domaine sexuel fournissant un corpus généreux. Bite, couilles, cul, con… Et l’obscène le dispute au scatologique, merde ! « Appétit de dire », appétit de vivre… bousculant avec gaillardise les culs serrés et autres pisse-verglas dans la canicule… « Faut reconnaître, c’est (souvent) du brutal ! », mais cette production langagière provocatrice, haute en couleur, témoigne d’une vitalité joyeuse et libératrice. Bien sûr, ils sont tabous, ces mots, nous ne sommes pas censés les prononcer. Dès l’enfance, on nous l’apprend : « Les gros mots c’est mal, c’est sale, va te laver la bouche. » Il convient à tout âge de policer son discours et de rester dans le « politiquement correct » (deux gros mots d’aujourd’hui). Les « gros mots » sont pourtant jubilatoires, défoulatoires ! Crus, osés, grossiers, éclaboussant de santé, populaires, faux-culs (ambivalence et double sens de vocables en apparence inoffensifs)… ces mots-là s’expriment en toute liberté essentiellement à l’oral. Mais pas que… Tout le monde dit des « gros mots », tout le monde les écrit. Même les « grantécrivains » ! Hugo, Flaubert, Balzac, Zola, Proust, Céline, Sartre, Aragon, Queneau, Perec, Dard, Houellebecq, Beigbeder… Les musiciens les chantent : Brassens, Léo Ferré, Renaud, Michel Jonasz, Alain Souchon, Pierre Perret, Gotainer… Les cinéastes et les gens de cinéma les font « tourner » : Georges Lautner, Michel Audiard, Bertrand Blier, Mathieu Kassovitz… Vous les retrouverez au fil de ces pages. Les 200 entrées de ce dictionnaire sont explicatives (origine, définition, citations ou curiosités amusantes développées sous forme d’encadrés…) et contextualisées. Double volonté, pédagogique et gourmande : pour mieux expliquer, pour le plaisir des mots. Parce que – au risque délicieux de se dévergonder – nous avons le goût des mots, tous les mots, même les gros, les bas, les grossiers, les vulgaires ! Ils font partie de la langue française (très) vivante. Retrouvez-les, redécouvrez-les… CG & JJD

Allumeuse

Il y a allumeuse et allumeuse mais toutes s’ingénient à mettre le feu ! Une de ces allumeuses (une jolie fille de préférence) est une séductrice décevante, une aguicheuse qui promet sans rien donner. Elle enflamme, minaude, provoque, excite, permet quelques privautés, sans jamais accorder le principal. Avec elle, on en reste aux bagatelles (ou aux miettes) de la porte, aussi nommées autrefois « les plaisirs de la petite oie ». Plus poétiquement formulé : cette allumeuse-là « joue avec les roses de Vénus ».

Synonymes : provocatrice, aguicheuse, agace-braguette, pousse-au-vice, agace-pissette (Québec)… « Ici les allumeuses s’appellent des agaces. C’est toujours la même douleur : regarder la beauté en face, qui ne vous regarde pas. Quel dommage toute cette neige qui ne fond pas […]. Les Québécois ont raison : les allumeuses agacent. Le problème c’est qu’on raffole de cet agacement nommé désir. » Frédéric Beigbeder, L’Égoïste romantique, Grasset, 2005 « Sale petite Française ! toutes des cochonnes, des allumeuses ! et au dernier moment elles disent non ! Allez vous faire foutre, cria-t-il. » Patrick Poivre d’Arvor, Fragments d’une femme perdue, Grasset, 2009

Andouille

Du latin inducere (introduire). Charcuterie, de Guémené, de Vire ou de Troyes, ou gracieuseté bien sentie en direction d’un individu, niais, un peu gauche. Une vraie niquedouille ! L’andouille peut encore tirer son acception injurieuse de l’image érotique qui fait d’elle, dixit Pierre Guiraud, « un pénis mou ».

Variantes : crème d’andouille, grosse andouille… Synonymes : corniaud, imbécile, abruti, ballot, cornichon… « Veux-tu me donner les fers, sacrée andouille. » Émile Zola, L’Assommoir, 1877

Asticot

Origine incertaine. Le petit asticot est de peu de valeur, de peu de poids physiquement ou socialement. Il n’a un réel intérêt que pour les pêcheurs à la ligne ! Il désigne encore un très petit sexe masculin.

Variantes : astibloche, drôle d’asticot, sale petit asticot… Synonymes : minus, avorton, drôle de zèbre, pauvre type, demi-portion, petite larve, ringard… « Ils maudissaient leur chef et lui les corrigeait en ricanant : “Allez-y, maudissez-moi, bande d’asticots ! Z’avez vu mon gros bide et mon large torse ? Eh oui, bande de raclures, vos malédictions me profitent !” » Jim Tully, Les Assoiffés, Les Éditions du Sonneur, 2018

Avorton

Du latin abortare (avorter). L’avorton est un petit être chétif, mal conformé. Le terme pouvait désigner autrefois un enfant difforme ou arrivé avant terme. Aujourd’hui, traiter son prochain d’avorton, c’est le considérer comme un moins que rien, un raté.

Synonymes : résidu de fausse-couche, rinçure de bidet, demi-portion, nabot, Hercule d’occase (ou d’opérette, ou de solderie), gringalet, freluquet, petit bout d’homme, minus, globule, asticot… « Eh ! bien, crevez tous ! Toi, sale avorton, la preuve de ma honte ! toi, dit-il à Gabrielle, misérable gourgandine à langue de vipère […]. » Honoré de Balzac, L’Enfant maudit, 1837 « Hein ? Qui le croirait ? Un avorton pareil, un bout d’homme qu’on mettrait dans sa poche, ça finirait par venir à bout d’une grosse femme comme moi, si on le laissait faire, avec ses dents de rat ! » Émile Zola, La Bête humaine, 1890 « Mais je vous ai tout dit, rebiffe l’avorton déguisé en mauviette crevarde, avec ce que les grands écrivains appellent “l’énergie du désespoir”. » San Antonio, Les huîtres me font bâiller, 1995

Azimuté

Dérivé de l’espagnol acimut, lui-même issu de l’arabe as simt (direction). Azimuter vient de l’argot des artilleurs « regarder, observer », d’où être azimuté « repéré » et, par métaphore, « avoir perdu la bonne direction ». « L’azimut est l’angle dans le plan horizontal entre la direction d’un objet et la direction de référence. » Être azimuté c’est être déboussolé, avoir perdu le nord et les pédales !

Variantes : azimuth (rare), azimuté du cortex… Synonymes : cintré, fêlé, barjo, égaré, à la masse… « – Qu’est-ce qu’elle a la petite chatte ? Elle est perdue ? – Non, […] j’ai été virée de chez moi par une bande d’iconoclastes azimutés. » Jean Streff, Loulou, chatte sentimentale, Z4 éditions, 2019

Branlée

De l’ancien français bransler (secouer). Une branlée a bien sûr plusieurs sens. Celle qui nous intéresse ici, c’est une violence, une correction physique. C’est aussi un échec, une défaite. Au sens propre comme au sens figuré, se prendre une branlée n’a absolument rien de réjouissant.

Synonymes : raclée, rouste, défaite, dérouillée… « Tout ça pour un match où ils vont se prendre une branlée. Et par sa faute si on regarde bien. » Olivier Adam, Peine perdue, Flammarion, 2014

Baiser

Du latin basiare (poser ses lèvres). Autrefois, baiser signifiait « embrasser ». Aujourd’hui le baiseur bise encore, smacke, bisouille, bécote, bisoute… mais il s’aventure aussi beaucoup plus loin. Le sens érotique de baiser a gagné en profondeur. Joli « sacrifice à Vénus »…

Baiser son prochain n’est pourtant pas toujours recommandable : c’est encore le posséder mais d’une autre et vilaine façon. C’est le berner, le rouler ! Variante : baisoter (baiser médiocrement)… Synonymes : coïter, faire l’amour, forniquer, foutre, posséder… Rouler, entourlouper, abuser…

Les baisers de Kafka « Les baisers écrits ne parviennent pas à destination. Les fantômes les boivent en route. » (Lettre à Milena, avril 1922)

Foldingue

Du latin follis (ballon, outre gonflée) et de dingue (argot – probablement issu de dinguer, « aller de ci de là », et influencé par dengue, une « maladie qui rend fou », comme le paludisme, provoquant fièvres et délires). Petit gros mot gentillet qui établit quand même un léger constat de folie.

Variantes : foldinguote, folingue. Synonymes : fofolle, fou, cinglé, piqué, timbré, siphonné, dingo, zinzin, ravagé du ciboulot…

Baltringue

Origine incertaine. Le suffixe -ingue, typiquement argotique, est trompeur. On imaginerait bien ce mot-là naître et baguenauder dans un vieux polar, truffé de « flipettes » (trouillards) et de « balances » (délateurs). Que nenni. Un baltringue serait à l’origine un mot emprunté au vocabulaire forain. Manutentionnaire du cirque, il montait démontait les chapiteaux, déménageait sans cesse (instabilité).

Signification : balance, délateur puis blaireau, bouffon, minable, nul, lâche… Changement de sexe : baltringue, normalement masculin, s’est féminisé récemment. Variante : baltringuasse. Synonymes : branque, burne, couille molle, paniquard… « Emporte-moi. Tue-moi. T’as pas de tripes. T’es un bidon. Un baltringue. » Auguste Le Breton, Monsieur Rififi, La Table ronde, 1976 « T’es trop une baltringue, tu te barres en couille grave, Vinz. » La Haine, film de Mathieu Kassovitz, 1995

« […] c’est quoi son problème à ce baltringue il met du Scorpio avant de crever il est total cheaté du cervelas ce boloss […]. » Quentin Leclerc, Michel Pimpant, Les Boloss des belles lettres, J’ai lu, 2013

Banane

Il y a la banale banane (le fruit) et la banane coquine : « sexe masculin servant à calmer les abricots en folie »… Et on comprend mieux, du même coup, l’expression avoir la banane (sourire)… Comme beaucoup de fruits ou de légumes, la banane nourrit aussi l’insulte ! Elle désigne un imbécile ou une ravissante (ou pas) idiote. Des « béats du sourire », selon l’expression jolie de Gilles Guilleron (Dictionnaire de noms d’oiseaux, 2013).

Variantes fruitées et légumières : courge, patate, cornichon, bonne poire… « […] il sera prohibé de parler d’une collègue de bureau comme d’une courge, de suggérer d’un voisin qu’il a un petit pois dans la tête, […] de crier “va donc eh banane !” à un automobiliste grilleur de priorité […]. » Philippe Meyer, Portraits acides et autres pensées édifiantes, Le Cherche Midi, 1999

Barge

Diminutif de barjo, lui-même verlan de jobard. Barge englobe plusieurs significations (un bateau à fond plat, un oiseau des marais…), mais c’est aussi un (petit) « gros mot » qui désigne un fou, un individu au comportement extravagant, contraire à la raison et la prudence.

Variante : barjo. Synonymes : cinglé, cramé, allumé, dingue, guedin, fada, bizarre… « – Tout ça est illogique, complètement barge ! – […]nous avons peut-être affaire à des barges. » Patrice Dard, San Antonio priez pour nous, 2005

Barjo

Verlan de jobard (de jobe, niais, imbécile). Le jobard est un grand naïf, le barjo pas vraiment : il se distingue par un petit grain de folie, un comportement hors norme, farfelu, excessif, qui tranche de l’ordinaire. Le barjo peut aussi aimer prendre des risques, flirter avec le danger. Une autre façon d’être déraisonnable.

Variantes : barjot, barge… Synonymes : fêlé, frappadingue, maboul, toqué… « – Ça fait quoi d’avoir un fils barjo ? – C’est merveilleux. » Donnie Darko, film de Richard Kelly, 2001

Bâtard

Sens premier : enfant naturel. À l’endroit, à l’envers, bâtard, ou tarba, ne s’indigne pas d’une naissance hors mariage mais expédie un bon petit mépris de base à un traître, un bouffon, un pauvre type.

Variantes : sale bâtard, maudit bâtard, bâtard de ta mère, chien de bâtard, tarba (verlan)… Synonymes : enfoiré, salaud, corniaud (chien bâtard)… « Sale bâtard ! Tu crois m’intimider, pourriture, mauvaise graine. […]. Tu penses que tu as grandi ? Il me faudrait un microscope pour te repérer, fils de chien… » Yasmina Khadra, À quoi rêvent les loups, Julliard, 1999

Beauf

Abréviation de beau-frère. Le beauf, popularisé par Cabu et Renaud, représente le stéréotype du Français moyen borné, inculte, vulgaire. Sans éducation ni belles manières. Un peu réactionnaire, un peu raciste. « Porté par des lieux communs » et « des certitudes dont il ne démordra jamais ». En six mots ? « l’archétype de la connerie humaine » !

Synonymes : gros lourd, gros con, abruti, crétin… « Le beauf français, il ferait pas de mal à une mouche, il est râleur contre tout, il a une casquette avec écrit Ricard dessus, et il va en vacances dans sa caravane. Tous les caravaniers sont pas des beaufs. Beauf, c’est un état d’esprit. C’est comme vieux et jeune, il y a des mecs qui sont jeunes à tout âge et d’autres qui sont vieux très jeunes. Beauf, c’est pareil, il y a des patrons, il y a des ouvriers. Le beauf, c’est le mec qui reproche au gouvernement le mauvais temps en été, alors que c’est vraiment la faute à personne, à mon avis. » Coluche, dans Le Nouvel Observateur, 24 août 1984 « Comme beaucoup de dessinateurs, je cherchais un personnage capable d’incarner la bêtise la plus totale. […] L’envie, c’est d’abord de faire rire ou sourire. Je ne délivre pas de messages. Bien sûr, on vise à dénoncer la bêtise. Mais comme le beauf a rarement conscience d’être beauf, cela ne sert pas à grand-chose… » Cabu, dans Le Parisien, octobre 2014

Bégueule

De l’ancien français bégueule et gueule bée (gueule ouverte). Rester la bouche ouverte peut exprimer l’étonnement, la bêtise, et bégueule a désigné tout d’abord la sottise, puis, glissement de sens, on se dirige dès le XVIIIe siècle vers la pruderie. Faire la bégueule, aujourd’hui, c’est jouer ou surjouer la fine bouche, affecter des manières hautaines et prétentieuses, se montrer difficile ou dégoûté(e)… Bégueule s’emploie indifféremment pour une femme ou un homme.

Synonymes : mijauré(e), prude, chochotte, hautain(e), difficile, snob, compliqué(e), pédant(e), chicorée (vieilli)… « Eh bien, voyez comme vous avez eu tort de faire la bégueule ! Car les trois cent mille francs que vous avez noblement refusés sont dans l’escarcelle d’une autre. » Balzac, La Cousine Bette, 1846 « Je hais les bégueules minaudantes, les chochottes du prose, les vertucatins. Karola, c’est un vrai bonheur […]. » San Antonio, Tête et sac de nœuds, 1991 « Du reste, Diavolo n’était ni bégueule ni maladroit : un excellent partenaire, et fort causant. » Claude Duneton, Marguerite devant les pourceaux, Grasset, 1991

Bidon

Attesté depuis le XVIe siècle. Origine obscure. Peut-être issu du scandinave bida (baquet). Un bidon, c’est un récipient portatif pour stocker un liquide, c’est encore un petit bedon, le ventre. Et être bidon, c’est sans doute être un peu gourde mais surtout minable ou menteur.

Synonymes : rigolo, bouffon, guignol, bluffeur, vantard… « Elle me parlait anglais tout le temps Je lui répondais deux trois mots bidons Des trucs entendus dans des chansons Consternation » Alain Souchon, J’suis bidon (chanson), 1976

Bouffon

Emprunté à l’italien buffone (personne qui fait rire). Aujourd’hui, si le bouffon fait rire, c’est seulement à ses dépens. Il n’est pas drôle, juste ridicule, peu crédible, grotesque. Alain Rey précise que le mot est récemment (1990 ?) revenu en force, en provenance du Sud (Marseille, Corse ?). L’injure fleurit « facile » chez les jeunes et dans les cités.

Variantes : fonbou (verlan de bouffon), fonblard (argot des cités)… Synonymes : guignol, charlot, plaisantin… « J’ai traité le jumellier (pion) de fonbou mais comment je me suis fait trasher (j’ai été repris de volée) par la principale. » Vincent Mongaillard, Le Petit Livre de la tchatche, First, 2013

Biroute

L’origine du mot est obscure mais son apparition se situe autour de la Première Guerre mondiale. En argot militaire, la biroute est une manche à air d’un terrain d’aviation. Manche à air qui se dresse ou s’affaisse le long de son mât en fonction d’une météo venteuse ou pas. Variations expliquant l’analogie avec le membre viril. Le mot, moins usité de nos jours, reste une apostrophe peu aimable quand il s’accompagne de l’adjectif petite (p’tite bite)…

Synonymes : bite, zizi, zob, manche à couilles, bigoudi chauffant, bistouquette…

De la succulence et de la variété des vocables oubliés Biroute : comment la nommait-on autrefois ? L’aiguille – l’aiguillon – l’allumelle – l’anchois (tout petit) – l’arbalète – l’aveugle – le berlingot – le bijou – le bouchon – le bourdon – le boute-feu – le braquemard – le bringand – la broche – la broquette – le bulletin – la burelle – la caillette – le chalumeau – la chandelle – le chose – le cordon – le couillard – le dard – le dille (de petite taille) – le drôle – la flèche – le grimaudin – l’herbe qui croît dans la main – la lance – le manche – la marchandise – la mentule – le mistigouri – le moineau – l’oiseau – l’outil – la pastanade – le pilon – la pine – le poinçon – Priape – la quenouille – la queue – la quille – le rondin – le rubis cabochon – la seringue – le totoquini – le zest… (liste non exhaustive)

Bite

D’origine incertaine mais attesté depuis 1584. En voilà du vrai bon gros mot, qui désigne le sexe masculin, est-il besoin de le préciser… Bite semble le mot le plus familier pour désigner le pénis, qui connaît un nombre incroyable de synonymes. Tout le monde le dit, beaucoup l’écrivent. L’homme de la rue comme le « grantécrivain », et aujourd’hui comme hier. Baudelaire, Rimbaud, Aragon… Stendhal le note régulièrement dans son journal intime. Ses éditeurs, à titre posthume, remplaceront le mot par son initiale « b » moins par pudeur que par crainte de la censure : l’usage de ce petit gros mot a été passible d’une condamnation pour outrages jusqu’en 1962 !

Variantes : bitte, petite bite, Brad bite (insulte ludique), teube (verlan)… Synonymes : queue, pine, dard, pompe à foutre, flûte enchantée, tige mâle, outil d’amour… « “Tu vas nous bénir la bite !” crie son père en courant vers elle. […] La bite de son père, boudin blanc bondissant, est très différente de celle de Monsieur Bihotz. » Marie Darrieussecq, Clèves, POL, 2011 « […] c’était pas du tout le moment de venir me faire chier la bite. » Céline, Mort à crédit, 1936

Il l’a dit… Coluche : « Bite, c’est un gros mot même si c’est une petite. »

Biture

Peut-être du vieux mot boiture (goinfrerie) ? Consommation trop copieuse d’alcool… qui rend « pompette », dépendant et pas forcément très gai. Apôtre de l’overdose, Antoine Blondin, « l’homme qui descendait du songe », pouvait tristement en témoigner : « On boit ensemble mais on est soul tout seul »…

Variante : bitture… Synonymes : muflée, cuite, ivresse… « N’aspirons-nous le grand air que pour l’ineffable joie d’engloutir impunément du piqueton jusqu’au gobichonnage majeur, jusqu’à prendre une biture ? » Jean-Pierre-Louis marquis de Luchet, dans Dictionnaire historique d’argot de Lorédan Larchey, 1878 « Dédé m’encourage à prendre une biture. Je résiste, et bien. Mais la chair est faible […]. » René Fallet, Carnets de jeunesse (1947-1948), Denoël, 1992 « Il se leva avec l’impression que sa tête allait éclater […]. Quelle sale gueule ! – Oh ! la la, quelle biture ! » Régine Deforges, La Dernière Colline, Fayard, 1996 « Bacchus aurait pardonné la cuite de Belmondo et Gabin dans Le Singe en hiver car c’est une biture de consolation […]. » Jacques Dupont, Le Vin et moi, Stock, 2016

Blaireau

De l’ancien français bler (tacheté). Le blaireau n’est pas qu’un petit mammifère carnassier bas sur pattes. L’homme ainsi timbré est un pauvre kéké, un peu ridicule, insignifiant, voire prétentieux. Un « cave » nous disent les polars.

Blaireau est en fait un « faux moderne », le XIXe siècle – jusque dans les milieux politiques – en a usé abondamment (sens : blanc-bec, bêta…) Variantes : gros blaireau, sale blaireau, vieux blaireau… « Rien à foutre de ta sale gueule de pauvre connard, OK ? Retourne dans ta télé, blaireau […]. » Virginie Despentes, Bye bye Blondie, Grasset, 2004

Qui surnommait-on « le blaireau » ? Réponse : une légende du cyclisme français, Bernard Hinault. « Ça ne me dérange pas du tout ! […] avouait-il. J’ai eu les mêmes réactions. Quand on m’emmerde, je rentre dans mon trou. Mais quand je sors, je mords. » (magazine Bretons, 2008)

Blonde

D’origine germanique (?) Blund (blonde). Une blonde, c’est une bouteille de vin blanc, une cigarette, de la dentelle, une petite amie (au Canada)… et depuis quelques années le stéréotype de la parfaite idiote. Une discrimination et un cliché qui continuent à faire leur chemin. Les blondes seraient plus naïves, plus superficielles, plus bêtes que la moyenne. Une jolie plastique et un QI d’huître mourante ! Un archétype popularisé sans doute par le cinéma et ses actrices, au blond artificiel, belles et donc supposées stupides. Les blondes, pire les blondasses, sont le sujet de prédilection de plaisanteries machistes lourdes et crues. Et avec tout ça, les hommes continueraient « à préférer les blondes » !

Variante : blondasse. Synonymes : gourde, cruche, idiote, pétasse, connasse, nouille… « – Mais elle est conne. Il n’y a pas que les blondes qui soient connes… – D’abord ma femme, elle est pas conne ! – Bon, bon, on se calme. Ta femme n’est ni blonde ni conne. D’accord ? » Georges Elliautou, JE.EUX, mininouvelles, Librinova, 2019

La minute blonde L’intelligente et jolie Frédérique Bel, alias Dorothy Doll, incarnait « la blonde » écervelée dans La Minute blonde sur Canal + (2005).

Bordel

De l’ancien français bord, borde (cabane, petite maison de planches). Lieu de prostitution ou lieu où règnent tapage et belle pagaille. Ou situation embrouillée. Le mot, fréquemment exclamatif, ponctue aussi le discours – comme « putain » – et n’hésite pas à se renforcer : bordel de merde, bordel de Dieu, putain de bordel, bordel de mes deux…

Variantes : bordel à cul, tonnerre de bordel (Céline), maudit cul de bordel (Canada), bordel de nom de Dieu, bordel divin (San Antonio), bordel de queue à bulle carrée… Synonymes : foutoir, pagaille, anarchie, cheni (Suisse)… « Merde de merde de bordel de merde ! » Roger Borniche, Le Boss, Grasset, 2014

Boudin

Mot d’origine obscure, peut-être formé sur bod, boud (onomatopées exprimant l’enflure). Faire du boudin, c’est faire la tête, mais comme il est légitime de la faire si d’aventure on s’entend méchamment traiter de boudin. Gainsbourg menteur ! « La beauté cachée des laids, des laids ne se voit pas sans délai, délai »…

Variantes : boudin rance, boudin blanc, boudinasse… Synonymes : cageot, bouboule, bouffi, gros tas, baleine… « Abominable ! Névrosé ! Pochard ! Sadique ! Tourmenteur ! Nécrophage ! Monstre inique ! Débile mental ! Vampire ! Onclâtre ! Abcès ! Démoniaque ! Porc lubrique ! Inconscient ! Boudin rance ! N’en jetez plus, la cour est pleine proteste mon ami ! » San Antonio, Béru-Béru, 1970

Bougre

Du latin bulgarus (bulgare). En ancien français, boulgre est l’équivalent de bulgare. Les Bulgares avaient une réputation de sodomites. Le mot désignait ensuite un hérétique, puis celui qui se livrait à « la débauche contre nature » (le coït anal).

