10 questions à Bernard le Buanec sur les OGM
 9782759812912

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Académie des technologies

10 Questions à Bernard Le Buanec sur les OGM

Avril 2014

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10 questions à Bernard Le Buanec sur les OGM

Imprimé en France ISBN : 978-2-7598-1253-0

Tous droits de traduction, d’adaptation et de reproduction par tous procédés, réservés pour tous pays. La loi du 11 mars 1957 n’autorisant, aux termes des alinéas 2 et 3 de l’article 41, d’une part, que les « copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective », et d’autre part, que les analyses et les courtes citations dans un but d’exemple et d’illustration, « toute représentation intégrale, ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause est illicite » (alinéa 1er de l’article 40). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles 425 et suivants du code pénal. © EDP Sciences 2014

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Introduction

INTRODUCTION

Le débat sur les OGM divise depuis maintenant plus de vingt ans les différentes parties prenantes dans de nombreux pays du monde et plus particulièrement en France. En fait, ces différentes parties prenantes ont souvent des référentiels différents : le scientifique ou le technologue, le politique, le lanceur d’alertes, les médias, les professionnels de l’agriculture et ceux de l’agrofourniture. L’objectif de ce « Dix questions » est somme toute modeste. Dans l’esprit de la devise de l’Académie des technologies et de sa démarche constante, il tente d’apporter des éléments de réponse technique, appuyés sur des références scientifiques, aux questions que se posent aujourd’hui beaucoup de nos concitoyens. Il a pour ambition d’apporter des éléments factuels aux participants au débat et ce d’autant plus qu’un sondage de février 2014 indique que 80 % des français reconnaissent ne pas savoir ce qu’est un OGM.

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SOMMAIRE

1 Résumé 

3 Question 1 : qu’est-ce qu’un OGM ? 

5 Question 2 : Y a-t-il des OGM autres que végétaux ? 5 Les microorganismes 6 Les mammifères 8 Les poissons 







9 Question 3 : Quel est le développement des plantes génétiquement modifiées (PGM) dans le monde ? 

13 13 15 16 17 23 27

Question 4 : Quel est l’effet des PGM sur l’environnement ? L’effet sur l’utilisation des produits phytosanitaires L’effet sur les émissions de gaz à effet de serre L’effet sur la biodiversité 







Question 5 : Quel est l’effet des PGM sur l’alimentation et la santé ? 

Question 6 : Quel est l’impact économique des PGM actuellement cultivées ? 

Question 7 : Peut-on ressemer des PGM ou les utiliser librement dans des programmes d’amélioration variétale ? 

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Sommaire

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37 38 38 40 40 43 45 47 51 59

Question 8 : Peut-on savoir si l’on consomme des OGM ? 

Question 9 : La coexistence entre les PGM et l’agriculture conventionnelle et biologique est-elle possible ? 

Question 10 : En quoi les PGM peuvent-elles aider à faire face aux défis du XXIe siècle ? La résistance aux insectes et aux maladies La tolérance à des stress abiotiques et en particulier à la sécheresse et au sel L’amélioration d’autres facteurs de productivité Effet des PGM sur la qualité des aliments La production de protéines pharmaceutiques recombinantes 











Pour en savoir plus 

Références 

Glossaire 

Publications de l’Académie 

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Résumé

RÉSUMÉ

Les OGM, organismes génétiquement modifiés, sont définis par une directive européenne comme étant des organismes, à l’exception des êtres humains, dont le matériel génétique a été modifié d’une manière autre que naturellement par multiplication et/ou recombinaison. Ce sont des êtres vivants obtenus par « transgénèse ». Il y a de nombreux OGM utilisés pour la recherche ou pour des activités de production et de commerce : des microorganismes produisant des vaccins et des enzymes ; des mammifères produisant des molécules thérapeutiques ou utilisés à des fins de recherche médicale ; des poissons à croissance accélérée. Les OGM dont ont parle le plus souvent sont des plantes, encore appelées plantes génétiquement modifiées ou PGM. Celles-ci ont connu, depuis leur première mise en culture en 1994, un développement très rapide. Elles étaient cultivées sur 170 millions d’hectares en 2012, essentiellement du soja, du maïs, du coton et du colza tolérants à des herbicides ou résistants à des insectes ou encore présentant ces deux types de caractères. De l’avis des comités d’experts nationaux et internationaux, ces PGM ne présentent pas de dangers spécifiques pour la santé et l’environnement ce qui fait qu’elles sont cultivées dans 29 pays et autorisées à la consommation animale ou humaine dans 58 pays, dont l’Union européenne. Il y a lieu d’être vigilant sur les phénomènes de résistance qui peuvent se développer du fait de l’usage très important des PGM. Ces phénomènes de résistance ne sont pas liés à la transgénèse en tant que telle mais à l’évolution des plantes

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adventices et des parasites en cas d’utilisation incontrôlée d’herbicides ou de plantes résistantes. Pour éviter cette évolution, il faut mettre en œuvre de bonnes pratiques agricoles telles que la rotation des cultures dans le cas des adventices ou la mise en place de zones refuge dans celui de la résistance à des insectes. L’impact économique des PGM est positif, tant au niveau de l’agriculteur qu’à celui plus global de la production mondiale. Il a été évalué sur la période 1996-2011 à un gain de 110 millions de tonnes de soja, 195 millions de tonnes de maïs et 7 millions de tonnes de colza. Contrairement à ce qui est souvent cru, les agriculteurs européens peuvent réutiliser les graines issues de PGM en tant que semences de ferme dans les mêmes conditions que les graines issues de variétés traditionnelles. De même, les PGM peuvent être utilisées dans des croisements afin d’obtenir de nouvelles variétés. En Europe les consommateurs ont la possibilité de choix entre produits OGM ou non. En effet toutes les denrées alimentaires contenant ou issues d’OGM doivent être étiquetées au-dessus d’un seuil de 0,9 % de présence. En France un étiquetage positif « sans OGM » est également possible dès que la teneur accidentelle en OGM est inférieure à 0,1 %. La transgénèse, associée aux autres techniques d’amélioration des plantes, devrait permettre de développer de nouvelles variétés permettant de faire face aux défis de l’augmentation de la population, de l’urbanisation et des évolutions climatiques, comme des variétés plus tolérantes à la sécheresse ou à la salinité des sols.

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Question 1 : qu’est-ce qu’un OGM ?

QUESTION 1 : QU’EST-CE QU’UN OGM ? Si l’on s’en tient à l’étymologie, un OGM, organisme génétiquement modifié, est un organisme dont le génome1, c’est-à-dire les gènes composés d’ADN qui sont les déterminants héréditaires, ont été modifiés. Tous les êtres vivants aujourd’hui ont eu leur génome modifié. Il y a eu en effet beaucoup de modifications entre le génome des organismes unicellulaires des débuts de la vie et les êtres vivants dits supérieurs actuels, nous pourrions dire les plus modifiés. Ces modifications ont été obtenues par croisement ou par mutation et ont été sélectionnées en cas d’avantages compétitifs. Les hommes ont, au cours du temps, d’abord sélectionné les espèces animales et végétales qui répondaient à leurs besoins. Puis, à l’intérieur de ces espèces, ils ont sélectionné de façon empirique les races et les variétés qui évoluaient au cours du temps de la manière qui leur paraissait la plus favorable, soit par mutation, soit par croisement. À partir des travaux de Louis de Vilmorin et de Gregor Mendel dans les années 1850-1860, l’hérédité est mieux comprise et la création variétale passe du domaine empirique à des actions raisonnées, fondées sur des croisements et la sélection de la descendance. L’objectif du sélectionneur était alors de puiser dans On trouvera en fin d’ouvrage un glossaire précisant la signification des mots soulignés.

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la variabilité génétique existante des caractères intéressants pour les introduire dans des variétés connues, afin d’accumuler les caractères favorables. Ces croisements, possibles au début seulement entre variétés d’une même espèce, se sont au fil du temps élargis à des espèces apparentées grâce aux progrès, en particulier, des techniques de culture in vitro. Cependant, il n’était pas possible de croiser des espèces éloignées et, encore moins, d’aller chercher des caractères d’intérêt dans d’autres domaines ou règnes vivants. Cette limite a disparu dans les années 1970 lorsque, pour la première fois, l’homme a pu transférer un gène d’un virus à une bactérie par un processus appelé transgénèse. Cette technique, d’abord développée sur microorganismes, a ensuite été étendue aux animaux puis aux plantes ; l’obtention des premières plantes transgéniques a été publiée en 1983. Ce sont les êtres vivants transformés par transgénèse que l’on appelle OGM. L’introduction d’un gène extérieur, provenant de n’importe quel règne, peut être effectuée par un vecteur bactérien, le plus souvent Agrobacterium tumefaciens, ou par des méthodes physiques ou chimiques permettant à l’ADN de franchir la paroi cellulaire et de parvenir jusqu’au noyau, aux chloroplastes ou aux mitochondries. Ces OGM sont définis par la directive européenne 2001/18/CE qui précise « qu’un organisme génétiquement modifié est un organisme, à l’exception des êtres humains, dont le matériel génétique a été modifié d’une manière qui ne s’effectue pas naturellement par multiplication et/ou par recombinaison ». Le développement d’OGM à des fins utilitaires participe de la même stratégie d’amélioration mise en œuvre par les premiers sélectionneurs, à savoir la recherche et l’accumulation dans un même organisme de caractères intéressants, mais met en œuvre une rupture technologique, la transgénèse, permettant de s’affranchir de la barrière des espèces et même de celle des règnes du vivant. En fait les progrès du séquençage des génomes montrent que de nombreux transferts de gènes ont eu lieu entre espèces au cours de l’évolution des êtres vivants, mais, jusqu’au développement de la transgénèse, l’homme ne maîtrisait pas les moyens techniques de les provoquer (1).

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Question 2 : y a-t-il des OGM autres que végétaux ?

QUESTION 2 : Y A-T-IL DES OGM AUTRES QUE VÉGÉTAUX ? Les premiers OGM ont été, au début des années 1970, des bactéries. Depuis le début des années 1980 il est possible de transformer la plupart des organismes vivants par transgénèse. Où en est-on aujourd’hui, en dehors du règne végétal que nous verrons plus en détail dans les réponses aux questions suivantes ? Il n’est pas possible d’être exhaustif et, bien évidemment, nous ne pouvons ci-après citer que quelques exemples.

Les microorganismes • en 1986 le premier vaccin contre la rage utilisant un virus génétiquement modifié est commercialisé. Ce vaccin, plus facile à produire que par les méthodes classiques précédentes et à la fois plus sûr et très efficace a permis d’éradiquer presque complètement cette maladie des populations de renards en Europe de l’Ouest par épandage aérien du vaccin par hélicoptère ; • aujourd’hui une part significative des fromages dans le monde est produite grâce à une des enzymes de la présure, la chymosine recombinante, isolée à partir de microorganismes transgéniques (Aspergillus niger, Escherichia coli ou Kluyveromyces lactis) transformés par l’introduction d’un gène de veau ;

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• en médecine humaine, l’insuline, le vaccin contre l’hépatite B et l’hormone de croissance sont produits par des microorganismes recombinants. Cela a l’avantage d’éviter le risque des contaminations à partir d’extraits animaux ou humains dont, dans le passé, étaient extraits ces produits ; il a été montré, par exemple, pour l’hormone de croissance, que ces contaminations pouvaient être responsables de cas de maladie de Creutzfeld-Jacob ; • des enzymes extraites de levures de boulangerie et de levures de bière transgéniques sont couramment utilisées aujourd’hui, respectivement en brasserie et en boulangerie.