Bougre est considéré comme si grossier que longtemps il n’apparaît dans les textes qu’avec sa lettre initiale suivie de trois pudiques petits points… Aujourd’hui, il a perdu sa connotation sexuelle (sauf pour le féminin bougresse, femme ardente en amour) et s’est banalisé, voire adouci. Ne dit-on pas « un bon bougre », « un brave bougre », « ce n’est pas un mauvais bougre »… on entend aussi « pauvre bougre », « bougre d’imbécile », « bougre d’andouille »…

Synonymes : sodomite, dépravé, débauché… Gaillard… « – Et toi, jeune andouille, tu t’y remets ? – Oh ! moi c’est pas la peine, j’ai passé mon certif, je n’ai plus besoin d’apprendre. – Tais-toi, bougre d’âne. Tu ne connais encore rien […]. » Roland Dorgelès, À bas l’argent, 1965

Les « bougres » du capitaine Haddock (échantillons…) Bougre d’amiral de bateau-lavoir, bougre d’extrait d’hydrocarbure, bougre d’extrait de cornichon, bougre d’extrait de crétin des Alpes, bougre d’ostrogoth, bougre de crème d’emplâtre à la graisse de hérisson, bougre de faux-jeton à la sauce tartare, bougre d’ectoplasme…

Boules

Du latin bulla (bulle d’eau, petite sphère). Le mot boule désigne en général un objet plein de forme sphérique. Au pluriel comme au singulier, il peut se faire coquin (le boule : les fesses ; les boules : les testicules).

Avoir les boules, c’est avoir peur ou être tellement exaspéré, en colère, que lesdites boules remontent jusque dans la gorge. À en étouffer son bonhomme ! Synonymes : couilles, burnes, valseuses, roupettes… « Le con était campé au milieu de la pièce. Il me regardait en souriant. Je ne voudrais pas être vulgaire, mais pour un mec qui ne joue pas au billard, j’avais les boules. » Franz Bartelt, Le Jardin du Bossu, Gallimard, 2004

Bourrique

De l’espagnol burrico (âne). Vieille, grosse, foutue… la bourrique est supposée obstinée et bête. Et peut-être un tout petit peu intello si elle chausse des lunettes ?

Variantes : bourricot, bourrique à lunettes (Céline à Sartre), bourriquet à longues oreilles (Le Père Duchêne)… Synonymes : âne bâté, imbécile, entêté… « […] méfie-toi, c’est pas un tendre, ce mec. Une foutue bourrique de brute ! » Bernard Clavel, Le Soleil des morts, Albin Michel, 1998

Bourrin

Origine discutée. Peut-être emprunté à un mot dialectal signifiant « âne ». D’abord employé dans l’argot militaire (pour « mauvais cheval »), avant de désigner une personne très portée sur le sexe (rapport avec bourre, bourrer, au sens argotique et sexuel). De péjoratif, bourrin peut devenir franchement insolent voire insultant : il désigne une personne sans finesse ni subtilité, un gros lourdaud, un plouc.

Synonymes : beauf, mal dégrossi, empoté, pignouf… « De temps en temps […] je vois une dinde […] le corps si moulé dans du lycra que même un bourrin décérébré comprend qu’il faut peloter… » Éric-Emmanuel Schmitt, Le Poison d’amour, Albin Michel, 2014

Bouseux

D’abord bousous (XIXe s.). Dérivé de bouse (excrément de vache). Rhétorique puante du mépris… Un bouseux désigne péjorativement un paysan ou un campagnard. Complexe de supériorité des urbains (qui oublient leurs origines rustiques) sur les ruraux. « Brouteurs sombres »* de citadins !

Synonymes : plouc, péquenaud, cul-terreux, merdeux, paysan, rustaud, pet-de-zouille… « […] je suis issue d’une très vaste famille de bouseux enracinée dans une fière paroisse de Normandie, dont le caractère microscopique ne doit pas cacher la grandeur […]. » Fred Vargas, Petit traité de toutes vérités sur l’existence, Viviane Hamy, 2013 * Tristes sires (XIXe s.).

Branleur

De l’ancien français bransler (secouer). Le sens sexuel et masturbatoire du « gros mot » n’échappe à personne… L’insulte fustige les belle feignasses ou les incapables ! Qu’il soit grand, petit, sale… le branleur n’en branle pas une et s’en balance éperdument. RAF. RAB. Rien à foutre ! rien à branler !

Variantes : branlotin, branleur de gnou, branle-musard, branleur de tasses, branlocheur, brandouilleur… Synonymes : désœuvré, fumiste… « Léonard Cohen ! tu parles d’un branlotin ! » Gérard Guégan, La Demi-sœur, Grasset, 2014 « Mon Dieu que je m’exprimerais bien si j’étais un branleur d’écrivain à la recherche de ses grains de beauté les plus infimes ! » San Antonio, Le Trouillomètre à zéro, 1987

Brêle

De l’arabe bghel (mulet, mule). Une brêle désigne un individu têtu (comme une mule…) ou/et bête (comme une oie). Un bon à rien ou un « mauvais à tout ».

Variantes : brèle, brelle… Synonymes : imbécile, incapable, incompétent, nullard… « Le colonel lui tint un long discours dont il ressortait que Karapotch était une brèle et qu’ils étaient tous les mêmes. » Georges Perec, Quel petit vélo à guidon chromé au fond de la cour ?, 1966

Branquignol

Dérivé de branque, croisé avec guignol ? Fin XIXe siècle, un branque était un âne (à rapprocher alors de l’italien branci [âne] ?) Branquignol aurait vu le jour dans les tranchées en 1914-18, les poilus l’utilisaient pour désigner les soldats-brancardiers. La guerre passée, le mot a survécu mais sa signification a changé. Il désigne un doux-dingue, un loufoque. Aujourd’hui si les loufoques n’ont pas disparu, le mot branquignol se fait plus rare. On se souvient de la troupe de comédiens, Les Branquignols, créée par Robert Dhéry et Colette Brosset, qui réunissait la fine fleur des comiques de l’époque (de 1948 aux années 1970).

Variantes : branque, braque, braquignol… Synonymes : guignol, rigolo, comique, loufoque, dingue, imbécile, incapable, cinglé… « Ne t’emballe pas. Je suis prêt à vouer la même reconnaissance que toi aux mânes de ce vieux branquignol. » Roger Martin du Gard, Un taciturne, 1932 « Branquignol, Branquignol / C’est la farandole des frappés, des fondus / Des farfelus / Des vrais fous, des faux fous, des fêlés, des tordus »

Jean-Marie Blanche, Francis Blanche mon père, Plon, 2011 « Quel nul ce Patrick ! quelle brêle, quel branque, quel tocard ! Et il était pistonné soi-disant ! » Bernadette Fontaine, La Petite Kléber, Edilivre, 2016

Braquemart

Du néerlandais breecmes (couperet, serpe, couteau). Braquemart est un des nombreux noms très populaires du pénis. Ainsi nommé en référence à un poignard ou une épée robuste, courte et large utilisés aux siècles passés. Ainsi, dérouiller son braquemart équivaut à pratiquer la guerre amoureuse. À « escrimer d’amour » (XVIIe-XVIIIe s.). Éternel duel à la plum plum tagada !

Variantes : braquemar (Rabelais), braquemard… Synonymes : la flûte, le vilebrequin d’amour, la seringue, le robinet, l’oiseau, le goupillon, l’ouvrier de nature, le brigadier de l’amour, le vit, la flèche, le scoubidou, le dard… « À voir l’énorme tarin de Pierrot les Dents en or, on se gourait qu’il était doté d’un braquemart comaco […]. » Auguste Le Breton, L’Argot chez les vrais de vrais, 1975 « Je ne veux plus de ce braquemart à côté de moi, dit-elle. Toujours ce braquemart… Ça me rendait nerveuse […]. » Henry Miller, Tropique du cancer, 1934

Le remarquable Popaul de Jules Amédée En toute modestie, Jules Amédée Barbey d’Aurevilly (1808-1889) donnait à son braquemart un joli petit nom : « le formidable » ! (Source : Pierre Merle)

Buse

Du latin buteo (oiseau de proie). « D’une buse on ne saurait faire un épervier [noble oiseau] », disait-on autrefois, pour signifier qu’un imbécile restait à vie un irrécupérable. La réputation de bêtise de buse serait peutêtre redevable aux fauconniers qui la jugeaient impossible à dresser. Triple (triple buse) accentue beaucoup d’injures.

Variante : triple buse… Synonymes : abruti, crétin, ignorant, triple idiot, grosse bête… « Regarde-nous bien, triple buse, dit-elle en s’adressant à Franz. » Martin Winckler, Le Chœur des femmes, POL, 2009

Chiennasse

Du latin canis (chien). Ajout du suffixe péjoratif -asse. Pire qu’une chienne, une chiennasse ! Une chaudasse, une bête de sexe, une libertine aux manières et aux allures peu farouches. Femme supposée légère et à gros appétit sexuel, à peine sortie de l’animalité.

Variante : chienne… Synonymes : putain, traînée, radasse, pouffiasse, salope, garce, délurée… « Vieille taupe ! Fais gaffe ! J’ai des copains dans la zone, des fidèles qui te harcèleront, me vengeront, tu ne seras jamais tranquille, vieille pouffe, chiennasse ! » Patrick Grainville, Lumière du rat, Le Seuil, 2008

Caca

Du latin cacare (déféquer). Pour le désigner, explique Caroline Balma-Chaminadour, auteure du Livre (très sérieux) du caca (Jouvence, 2018), il existe un mot dans toutes les langues. Et des mots tous très courts, deux ou trois syllabes maximum. Comme caca… dont l’usage n’est pas exclusivement enfantin. Il vient volontiers prendre le relais du mot merde chez les grandes personnes qui peuvent être dans le caca, faire un caca nerveux (expression récente, apparue dans les années 1990)… Le dire scatologique a de beaux jours devant lui. Chez l’enfant, chez l’homme de la rue comme chez le « grantécrivain ». « La merde a de l’avenir, vous verrez qu’un jour on en fera un discours », écrivait Céline…

Variantes : caca-boudin, caca bouilla… Synonymes : merde, chienlit, chiasse, crotte, mouise, mouscaille, merdouille… « Faites des vœux pour me retrouver avec tout mon bon sens. Je suis dans le caca jusqu’au cou. » Émile Zola, Correspondance, 1902 « Je crois que ce sera bien beau, nous dit-il sincèrement, en psalmodiant chaque terme. Voir Sarah Bernhardt dans l’Aiglon, qu’est-ce que c’est ? du caca. Mounet Sully dans Œdipe ? caca. » Marcel Proust, Sodome et Gomorrhe, 1921 « Pour me faire faire pipi / Pisspiss disait ma nourrice / Pour me faire faire pipi. / Pour me faire faire caca / Kakkak disait l’infirmière / Pour me faire faire caca. » Louis Aragon, La Grande Gaîté, 1929

Cageot

Du latin cavea (cage). D’abord cageau (XVe s.) puis cajot et tardivement cageot (XIXe s.). Au XVIIIe siècle, le cageot était une petite cage, une cagette. « À mi-chemin de la cage au cachot, la langue française a cageot » enfermant « denrées fondantes et nuageuses », écrivait Francis Ponge (Le Parti pris des choses, 1942). Ce cageot (ou cagette, caissette) est un emballage fragile, et donc facilement amochable et amoché. Son aspect brut et son usage agricole (il accueille fruits, légumes, produits de la ferme) font de cageot un qualificatif peu gracieux exprimant le mépris pour un aspect physique jugé disgracieux. Et principalement dédié au « beau » sexe !

Synonymes : thon, morue, baleine, mocheté… Crème de laideur, beauté manquée dix fois vilaine, belle figure propre à faire du saindoux, vilain tout laid (XVIIe-XVIIIe s.)… « – Quel cageot ! – Rhoda était sexe. Seulement, tu n’étais pas sensible à sa beauté. » John Grisham, L’Infiltré, Robert Laffont, 2012 « Démaquillée, fourbie, je me dis qu’en fait, elle est belle comme un cageot, la mère. […] À peindre, quoi. À attifer. La silhouette de first classe, certes, mais la vitrine inexpressive. » San Antonio, Meurs pas on a du monde, 1980

Cageots mais stylés ! L’abbé Pierre, modeste jusque dans son ameublement, recourait à des rangements faits de cageots empilés. Il appelait ça le style « Louis-caisse ».

Cagole

Sans doute du provençal cagoulo (cagoule, ou grand tablier, porté par les ouvrières d’usine qui se prostituaient pour arrondir leurs fins de mois). Régionalisme (Sud-Est) – mais qui accède au statut national ! – dont on ne retrouve les premières traces écrites qu’assez récemment (début XXe siècle). À l’origine, la cagole a tout d’une fille « facile ». Aujourd’hui – surtout à Marseille, « cagoland » ! – c’est une extravertie, écervelée, provocante, vêtue et maquillée de façon outrancière. Un genre de « ravissante idiote » un peu vulgaire, un peu « blonde »…

Variantes : cagolasse (grosse cagole), cagoline (petite cagole), cagolette (affectueux)… Synonymes : pétasse, pouffiasse, blondasse, chagasse, greluche, piche… « La cagole, cette naïade de caniveau, touche au divin à force d’être ordinaire. » Henri-Frédéric Blanc, De la sardinitude, Éd. du Fioupélan, 2016 « Avec son verbe haut, sa voix aiguë et son langage souvent cru, la cagole semble être l’avatar moderne de la poissonnière gouailleuse […]. » Médéric Gasquet-Cyrus, Le marseillais. Guide de conversation pour les Nuls, First, 2016 « Il présente la cagole comme la femme “trop” : “Trop blonde ou trop brune ou trop rouge, multicolorée, embijoutée jusqu’au bout des ongles, trop décolletée, bronzée, grande gueule, tatouée, trop perchée, trop tout […].” » Alice Pfeiffer, Je ne suis pas Parisienne, Stock, 2019

Casquer

Probablement emprunté à l’italien cascare (tomber, au XIVe siècle, puis « tomber dans le panneau », au XVIIIe). Argotique puis familier. Casquer, c’est peut-être se protéger en se coiffant d’un casque, c’est aussi « donner dans un piège », être entraîné à payer une certaine somme. Il y a ici l’idée de se faire avoir, de devoir payer plus que l’on ne voudrait ou pour des choses dont on ne s’estime pas redevable. Éternel rapport difficile à l’argent… ne dit-on pas « saigner son porte-monnaie », « régler la douloureuse »… Autre définition en direct du XIXe siècle (Lorédan Larchey, Dictionnaire historique d’argot, 1872) : « Donner dans le piège qu’on vous tend comme si vous aviez les yeux couverts par la visière d’un casque. » Bien vu…

Synonymes : débourser, payer, raquer, dépenser, financer, arroser, cracher au bassinet… « On en trouve maintenant dans tous les sports… car le casque protège […] la tête. Et il faut casquer pour s’en payer un. » Jean-Claude Legros, La Montagne à mots choisis, Glénat, 2011

Casquer et recasquer « S’en donner dans le casque », c’est s’enivrer. Conséquence rapide : « se réveiller avec le casque »…

Casse-couilles

Du latin quatere (casser) et coleus (testicules). Le casse-couilles – « cassenoisette’man » pour Frédéric Dard – est un raseur qui nous les brise, les broute, les pèle, les gonfle… Il nous « casse les vestibules » (paronomase de testicule), précise encore Frédéric Dard (La Vérité en salade)…

Variantes : casse-bonbons, casse-burettes… Synonymes : lourdingue, importun, indiscret, emmerdeur… « Et les mômes, où ils sont les mômes ? Ils sont à l’école, ils viennent pas faire chier le monde à monter des affaires casse-couilles […]. » Patrick Cauvin, Pythagore je t’adore, Albin Michel, 2012

Charlot

Probablement dérivé de l’occitan charlar (bavarder). Du temps de Vidocq, un charlot était encore un personnage peu engageant : un voleur ! Plus sympathique référence – qui pourrait être à l’origine de l’emploi actuel du mot –, charlot pourrait évoquer le cinéma et le personnage créé par Charlie Chaplin, un peu décalé, un peu fantaisiste.

Charlot n’est pourtant pas toujours un compliment, il souligne un manque de sérieux et de fiabilité. Synonymes : rigolo, guignol, pitre, gugusse, clown, loufoque… Incapable, pauvre type, bon à rien… « Qu’est-ce qu’il pouvait bien y comprendre, ce charlot, à l’amour de mes parents ? » Michel Houellebecq, Sérotonine, Flammarion, 2019

Chatte

Du latin catus. Appelons un chat, un chat. La chatte (ou le chat) n’est pas seulement un petit félin domestique. Le mot se fait plus « culotté » quand il désigne le sexe féminin. Allusion à la fourrure du gracieux animal, mais probablement altération de chas (trou d’une aiguille… qui permet d’« enfiler »). Aujourd’hui comme hier, le chat se promène dans de très nombreuses expressions.

Variantes : chagatte, chaglatte, chatière, chatoune, chatounette… Synonymes : con, minou, minet, minouche, foufounette, foufoune, fouf, moniche, lingot, abricot fendu, étui à clarinette, craquette, cracouillasse, petit coin sans i, fri-fri… biribi, bijou, bobo, brèche, cadran, cage amoureuse, calibistri, canal, caramara, centre, champ, chapelle, charnière, château de gaillardin, marmotte, chose, conasse, conin, conque, coquille, temple de Cypris, dédale, écrevisse, étui, fente, golfe putanique, hérisson, lampe amoureuse, lanterne, mont fendu, mortier, moulin à eau, noc (anagramme de con), serrure, atelier de Vénus, chemin du paradis… (langage érotique des siècles passés)

« V’s’allez pas m’dire, président, qu’une chaglatte comme celle à Berthe ça vous manigance pas l’sensoriel ! V’s’avez noté c’te p’louse […] ? » San Antonio, Chauds, les lapins !, 1986

Chaudasse

Composé de chaude accolé au suffixe péjoratif -asse. Femme provocante, chaude comme la braise, très portée sur l’article. Au XVIIIe siècle, on l’appelait (entre autres) « une chaude de la pince ».

Variantes : chaude, chaude comme une baraque à frites… Synonymes : saute-au-paf, salope… « Louise m’a dit : “Merci de ne pas avoir dit que j’étais une chaudasse, comme les autres là… – Mais tu es une chaudasse, Louise, une chaudasse à serre-tête”, j’ai répondu. » Sylvie Ohayon, Les Bourgeoises, Robert Laffont, 2012

Cloche

Du latin clocca (cloche). Il y a cloches et cloches… Celles qui résonnent et celles qui ne raisonnent pas ! La dernière catégorie recense évidemment les idiots.

Cloche peut aussi suggérer l’indécision (allusion au mouvement de va-et-vient d’une cloche). Variantes : pauvre cloche, locataire du beffroi (variante du Nord)… Synonymes : crétin, neuneu, demeuré, débile… « Mais toi, pauvre cloche, tu les regardes de telle façon que dès le premier instant ils voient se profiler les pantoufles avachies du conjugo à perpétuité. La soupe du soir et la télé obligatoire avant d’aller au lit […]. » Jean Contrucci, Un jour tu verras, Belfond, 1987

Chiard

Du latin cacare (déféquer) avec adjonction du suffixe péjoratif -ard. Le chiard est un enfant, souvent criard et malpropre. C’est encore une personne jeune, de peu d’importance, immature et aussi insupportable qu’une exaspérante chiée de chiards… « Le chiard fait chier » !

Variantes : chieur, chiare, chiareux (San Antonio), petit bouseux cafouilleux chiard (Céline)… Synonymes : petit merdeux, gamin, gosse, morveux, pisseux, môme… « Donc ne pas nommer le nouveau-né “enfant”, le voilà réduit à l’appeler chiard, c’est-à-dire à le signaler par ses incontinences intestinales. Et il est vrai que l’enfant est un chiard. » Jean-Paul Sartre, Saint Genet, comédien et martyr, Gallimard, 1952 « Je suppose qu’au fond, je suis faite pour avoir un mari et des enfants comme toutes les femmes. Je récurerai mes casseroles et je pondrai un chiard tous les ans. » Simone de Beauvoir, Les Mandarins, Gallimard, 1954 « – T’as des chiards ? – Des… ? – Des enfants ! » Frédéric H. Fajardie, Nouvelles noires, Messidor, 1992

Chier

Du latin cacare (déféquer). Le très familier pour ne pas dire vulgaire chier est un des gros mots les plus utilisés de la langue française. On le retrouve dans beaucoup d’expressions : C’est à chier (c’est nul), ça va chier [parfois des bulles !] (ça va barder), se faire chier (s’embêter), envoyer chier quelqu’un (envoyer promener), chier du poivre (s’éclipser furtivement), chier dans la main (être ingrat), y’a pas à chier (rien à dire), chier dans son froc (avoir peur), chier dans la colle (exagérer), ça chie pas (c’est pas grave), chier dans les bottes (faire une crasse), chier la honte (être honteux)…

Synonymes : emmerder, contrarier, ennuyer… « J’emmerde la moitié du monde et je chie sur l’autre moitié. » Jean-Paul Sartre, La Mort dans l’âme, Gallimard, 1949 « – J’ai bon caractère mais j’ai le glaive vengeur et le bras séculier. L’aigle va fondre sur la vieille buse. – C’est chouette comme métaphore, non ? – C’est pas une métaphore, c’est une périphrase. – Oh ! fais pas chier ! – Ça c’est une métaphore ! » Les Tontons flingueurs, film de Georges Lautner

(dialogues Michel Audiard), 1963

Chier dans le cassetin aux apostrophes ? Argot des imprimeurs et des métiers du livre. Signification : démissionner (plutôt vivement) d’un atelier de composition.

Chiffe molle

De l’ancien français chipe (chiffon). Être assimilé à un sale vieux chiffon recyclé destiné aux basses tâches ménagères n’est guère valorisant, on s’en doute. Une chiffe molle est une personne sans énergie ni caractère, exaspérante de mollesse (physique ou morale), et qui, comme une poupée de chiffon, se plie à l’envi aux quatre volontés des autres. En Espagne, la chiffe molle est appelée muñeca de trapo (poupée de chiffon).

Variantes : chique molle, pauvre chiffe… Synonymes : fainéant, loque, serpillière, cossard, ramollo, mou du genou… « – […] Rassurez-vous : vous pouvez compter sur moi pour la réchauffer. – C’est inutile. Je ne vous tuerai pas. – C’est ce que nous verrons. – C’est tout vu. – Chiffe molle ! – Ça vous énerve, hein ? » Amélie Nothomb, Cosmétique de l’ennemi, Albin Michel, 2011 « […] comme velléitaire, on ne fait pas mieux et j’ai dû prendre les choses en main. Avec ce genre de chiffe molle, il n’y a pas d’autre solution. » Gilles Martin-Chauffier, Silence, on ment, Grasset, 2003

Chiotte(s)

Au pluriel : lieu d’aisances, cabinets, toilettes, commodités, latrines, petit coin… pour le dire en langage plus châtié. Au singulier : tire, caisse, tacot, bagnole, choupette, guez, doublette (voiture volée ou maquillée), tuture… ou même mauvaise moto. Quant à l’expression, fréquemment entendue dans les stades (« Quelle chiotte ! » « Aux chiottes l’arbitre ! »…), elle manifeste colère, ennui, contrariété… Tout ce qui est de chiotte est médiocre, déplaisant, pénible, de mauvais goût. Chiatique ou à chier ! pour rester dans un registre élégant.

Synonymes : pissotière, goguenots, cagoinces, tinettes… « Et les trognes violacées, turgescentes des supporters hurlant de toutes leurs forces : “Aux chiottes l’arbitre !” L’arbitre, un pauvre petit bonhomme en short noir sur des jambes rouges de froid, qui à chaque coup de sifflet était sommé d’aller au même endroit. » Francis Veber, Que ça reste entre nous, Robert Laffont, 2001 « Tout le monde y va à Cannes […] même ma voisine, la manucure à domicile […]. Elle se trouve une robe qui brille, une imitation de chez “Goût de chiottes” chez les Chinois, et elle les monte, les marches. » Sylvie Testud, C’est le métier qui rentre, Fayard, 2014

Cinoque

Origine et orthographe incertaines. Le mot a vieilli mais s’utilise encore. Il signifie avoir un petit grain de folie, une case de vide ou une case en moins, ou tout simplement un comportement excentrique. « Les dérangements de la coloquinte, confie Claude Duneton, ont toujours provoqué une énorme fascination », de petites frayeurs aussi… mais comme ils enrichissent le lexique ! Les mots pour les dire pullulent.

Variantes : sinoque, cynoque, sinoc, sinocque, sinok, cinoque en plein… Synonymes : fou, cinglé, toqué, farfelu, détraqué… « Je chanterai, sacrebleu, jusqu’à ce que je sois vioc / Cette tonnerre de Brest musique de cinoque. » Richard Gotainer, Capitaine Hard Rock, 1982 « Il n’y a pas de dingos dans ta famille, dans la mienne non plus. C’est malheureux parce qu’il n’y a rien de tel pour vous donner du génie que d’avoir un oncle cinglé ou une grand’mère sinoque. » Raymond Queneau, Loin de Rueil, Gallimard, 1944

Cossard

Étymologie incertaine. De cosse (fainéantise). « À rapprocher de en écosser (travailler beaucoup) », explique Émile Chautard (La Vie étrange de l’argot, 1931). L’expression aurait donné naissance à cossard (1902). Ou peut-être dérivé de cossu (le cossu étant suffisamment riche pour ne pas travailler). Être cossard, c’est être saisi par une paralysante sainte flegme ou pourquoi pas, et autrement dit, être adepte d’une certaine douceur de vivre. Alphonse Allais le conseillait : il ne faut pas « remettre à demain ce que l’on peut faire après-demain »… Le mot a un peu vieilli mais, courageux (comme quoi…), reprend toujours du service !

Synonymes : fainéant, ramier, paresseux, flemmard, glandeur… « – Fait un temps d’flemme. Je m’sens cossard. – Ça t’arrive souvent. » Maurice Genevoix, Au seuil des guitounes, 1918 « C’est un fainéant vaniteux dont tout le monde dit qu’il s’occupe mal de sa famille. Il arrive que Gretchen le pousse hors de la tente avec de strictes instructions du genre “Fa nous chercher de quoi dîner, gros cossard de saufache !” » Jim Fergus, Mille femmes blanches, Le Cherche Midi, 2011

Confidence de « cossard » Jules Renard : « Je connais bien ma paresse. Je pourrais écrire un traité sur elle, si ce n’était un si long travail. » (Journal, 21 juillet 1902)

Couilles

Du latin coelus (testicules). Un des gros mots les plus employés de la langue française ! Au singulier, c’est une erreur, un ennui, mais encore une apostrophe tendre. Ma couille, ma couillardine, ma couillette… ont très tôt investi le discours affectueux (depuis le XIIe siècle). De nos jours, quelques audacieux se la réapproprient avec humour (« ma couille » disent Depardieu, Nanard [Bernard Tapie] dans Les Guignols de l’info…). Au pluriel, couilles se glissent dans de nombreuses expressions : casser les couilles (exaspérer), se faire des couilles en or (s’enrichir), avoir des couilles (du courage), être une couille molle (un poltron), mes couilles ! (fin de non-recevoir), partir en couilles (rater)…

Variantes : couillasses, couillettes, coucougnettes, yeucou (verlan)… Synonymes : boules, billes, olives, bonbons, burettes, polissonnes, mignonnettes, burnes, bourses, balloches, ballotines, roubignolles, valseuses, roustons, roupettes, bijoux de famille, pendiloches, brimborions, bibelots, cliquailles, breloques, prunes de monsieur, noix, joyeuses… triquedondaines, pelotons de Vénus, joies de ce monde, truffes d’Adonis, témoins à décharge (vieillis)…

« Alors revenons à nos couilles. C’est l’organe le plus important de l’écrivain. […] Pour vous donner un exemple, prenons un écrivain qui a une très bonne plume, fournissons-lui de quoi écrire. Avec des couilles, ça donnera Mort à crédit. Sans couilles, ça donnera La Nausée. » Amélie Nothomb, Hygiène de l’assassin, Albin Michel, 1992

Crapaud

« J’avoue que j’aime le crapaud, écrivait Octave Mirbeau, bien qu’il soit hideux et couvert de pustules, qu’il rampe sur un ventre jaune sale, qu’il ait la démarche grotesque et qu’il se plaise au fond des vieux trous ou sur la bourbe des eaux croupies […]. » Batracien à la forme lourde et trapue, à peau verruqueuse, le pauvre crapaud – un des êtres les plus haïs de la Création – est depuis toujours symbole de laideur et de maladresse. Il inspire répulsion et… injure. Paul Léautaud, « le clochard de Fontenay-aux-Roses » (pas franchement un premier prix de beauté), écrivit un jour dans le Mercure de France : « Madame Aurel m’appelle Crapaud. J’ai ouvert le Petit Larousse et j’y ai lu : “Crapaud, animal utile. Détruit la vermine” » (cité par Robert Édouard).

Variantes : crapaud des Indes (XVIIe-XVIIIe s.), crapoussin (diminutif de crapaud), maudit crapaud, sale crapaud, sale crapaudine… Crapaud pustuleux (Céline). Synonymes : mocheté, repoussoir, crème de laideur… « – […] D’après les sœurs Couton, Justine l’aurait traitée de merle noir, sale mouche et vieux crapaud. – Ah ! je les déteste, ces pestouilles ! » Gilles Paris, L’Été des lucioles, Héloïse d’Ormesson, 2014

Cochon

Origine incertaine. Se faire traiter de cochon peut être doublement offensant. Cochon (comme cochonne) désigne soit une personne sale, grasse, aux manières grossières ou qui cochonne tout, soit un grand vicieux, un peu trop porté sur la chosette.

Variantes : cochon malade, vieux (ou gros) porc, cochon dingue, truie lubrique… double cochon borgne, mangeaille de cochon, groin de cochon, cochon ladre, cochon à l’auge (XVIIe-XVIIIe s.)… cochon violeur de berbères impubères (René Fallet)…

Synonymes : dégueulasse, sale vicelard, obsédé, pervers, paillard… « Gros porc, vieux cochon ou sale truie sont des noms communément donnés aux touristes obèses, aux notaires libidineux ou à la caissière de cinéma dont le souvenir de l’abondante poitrine dépassant de sa blouse risque de perturber le spectateur pendant le film. » Jean-Michel Ribes, Les Mots que j’aime et quelques autres, Coll. Points, 2013 « Tout d’abord il y’a la mère / Bigoudis et serpillière / C’est une cochonne de première / À c’que disent les locataires ! / Entre son tube de Prozac / Ses mots fléchés la Star Ac / Les jours d’marché sur la place / Elle se la joue grosse pétasse ! Paul Ermio, La Trilogie de la famille Dukon, Ludu.com, 2009

Cocu

Dérivé du latin cuculus (coucou). Le coucou a une réputation d’infidélité : il n’éprouve pas le besoin de vivre en couple et ne prend pas en charge sa progéniture. La femelle, drôle d’oiselle, pond ses œufs dans le nid des autres. Être cocu, c’est être trompé par un conjoint volage. Retenons le mot-valise d’Edmond Rostand : « ridicoculisé » (Cyrano de Bergerac, acte II, scène 2). Double infortune : non seulement le cocu est cocu, mais il est encore moqué. « Cocu c’est un mot rigolo, c’est un mot pour les riches, faisait dire Pagnol à son fameux boulanger, si un jour ça m’arrivait, je ne serais pas cocu, je serais malheureux »…

Variantes : graine de cocu, cocu en gerbe (cocu après mariage), cocu en herbe (futur cocu), cocu d’infini (Céline)… Synonymes : cornard, front fertilisé (Beaumarchais), empanaché, parent de Moïse, coiffé, déshonoré…

Ils l’ont dit… Jules Renard : « Cocu, chose étrange que ce petit mot n’ait pas de féminin. » (Journal, 2 août 1902) Alphonse Allais : « Il vaut mieux être cocu que veuf ! Il y a moins de formalités. » Apollinaire : « Il vaut mieux être cocu qu’aveugle, au moins on voit les confrères. » (Poèmes à Lou, publié en 1955)

Con

Du latin cunnus (sexe féminin). Con, trois petites lettres mais un gros mot, un des plus utilisés de la langue française !

Con jouit d’une grande popularité. Polysémique et trivial, il désigne à l’origine le sexe de la femme. Employé comme insulte, il s’adresse à une personne stupide, pénible, mais dans le sud de la France, en début ou fin de phrase, il se fait plus amical et s’affirme comme une vraie ponctuation : eh ! con (comme putain, ou putain con). Variantes : roi des cons, pauvre con, vieux con, connard, conneau, ducon, petit coin sans i, lord Ducon, ducon-la-joie, terrine de con, conardissime… Synonymes : enfoiré, abruti, ballot, triple idiot… « Je le trouvais con comme la lune. » Céline, Mort à crédit, 1936 « Les hommes sont des cons mais les arbres sont attendrissants. » Jules Renard, extrait d’une lettre à un ami, quatre ans avant sa disparition « Traiter son prochain de con n’est pas un outrage mais un diagnostic. » San Antonio, Les Con, 1973 « Le plus beau mot de la langue française (avec loisir) est le mot con. […] je voudrais que les types trapus, des ethnologues, des linguistes, m’expliquent pourquoi ces trois lettres sont devenues le symbole de la, de notre stupidité […]. » André Hardellet, Lourdes, lentes, Gallimard, 1969

Connasse

Du latin cunnus (sexe féminin). La connasse, un peu bête, un peu pénible, lasse et exaspère. Comme l’excellente Camille Cottin dans la série télévisée diffusée au sein du Grand Journal de Canal + (série qui a fait l’objet en 2015 d’une adaptation en long-métrage, Connasse, princesse des cœurs). La comédienne, archétype de la Parisienne snob et insupportable, s’y révèle arrogante et inconvenante. Une belle et parfaite connasse ! Autrefois, une connasse désignait une jeune prostituée débutante, considérée comme « gâte-métier », car ne sachant pas « y faire » avec les hommes. Mais qui se souvient encore de cette connasse-là…

Variantes : conne, conarde, conassière (rare), connardissime… Synonymes : pétasse, imbécile, salope, crétine… « – Où est ton sac ? Elle se mordit la lèvre inférieure en baissant les paupières. – Tu l’as caché ? Dis-moi où tu l’as caché sinon je te démonte la gueule ! Donne-moi du blé, connasse ! » Jean Teulé, Les Lois de la gravité, Julliard, 2011 « Une voix en elle la nargue : “eh ben voilà, connasse, t’as fini de rire, maintenant”. » Virginie Despentes, Bye bye Blondie, Grasset, 2015

Conneau

Du latin cunnus (sexe féminin). Moins violent que connard ou ducon mais signification quasi identique. Petite précision : l’orthographe « conneau » apparaît au XIXe siècle. Sont attestées auparavant les variantes suivantes.

Variantes : conno, coneau, connot, connaud… Synonymes : un peu con, abruti, demeuré… « Quand il rentrera l’autre guignol !… on fera les connos et puis c’est tout ! » Céline, Mort à crédit, 1936

Corniaud

Probablement dérivé du latin corna (corne, coin), le corniaud étant un chien bâtard naissant au coin de la rue. Le mot corniaud, quand il ne désigne pas un chien, s’adresse à un pauvre bougre légèrement empoté. Un gentil neuneu, un peu crédule, comme Bourvil dans Le Corniaud de Gérard Oury. L’insulte n’est pas des plus méchantes. Moins percutante que « con », mais plus vieillotte.

Synonymes : cornichon, imbécile, andouille… « Non mais sans blague pour qui te prends-tu ? Je suis déjà assez bonne de supporter un corniaud comme toi. Un corniaud qui a voulu jouer au dur. » Auguste Le Breton, Le rouge est mis, Gallimard, 1976 « Laisse, Jean, c’est un corniaud ! » Yvette de Sevran (private joke des auteurs)

Cornard

Dérivé du latin corna (corne). Les cornes symbolisaient la puissance. Moïse lui-même en portait, comme le diable, les satyres et autres créatures imaginaires… Les cornes sont aussi les attributs de l’infortuné cornard, éternel objet de plaisanterie et de moquerie. « Hou les cornes !… » « Être logé au croissant », « être de la grande confrérie » ou « de la confrérie d’Actéon », être « cornifié », se faire « planter des cornes » (appartenir au nombre des cocus)… les cornes inspirent une longue liste d’expressions plus cruelles que ludiques pour le « ridicoculisé » (mot-valise d’Edmond Rostand). Enfin sachez-le, comme on ne parle pas de poisson dans la maison d’un noyé, pas plus que de bosses dans celle d’un bossu, on ne parle pas de cornes dans la maison d’un cocu !

Variantes : cornu, cornu sorcelleux (Céline), cornificetur, cornélius (vieillis)… Synonymes : front fertilisé (Beaumarchais), parent de Moïse, cocu, baisé, trompé, déshonoré, berné… « Lui il est moche, cradingue, cornard et pourtant la vie lui semble une merveilleuse aventure. » San Antonio, J’ai peur des mouches, 2010

Il l’a dit… Alphonse Allais : « Un cocu ? Un entier qui partage sa moitié avec un tiers ! »

Cornichon

Du latin cornu (excroissance). Beaucoup de fruits et légumes se bousculent au rayon des gentilles petites insultes. Comme la grande asperge, la grosse patate, le cœur d’artichaut, la courge… ou le cornichon (une variété de concombre)…

Variantes : cornichon sans vinaigre, grand cornichon malade, cornichon à roulettes, corniche… Beau cornichon en fleur (San Antonio), cornichon diplômé (Capitaine Haddock). Synonymes : imbécile, couillon, abruti, benêt… « Ben, tu vas voir, beau cornichon en fleur, que rien n’est gratos dans l’œuvre du maître. » San Antonio, La Queue en trompette, 1997

Croûton

Du latin crusta (croûte). Quignon ou trognon de baguette, bout du pain aussi dur que tendre est la mie… Le croûton, bien rassis, n’est plus de première fraîcheur comme l’individu jugé arriéré, dépassé.

Variante : vieil encroûté. Synonymes : vieux con, has been, ringard, croulant… « […] des mômes de 20 piges coiffés comme des Iroquois et sapés comme des as de pique qui croyaient avoir tout inventé, notamment la révolte, et s’adressaient à lui comme à un vieux croûton – 29 ans, il avait 29 ans et 11 mois, pas 100, les gars ! » Pierre Achard, Les Derniers Jours du rock’n’roll, Grasset, 2008

Couillon

Du latin coleus (testicules). « Le “coillon” ou “coyon” d’antan était un homme sans vitalité, poltron, ainsi désigné par analogie avec le testicule pendouillard », explique Christian Moncelet (Les Mots du comique et de l’humour, 2006). Et voilà, tout est dit ! Coillon est devenu couillon mais désigne encore un imbécile un peu couard toujours prêt à se faire « couillonner ». À noter, couillon devient presque tendre dans le Sud. « Mon couillon », « petite couille », « couillette », « couillounette » ont valeur affectueuse en occitan. Du temps de Rabelais, « ma couille », « couillon gauche » étaient aussi de gentilles apostrophes.

Variantes : gros ou grand couillon, triple couillon, pauvre couillon, couillon carré, couillon de la lune… Synonymes : imbécile, nigaud… « C’est en venant vieux que vous êtes venu couillon ou c’est de naissance ? » César, film de Marcel Pagnol, 1936

« Vous-zèt-zanglais ? On vous parle doucement, on articule les mots exprès pour vous. Vous avez l’air tout de suite moins couillon… » Claude Duneton, Rires d’homme entre deux pluies, Grasset, 1989

Crado

Dérivé de crasseux, du latin crassus (épais, gras). Le XXe siècle a vu fleurir nombre de diminutifs familiers formés sur la première syllabe de crasseux : crado, cracra, cradoque… Même signification cradouillarde ! Petite précision : la crasse dénonce la négligence corporelle, le manque d’hygiène, mais peut aussi s’appliquer à un comportement moral malsain. Une crasse, c’est une vacherie, un tour de cochon, un coup de vice…

Variantes : cradingue, craspec/craspect, crade, crados, cracra, cradoque, craspouillard, cradouillard… Synonymes : dégueulasse, salingue, crapoteux, très sale… « Tout cela avait un côté paquet cadeau. Et même crado. Si je dis crado, ou pourquoi pas cracra, craspec ou cradingue, c’est qu’on évoluait dans les bas-fonds crapoteux de Paris. » François Cérésa, Les Princes de l’argot, L’Archipel, 2014 « Tu es cocu, crado, facho : à l’évidence, les blaireaux se retrouvent en toi ! » Patrice Dard, Culbute dans le calbute, Fayard, 2007 « […] Janine et moi vivions dans la crasse. Ça ne venait pas de moi, même mes pompes étaient toujours parfaitement cirées. Mais Janine était tellement cradingue que des cochons l’auraient virée de leur porcherie. » Barry Graham, Regarde les hommes mourir, 13E Note Éditions, 2011

Crevard

Dérivé de crever (mourir). Du latin crevare (rendre un son sec, éclater, craquer). C’est le XIXe siècle qui voit apparaître le mot crevard qui désigne un moribond, un malheureux en mauvaise santé, parfois aussi quelqu’un qui a toujours faim, un méchant « dalleux ». À l’origine, un crevard était un enfant mort-né. Depuis une vingtaine d’années, les ados reprennent le mot, devenu synonyme de radin. Ce crevard-là, moderne Harpagon, ne partage pas, il préfère laisser l’autre… « crever la bouche ouverte » ! Le crevard peut encore désigner quelqu’un de vil, capable du pire. Une vraie crevure !

Variante : crevure. Synonymes : malade, famélique… radin, rapiat… pauvre type, salaud… « Ramène tout de suite ton cul blanc d’aristoche, fissa, espèce de connard, de lâche, de saligaud, dégueulasse ! Sinon tu vas morfler grave, tu pourras plus poser ton derche pendant au moins une huitaine ! Sale crevard ! » Marianne Stern, Récits du monde mécanique, Éd. du Chat noir, 2018 « Il faut entendre l’vocabulaire / Crevard, pouilleux, fesse de merlan / Ils gueulent comme ça l’année entière / Mais ils se murmurent au jour de l’an / Bonne année, bonne santé chère âme / Ma coccinelle, mon gros poupou / Mon minet, mon loulou » Bourvil, Bonne année, 1958

Cruche

Du francique kruka. Quand elle n’est pas pansue, à bec et à anse, la cruche ne s’affirme pas comme le plus violent des « gros mots » mais n’a rien non plus d’un compliment. Une cruche est stupide, niaise, ignorante. Elle ne brille ni par son esprit ni par sa vivacité. Une sacrée belle godiche !

Variantes : pauvre ou grosse cruche, cruchette… Synonymes : gourde, truffe, bêtasse, dinde… « Quelle cruche, ne pas savoir seulement se conduire avec un mort ! Elle n’avait donc enterré personne dans sa vie ? » Émile Zola, L’Assommoir, 1877 « Tu es une cruche, même pas une cruche, un siau ! » Colette, Claudine à l’école, 1900 « […] entre nous je trouve qu’elle a bien tort et qu’elle se conduit comme une fameuse cruche, qu’elle est du reste. » Marcel Proust, Du côté de chez Swann, 1913

Et à la fin, elle… « Tant va la cruche à l’eau qu’à la fin elle se brise », dit un de nos proverbes ; « tant va la cruche à l’eau qu’à la fin elle s’emplit », reprenait en écho Beaumarchais…

Cul

Du latin culus (derrière humain). Star des gros mots ! Son usage, vulgaire ou tabou, ne l’est qu’à partir de la seconde moitié du XVIIe siècle. Il désigne bien sûr le fondement humain et se révèle très productif en locutions familières. Quelques exemples ? Péter plus haut que son cul (être prétentieux), en avoir plein le cul (ras-le-bol), avoir le feu au cul (être sexuellement débridé), être un faux-cul (hypocrite), un cul-béni (bigot), un cul terreux (paysan), un lèche-cul (fayot), un petit trou du cul (jeune présomptueux), un cul de plomb (un sédentaire), se casser le cul (se décarcasser), l’avoir dans le cul (être abusé), tirer au cul (paresser), avoir le cul entre deux chaises (être indécis), ne pas avoir de couilles au cul (manquer de courage), être cucul la praline (être con-con), avoir du cul ou l’avoir bordé de nouilles (être chanceux), être cul serré (coincé), être un cul rond à crottes carrées (homme maniéré), avoir le cul-gaufrette ou en papier peint (avoir les fesses plates)…

Variantes : culcul, cucu, cucul. Synonymes : pétard, croupion, fesses, lune, popotin, pot, derche, saint-luc, panier, fignard, fion, baba… « En fait d’injures, de sottises, de bêtises, etc., je trouve qu’il ne faut se fâcher que lorsqu’on vous les dit en face. Faites-moi des grimaces dans le dos tant que vous voudrez, mon cul vous contemple ! » Gustave Flaubert à Louise Colet, 28 juin 1853 « Ce cul, ce cul… j’ai jamais rien vu d’aussi beau […] on dirait un Courbet […] la plus belle chose du monde un cul… » Jean-Pierre Marielle (Henri Serin), dans Les Galettes de Pont Aven, film (culte) de Joël Serin, 1975

Déconneur

Dérivé du verbe déconner. Con vient du latin cunnus (sexe féminin). Le déconneur déconne ! Ce farceur s’amuse, prend du bon temps ou collectionne les conneries ! En fait, déconner signifie littéralement « se retirer du con ».

Variante : décono. Synonymes : farceur, noceur, plaisantin, bouffon, bringueur, fumiste… « Il [Jules Lemaître] déclara en français quand on lui demanda d’intervenir “Mais je ne suis qu’un déconneur !” Ce qui fut irrésistible, me rapporta-t-il, c’est que les professeurs s’évertuèrent gravement à traduire en allemand le mot déconneur. Ils n’en dénichèrent dans leur langue aucune correspondance » Louis Nucéra, Ils ont éclairé mon chemin, L’Archipel, 2010 « – Déconneur toi-même ! Escroquignol emparfumé ! que je lui réplique.

– C’est tout ! C’est tout ! bougonne la Mamy. L’autre se lève, veut me salir le col. – Qui est le plus déconneur des deux, ici ? – Si ce n’est ton frère, c’est donc toi ! » Denis Guelpa, Le Bâtard de Calvin, L’Âge d’homme, 1988 « D’emblée, avec Darry Cowl, nous nous découvrons des atomes très crochus. Il est drôle, déconneur, son sens de l’absurde prend souvent une tournure dadaïste… » Michel Legrand, Rien n’est grave dans les aigus, Le Cherche Midi, 2013

Déjanté

Petit rappel technique… Le pneu d’une voiture est installé sur la jante (la partie métallique de la roue). Et quand il déjante – attention problème ! – c’est qu’il se désolidarise de la jante… Et rien ne tourne plus rond ! Comme chez l’individu déjanté, un peu fou ou hors norme.

Synonymes : cinglé, fêlé, marginal, excentrique, allumé, destroy, bizarre/zarbi… « Mais il est drôlement déjanté du bulbe, le moine chef. » San Antonio, Hue dada !, 1978

Dinde

La dinde, femelle du dindon, n’a rien à lui envier question réputation. Les deux représentent le symbole suprême de la bêtise. On les dit stupides, bornés et même vaniteux. Finalement, on ne les apprécie que farcis ou avec des marrons !

Variantes : dindonnette, vieille dinde déplumée, dinde sans plumes (XVIIe-XVIIIe s.), savoureux dindon (Céline)… « Il parlait d’enthousiasme de cette fille superbe. – C’est la seule actrice française qui sait donner à manger aux poules sans avoir l’air d’une dinde ! » Claude Duneton, Marguerite devant les pourceaux, Grasset, 1991 « T’étais sot comme une dinde sans plume, va, malgré qu’t’as changé de costume. » Anonyme, Riche-en-gueule ou le Nouveau Vadé, 1821

Dingue

Aphérèse de loufdingue. Origine incertaine. Probablement issu de dinguer (aller de-ci de-là, divaguer). Ou variante (par homophonie) de la dengue (maladie infectieuse caractérisée par une fièvre forte et des comportements délirants). À la fin du XIXe siècle, pour désigner l’aliénation mentale, l’argot des hôpitaux découvre dingue. Et le mot glisse dans le langage populaire. Même diagnostic (folie) mais en moins sévère…

Variantes : dingo, foldingo, foldingue, raide-dingue… Synonymes : marteau, fêlé, à la masse, fada, cintré… Bizarre, saugrenu, extraordinaire… « Ou t’es dingue… ou c’est un tour de vache que tu cherches à me jouer. » Francis Carco, L’Autre (roman paru en feuilleton à la fin des années 1940) « Mais moi les dingues j’les soigne, j’men vais lui faire une ordonnance et une sévère, j’vais lui montrer qui c’est Raoul. Aux quatre coins d’Paris qu’on va l’retrouver éparpillé par petits bouts façon puzzle… » Les Tontons flingueurs, film de Georges Lautner

(dialogues Michel Audiard), 1963 « Les écrivains sont dingues, tout le monde le sait. Et ceux qui ne sont pas publiés, ça doit être encore pire. » David Foenkinos, Le Mystère Henri Pick, 2016

Ducon

Con hérité du latin cunnus s’associe ici à duc (dux, le chef en latin). De quoi imaginer Ducon chef ou roi des cons… Ducon, crétin à particule nobiliaire… rejeton d’une grande et belle famille. Comme les Dugenou, les Dugland, les Duconneau, les Duschnock… Tous ces pseudo-noms propres désignent des abrutis, des niguedouilles, des flaquedalles, docteurs ès conneries !