Les mammifères • un des premiers usages de la transgénèse est de produire des animaux de laboratoire. En effet, ceux-ci sont utilisés pour la mise au point de nouveaux médicaments. L’addition ou l’activation de gènes spécifiques dans ces animaux permet d’obtenir des lignées stables pour l’étude des maladies humaines. On utilise surtout les souris qui sont de bons modèles. Il y a actuellement de nombreuses lignées : XX les oncosouris ont été obtenues par l’introduction d’un oncogène, ce qui les prédispose à développer des cancers. Ces souris ont été essentielles pour la compréhension de nombreux cancers et pour le développement de techniques destinées à les traiter ; XX les souris Doogie ont une meilleure mémoire et sont capables d’apprendre. Elles ont une fonction améliorée au niveau de certains récepteurs dont le cerveau a besoin pour stocker les nouvelles informations ; XX les souris corpulentes, sujettes à l’obésité en raison d’une carence en carboxypeptidase E ; XX les souris musclées, ayant un gène de la myostatine inactivé ; XX les souris résistantes au froid, dépourvues d’un canal sodique qui provoque la douleur lors de l’exposition au froid. Des médicaments actuellement utilisés en grande quantité sont produits par des animaux transgéniques, OGM. L’exemple d’un anticoagulant est un des plus

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Question 2 : y a-t-il des OGM autres que végétaux ?

caractéristiques. Ce nouveau médicament, commercialisé sous le nom d’ATryn®, n’est donc pas une molécule chimique de synthèse. Il s’agit d’une copie de protéine humaine produite par une espèce animale. L’antithrombine contenue dans l’ATryn® est obtenue à partir du lait de chèvres transgéniques. La lignée d’animaux producteurs de ce lait-médicament a été obtenue en transférant le gène humain codant la protéine dans des embryons de chèvre. L’intérêt de toutes ces manipulations très coûteuses réside dans le fait que les quantités d’antithrombine recombinante sont beaucoup plus grandes dans le lait des chèvres transgéniques (2 à 3 grammes par litre) que dans le sang humain (quelques microgrammes par litre).

Les poissons Pour terminer, mais je pourrais donner de nombreux autres exemples, je citerai le cas d’un saumon transgénique. Il a été autorisé à la commercialisation le 21 décembre 2012 par la Food and Drug Administration des États- Unis. Il vient d’être aussi autorisé par le gouvernement canadien. Il s’agit d’un saumon atlantique auquel on a intégré un gène d’un saumon du Pacifique dont l’hormone de croissance est très efficace. Le nouveau saumon atlantique grandit deux fois plus vite que le saumon sauvage. Les premiers saumons transgéniques pourraient être commercialisés en 2014 aux États-Unis et au Canada.

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Question 3 : quel est le développement des PGM dans le monde ?

QUESTION 3 : QUEL EST LE DÉVELOPPEMENT DES PLANTES GÉNÉTIQUEMENT MODIFIÉES (PGM) DANS LE MONDE ?

Les premiers essais en plein champ de plantes transgéniques ont eu lieu en 1987 en Europe et aux États-Unis. Si l’on ne prend pas en compte la Chine, pour laquelle il y avait peu d’informations disponibles au début des années 1990, les premières cultures commerciales eurent lieu en 1994 aux États-Unis, il y a donc maintenant 19 ans. Il s’agissait d’une tomate à maturité retardée et à plus forte teneur en matière sèche, ce qui présentait un avantage pour le transport en fruit frais et pour la transformation en sauce tomate avec une économie d’énergie pour la déshydratation. Ce produit n’a pas eu beaucoup de succès car la variété initiale transformée avait de mauvaises qualités organoleptiques. Le vrai démarrage a eu lieu en 1996, avec les premiers ensemencements, toujours aux États-Unis, d’un soja tolérant à un herbicide, le glyphosate. Depuis, les surfaces sont en augmentation constante. De 1,7 millions d’hectares en 1996 elles ont atteint 170,3 millions d’hectares en 2012 (175 millions en 2013). Pour la première fois en 2012, les pays en développement ont cultivé plus de PGM que les pays industrialisés, soit 52 % des surfaces totales (2) 2. Le chiffre entre parenthèses renvoie aux références en fin de document.

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La répartition par pays ainsi que le paysage mondial sont donnés dans les deux graphiques suivants :

Figure 1 : OGM : répartition des surfaces par pays. Surface 2012 : 170 Mha (+6 %).

Figure 2 : PGM : Le paysage mondial.

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Question 3 : quel est le développement des PGM dans le monde ?

Il apparaît clairement sur cette carte que les plus grandes zones de production sont l’Amérique du Nord, l’Amérique du Sud et l’Asie. L’on voit également que de nombreux pays qui ne cultivent pas de PGM en acceptent l’importation, comme par exemple l’Europe. Les principales espèces transgéniques cultivées sont les suivantes : le soja avec 80 millions d’hectares soit 81 % des surfaces cultivées avec cette espèce, le maïs avec 55 millions d’hectares soit 35 % du maïs cultivé, le coton avec 24 millions d’hectares soit 81 % du coton cultivé et le colza avec 9 millions d’hectares soit 37 % du colza cultivé. Des variétés transgéniques d’autres espèces sont cultivées sur des surfaces beaucoup moins importantes : la betterave à sucre, la luzerne, la papaye, le peuplier, la courgette, la tomate, le poivron, la pomme de terre, le riz et l’œillet. Les principaux caractères transgéniques sont presque exclusivement la tolérance à un herbicide, la résistance à un insecte et la tolérance à un herbicide cumulée à la résistance à un insecte. Si l’on considère les surfaces cultivées pour l’ensemble de ces trois caractères, la tolérance à un herbicide représente 59 %, la résistance à un insecte 15 % et les caractères cumulés 26 %. En plus de ces principaux caractères, on peut noter chez des plantes actuellement cultivées la résistance à des virus, la résistance à des champignons parasites, la modification de teneur ou de nature de certains composés végétaux comme la provitamine A, les acides gras polyinsaturés, l’amidon et la modification de la couleur (œillet bleu) qui, ensemble, représentent moins de 1 % des surfaces cultivées en PGM. La situation en Europe, de façon plus détaillée, est indiquée dans le tableau et la carte ci-dessous.

Figure 3 : Europe : un paysage contrasté.

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Figure 4 : OGM : le paysage européen en 2011.

En Europe, il y a eu un pic en 2006, du fait de la forte implantation de soja transgénique en Roumanie, puis une chute due à l’arrêt de cette culture lors de l’entrée de ce pays dans l’Union européenne. (Incidemment, il faut noter que cet arrêt a fait passer les surfaces en soja dans ce pays de 190 000 ha à environ 50 000 ha, obligeant la Roumanie à importer du soja transgénique pour 140 millions de dollars, accentuant ainsi la dépendance de l’Europe pour ses besoins protéiques en alimentation animale). En France, il y a eu une augmentation sensible des surfaces plantées en maïs résistant à la pyrale de 2004 à 2007, puis un arrêt brutal suite de la mise en œuvre d’une clause de sauvegarde par le Gouvernement français en février 2008. Depuis 2011, il y a cependant une augmentation des surfaces en Europe, avec en 2012 une augmentation de 40 % par rapport à 2010. En 2013, les surfaces cultivées en maïs transgénique en Espagne ont atteint 137 000 ha, soit une augmentation de 18 % par rapport à 2012. La très forte limitation des cultures transgéniques en Europe a conduit à la délocalisation de la plupart des équipes de recherche en Amérique du Nord, Amérique du Sud et Asie. L’Europe, qui était un des pionniers dans le développement de cette technologie, prend désormais du retard.

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Question 4 : quel est l’effet des PGM sur l’environnement ?

QUESTION 4 : QUEL EST L’EFFET DES PGM SUR L’ENVIRONNEMENT ? Les PGM ont, comme toutes autres plantes en culture, un effet sur l’environnement. Cet effet peut être direct ou indirect. Par effet indirect il faut, en particulier, comprendre les surfaces économisées grâce à l’augmentation dans certains cas de la production par hectare due à leur culture. Une analyse d’effet sans comparaison ayant peu de sens, l’effet des PGM est ici comparé à celui de l’agriculture dite conventionnelle, c’est-à-dire une agriculture dans laquelle on utilise de façon régulière et optimisée des intrants sous forme d’engrais minéraux et de produits phytosanitaires de synthèse. L’effet dépend des caractéristiques spécifiques de chaque PGM. Les PGM les plus cultivées sont, répétons-le, par ordre décroissant, le soja tolérant à un herbicide, le maïs résistant à certains insectes et/ou tolérant à un herbicide, le coton résistant à certains insectes et/ou tolérant à un herbicide et le colza résistant à un herbicide. Quels sont les effets de ces caractéristiques sur l’environnement ?

L’effet sur l’utilisation des produits phytosanitaires A priori l’effet direct le plus « facilement » mesurable est la quantité de matière active de produits phytosanitaires utilisée. Cependant, l’analyse de la quantité totale de produits utilisés à l’échelle d’un pays ou d’une région est loin d’être évidente

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car de nombreux biais existent. En effet, de façon générale, on peut estimer que les agriculteurs ayant planté des PGM tolérantes à un herbicide ou résistantes à des insectes se situent dans les zones où les infestations sont les plus fortes. De ce fait, la comparaison PGM/conventionnel n’a parfois pas beaucoup de sens car elle minimise les besoins des cultures conventionnelles et surestime les besoins des PGM. Dans le cas particulier des herbicides, la situation est encore plus complexe car l’utilisation de PGM tolérantes facilite la mise en œuvre d’itinéraires techniques sans labour dont le facteur limitant majeur est le désherbage. Ainsi la quantité globale d’herbicide peut avoir augmenté au niveau d’un pays, cela étant dû à une augmentation des cultures sans labour ou, plus simplement, à l’augmentation des surfaces de la culture considérée comme c’est le cas du soja en Amérique du Sud. Une autre solution est de comparer la quantité de produit préconisée par les services de vulgarisation pour les PGM et les cultures conventionnelles dans une même région. Cette approche, plus théorique, peut finalement donner des résultats plus fiables. En tenant compte de toutes ces hypothèses et contraintes, Brookes et Barfoot (3), s’appuyant sur une méta-analyse de travaux essentiellement publiés dans des revues à comité de lecture, considèrent que les PGM ont entraîné au niveau mondial une diminution des quantités de produits de défense des cultures : • de 1996 à 2011, le soja résistant à un herbicide aurait provoqué une très légère diminution d’utilisation de matières actives de l’ordre de 1 % et le maïs résistant à un herbicide une diminution de 10 % ; • de 1996 à 2011, le maïs résistant aux insectes aurait provoqué une diminution d’utilisation de matières actives de 45 %, et le coton une diminution de 25 %. Dans un pays proche de la France, l’Espagne, la culture de maïs résistant à la pyrale et la sésamie a permis de 1998 à 2011 une économie de 34 % de matières actives, soit 400 tonnes. Enfin, il faut noter que les effets des diverses matières actives sur l’environnement ne sont pas les mêmes. Afin de mieux cerner ceux-ci, des chercheurs de Cornell (J. Kovach et al) (4), dans le cadre de leur programme sur la gestion intégrée des parasites, ont établi un coefficient qu’ils ont appelé Environnemental Impact Quotient (EIQ). Ce quotient tient compte des effets sur les travailleurs agricoles, les consommateurs et l’environnement en intégrant la toxicité dermique, la toxicité chronique, les aspects systémiques, la toxicité pour les poissons, les oiseaux et les abeilles, le lessivage, les pertes potentielles de surface cultivables,

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Question 4 : quel est l’effet des PGM sur l’environnement ?

la dégradabilité dans le sol et sur le feuillage et la toxicité sur les arthropodes utiles (ces données se trouvent dans les dossiers d’homologation des produits). En appliquant ce coefficient aux différents produits de protection des cultures utilisés en culture conventionnelle ou avec les PGM, Brookes et Barfoot montrent que l’empreinte environnementale a toujours diminué au niveau mondial : de 15 % pour le soja TH (tolérant à un herbicide), de 12 % pour le maïs TH, de 42 % pour le maïs RI (résistant à un insecte) et de 27 % pour le coton RI. Ceci est également vrai, bien que la quantité d’herbicide ait augmenté, pour les soja et maïs TH car, dans le cas des PGM, les herbicides utilisés ont une empreinte environnementale nettement plus faible que celle des produits utilisés précédemment en culture conventionnelle. Il faut également noter que la diminution des épandages d’insecticides a un effet positif sur la faune utile.