Variantes : duconard, duconnaud, duconoso, ducon-la-joie, ducon-la-joie-la-bite-en-fleur… Synonymes : abruti, imbécile… « – Colonel Ducon, vous qui parlez notre belle langue, je vous prie de savourer. – Dukkonläjoaa, rectifie l’officier supérieur-presque-général. – Vous m’êtes sympathique […] je vous appellerai Ducon […]. » San Antonio, Mon culte sur la commode, 1979 « La joie est barbare. C’est la passion des imbéciles. Vous avez remarqué que les Français disent toujours “Ducon-la-Joie”, jamais “Ducon-la-Mélancolie” ? » Frédéric Schiffter, Jamais la même vague, Flammarion, 2020 « Un homme sort de chez lui / C’est très tôt le matin / C’est un homme qui est triste / […] Cet homme si triste est triste parce qu’il s’appelle Ducon […] Je suis le seul Ducon / Dit-il entre ses dents […] » Jacques Prévert, « Quelqu’un », Histoires et d’autres histoires, Gallimard, 1944

Emmerdement

Dérivé d’emmerder (du latin merda). Emmerdements est le plus souvent utilisé au pluriel, peut-être parce qu’ils arrivent de préférence en avalanche et groupés. « La loi de l’emmerdement maximum » ! Le président Chirac l’affirmait : « Les emmerdes ça vole toujours en escadrille »…

Variantes : emmerde, emmouscaillement (fin XIXe s.)… Synonymes : enquiquinement, gros ennui, tracasserie, contrariété, embrouille… « Il y a quatre saisons en amour. Le coup de foudre qui dure une seconde. Le flirt qui dure une heure. Le plaisir qui dure une nuit. Et les emmerdements qui durent toute la vie. » Francis Huster, La Vie, les Femmes et nos Emmerdes, Le Passeur éditeur, 2016 « S’il fallait donner un titre à ma vie, je dirais sans hésiter : “Mes amours, mes emmerdes”. Et voilà, j’ai la chanson d’Aznavour dans la tête ! » Sébastien Monod, La Mère et les Jours, Éd. Textes Gais, 2015 « Je t’écris ceci sur mon carton de la classe de ce bon père Gors qui disserte sur le plus grand commun diviseur d’un emmerdement sans égal, qui m’étourdit si bien que je n’y entends goutte, n’y vois que du feu. » Flaubert à son ami Ernest Chevalier, octobre 1839 « Le bonheur ? C’est changer d’emmerdements ! me dit-elle [Colette] de son accent rocailleux. » Micheline Boudet, Viens voir les comédiens, Albin Michel, 1997

Emmerdeuse

Du latin merda (excrément). Selon Paul Valéry, de l’Académie française – qui inspira à un autre Sétois, Brassens, la chanson Misogynie à part –, les femmes se diviseraient en trois catégories : les emmerdeuses, les emmerdantes et – top du top – les emmerderesses. Réponse en écho de Frédéric Dard (alias San Antonio) : « Il y a trois catégories de femmes : les putes, les salopes et les emmerdeuses. Les putes couchent avec tout le monde, les salopes couchent avec tout le monde sauf avec toi, les emmerdeuses ne couchent qu’avec toi. » Toute catégorie d’emmerdeuse à fuir évidemment sous peine… d’emmerdements.

Variantes : emmerderesse, emmerdeuse de première, emmerdante, emmerdeuse tout-terrain (San Antonio)… Synonymes : chieuse, casse-pieds, enquiquineuse… « Misogynie à part, le sage avait raison : Il y’ a les emmerdantes, on en trouve à foison, En foule elles se pressent. Il y’ a les emmerdeuses, un peu plus raffinées, Et puis, très nettement au-dessus du panier, Y’a les emmerderesses. » Brassens, Mysognie à part, 1969 « Ta copine, c’était déjà une emmerdeuse de première classe, mais alors toi, franchement, t’es médaille d’or. » Monica Sabolo, Jungle, JC Lattès, 2005

Enculé

Du latin culus (cul). Le mot, devenu courant, ne comporte très souvent aucune allusion sexuelle. Un enculé, c’est une ordure, un fumier, un connard… « Enculé, vieille injure populaire, écrivait Robert Beauvais, dont je dirai pour la rime que les siècles ne l’ont pas éculé »…

Variantes : enculé de ta race, enculé de ta mère, enculé de frais, enlécu d’mes yecs (enculé de mes couilles), enculé de ta race de fils de pute de ta mère en short… culeur, sous-enculé de la cuistrerie, enculeux (Céline)…

Synonymes : enfoiré (mondain), pédé, enfifré, encaldossé, emmanché, enfifré, empaffé… « Il se met à injurier le mort. À le traiter de criminel, de salopard, de pourri ! Et des tas d’autres mots qui déferlent du bec, au minet. La mère outragée s’emporte ! Elle entame la croisade des invectives à son tour, qualifie le petit danseur de lopette, d’enculé, de trouduc faisandé, de sale vermine ! » San Antonio, Y’en avait dans les pâtes, 1990 « Traiter un arbitre d’“enculé” est injurieux, parce que cela se veut injurieux. Que l’arbitre se fasse sodomiser ou pas n’y change rien. Et ce serait même pire s’il était homosexuel, car l’injure deviendrait carrément homophobe (on pourra remarquer que l’homosexuel est bien plus dénigré lorsqu’il est “passif” qu’“actif” ; enculé est une insulte fréquente mais pas “enculeur”). » Antonio Fischetti, Questions idiotes et pertinentes sur le genre humain, Albin Michel, 2012

Enflure

Du latin inflare (souffler). Enflure peut prendre un méchant volume et devenir « gros mot » quand il ne désigne pas un gonflement anormal du corps (à la suite d’un choc, d’une maladie) ou une exagération, une emphase. Une enflure est alors un être méprisable, bouffi de graisse ou d’arrogance.

Variantes : vieille enflure, enflé… Synonymes : bouffi, gros tas… Salaud, crevure, raclure… « Les autres dix enflures avant moi, je commençais à les comprendre. » Céline, Mort à crédit, 1936

Foutriquet

Dérivé de foutre. Du latin futuere (coïter). Fin du XVIIIe siècle, le mot désignait une personne petite, chétive. Aujourd’hui foutriquet a vieilli. Si on l’emploie encore, il est à ranger dans le club des désuets, mais son sens (incapable, bon à rien) a peu changé et sa portée méprisante ne faiblit pas.

Synonymes : avorton, petit bas du cul, chiure de mouche… « Et l’on sait dans toute la ville que vous n’êtes qu’un foutriquet… oui, un foutriquet… » Anatole France, Le Mannequin d’osier, 1890 « Si, si, tu me déranges, foutriquet, tu me déranges toujours, qu’est-ce que tu veux ? » Fouad Laroui, La Fin tragique de Philomène Tralala, Julliard, 2011

Enfoiré

Du latin foria (excrément à l’état liquide…). Enfoiré signifie dans un premier temps « souillé d’excrément ». Son sens évoluant, il va désigner un homosexuel passif. Arrivent les années 1980… Et enfoiré, largement repris et diffusé par Coluche, devient une apostrophe quasi amicale. Les Enfoirés, solidaires, volent au secours des plus démunis avec les Restos du cœur.

Variantes : enfoirpate, enfoiré à sec (San Antonio)… Synonymes : enculé, emmiellé, empapaouté, emmanché, emmerdouillé, emmoutardé… « J’entendais sa voix étouffée par les couvertures : “Ah l’enfoiré ! Le petit con ! Saligaud !” René Frégni, Le Voleur d’innocence, Gallimard, 2014 « Vous avez vu, Seigneur, la réaction de ce petit coq merdeux, hier au soir ? Monsieur pique des crises de pudeur ! On veut lui apprendre à baiser convenablement et il chique les pères nobles, l’enfoiré ! » San Antonio, La Vieille qui marchait dans la mer, 1988

Étron

Du francique strunt (matière fécale consistante et moulée). On l’imagine sans peine, traiter ainsi son prochain revient à le considérer comme un moins que rien, une « merde », une « sous-merde » voire une sinistre merdouille… Amis poètes merdophiles bonsoir !

Variantes : gueule d’étron, étron de chien, face d’étron… fine pelure de faux étron, navrante âme d’étron, ténia des étrons, profil d’étron (Céline)… avaleur d’étrons crus, noyeuse d’étrons (blanchisseuse), mangeuse d’étrons sans fourchette (prostituée malsaine), étrangleur d’étrons (personne maigre), élixir d’étron, fange d’étron mollet (XVIIe-XVIIIe s.)…

Synonymes : merdeux, sombre merde, crotte, grosse bouse, pauvre type, nullard, bouse de raclure de bidet de fosse septique du couvent des oiseaux (Gilles Rozier)… « “Face d’étron !” […] J’ai vu un individu se faire traiter ainsi, et lui, qui, quelques minutes auparavant, fanfaronnait et ramenait sa fraise, s’est tout à coup écrasé comme le nom évocateur de la matière évoquée plus haut. » Pierre Perret, Mon almanach, Le Cherche Midi, 2014

Dégueulasse

Du latin gula (gorge, gosier). Le mot, familier, désigne quelqu’un ou quelque chose de sale, de répugnant ; « gros dégueulasse » (et on pense au personnage de Reiser) s’affirmant comme le top du top dans le genre !

Variantes : dégueulbif, dégueu, archi-dégueulasse… « Espèce de gros dégueulasse, répéta l’homme en s’étranglant presque. Espèce de tocard ! Espèce d’imposteur ! Espèce d’escroc minable ! Espèce d’écrivain à la manque et de peintre raté. » Ernest Hemingway, Îles à la dérive, 1971 « Pas de gros mots, espèce de petit dégueulasse ! » Gérard Guégan, Père et fils, 2014

Foireux

Du latin foria (excrément liquide). A d’abord signifié (XIIe s.) « qui a la diarrhée »… L’incontinence intestinale passée avec les siècles, la vieille acception est sortie d’usage ! Signification actuelle : peureux, pétochard. S’il ne s’agit pas d’une personne, foireux peut encore indiquer le peu de valeur de quelque chose et sous-tendre une idée d’échec, de ratage (« un plan foireux »).

Synonymes : merdeux, trouillard, péteux, raté… « Ton plan était foireux, mon pauvre Zoïle. » Amélie Nothomb, Le Voyage d’hiver, Albin Michel, 2009 « Ils n’essaient, la plupart du temps, que des petits coups foireux. Alors, parce qu’ils sont foireux, ces petits coups, fatalement ils foirent ! » San Antonio, Tango chinetoque, 1975

Empaffé

Proximité sémantique d’empaffer et d’empapapouter qui tous deux reviennent à « aller se faire voir chez les Grecs » voire « chez les Papous » ! Notons que le paf en argot désigne le sexe masculin.

Empaffé, l’injure est courante chez Céline. Il en propose même une variante étonnante avec « empalafié ». L’empaffé (sans sous-entendu sexuel), on le sait ou on le devine, est un personnage peu sympathique, peu correct, peu fiable.

Variantes (ou mots proches) : empapaouté, enculé, enfifré, emmanché, empalé, empétardé, emprosé, empaffé de ta mère, bougre d’empaffé, empaffé de mes deux… Synonymes : pédé, abruti, pauvre type, dégueulasse, imbécile… « Ah, le petit salopard ! Le petit empaffé de mes deux. Ah, espèce de… » James Carlos Blake, La Loi des Wolfe, Payot & Rivages, 2017 « Tu te la trouves, ton idée, enfoiré de mes deux et tu te la fais, pommes vapeur et tout, empaffé. Vas-y, vas-y, bouge-toi, nous on suit. » Agnès Pavy, Jonathan, Le Sagittaire, 1977

Empapaouter

Étymologie ? Mystère et boules de gomme… Empapaouté… l’injure est devenue un rien désuète mais s’emploie et se comprend toujours parfaitement. Connotation sexuelle profonde et délicate, bien sûr… Invitation musclée à aller se faire voir, chez les Grecs, par exemple, et, comme le suggère Robert Édouard (Dictionnaire des injures, 1967), « de préférence au mois d’août »… Se faire empapaouter, c’est se faire avoir.

Synonymes : sens propre : sodomiser. sens figuré : escroquer, baiser, tromper, abuser…

« Donc c’est fait, la douce Elizabeth est, à l’heure nocturne où j’écris ces lignes, en train de se faire empapaouter par les Grecs. Je suis con. Je trouve touchant et poétique ce mariage de conte de fées survenant à une telle époque […]. » René Fallet, Carnets de jeunesse (1947-1948) , Denoël, 1992 « Le flou, c’est la pire des choses. C’est ce qui fait qu’on s’écarte de la politique, qu’on dit : ces gens-là, ils essaient de nous empapaouter. » Martine Aubry, maire de Lille et ancienne ministre, octobre 2010 (débat de la primaire socialiste)

Entuber

Du latin tuba (tube). Une variante moins grossière d’enculer… Se faire entuber, ce n’est pas obligatoirement « se faire malmener le pont arrière ». Si c’est aussi « se faire mettre », « se faire enfiler », c’est surtout se faire avoir, et « à plein tubes » ! Se faire gruger ou mystifier.

Synonymes : empapaouter, escroquer, rouler… « Moi et la politique, on n’couche pas ensemble. C’est tous les mêmes gros bonnets qui nous racontent des salades, pi, après, on s’fait entuber. » Lola Sémonin, La Madeleine Proust, une vie, Pygmalion, 2013

Faux-derche

Du latin falsus (faussé, trompé) et de l’argot derche (derrière). Le faux-derche… Vrai fourbe, faux ami ! Autrefois, on lui donnait volontiers du chattemite, patte-pelu, architecte des fourbes, songe-malice, serpent de Cayenne…

Variantes : faux-cul, faux frère, faux jeton à la sauce tartare (Capitaine Haddock)… Synonymes : hypocrite, sournois, trompeur… « Santa Claus, barbu faux-derche, boutiqué par les techniciens en “merchandising” d’Atlanta […]. » Gérard Oberlé, Émilie, une aventure épistolaire, Grasset, 2012

Escogriffe

Origine obscure. Dans escogriffe, on croit percevoir escroc et on entend distinctement griffe… Mauvais signes ? Griffer, c’était autrefois « ravir », « voler » et l’escogriffe était un individu peu recommandable. Un « tirelaine ». Aujourd’hui, l’escogriffe désigne un homme grand, mince, un peu dégingandé. Toujours un peu louche quand même. Méfiance…

Variante (vieillie) : escogrife. Synonymes : grand échalas, grande saucisse, grande seringue… « Madame avait déjà viré toute une bande de mirontons, des escogriffes du concours. » Céline, Mort à crédit, 1936 « […]escogriffe […] C’est tout en jambes, tout en bras, tout en dents, tout en cheveux ébouriffés, tout en griffes, tout en mouvements désordonnés. Hirsute et dérangeant, il n’est sans doute pas dangereux mais on s’en méfie pourtant, on ne sait jamais […]. » Anne Sylvestre, Coquelicots et autres mots que j’aime, Points, 2014

Fayot

Emprunté au provençal faïol, fayol, lui-même issu du latin phaseolus (haricot). C’est bien sûr un légume, le haricot, ou alors le servile fayot qui fait du zèle en excès pour se faire bien voir de ses professeurs ou de ses supérieurs hiérarchiques !

Fayot viendrait tout droit du XIXe siècle et de l’argot des marins où il désignait un ré-engagé. « Le militaire revenant à l’armée comme les haricots au menu »… ces haricots (ces fayots), souvent servis lors des repas en raison de leur prix raisonnable et de leur excellente conservation. « Patate, fayot, patate, fayot »… l’ordinaire du militaire !

Synonymes : suce-boules, lèche-cul, lèche-bottes, flatteur, cire-pompe… « Encore ce sale fayot de Bertrand, toujours à se faire remarquer pour être bien vu de la maîtresse ! » Catherine Missonnier, Enquête à l’école, Rageot éditeur, 2006

Feignasse

Du latin fingere (feindre, faire semblant). Feignasse… molle apostrophe en direction d’un homme ou d’une femme qui s’escrime à ne pas se tuer au travail… Comme le fainéant (fait-néant), le bien nommé…

Variantes : grosse feignasse, feignantasse (Mauriac), ramassis de feignasses (Céline)… Synonymes : fainéant mou des bras, glandeur, cossard, mollasson, flemmard, bulleur, couleuvre… « Ne me cau-se pas !… Ne me cau-se pas !… Bougre de feignasse ! » Maurice Genevoix, Au seuil des guitounes, Flammarion, 1918 « Attendez, minute, feignasses ! » Céline, Mort à crédit, 1936

Fiotte

Contraction de fillotte, du latin filius (fils, enfant). Autrefois, l’injure s’adressait à l’homosexuel passif et efféminé. Aujourd’hui, fiotte conserve une connotation sexuelle dépréciative mais son sens s’élargit : une fiotte est encore une personne méprisable, peu courageuse, lâche…

Variantes : fiotaille, petite fiotte… Synonymes : tafiole, pédé, tapette…Peureux, lâche… « Les costauds de l’école ne lésinent jamais pour le traiter en douce de petite fiotte […]. » Xavier de Moulins, Que ton règne vienne, JC Lattès, 2014

Flanby

Si, si, c’est un gros mot ! quand il met un n et non un m devant le b. Renvoi possible au mot anglais flabby (flasque). Au départ, un Flanby est un simple petit flan à la vanille nappé de caramel. Tout mou tout sucré. Dans les années 2000, il se fait insultant et dénonce le côté mollasson et indécis de celui qui s’en fait « timbrer ». Arnaud de Montebourg (après Les Guignols de l’info) en usera en direction de François Hollande, qui répondra, non sans finesse : « Je ne connais personne qui n’aime pas le Flanby ! » (juin 2003). Pour être juste, « Monsieur petites blagues », comme était encore surnommé le président de la République, n’en était plus à un sobriquet près : fraise des bois, culbuto, Guimauve le Conquérant, porcinet, Babar, pépère, capitaine de pédalo, little gouda, Mollande… (Liste non exhaustive.) « Y’a plus de respect », comme disaient nos grands-mères !

Synonymes : crétin, crème d’andouille, faible, ramolli du cerveau, ventre-mou, ramollo… « – Dire que je le prenais pour un Flanby ! – C’est-à-dire ? – Ça présente bien mais c’est fade et c’est mou. » Didier Van Cauwelaert, La Personne de confiance, Albin Michel, 2019

Fondu

Dérivé du latin fundere (faire couler, verser). Fondre, c’est faire passer de l’état solide à l’état liquide (un métal, du beurre, du fromage…). La métaphore de la liquéfaction nous mène tout droit à l’idée de folie. Dès le début du XXe siècle (attestation 1925), « être fondu » revient à dire que l’on a pété (fondu) les plombs, ou bien encore que l’on est mordu, passionné au-delà du raisonnable pour quelqu’un ou quelque chose.

Synonymes : toqué, allumé, demeuré, dérangé, barjo, marteau, maboul, intermittent de la raison… mordu, féru, fanatique, excessif…

« – […] Lucien le Cheval s’est fait dessoudé ? – Et par qui ? […] – Par Teddy de Montréal, un fondu qui travaillait qu’à la dynamite ! – Toute une époque… » Les Tontons flingueurs, film de Georges Lautner

(dialogues Michel Audiard), 1963

Fossile

Du latin fossilis (extrait de la terre). Fossile, débris animal ou végétal pétrifié dans le sol. Ou vieille insulte gérontophobe. « Fossile. […] Plaisanterie de bon goût, en parlant d’un académicien », notait dans son Dictionnaire des idées reçues Flaubert, qui appréciait beaucoup le mot. « Je suis un fossile, écrivait-il, un être préhistorique, mon existence est celle du grand ours des cavernes » (13 février 1880)… « Vieux fossile » (formule aussi redondante que déprimante) relègue son destinataire dans le camp des vieux croûtons.

Synonymes : vieux débris, dinosaure, vieillard, vieux croûton, vieux parchemin (San Antonio)… « Que t’arrive-t-il, vieux fossile, pour oser perturber la quiétude bourgeoise de tes supérieurs ? » San Antonio, Tire m’en deux c’est pour offrir, 1979

Fouille-merde

Du latin fodicare (tourmenter) et merda (merde, matière fécale). Méchant fureteur qui entend mettre son nez partout. La curiosité est – parfois – un vilain défaut…

Variante : fouine-merde… Synonymes : sale fouineur, indiscret, furet, espion, journaliste people… « – Traître, fouille-merde ! – Tu m’insultes encore une fois… » Fernando Arrabal, Le Ciel et la Merde, Christian Bourgeois, 1981

Foutoir

De foutre (du latin futuere, coïter avec une femme). Le mot a perdu de sa connotation sexuelle (un foutoir était un lieu de débauche, un bordel, où l’on va « foutre » et « se faire foutre », sacrifier à Vénus). Il désigne aujourd’hui une situation confuse, embrouillée ou un désordre extrême, une pagaille indescriptible.

Variante : infini foutoir aux canailles (Céline). Synonymes : bordel, anarchie, merdier, chaos, grand désordre, bazar, dévastation, cirque, souk… « Bouleversé dans le foutoir de ma chambre, qui répond du foutoir de mon âme, je me souviendrai du soir où je désirais aller manger du riz à l’eau entre deux filles […]. » Yann Queffélec, Le Piano de ma mère, L’Archipel, 2010

Fuck / Fuck you

Viendrait de May God fuck you (que Dieu te foute), raccourci en fuck you. Injure branchée d’importation ! Voilà du bon gros mot anglais. Même les sujets de Sa Gracieuse Majesté savent en dire et nous en faire profiter ! Fuck, insulte à connotation sexuelle (équivalent d’enculé, de baisé), est très courant. On la retrouve partout ! Fuck you correspond à un « va te faire mettre », « je t’emmerde »…

Variante : le four letters word. Synonymes : emmancher, enculer, empaffer… Putain (juron). « Mais ce dernier avait grommelé (après lui avoir rendu sèchement son injure : “Fuck you, man !”) que leurs postes étaient en jeu. » Anouar Benmalek, Ce jour viendra, Fayard/Pauvert, 2003

Frappadingue

Composé de frappé et de dingue. Tout est dit et plutôt deux fois qu’une ! Le mot a vieilli mais son sens n’échappe à personne. On se promène ici au royaume des fadas, des doux-dingues, des cintrés, des barjos ou autres ondulés de la toiture.

Variantes : louftingue, frappadingo, foldingue… Synonymes : givré, toqué, flagada du ciboulot, ravagé des méninges, estropié de la cervelle, agité du bocal, maboul… « J’aime le mot frappadingue, sorte de mot valise tautologique, que je prends soin de n’utiliser qu’en de grandes occasions et pour des oreilles capables d’apprécier. » Jacques Jouet, Des ans et des ânes, Ramsay, 1988

Fumier

Du latin femus (boue, ordure). Du gros mot costaud et parfumé qui sent bon la campagne ! Vocable grossier et méprisant destiné aux traîtres, aux salauds, aux méchants sans foi ni loi…

Variantes : face de fumier (Céline) ; refumier, fumier de lapin (bon à rien), roi des fumiers, bougre de fumier, fumier de Jean-foutre, fumier de truie (XVIIe-XVIIIe s.)… Synonymes : ordure, pourri, sous-merde, merdeux, diarrhée de phacochère… « C’est drôle, hein !? même quand tu veux être gentil, tu trouves le moyen d’être fumier, toi ! » Bourvil dans La Traversée de Paris, film de Claude Autant-Lara, 1956 « Son regard de bas fumier flanquerait des frissons à Dracula. » San Antonio, Meurs pas, on a du monde, 1980

Galeux

Du latin galla (gale). Est galeux celui qui a la gale – maladie contagieuse provoquant une terrible dermatose prurigineuse – et dont il faut se garder. Au sens propre comme au sens figuré, le galeux n’est pas fréquentable. Quant à la brebis galeuse, elle est tout aussi dangereuse et se révèle d’une mauvaise influence au sein d’un groupe. Brebis ou chien galeux sont méprisés et mal considérés, ce sont des mauvais, des corrompus.

Variantes : chien galeux, brebis galeuse. Synonymes : pestouille, vérole, crapule, parasite, pouilleux, gonocolose [microbe de la blennorragie] (Céline), choléra (Capitaine Hadock), va-nu-pieds, minable, bon à rien…

Garce

Féminin de gars, ne s’utilise plus au sens de « jeune fille », sens usuel du XIIIeau XVIe siècle. La garce a ensuite désigné avec mépris une femme « de mauvaise vie », débauchée, ou une femme en ayant l’apparence. Aujourd’hui, c’est davantage une femme méchante ou passablement désagréable. Une sale ou une belle garce, voire la pire des garces !

Variante : garcette (synonyme de fillette). Synonymes : salope, pute, putain, mégère, virago… « Pour une garce, c’en était une vraie. Faut ça d’ailleurs pour bien jouir. Dans cette cuisine-là, celle du derrière, la coquinerie, après tout, c’est comme le poivre dans une bonne sauce, c’est indispensable et ça lie. » Céline, Voyage au bout de la nuit, 1932 « Après m’avoir traité / Comme un vieux cornichon / Tu m’as laissé tomber / Pour vivre à ta façon / Tu voulais devenir / Une garce de choix / Je devrais te punir / Sévèrement je crois » Boris Vian, Mademoiselle Bonsoir, suivi de La Reine des garces, écrit en 1953, publié en 2009

Gigolo

Origine incertaine. Peut-être dérivé de gigue (jambe, cuisse). Peut-être emprunté à l’anglais giglet, giglot (femme de mauvaise vie). En tous les cas, voilà une pimpante variété de « prince consort », de joli cœur, aux moyens d’existence suspects, qui chasse la cougar sérieusement argentée. Un gentil parasite qui rend des services… En trois mots : un amant entretenu. « Just a gigolo »…

Variante : gigolpince (argot). Synonymes : maquereau, greluchon, mac, danseur pour vieille dame… « Il porte un pyjama de soie noire sous une robe de chambre de soie blanche gansée de noir. C’est very harmonieux. Très gigolpince de haut niveau. L’allure, quoi ! » San Antonio, Galantine de volaille pour dames frivoles, 1987

Gland

Du latin glans (le gland, fruit du chêne). Gros mot quand il s’adresse à un individu jugé peu malin, peu énergique, maladroit… un peu couillon ! On notera d’ailleurs que gland revient littéralement à dire « tête de nœud », « tête de bite » puisque le mot désigne bien ce qu’on sait.

Variantes : glandu, glandeux, glandouilleux… Synonymes : imbécile, con, empoté, feignasse… « Saint Louis rendait la justice sous un chêne. Pierre Arpaillange* la rend comme un gland ! » Petite phrase d’André Santini, prix de l’humour politique, 1989 * Pierre Arpaillange était ministre de la Justice dans les 1er et 2e gouvernements Rocard (1988-1990).

Glandouilleux

Du latin glans (gland, fruit du chêne). Glander, c’est peut-être ramasser des glands (une activité qui se perd) c’est encore se coincer la bulle, prendre son temps, ne rien faire du tout ! Le glandouilleux est un contemplatif-feignasse.

Variantes : glandouilleur, glandeur, glandu, dugland… Synonymes : imbécile, flemmard… « Tout l’inimaginable y passait : coyote pourri, scorpion, impuissant, fils de morue, ganache châtré, peigne-cul de merde, trépané des burettes, glandouilleux de cauchemar, grande pute de luxe, crapaud visqueux […]. » Arthur Conte, Et les coyotes hurleront, Julliard, 1974

Gogol

Insulte assimilant la personne injuriée à un imbécile voire un mongolien. Allusion peu délicate à la trisomie 21.

Variantes : gogole, gogolito, gogolita, pauv’gogol, gogo, gogolien, golgi, gol, golmon, mongol, mongolien, gogolitasse… Synonymes : abruti, stupide, débile… « Un bêta, un débile, un nul, un gogol qu’est né par hasard à cause d’un type qui savait pas quoi faire de son sperme et une gonzesse trop paumée pour dire non. […] Heureusement que Gogolito est aussi paumé que moi, je me sens moins seul. » Maud Lethielleux, Tout près le bout du monde, Flammarion, 2010

Godiche

Origine incertaine mais clarté de signification : la godiche est une empruntée, une nounouille, une pauvre cruche parfois timide, plaisamment bête et naïve. Au masculin, godiche conserve la même idée de bêtise et de maladresse.

Variantes : godichon, pauvre godiche décérébrée… Synonymes : empoté(e), bébête, gourdasse, maladroit(e), conne, con… « Tu as 34 ans ma pauvre godiche, à 40 nous sommes déjà hors service ! » Anne-Marie Mitterrand, Épouse ou maîtresse, Albin Michel, 1998 « Oui, même si l’on avait très envie d’être coiffé plus court, chaque fois on avait oublié combien la coupe fraîche donne un air godiche. » Philippe Delerm, La Sieste assassinée, Gallimard, 2001

Morbaque

Dérivé argotique de morpion. Cet attachant morpion qui n’est ni plus ni moins qu’un vilain petit parasite, le pou du pubis – s’il n’est pas bien sûr un jeu ou un enfant particulièrement pénible.

Variante : morbac. Synonymes : pot de colle, sécotine, sangsue, boulet…Chiard, morveux, gamin… « Si ce sale morpion vient encore m’emmerder, je lui tords le cou. » Simone de Beauvoir, Les Mandarins, 1954

Gougnafier

Attesté en 1899. Origine incertaine. À rapprocher, nous dit Alain Rey, de gougniafiasse (goinfre), possible dérivé lui aussi de gougne (prostituée), variante de gouine ou gouillage, goulafre (goinfre). Si le terme est légèrement tombé en désuétude, le gougnafier, lui, sévit encore. Pas de répit pour les braves ! Cet animal-là est un goujat, un mal dégrossi, souvent un incapable qui bâcle ou sabote le travail qu’on lui confie.

Variantes : gougnaffe (apocope de gougnafier), gougnaf ; gougnaffe hurleur, gougnaffe velu (Céline). Synonymes : rustre, lourdaud, malpoli, ingrat, bon à rien, pignouf, jean-foutre, sagouin, goujat… « Il ne me laisse pas finir… – Tu l’as déjà dit ! il est midi cinq, j’ai du monde ! – Ce n’est pas tout !… il faut apprendre, sapristi mufle ! le petit liseré contre-courant, là que le vrai artiste nautonier barre et maintient son esquif ! très finement t’entends ! du travail que t’as pas idée, gougnaffe velu ! affamé d’hors-d’œuvre! » Céline, Rigodon, Gallimard, 1961 « Ce n’est pas parce que je n’ai pas reçu d’éducation qu’il faut en conclure que je suis un rustre et un gougnafier, comme dit Zygomatix qui a fait ses études à la Sorbonne. » Jean-Pierre Koffel, Dalal mon amour, Marsam, 2007

Gouine

Probablement dérivé du mot normand gouain (salaud, XVIIe siècle). Le mot n’apparaît qu’au début du XXe siècle. Il a d’abord désigné une prostituée, aujourd’hui c’est le nom donné aux femmes qui aiment les femmes. Mœurs saphiques, « donna con donna »…

Variantes : gousse, gouinasse, gougnotte, gougne, goudoune, gouine de pacha (Céline)… Synonymes : pute, salope, lesbienne, éplucheuse de lentilles (à rapprocher de lendilles, les petites lèvres du sexe féminin), tribade, suce-lentille, minettière, puce travailleuse, chipette, fricatelle, marchande d’ail (par association d’idées avec gousse d’ail), gomorrhéenne, prêtresse de Sapho, saphiste… « Je suis du latin [quartier] je l’avoue / Du quartier où il y a des gousses / Qui sont gentilles / Et quand vous êtes dans le ballon / Elles ne vous font pas de paillon / Elles vous assistent » Les Gousses (chanson du XIX e siècle), cité par Émile Chautard, La Vie étrange de l’argot, Bartillat, 2013 (1re édition, 1931)

« C’était [une photo] Marcelle à dix-huit ans ; elle avait l’air d’une gouine, avec la bouche veule et les yeux durs […]. » Jean-Paul Sartre, L’Âge de raison, Gallimard, 1945

Gourde

Du latin gurdus (lourdaud, grossier). Le « compliment » s’applique surtout aux femmes. Aux « mal dégrossies », aux niaises, pas trop dégourdies. Bref, à toutes celles qui n’ont inventé ni l’eau chaude ni le fil à couper le beurre !

Variantes : gourdasse, gourdichon(ne)… Synonymes : empotée, godiche, gauche, empaillé(e), emprunté(e), maladroit(e)… « – Comment choisissez-vous ses maîtresses ? […] – Toujours très belles et très gourdes. S’il n’y a pas dix façons d’être belle, il y a mille façons d’être gourde, gourde parce qu’on n’a pas de conversation, gourde parce qu’on a la causette ennuyeuse […]. Enfin, j’étais gentille, je ne l’orientais que vers des gourdes ornementales […]. » Éric-Emmanuel Schmitt, La Rêveuse d’Ostende, Albin Michel, 2009 « La fille mal dégrossie qui se balance comme une gourdasse, d’un pied sur l’autre pour trouver de la contenance, c’est moi à tous les âges. Une gourdasse, ça reste une gourdasse. » Alma Brami, Lolo, Plon, 2013

Grappe

Dérivé du germanique krappa (crochet). Gentil petit mot sans histoire que la grappe, assemblage fleuri ou fruité (raisin, lilas, groseilles…), ou assemblage de choses, groupement de personnes. Gentil avant glissement métaphorique… la grappe « envoie sur les roses » et sert à congédier sans manière : « Lâche-la moi ! » En argot, la grappe désigne bien aussi ce que vous imaginez.

Variantes (de l’expression lâche-moi la grappe) : lâche-moi les baskets, lâche-moi la bride (vieilli). Synonymes : fous le camp, dégage, casse-toi, laisse-moi vivre… « Alors, mon chou. Tu as l’air d’être dans la déprime. Viens, avec moi, je peux te faire oublier tes petits tracas. – Lâche-moi la grappe veux-tu […]. » Lazare Cornelius, Marion, Lulu.com, 2012 « – Marie-Rose, vous dites de vilains mots.

– Oh, toi, le môme, lâche-moi la grappe un instant, je parle comme je veux. » Éric-Emmanuel Schmitt, Oscar et la dame rose, 2002 « Lâchez-moi la grappe tas de truffes molles, voyez pas que je suis là pour vous sauver la poire, non ? » Jean-Louis Azencott, « Le Coche et la Mouche », Les Fables de La Fontaine en argot, Les Asphodèles, 2010

Grelot

Grelot tintinnabule dans diverses expressions populaires : attacher le grelot (attirer l’attention), avoir le grelot bien attaché (bien ou trop parler), flanquer les grelots (faire peur), avoir les grelots (avoir peur), trembler le grelot (de froid, de peur), mettre en sourdine / faire entendre son grelot (XIXe s.)… Mais petit mot deviendra gros en usant du pluriel. Les grelots (au moins depuis le XVIIIe siècle) désignent les attributs masculins, bien précieux, patrimonial et sacré, assimilés du coup à de gentilles clochettes.

Synonymes : téléphone, bigophone. testicules, cloches, clochettes, valseuses, coucougnettes, bijoux de famille, grelots ou gosses (Québec), bonbons, vagabondes, pendeloques, boules, balloches…

Les grelots d’antan Autrefois, les grelots, c’était aussi : les belaux, la cliquaille, les grains, les outils priapesques, le patrimoine, le peloton, les ripons, les truffes d’Adonis, les triquebilles, les virolets… sans oublier les sonnettes !

Greluche

Féminisation de greluchon. Le mot vient du nom d’un saint (fantaisiste) du Berry supposé guérir la stérilité. Un amusant et vieux dicton recommandait d’« aller au pèlerinage à Saint-Greluchon pour avoir des enfants frisés ». La greluche désigne familièrement – et sans grande considération – une femme, une fille, une épouse…

Variantes (vieillies) : greluchonne, grelichonne, guerluchonne… Synonymes : pouffiasse, gonzesse, nana… « – Ha ! je me suis trouvé une greluche, annonça Sanka avec satisfaction. Je suis amoureux… – Et alors, c’est agréable ? » Léonid Léonov, Le Voleur, L’Âge d’homme, 1971

Grognasse

Du latin grunnire (grogner, en parlant d’un cochon, une référence qui n’augure rien de bon !). Dans le meilleur des cas, la grognasse désigne une femme. Au pire, c’est un laideron sans charme, qui plus est d’humeur acariâtre et grognon.

Variante : grognace. Synonymes : pouffiasse, morue, mégère, boudin… « Quand une rombière engraisse en gardant de la fermeté, c’est déjà presque une pétasse. Mais, malheur, si ça ramollit, nous tombons dans la poufiasse, horreur, et dans la grognasse, et on ne sait plus où l’on va ! » Georges Duhamel, Le Désert de Bièvres, Mercure de France, 1937

Gueule

Du latin gula (gosier, appétit). Bouche d’animal ou gros mot ! Faire la gueule équivaut à bouder ; se la casser, à tomber ; se la bourrer, à s’enivrer ; se foutre sur la gueule, à discuter avec les poings… quand ta gueule réclame rudement le silence. Ramener sa science ou la boucler : « Ramener sa grande gueule » ou ne pas l’ouvrir… En 1978, sur le plateau d’Apostrophes, la question n’effleurait pas l’écrivain américain Bukowski, très aviné et très perturbant, repris de volée par un François Cavanna, excédé, qui lui lançait un mythique « ta gueule ».

Équivalents : la ferme, ton bec, ta bouche bébé, boucle-la, ferme ton clapet, camembert !, ferme ta boîte à camembert… « Ta gueule Jack Lang ! Faux-derche, bouffe-toast endimanché de la gauche caviar, enculturé mondain […]. » Léo Ferré, dans Le Spectacle du monde, 2004

Lo(o)ser

De l’anglais to lose (perdre). Anglicisme péjoratif visant les perdants, les ratés. N’est pas winner qui veut… « Malheur aux vaincus », enlisés dans une conduite d’échec, qui ne se verront jamais attribuer le glorieux titre de BOB (Best On Board, « meilleur à bord ») !

Variantes : looser, louser. Synonymes : perdant, naze, minable, gros nul… « Putain de sale con de loser, réussit-il à entendre. Loser. Un mot qu’il reçut comme une gifle en pleine figure. » C. J. Box, Au bout de la route, l’enfer, Le Seuil, 2014

Gugusse

Diminutif d’Auguste, du latin augustus. Après avoir été le nom d’empereurs romains, Auguste est devenu celui d’un clown. Faire le gugusse, c’est donc faire le pitre. Aussi, même s’il est drôle, le gugusse, un peu grotesque, ridicule, n’est pas franchement pris au sérieux.

Synonymes : clown, guignol, charlot, bouffon, pitre… « Vous savez à Maussade, il faut l’avouer, les soirées sont longues. J’ai cru comprendre que les gugusses de la télé… Alors les livres… Je relis Balzac chaque année, enfin les grands, les “incontournables”, style gugusse… Je vous fais rire ? » François Nourissier, Le Gardien des ruines, Grasset, 1992 « Il va entendre chanter les anges, le gugusse de Montauban. Je vais le renvoyer tout droit à la maison mère, au terminus des prétentieux*. » Les Tontons flingueurs, film de Georges Lautner

(dialogues Michel Audiard), 1963 * « Le terminus des prétentieux » était le titre souhaité par Audiard. Trop prétentieux, trop littéraire, lui rétorque-t-on, et le film s’appellera Les Tontons…

Guignol

Nom d’une célèbre marionnette lyonnaise. Le guignol est souvent ridicule. Il s’agite et agit déraisonnablement, se livre à des pitreries. Par ses gestes et son comportement, brouillon, désordonné, il prête à rire, souvent involontairement. Faire le guignol, c’est manquer de sérieux. Enfin presque toujours… un guignol ne désigne-t-il pas aussi un gendarme ?

Variantes : guignolo ; sombre petit guignol immature, prodigieux ramassis de puants Guignols (Céline)… Synonymes : gugusse, marionnette, pantin, rigolo, charlot… « Écoutez les greluches. Il est onze heures, on ne va pas paumer notre soirée à faire les guignols avec des boules au bout des bras. Comme de toute façon ça va se terminer à l’horizontale, autant y aller tout de suite […]. » Les Valseuses, film de Bertrand Blier, 1974

Kéké

Parfait équivalent de la cagole, il sévit depuis belle lurette dans le Sud où on le retrouve encore sous les noms de cacou, quékou (quécou), cake… Cacou viendrait du provençal cacoua signifiant « cadet ». Encore un « petitoune », rien qu’un petit môme qui joue au grand finalement.

Variantes : quéqué, cacou (provençal), kéké des plages… Synonymes : frimeur, ringard, petit branleur, cake, m’as-tu-vu, crâneur… « Lui-même disait : “Oui, oui, je suis un kéké marseillais.” Il parlait fort, en disait plus qu’il n’en faisait, qu’il n’en savait. C’était sa marque. Les gens l’aimaient bien pour ça. » Pauline Théveniaud, Jérémy Marot, Le Kéké de la République, Plon, 2020

Jean-foutre

Attesté dès 1647. Le mot a déjà une vieille barbe. Toujours en usage, il désigne un faux frère, un ingrat, un hypocrite, un incapable sur qui on ne peut compter.

Variantes : beau jean-foutre, jean-fesse (ou Jean-de-mes-fesses), Jean-cul parent de Jean-fesse, foutriquet, crème de Jean-foutre (San Antonio)… Synonymes : branleur, connard, fumiste, je m’en fichiste… « Dehors, quand il eut retrouvé Étienne qui l’attendait, il éclata. Je suis un jean-foutre, j’aurais dû répondre !… » Émile Zola, Germinal, 1885 « L’univers du Père Duchêne est sommairement dualiste. Il y a les bons et les mauvais, les rouges et les blancs, les bougres et les jeanfoutre. Thiers, grand patron des jeanfoutre, est évidemment Foutriquet. » Armand Lanoux, Le Coq rouge, Grasset, 1972

Lard

Du latin lardum (lard). Le lard, comme le cochon, inspire le discours injurieux…

Gros lard s’adresse avec mépris à une personne en surpoids, tête de lard (moins agressif que « tête de con ») à quelqu’un de très obstiné, « têtu comme cochon »… Lard se promène encore dans des expressions comme : rentrer dans le lard (se bagarrer), faire du lard (se laisser vivre… et grossir).

Variantes : gras à lard (vieilli), gros lard, esthète de lard, tête de lard… Synonymes : gros patapouf, grassouillet, pachyderme, gros porc, bouffi, gros plein de soupe… « De quoi ? On n’admet pas la discipline ? On veut faire son petit révolté ? T’as compris, maintenant, tête de lard ? » Marcel Aymé, La Tête des autres, 1952

Lavette

Du latin lavare (laver). Torchon, serpillière, carré de tissu éponge… la lavette, vouée aux basses tâches, est un genre de lave-tout, un « ramasse-merde » au contact de la crasse. Y être comparé n’est guère flatteur. Une lavette est une personne sans caractère ni énergie, une chiffe molle !

Synonymes : serpillière, poule mouillée, mauviette, dégonflé… « “Pornographe ! Fausse membrane ! Pétroleux ! Lavette ! Égout!”… Voilà comment qu’elle le traitait !… » Céline, Mort à crédit, 1936

Lèche-cul

Du francique lekkon (lécher) et du latin culus (cul). Attesté dès le XVIe siècle mais repris au XIXe. Voilà un grand manieur de brosse à reluire, un flatteur servile qui n’hésite pas à courber l’échine, s’abaisser (lécher une botte ou un postérieur nécessite une basse courbette…). Tout cela pour en tirer avantage. Se faire bien voir.

Variantes : lèche-botte, lèche-trou-du-cul (Alphonse Boudard). Synonymes : fayot, flatteur, suce-boule, cire-pompe, frotte-manche (en Belgique), flagorneur, baise-cul… « Pendant que j’essaie de le sermonner, il se marre en me montrant du doigt et en me traitant de péquenot pathétique, de lèche-cul et de pauvre crétin. » Yasmina Khadra, La Part du mort, Julliard, 2012

Maboul

Emprunté à l’arabe mahbûl (fou, stupide). Petit mot exotique à l’usage familier répandu par le canal des soldats d’Afrique (au XIXe siècle) et les récits algériens. Signification ? La même qu’initialement : fou, un peu ou beaucoup. Complètement ravagé des méninges ou un chouïa frappadingue.

Variante : maboulof (1893, disparu après 1918). Synonymes : givré, dingue, cinglé… « T’es toute nue sous ton pull / Y’a la rue qu’est maboule / Jolie môme » Léo Ferré, Jolie môme, 1961

Limace

Du latin limacea. Gastéropode sans coquille (hermaphrodite comme l’escargot), à l’aspect visqueux peu glamour… Avec son caractère gluant, sa lenteur, la répulsion qu’elle inspire, la pauvre bête génère quelques insultes et comparaisons peu ragoutantes…

Variante : loche. Synonymes : mollasson, chiffe molle, paresseux, mou du genou, glandu, nonchalant… « – […] Nous ne finirons jamais de déjeuner… Quelle limace, mon Dieu ! quelle limace ! – Limace ! Eh ! là, eh ! là… Non ! mais faudrait-y pas les servir à bicyclette ! Oh ! ces maîtres, on voit bien qu’ils n’ont jamais été domestiques. » Georges Feydeau, À qui ma femme ?, 1886 « De toi à moi, jamais je ne me suis tant ennuyé. La belle époque tu vois c’était au XVIIIe. On y faisait facilement une vie par semaine. De nos jours dits rapides on guerroye en limace. » Céline, Lettre à un ami, janvier 1940, cité par Jacqueline Morand-Deviller, Les Idées politiques de Louis Ferdinand Céline, L’Archipel, 2010

Il l’a écrit… Jules Renard : « Un gros mot de femme, c’est une limace aux lèvres d’une rose. » (Journal, 10 décembre 1909)

Lopette

De lope, altération de lopaille (homosexuel passif). L’insulte s’appliquait à un homme « pour la simple raison, explique Claude Duneton, que le féminin est censé l’humilier ». La connotation sexuelle initiale s’est aujourd’hui estompée. Lopette reste néanmoins un mot peu sympathique et correspond à : dégonflé, peu courageux, lâche…

Variantes : belle lopette, sale lopette, petite lopette, foutue lopette, lopaille… Synonymes : chiffe molle, minable, pauvre type, poule mouillée… « C’est vrai que vous avez traité le planton de petite lopette ? Oui, et après ? Elle n’est pas assez grande pour se défendre toute seule, la lopette ? Il lui faut du renfort ? Tous, vous êtes des lopettes ! » Raymond Guérin, Les Poulpes, Gallimard, 1953

Loquedu

Sorte de largonji, équivalent de toqué. Loquedu évoque les loques, les haillons, le délabrement… Le loquedu est un pauvre type plus ou moins dépenaillé.

Synonymes : miteux, pauvre cloche, clochard, nul, minable… « La Tasse, t’es fondue ! lui reprochaient ses camarades. Qu’est-ce que tu lui veux, à ce loquedu, une cloche qui tourne même pas rond ? » René Fallet, Un idiot à Paris, 1966

Mariolle

Francisation de l’italien mariolo (filou, petit escroc). La lexicographe Delphine Gaston avance que faire le mariolle pourrait s’inspirer de l’italien far le Marie (faire l’innocent), en raison de l’innocence prêtée à la Vierge. Le mariolle n’est qu’une version ancienne du kéké : frimeur, vantard, peu fiable. Toujours à vouloir jouer au plus fin, à « faire son intéressant »…

Variantes : mariol, mariole. Synonymes : charlot, guignol, cinglé, frimeur, filou, bravache, roublard, fanfaron… « Ne fais pas le mariol. Tu retournes au boulot ? » René de Obaldia, Tamerlan des cœurs, Grasset, 1955 « Dis donc, tes petits copains de la Nouvelle Vague, c’est quand même des drôles de mariolles ! » Jean Gabin à Belmondo, cité par Jean-Jacques Jelot-Blanc, Jean Gabin cet inconnu, Flammarion, 2014

Mariole, mariollette, marion, marionnette… En France, dans le langage populaire, la Vierge a autrefois connu quelques diminutifs : Marion, Mariollette (petite Marie), Mariolle… Une mariolle ou une marionnette (altération de mariollette ?) désignaient une figurine représentant la Vierge.

Maquereau

Du néerlandais makelâtre (courtier, intermédiaire). Comme beaucoup de produits de la mer, le maquereau (le poisson) est réputé aphrodisiaque. Une autre variété de maquereau, nageant en éternelles eaux troubles, exploite les femmes et les oblige à se prostituer (le proxénète). Par extension est aussi maquereau celui qui vit du travail des autres.

Variantes : mac, maq, maque. Variantes vieillies : arsouille maquereau, syndic de maquereaux, maquereau de vieille chair… Synonymes : souteneur, dos vert, dos d’azur, rufian, hareng, Milord-pot-au-feu, proxo, julot, marlou, marloupin, marle, barbeau, barbillon, barbiquet, un Alphonse, un Prosper… « Julot, un maquereau ! c’est-à-dire qu’il dit qu’il est un maquereau. Mais il n’est pas foutu de l’être. Moi je l’ai vu payer sa femme, oui, la payer […]. Ah, un maquereau Julot ? Il y en a beaucoup qui pourraient se dire maquereau à ce compte-là. Non seulement ce n’est pas un maquereau mais à mon avis c’est même un imbécile. » Marcel Proust, Le Temps retrouvé, 1927 « Prosper, yop la boum / C’est le chéri de ces dames ! / Prosper, yop la boum / C’est le roi du macadam »* Maurice Chevalier, Prosper, 1935

Groseille à maquereaux ? Une coquine qui a de nombreux amants (XIXe-XXe s.). * Le « grand Prosper » était proxénète place Pigalle.

Marteau

Du latin martellus (martel). Le marteau évoque l’image d’un coup. Il frappe, il cogne, il toque et peut même rendre toc-toc ! Prendre un coup de marteau sur la tête – si on y survit – suppose quelques séquelles entraînant un comportement bizarre, dérangé, insensé. Complètement marteau !