L’effet sur les émissions de gaz à effet de serre La culture des PGM réduit les émissions de gaz à effet de serre de deux façons : • en réduisant les passages de tracteurs dans les champs, soit du fait d’un moins grand nombre de traitements, en particulier dans le cas de PGM résistant à des insectes et dans une moindre mesure résistant à des virus (pas de traitement contre les pucerons transmetteurs), soit du fait d’une diminution du travail du sol, très gros consommateur d’énergie. Sur la période 1996-2011, Brookes et Barfoot estiment la réduction de l’utilisation de fuel à 707 millions de m3, soit une diminution de près de 2 milliards de tonnes d’émission de CO2. Cela correspond à la consommation de 840 000 voitures de moyenne gamme sur cette période ; • en augmentant la séquestration de carbone dans le sol. La matière organique du sol est l’une des plus grandes réserves de carbone organique au niveau mondial. Ce carbone est oxydé par les microorganismes et donc relâché en grande quantité dans l’atmosphère quand le sol est travaillé. La résistance à un herbicide total facilitant l’accroissement des techniques culturales sans labour permet donc une augmentation de la séquestration du carbone dans le sol ; • Il faut noter également que ces techniques de non-labour ou de travail minimum limitent de façon très efficace l’érosion, facteur important de dégradation des sols dans de nombreuses régions.

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L’effet sur la biodiversité Il s’agit certainement de la partie la plus difficile à évaluer et probablement la plus controversée. Plusieurs facteurs ont été étudiés : • l’effet des protéines insecticides du Bacillus thurengiensis produites par les PGM sur la microflore et sur la faune du sol. Plusieurs études ont montré qu’il n’y avait pas d’effet significatif de la décomposition des résidus racinaires et de récolte sur la faune du sol (5,6) ; • la création de plantes de culture qui deviendraient envahissantes. Les PGM actuellement développées n’ont pas la capacité à devenir invasives car elles ne possèdent pas les caractéristiques requises. Le risque le plus probable est aujourd’hui la difficulté de désherbage en cas de repousse de colza ou de betteraves résistant à un herbicide. Il s‘agit ici plus d’un problème de bonnes pratiques agricoles que d’un problème d’environnement ; • les flux de pollen, inévitables, varient en fonction des espèces. Ils pourraient favoriser par transfert de gènes le développement de plantes apparentées aux espèces génétiquement modifiées ayant des avantages compétitifs par rapport aux types sauvages. Parmi les PGM cultivées actuellement, le risque existe pour les betteraves et, dans une moindre mesure, pour le colza. Cependant, le gène transféré étant un gène de résistance à un herbicide, il ne présente pas d’avantage compétitif dans la nature. Ceci ne serait pas le cas si les gènes transférés apportaient une résistance à des stress biotiques ou abiotiques comme, par exemple, la tolérance à la sécheresse ou à la salinité des sols et confirme la nécessité de faire des analyses de risque au cas par cas. Cependant ce risque n’est pas lié à la transgénèse car, que ces caractères proviennent de PGM ou de variétés dites conventionnelles, le risque serait le même. Faut-il alors, pour ces raisons, arrêter le développement de variétés traditionnelles présentant des tolérances à la sécheresse ou à la salinité des sols, caractéristiques importantes pour l’avenir de l’alimentation de l’humanité ?

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Question 5 : quel est l’effet des PGM sur l’alimentation et la santé ?

QUESTION 5 : QUEL EST L’EFFET DES PGM SUR L’ALIMENTATION ET LA SANTÉ ? Avant même d’évoquer cette question sur le fond, il semble important de signaler, ce qui est d’une telle évidence pour les spécialistes qu’ils omettent en général de le dire, que le fait de consommer des organismes crus ou cuits dont le génome a été modifié par transgénèse n’induit pas de risque pour un être humain de voir son génome ou celui de ses descendants incorporer le transgène, pas plus que le fait de manger une pomme ou un steak tartare n’induit l’incorporation dans le génome du consommateur d’un gène de pommier ou de bœuf. Les effets éventuels sur la santé sont donc à rechercher essentiellement sur l’effet des protéines codées par le transgène dans la plante génétiquement modifiée. Beaucoup de choses ont été dites à ce sujet, de nombreuses études ont été publiées, et il n’est pas possible ici d’entrer dans les détails. L’on peut se reporter, entre autres, au document « Évaluation de la sécurité sanitaire des OGM » de Gérard Pascal (7), directeur de recherche honoraire de l’Inra et expert auprès de la commission de Bruxelles et de l’OMS. Les conclusions de ce document sont les suivantes : « Aucune publication dont le protocole et/ou les résultats sont reconnus par la communauté scientifique n’a pu apporter la preuve d’un risque avéré des PGM objets d’un dépôt de dossier de demande d’autorisation de culture ou de mise sur le marché. Les évaluations réalisées permettent de conclure que ces PGM ne posent pas plus de problèmes sanitaires que les aliments courants auxquels on peut les comparer ».

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10 questions à Bernard Le Buanec sur les OGM

Les instances d’évaluation d’un grand nombre de pays, aussi différents que la Nouvelle-Zélande, la Commission européenne, le Japon, le Canada, les États-Unis, pour n’en citer que quelques-uns, vont toutes dans le même sens. Au début du développement des PGM, des gènes de résistance aux antibiotiques ont été utilisés pour sélectionner les plantes transformées. Quelques rares variétés cultivées proviennent encore de cette technologie. Cette utilisation de la résistance aux antibiotiques a soulevé de nombreuses questions, en particulier sur le développement possible de microbes résistants par transfert d’ADN de la PGM à des bactéries. Les instances d’évaluation ont étudié cette question de façon approfondie et ont conclu à l’absence de risque avéré pour deux raisons principales : de nombreuses bactéries du sol ou de la flore intestinale possèdent déjà des gènes de résistance aux antibiotiques utilisés ; la transmission d’un gène d’une PGM à une bactérie n’a jamais été observée en culture même si quelques exemples de transmission ont été observés en laboratoire sous conditions favorables extrêmement contrôlées. La Commission du génie biomoléculaire en France, la Royal Society au Royaume-Uni ainsi que les Comités scientifiques européens pour l’alimentation humaine et pour l’alimentation animale ainsi que de nombreuses sociétés savantes en ont conclu que cette technologie (usage d’antibiotiques) ne présentait pas de risque (8,9). Le soja étant la plante PGM la plus cultivée, la majeure partie des PGM produite est utilisée en alimentation animale. Les principaux produits utilisés directement en alimentation humaine sont le maïs, en particulier en tant qu’aliment de base en Afrique du Sud et aux Philippines, sous forme de corn flakes, très consommés aux États-Unis, et le maïs doux. Parmi les produits dérivés on peut noter, entre autres, la lécithine de soja, les huiles de colza, soja et coton, la fécule et les sirops de glucose de maïs. Des légumes ou des fruits transgéniques comme la courgette et la papaye sont également consommés. Aucun cas d’intoxication avéré lié à la consommation directe de ces PGM n’a été signalé au cours de ces quinze dernières années. Une étude épidémiologique a été effectuée sur un cas suspect. Ce cas est connu sous le nom StarLinkTM. Il s’agit d’un maïs transformé pour résister à un insecte par introduction d’un gène codant la protéine Cry9c qui avait été autorisé pour l’alimentation animale, mais accidentellement utilisé en alimentation humaine. Dès que l’information a été connue, plusieurs personnes se sont plaintes de maladies liées à l’ingestion d’aliments qui auraient pu être à base de ce maïs. La Food and Drug Administration américaine a aussitôt diligenté une lourde étude épidémiologique

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Question 5 : quel est l’effet des PGM sur l’alimentation et la santé ?

effectuée par le Centre de contrôle des maladies (CDC) dont les conclusions (10) ont montré que le sérum des personnes ayant déclaré des symptômes ne contenait pas d’anticorps correspondant à la protéine incriminée et que le maïs StarLinkTM n’était donc pas en cause. Il s’agissait, en fait, d’un effet placebo. Une autre approche est relative à l’alimentation animale. Un très grand nombre d’élevages de poulets, de porcs et de bovins dans différents pays du monde, utilisent des aliments à base de PGM durant toute la vie de l’animal. Non seulement il n’a pas été constaté d’accidents sanitaires sur les animaux ni de problèmes particuliers sur leur descendance, mais certains éleveurs demandent des maïs transgéniques car ils ont constaté un meilleur état de leur élevage avec ces produits (11). Cela est vraisemblablement dû à des avantages sanitaires procurés par des maïs modifiés pour résister à la pyrale ou à la sésamie qui ont des taux de fumonisine, une mycotoxine cancérigène, nettement plus faibles que les variétés identiques non modifiées. De très nombreux résultats ont été publiés à ce sujet, en particulier aux États-Unis. Des résultats identiques ont été obtenus en France, mais les expérimentations n’ont pas pu être poursuivies du fait de l’interdiction rapide de la culture. Des résultats récents, obtenus en Espagne (12), sont indiqués dans le graphique ci-dessous.

Figure 5 : Teneur en fumonisines (µg/kg) en Catalogne.

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10 questions à Bernard Le Buanec sur les OGM

En dehors de la sécurité sanitaire, il ne faut pas oublier que le rôle principal de l’alimentation est d’apporter suffisamment d’énergie et d’éléments essentiels pour assurer la vie des personnes. Le volume de production est important et les PGM ont déjà permis d’augmenter la production agricole (cf. question 6 sur l’impact économique des PGM). Deux affaires relatives à la sécurité sanitaire des aliments transgéniques, que l’on ne peut pas passer sous silence, ont défrayé la chronique à quinze ans d’intervalle. Ces deux cas présentent le même profil : publication dans la presse grand public avant que la publication dans des revues spécialisées n’ait eu le temps d’être analysée et critiquée par la communauté scientifique concernée. • L’affaire Pusztai : afin de développer une variété de pommes de terre résistante à des insectes, des chercheurs ont eu l’idée d’y transférer un gène codant pour une lectine, protéine importante dans de nombreuses défenses naturelles des plantes. La lectine du perce-neige (Galanthus nivales) fut choisie, sur les conseils d’Arpad Pusztai. En avril 1998, Pusztai annonçait à la télévision anglaise que, d’après ses résultats, la pomme de terre transgénique, non commercialisée, causait une inflammation intestinale chez le rat, ajoutant que l’effet toxique n’était pas seulement dû à la lectine, mais, en plus, au procédé de génie génétique lui-même, sans fournir de détails sur son expérimentation. Il en profita pour décrire les dangers du génie génétique, indiquant qu’il était « très, très injuste d’utiliser les citoyens comme cobayes ». (Il ne faut pas oublier que cette pomme de terre n’avait pas été commercialisée). La Royal Society fit une évaluation des résultats non publiés et conclut que de nombreux aspects du protocole, de l’exécution et de l’analyse des résultats étaient imparfaits et qu’aucune conclusion ne pouvait en être tirée (13). Cependant, l’annonce avait déjà fait se lever une tempête de controverses allant jusqu’à un appel de la British Medical Association demandant d’interdire tous les aliments transgéniques jusqu’à ce qu’ils aient été prouvés sains. • Quinze ans plus tard, le 20 septembre 2013, Le Nouvel Observateur en page de couverture titre « Oui, les OGM sont des poisons », faisant référence à un article du 19 septembre de la revue Food and Chemical Toxicology de G.E. Séralini et al. indiquant qu’un essai sur deux ans montrait qu’un maïs NK 603 résistant au glyphosate et que le glyphosate lui-même induisaient des tumeurs. Le même article annonçait un livre du même auteur, « Tous cobayes », à paraître le 26 septembre. Cette approche médiatique a beaucoup de similarité avec l’action d’A. Putszai.

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Question 5 : quel est l’effet des PGM sur l’alimentation et la santé ?

En effet, l’annonce est faite avant que la communauté scientifique ait pu analyser les résultats d’essais et le titre du journal ne parlait pas de l’effet éventuel d’un OGM particulier mais titrait « Les OGM sont des poisons », laissant entendre qu’il s’agissait de tous les OGM. Cette information, fortement médiatisée, a fait réagir de nombreux politiques et organisations. Cependant, dès le 28 novembre l’Agence européenne de sécurité des aliments (Efsa) rejetait définitivement les conclusions de l’étude en indiquant qu’elles n’étaient pas étayées par les données, que des lacunes importantes étaient constatées dans sa conception et sa méthodologie, impliquant que les normes scientifiques acceptables n’avaient pas été respectées. L’Efsa ajoutait qu’un large consensus existait sur cette question au niveau européen. Le Comité scientifique du Haut comité des biotechnologies, en ligne avec de très nombreux scientifiques mondiaux, concluait également : « le dispositif expérimental, les outils statistiques utilisés et les interprétations données par les auteurs de l’étude, souffrent de lacunes et faiblesses méthodologiques rédhibitoires, qui ne permettent pas de soutenir les conclusions avancées ». La publication a finalement été retirée par la revue fin 2013.

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Question 6 : quel est l’impact économique des PGM ?

QUESTION 6 : QUEL EST L’IMPACT ÉCONOMIQUE DES PGM ACTUELLEMENT CULTIVÉES ?

Nous avons vu quelles étaient les principales caractéristiques des PGM cultivées. Elles permettent une meilleure protection contre les mauvaises herbes, les insectes et dans quelques cas les virus. Ainsi, les cultures peuvent mieux exprimer leur potentiel de production. (La FAO estime les pertes dues aux ennemis des cultures à près de 40 % du potentiel de production.) Très récemment, des PGM tolérantes à la sécheresse ont été mises en culture, mais il est trop tôt pour en analyser l’effet. Bien qu’une des raisons d’utilisation des PGM par les agriculteurs corresponde souvent à une sorte d’assurance récolte, on peut penser intuitivement que si ces agriculteurs, chefs d’entreprise responsables, achètent ces variétés, c’est qu’ils y trouvent un avantage économique. Dès le début de la mise en culture des PGM, des études ont été faites pour analyser cette situation comme le montrent les exemples ci-dessous. À partir des années 1980, le ringspot, virus de la papaye, a mis en danger l’économie de la papaye à Hawaï en portant atteinte au gagne-pain surtout des petits producteurs. Les essais de sélection classique et les traitements contre les pucerons transmettant la maladie n’avaient pas eu de succès. Des variétés résistantes ont été obtenues par transgénèse et les premières cultures eurent lieu en 1998. Dès 1999, 78 % des planteurs, surtout les petits planteurs cultivant de 0,4 à 2,4 ha, adoptèrent ces PGM qui leur permirent de survivre (14).

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10 questions à Bernard Le Buanec sur les OGM

En 2001, une analyse des résultats obtenus sur environ 15 000 ha dans le centre-est de l’Afrique du Sud (15) fait apparaître que le coton Bt représente 72 % des surfaces des petites exploitations et 25 % des grandes exploitations. Comme à Hawaï, ce sont les petits agriculteurs qui adoptèrent la technologie le plus rapidement car la suppression des traitements au pulvérisateur à dos constituait un progrès conséquent. Le gain moyen par rapport au coton conventionnel était de 453 kg/ha dans les petites exploitations contre 384 kg/ha dans les grandes et le gain en valeur de 1 044 rands contre 597 rands. En 2002, une analyse économique de l’impact du maïs résistant à des insectes aux États-Unis, pour une surface cultivée de 6,5 millions d’hectares soit à l’époque 20 % de la surface totale de cette culture dans ce pays, évalue le bénéfice à 432 millions de dollars (16). Ce bénéfice est essentiellement dû à l’augmentation des rendements et à la réduction de l’emploi des pesticides. Les premiers bénéficiaires ont été les consommateurs du fait d’une pression à la baisse sur les coûts du maïs produit, puis les agriculteurs et enfin les développeurs de la technologie. Les perdants sont les agriculteurs n’ayant pas utilisé cette technologie. Le coton transgénique résistant à des insectes a été adopté en 2007 au Burkina Faso. En 2012, ce coton occupait 51 % des surfaces pour une surface moyenne par planteur de 3,16 ha. Les surfaces plantées en coton ont augmenté de 424 810 ha en 2011 à 615 796 ha en 2012, essentiellement grâce à ces nouvelles variétés. Le rendement moyen du coton transgénique est de 20 % supérieur et le nombre de traitements insecticides est passé de 6 à 2. Ces deux avantages cumulés se traduisent par un gain net d’environ 95 $ par hectare. En 2011, le gain total estimé au Burkina Faso a été de 39 millions $ dont 67 % sont allés aux agriculteurs, ce qui est très significatif dans un pays dont le PIB par habitant est de 500 $ (17-18). Enfin, plus près de nous, en Espagne, seul pays en Europe, avec le Portugal, cultivant des surfaces significatives en PGM, les résultats de l’Institut de recherche et technologies agroalimentaires de Catalogne (19) indiquent qu’en cas de forte infestation de pyrales ou de sésamies, deux insectes foreurs de tiges, les gains de rendement sont de 5 à 7 %, soit de l’ordre de 180 à 253 € à l’ha pour un prix supplémentaire de semences de 48 €/ha. Il y a de plus l’économie d’un traitement insecticide de 35 €/ha. En cas d’absence d’insectes, il n’y a pas de différence significative de rendement entre les variétés GM et les variétés conventionnelles, mais les agriculteurs préfèrent cependant les PGM à titre d’assurance. Sur 120 000 ha de PGM cultivés en Espagne cela représente un gain de 21 à 29 millions d’euros.

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Question 6 : quel est l’impact économique des PGM ?

Il serait possible, mais fastidieux, de présenter de nombreux autres résultats ponctuels. Il est donc intéressant de présenter dans le tableau ci-dessous les résultats d’une méta-analyse effectuée par Brookes et Barfoot.

1996-2011

2011

soja

110

13

mais

195

35

coton

16

2,5

colza

7

0,44

betterave

0,45

0,13

Figure 6 : Gains de production, en millions de tonnes, dus à la culture des PGM.

Ces gains sont dus, en particulier dans le cas de la résistance à des insectes, à une meilleure production à l’hectare, surtout dans les pays en développement avec, par exemple, 18 % pour le maïs aux Philippines ou 20 % pour le coton au Burkina Faso. Ces résultats concernent bien évidemment les PGM actuellement cultivées. La poursuite du développement de variétés transgéniques de différentes espèces est en cours. Ces nombreux travaux devraient permettre le développement de variétés ayant un fort impact économique dans les années à venir (cf. Question10).

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Question 7 : peut-on ressemer des PGM ?

QUESTION 7 : PEUT-ON RESSEMER DES PGM OU LES UTILISER LIBREMENT DANS DES PROGRAMMES D’AMÉLIORATION VARIÉTALE ?

Cette question est très souvent posée et nombreux sont ceux qui croient que l’on ne peut pas ressemer les PGM, soit pour des raisons biologiques, soit pour des raisons légales de propriété intellectuelle. La réponse à la première partie de cette assertion est rapide. En effet, contrairement à ce que certains disent ou pensent, les semences de PGM ne sont pas stériles et il est donc pratiquement possible de les ressemer. Il n’est par contre pas recommandé de ressemer les semences récoltées sur des variétés hybrides car la descendance, ayant perdu la vigueur hybride, donnerait de beaucoup moins bons résultats. Ceci est lié à la notion même d’hybride et non au caractère génétiquement modifié de la variété. Il y a lieu d’analyser plus en détail la situation légale, c’est-à-dire l’étendue de la protection de la propriété intellectuelle couvrant les PGM (20). Il faut noter que malgré des efforts d’harmonisation au niveau international, les lois de protection de la propriété intellectuelle sont nationales, que la protection est territoriale et qu’elle peut varier d’un pays à un autre. Il est traité ici de la situation dans l’Union européenne. Les PGM étant aussi souvent opposées aux variétés conventionnelles, il faut considérer les deux cas.

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En Europe, les variétés végétales ne sont pas brevetables. Le seul moyen de les protéger est le certificat d’obtention végétale, le COV. Le droit conféré par le COV comporte deux exceptions particulières définies par le règlement européen (CE) n°2100/94 découlant de la Convention de l’UPOV : • la première est la possibilité pour l’agriculteur, sous certaines conditions et pour certaines espèces, d’utiliser des semences de variétés protégées produites sur sa propre exploitation. Cette exception est connue sous le nom de « privilège de l’agriculteur » ou encore sous celui de « semences de ferme ». En France, un accord interprofessionnel, confirmé par le Gouvernement, établit le montant de la redevance à payer par les agriculteurs pour l’utilisation de semences de ferme de céréales à paille à 0,7 € par tonne produite. Les agriculteurs produisant moins de 92 tonnes en sont exonérés. L’accord prévoit aussi une redevance pour les semences d’oléagineux dont le montant sera fixé en 2014 ; • la seconde est la possibilité pour tout sélectionneur d’utiliser une variété protégée dans son programme de recherche afin de développer d’autres variétés. Cette exception est connue sous le nom de « privilège du sélectionneur ». Les nouvelles variétés ainsi créées sont libres de droits, sauf si elles conservent les caractères essentiels de la variété protégée initiale. Dans ce cas, elles sont appelées « essentiellement dérivées » et elles sont légalement dépendantes de la variété initiale. Leur exploitation nécessite une licence de l’obtenteur de la variété initiale. Qu’en est-il des PGM ? Les PGM cultivées sont des variétés végétales. Elles ne sont donc pas brevetables et font l’objet d’un COV. Elles bénéficient dans ce cadre de la même protection que les variétés dites conventionnelles. De plus, elles contiennent un transgène en général breveté car la directive européenne 98/44/CE relative à la protection juridique des inventions biotechnologiques autorise le brevetage d’un gène lié à une fonction précise. Conformément à l’article 9 de cette directive, « la protection conférée par le brevet s’étend à toute matière […] dans laquelle ce gène est incorporé et dans laquelle l’information génétique est contenue et exerce sa fonction ». Une PGM bénéficie donc d’une double protection, par COV et brevet. Cependant, les conséquences pratiques sont minimes si l’on compare cette protection à celle conférée par le COV uniquement. En effet, en plus des exceptions

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Question 7 : peut-on ressemer des PGM ?

générales au droit des brevets, deux exceptions spécifiques pour les variétés végétales ont été précisées dans la directive européenne : • la vente de semence de PGM à un agriculteur à des fins d’exploitation agricole implique pour celui-ci l’autorisation d’utiliser le produit de sa récolte pour la reproduction ou la multiplication par lui-même sur sa propre exploitation. Les conditions de ce « privilège de l’agriculteur » sont strictement identiques à celles stipulées pour le COV ; • les droits conférés par le brevet ne s’étendent pas aux actes accomplis en vue de créer ou de découvrir et de développer d’autres variétés ; c’est le privilège de l’obtenteur existant dans le cadre du COV. Cette exception, n’existant pas à l’origine dans la directive 98/44/CE, avait été ajoutée dans sa transcription en droit national en Allemagne et en France (loi française n°2004-1338 du 8 décembre 2004). Elle a été généralisée à l’Union européenne dans le cadre du brevet unitaire européen. Il est donc possible d’utiliser librement une PGM acquise légalement, qui se comporte comme une variété conventionnelle en croisement sans qu’on y ait à modifier quoi que ce soit, à fin de création variétale. Les variétés issues de ce programme de sélection sont libres de tout droit si le gène breveté n’y est pas présent ou ne s’y exprime pas. « L’extension » de la protection par brevet du gène à la variété ne consiste donc pas en une « appropriation » du génome de la variété dans lequel ce gène est inséré. Par contre, si le gène est présent et s’exprime, l’obtenteur de la nouvelle variété devra négocier une licence d’exploitation avec le titulaire du brevet de gène. Un parallèle peut être fait ici avec le concept de « variété essentiellement dérivée » dans le cadre du COV. En conclusion, l’étendue de la protection d’une PGM est quasiment identique à celle d’une variété conventionnelle avec, en particulier, les exceptions des « privilèges » de l’agriculteur et de l’obtenteur.