Synonymes : cinglé, à la masse, maboul, timbré, histéro-glinglin, piqué, sonné, fada, louf, dingue, frappadingue… « Hier, après trois mois de convalescence, enfermé dans l’appartement à en devenir marteau, j’ai enfin repris le travail. J’avais oublié à quel point c’était assommant ! » Christian Épalle, Le Temps d’un mensonge, Le Manuscrit, 2005

Mec

Mecque puis mec, mot d’argot qui apparaît au début du XIXe siècle. À l’origine, a le sens de souteneur (à rapprocher de mac, abréviation de maquereau). Est employé aujourd’hui familièrement pour désigner tout simplement un homme, un garçon.

Variantes : mecton, keum (en verlan). Synonymes : individu, type. « Fernand Raynaud, Bourvil avaient donné droit de cité au monde rural, Coluche a incarné l’irruption du langage urbain dans le parler collectif. C’est l’histoire d’un mec… […] un petit-fils excessif de Courteline, un cousin des metteurs en scène italiens, tendance Ferreri, une espèce de Céline qui aurait avalé un soleil […]. » Frank Tenaille, Coluche même pas mort, Éditions 1, 2006

Merde

Du latin merda (excrément). « Le mot de Cambronne », le grand classique ! Le plus historique des jurons et sans doute aussi le plus apocryphe : Pierre Cambronne (1738-1784) a-t-il réellement prononcé les cinq lettres à Waterloo ? (Il nia toute sa vie l’avoir fait.) L’interjection merde exprime la colère, la déception, la déconvenue, la surprise, la douleur… Le mot qualifie aussi une situation embarrassante, cafouilleuse, inextricable… Constat lucide : « C’est la merde ! » Merde s’applique encore à un produit, un événement ou une réalisation médiocres. À signaler enfin l’usage superstitieux du mot correspondant alors à un « bonne chance ». Et interdiction de répondre « merci » sous peine d’annuler la conjuration du mauvais sort. À moins peut-être de marcher dans une crotte du pied gauche !

Variantes : le mot de cinq lettres, merdaille, merdre (Alfred Jarry), miel… Synonymes : caca, merdier, mélasse, bordel… Zut, flûte, crotte, mince alors… Broutilles, riens (des petites merdes)… « À Paris, les soirs de printemps / Ça sent la merde et le lilas ! » Jehan Rictus, Les Soliloques du pauvre, 1896 « – Merdre. – Oh ! voilà du joli, Père Ubu, vous êtes un fort grand voyou […]. – De par ma chandelle verte, merdre, madame […]. – Oh ! merdre, tu es une fière andouille ! » Alfred Jarry, Ubu roi, 1897

Merdeux

Du latin merda (excrément). Grosso merdo, on est bien d’accord, les termes se rapportant à la fonction excrémentielle sont rarement valorisants. Merdeux ne fait pas exception. Employé comme adjectif ou nom commun.

Variantes : bâton merdeux, merdouilleur… Variantes vieillies : merdailleux, merdeur, merdaillon, merdaille… Synonymes : foireux, branleur, dégueulasse, petit con, bouseux, morveux, étron flottant, tonneau de fiente, raclure de chiotte, péteux, ordure, double pot de chambre, fine pelure de faux étron (Céline)… « Est-ce que je raconte dehors, moi, qu’elle est un vrai bâton merdeux, à ne pas savoir par quel bout la prendre ? » Zola, La Terre, 1887

Merdier

Un merdier est une situation embrouillée. On est dans une mauvaise passe, un sale pétrin…

Synonymes : bordel, grand désordre, pagaille, confusion, panade, mélasse, bourbier… « On avance tranquillement mais pour aller où ? Il est dans un bioutifoule merdier, ton Antonio chéri ! » San Antonio, La Matrone des sleepinges, 1993

Meuf

Verlan de femme. Curieusement, la meuf, verlan de femme donc, désigne davantage une fille, une nana… qu’une femme. Prennent le relais dans les cités, et au-delà, d’autres mots comme « ma chouch », « mon petit ach » (verlan de chat), ou bien encore « mon bord ». « T’es love de moi bébé, girl, t’es love de moi, ne fais pas genre » (Zifou, T’es mon bord). La meuf ne cesse d’inspirer les keums (les mecs)…

Synonymes : gonzesse, frangine, gazelle, belette, souris, morue, grosse, épouse, compagne, pépée (vieilli), petite copine… « J’écris de chez les moches, pour les moches, les frigides, les mal baisées, les imbaisables, toutes les exclues du grand marché à la bonne meuf […]. » Virginie Despentes, King Kong théorie, Grasset, 2006 « Les filles, donc, Renaud leur donne mille qualificatifs : elles sont des gonzesses, des morues, des meufs, ou des nanas, selon le jour ou la situation. » Régis Lefèvre, Dès que le vent soufflera, Favre, 1985

Morue

La morue (le cabillaud) est un grand poisson des mers… plutôt froides. C’est aussi une amoureuse professionnelle… plutôt chaude. C’est encore une injure (dès le XIXe siècle) pour une non-pratiquante de l’amour tarifé. L’insulte plonge volontiers dans la métaphore animale, pêchant maquereau, hareng, morue… vague réminiscence des injures des halles ? suggère Alain Rey dans son Dictionnaire historique. En ces temps-là, c’est vrai, les harengères savaient « s’engueuler »… comme du poisson pourri !

Variantes : vieille morue, sale morue, grosse morue… Synonymes : pute, racoleuse, salope, connasse, greluche… « Ah ! la garce, morue !… salée salope !… » Céline, D’un château l’autre, 1957 « Adèle, elle-même, qui prenait le bagout de Paris, traitait Louise de morue. » Émile Zola, Pot-Bouille, 1882

Vieilles injures poissardes Arsouille maquereau, syndic de maquereau, maquereau de vieille chair, dos vert, dos d’azur, gouvernante de maquereaux pourris, vieille anguille de la voirie, poisson d’avril (souteneur), courage d’écrevisse (poltron), figure de hareng sec, huître (imbécile), morue (fille publique), loquette de morue (petite morue), baptisé à l’eau de morue (éternel soiffard : la morue, salée, donne soif !), poisson sans ouïes, requin de terre (un huissier)…

Morveux

Origine incertaine. Est morveux ou morveuse celui, celle, qui, la morve au nez, devrait se précipiter sur un mouchoir… Le mot désigne encore une personne jeune, gonflée d’importance, en dépit de son âge et de son inexpérience. Un blanc-bec que l’on doit encore moucher mais qui joue au grand. « Se sentir morveux » revient à une prise de conscience humiliante de sa culpabilité, de ses lacunes ou de ses prétentions injustifiées.

Synonymes : merdeux, péteux, prétentieux… « Qui est-ce qui m’a bâti une morveuse pareille !… une gamine, on lui presserait le nez il en sortirait du lait, qui se permet de donner des ordres et de dire “va donc” à son mari ! » Courteline, La Vie de ménage, 1939 « Je vous ai mouché, morveux, et je vous moucherai encore. En grandissant, vous avez trouvé moyen de vous rapetisser […]. » Victor Hugo, Quatre-vingt-treize, 1874 « – Je ne nomme personne. – Je te rosserai si tu parles. – Qui se sent morveux, qu’il se mouche. » Molière, L’Avare, acte I, scène 3, 1669

Nain

Du latin nanus (nain). Personne de petite taille mais pas seulement. « Nous sommes des nains de un mètre quatre-vingts »… vous souvenez-vous de la chanson (Tom Novembre, 1994) ? Eh ! oui, la petitesse ne se mesure pas seulement sous la toise. Nain ou nabot expriment aussi et surtout le mépris devant le minable, le mesquin. Nain a pris le sens moral de personne sans envergure depuis le XVIIIe siècle.

Variantes : nabot, nain de jardin. Synonymes : avorton, demi-portion, résidu de fausse-couche, minus, microbe, myrmidon, gnome, pygmée, lilliputien, nul, rase-motte, fa dièse, rase-bitume, bas-duc… « Mon père n’accorda que deux adjectifs à celui qui était le mieux placé dans la course à la présidence : nabot et velu. […] il essaya toutes les variantes possibles. Foutu nabot. Nabot de merde. Salaud de nabot. Enfoiré de nabot. Nabot abruti. Nabot de rat. Connard de nabot. Salaud de rat velu. Fils de pute velu. Nabot fils de pute. Foutu velu abruti enfoiré de mes deux. Sans respirer ! » Juan Pablo Villalobos, Si nous vivions dans un endroit normal, Actes Sud, 2014 « Madame Arthur s’est sentie défaillir, bourgeoise qu’elle était. Sur ce arrive la Marie Charlet, sa maîtresse d’alors : “Où qu’ t’étais sale nabot !”. Elle se mit à tabasser ce pauvre Monsieur Lautrec. J’ai fait c’que j’ai pu pour m’interposer, tandis que la “fin d’série” s’en allait. » Michel Souvais, La Goulue. Mémoires d’une insolente, Bartillat, 1998

Naze

Du latin nasus (nez). Le naze, c’est le blair, le nez (en argot). Au XIXe siècle, toujours en argot, naze désigne aussi un syphilitique. On peut le deviner, être un naze, aujourd’hui comme hier, n’augure rien de bon. Est naze celui qui est fatigué. Par extension, un objet naze (cassé, fichu) est bon pour le rebut. Enfin, naze se fait insulte pour les bons à rien, les médiocres.

Variantes : nase, nazebroque. Synonymes : foutu, déglingué, crevé, détruit, idiot, crétin… « Je l’ai contemplé, lui et ses Weston impeccables, et les mots pauvre con, grosse tache, sont venus s’inscrire super-fort dans mon cerveau. Pauvre naze. » Vincent Ravalec, Du pain pour les pauvres, Librio, 1995 « Un peu parti, un peu naze / Je sors de la boîte de jazz / Histoire de reprendre un peu / Le cours de ma vie » Michel Jonasz, La Boîte de jazz, 1985

Nibards

Nibard, davantage usité aujourd’hui, vient remplacer nichon, terme plus fatigué mais pas oublié. Nibards et nichons sont synonymes, ils désignent bien sûr les seins des femmes. Variante : nibars. Synonymes : lolos, loches, nénés, seins, gougouttes, boîtes à lait, roberts, arguments, avant-scènes, pare-chocs, amortisseurs, airbags, avantages, rotoplos, doudounes, tétasses, collines d’amour (vieilli)… « – Il est si horrible ? – Violent, casseur, taulard. Et obsédé par la taille de mes nibards, par-dessus le marché ! Un vrai con, quoi ! » Barbara Constantine, Tom, petit Tom, tout petit homme Tom, Calmann-Lévy, 2010 « Pour jouir de l’existence, il fallait selon Maurice aller passer le week-end à Santa Barbara et s’envoyer une ou plusieurs nanas à gros nibards ; il ne rigolait pas avec les gros nibards. » Emmanuel Carrère, Je suis vivant et vous êtes morts, Le Seuil, 1993 « Nana ne fourrait plus de boules de papier dans son corsage. Des nichons lui étaient venus, une paire de nichons de satin blanc tout neufs. Et ça ne l’embarrassait guère, elle aurait voulu en avoir plein les bras, elle rêvait des tétais de nounou tant la jeunesse est gourmande et inconsidérée. » Émile Zola, Nana, 1880

Niquer

De l’arabe i-nik (il fait l’amour). Niquer… l’amour version exotique ou, autre sens, toujours posséder l’autre mais en l’abusant, le trompant. Niquer signifie encore abîmer, casser. « Va te faire niquer » est une invitation cavalière à aller se faire voir chez les Grecs. « Nique ta mère bouffon » n’est pas davantage une apostrophe débordante de tendresse.

Synonymes : baiser, forniquer… Voler, casser… Entuber, enfler, duper, entourlouper… « Dans le fond, j’ai bien fait de lui niquer sa grande fille, à Nicolas ButonDebraghette. Faut dire qu’elle y a mis du sien, la gredine ! » San Antonio, La Matrone des sleepinges, 1993

Nœud

Du latin nodus (nœud). Celui-là, pour le transformer en grossièreté, il faut oublier le rayon mercerie rubans et dentelles… Il désigne le pénis, et même son extrémité (gland). Traiter quelqu’un de « tête de nœud » n’est pas des plus sympathiques, on s’en doute.

Variante : neuneu. Synonymes : couillon, imbécile, branque… « Je suis en train de te mettre profond, toi, tête de nœud, le petit Chang va te pomper tout ton pognon. » Philippe Jaenada, Vie et mort de la jeune fille blonde, Grasset, 2004 « Merde à toi, tête de nœud. Fous-nous la paix, four à merde ! Encule-toi tout seul, espèce de malpoli ! » Zézette, dans Le Père Noël est une ordure, 1979

Nouille

De l’allemand nudel. Personne sans volonté, bête, et un peu molle, comme la pâte à spaghetti ou à lasagne. Maintenant n’allez pas conclure trop vite que la nouille est d’une éternelle mollasserie. En argot, encore appelée « macaroni », elle désigne la pique d’amour, l’outil priapesque… qui, fort et gaillard, peut s’endurcir et ne pas s’en tenir aux bagatelles de la porte.

Variantes : grosse nouille, nouille moisie, nouille-aux-œufs, tas de nouilles moisies, plat de nouilles… Synonymes : demeuré, idiot, lambinos… « Cette pauvre Kim Novak devait me voler la vedette, elle avait l’air d’une grosse nouille. » Stéphanie des Horts, Le Secret de Rita H, Albin Michel, 2013

Nullard

Du latin nullus (nul, rien, insignifiant). Terminaison en -ard, mauvais signe… Si le nul est un zéro, le nullard l’est tout autant. Voilà un zéro absolu, un ringard, un tocard, une erreur. Un gros walouf ! (de l’arabe walou « rien » fréquemment utilisé par les jeunes de banlieue).

Variantes : gros nul, nullité… Synonymes : zéro majuscule, nouille, naze, triple buse, ignorant, bon à rien… « Laurent avait un fils, d’un premier mariage, un nullard qui élève des moutons dans le Luberon. Il sait à peine compter […]. » Didier Van Cauwelaert, Richard Caron, Madame et ses flics, Albin Michel, 1985 « Il lui fait des poèmes bien charmants il se met bien avec des polos Ralph Lauren et du Fragrance by Diesel et il la stalke comme un walouf sur Facebook […]. » Quentin Leclerc, Michel Pimpant, Les Boloss des belles lettres. La littérature pour tous les waloufs, J’ai lu, 2013

Olibrius

Olibrius (une injure du Capitaine Haddock) est le nom de plusieurs personnages de l’Empire romain, pas très sympathiques. Un empereur du Ve siècle, un préfet d’Antioche, persécuteur de sainte Marguerite, un gouverneur des Gaules, persécuteur de sainte Reine en l’an 252… Au Moyen Âge, Olibrius devient le symbole de la cruauté, le type même du puissant bête et méchant. Variante : Olybrius. Synonymes : abruti, imbécile, fanfaron, bravache, prétentieux… « Mettons flamberge au vent et bravoure en campagne, / Faisons l’Olibrius, l’occiseur d’innocents. » Molière, L’Étourdi ou les Contretemps, acte III, scène 4, 1655 « – Espèce d’olibrius dit M. Clairain à Garrigas, tu ne verras pas la mosaïque, je t’enfermerai quelque part. » René-Jean Clot, Le Miroir de l’ogre, L’Âge d’homme, 1987 « Vous arrivez à bosser avec cet olibrius ? demandé-je calmement. […] Quand on le connaît on s’aperçoit qu’il est moins mauvais bougre qu’il n’y paraît. » San Antonio, Princesse patte-en-l’air, 1990

Ordure

Du latin horridus (sale). Une ordure est une chose sale, inutilisable dont on ne pense qu’à se débarrasser. Direction poubelle et décharge ! C’est encore une personne abjecte, méprisable, la boue du genre humain… Un immondice sur pattes ! « Belle ordure », « dernière des ordures », « sale petite ordure », « tas d’ordures », « ignoble ordure »… l’injure se décline et reste un grand classique.

Variantes : parfaite ordure, navrante ordure (Céline). Synonymes : gros pourri, fosse à purin, fumier, raclure, saloperie, enfoiré, dégueulasse, salaud, grossier personnage, traître, crevure, enflure, gros moisi… Chiure à pattes, fleur de fosse (Céline)… « Le temps est une belle ordure, il vous dépiaute encore vivants comme les bébés phoques. » Émile Ajar (Romain Gary), L’Angoisse du roi Salomon, Mercure de France, 1979 « Courtial n’était qu’un salopiaud, la pire des charognes ! Un faussaire ! Y avait pas deux ordures comme lui. » Céline, Mort à crédit, 1936 « Eh bien, toutes ces gonzesses, c’est rien. T’as pas idée ! C’est moins que rien : des ordures, des roulures, bonnes à t’entuber comme personne […]. » Francis Carco, Images cachées, 1928

Ostrogoth

Du latin ostrogothi (peuplade de Germanie, les Goths). Petit rappel : les Ostrogoths étaient les Goths de l’Est, et les Wisigoths, les Goths de l’Ouest. Des peuplades barbares de contrées lointaines. L’ostrogoth est un individu bizarre, rustre, étranger aux bonnes manières et aux usages en cours. Le terme est un peu tombé en désuétude. Pour le retrouver, il suffit parfois de feuilleter un album de Tintin…

Variantes : bougre d’ostrogoth (Capitaine Haddock), drôle d’ostrogoth, espèce d’ostrogoth… Synonymes : sagouin, salopard, rustaud, malappris, ignorant, sauvage, barbare…

Les mots doux du Capitaine Florilège… Analphabète diplômé – Amiral de bateau-lavoir – Anthropophage – Bachi Bouzouk des Carpathes – Astronaute d’eau douce – Bulldozer à réactions – Bougre d’extrait de cornichon – Cannibale emplumé – Crétin de l’Himalaya – Ectoplasme à roulettes – Espèce de loup garou à la graisse de renoncule de mille sabords – Jet d’eau ambulant – Macchabée d’eau de vaisselle – Mérinos mal peigné – Mitrailleuse à bavette – Concentré de moule à gaufres – Noix de coco – Projectile guidé – Simili-Martien à la graisse de cabestan – Squelette de pantoufle – Souris neurasthénique – Vercingétorix de carnaval – Tchouk-tchouk nougat – Marchand de guano – Garde-côtes à la mie de pain – Zouave interplanétaire…

Patate

De l’espagnol patata (pomme de terre). Tubercule comestible qui joue les noms d’oiseaux. Petite injure végétale, en direction d’une beauté manquée, grosse et un peu molle ou/et d’une personne stupide, naïve, rustre, un peu plouc…

Variantes : grosse patate, patate pourrie, patate douce, vieille patate pourrie, patapouf, pomme à l’eau (San Antonio), pomme cuite (Boudard)… Synonymes : abruti, nigaud, demeuré, gros tas… « La mère à Damien, c’est qu’une grosse patate pourrie ! déclama-t-il avec passion. Et Damien aussi, c’est qu’une grosse patate pourrie ! Y z’habitent dans une maison en patate pourrie et toute la journée y font qu’à manger des patates pourries ! Les patates pourries c’est pô dangereux. Ça peut pô courir et ça a même pô de bras. Alors pourquoi tu voudrais que j’aie peur ? » Cypora Petitjean-Cerf, Le Film, Stock, 2009 « Nathalie, ma folle, mon trognon de chou – ah bon ? C’est pas comme ça qu’on parle à sa frangine ?… Bien sûr que non, hé, patate ! Nathaloche, magaloche, ici tout marche. Pas de lézard, Balthazar. » Claude Duneton, Marguerite devant les pourceaux, Grasset, 1991 « Tu peux rigoler à ton aise, vieille patate pourrie, qu’on a plus voulu d’toi aux chemins de fer… » Éliane Norberg, La Danse des crabes, 1967

Paltoquet

De paletoc, ancienne forme de paletot (veste de paysan). Le terme désuet se retrouve encore de nos jours et son sens n’échappe à personne. Ce n’est pas un compliment, il nous apostrophe de façon presque élégante tout en nous « rhabillant pour l’hiver ». Un paltoquet est quelqu’un de prétentieux ou grossier.

Variante : petit paltoquet. Synonymes : pauvre type, mariolle, rustre, insolent, blaireau, paysan… « On ne croise plus dans les rues que jean-foutre et paltoquets. » André Gide, Les Caves du Vatican, 1914

Pedzouille

Origine incertaine. Vocable méprisant en premier lieu les paysans, les péquenauds, mais aussi les maladroits, les esprits butés. « Le champ » du petzouille s’étant considérablement agrandi, l’insulte désigne aussi bien le condescendant citadin que le brave rural.

Variantes : petzouille, pédezouille, petsouille, pequezouille, petesouille… Synonymes : péquenaud, plouc, cul-terreux, nigaud… « C’est très sain et très suffisant pour ce qu’on appelle un vulgaire pedzouille comme moi […]. » Marcel Proust, Le Côté de Guermantes, 1920 « Pedzouille ? intervient Paul […]. Ce n’est pas très gentil, ça ! » Vincent Cordonnier, Famille à l’essai, Magnard, 2017

Peau

Du latin pellis (peau, cuir). Peau est un vocable très correct et même bien sympathique : il nous donne « la peau de pêche », « la peau velours », « la peau d’ange », « la peau douce »… Il devient nettement moins affectueux en devenant « peau de vache », « peau de fesses », « peau de bique »… et il frise carrément l’insulte quand il se transforme en « vieille peau ». Une délicate apostrophe qui s’attaque à l’aspect physique voire au potentiel mental. Pas de pot !

Synonymes : has been, croulant, vieille chouette, gaga, gâteux, vieillerie, vieux cuir, antiquité, ancêtre, fossile, vieille ruine, vieux trumeau… « C’est une vieille peau, disait maman en parlant des gens qu’elle n’aimait pas (qui aimait-elle ?). Vieille peau, vieille baderne, vieux con, vieille carne, vieux schnoque, vieux débris, vieux machin, vieux croûton, vieux cochon, vieille ganache, vieux dégoûtant : les mots, la langue, les expressions toutes faites laissent entrevoir quelques difficultés à entrer dans la vieillesse d’un cœur léger. […] À quel moment devenons-nous vieux ? » Alain Héril, Dans la tête des hommes, Payot, 2016

Ils l’ont dit… Victor Hugo : « Oh ! je sais bien que je ne vieillis pas et que je grandis au contraire […]. Mon corps décline, ma pensée croît ; sous ma vieillesse il y a une éclosion. » (Correspondance, 1869) Philippe Geluck : « Être vieux, c’est être jeune depuis plus longtemps que les autres, c’est tout ! » (Le Chat, t. XVI, Castermann, 2010)

Pédale

Altération péjorative de pédéraste. Du grec paiderastes. Le mot s’emploie argotiquement depuis le début du XXe siècle pour injurier un homosexuel passif ou un homme jugé peu viril, fluet ou aux manières trop précieuses, efféminées. La référence à l’univers du vélo n’est pas impossible (allusion à la posture suggestive du cycliste).

Variantes : pède, pédé, pédard, pédéro, pédoque… Synonymes : tante, tata, tapette, fiotte, pédéraste, homosexuel, mimosa, coccinelle (allusion au coccyx), chou farci… « Il ne correspond nullement à mon visage aux traits énergiques, sous certains angles brutaux, qui a souvent […] été considéré comme viril, mais pas du tout, vraiment pas du tout, comme le visage d’une pédale botticellienne. » Michel Houellebecq, Sérotonine, Flammarion, 2019 « Alors Caïn dit : “Ô toi, sale petit morveux, sale petit lèche-cul, sale petit fayot, sale petite pédale, souffleuse de flûtiau de mon cul, prends garde !” » François Cavanna, Les Écritures. Les aventures de Dieu et du petit Jésus, Albin Michel, 2002

Pédé

Apocope de pédéraste. Injure homophobe. Le diminutif pédé apparaît vers 1836, précédé de sa féminisation pédale (autour de 1935) suivi de pédoque (1953), puis de péd (1972). Le mot, aujourd’hui banalisé à force d’avoir été répété et entendu, reste une insulte et, pour mémoire, les insultes homophobes sont punies par la loi et peuvent faire l’objet d’un dépôt de plainte.