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Question 8 : peut-on savoir si l’on consomme des OGM ?

QUESTION 8 : PEUT-ON SAVOIR SI L’ON CONSOMME DES OGM ? La situation varie de pays à pays selon la réglementation. Par exemple, aux États-Unis et au Canada l’étiquetage d’OGM ou de produits dérivés n’est pas obligatoire, dès lors que cet OGM a été autorisé à la vente et est donc considéré sans danger. Le sujet donne cependant lieu à débat aux États-Unis. Les référendums en Californie en 2012 et dans l’État de Washington en 2013 demandant l’étiquetage ont été rejetés. Des lois sur l’étiquetage obligatoire ont été adoptées dans les États du Maine et du Connecticut, mais elles ne sont pas applicables pour le moment, leurs conditions de mise en œuvre n’étant pas atteintes. Par contre, l’étiquetage volontaire est autorisé, mais doit respecter des normes gouvernementales. En revanche, l’étiquetage des OGM/PGM est obligatoire en Europe, ainsi que le prescrit le règlement (CE) 1830/2003 modifiant la directive de base 2001/18/CE. En France, ce sont les conditions de la loi 595/2008, transcrivant en droit français la directive européenne et promulguée après le Grenelle de l’environnement de 2007, qui s’appliquent. Doivent être étiquetés : • toutes les denrées alimentaires contenant ou issues d’OGM, indépendamment de savoir si le produit final contient de l’ADN ou des protéines dérivés d’OGM. Cet étiquetage de produits qui peuvent échapper à l’analyse, en particulier dans le cas de produits dérivés, est donc fondé sur une traçabilité stricte de la chaîne alimentaire. La présence d’ingrédients issus d’OGM, y compris les additifs alimentaires et les arômes, doit aussi être étiquetée ;

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10 questions à Bernard Le Buanec sur les OGM

• tous les aliments génétiquement modifiés pour animaux. Par contre, les produits d’animaux nourris avec des OGM (viande, œufs, produits laitiers, etc.) ne sont pas soumis à l’étiquetage. Cependant, un seuil minimal de présence accidentelle d’ADN ou de protéines dérivées d’OGM, de 0,9 %, est accepté. Cette présence doit être accidentelle et techniquement inévitable. En dessous de ce seuil, déterminé ingrédient par ingrédient, l’étiquetage n’est plus obligatoire. Il faut insister sur le fait que ce seuil est un seuil technique réglementaire et non sanitaire. Le consommateur a donc le choix entre les aliments génétiquement modifiés ou non. À la suite du Grenelle de l’environnement un nouvel étiquetage « sans OGM », n’existant pas au niveau européen, a été institué par décret du 30 janvier 2012 en France : • pour les ingrédients d’origine végétale la mention « sans OGM » est réservée aux ingrédients contenant au maximum 0,1 % de présence accidentelle d’OGM. Comme pour le seuil à 0,9 % ce seuil est réglementaire et non sanitaire. • pour les ingrédients issus ou provenant d’animaux d’élevage, deux étiquetages sont possibles suivant que l’aliment du bétail contient moins de 0,9 % d’OGM ou moins de 0,1 %. À cela s’ajoutent des règles complexes, qu’il n’y a pas lieu de détailler ici, de durées différentes de périodes d’alimentation qui, de plus, dépendent du type d’animal. Il n’est pas évident que la complexité de cette réglementation facilite le choix du consommateur. D’ailleurs, depuis la parution du décret, elle est peu mise en œuvre du fait de cette complexité, mais aussi de son coût.

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Question 9 : la coexistence entre PGM et AB est-elle possible ?

QUESTION 9 : LA COEXISTENCE ENTRE LES PGM ET L’AGRICULTURE CONVENTIONNELLE ET BIOLOGIQUE EST-ELLE POSSIBLE ?

La Communauté européenne a adopté en 1998 une directive sur la coexistence entre différents types d’agriculture sur le territoire de l’Union. En résumé, cette directive stipule que les agriculteurs en Europe doivent être libres du choix d’agriculture qu’ils veulent mettre en œuvre et que des règles de coexistence doivent être établies au niveau national. En 2003, la Commission a également publié des principes directeurs pour le développement de stratégies nationales et de meilleures pratiques pour assurer la coexistence des PGM avec l’agriculture conventionnelle et l’agriculture biologique. Les aspects généraux de ces principes directeurs sont les suivants : • les règles doivent assurer un équilibre équitable entre les intérêts des agriculteurs de tous les types de production. Les meilleures pratiques doivent se référer aux seuils légaux d’étiquetage et de pureté des aliments pour l’homme et les animaux (cf. Question 8) ; • les mesures doivent être efficaces et avoir un bon rapport coût-efficacité, sans aller au-delà de ce qui est nécessaire pour être en conformité avec les seuils d’étiquetage OGM. Elles doivent tenir compte des différentes espèces, car la

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10 questions à Bernard Le Buanec sur les OGM

probabilité des mélanges varie grandement d’une espèce à l’autre : alors que pour certaines espèces comme le colza la probabilité est élevée, pour d’autres, comme la pomme de terre, elle est faible. En fait, toute la problématique de la coexistence provient de la possibilité de présence accidentelle d’une PGM dans des produits conventionnels ou biologiques. Le seuil de présence accidentelle est d’ailleurs le même dans les deux cas, c’està-dire 0,9 %. Seul dans le cas d’étiquetage positif « sans OGM » il tombe à 0,1 % ; ce seuil n’est pas l’objet d’une réglementation européenne, mais seulement dans certains pays de l’Union. Le risque de présence accidentelle existe à tous les niveaux de la chaîne de production, depuis la semence jusqu’à la transformation par l’industrie agroalimentaire en passant par la culture au champ, la récolte et le stockage. C’est l’aspect de la culture au champ qui est le plus débattu du fait de possible flux de pollen d’une parcelle de culture à une autre. Analysons comme modèle la situation du maïs, espèce à fécondation croisée et seule PGM cultivée de façon significative en Europe. De nombreuses études montrent qu’à partir d’une distance comprise entre 25 et 50 mètres le taux de fécondation croisée est en général inférieur à 0,9 %. Cependant, la situation peut être variable en fonction de la topologie, de la présence de haies et de la direction des vents dominants. Il faut donc étudier chaque situation au cas par cas. Il sera par contre difficile en pratique d’obtenir des taux inférieurs à 0,1 % de façon régulière pour un étiquetage positif sans OGM. Les différents pays ont donc adopté, comme le leur permet la réglementation européenne, leurs propres règles qui peuvent être, de façon surprenante, très différentes, ce qui montre que ces normes dépendent plus d’un consensus sociopolitique que de données techniques : • aux Pays-Bas, la distance minimale entre parcelles doit être de 25 mètres et au Luxembourg de 600 mètres ; • au Portugal, la distance doit être de 200 mètres pour isolement d’un champ de maïs conventionnel et de 300 mètres pour un champ de maïs en culture biologique. De plus, le Portugal a défini par décret des zones avec et sans OGM, ce qui est sans doute une bonne solution pour la coexistence PGM et culture biologique ;

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Question 9 : la coexistence entre PGM et AB est-elle possible ?

• le cas de l’Espagne est plus intéressant car il implique un dialogue entre agriculteurs et une analyse au cas par cas. Il n’y a pas de réglementation officielle. Par contre, les agriculteurs suivent l’arbre de décision ci-dessous (19) :

En cas d’agriculture biologique, il est recommandé de semer avec décalage dans le temps des variétés de précocité différentes. Si les agriculteurs font preuve de bonne volonté, il est donc possible de résoudre les problèmes de coexistence entre PGM et culture conventionnelle ou biologique.

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Question 10 : en quoi les PGM peuvent-elles aider ?

QUESTION 10 : EN QUOI LES PGM PEUVENT-ELLES AIDER À FAIRE FACE AUX DÉFIS DU XXIE SIÈCLE ?

Le principal défi pour l’agriculture sera de nourrir les 9 milliards, voire 10 milliards, d’habitants qui peupleront la planète à la fin du siècle, alors que déjà aujourd’hui il y a un milliard de personnes qui ne mangent pas à leur faim et que plusieurs millions meurent de faim chaque année. Le problème de l’accès à l’alimentation n’est pas uniquement lié au volume de production, il dépend aussi de façon significative des questions de pauvreté et de pertes en cours de production et de stockage. Quoi qu’il en soit, la demande alimentaire va augmenter de façon très importante dans les années à venir du fait de besoins quantitatifs, mais aussi qualitatifs, nouveaux. On estime en général que pour répondre à ces besoins, la production agricole devra augmenter d’au moins 50 % dans les vingt-cinq prochaines années. Les réserves de surfaces cultivables additionnelles étant limitées à quelques centaines de millions d’hectares, l’intensification de la production agricole sera indispensable dans un contexte contraint d’évolution climatique et de raréfaction de l’eau et des intrants non renouvelables. Cela demandera la mise en œuvre de nombreuses technologies, dont l’utilisation de variétés améliorées. La transgénèse est un des outils, parmi d’autres, du développement de ces nouvelles variétés. Il n’est pas possible de citer toutes les pistes de recherches, qui foisonnent actuellement, mais seulement quelques exemples significatifs.

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La résistance aux insectes et aux maladies La poursuite du développement de variétés de différentes espèces résistantes aux insectes et aux maladies est en cours. En 2009, le gouvernement chinois, après une étude de biosécurité de trois ans, a adopté un riz résistant à des insectes foreurs de tige qui devrait permettre une augmentation de rendement de l’ordre de 8 % (21). Des bananes résistantes au feu bactérien après transfert de gènes de poivron devraient être rapidement mises à la disposition des agriculteurs ougandais (22). L’institut de recherche publique brésilien EMBRAPA a développé un haricot résistant au virus de la mosaïque dorée en utilisant des petits ARN interférents (23). La variété a été autorisée en 2011 et devrait être disponible pour les petits agriculteurs, dont c’est un des aliments de base, dans les deux ou trois ans. Les avantages, annoncés par l’EMBRAPA, sont la réduction des déchets, la garantie du rendement et la réduction des traitements phytosanitaires.