Variantes : PD, pédale, pédoque (ou pédoc), péd… Synonymes : inverti, tapette, gay, tantouse, tafiole, fiotte, folle, tante, tata, chochotte (Bruant), Jésus (argot), lopaille, phoque, enfifré, tarlouze… Synonymes vieillis : croqueur d’andouille, cocotte en sucre, arracheur de palissade… « – […] Je vais finir par croire que t’es pédé. – Pourquoi ? Ça poserait un problème ? – Euh… – Alors ne dis pas des conneries grosses comme toi, et conduis. » Alexandra Julhiet, Les Cibles du manchot, Robert Laffont, 2009 « Dans le petit bled d’où tu viens / Les gens te traitaient pire qu’un chien / Il fait pas bon être pédé / Quand t’es entouré d’enculés » Renaud, Petit pédé, 2002

Peigne-cul

Du latin pectinare (peigner) et culus (cul). Inutile de revenir sur la puissante métaphore du peigne et du « soupirail fécal », elle est suffisamment parlante. Alors, bien sûr, le peigne-cul ne peigne pas, il rase, il ennuie ! C’est un grossier, un lourdingue, un médiocre, un casse-pieds. Colette, délicate, disait « peigne-chose »…

Variantes : peigne-chose, peigne-zizi, syndicat des peigne-chose (Colette), peigne-derche (San Antonio)… Synonymes : bon à rien, fainéant, glandeur, pauvre type… « Je suis le micro peigne-cul untel, le plus peigne-cul des peigne-cul, libidineux et galipéteux, je m’en rends compte et j’en souffre moralement. » Jean-Robert Thouy, Petit lionceau deviendra grand, Éd. Baudelaire, 2016 « Tous ces gens-là, tous ceux du Ritz, tous ceux du Fouquet’s, c’étaient des peigne-cul. » Georges Simenon, L’Enterrement de monsieur Bouvet, 1950 « Sachez messieurs que nous tenons cette réaction de peigne-zizi pour indigne d’hommes de votre classe. » Albert Simonin, Le Savoir-vivre chez les truands, 1967

Peine-à-jouir

Du latin peina (réparation, châtiment) et gaudere (se réjouir). Le peine-à-jouir n’a pas forcément une vie sexuelle désastreuse (quoique), mais c’est indubitablement un triste sire qui connaît bien des difficultés à éprouver du plaisir, en général. Au passage, relevons le bel oxymore (alliance de deux termes contraires) : peine et jouir étant mal mariés ensemble…

Synonymes : couille sèche, cul cousu, cul serré… pénible, râleur, neurasthénique, chiant, grognon, pisse-froid, pisse-vinaigre…

« Le parfum qu’elles dégagent est une invite à secouer ces foutaises d’a priori judéo-catho, l’encens n’étant pas l’apanage exclusif du peine-à-jouir chrétien. » Yann Queffélec, Le Plus Heureux des hommes, Fayard, 2007 « – Vous savez ce que vous êtes ? lui demanda la Reine. L’autre secoua faiblement la tête. – Vous êtes un insecte. Un gagne-petit. Un misérable, un peine-à-jouir, un avorton dénué d’ambition et de rêves. » Fabrice Colin, À vos souhaits, Bragelonne, 2013

Pétard

À première vue, celui-là n’a rien d’incorrect. C’est un casse-pieds qui nous ruine puissamment les oreilles, un jeu d’enfant, c’est aussi un souvenir bruyant de 14 Juillet, une exclamation (plus châtiée que « putain » !), une nouvelle à sensation (petite bombe qui fait scandale), un révolver (en argot), du tapage, du scandale, une cigarette goût cannabis… mais pas seulement. Comment nommer le bas du dos – car c’est bien de lui qu’il s’agit – quand il « perd son nom avec si bonne grâce » chantait Brassens (Vénus Callipyge). Assez trivialement, un pétard, peut-être !

Pétard est un cumulard : il appartient à la fois au registre militaire, à celui de la fête, à celui de l’amour… Synonymes : postérieur, fesses, cul, lune, joufflu, coussins de nature, globes, miches, derrière, croupière, popotin… « Est-ce beau, nom d’un pétard, est-ce beau ! » Flaubert, Correspondance, 1859 « Vous en avez un gros pétard ! » Marcel Proust, Sodome et Gomorrhe, 1921 « Elle avait pas vingt piges la môme et des petits nénés insolents… et la taille de guêpe… et un pétard comme je les aime, tendu, musclé, bien fendu. » Céline, Mort à crédit, 1936

Pétasse

Du latin pedere (péter). Attesté fin XIXe siècle. Terme injurieux à l’adresse d’une femme, supposée facile et forcément dotée d’un « QI d’huître mourante ». Se méfier des terminaisons en -asse toujours dépréciatives…

Synonymes : grognasse, pouffiasse, traînée, cagole, piche, Vénus de barrière, gonzesse, morue… « On voit mieux pour le racisme, “sale Noir”, ou l’homophobie, “sale pédé”, mais pour les femmes “sale femme”, ça ne marche pas. Avec “salope”, on s’approche, ou encore “sale pétasse” ou “sale pouffiasse”, là, on y est presque. » Brigitte Grésy, Petit traité contre le sexisme ordinaire, Albin Michel, 2009 « Je suis une pétasse. De celles que vous ne pouvez supporter ; de la pire espèce, une pétasse du XVIe, mieux habillée que la maîtresse de votre patron. […] Je suis un pur produit de la Think Pink generation, mon credo : sois belle et consomme. » Lolita Pille, Hell, Grasset, 2002

Péteux

Dérivé de péter ; du latin pedere. Un petit péteux est un peureux, un lâche, un pâle pourfendeur de nanodangers… ou bien un drôle de personnage imbu de sa petite personne malgré une insignifiance crasse. Bref, un pauvre type qui ne « vaut pas un pet de lapin » !

Variantes : péteux de fils de bourge, péteux d’église, péteux de banlieue chic, petit péteux de cabinet ministériel, péteux en costard cravate… Synonymes : foireux, peureux, prétentieux, minable… « J’ai bien compris que vous êtes un petit péteux qui s’imagine être la huitième merveille du monde […]. » Naëlle Charles, Bigoudis et petites enquêtes, Librinova, 2019

Il l’a dit… Léon Daudet (1867-1942) à Raymond Poincaré (1860-1934) : « Nain péteux ! »

Pétoche

Dérivé de pedere (péter). Pétoche est issu de l’argot des poilus de 1914-18. On imagine sans peine l’omniprésence de la peur, compagne quotidienne des soldats dans les tranchées… Avoir la pétoche, c’est péter de trouille, « faire dans son froc », chocotter (trembler de peur), avoir les jetons, les chocottes, le trouillomètre à zéro…

Variantes (vieillies) : pétasse, trouillette… Synonymes : frousse, peur, trouille… « Nous fanfaronnons mais nous sommes morts de trouille, morts de trouillette, vautrés dans notre pétoche. De pied en cap nous pétons dans la pétoche. Ah ah ah, dis-je à mon fils d’un rire pétocheux. Je trouve encore le moyen de rire […]. » Olivier Gadet, Le Fredon, Climats, 2000 « J’en bégaie de bonheur de les imaginer, exorbités de pétoche, béants de connerie […]. » Michel Audiard, La Nuit, le jour et toutes les autre nuits, Denoël, 1978 « Les Frisous, ils avaient une pétoche monstre, ils fonçaient dans les abris. » Raymond Queneau, Zazie dans le métro, 1959

Pine

Origine incertaine. Peut-être du latin pinea (pomme de pin) ou du franc-comtois pine (sifflet, flûte d’écorce). La pine (avec un seul n, à ne pas confondre avec la pinne, un grand coquillage marin) désigne l’outil d’amour indispensable pour « faire catleya ».

Variantes : pine d’ours (insulte), pinoche… Synonymes : bite, zizi, zob, dard, quille, membre viril, pénis, queue, chibre, braquemard… « Tâche de t’occuper un peu moins de l’espèce de navet qui te sert de pine et fais-moi l’honneur de me répondre. » Flaubert, Correspondance, 1859 « J’étais seul rue de Rennes. Les enseignes électriques m’orientaient dans des voies vaguement érotiques. Bonjour c’est Amandine. Je ne ressentais rien au niveau de la pine […]. » Michel Houellebecq, La Poursuite du bonheur, Flammarion, 1997

Pignouf

Probablement dérivé de pigner (geindre, pleurer). Pignouf est un mot populaire bien en vogue au XIXe siècle. Son emploi, aujourd’hui plus rare, persiste. Notre désuet pignouf désigne toujours un grossier personnage, un goujat, un idiot, parfois un pingre. Flaubert en truffait sa correspondance « pour dénoncer les rustres et les faux érudits ».

Variantes : pignoufle (rare), pignouflard(e) (XIXe s.)… Synonymes : goujat, rustre… « Le czar de Russie m’a profondément déplu. Je l’ai trouvé pignouf. » Flaubert à George Sand, 12 juin 1867 « Il paraît que tu étudies le pignouf ; moi je le fuis, je le connais trop. J’aime le paysan berrichon qui ne l’est pas, qui ne l’est jamais, même quand il ne vaut pas grand-chose… Le mot pignouf a sa profondeur, il a été créé pour le bourgeois exclusivement, n’est-ce pas ? » George Sand à Flaubert, 17 janvier 1869

Pignouf & cordonnier Le saviez-vous ? Dans l’argot des cordonniers pignouf désignait un apprenti.

Pisse-froid

Du latin pissiare (uriner). Voilà un triste sire, sans humour, sans chaleur, sans joie de vivre. Rien ne l’émeut, il traverse la vie, indifférent, chagrin, mélancolique… Le contraire d’un joyeux drille ou d’un Roger-bon-temps. « Un chevalier à la triste figure », « un corbillard à deux roues », disait-on autrefois…

Variantes : pisse-vinaigre, pisse-froid dans la canicule (vieilli), pisse-verglas dans la canicule (vieilli)… Synonymes : ennuyeux, maussade, froid, couard, peureux, flegmatique, fesse-mathieu, rabat-joie… « Vilain sac à chien ! Coquin ! Voleur ! Vicomte de la friperie ! Y mériterait qu’on lui colle l’âme z’au ventre ! Et qu’on lui ôte la vie pour le reste de ses jours… Pisse-verglas dans la canicule ! » Anonyme, Le Parfait Catéchisme poissard, 1835 « Il parlait, ce sournois, ce pisse-froid, qui n’avait jamais montré à personne la couleur de son opinion, et qui se sauvait, dans la crainte de ses supérieurs, dès qu’il s’agissait d’être un homme ! » Émile Zola, La Terre, 1887 « Ah ! que j’aime Victor Hugo et ne m’en excuse pas ! Que j’aime parler de lui en laissant franchement courir ma plume ! Mais lorsqu’on parle de Victor Hugo arrive toujours un pisse-froid et qui déclare : “Je n’aime pas Victor Hugo.” » Jean-Paul Sartre, dans Les Temps modernes (revue mensuelle), 1954

Pisseuse

Du latin pissiare (uriner). Le pisseux évoque l’urine et ne bénéficie pas d’une grande considération. La pisseuse, épithète méprisante et sexiste, s’adresse à une petite fille ou une femme. Il y a bien longtemps, on disait « pisseresse ».

Variantes : sale petite pisseuse, truie de pisseuse (Céline). Synonymes : petite merdeuse, nana, fillette, greluche… « Une sale pisseuse qui se conduit en sultane parce que son épouvantail de mari est le maire. » Yasmina Khadra, Les Agneaux du seigneur, Julliard, 2012

Plaie

Du latin plaga (blessure). Situation ou personne qui cause des ennuis. « Quelle plaie ! » exprime l’agacement devant un insupportable casse-pieds que l’on peut assimiler, en exagérant à peine, à une calamité, un fléau, une blessure.

Synonymes : purge, emmerdeur, raseur, casse-bonbons, casse-burnes, casse-couilles… « […] elle murmura un : “Quelle plaie !” qui m’eût pleinement édifié sur la nature de ses sentiments, si j’eusse encore conservé quelque illusion à cet égard. » Courteline, Madelon, Margot et compagnie, 1890

Plouc

De l’apocope des noms de communes bretonnes en « plou » et « ploug ». Avez-vous remarqué la forte concentration toponymique de localités en « plou » en Bretagne ? De quoi donner des idées aux mauvaises langues… Plou a pour sens « communauté » puis par extension « paroisse ».

Plouc évidemment n’a rien d’un compliment. Il témoigne d’une supériorité supposée et méprisante des citadins pour les campagnards ou les individus jugés mal dégrossis, aux manières disgracieuses et aux goûts triviaux. Le plouc n’est pas chic !

Synonymes : péquenaud, bouseux, paysan, lourdingue, rustre, provincial, ahuri de Chaillot (vieilli : sous l’Ancien Régime, les habitants de Chaillot étaient considérés comme des lourdauds sans éducation)… « Les riches ne font plus envie. Ils sont gros, moches et vulgaires, leurs femmes sont liftées, ils vont en prison, leurs enfants se droguent, ils ont des goûts de plouc, ils posent pour Gala. » Frédéric Beigbeder, L’amour dure trois ans, Grasset, 1997

Ploukistan ? Pays imaginaire habité par… les ploucs. Également orthographié « Plouquistan ».

Pochtron

Dérivé de pochard. Le pochtron (pochtronne au féminin) s’adonne « sans modération » aux boissons alcoolisées. Il a « la dalle en pente », souvent « chaud aux oreilles »… et voue un culte bien arrosé à Dionysos (Bacchus chez les Romains).

Variante : pochetron. Synonymes : ivrogne, soiffard, alcoolo, biturin, soulaud, poivrot, boit-sans-soif, sac-à-vin… Quelqu’un de pompette, poivré, beurré comme un petit Lu, pété, cuit, torché, paf, schlass, rond comme une queue de pelle… « Je m’souviens même plus c’qu’on fêtait / Mais on n’a pas bu trop d’tisane / C’matin j’ai une casquette plombée / Sur le crâne / Pochtron, pochtron » Renaud, Pochtron, 1983 « J’admire Balzac et je ne peux m’empêcher de le considérer comme un balourd vaniteux, je vénère Faulkner et je ne peux oublier qu’en vérité c’est un pochetron, un pochetron honteux qui se cachait sous des façons collet monté. » Pierre Michon, Le roi vient quand il veut. Propos sur la littérature, Albin Michel, 2007

Poire

Du latin pira (poire). Une bonne poire est une personne bienveillante, d’une indulgence aveugle, d’une grande naïveté, qui se laisse aisément duper. Belle métaphore fruitière que celle de cette poire bien mûre, facile à cueillir, qui tombe facilement de l’arbre comme le dupe tombe facilement dans le piège tendu. La bonne poire est la gentille victime un peu sotte que l’on abuse et que l’on moque. Depuis le XIXe siècle, poire est encore synonyme de « face ». Et on ne peut évoquer la poire et la face, le visage, sans songer au caricaturiste Charles Philippon (1800-1862) qui croqua « la poire » de Louis Philippe (1773-1850), roi des Français. Face royale piriforme, comique et grotesque !

Variantes : bonne poire, bonne pomme. Synonymes : cruche, godiche, dupe, naïf, candide… « – Je ne me plains pas… M. le directeur est très bon pour moi. Quand elle fut seule, Alice ne put s’empêcher de murmurer : – Décidément, c’est un brave homme ; mais, quelle poire ! » Alphonse Allais, L’Affaire Blaireau, 1899 « La bonne poire est complaisante et remplie d’une grande indulgence. Son état d’esprit à l’égard des gens est de s’accommoder à leurs désirs puissants. Sa facilité à pardonner la faute lui permet de garder la tête haute […]. » Nadine Poincignon, L’Âme de mes pensées, Lulu.com

Pouffiasse

Origine inconnue. Sens premier : prostituée, puis par extension, femme ou fille ni très jolie ni très élégante. Plutôt facile et vulgaire. Encore un suffixe en -asse. Peu sympathique comme d’habitude.

Variantes : grosse pouffiasse, pouffiasse molle, pouf(fe), sale pouf(fe)… Synonymes : pétasse, grognasse, radasse, connasse, pute, boudin, thon, greluche, salope… « Et alors ? grondai-je. […] Avec une agilité surprenante, l’ignoble pouffiasse se retourna, stupéfaite. » Léo Malet, Brouillard au pont de Tolbiac, Robert Laffont, 1956 « Ta gueule, pouffiasse molle ! Je parle comme je veux, c’est pas une vieille catin comme toi qui va me faire la morale. » Jackie Berroyer, J’ai beaucoup souffert de ne pas avoir de mobylette, Le Cherche Midi, 2004

Pouilleux

Du latin pediculus (pou). Pouilleux désigne celui qui est couvert de poux et de vermine. Et par extension, une personne sale et misérable. Le mot souligne un aspect physique répugnant ou stigmatise une condition sociale, économique peu reluisante.

Variantes : pouillousse, pouilladin… Synonymes : cradingue, dégueu, misérable, malpropre, minable, clodo… « Il cessait d’être le pouilleux pour se muer en prince invisible : “Vous qui croyez que je suis petit et misérable, vous ne soupçonnez pas à quel point je peux être souverain.” » Boris Cyrulnik, Les Vilains Petits Canards, Odile Jacob, 2001

Pourriture

Du latin putere (pourrir). Encore de l’injure embaumante… Une pourriture, ou un pourri (ripou en verlan), n’inspire guère confiance. Question de loyauté, de morale. Le mot se jette avec dégoût à un douteux personnage, à une planche pourrie !

Variantes : sale pourriture, petite pourriture, pourriture parfaite (Céline), putrissure (rare)… Synonymes : fumier, ordure, dégueulasse, saleté, charogne, foutrissure, grosse merde… Trombe d’ordures, face de fumier, fleur de fosse, barbaque d’épandage, baudruche pourrie (Céline)… « […] ce M. White est une pourriture… une sale vermine et un vilain. Excusez-moi mais j’ai été offensé. » Francis Blanche, Pierre Dac, Signé Furax : le boudin sacré, 1971

Prose

Prose, deux définitions, deux ambiances : forme ordinaire du discours, oral ou écrit (opposé à la poésie), cher à monsieur Jourdain. « Tout ce qui n’est pas prose est vers et tout ce qui n’est point vers est prose » (Molière, Le Bourgeois gentilhomme, acte II, scène 4) ; « l’endroit où le bas du dos ressemble à la lune » (Brassens, Vénus Callypige).

Variantes : proze, prozinard… Synonymes : fesses, postérieur, cul, derrière, pétard… « Il les a filés à la lourde depuis un bout de temps et à coups de lattes dans le proze dans le cas de certains obstinés. » Albert Simonin, Du mouron pour les petits oiseaux, 1960

Ripou

Verlan de pourri, du latin putrire (pourrir). Un ripou nous l’a fait à l’envers ! C’est un corrompu, un véreux. Qu’il soit fonctionnaire de police, juge, ministre, avocat… On se souvient du film de Claude Zidi Les Ripoux (1984), qui portait à l’écran des policiers « ripoux » joués par Philippe Noiret et Thierry Lhermitte.

Variantes : pourrave, pourlingue. Synonymes : magouilleur, ordure, fumier, faisan, malhonnête… « – […] J’hésite entre passer pour un con ou un ripou. – Et c’est ? – Ni l’un, ni l’autre. Mais t’es pas forcée de me faire confiance. » Maud Tabachnik, Un été pourri, Viviane Hamy, 2012

Punaise

Dérivé du latin putinasius (qui sent mauvais). Substitut des interjections putain ou purée, petit insecte parasite à l’odeur repoussante, ou encore insulte entomologiste bien sentie. La punaise désignait autrefois une femme de mauvaise vie. Aujourd’hui, elle qualifie une personne désagréable, prompte à envenimer toute querelle. Une mesquine, une sournoise. Ou, pour rester dans un registre olfactif soutenu, une petite merdeuse…

Variantes : sale punaise, punaise d’hôtel borgne… Synonymes : chipie, garce, putain, vermine, pestouille… « Et toi, hyène de marécage ! Espèce de raclure de bidet ! Punaise d’hôtel borgne ! Vieille chienne pelée, baveuse et impropre à la consommation, même sans ton dentier […]. » Michel Thaler, Le Train de nulle part, Pascal Petiot Éditions, 2004

Putain

Du latin putidus (infect, sale, puant). Et voilà encore de l’injure bien sentie ! qui décline son mépris ou son écœurement en « sale putain », « vieille pute », « grosse pute », « fils de pute », « salaud d’enfant de pute à la graisse de couille de kangourou » (Boris Vian)… À moins qu’elle ne vienne tout simplement ponctuer le discours, devenant alors une exclamation de colère, de joie, ou de surprise. Il n’y a pas si longtemps, le mot était remplacé par son initiale suivi de trois pudiques points de suspension. C’est seulement à partir de 1962 que les mots interdits (P…, B…, C… [putain, bite cul]) pourront s’écrire en toutes lettres. Le non-respect de cette règle entraînait une condamnation pour outrage.

Variantes : pute, pute borgne, putasse… Synonymes : pouffiasse, pouffiasse de dernière zone, salope, pétasse, morue… Putain con (ponctuation de base du Sud-Ouest), punaise, zut… « Wouah… Putain, merci ! » Jean Dujardin recevant son oscar, 2012 « Fallait pas m’appeler ce soir, je suis en pleine dérive…C’est mon quatrième pastis et je vois des aurores boréales dans le ciel de Paris. Putain, Virginie ! On est vraiment des merdes. » Christian Angles, Le Cercle défendu, Les nouveaux auteurs, 2014 « Il échappait souvent de dire à la reine [en parlant de la Montespan] cette pute me fera mourir. » Saint Simon, Mémoires

Quéquette

Dérivé de bistoquet avec le suffixe -ette, évoquant quelque chose de pointu. Quéquette… un gros mot tout joli pour les petits qui désigne d’ailleurs le pénis d’un garçonnet.

Variante : quiquette. Synonymes : zizi, bistouquette, bébête, zigounette, zigouigoui, zézette, bibitte, kiki… « Jésus Christ a une quéquette Pas plus grosse qu’une allumette Il s’en sert pour faire pipi Vive la quéquette à Jésus Christ » Chanson enfantine, citée dans Le Folklore obscène des enfants, Claude Gaignebert, Maisonneuve et Larose, 1974

Il l’a dit… Pierre Desproges : « Quéquette en décembre, layette en septembre. »

Queue

Du latin cauda (queue). Seulement un gros mot quand il désigne le membre viril ! Mot qui traduit ou rappelle une certaine animalité, assez en rapport avec les activités crapuleuses du zizi panpan. Une histoire de « bête à deux dos »…

Synonymes : bite, pine, bambou, scoubidou, timon, dard, popaul, gourdin, goupillon, zob, chandelle, dard, chibre, sucre d’orge… « La queue, notre douloureux et agréable problème. Qu’on la nomme queue, zizi, sexe, pénis, phallus, bite, verge, braquemart, ou pine, vit, quéquette, tige. » Daniel Welzer-Lang, Nous les mecs, Payot, 2009

Roubignoles

Origine discutée. Peut-être provençale. Allusion aux « robignoles », des boules de liège servant à un jeu (des cocanges) très en vogue entre 1873 et 1875. Appellation argotique et joliment désuète des testicules. Moins cru que « couilles », « burnes » ou « glaouis » et presque aussi mignon que « coucougnettes »…

Variante : roubignolles. Synonymes : couilles, roupettes, roustons, burettes, valseuses, noix, cacahuètes, bijoux de famille, burnes, balloches… « Ceci dit, personne, sur cette putain d’planète, ne saura jamais à quel point vous pouvez m’casser les roubignolles ! » Roger Semet, Le Onzième Commandement, Calmann-Lévy, 1974

Queutard

Dérivé de queuter, du latin cauda (queue). Voilà « une terreur des cramouilles », « un terrible enjambeur » (Albert Simonin), un excité de la zigounette, pratiquant assidûment l’escrime d’amour. Mais possiblement sex addict, le pôôôvre…

Synonymes : bitard, tringlomane, cavaleur, coureur (de jupons), baiseur, bite sur pattes, obsédé, tringleur, Priape, Casanova, vieux cochon, fiévreux du biniou, fier sabreur, enragé du trou normand (San Antonio)… Plus anciens : grippe-con, grand fouteur, fesse-chambrière (spécialiste des amours ancillaires), enfant de la messe de minuit (jouisseur, débauché), passe-partout à cul, catholique à gros grain, bâtard de Paphos… « Je t’ai demandé avec qui un vieux queutard de ton espèce couchait en mon absence, tu m’as répondu que tu t’étais payé un vibromasseur en plaqué or. » Alain Absire, Deux personnages sur un lit avec témoins, Fayard, 2006 « Côté du scoubidou, l’enragé du trou normand colimaçonne, par contre, il devient duret de l’écoutille […]. » San Antonio, Buffalo Bide, 1991

Racaille

Simplification (fin XIIe siècle) de rascaille. Mot apparenté à l’ancien français rasche (teigne) lui-même dérivé du bas latin rasicare (gratter). La racaille, proche de la canaille par le sens et la forme, désigne un ramassis de teigneux, malhonnête et méprisable. Ces dernières années, racaille, plutôt désuet, avait tendance à se ringardiser. « Verlanisé » ou pas, il semble retrouver une nouvelle jeunesse.