La tolérance à des stress abiotiques et en particulier à la sécheresse et au sel La tolérance à la sécheresse Un peu plus de 80 % des cultures au niveau mondial, soit sur environ 1 milliard deux cent millions d’hectares, sont dites pluviales, c’est-à-dire alimentées par l’eau des pluies, et 40 % de ces surfaces sont régulièrement sujettes à des périodes de sécheresse limitant significativement les rendements. Selon la FAO, l’augmentation des surfaces irriguées sera faible au cours des 40 prochaines années, d’environ 60 millions d’hectares. Pour le maïs, on peut estimer les pertes de rendement dues aux épisodes de sécheresse à 15 % au niveau mondial et, pour le blé, de l’ordre de 5 à 10 %. Le développement de variétés tolérantes à la sécheresse est donc un objectif prioritaire tant en recherche publique qu’en recherche privée et la transgénèse est un des outils mis en œuvre. L’espèce pour laquelle les progrès sont les plus avancés est le maïs. Les premières variétés transgéniques tolérantes à la sécheresse ont été commercialisées en 2013 aux États-Unis. Il s’agit de variétés dans lesquelles a été

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introduit un gène de Bacillus subtilis (cspB ou cold-shock protein gene). Au cours de la sécheresse exceptionnelle de 2012 ces variétés ont donné, sur 2 000 comparaisons, un avantage de 3,1 q/ha pour un rendement moyen de 44 quintaux, soit un gain de 7 % (24). Des variétés adaptées à l’Afrique de l’Est, développées dans le cadre d’un accord de recherche publique-privée alliant sélection conventionnelle, sélection assistée par marqueurs et transgénèse, devraient être disponibles en 2015 (25). Pour le blé, des résultats intéressants ont été publiés dès 2004 (26) en Égypte et plus récemment en Australie (27,28) où, en 2007, des essais au champ ont montré des gains de rendement jusqu’à 20 % en condition de stress hydrique et sans pénalités de rendement en conditions irriguées. Les premières variétés commerciales pourraient être disponibles en 2017/2018. Des travaux sont en cours sur plusieurs autres espèces comme, par exemple, le riz et la tomate. Début mai 2013, un accord a été signé entre une entreprise familiale française et une coopérative argentine pour la mise au point d’un blé transgénique tolérant à la sécheresse et au sel par introduction d’un gène de tournesol isolé par la recherche publique argentine. Ce gène donne également des résultats intéressants en soja. Il est à noter que tolérances à la sécheresse et au sel sont souvent liées. La résistance au sel Selon les sources, on peut admettre que 10 à 15 % des sols cultivés présentent un excès de sel, en particulier les sols irrigués insuffisamment drainés. Tous les ans, plusieurs millions d’hectares cultivables sont détériorés ou perdus. De nombreux travaux sont en cours pour développer des variétés de plusieurs espèces tolérantes au sel. En Inde, par exemple, des variétés de riz sont actuellement disponibles et n’attendent plus que les autorisations réglementaires pour être testées au champ. Le blé transgénique tolérant à la sécheresse par introduction d’un gène de tournesol, évoqué ci-dessus, présente aussi une bonne tolérance au sel. L’approche utilisée en Inde par la fondation Swaminathan est intéressante. Quatre gènes d’une plante de mangrove, Avicenia marina, ont été sélectionnés pour leur caractéristique conférant une tolérance au sel. Ces gènes ont été transférés dans du riz, de la moutarde et une lentille. Les nouvelles variétés obtenues ont présenté une bonne tolérance au sel (29).

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L’amélioration d’autres facteurs de productivité L’azote est un des facteurs limitant le plus important de la production agricole au niveau mondial. De plus, la fabrication d’engrais azoté minéral consomme de très grandes quantités d’énergie avec un effet direct sur la production de gaz à effet de serre. Il est donc important d’améliorer l’utilisation de l’azote. Plusieurs programmes internationaux sont en cours en utilisant, comme pour la résistance à la sécheresse, la sélection assistée par marqueurs et la transgénèse (30, 31). Une autre voie d’approche est l’amélioration de la photosynthèse. On peut citer des travaux sur des équilibres hormonaux, en particulier la cytokinine et l’acide abscissique (32, 33) et l’introduction de gènes de voies de photosynthèse en C4 dans les plantes en C3, ce qui peut améliorer le taux de photosynthèse, en particulier en conditions de sécheresse, de hautes températures et de limitation en azote et donc de faire face à des changements climatiques importants. Par exemple, dans le cadre du projet international « riz en C4 » géré par l’Institut International de la recherche sur le riz, le gène de la phospho-enolpyruvate carboxylase a été surexprimé dans le riz, augmentant le taux de photosynthèse de 30 % (34,35). Dans des essais préliminaires au champ les plantes transgéniques ont eu un rendement de 10 à 30 % supérieur à celui des plantes non transformées.

Effet des PGM sur la qualité des aliments En dehors de l’effet positif des maïs résistant à des insectes sur la diminution des teneurs en mycotoxines, effet indirect de la résistance à des insectes, il n’y a pas eu sur le marché, jusqu’en 2013, de PGM spécifiquement développées pour la qualité des aliments, à l’exception de la tomate à meilleure durée de conservation et à plus forte teneur en matière sèche (cf. question 3). Plusieurs pistes sont actuellement explorées : La biofortification Les déficiences en micro-éléments et en vitamines, en particulier la vitamine A, le fer et le zinc, affectent plus de la moitié de la population mondiale et sont la cause tous les ans de millions de morts d’enfants de moins de cinq ans et de

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nombreuses femmes. Plusieurs solutions existent, telles que la diversification alimentaire, la supplémentation minérale, les additifs alimentaires et la biofortification des espèces végétales des aliments de base. Etant donné l’importance du problème, aucune de ces voies n’est à négliger. La biofortification, c’est-à-dire le développement de variétés riches en ces nutriments, est certainement une solution élégante qui bénéficierait largement aux populations à risque à des coûts raisonnables. Cette création variétale peut se faire de façon dite conventionnelle s’il existe une variabilité suffisante dans l’espèce considérée, comme par exemple la patate douce, soit par transgénèse s’il faut introduire des caractères d’une ou plusieurs autres espèces. L’exemple le plus emblématique est certainement celui du riz doré dont l’idée a été développée à partir de 1984 par Peter Beyer et Ingo Potrikus. L’objectif était de provoquer l’accumulation de beta-carotène, précurseur de la vitamine A, dans l’endosperme, la partie consommée du riz. La première variété a été obtenue en 1999 et de nombreuses améliorations ont été ensuite apportées, en particulier l’augmentation de la teneur en beta-carotène et l’enrichissement en fer, zinc et vitamine E. Il s’agit ici d’un exemple qui pourrait sauver de la cécité, et souvent de la mort, des millions d’enfants dans le monde. Près de 15 ans après, le riz doré a été cultivé en grande parcelle aux Philippines où il a, malheureusement, été saccagé par des opposants à la transgénèse. Cependant, la culture devrait y reprendre en 2014 ainsi qu’au Bengladesh. Des travaux sont également en cours sur la banane, le manioc et le sorgho. La modification quantitative et qualitative des acides gras La modification quantitative et qualitative des acides gras a été une des premières applications de la transgénèse et, dès 1996, Calgène a commercialisé un colza riche en acide laurique à des fins industrielles. Cependant, la commercialisation a eu une durée très limitée du fait de l’étroitesse du marché et de la difficulté de mettre en place des contrats de filières. De nombreux essais ont été effectués depuis lors. Aujourd’hui, plusieurs entreprises et organismes publics de recherche développent des colzas et des sojas permettant d’enrichir la ration alimentaire en acides gras riche en oméga-3, soit directement en faisant produire à la plante de l’acide eicosapentaenoïque (EPA) ou de l’acide docosahexanoïque (DHA), soit indirectement en faisant produire à la plante un précurseur de l’EPA, l’acide stéaridonique (SDA). Une étude en double aveugle a montré que l’huile de soja enrichie en SDA provoquait une augmentation

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du niveau d’EPA dans les globules rouges (36). L’huile de soja enrichie en SDA a été commercialisée en Amérique du Nord en 2013 par Monsanto et DSM. L’huile de soja représentant 30 % de l’huile consommée dans le monde, cette innovation devrait présenter un grand intérêt pour la santé humaine. Une autre approche en cours de développement est un soja avec un niveau d’acides gras mono-insaturés similaire à celui de l’huile d’olive. En Juin 2010, la FDA a annoncé l’autorisation de mise en marché de ce soja riche en acide oléique qui a été commercialisé en 2013 par Dupont et Perdue Agribusiness. La suppression d’allergènes, de composés provoquant des intolérance ou toxiques La transgénèse permet de modifier les voies de biosynthèse et donc de modifier la structure des protéines allergènes. Le premier test a été effectué sur riz en 1993, puis des essais ont été effectués sur arachide. Ce dernier cas n’a pas donné de résultats concluants car il fallait modifier plusieurs protéines allergènes qui, de plus, sont des constituants majeurs de la plante. Les travaux sur le blé semblent plus prometteurs, même s’ils sont complexes. La Washington University vient de publier des résultats encourageants sur un blé transgénique qui permettrait d’éviter la maladie cœliaque du fait d’une modification de certaines protéines du gluten (37). Il est cependant probable que la farine obtenue à partir d’un tel blé ne conviendra pas à toutes les utilisations classiques de la farine de blé et en particulier à la fabrication du pain. Les tourteaux et l’huile de coton sont utilisés en alimentation animale et, pour l’huile, également en alimentation humaine, en particulier en Afrique subsaharienne et en Asie. Ces produits contiennent du gossypol, un pigment phénolique qui a des effets indésirable sur la santé. Il est possible, par transgénèse, de réduire la teneur en gossypol de ces coproduits du coton, ce qui en améliore les qualités alimentaires (38). Utilisation des aliments à fin thérapeutique L’idée d’utiliser un aliment à fin thérapeutique serait venue au chercheur américain Charles Arntzen lors d’un voyage en Thaïlande en 1992, en voyant une maman calmer son enfant en lui donnant des morceaux de banane. Pourquoi, pensa-t-il, ne pas essayer de mettre dans cette banane un vaccin par voie orale appelé en anglais « edible vaccine » que l’on peut traduire en français de façon pas très satisfaisante par « vaccin comestible ». Le premier succès d’un essai sur l’homme a été le développement d’un vaccin contre l’hépatite B dans la pomme de terre. Pour

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le moment, il n’y a pas d’applications commerciales. Des revues bibliographiques ont été publiées sur le sujet (39). L’objectif de développement de ces vaccins est de mettre à disposition des pays en développement, où des millions d’enfants meurent encore de maladies infectieuses, un moyen de vaccination simple, peu coûteux, facile à administrer, facile à conserver et ne nécessitant pas d’injection. Le concept a évolué depuis l’idée originale car il serait difficile de contrôler les doses en fondant la stratégie sur la consommation de fruits ou de légumes frais. La solution serait d’utiliser ces fruits et légumes lyophilisés, ce qui permettrait de pallier cette difficulté. Des travaux sont en cours sur plusieurs espèces, banane, pomme de terre, tomate, laitue, riz, maïs et soja, la pomme de terre et la tomate étant les vecteurs les plus étudiés. Les principaux développements concernent les gastro-entérites et les diarrhées, le choléra, le paludisme, l’hépatite B et le sida. On peut aussi citer les résultats intéressants obtenus en 2009 par une équipe japonaise qui a transformé du riz pour lutter contre les allergies dues au pollen de cèdre qui affectent 20 % de la population (40). Dans ce cas, la consommation régulière de riz apporterait une solution au problème. Une nouvelle approche intéressante est en cours de développement : la mise au point de vaccins comestibles contre les maladies parasitaires animales, ce qui permettrait de diminuer fortement l’utilisation des médicaments de synthèse dans les élevages.

La production de protéines pharmaceutiques recombinantes Les protéines sont largement utilisées en recherche, en médecine, mais leur extraction de leurs sources naturelles peut être difficile et coûteuse et, parfois, présenter des risques pour la santé. En effet, de nombreuses personnes ont contracté des maladies en ayant été traitées avec des hormones et des produits extraits de tissus et de sang humain. D’autres protéines, comme certains dérivés d’anticorps monoclonaux, ne sont pas trouvées naturellement. Ainsi, un système simple et peu coûteux, qui permette une production à grande échelle de protéines recombinantes dans le végétal, serait fortement souhaitable. C’est ce que l’on appelle le « molecular farming » ou encore « molecular pharming ».

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La première protéine d’intérêt pharmaceutique produite dans une plante a été en 1986 l’hormone de croissance humaine dans le tabac. Aucune protéine recombinante provenant de PGM n’est actuellement commercialisée. Plus de cent protéines ont été produites à des fins expérimentales et une partie d’entre elles, en particulier des vaccins, des anticorps et des enzymes, sont en cours d’étude chez l’homme. L’histoire d’une start up française en transgénèse, Meristem Therapeutics, mérite qu’on s’y attarde. Cette société avait développé au début des années 1990, un système de production de lipase gastrique dans le maïs. Cette molécule, généralement extraite d’estomacs de chiens, est un médicament utilisé dans le traitement de la mucoviscidose, qui affecte environ 50 000 personnes dans l’Union européenne. Les résultats étaient positifs et en 2003 des essais cliniques de phase 2 étaient conduits. Les champs de production, parfaitement isolés selon les recommandations des autorités compétentes, permettant de produire les quantités nécessaires pour poursuivre les essais cliniques en France et aux États-Unis, ont été détruits début 2005 par les « faucheurs volontaires ». Ne pouvant poursuivre ses travaux la société a été mise en liquidation judicaire, les brevets vendus à l’étranger et les 84 salariés ont perdu leur emploi. En conclusion, l’on peut dire que la transgénèse est un outil utile qui devrait permettre, utilisée de manière responsable et en parallèle avec de nombreuses autres techniques, de faire face aux défis auxquels l’humanité est confrontée.

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Pour en savoir plus

POUR EN SAVOIR PLUS

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10 questions à Bernard Le Buanec sur les OGM

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Glossaire

GLOSSAIRE

ACIDE ABSCISSIQUE Hormone végétale qui joue un rôle important dans le développement de la plante et permet une défense renforcée contre les stress biotique et abiotique. ARN INTERFÉRENT Molécule qui, introduite dans la cellule, conduit à la diminution ou à la suppression de la production d’une protéine. ARTHROPODES UTILES En agriculture et horticulture on appelle arthropodes utiles les arthropodes, souvent des insectes, que l’on cherche à protéger, voire à favoriser, car ils sont bénéfiques aux cultures. Il peut s’agir, par exemple, de prédateurs de certains parasites ou de pollinisateurs. Ils s’opposent aux arthropodes nuisibles qui provoquent des dégâts aux cultures. AVANTAGE COMPÉTITIF Caractéristique d’une plante qui lui permet de se développer plus efficacement que les autres plantes dans un milieu donné.

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BACTÉRIE Micro-organisme unicellulaire sans noyau (procaryote) dont le génome est constitué d’ADN circulaire. La bactérie contient un seul chromosome et éventuellement des plasmides. BIOFORTIFICATION Procédé par lequel on améliore la qualité nutritive des aliments de base. Cela peut être fait par amélioration des plantes conventionnelle ou par génie génétique. CHLOROPLASTES Éléments dans des cellules des plantes et algues vertes. Ils jouent un rôle essentiel dans le fonctionnement d’une cellule végétale car ils permettent de capter l’énergie de la lumière par l’intermédiaire de la chlorophylle qu’ils contiennent. Ils permettent ainsi la transformation du carbone atmosphérique en carbone organique et donc la formation de la biomasse végétale. CROISEMENT Fécondation croisée de deux individus de la même espèce ou d’espèces proches afin de réunir dans la descendance des individus ayant le maximum de caractères favorables qui seront sélectionnés. CYTOKININES Substances appartenant à une famille d’hormones végétales, indispensables au développement de la plante. ENZYME Protéine qui catalyse, accélère une réaction biochimique.

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Glossaire

GÈNE Unité d’hérédité contrôlant un caractère particulier. Cet élément génétique correspondant à un segment d’ADN ou d’ARN (virus), situé à un endroit bien précis (locus) sur un chromosome. Chaque région de l’ADN qui produit une molécule d’ARN fonctionnelle est un gène. Le gène est responsable d’une fonction spécifique, correspondant le plus souvent à la synthèse d’une protéine. Chez les eucaryotes les gènes sont portés par les chromosomes mais aussi par l’ADN extranucléaire, cas des mitochondries et des chloroplastes. Chez les procaryotes, les gènes sont localisés dans un chromosome circulaire et éventuellement dans des plasmides.

GÉNOME Ensemble du matériel génétique d’un individu. Patrimoine héréditaire d’un individu. INTRANTS Les différents produits nécessaires à la production dans une exploitation agricole et entre autres, les engrais et les produits phytosanitaires. ISOGÉNIQUE Variété conventionnelle ayant le même génome que la variété transgénique à l’exception du gène introduit par transgénèse. LIPASE GASTRIQUE Enzyme qui permet d’assurer une nutrition normale en lipide de l’enfant jeune. Son absence possible, due à une maladie génétique, provoque la mucoviscidose. La production de lipase gastrique diminue avec l’âge. MICROFLORE DU SOL Nom donné à l’ensemble des organismes vivant dans le sol de taille inférieure à quelques dizaines de µm. Elle regroupe majoritairement des bactéries et des champignons.

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10 questions à Bernard Le Buanec sur les OGM

MICROORGANISME RECOMBINANT Microorganisme dans lequel on a introduit un gène codant une protéine ou un polypeptide afin de lui faire produire cette protéine ou ce polypeptide. Le produit ainsi obtenu est appelé protéine recombinante ou polypeptide recombinant. MITOCHONDRIE Élément à l’intérieur d’une cellule animale ou végétale. Son rôle est primordial, puisque les mitochondries sont à l’origine de la source principale d’énergie pour la cellule. MUTATION Altération du matériel génétique d’une cellule ou d’un virus qui entraîne une modification durable de certains caractères du fait de la transmission héréditaire de ce matériel génétique de génération en génération. Les mutations peuvent être spontanées ou provoquées par l’homme. MYCOTOXINE Toxines élaborées par diverses espèces de champignons microscopiques tels que les moisissures qui peuvent se développer sur la plante au champ ou en cours de stockage, mais aussi sur différents types d’aliments bruts ou transformés. Elles entraînent des intoxications graves chez les espèces animales ou chez l’homme. ONCOGÈNE Gène dont l’expression favorise la survenue d’un cancer. Il résulte de la modification ou de la surexpression d’un gène normal impliqué dans le contrôle de la division cellulaire. ORGANISME UNICELLULAIRE Organisme vivant composé d’une seule cellule. Parmi les organismes de type unicellulaire, nous trouvons les bactéries, les levures, certaines algues et certains animaux.

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Glossaire

PHOTOSYNTHÈSE EN C3 ET EN C4

La plupart des espèces végétales cultivées assimilent le carbone du CO2 de l’air sous forme d’un composé à 3 atomes de carbone. On les appelle plantes en C3. Ce sont par exemple le blé, le riz, l’orge, le colza, le soja, la pomme de terre… Certaines espèces, en général d’origine tropicale, assimilent le carbone sous forme d’un composé à 4 atomes de carbone. On les appelle plantes en C4. Ce sont par exemple le maïs, la canne à sucre et le sorgho. La photosynthèse est plus efficace chez les plantes en C4 que chez celles en C3. PYRALE DU MAÏS Insecte dont les larves se développent dans les tiges de maïs, provoquant d’importantes chutes de production. RÈGNE Dans les classifications, le plus haut niveau de classification des êtres vivants, en raison de leurs caractères communs. Les différents échelons de la classification taxinomique sont la vie, le domaine, le règne, l’embranchement, la classe, l’ordre, la famille, le genre et l’espèce. SÉLECTION Au départ, choix par les premiers agriculteurs des espèces adaptées à leurs besoins. Le concept a évolué avec les vocables sélectionneur et sélectionner en amélioration des plantes. Le sélectionneur est celui qui crée par croisement de nouvelles variétés et qui choisit dans la descendance les variétés réunissant les caractères les plus favorables. Ces variétés sont dites sélectionnées. SÉLECTION ASSISTÉE PAR MARQUEURS Toute forme de sélection qui fait intervenir au cours de son application des marqueurs moléculaires permettant d’identifier les caractères recherchés.

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10 questions à Bernard Le Buanec sur les OGM

SÉSAMIE Insecte dont les larves se développent dans les tiges de maïs, provoquant d’importantes chutes de production. SÉQUENÇAGE Procédé utilisé pour déterminer l’ordre (la séquence) des bases dans le génome. STRESS ABIOTIQUE Stress résultant d’un problème d’environnement tel qu’une sécheresse, le froid ou une carence en éléments nutritifs. Il en résulte des difficultés de croissance et des pertes de rendement. STRESS BIOTIQUE Stress résultant de l’action néfaste d’un organisme vivant sur un autre organisme vivant telle qu’une attaque d’un parasite. Il en résulte des difficultés de croissance et des pertes de rendement.

TRANSGÉNÈSE Technique servant à introduire un gène étranger (transgène) dans le génome d’un organisme, en vue d’obtenir un organisme génétiquement modifié. Pour être réussie la transgénèse nécessite : XX la pénétration du transgène dans les cellules-cibles, XX son intégration dans le génome, XX son aptitude à s’exprimer dans les cellules (production d’une protéine), XX et, enfin, la possibilité d’obtenir la régénération d’individus entiers à partir de cellules génétiquement modifiée. VARIABILITÉ GÉNÉTIQUE Ensemble des caractères codés par le génome existant dans une population donnée.

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Glossaire

VARIÉTÉ HYBRIDE L’hybridation est la fécondation d’une plante par du pollen d’une autre plante de la même espèce. L’hybridation permet de réaliser une variété hybride et de cumuler de nombreux caractères intéressants de ses deux parents, ce qui confère une vigueur générale plus importante que l’on appelle vigueur hybride. Cette vigueur hybride ne se retrouve pas dans la descendance. VECTEUR Molécule d’ADN capable de s’autorépliquer (plasmide, cosmide, ADN viral) dans laquelle on introduit (in vitro) de l’ADN étranger et que l’on utilise ensuite pour faire pénétrer cet ADN dans une cellule hôte. VIRUS Particule microscopique infectieuse possédant un seul type d’acide nucléique (ADN ou ARN) qui ne peut se répliquer qu’en pénétrant dans une cellule et en utilisant sa machinerie cellulaire. Les virus sont en général des germes pathogènes.