Variantes : caillera (verlan), racaille puérile (Céline)… Synonymes : voyou, vaurien, pègre, vermine, crapule, fripouille, petite frappe… « Vous en avez assez, hein ? Vous en avez assez de cette bande de racailles ? On va vous en débarrasser ! » Nicolas Sarkozy, Argenteuil, 2005 « – Caillera ? C’est quoi ? – La caillera, c’est la racaille. Tu vois le truc ? Tu prends un mot et tu lui fous le cul par-dessus la tête. ça te donne un nouveau mot, caille-ra pour ra-caille, tu piges ? […] on parle tous caillera. C’est la langue des youvois, des voyous si tu préfères […]. » Dominique Fournier, Douleur angevine, Geste Éditions, 2019 « […] ces quarterons de bafouilleurs, d’écervelés aigris, moisis prétentieux, racaille puérile… embarrassante même à regarder ! » Céline, Bagatelles pour un massacre, 1938

Raclure

Du latin radare (racler, raser). Sens métaphorique de déchet, débris. On est ici en mauvaise compagnie, une personne du plus bas étage, méprisable, abjecte.

Variantes : raclure de chiottes, raclure de bidet, raclure d’égout, raclure de moisissure de chiottes à la turque, raclure de fond de chiotte, raclure de tiroir… Raclure moisie, sale raclure (Céline). Synonymes : rognure, ordure, saleté, vermine, fumier, enflure, roulure, rebut, crevure, salaud… « “Si elle te ressemble, ô raclure de bidet, alors je me fais moine !” dit Tobias. » Paula Jacques, Un baiser froid comme la lune, Mercure de France, 1983 « T’es qu’une raclure, un éclat de foutre, de la sous-merde. » San Antonio, Cocottes minute, 1999 « – Raclure de bidet ! – Cressonnette de pissotière ! – Rondelle de pompe à merde ! Le dialogue se dégradait rapidement, bien que Georges se soit ingénié à ne pas utiliser des mots trop blessants […]. » J. Lucien Maujean, La Mare aux songes, 2003

Radasse

Peut-être dérivé de l’argotique radeau (comptoir). Ou de rade (bar). La radasse traîne de port en port, de rade en rade, racole sur la voie publique, dans les bars… C’est une femme vénale ou une fille facile. Le mot peut aussi désigner une femme (peu distinguée).

Variantes : radeuse, radasson. Synonymes : traînée, reine à trône de bidet (vieille prostituée), vieux fond de cale, gravosse, gagneuse, crevette, langouste, frangine, arpenteuse, trimardeuse, gigolette, grognasse, pouffiasse, putain… « Radasse : le chaînon manquant entre la blondasse et la pétasse. La radasse est une blondasse matinée de pétasse qui exerce son courroux dans les rades. Tout cela relève du dernier chic. »

Jean-Christophe Florentin, Le Guide de la parfaite salope, Albin Michel, 1990 « Une radasse avec un renard mort au cou, écluse au bar. La vamp sur catalogue […] : platinée, robe fourreau noire… » San Antonio, Fais pas dans le porno, 1986

Rastaquouère

Emprunt déformé d’un mot espagnol d’Amérique, arrastacuero ou rastracuero (personne méprisable). Drôle de paroissien que ce rastaquouère… On le suppose d’origine sud-américaine. « Cousu d’or et brodé d’argent » : sa richesse est suspecte, son allure voyante et de mauvais goût. La caricature de l’aventurier douteux, de l’escroc exotique.

Synonymes : métèque, aventurier, étranger, intrigant… « Croirais-tu, mon cher, que pas plus tard qu’avant-hier, au lieu de souper avec moi, comme elle me l’avait promis, elle a filé avec une espèce de rastaquouère qu’elle a rencontré dans les coulisses ? » Fortuné Du Boisgobey, Double-Blanc, 1889 « – Lola ? Comme Lola Rastaquouère ? Et il entonne la chanson de Serge Gainsbourg. “Comment oses-tu me parler d’amour, toi, hein ? / Toi qui n’as pas connu Lola Rastaquouère […]” » Reine Andrieu, Le Chant des Amazones, BoD, 2019 « J’aspire à une vie de rastaquouère mais j’ai mes lâchetés. Je voudrais des révolvers dans chacune de mes poches, alors que je ne sais pas tirer. On peut avoir l’âme d’un bandit mais pas les tripes. » Philippe Claudel, Parfums, Stock, 2012

Rat

« La gent trotte-menu » est variée. On distingue de nombreuses sortes de rats : rat des champs, rat des villes, de bibliothèque, de laboratoire, d’église, d’opéra, de cave, d’égout, d’hôtel…. mais celui qui nous intéresse ici joue les fesse-mathieu : les radins ! Le gaspard (surnom populaire du rat), avec ses dents tranchantes, sa queue nue, son museau pointu ne passe pas non plus pour un premier prix de beauté. Il inspire à beaucoup une certaine répugnance. Aussi, se faire traiter de face de rat peut être considéré comme tout à fait désobligeant. Maintenant, être fait comme un rat (être coincé, pris au piège) n’est guère plus enviable.

Variantes : rat de soute, face de rat (visage laid), radingue… Variantes vieillies : fesse de rat, rat de palais (homme d’affaires véreux), sous-rat de sacristie, rat mort (vieux ladre)… Synonymes : radin, avare, rapiat, grippe-sous… « Il ne les attache pas avec des saucisses disait-on […], ce qui voulait exprimer qu’il était avare, pingre, radin, rat, près-de-ses-sous. Mme Haque avait trouvé mieux : “Il est avaricieux !” disait-elle, ce qui fleurait bon le terroir. » Robert Sabatier, Olivier et ses amis, Albin Michel, 2012

Les rats du XVIIIe Autrefois, avoir ses rats signifiait avoir des lubies, des caprices, des vapeurs, des bizarreries… « Avoir l’esprit folâtre, un grain de folie », explique le dictionnaire de Philibert-Joseph Le Roux (1718).

Ringard

Invective favorite de l’artiste Daniel Prévost. Et attention, terminaison en -ard (tocard, connard, flemmard, ringard…), moquerie et dépréciation à coup sûr ! D’abord exclusivement réservé au monde artistique, aux acteurs ratés, son usage s’élargit. Extension du domaine de l’insulte ! Un ringard est un pauvre type, une nullité majuscule. Un ringardos, un craignos, un débilos, un boloss. Parfois même un cassos ! Terminaisons en -ard ou -oss, même combat !…

Variantes : sale ringard, pauv’ ring’, hyperringard, hyperringardos… Synonymes : has been, minable, tocard, démodé, vieux jeu, gros naze, vieux schnock… « Le ringard est emprunté, prétentieux, démodé, frimeur, imbécile, ridicule. Il est tout ce qu’on voudra ou presque ! » Jean-Claude Carrière, Tous en scène, Odile Jacob, 2007 « Je n’ai jamais été à la mode, comment voulez-vous que je sois ringard ? Tandis que vous, vous êtes pour l’instant à la mode, donc vous deviendrez ringard ! » Daniel Prévost à Marc Olivier Fogiel, On ne peut pas plaire à tout le monde, France 3, 19 octobre 2001 « J’ai eu honte pour toi, c’était vraiment ringardos. » Adrien Goetz, Intrigue à Versailles, Grasset, 2009

Roulure

Du verbe rouler. Roulure… une femme d’expérience, une belle, de nuit ou de jour, bien faite et parfois bien refaite, mais qui sait rouler sa bosse… Vive les voyages !

Synonymes : putain, salope, Vénus à temps plein, traînée… « Et vous savez où tout ça passe ? chez la Mélanie, une sacrée roulure qui a rendu Burle complètement idiot. » Émile Zola, Contes et nouvelles « C’est c’te sale cocotte qui vient chez l’journalisse d’en haut qu’a renversé Nicolas sur l’palier. Comme si on devrait laisser des roulures comme ça qui n’font seulement pas attention aux e’fants dans les escaliers ! » Maupassant, Bel-Ami, 1885

Tache

Origine incertaine. Emploi métaphorique du mot tache (salissure). La tache sans consistance, sans grande valeur désigne un pauvre type « frappé d’alignement » (dénué de bon sens).

Variantes : pauvre tache, espèce de tache, tacheman, tachon (régionalisme)… Synonymes : souillure, erreur, bougnette, salissure… Abruti, personne lamentable, pénible, nulle, minable… « – Pauvre tache, dit David. – Tache toi-même, dit Jerry. – Vexé, vexé, vexé, vexé, dit David. – Toi-même, toi-même, toi-même, toi-même, dit Jerry. » Frédéric Beigbeder, Windows on the world, Grasset, 2003

Salaud

Dérivé de sale. Salaud ne montre qu’assez tardivement le bout de son vilain nez : fin du XIXe siècle. Son féminin salaude, tombé en quenouille et désuétude, se voit remplacer par salope. Proches phonétiquement, salaude et salope ne sont pourtant pas étymologiquement liés. Ce très classique « gros mot » stigmatise l’individu méprisable, agissant contrairement à la morale ou la loyauté.

Variantes : saligaud, salopard, saligot… Synonymes : ordure, fumier, malhonnête… « Salauds d’pauvres ! » Gabin (Grandgil), dans La traversée de Paris, film de Claude Autant-Lara, 1956 « Les salauds vont en enfer » Titre d’un roman de San Antonio, 1956

Saligaud

Du francique salo (sale) comme salaud. Variante adoucie de salaud. Dès le XVIIe siècle, saligaud gratifie une personne physiquement négligée, malpropre, mal accoutrée. Aujourd’hui, saligaud a pris du pied dans la chaussette, sa signification élargie, il désigne aussi quelqu’un de malhonnête et de moralement répugnant.

Variantes : salaud, saligot, salopiaud, salopard, bougre de saligaud… Synonymes : ordure, pourri, fumier, dégueulasse, honte du genre humain… « Elle se défendit par des raisons dites en général. Quand une femme avait pour homme un soûlard, un saligaud qui vivait dans la pourriture, cette femme était bien excusable de chercher de la propreté ailleurs. » Émile Zola, L’Assommoir, 1877 « Marius, il y a de tout dans notre famille : des corsaires, des douaniers, des contrebandiers, des imbéciles, et même des vulgaires mastroquets comme ton père, mais il n’y a jamais eu de saligauds. » Fanny, film de Marcel Pagnol, 1932

Salope

Probablement composé des mots sale et hoppe (huppe, oiseau réputé pour sa saleté). Première attestation en 1607. Salope… un grand classique dans le domaine de l’injure ! Aussi offensante qu’indémodable et s’adressant indifféremment à un homme ou une femme. Dans un premier temps, salope ne concernait que les femmes aux appétits sexuels débridés, puis son usage s’est largement répandu. Est une « belle salope » une femme ou un homme méprisable.

Variantes : saloperie, salopette (rare), marie-salope (une injure mais aussi un bateau avec drague aspiratrice pour dévaser les fonds aquatiques, appelé familièrement « une suceuse »)… Synonymes : chiennasse, chaudasse, putain, cochonne, allumeuse, dévergondée, garce… Traîtresse, traître, saleté, ordure… « Touche pas au grisbi, salope ! » Francis Blanche, dans Les Tontons flingueurs, film de Georges Lautner, 1963 « – T’es quand même une belle salope ! – Oh ! t’as que ce mot-là dans la bouche depuis que t’es sorti de prison. “T’es une salope”, “t’es une salope”, “t’es une salope”… – Bah… Peut-être que j’ai pas assez de vocabulaire. Je trouve pas d’autre mot pour désigner quelqu’un qui a agi comme tu l’as fait. – Mais c’est pas ça une salope ! Je suis incapable de vivre toute seule, c’est pas de ma faute, non ? » Jean Yanne et Mireille Darc, dans Laisse aller… c’est une valse, film de Georges Lautner, 1971

Saloperie

Formé à partir de salope (femme sale). Depuis longtemps, la saloperie désigne la saleté, le répugnant (physiquement aussi bien que moralement). De nos jours, le sens s’est élargi : une saloperie reste une « crasse », elle dénonce aussi la malhonnêteté, la traîtrise, la vachardise. Plus la saloperie est « belle », plus elle est… moche !

Synonymes : ordure, cochonnerie, crasse, saleté, vacherie…Personne méprisable, traître, fumier, vermine, faux-jeton… « Toutes, des femmes que je ne voudrais pas toucher du bout des doigts, de la canaille, de la saloperie ! Cette Normande est la dernière des dernières. » Émile Zola, Le Ventre de Paris, 1873 « Il faut que tu sois une fière saloperie pour oser m’aimer après tout ce que je t’ai fait. » Jean-Paul Sartre, Le Diable et le Bon Dieu, 1951

Sapajou

Mot d’origine brésilienne. Vous trouverez le sapajou (un singe au faciès peu gracieux) dans les forêts humides et chaudes de l’Amérique du Sud. Mais pas seulement… parce qu’un sapajou peut aussi désigner une personne laide, ridicule. Le singe, grimacière créature du diable, est affligé d’une réputation de laideur, de lubricité, de paresse… Le mot se transforme en injure, notamment chez Hergé où vous pourrez le débusquer jusque dans L’Île mystérieuse.

Variantes : sajou ; sapajou-la-caisse, demi-sapajou (Céline). Synonymes : macaque, guenon, babouin, sagouin, singe, mocheté, Quasimodo, crème de laideur… « “Hello ! hello ! Ferdinand !” qu’il me relançait le sapajou à bout d’astuce, désolé… » Céline, Mort à crédit, 1936

Tante

Du latin amita (tante). Depuis le XIXe siècle, tante et ses dérivés tantouse ou tantouze désignent avec mépris un homme. Parce que cette tante-là pourrait en fait être un oncle… L’injure est double, homophobe et misogyne. Elle entend humilier et se moquer d’un homme à l’aspect efféminé, signe supposé de son homosexualité.

Variantes : tata, tantouze. Synonymes : pédale, pédé, tafiole, tarlouze, tapette… « Qu’est-ce que c’est au juste une tante ? lui demanda familièrement Zazie en vieille copine. Une pédale ? une lope ? un pédé ? un hormosessuel ? Y a des nuances ? » Raymond Queneau, Zazie dans le métro, Gallimard, 1959 « Si ma tante en avait, on l’appellerait mon oncle et si mon oncle en était, on l’appellerait ma tante. » Pierre Dac, Les Pensées, 1981

Thon

Du latin thunnus (thon). Et on se demande : pourquoi et comment un si beau et bon poisson se retrouve à symboliser aujourd’hui la laideur ? À tout prendre, rayon poissonnerie, on aurait davantage misé sur la baudroie (ou la lotte) qui, elle, est d’une laideur repoussante.

Variante : face de thon. Synonymes : boudin, cageot, grosse bique, laideron, mocheté… « Non, tu n’es PAS un thon. Ça n’existe pas, les thons : il n’y a pas de gens laids, il n’y a que des gens méchants qui insultent les autres pour se rassurer. On sera toujours le laid de quelqu’un. Toujours ! » Lettres à l’ado que j’ai été, sous la direction de Jack Parker, Flammarion, 2018

« Malheureux en beauté » & synonymes d’autrefois Grosse mafflée (grosse joufflue) – crème de laideur – bijou manqué – diable de bijou du parvis – souffleur de boudin (gros visage) – tête de caniche – Chinois de paravent – Citrouille (pot à tabac) – groin de cochon – crapaud des Indes – grosse dondon – femme de carême (maigre) – figure d’épouvantail – figure à désespoir – figure de ris de veau – laidasse – belle manquée – mine de singe en colère – modèle de planche à bouteille (maigre) – figure d’oignon pelé – minois d’orang-outan – vieux parchemin ridé (vieille ruine) – vieux pot à graisse – pruneau relavé (teint sombre) – tripaillon (femme très grasse) – grosse tripière – visage fait en pomme de terre – visage à chier (ou à cracher) contre…

Tocard

Peut-être dérivé de toc (sans valeur). Il y a deux races de tocard : celle à quatre pattes qui peine sur les champs de course et celle à deux sur laquelle il ne faut pas davantage parier. Un tocard est soit un cheval sans valeur ni chance de victoire, soit un individu médiocre, un loser.

Variante : toquard. Synonymes : minable, incapable, ridicule, foireux, nul, ringard, bourrin… « Moi, c’est les tocards à petite bite du coin qui se sentent obligés de me défier, pour montrer à leurs copains comment ils ont osé venir me remettre à ma place. » Virginie Despentes, King Kong Théorie, Grasset, 2006

Vache

Du latin vacca (vache). Les vaches ont de quoi ruminer… Les pauvres sont associées à la mocheté, la surcharge pondérale et même la méchanceté. Voire encore à la misère quand elles sont maigres et enragées. Ou à l’exploitation si elles se font « vaches à lait ». Seule l’Inde se fait douce et respectueuse pour notre sacrée vache… Mort aux vache… ries !

Variantes : grosse vache, peau de vache, vache à roulettes (policier cycliste sur deux roues, début XXe s.)… Synonymes : gros tas, boudin, baleine… Saloperie, peau de fesses, petit chef, sans cœur… « Tiens ! la grosse vache est levée ! criait la belle Normande. Elle se ficelle comme ses saucissons, cette femme-là. » Émile Zola, Le Ventre de Paris, 1873

Tronche

Du latin trunca (bûche, poutre). Autrefois, une tronche était un tronçon de bois. Depuis la fin du XVIe siècle, la tronche désigne familièrement le visage, la tête. Et en plus vulgaire, la gueule ! On soulignera la connotation ironique et péjorative du mot : avoir une tronche ou une tranche de cake (une sale gueule) n’a jamais rien eu d’enviable. Contrairement au fait d’être une tronche : une « grosse tête », une pointure !

Variantes : tranche, tranche de cake, tronche de cake, tronche en biais, tronche à caler des roues de corbillard… Synonymes : tête, gueule, visage, trogne, binette, portrait, bobine, fiole, trombine… Pointure, tête, surdoué, savant… « On ne dit pas la tête, cria Gavroche, on dit la tronche. » Victor Hugo, Les Misérables, 1862

Trouduc

Trou : du latin traucum. Trouduc… la troncation ou l’art de faire court. Trou du cul ainsi abrégé permettrait de l’avis de certains d’« échapper à la vulgarité de l’expression complète ». À voir… Quoi qu’il en soit, un trouduc reste un corniaud ou un présomptueux d’une vanité arrogante forcément… « mal placée ».

Variantes : trou de balle, trou du cul, troud’monc… Trou du cul sans fesses (expression chère à Jean-Paul Sartre), trou du cul de bouteille (Céline), trouduc faisandé (San Antonio)… Synonymes : zéro, minable, imbécile, bon à rien, pauvre type, prétentieux… « Le monde est un royaume de trous, le trou c’est d’abord ce qui n’est pas. Cette fonction néantisante du trou est révélée par des expressions vulgaires telles que “trou du cul sans fesses” ce qui signifie “néant” […] néant de sottise, zéro. » Jean-Paul Sartre, Les Carnets de la drôle de guerre « – T’es encore allée chez l’autre trouduc ? – Mais comment tu parles ? » Isabelle Alonso, Filigrane, Robert Laffont, 2011

Truffe

Du latin tufera (tubercule). « Princesse noire », « diamant » des terres pauvres… la truffe est ce champignon si recherché, ou une gourmandise au chocolat, ou bien encore un nez de chien et même celui de son maître si ce dernier a l’appendice imposant… C’est aussi une gracieuseté en direction d’un idiot congénital, d’un balourd…

Variantes : grosse truffe, pauvre truffe, sombre truffe (San Antonio), truffe molle (Boudard)… « Quelle truffe ! Pas pu me retenir ! Quelle histoire à la con ! » Alphonse Boudard, Chroniques de mauvaise compagnie, 1991 « Vous pourrez toujours éduquer un ahuri, lui lire du Voltaire ou du San Antonio, s’il est fondamentalement truffe, il restera truffe. » San Antonio, En avant la moujik, 1969

Truie

Du latin porcus troianus (porc farci). Grosse truie… le joli compliment est particulièrement réservé aux femmes en surpoids et/ou peu soignées.

Variantes : grosse truie, truie violette, vieille coche… Variante vieillie : arrière-faix (placenta) de truie larde (truie infestée de vermine). Synonymes : cochonne, boudin, grosse vache, souillon, dégueulasse… « Et à propos de vieille truie, toi, comment ça va ? » Dikkenek, comédie d’Olivier Van Hoofstaldt, 2006

Un courcaillet de truie ? C’était un rôt ! Plus joliment appelé « soupir de Bacchus »…

Zigoto

Vraisemblablement dérivé de zig (un homme). Le zigoto est un drôle de zèbre, fantaisiste, extravagant, peu sérieux… Un énergumène frimeur, un sacré numéro, bref, un drôle de coco !

Variantes : zigotteau, zigoteau, zigotrot (vieillis), zigomar, zig… Graine de zigoto (Aragon). Synonymes : rigolo, fumiste, fantaisiste, triste sire, lascar… « – Entre nous et une glace à la framboise, t’as une idée du comment qu’on va le retrouver, ce zigoto ? » San Antonio, Fais gaffe à tes os, 1972

Zizi

D’origine onomatopéique. Désignation hypocoristique tout droit sortie de l’enfance… Le zizi est un des nombreux noms familiers donné au « petit oiseau » d’un garçonnet et même au sexe d’une fillette. Il peut aussi avoir le sens de « pénis » (plutôt petit et/ou au repos), avec une valeur « diminutive et méprisante ». Un zizi est aussi un petit passereau. Le mâle, tête jaune et noire, gorge noire, est plus pimpant que la femelle aux couleurs plus ternes. Encore un autre « petit oiseau »…

Variantes : zizoune, zizounette, zigounette… Synonymes : bistouquette, quéquette, coquette, quiquette, zézette, kiki, bébête, petit Jésus, petit oiseau… « Afin de nous ôter nos complexes / Ô gué, ô gué / On nous donne des cours sur le sexe / […] Tout tout tout / Vous saurez tout sur le zizi » Pierre Perret, Le Zizi, 1974 « – Où c’est que vous êtes malades ? s’inquiétait-elle. – Partout mais pas au zizi ! » Céline, Voyage au bout de la nuit, 1932 « Mon petit frère a un zizi / Mais moi, Zaza, je n’en ai pas / Mon petit frère a un zizi / Toujours placé au bon endroit / Mais moi, Zaza, je n’en ai pas / Pourquoi ? » René de Obaldia, Le Zizi perpétuel, dans Innocentines, Grasset, 2002

Avoir le zizi en conserve ? Ne pas avoir trouvé l’âme sœur…

Zob

De l’arabe zobb (le membre viril). Première attestation en langue française : 1894. Zob (vulg.) pénis… annoncent les dictionnaires. Voilà du bon vieux gros mot ! Il est trivial, l’insolent, et n’hésite même pas à se décliner : zob, zobi, zobbi… « Zob ! », exclamation outrée, signifie : des clous ! pas question ! Les expressions – très populaires – « mon zob », « peau de zob », « peau de zébi »… arrivent en renfort.

Variantes : zobe, zobi, zeb… Synonymes : abruti, gros nul, zéro, double zéro, triple zéro, petite bite, sguègue… Des clous ! que dalle ! mon cul ! mes fesses !… « Mon zob ! L’hôpital, tant que je suis là, c’est zobbi, Madame Rosa. » Émile Ajar, La Vie devant soi, 1975 « On se traitait de “peau de zob” en éclatant de rire. Ça n’était pour nous qu’une réalité anatomique. On ne pressentait pas encore l’importance qu’allait prendre cet organe rigolo dans notre existence. Les filles, elles, n’en avaient pas. Les pauvres ! mais pourquoi ? » Louis Gabriel Chédid, 40 berges blues, Flammarion, 2013

Zonard

Du grec zônê (ceinture). Le zonard est issu de « la zone », une banlieue pauvre ou défavorisée. Il vit plus ou moins en marge de la société et de ses règles. Et à force de flirter avec les limites, il risque de croiser les keufs (policiers) et les porte-chaussettes (gardiens de prison) ! « Wallaye bilaye » (je te jure) !

Synonymes : lascar, loubard, voyou, kéké, zoulou, zyva… « Quand tout l’monde dort tranquille / Dans les banlieues-dortoirs / C’est l’heure où les zonards descendent sur la ville / Qui c’est qui viole les filles / Le soir dans les parkings / Qui met l’feu aux buildings / C’est toujours les zonards » Daniel Balavoine, « Quand on arrive en ville », Starmania, 1978 « Cet énervé de la chansonnette […] ce gosse perpétuel […] descendu des beaux quartiers pour flatter le zonard est une illusion scénique. […] Costumé, avec foulard gavroche, jean troué et petit blouson serré sur le derrière, il tient […] le rôle du banlieusard qui, aujourd’hui, a la haine. » Dominique Lavallière, « Renaud l’imposteur », L’Express, 15 juin 1995 « – On vivra ensemble quand on pourra vivre décemment, pas comme des zonards […]. – On vit pas comme des zonards. Il a l’air d’un zonard, Kléber ? – Kléber ? Mais c’est une caricature de zonard […]. » Une nouvelle vie, film d’Olivier Assayas, 2012