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Publications

PUBLICATIONS DE L’ACADÉMIE

Les travaux de l’Académie des technologies sont l’objet de publications réparties en quatre collections1 : XX Les rapports de l’Académie : ce sont des textes rédigés par un groupe de l’Académie dans le cadre du programme décidé par l’Académie et suivi par le Comité des travaux. Ces textes sont soumis au Comité de la qualité, votés par l’Assemblée, puis rendus publics. On trouve dans la même collection les avis de l’Académie, également votés en Assemblée, et dont le conseil académique a décidé de la publication sous forme d’ouvrage papier. Cette collection est sous couverture bleue. - Les ouvrages de l’Académie des technologies publiés entre 2008 et 2012 peuvent être commandés aux Éditions Le Manuscrit (http://www.manuscrit.com). La plupart existent tant sous forme matérielle que sous forme électronique. - Les titres publiés à partir de janvier 2013 sont disponibles en librairie et sous forme de ebook payant sur le site de EDP sciences (http://www.edition-sciences.com). À échéance de six mois ils sont téléchargeables directement et gratuitement sur le site de l’Académie. - Les publications plus anciennes n’ont pas fait l’objet d’une diffusion commerciale, elles sont consultables et téléchargeables sur le site public de l’Académie www.academie-technologies.fr, dans la rubrique « Publications ». De plus, l’Académie dispose encore pour certaines d’entre elles d’exemplaires imprimés. 1







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Les communications à l’Académie sont rédigées par un ou plusieurs Académiciens. Elles sont soumises au Comité de la qualité et débattues en Assemblée. Non soumises à son vote elles n’engagent pas l’Académie. Elles sont rendues publiques comme telles, sur décision du Conseil académique. Cette collection est publiée sous couverture rouge. Les « Dix questions à… et dix questions sur… » : un auteur spécialiste d’un sujet est sélectionné par le Comité des travaux et propose dix à quinze pages au maximum, sous forme de réponses à dix questions qu’il a élaborées lui-même ou après discussion avec un journaliste de ses connaissances ou des collègues (Dix questions à…). Ce type de document peut aussi être rédigé sur un thème défini par l’Académie par un académicien ou un groupe d’académiciens (Dix questions sur…). Dans les deux cas ces textes sont écrits de manière à être accessibles à un public non-spécialisé. Cette collection est publiée sous une couverture verte. Les grandes aventures technologiques françaises : témoignages d’un membre de l’Académie ayant contribué à l’histoire industrielle. Cette collection est publiée sous couverture jaune. Par ailleurs, concernant les Avis, l’Académie des technologies est amenée, comme cela est spécifié dans ses missions, à remettre des Avis suite à la saisine d’une collectivité publique ou par auto saisine en réaction à l’actualité. Lorsqu’un avis ne fait pas l’objet d’une publication matérielle, il est, après accord de l’organisme demandeur, mis en ligne sur le site public de l’Académie. Enfin, l’Académie participe aussi à des co-études avec ses partenaires, notamment les Académies des sciences, de médecine, d’agriculture, de pharmacie…

Tous les documents émis par l’Académie des technologies depuis sa création sont répertoriés sur le site www.academie-technologies.fr. La plupart sont peuvent être consultés sur ce site et ils sont pour beaucoup téléchargeables. Dans la liste ci-dessous, les documents édités sous forme d’ouvrage imprimé commercialisé sont signalés par une astérisque. Les publications les plus récentes sont signalées sur le site des éditions. Toutes les publications existent aussi sous forme électronique au format pdf et pour les plus récentes au format ebook.

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Publications

AVIS DE L’ACADÉMIE 1. Brevetabilité des inventions mises en œuvre par ordinateurs : avis au Premier ministre – juin 2001 2. Note complémentaire au premier avis transmis au Premier ministre – juin 2003 3. Quelles méthodologies doit-on mettre en œuvre pour définir les grandes orientations de la recherche française et comment, à partir de cette approche, donner plus de lisibilité à la politique engagée ? – décembre 2003 4. Les indicateurs pertinents permettant le suivi des flux de jeunes scientifiques et ingénieurs français vers d’autres pays, notamment les États-Unis – décembre 2003 5. Recenser les paramètres susceptibles de constituer une grille d’analyse commune à toutes les questions concernant l’énergie – décembre 2003 6. Commentaires sur le Livre Blanc sur les énergies – janvier 2004 7. Premières remarques à propos de la réflexion et de la concertation sur l’avenir de la recherche lancée par le ministère de la Recherche – mars 2004 8. Le système français de recherche et d’innovation (SFRI). Vue d’en­semble du système français de recherche et d’innovation – juin 2004 • Annexe 1 – La gouvernance du système de recherche • Annexe 2 – Causes structurelles du déficit d’innovation technologique. Constat, analyse et proposition.

9. 10. 11. 12. 13. 14. 15. 16.

17. 18. 19. 20.

L’enseignement des technologies de l’école primaire aux lycées – septembre 2004 L’évaluation de la recherche – mars 2007 L’enseignement supérieur – juillet 2007 La structuration du CNRS – novembre 2008 La réforme du recrutement et de la formation des enseignants des lycées professionnels – Recommandation de l’Académie des technologies – avril 2009 La stratégie nationale de recherche et l’innovation (SNRI) – octobre 2009 Les crédits carbone – novembre 2009 Réduire l’exposition aux ondes des antennes-relais n’est pas justifié scientifiquement : mise au point de l’Académie nationale de médecine, de l’Académie des sciences et de l’Académie des technologies – décembre 2009 Les biotechnologies demain – juillet 2010 Les bons usages du Principe de précaution – octobre 2010 La validation de l’Acquis de l’expérience (VAE) – janvier 2012 Mise en œuvre de la directive des quotas pour la période 2013–2020 – mars 2011

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21. Le devenir des IUT – mai 2011 22. Le financement des start-up de biotechnologies pharmaceutiques – septembre 2011 23. Recherche et innovation : Quelles politiques pour les régions ? – juillet 2012 24. La biologie de synthèse et les biotechnologies industrielles (blanches) – octobre 2012 25. Les produits chimiques dans notre environnement quotidien – octobre 2012 26. L’introduction de la technologie au lycée dans les filières d’enseignement général – décembre 2012 27. Évaluation de la recherche technologique publique – février 2013 28. L’usage de la langue anglaise dans l’enseignement supérieur – mai 2013 RAPPORTS DE L’ACADÉMIE 1. Analyse des cycles de vie – octobre 2002 2. Le gaz naturel – octobre 2002 3. Les nanotechnologies : enjeux et conditions de réussite d’un projet national de recherche – décembre 2002 4. Les progrès technologiques au sein des industries alimentaires – Impact sur la qualité des aliments / La filière lait – mai 2003 5. *Métrologie du futur – mai 2004 6. *Interaction Homme-Machine – octobre 2004 7. *Enquête sur les frontières de la simulation numérique – juin 2005 8. Progrès technologiques au sein des industries alimentaires – la filière laitière, rapport en commun avec l’Académie d’agriculture de France – 2006 9. *Le patient, les technologies et la médecine ambulatoire – avril 2008 10. *Le transport de marchandises – janvier 2009 (version anglaise au numéro 15) 11. *Efficacité énergétique dans l’habitat et les bâtiments – avril 2009 (version anglaise au numéro 17) 12. *L’enseignement professionnel – décembre 2010 13. *Vecteurs d’énergie – décembre 2011 (version anglaise au numéro 16) 14. *Le véhicule du futur – septembre 2012 (publication juin 2013) 15. *Freight systems (version anglaise du rapport 10 le transport de marchandises) – novembre 2012 16. *Energy vectors – novembre 2012 (vesion anglaise du numéro 13)

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Publications

17. *Energy Efficiency in Buildings and Housing – novembre 2012 (version anglaise du numéro 11) 18. *Les grands systèmes socio-techniques / Large Socio-TechnicaL Systems – ouvrage bilingue, juillet 2013 19. * Première contribution de l’Académie des technologies au débat national sur l’énergie / First contribution oF the national academy oF technologies oF France to the national debate on the Future oF energies supply – ouvrage bilingue, juillet 2013 COMMUNICATIONS DE L’ACADÉMIE 1. *Prospective sur l’énergie au xxie siècle, synthèse de la Commission énergie et environnement – avril 2004, MàJ décembre 2004 2. Rapports sectoriels dans le cadre de la Commission énergie et environnement et changement climatique : 3. Les émissions humaines – août 2003 • Économies d’énergie dans l’habitat – août 2003 • Le changement climatique et la lutte contre l’effet de serre – août 2003 • Le cycle du carbone – août 2003 • Charbon, quel avenir ? – décembre 2003 • Gaz naturel – décembre 2003 • Facteur 4 sur les émissions de CO2 – mars 2005 • Les filières nucléaires aujourd’hui et demain – mars 2005 • Énergie hydraulique et énergie éolienne – novembre 2005 • La séquestration du CO2 – décembre 2005 • Que penser de l’épuisement des réserves pétrolières et de l’évolution du prix du brut ? – mars 2007

4. Pour une politique audacieuse de recherche, développement et d’innovation de la France – juillet 2004 5. *Les TIC : un enjeu économique et sociétal pour la France – juillet 2005 6. *Perspectives de l’énergie solaire en France – juillet 2008 7. *Des relations entre entreprise et recherche extérieure – octobre 2008 8. *Prospective sur l’énergie au xxie siècle, synthèse de la Commission énergie et environnement, version française et anglaise, réactualisation – octobre 2008 9. *L’énergie hydro-électrique et l’énergie éolienne – janvier 2009 10. *Les Biocarburants – février 2010 11. *PME, technologies et développement – mars 2010.

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10 questions à Bernard Le Buanec sur les OGM

12. *Biotechnologies et environnement – avril 2010 13. *Des bons usages du Principe de précaution – février 2011 14. L’exploration des réserves françaises d’hydrocarbures de roche mère (gaz et huile de schiste) – mai 2011 15. *Les ruptures technologiques et l’innovation – février 2012 16. *Risques liés aux nanoparticules manufacturées – février 2012 17. *Alimentation, innovation et consommateurs – juin 2012 18. Vers une technologie de la conscience – juin 2012 19. Profiter des ruptures technologiques pour gagner en compétitivité et en capacité d’innovation – juin 2012 (à paraître) 20. Les produits chimiques au quotidien – septembre 2012 21. Profiter des ruptures technologiques pour gagner en compétitivité et en capacité d’innovation – novembre 2012 (à paraître) 22. Dynamiser l’innovation par la recherche et la technologie – novembre 2012 23. La technologie, école d’intelligence innovante. Pour une introduction au lycée dans les filières de l’enseignement général – octobre 2012 (à paraître) DIX QUESTIONS POSÉES À… 1. *Les déchets nucléaires – 10 questions posées à Robert Guillaumont – décembre 2004 2. *L’avenir du charbon – 10 questions posées à Gilbert Ruelle – janvier 2005 3. *L’hydrogène – 10 questions posées à Jean Dhers – janvier 2005 4. *Relations entre la technologie, la croissance et l’emploi – 10 questions à Jacques Lesourne – mars 2007 5. *Stockage de l’énergie électrique – 10 questions posées à Jean Dhers – décembre 2007 6. *L’éolien, une énergie du xxie siècle – 10 questions posées à Gilbert Ruelle – octobre 2008 7. *La robotique – 10 questions posées à Philippe Coiffet, version franco-anglaise – septembre 2009 8. *L’intelligence artificielle – 10 questions posées à Gérard Sabah – septembre 2009 9. *La validation des acquis de l’expérience – 10 questions posées à Bernard Decomps – juillet 2012

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Publications

GRANDES AVENTURES TECHNOLOGIQUES 1. *Le Rilsan – par Pierre Castillon – octobre 2006 2. *Un siècle d’énergie nucléaire – par Michel Hug – novembre 2009 HORS COLLECTION 1. Libérer Prométhée – mai 2011 CO-ÉTUDES 1. Progrès technologiques au sein des industries alimentaires – La filière laitière. Rapport en commun avec l’Académie d’agriculture de France – mai 2004 2. Influence de l’évolution des technologies de production et de transformation des grains et des graines sur la qualité des aliments. Rapport commun avec l’Académie d’agriculture de France – février 2006 3. *Longévité de l’information numérique – Jean-Charles Hourcade, Franck Laloë et Erich Spitz. Rapport commun avec l’Académie des sciences – mars 2010, EDP Sciences 4. *Créativité et Innovation dans les territoires – Michel Godet, Jean-Michel Charpin, Yves Farge et François Guinot. Rapport commun du Conseil d’analyse économique, de la Datar et de l’Académie des technologies – août 2010 à la Documentation française 5. *Libérer l’innovation dans les territoires. Synthèse du Rapport commun du Conseil d’analyse économique, de la Datar et de l’Académie des technologies. Créativité et Innovation dans les territoires Édition de poche – septembre 2010 – réédition novembre 2010 à la Documentation française 6. *La Métallurgie, science et ingénierie – André Pineau et Yves Quéré. Rapport commun avec l’Académie des sciences (RST) – décembre 2010, EDP Sciences. 7. Les cahiers de la ville décarbonée en liaison avec le pôle de compétitivité Advancity 8. Le brevet, outil de l’innovation et de la valorisation – Son devenir dans une économie mondialisée – Actes du colloque organisé conjointement avec l’Académie des sciences le 5 juillet 2012 éditions Tec & doc – Lavoisier

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